Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur les mesures de développement du spectacle vivant, Paris le 12 janvier 1999.

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Je voudrais vous présenter aujourdhui lensemble des mesures de développement du spectacle vivant.
Permettez-moi de rappeler tout dabord que les arts du spectacle vivant représentent un secteur dune grande vitalité culturelle et économique : 1500 lieux, 3000 équipes artistiques, un volume demploi de 90 000 personnes, 6 millions de praticiens en amateurs, 460 000 élèves dans lenseignement artistique spécialisé : ces chiffres traduisent le dynamisme et limportance du spectacle dans la vie culturelle de notre pays.
La vitalité de ce secteur sest toutefois trouvé confrontée depuis plusieurs années à une érosion régulière des financements publics et, me semble-t-il, à une absence de vision globale. Il était donc absolument nécessaire dengager une inversion radicale de cette tendance et dinscrire laction du ministère dans la durée.
La première démarche a consisté à réorganiser ladministration centrale. La création de la direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles mise en oeuvre en septembre 1998 doit permettre dapporter rapidement une meilleure réponse à lensemble des questions artistiques, économiques et juridiques qui se posent à lensemble du secteur, tout en préservant la capacité du ministère à tenir compte des spécificités de chaque discipline.
Par ailleurs, la Charte des missions de service public du spectacle vivant rappelle avec force lengagement déterminé de lEtat en faveur de la création artistique dans le domaine du spectacle vivant et identifie clairement les responsabilités respectives de lEtat et des institutions subventionnées.
La charte est un document politique fondamental qui a été établi au terme dune large consultation des collectivités territoriales, des associations délus, des administrations et des secteurs professionnels concernés.
Je lai adressée aux préfets en leur demandant dengager sur cette base la politique contractuelle entre le ministère et les organismes subventionnés par lEtat.
Le budget consacré au spectacle vivant en 1999 traduit concrètement cette nouvelle ambition. Le budget du spectacle vivant augmentera de 5,5 % par rapport à 1998. Il sagit là dune forte progression qui constitue, après plusieurs années de stagnation, un choix politique majeur.
Pourquoi la priorité donnée au spectacle vivant ?
La musique, la danse et le théâtre nont bien entendu pas le monopole de lart.
Ce quils expriment possède cependant un caractère très particulier qui est de sincarner dans un rapport direct et vivant entre des publics et des artistes au coeur de la cité.
Cette caractéristique revêt aujourdhui une importance singulière.
Le spectacle vivant est directement en prise avec les évolutions économiques, sociales et idéologiques en France, et dans le monde : la mondialisation des échanges et la prééminence de laudiovisuel transforment lenvironnement de la production artistique et les modalités daccès à la culture. Linfluence de lidéologie libérale se traduit par une contestation croissante, du principe même du financement public de certaines activités. Enfin, la remise en cause, minoritaire mais brutale, des valeurs duniversalité et de pluralisme, comme on la vu depuis les récentes élections régionales, place lart et la culture au cur du débat et des choix politiques.
Lengagement de lEtat en faveur de lart et de la culture relève dabord dune conception et dune exigence de la démocratie qui consiste à favoriser laccès de tous aux uvres de lart comme aux pratiques culturelles et à nourrir le débat collectif et la vie sociale dune présence forte de la création artistique.
Cest autour de ces principes que je souhaite refonder la politique du spectacle vivant pour les années à venir.
Le premier objectif de cette refondation consiste à retrouver une vitalité de la création artistique.
Cest la création qui permet le dynamisme et le pluralisme de la vie artistique de notre pays. Les écritures daujourdhui expriment le regard des artistes sur notre société. Nous avons plus que jamais besoin que le monde soit pensé et représenté par des esprits libres et inventifs. Les oeuvres nouvelles doivent être au coeur de notre politique culturelle.
Ce nest pas suffisamment le cas aujourdhui : il nest pas normal que de grandes institutions comme des orchestres symphoniques, des opéras, des centres dramatiques nationaux ou des scènes nationales réservent une place parfois très faible ou même inexistante aux auteurs, aux créateurs daujourdhui.
Jengage à partir de 1999 une vigoureuse relance de la politique daide aux écritures contemporaines. Les moyens budgétaires seront significativement renforcés. Lensemble des procédures de commande et daide à la création sont redéfinies de manière à améliorer leur efficacité. Le but poursuivi consiste à prendre en compte le cheminement complet dune uvre, de lécriture à la création, de la création à la diffusion.
Dans cette perspective, les résidences dauteurs et la création contemporaine seront placées au centre des missions des équipes qui animent les établissements subventionnés, dans les trois disciplines de la musique, de la danse et du théâtre.
Dans la même perspective, je veux également relancer laide aux compagnies dramatiques sur lensemble du territoire.
Cest en effet au sein des compagnies que se révèlent en priorité les jeunes créateurs, les formes et les esthétiques nouvelles, et jinclus bien sûr dans cet ensemble celles qui travaillent dans la rue ainsi que les marionnettistes. Lensemble des compagnies bénéficieront de près de 20 MF de mesures nouvelles en 1999. Le conventionnement pluriannuel des compagnies sen trouvera en particulier conforté, revalorisé et élargi dès 1999 à plus de trente compagnies.
Dans le domaine de la danse, il faut accompagner lémergence de nouveaux chorégraphes de talent. Aussi le ministère veut-il assurer la mobilité des artistes et le partage des outils de travail et de production.
En 1998, les nominations auxquelles jai procédé allaient dans le sens de ce renouveau artistique : Thierry Malandain à Biarritz, Maguy Marin à Rilleux-la-Pape, José Montalvo à Créteil, Hervé Robbe au Havre et Marie-Claude Pietragalla à Marseille.
En 1999, laide aux compagnies chorégraphiques sera donc accrue et la politique douverture des centres chorégraphiques à ces mêmes compagnies sera poursuivie.
La création de létablissement public du centre national de la danse à Pantin vient conforter la politique du ministère dans ce domaine. Le centre abritera les activités consacrées à la formation continue des danseurs et des professeurs, au soutien à la création et à la diffusion des compagnies chorégraphiques, au patrimoine et à la recherche en matière de danse.
Je souhaite que la cinémathèque de la danse déploie certaines de ces activités à Pantin, tout en restant fortement articulée avec la cinémathèque française.
Enfin, pour accompagner le formidable essor de lart chorégraphique et lengouement croissant du public pour la danse, et notamment la danse contemporaine, jai décidé de lancer une réflexion sur la création à Paris dune nouvelle scène consacrée à la danse. Ce projet devra contribuer au développement de lensemble du secteur chorégraphique en France dans un esprit de démocratisation au bénéfice des publics les plus larges, et notamment des jeunes, et être conçu en liaison étroite avec les structures professionnelles existantes, en particulier le centre national de la danse de Pantin.
Jai demandé à Anne Chiffert, présidente de cet établissement, en liaison étroite avec la direction de Dominique Wallon, de constituer un groupe de travail qui me fera des propositions précises sur la définition des missions, du statut et des moyens de cette nouvelle scène, ainsi que sur sa localisation.
Mais, la priorité donnée à la création doit tout autant concerner des formes essentielles, par leur vitalité, comme les musiques actuelles, les arts de la rue et les arts de la piste.
Jai eu loccasion de présenter récemment les mesures en faveur des musiques actuelles. Le développement des scènes de musiques actuelles, la prise en compte des besoins de formation et de professionnalisation, ainsi que des actions spécifiques en faveur de la chanson et du jazz, constituent lessentiel de ces mesures qui bénéficieront de 35 MF de crédits supplémentaires en 1999.
Pour les arts de la rue, le plan de développement engagé en 1998 sera amplifié en 1999. Il sagit tout dabord de conforter le soutien au fonctionnement des principales compagnies de ce secteur, qui bénéficieront dun conventionnement. Les lieux de fabrication, véritables creusets où se conçoivent les spectacles urbains, sont aujourdhui des outils nécessaires à la vie des compagnies. Nous doterons la dizaine de lieux existants de moyens de fonctionnement permanents.
La diffusion est évidemment une dimension essentielle de la vie des arts de la rue. Le développement du nombre de festivals de rue a créé une émulation et permet aujourdhui la rencontre des publics et la mise en place de passerelles entre les diffuseurs, les créateurs et les organisateurs. Les festivals les plus créatifs seront plus fortement soutenus par lEtat.
En 1999, nous réfléchirons en liaison étroite avec les professionnels à la question de laide à lécriture pour la rue, ainsi quà la formation et à la transmission des savoirs.
Dans le domaine des arts de la piste, un effort tout particulier sera mis en uvre pour améliorer lenseignement du cirque. Une charte de qualité préparée avec le ministère de la jeunesse et des sports et la fédération française des écoles du cirque sera conclue en 1999 et constituera un cadre de référence pour la constitution dun réseau décoles offrant les garanties nécessaires en matière de sécurité et de compétence artistique et pédagogique.
Les compagnies de cirque bénéficieront daide aux projets de production et le ministère soutiendra la création de lieux spécifiques de diffusion axés essentiellement sur les arts du cirque, comme à Auch ou à Elbeuf.
Quant aux grandes institutions de création et de production artistique comme les théâtres lyriques, les orchestres symphoniques, les centres dramatiques nationaux, je leur donne pour objectif de placer à nouveau la création au centre de leur projet, conformément à la charte des missions de service public du spectacle vivant.
Le soutien apporté aux théâtres lyriques dans les régions doit faire lobjet dun réexamen. Un certain nombre de maisons dopéra ne font pas preuve dune vitalité artistique suffisante, quil sagisse de louverture du répertoire, de la création ou de la diffusion. Par ailleurs, le poids financier des maisons dopéra doit pouvoir être mieux réparti sur lensemble des collectivités publiques.
Ce constat mamène à vouloir gérer chaque situation, dans son contexte propre, dans une perspective daménagement du territoire. Cest ce que nous avons voulu faire à Strasbourg et à Lyon en érigeant des opéras nationaux de région. Des projets sont à létude en ce sens pour Toulouse, Bordeaux et Montpellier. Par ailleurs, les scènes lyriques de Metz et Nancy feront lobjet dune réorganisation concertée.
Parallèlement, le ministère doit accroître son soutien aux associations lyriques chargées de diffuser des créations légères, en particulier lorsque ces associations font précéder leurs spectacles dun travail de terrain auprès du public.
La situation des orchestres symphoniques est meilleure que celle des théâtres lyriques du point de vue de lactivité artistique, de laménagement du territoire et de la répartition des financements. Il convient en revanche de développer la réflexion et la concertation sur le statut des orchestres et des musiciens.
Le conventionnement systématique des orchestres en région sur leurs missions prioritaires de création, de diffusion et daction culturelle sera poursuivi et saccompagnera de mesures nouvelles en 1999.
Quant aux centres dramatiques nationaux, ils doivent mieux prendre en compte les écritures contemporaines, souvrir aux metteurs en scène et aux compagnies qui ne disposent pas de lieux et de moyens de production, et accueillir en permanence des comédiens. Les nominations des directeurs de centres dramatiques nationaux intervenues récemment comme celle de Stuart Seide à Lille, Claire Lasne à Poitiers, Olivier Py à Orléans ou Vincent Colin à la Réunion correspondent pleinement à cette démarche.
Jinsiste enfin sur le fait que nos institutions doivent souvrir résolument aux échanges internationaux et que nos équipes artistiques doivent rayonner dans le monde entier. Pour cela, les actions du ministère de la culture et celles du ministère des affaires étrangères doivent être plus étroitement coordonnées et concertées.
Les quelques objectifs que jai ainsi retracés donneront une nouvelle vitalité à la vie artistique. Mais la relance de la politique du spectacle vivant naura de sens que si elle sinscrit dans une dynamique de démocratisation des pratiques culturelles.
Le premier enjeu à cet égard est celui de la diffusion. Le théâtre est généralement représenté dans des lieux qui lui sont affectés en propre, de même quaujourdhui les musiques actuelles. En revanche, la danse, la musique contemporaine, la musique classique et lactivité lyrique ne disposent que beaucoup plus rarement de lieux propres.
Il faut, pour commencer, ouvrir plus largement les scènes nationales à tous les domaines du spectacle vivant, en particulier à la musique et à la danse.
Dans le même esprit, le concept de théâtre missionné sera redéfini et élargi à la musique et à la danse dès 1999. Il sagit de conventionner environ 150 scènes en deux ans, à partir du projet artistique du responsable de létablissement. Les conventions, dune durée de trois ans, pourront être renouvelées après évaluation. Ces scènes conventionnées auront pour objectif de favoriser la diffusion mais également dêtre, au plus près de la population, des lieux de fabrication, de résidence et dinitiative artistique.
Par ailleurs, je serai particulièrement attentive au développement des quelques lieux exemplaires pour le spectacle vivant, où apparaissent plus quailleurs linnovation et linvention de nouveaux rapports à la cité. Cest le cas de la Friche de la Belle de Mai à Marseille ou de Culture Commune dans le Pas de Calais. Le nouveau projet mis en oeuvre par Christian Tamet à Châteauvallon participe pleinement de cette démarche.
Enfin, je demande aux responsables des structures de diffusion de mener une politique très volontaire de réduction tarifaire. Il convient dabaisser le tarif moyen du spectacle vivant et de mettre en uvre des politiques incitatives pour des populations spécifiques, en particulier les jeunes, les demandeurs demploi et les familles. Les théâtres nationaux devront, dans ce domaine, jouer un rôle exemplaire.
Jannoncerai dans quelques semaines, à loccasion dune communication en Conseil des ministres consacrée à la politique de démocratisation culturelle, une série de mesures concrètes en matière tarifaire.
La diffusion est une condition nécessaire mais certainement pas suffisante de la démocratisation culturelle : lélargissement et le renouvellement des publics de la culture et des pratiques culturelles nécessite un nouveau développement de léducation artistique, de lenseignement spécialisé et de la pratique des amateurs.
En matière déducation artistique, le premier niveau dexigence nécessite que tout enfant puisse bénéficier dune éducation artistique à lécole, lui offrant la possibilité, sil le souhaite, de suivre ultérieurement un enseignement spécialisé et de devenir ainsi, soit un professionnel, soit un pratiquant amateur et un spectateur éclairé.
Pour léducation artistique, le premier objectif est de consolider et de structurer le partenariat entre le ministère de la culture et de la communication et le ministère de léducation nationale. La circulaire du 30 juillet 1998 que jai signée avec Claude Allègre organise une relance de cette collaboration.
La perspective principale consiste en un engagement très fort de lEtat sur le développement de léducation musicale dans les écoles. Il sagit, par une collaboration plus étroite entre le niveau du primaire de lenseignement général et le premier cycle des écoles de musique, de rendre plus efficace linitiation à la musique et la découverte dune pratique musicale. Des expériences sont actuellement conduites en ce sens à Rouen et Clermont-Ferrand. Elles seront consolidées et progressivement élargies à lensemble du territoire. Ces collaborations supposent lengagement des collectivités territoriales et seront encouragées par lEtat dès 1999.
Le développement de cette politique nécessite limplication et donc lamélioration de la formation des artistes concernés : ainsi, les grandes écoles professionnelles devront inclure dans leur cursus des modules de formation pour sensibiliser les jeunes artistes à la transmission de leur art auprès des jeunes en âge scolaire.
Le ministère de la culture encouragera, dans les Instituts universitaires de formation des maîtres et les Centres de formation des musiciens intervenants, le concours des artistes à la formation des maîtres, afin que ceux-ci puissent dispenser une initiation et aider les enfants à développer leur sensibilité artistique. Je compte discuter avec Claude Allègre un plan global de formation des personnels de léducation nationale, de la maternelle à luniversité, de manière à intégrer dans les cursus des futurs enseignants la dimension artistique et culturelle, en particulier pour la danse et le théâtre.
Le développement de léducation artistique passe également par un renforcement spécifique de lenseignement spécialisé.
Le réseau des écoles de musique, de danse et dart dramatique est extrêmement dense. Il concerne 460 000 élèves et 25 000 enseignants, le ministère assurant le contrôle pédagogique de 400 établissements ainsi que de 260 écoles municipales agréées.
Une charte des missions de service public de lenseignement spécialisé analogue à celle qui a été établie pour les établissements de création et de diffusion dans le domaine du spectacle, sera mise au point en 1999. Cette charte ne peut être préparée quen concertation étroite avec les collectivités territoriales et doit permettre de mieux définir les responsabilités des différents niveaux de collectivités publiques et les missions propres des établissements de formation.
Lenseignement spécialisé bénéficiera de mesures nouvelles en 1999. Ces crédits permettront notamment douvrir lenseignement à des formations plus courtes, permettant de mieux répondre à la demande des jeunes, comme, par exemple dans le domaine des musiques actuelles, de la danse ou encore du théâtre.
Lenjeu majeur de léducation artistique et de lenseignement spécialisé demeure lépanouissement personnel et le développement de la pratique des amateurs, car une très faible minorité des élèves sont conduits à une carrière professionnelle.
Lun des principaux enjeux de la démocratisation culturelle est donc de favoriser lépanouissement artistique personnel en facilitant la pratique en amateur.
Avec lappui du secteur associatif et du ministère de la jeunesse et des sports, le ministère de la culture sefforcera de mettre en place, dans chaque département, des lieux ressources de soutien à la pratique amateur. Ces ressources portent sur linformation, la formation, loffre de stage, les rencontres, laménagement de lieux de diffusion et lutilisation de parcs de matériels.
Chaque direction régionale des affaires culturelles établira un schéma de développement de la pratique amateur dans les trois secteurs du théâtre, de la musique et de la danse. Les directions régionales sappuieront en particulier sur les associations départementales et régionales pour le développement musical et chorégraphique dont les missions pourront être au cas par cas élargies au théâtre.
Cest par ces actions de fond, me semble-t-il, et non pas en demandant aux artistes dassumer directement sur le terrain un rôle de médecine sociale pour lequel ils ne sont pas faits, que nous pourrons véritablement donner une nouvelle signification à la volonté de démocratisation culturelle.
Mais notre politique de relance du spectacle vivant ne sera complète que si lensemble des acteurs concernés connaissent un environnement économique, juridique et social favorable à leur développement.
De ce point de vue, la période récente a été caractérisée par une grande instabilité.
Les interrogations portant sur le maintien du régime des intermittents du spectacle, les difficultés fiscales quont rencontrées les associations culturelles et certaines professions du spectacle vivant ont contribué à créer un climat dincertitude alors que, là comme ailleurs, les entreprises ont besoin de visibilité à moyen terme pour programmer leurs actions et être capables de sadapter à un monde qui change.
LEtat a un rôle essentiel dans la fixation des règles qui assurent un environnement juridique stable à lensemble des intervenants dans ce secteur : auteurs, interprètes, metteurs en scène, techniciens, entreprises.
Le premier objectif sera de donner un nouvel élan à la formation professionnelle, en particulier dans le domaine du théâtre. Jai demandé à Marcel Bozonnet dengager une réflexion sur lélargissement des missions du Conservatoire national supérieur dart dramatique de Paris en direction de la formation professionnelle aux métiers du théâtre. Cette réflexion devra prendre en compte le rôle de lécole nationale supérieure des arts et techniques du spectacle désormais installée à Lyon et qui relève du ministère de lEducation nationale. Elle devra également sappuyer sur une consolidation des formations proposées par les centres dramatiques nationaux.
Quant à la musique et à la danse, nous achèverons le développement du réseau des CEFEDEM qui permettent une meilleure qualification des enseignants des écoles de musique et de danse sur lensemble du territoire.
En matière économique, le sujet le plus urgent est bien entendu celui des intermittents du spectacle.
A la suite du rapport Cabanes de 1996, lEtat sétait engagé à conduire un certain nombre dactions pour mieux encadrer le régime dindemnisation des intermittents. Ces actions ont été menées à bonne fin.
Les travaux dune commission mixte paritaire associant les employeurs et les salariés sont parvenus à un accord inter-branches qui précise les conditions du recours aux contrats à durée déterminée dit dusage, support juridique de lintermittence du spectacle. Cet accord doit permettre de contenir lévolution financière du régime.
Parallèlement, le Gouvernement a, comme il sy était engagé, présenté au Parlement la modification de lordonnance de 1945 sur les spectacles. Lexamen de ce projet de loi sera prochainement achevé. Le projet maintient un régime dautorisation des spectacles qui permet à ladministration de sassurer que les titulaires de cette autorisation respectent bien leurs obligations en matière sociale.
Ces éléments sont de nature à conforter le régime de lintermittence, même si, bien entendu, la décision revient aux partenaires sociaux réunis au sein de lUNEDIC. Il faut que nous parvenions à une consolidation définitive du régime en 1999.
Dans le domaine fiscal, une circulaire vient de préciser et de clarifier les conditions dans lesquelles les associations culturelles, et tout spécialement celles qui uvrent dans le domaine du spectacle vivant, devront dorénavant être soumises aux impôts commerciaux.
De ce point de vue, la réforme de la taxe professionnelle décidée par le Gouvernement, qui retire progressivement les salaires de lassiette de cette taxe, aura des conséquences positives et réduit donc les craintes que nous pouvions avoir à cet égard il y a quelques mois.
Sagissant de la fiscalité applicable aux salariés, jai obtenu du ministère des finances le maintien dun système de déduction forfaitaire pouvant, au choix des intéressés, se substituer à la déduction des frais réels, et qui me paraît constituer une solution équitable, en particulier pour les musiciens, les choristes et les danseurs.
Enfin, je voudrais signaler deux dossiers qui me paraissent particulièrement significatifs de notre volonté de structurer le secteur professionnel du spectacle vivant, tout en améliorant la visibilité des différents acteurs concernés.
Il sagit tout dabord de la réforme de la taxe parafiscale qui alimente aujourdhui le fonds de soutien aux variétés et le fonds de soutien aux théâtres privés. Cette taxe a montré son utilité en permettant une redistribution de moyens financiers, gérés directement par les professionnels du secteur sous le contrôle de lEtat.
Jai confié au directeur de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles le soin de formuler des propositions dextension de la taxe.
Enfin, le ministère de la culture sera très actif dans laboutissement dinitiatives parlementaires, visant à créer un nouveau statut pour les établissements culturels locaux. Le spectacle vivant est concerné en tout premier lieu compte tenu du nombre des équipements artistiques existant sur lensemble du territoire.
Ce nouveau statut naura dintérêt que sil permet un véritable partenariat entre lEtat et les collectivités locales, tout en garantissant lautonomie artistique des établissements.
Telles sont les lignes de force de la politique du spectacle vivant pour les années à venir. Il sagit dun travail en profondeur qui sinscrit avec sérieux et persévérance dans la durée et en concertation étroite avec lensemble des partenaires concernés.
Le conseil national des professions du spectacle que jai réuni récemment, constitue à cet égard le lieu de la concertation entre les agents économiques du spectacle vivant, employeurs et salariés.
Une nouvelle instance de consultation et de propositions représentant les artistes et les gestionnaires des établissements du spectacle sera mise en place auprès du directeur de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles. Ce conseil, dont la composition pourra évoluer en fonction des missions de réflexion et de proposition qui lui seront régulièrement confiées, remplacera les instances existantes, en particulier le conseil supérieur de la danse et le conseil supérieur de la musique.
Enfin, je demande à Dominique Wallon de conduire une concertation régulière avec les élus des collectivités territoriales, qui ont un rôle majeur à jouer dans le développement du spectacle vivant. A terme, elle devrait permettre de redéfinir les rôles respectifs de lEtat et des collectivités locales dans le domaine du spectacle vivant.
La concertation est au cur de la méthode que je veux adopter pour faire vivre les relations entre lEtat et ses partenaires dans le domaine du spectacle vivant.
Cette concertation doit permettre de définir clairement les missions des uns et des autres, de traduire cette définition dans des contrats, de procéder à lévaluation régulière des démarches et des résultats, et den tirer les conséquences, éventuellement sous formes de sanctions, quand cest nécessaire.
Nous sommes confrontés à un enjeu majeur pour le spectacle vivant.
Dans ce domaine, gérer lexistant, ou ne faire que colmater les brèches, serait aller tout droit vers une subordination de plus en plus grande aux forces du marché et voir petit à petit la vie séteindre dans nos théâtres.
Tout au contraire, jai voulu tracer des perspectives, rendre au ministère sa capacité dinitiative et daction, et redéfinir une grande ambition pour le spectacle vivant.
(Source http://www.culture.gouv.fr)