Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur la décentralisation, à l'Assemblée nationale le 21 novembre 2000.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,

Si j'étais "l'héritier de madame Thatcher", vous m'adresseriez des compliments enthousiastes, comme vous le faisiez lorsqu'elle était aux responsabilités et vous n'oublieriez pas que c'est à l'époque de madame Thatcher, et en raison d'une vision libérale étroitement mercantile, qu'a été déclenchée effectivement, en changeant les modes de traitement des farines animales, l'épidémie de l'ESB.
Si vous étiez les héritiers de G. Defferre qui était mon ami, vous auriez voté ces lois de décentralisation en 1982 et vous avez voté contre.
Si vous étiez des partisans de la réforme de l'Etat, vous nous féliciteriez pour avoir opéré la déconcentration dans l'Education nationale, du mouvement du second degré ; vous nous apporteriez vos approbations lorsque le ministre de l'Economie et des Finances lance la grande réforme des marchés publics qui vont permettre de clarifier les règles pour les élus et permettre aux PME d'accéder aux marchés des collectivités publiques.
Et puisque vous êtes des partisans de la réforme de l'Etat - et à cet égard, voulant faire preuve d'objectivité, je reconnais que les débuts ne sont pas totalement négatifs - vous vous associerez à la démarche entreprise par le rapporteur du budget, D. Migaud et le président de l'Assemblée nationale - visant, enfin, à engager la réforme de l'ordonnance de 1959 sur les procédures budgétaires car autour de ce travail que j'espère que nous accomplirons ensemble, mais que de toute façon, nous, majorité et Gouvernement, nous pousserons jusqu'à son terme, nous allons engager la réforme de l'Etat et sa modernisation la plus importante depuis quarante ans.
Enfin, je me réjouis, monsieur le député, que vous ayez enfin remarqué que nous baissons les impôts. Et ceux qui n'ont plus à payer la vignette ou la part régionale de la taxe professionnelle, ou qui voient une baisse sur leur feuille d'impôts de la taxe d'habitation, s'en réjouissent. De même que nous compensons intégralement aux collectivités locales ces baisses d'impôts, on ne peut pas demander à la fois que l'impôt baisse et protester quand celui-ci effectivement diminue. C'est ce que je dirai aux maires de France réunis cet après-midi, puisque après les Questions d'actualité, j'aurai l'occasion d'aller les revoir. Je compte, monsieur le député, non seulement sur leur courtoisie républicaine, et plus encore sur leur lucidité. Ils savent qu'avec nous, depuis trois ans et demi, en matière de ressources, ils y ont gagné.

(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 novembre 2000)