Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames, messieurs,
Il m'est particulièrement agréable de saluer l'initiative que votre union a prise, monsieur le président, de rassembler pendant ces deux journées les milieux associatifs, les chercheurs et les pouvoirs publics afin d'échanger, dévaluer et de s'informer sur les pratiques nouvelles en matière d'aide à la scolarité des enfants et jeunes en difficulté ou " différents "
De telles initiatives sont de votre vocation, elles sont aussi dans vos habitudes. Elles constituent un moment fort de la réflexion qu'inlassablement, à travers les divers groupes de travail de L'UNIOPSS, vous poursuivez.
Je tiens également à saluer l'optimisme dont témoigne le titre de ce colloque "scolarité zéro défaut". Cet objectif prend toute sa valeur dans le contexte actuel où la lutte contre l'exclusion est devenue une des priorités nationales.
Le président de la République l'a rappelé avec force dans une intervention aux assises de la solidarité où il a déclaré : "il y a une séparation insupportable entre ceux qui disposent du savoir et du pouvoir et les autres; moi je ne le supporte pas, et j'entends contribuer à délivrer les enfants de tous les carcans que la société leur impose des lors qu'à peine nés, ils sont déjà exclus".
Ce thème a été repris à l'occasion de l'assemblée générale de L'UNAF en juin dernier où le président de la République a souligné qu'il appartient à l'école de pallier les phénomènes reproductifs de l'exclusion. Et il a insisté, comme vous-même à l'instant, sur le fait que chaque enfant est unique dans son parcours individuel.
Claude ÉVIN, Ministre de la Solidarité Nationale a fait de la lutte contre toutes les formes d'exclusion l'une des priorités de son action - ce qui trouve sa traduction dans l'effort consenti à travers le prochain budget en direction des personnes handicapées, des personnes âgées dépendantes, des plus démunis.
L'accueil de l'enfant - quelles que puissent être les difficultés que traverse sa famille - la défense de l'enfant - quelles que soient les conditions de vie qu'il doit affronter, constituent également pour moi des axes d'action absolument impératifs dans le domaine dont j'ai la charge.
Le partenariat est une dimension indispensable de cette action :
Il prend tout d'abord la forme d'un travail interministériel constant visant à faire fonctionner les services centraux et extérieurs de l'Etat au mieux de leurs possibilités. Ceci passe notamment par l'intervention de structures transversales et dynamiques comme la délégation interministérielle à la ville qui, sur le terrain, coordonne et condense les initiatives.
Il s'appuie ensuite sur les élus locaux, tant au niveau des départements que des communes c'est aux départements que revient désormais la responsabilité de laide sociale à l'enfance, de la défense de l'enfance maltraitée, de la protection maternelle et infantile, charge que devrait consacrer dans les jours prochains la parution d une loi.
Aux communes incombe la tâche de coordonner les actions à organiser autour de l'école : activités périscolaires, actions de soutien scolaire, animation des temps de vacances.
Enfin, les organisme de sécurité sociale, les réseaux mutualistes, le tissu associatif sont les partenaires par lesquels les aspirations des familles et des jeunes, l'imagination et la compétence des professionnels, permettent de faire progresser la réflexion et d'améliorer les dispositifs.
Je vois dans ce partenariat constant le seul moyen d'éviter le compartimentage des actions, à un moment où il n'est pas pensable de gaspiller les énergies devant l'urgence des besoins.
Dans mon rôle de secrétaire d'État chargé de la famille, je me suis fixé comme objectif de lutter contre l'exclusion dès la toute petite enfance, et en liaison constante avec les familles.
Je voudrais à cet égard vous signaler l'existence d'un protocole d'accord signe récemment entre le Ministère de la culture et mon secrétariat d'État. Cet accord a pour but de mettre en place une politique commune d'éveil culturel et artistique du jeune enfant. Il prendra la forme d'actions de soutien des initiatives sur les lieux d'accueil du jeune enfant, ainsi que de participation à la formation initiale et continue des personnels qui travaillent auprès des jeunes enfants.
Afin de donner un caractère exemplaire à ces initiatives, nos deux ministères ont décidé d'y appliquer une méthode rigoureuse favoriser les projets élaborés par les communes qui sont engagées dans une politique active d'accueil des jeunes enfants, concrétisée notamment par la signature d'un contrat crèche ou d'un contrat enfance.
De même les collaborations les plus larges seront recherchées notamment auprès des délégations régionales du fonds d'action sociale mais aussi des services de protection maternelle et infantile, lieux où le point de contact avec les familles les plus en difficulté, est fréquent et facile.
Je me suis également engagée dans un travail de collaboration avec le Ministère de l'Éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Ce travail s'inspire de la préoccupation actuelle qui consiste à évaluer et réorienter la politique des zones d'éducation prioritaire.
Nos deux Ministères ont décidé de coopérer afin de mieux coordonner les politiques d'éducation concernant les jeunes enfants de 0 à 6 ans. Les objectifs recherchés dans ce programme expérimental consistent :
Tout d'abord, à assurer une continuité dans l'approche éducative du jeune enfant pour favoriser son épanouissement, tout en tenant compte de ses besoins, de ses rythmes propres dans une phase dévolution très rapide.
Ceci se justifie d'autant plus qu'il apparaît que cette tranche d'âge de la vie de l'enfant est déterminante pour la construction de ses fonctions cognitives.
Ensuite le travail consistera à encourager le décloisonnement entre les structures d'accueil des jeunes enfants (crèches, halte - garderies notamment) et les écoles maternelles.
Le rapprochement sur le terrain des professionnels permet d'assurer un meilleur accompagnement de l'enfant ;
Des transitions plus douces entre les différents établissements, des interventions plus précoces et plus actives dans les contextes sociaux défavorises, gage de prévention d'éventuelles difficultés ultérieures.
Vous reconnaissez là la philosophie qui a présidé à la mise en place des zones d'éducations prioritaires.
J'ai personnellement la conviction que cette façon d'appréhender le combat pour la réussite scolaire peut et doit être efficace dès le plus jeune âge.
Beaucoup d'entre vous, mesdames et messieurs, étés constamment impliqués dans vos activités professionnelles par la prise en charge des enfants et jeunes marqués par un handicap physique, mental ou sensoriel.
Au niveau du Ministère de la solidarité et du secrétariat d'Etat chargé des handicapés et des accidentés de la Vie un important travail de remise en forme et de rénovation de la réglementation vient de s'achever.
Conduit en concertation constante avec les professionnels, les associations de parents, il s'est traduit par la publication au journal officiel d'un décret en date du 27 octobre 1989 qui vient fixer les conditions techniques d'agrément pour les établissements recevant des enfants ou adolescents présentant des déficiences intellectuelles, inadaptés, handicapés moteurs ou polyhandicapés, ce qui correspondait à l'ancienne " annexe XXIV " au décret du 9 mars 1956.
1°) Le premier principe de cette réforme est d'abord et avant toutes choses d'affirmer avec force que les enfants et adolescents handicapés mentaux doivent être éduqués.
1) Ceci veut dire en premier lieu que la pédagogie doit être adaptée.
Elle doit d'abord l'être au handicap même qu'il s'agit de prendre en charge n'y a pas de pédagogie polyvalente pour tous les types de déficience ; il y a des pédagogies propres aux besoins nés de chaque handicap.
La pédagogie doit surtout être adaptée à la personnalité de l'enfant, à ses goûts, à ses rythmes.
L'éducation spéciale repose nécessairement sur des méthodes actives, individualisées, organisées par petits groupes. Elle substitue à la notion de calendrier lié aux programmes, celle de parcours individualisé de l'enfant. Sur ce point, les nouveaux textes respectent scrupuleusement la responsabilité et la faculté d'initiative des équipes pluridisciplinaires et des parents.
Je dirais également que si l'on ne peut jamais préjuger du pronostic des acquisitions scolaires, il faut toujours présumer l'éducabilité de l'enfant.
2) C'est pourquoi en respectant les prudences nécessaires, en observant les progressivités requises, en tenant compte des troubles et de leur évolution, nous tenons tout de même à dire que les apprentissages scolaires doivent être proposés aux enfants handicapés et que ceci fait partie de la mission des établissements, comme, plus tard, en fait partie également un enseignement professionnel qui, chaque fois que cela est possible, permet réellement d'acquérir une profession, c'est le sens profond de cette réforme ; c'est le sens profond des instructions nouvelles contenues dans les importantes circulaires interministérielles signées de Messieurs JOSPIN, ÉVIN et GILLIBERT, le 30 octobre 1989,
2°) Un deuxième objectif, mais ce n'est pas un moindre souci, est d'organiser la prise en charge des enfants les plus lourdement atteints, les enfants polyhandicapés.
1) En premier lieu par la création des conditions d'autorisations spécifiques aux établissements et services pour enfants polyhandicapés.
2) En second lieu, par l'affirmation que ces enfants, ces adolescents ne sont pas hors du champ, éducatif. Au contraire, commencée tôt, l'éducation de l'enfant polyhandicapé doit progressivement se diversifier pour s'adapter à la complexité et à la multiplicité de besoins parfois contradictoires. Elle doit prendre en compte la lenteur de son évolution et l'angoisse créée par sa dépendance chez ses parents mais aussi chez les intervenants.
Elle doit se poursuivre aussi longuement que nécessaire.
3) En troisième lieu, nous devons développer la fonction " soins " dans la vie quotidienne de ces jeunes.
Beaucoup d'équipes nous ont déjà montre. la voie à suivre. il nous faut aujourd'hui généraliser ces expériences et pour les généraliser les inscrire d'abord dans le droit.
C'est ce qui vient d'être fait.
3°) Notre troisième objectif (mais ce n'est pas le moindre) est de consolider l'intégration scolaire.
Nombre d'entre vous ont fait cette tentative de l'intégration scolaire en s'appuyant sur des services d'éducation spécialisée et de soins à domicile. les circulaires du 29 février 1982 et du 29 février 1983 ont donné une grande impulsion à ce mouvement de fond.
Les textes parus récemment consacrent définitivement cet objectif en faisant de l'intégration scolaire une mission officielle des établissements et services d'éducation spéciale. Nous voulons également permettre aux équipes médico-éducatives de disposer de toute la gamme des possibilités allant de l'accueil en internat spécialisé jusqu'au service d'intégration scolaire en passant par des phases d'intégration partielle.
Nous croyons, en effet, qu'il n'y a pas de politique d'intégration scolaire qui vaille sans soutien de l'éducation spéciale. Nous avons assisté à trop d'échecs d'intégrations sauvages dans lesquels le soutien psychologique, matériel et thérapeutique nécessaire n'était pas prodigué aux enfants intégrés non plus qu'aux enseignants qui avaient accepté de tenter l'expérience.
Si nous voulons que l'intégration scolaire réussisse, l'apport médico-éducatif est nécessaire. Rappelons-nous, en effet que le succès est le premier principe de la pédagogie.
Mais l'intégration scolaire doit être comprise dans son acception la plus large. Il ne faut pas seulement permettre à l'école d'accueillir les enfants handicapes que nous lui confions. Il faut aussi l'aider à garder ceux des enfants intelligents, certes, mais mal adaptés à ses disciplines, à ses rythmes, à ses exigences collectives, qu'elle nous envoie encore et dont un beaucoup plus grand nombre pourrait sans doute éviter l'exclusion scolaire.
C'est pourquoi nous souhaitons qu 'une meilleure orientation, des actions à visée réellement préventive et la mise en place des nouveaux modes d'intervention diversifiés du secteur médico-éducatif parviennent à mieux prendre en compte, de façon précoce, les risques d'exclusion scolaire d'enfants qui, bien que non handicapés au départ, auraient beaucoup de mal à quitter, devenus adultes, les filières spécialisées.
Pour que nos trois objectifs, éduquer les enfants handicapés, prendre en charge les enfants polyhandicapés, promouvoir l'intégration scolaire, soient atteints, tout repose sur trois acteurs :
- L'équipe médico-éducative,
- La famille,
- L'enfant,
L'équipe médico-éducative reçoit explicitement trois missions :
- Celle d'établir un projet thérapeutique éducatif et pédagogique global de l'établissement ;
- Celle de définir un projet thérapeutique éducatif et pédagogique individuel pour chaque enfant ;
- Celle, enfin de procéder à l'évaluation pluridisciplinaire, au moins annuelle, de l'application de ce projet et de l'évolution de l'enfant, et d'en communiquer le bilan à la famille.
Beaucoup d'équipes le font déjà, en tout cas les meilleures. Mais il est bon que le droit consacre des pratiques qui devraient être généralisées et ne le sont pas toujours.
Beaucoup est dû à la famille et beaucoup doit lui être donné.
Il nous paraît indispensable de rappeler à la fois la place, le besoin et le rôle de la famille non seulement dans l'orientation, comme l'a prévue la loi de 1975 mais encore dans la prise en charge elle même.
La famille doit être soutenue, car on ne peut sans désarroi être confronté à la situation d'être le père et la mère d'un enfant handicapé, c'est le rôle des services d'éducation précoce de réaliser cet indispensable accompagnement.
C'est aussi le rôle des centres d'action médico-sociale précoces qui seront confortés par un projet de loi relatif à la protection maternelle et infantile dont je vous parlais en introduction : ce texte précise notamment leur mode de financement assuré à 80 % par l'assurance maladie et à 20 % par les départements,
La famille doit être associée à l'élaboration et au suivi du projet thérapeutique éducatif et pédagogique de son enfant ;
Les contacts avec la famille doivent être maintenus et favorisés et l'établissement doit s'organiser en conséquence.
J'irai même au-delà : la famille ne doit se substituer ni au thérapeute, ni au pédagogue, ni au directeur, mais sa place dans l'institution doit être marquée et pour ce faire le décret relatif aux conseils de maison (que la loi de 1986 appelle désormais conseils d'établissements) sera réformé et étendu aux établissements publics qui jusque là n'étaient pas tenus d'en constituer.
Cette nouvelle organisation qui va devenir la règle commune me semble ouvrir des perspectives extrêmement positives.
L'existence de passerelles nombreuses entre le système médico-éducatif et le milieu dit normal, l'évaluation régulière, l'implication des familles, ne peuvent que susciter l'imagination et la faculté d'adaptation des professionnels.
Ce sont des réflexes de même nature qui devront se mettre en place dans le cadre de la mise en oeuvre du "crédit formation". Les crédits formations jeunes, vous le savez sont destinés aux jeunes demandeurs d'emploi sans formation professionnelle.
La mobilisation de tous les partenaires doit également caractériser la mise en oeuvre du crédit formation, dans le cadre du dispositif partenarial des "groupes de zone."
Les associations du champ social ont, dans ce dispositif, un rôle essentiel à jouer, par la connaissance quelles ont de certains publics de jeunes en difficultés (associations intervenant au titre de laide sociale à l'enfance ou au titre de l'éducation surveillée), comme par l'expérience quelles ont acquise de la personnalisation des démarches pédagogiques.
N'oublions pas que, sur de nombreux sites, dès la fin des années 1970 et le début des années 1980, ce sont des associations d'éducation populaire, des équipes de prévention, des foyers de jeunes travailleurs qui ont expérimenté, en particulier dans le cadre des programmes d'insertion des jeunes 16-18 ans, des cursus pédagogiques personnalisés où les éléments de formation reçus se Trouvaient indissociablement liés à une remobilisation des compétences et des aptitudes et à une démarche d'ouverture sur l'insertion sociale et l'intégration civique.
J'évoquais tout à l'heure le caractère unique de chaque destin d'enfant. Chacun de vous ici dispose dune somme de connaissances importantes mais inévitablement incomplète sur les moyens humains et matériels destinés à assurer au mieux ce parcours individuel vers l'intégration.
Les moyens administratifs et financiers existent, le gouvernement s'emploie à les faire évoluer, à les affiner. Reste à les rapprocher et à les faire vivre.
J'ai la conviction que vos travaux de ces deux journées permettront des échanges fructueux autour de notre préoccupation commune : l'intégration de chaque enfant et de chaque jeune dans un parcours de réussite.
Mesdames, messieurs,
Il m'est particulièrement agréable de saluer l'initiative que votre union a prise, monsieur le président, de rassembler pendant ces deux journées les milieux associatifs, les chercheurs et les pouvoirs publics afin d'échanger, dévaluer et de s'informer sur les pratiques nouvelles en matière d'aide à la scolarité des enfants et jeunes en difficulté ou " différents "
De telles initiatives sont de votre vocation, elles sont aussi dans vos habitudes. Elles constituent un moment fort de la réflexion qu'inlassablement, à travers les divers groupes de travail de L'UNIOPSS, vous poursuivez.
Je tiens également à saluer l'optimisme dont témoigne le titre de ce colloque "scolarité zéro défaut". Cet objectif prend toute sa valeur dans le contexte actuel où la lutte contre l'exclusion est devenue une des priorités nationales.
Le président de la République l'a rappelé avec force dans une intervention aux assises de la solidarité où il a déclaré : "il y a une séparation insupportable entre ceux qui disposent du savoir et du pouvoir et les autres; moi je ne le supporte pas, et j'entends contribuer à délivrer les enfants de tous les carcans que la société leur impose des lors qu'à peine nés, ils sont déjà exclus".
Ce thème a été repris à l'occasion de l'assemblée générale de L'UNAF en juin dernier où le président de la République a souligné qu'il appartient à l'école de pallier les phénomènes reproductifs de l'exclusion. Et il a insisté, comme vous-même à l'instant, sur le fait que chaque enfant est unique dans son parcours individuel.
Claude ÉVIN, Ministre de la Solidarité Nationale a fait de la lutte contre toutes les formes d'exclusion l'une des priorités de son action - ce qui trouve sa traduction dans l'effort consenti à travers le prochain budget en direction des personnes handicapées, des personnes âgées dépendantes, des plus démunis.
L'accueil de l'enfant - quelles que puissent être les difficultés que traverse sa famille - la défense de l'enfant - quelles que soient les conditions de vie qu'il doit affronter, constituent également pour moi des axes d'action absolument impératifs dans le domaine dont j'ai la charge.
Le partenariat est une dimension indispensable de cette action :
Il prend tout d'abord la forme d'un travail interministériel constant visant à faire fonctionner les services centraux et extérieurs de l'Etat au mieux de leurs possibilités. Ceci passe notamment par l'intervention de structures transversales et dynamiques comme la délégation interministérielle à la ville qui, sur le terrain, coordonne et condense les initiatives.
Il s'appuie ensuite sur les élus locaux, tant au niveau des départements que des communes c'est aux départements que revient désormais la responsabilité de laide sociale à l'enfance, de la défense de l'enfance maltraitée, de la protection maternelle et infantile, charge que devrait consacrer dans les jours prochains la parution d une loi.
Aux communes incombe la tâche de coordonner les actions à organiser autour de l'école : activités périscolaires, actions de soutien scolaire, animation des temps de vacances.
Enfin, les organisme de sécurité sociale, les réseaux mutualistes, le tissu associatif sont les partenaires par lesquels les aspirations des familles et des jeunes, l'imagination et la compétence des professionnels, permettent de faire progresser la réflexion et d'améliorer les dispositifs.
Je vois dans ce partenariat constant le seul moyen d'éviter le compartimentage des actions, à un moment où il n'est pas pensable de gaspiller les énergies devant l'urgence des besoins.
Dans mon rôle de secrétaire d'État chargé de la famille, je me suis fixé comme objectif de lutter contre l'exclusion dès la toute petite enfance, et en liaison constante avec les familles.
Je voudrais à cet égard vous signaler l'existence d'un protocole d'accord signe récemment entre le Ministère de la culture et mon secrétariat d'État. Cet accord a pour but de mettre en place une politique commune d'éveil culturel et artistique du jeune enfant. Il prendra la forme d'actions de soutien des initiatives sur les lieux d'accueil du jeune enfant, ainsi que de participation à la formation initiale et continue des personnels qui travaillent auprès des jeunes enfants.
Afin de donner un caractère exemplaire à ces initiatives, nos deux ministères ont décidé d'y appliquer une méthode rigoureuse favoriser les projets élaborés par les communes qui sont engagées dans une politique active d'accueil des jeunes enfants, concrétisée notamment par la signature d'un contrat crèche ou d'un contrat enfance.
De même les collaborations les plus larges seront recherchées notamment auprès des délégations régionales du fonds d'action sociale mais aussi des services de protection maternelle et infantile, lieux où le point de contact avec les familles les plus en difficulté, est fréquent et facile.
Je me suis également engagée dans un travail de collaboration avec le Ministère de l'Éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Ce travail s'inspire de la préoccupation actuelle qui consiste à évaluer et réorienter la politique des zones d'éducation prioritaire.
Nos deux Ministères ont décidé de coopérer afin de mieux coordonner les politiques d'éducation concernant les jeunes enfants de 0 à 6 ans. Les objectifs recherchés dans ce programme expérimental consistent :
Tout d'abord, à assurer une continuité dans l'approche éducative du jeune enfant pour favoriser son épanouissement, tout en tenant compte de ses besoins, de ses rythmes propres dans une phase dévolution très rapide.
Ceci se justifie d'autant plus qu'il apparaît que cette tranche d'âge de la vie de l'enfant est déterminante pour la construction de ses fonctions cognitives.
Ensuite le travail consistera à encourager le décloisonnement entre les structures d'accueil des jeunes enfants (crèches, halte - garderies notamment) et les écoles maternelles.
Le rapprochement sur le terrain des professionnels permet d'assurer un meilleur accompagnement de l'enfant ;
Des transitions plus douces entre les différents établissements, des interventions plus précoces et plus actives dans les contextes sociaux défavorises, gage de prévention d'éventuelles difficultés ultérieures.
Vous reconnaissez là la philosophie qui a présidé à la mise en place des zones d'éducations prioritaires.
J'ai personnellement la conviction que cette façon d'appréhender le combat pour la réussite scolaire peut et doit être efficace dès le plus jeune âge.
Beaucoup d'entre vous, mesdames et messieurs, étés constamment impliqués dans vos activités professionnelles par la prise en charge des enfants et jeunes marqués par un handicap physique, mental ou sensoriel.
Au niveau du Ministère de la solidarité et du secrétariat d'Etat chargé des handicapés et des accidentés de la Vie un important travail de remise en forme et de rénovation de la réglementation vient de s'achever.
Conduit en concertation constante avec les professionnels, les associations de parents, il s'est traduit par la publication au journal officiel d'un décret en date du 27 octobre 1989 qui vient fixer les conditions techniques d'agrément pour les établissements recevant des enfants ou adolescents présentant des déficiences intellectuelles, inadaptés, handicapés moteurs ou polyhandicapés, ce qui correspondait à l'ancienne " annexe XXIV " au décret du 9 mars 1956.
1°) Le premier principe de cette réforme est d'abord et avant toutes choses d'affirmer avec force que les enfants et adolescents handicapés mentaux doivent être éduqués.
1) Ceci veut dire en premier lieu que la pédagogie doit être adaptée.
Elle doit d'abord l'être au handicap même qu'il s'agit de prendre en charge n'y a pas de pédagogie polyvalente pour tous les types de déficience ; il y a des pédagogies propres aux besoins nés de chaque handicap.
La pédagogie doit surtout être adaptée à la personnalité de l'enfant, à ses goûts, à ses rythmes.
L'éducation spéciale repose nécessairement sur des méthodes actives, individualisées, organisées par petits groupes. Elle substitue à la notion de calendrier lié aux programmes, celle de parcours individualisé de l'enfant. Sur ce point, les nouveaux textes respectent scrupuleusement la responsabilité et la faculté d'initiative des équipes pluridisciplinaires et des parents.
Je dirais également que si l'on ne peut jamais préjuger du pronostic des acquisitions scolaires, il faut toujours présumer l'éducabilité de l'enfant.
2) C'est pourquoi en respectant les prudences nécessaires, en observant les progressivités requises, en tenant compte des troubles et de leur évolution, nous tenons tout de même à dire que les apprentissages scolaires doivent être proposés aux enfants handicapés et que ceci fait partie de la mission des établissements, comme, plus tard, en fait partie également un enseignement professionnel qui, chaque fois que cela est possible, permet réellement d'acquérir une profession, c'est le sens profond de cette réforme ; c'est le sens profond des instructions nouvelles contenues dans les importantes circulaires interministérielles signées de Messieurs JOSPIN, ÉVIN et GILLIBERT, le 30 octobre 1989,
2°) Un deuxième objectif, mais ce n'est pas un moindre souci, est d'organiser la prise en charge des enfants les plus lourdement atteints, les enfants polyhandicapés.
1) En premier lieu par la création des conditions d'autorisations spécifiques aux établissements et services pour enfants polyhandicapés.
2) En second lieu, par l'affirmation que ces enfants, ces adolescents ne sont pas hors du champ, éducatif. Au contraire, commencée tôt, l'éducation de l'enfant polyhandicapé doit progressivement se diversifier pour s'adapter à la complexité et à la multiplicité de besoins parfois contradictoires. Elle doit prendre en compte la lenteur de son évolution et l'angoisse créée par sa dépendance chez ses parents mais aussi chez les intervenants.
Elle doit se poursuivre aussi longuement que nécessaire.
3) En troisième lieu, nous devons développer la fonction " soins " dans la vie quotidienne de ces jeunes.
Beaucoup d'équipes nous ont déjà montre. la voie à suivre. il nous faut aujourd'hui généraliser ces expériences et pour les généraliser les inscrire d'abord dans le droit.
C'est ce qui vient d'être fait.
3°) Notre troisième objectif (mais ce n'est pas le moindre) est de consolider l'intégration scolaire.
Nombre d'entre vous ont fait cette tentative de l'intégration scolaire en s'appuyant sur des services d'éducation spécialisée et de soins à domicile. les circulaires du 29 février 1982 et du 29 février 1983 ont donné une grande impulsion à ce mouvement de fond.
Les textes parus récemment consacrent définitivement cet objectif en faisant de l'intégration scolaire une mission officielle des établissements et services d'éducation spéciale. Nous voulons également permettre aux équipes médico-éducatives de disposer de toute la gamme des possibilités allant de l'accueil en internat spécialisé jusqu'au service d'intégration scolaire en passant par des phases d'intégration partielle.
Nous croyons, en effet, qu'il n'y a pas de politique d'intégration scolaire qui vaille sans soutien de l'éducation spéciale. Nous avons assisté à trop d'échecs d'intégrations sauvages dans lesquels le soutien psychologique, matériel et thérapeutique nécessaire n'était pas prodigué aux enfants intégrés non plus qu'aux enseignants qui avaient accepté de tenter l'expérience.
Si nous voulons que l'intégration scolaire réussisse, l'apport médico-éducatif est nécessaire. Rappelons-nous, en effet que le succès est le premier principe de la pédagogie.
Mais l'intégration scolaire doit être comprise dans son acception la plus large. Il ne faut pas seulement permettre à l'école d'accueillir les enfants handicapes que nous lui confions. Il faut aussi l'aider à garder ceux des enfants intelligents, certes, mais mal adaptés à ses disciplines, à ses rythmes, à ses exigences collectives, qu'elle nous envoie encore et dont un beaucoup plus grand nombre pourrait sans doute éviter l'exclusion scolaire.
C'est pourquoi nous souhaitons qu 'une meilleure orientation, des actions à visée réellement préventive et la mise en place des nouveaux modes d'intervention diversifiés du secteur médico-éducatif parviennent à mieux prendre en compte, de façon précoce, les risques d'exclusion scolaire d'enfants qui, bien que non handicapés au départ, auraient beaucoup de mal à quitter, devenus adultes, les filières spécialisées.
Pour que nos trois objectifs, éduquer les enfants handicapés, prendre en charge les enfants polyhandicapés, promouvoir l'intégration scolaire, soient atteints, tout repose sur trois acteurs :
- L'équipe médico-éducative,
- La famille,
- L'enfant,
L'équipe médico-éducative reçoit explicitement trois missions :
- Celle d'établir un projet thérapeutique éducatif et pédagogique global de l'établissement ;
- Celle de définir un projet thérapeutique éducatif et pédagogique individuel pour chaque enfant ;
- Celle, enfin de procéder à l'évaluation pluridisciplinaire, au moins annuelle, de l'application de ce projet et de l'évolution de l'enfant, et d'en communiquer le bilan à la famille.
Beaucoup d'équipes le font déjà, en tout cas les meilleures. Mais il est bon que le droit consacre des pratiques qui devraient être généralisées et ne le sont pas toujours.
Beaucoup est dû à la famille et beaucoup doit lui être donné.
Il nous paraît indispensable de rappeler à la fois la place, le besoin et le rôle de la famille non seulement dans l'orientation, comme l'a prévue la loi de 1975 mais encore dans la prise en charge elle même.
La famille doit être soutenue, car on ne peut sans désarroi être confronté à la situation d'être le père et la mère d'un enfant handicapé, c'est le rôle des services d'éducation précoce de réaliser cet indispensable accompagnement.
C'est aussi le rôle des centres d'action médico-sociale précoces qui seront confortés par un projet de loi relatif à la protection maternelle et infantile dont je vous parlais en introduction : ce texte précise notamment leur mode de financement assuré à 80 % par l'assurance maladie et à 20 % par les départements,
La famille doit être associée à l'élaboration et au suivi du projet thérapeutique éducatif et pédagogique de son enfant ;
Les contacts avec la famille doivent être maintenus et favorisés et l'établissement doit s'organiser en conséquence.
J'irai même au-delà : la famille ne doit se substituer ni au thérapeute, ni au pédagogue, ni au directeur, mais sa place dans l'institution doit être marquée et pour ce faire le décret relatif aux conseils de maison (que la loi de 1986 appelle désormais conseils d'établissements) sera réformé et étendu aux établissements publics qui jusque là n'étaient pas tenus d'en constituer.
Cette nouvelle organisation qui va devenir la règle commune me semble ouvrir des perspectives extrêmement positives.
L'existence de passerelles nombreuses entre le système médico-éducatif et le milieu dit normal, l'évaluation régulière, l'implication des familles, ne peuvent que susciter l'imagination et la faculté d'adaptation des professionnels.
Ce sont des réflexes de même nature qui devront se mettre en place dans le cadre de la mise en oeuvre du "crédit formation". Les crédits formations jeunes, vous le savez sont destinés aux jeunes demandeurs d'emploi sans formation professionnelle.
La mobilisation de tous les partenaires doit également caractériser la mise en oeuvre du crédit formation, dans le cadre du dispositif partenarial des "groupes de zone."
Les associations du champ social ont, dans ce dispositif, un rôle essentiel à jouer, par la connaissance quelles ont de certains publics de jeunes en difficultés (associations intervenant au titre de laide sociale à l'enfance ou au titre de l'éducation surveillée), comme par l'expérience quelles ont acquise de la personnalisation des démarches pédagogiques.
N'oublions pas que, sur de nombreux sites, dès la fin des années 1970 et le début des années 1980, ce sont des associations d'éducation populaire, des équipes de prévention, des foyers de jeunes travailleurs qui ont expérimenté, en particulier dans le cadre des programmes d'insertion des jeunes 16-18 ans, des cursus pédagogiques personnalisés où les éléments de formation reçus se Trouvaient indissociablement liés à une remobilisation des compétences et des aptitudes et à une démarche d'ouverture sur l'insertion sociale et l'intégration civique.
J'évoquais tout à l'heure le caractère unique de chaque destin d'enfant. Chacun de vous ici dispose dune somme de connaissances importantes mais inévitablement incomplète sur les moyens humains et matériels destinés à assurer au mieux ce parcours individuel vers l'intégration.
Les moyens administratifs et financiers existent, le gouvernement s'emploie à les faire évoluer, à les affiner. Reste à les rapprocher et à les faire vivre.
J'ai la conviction que vos travaux de ces deux journées permettront des échanges fructueux autour de notre préoccupation commune : l'intégration de chaque enfant et de chaque jeune dans un parcours de réussite.