Conférence de presse conjointe de M. Jacques Chirac, Président de la République et de M. Antonio Guterres, Premier ministre portugais, sur les relations franco-portugaises, leurs positions respectives sur le financement de l'Union européenne et la négociation de l'Agenda 2000, le développement et la paix en Afrique, la communauté portugaise en France, et l'annonce du décès du roi de Jordanie, Lisbonne le 5 février 1999.

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Circonstance : Voyage d'Etat au Portugal les 4 et 5 février 1999-entretien avec M. Antonio Guterres à Lisbonne, le 5 février 1999

Texte intégral

LE PRESIDENT Nos deux pays ont une vocation à sentendre. La France attache une importance toute particulière à sa relation avec le Portugal. Cela tient à une culture ancienne et commune, cela tient à une même vision de lEurope et de lévolution du monde. Le Premier ministre a eu raison de souligner, en particulier, notre volonté commune dun monde multipolaire, équilibré et pacifique et dune mondialisation quil souhaite maîtriser et humaniser. Sur les grands problèmes internationaux nous partageons également le même souci de paix et de justice. Cest vrai en particulier pour notre relation avec lAmérique Latine, avec lAsie et je suis heureux de lévolution actuelle et de la situation à Timor Est. Nous avons longuement parlé de notre relation avec lAfrique sur laquelle nous constatons une parfaite convergence de vues, aussi bien pour ce qui concerne le développement et la paix dans ce continent, mais également sur des problèmes particuliers, je pense notamment à lAngola ou à la Guinée Bissao, à propos de laquelle il ny a aucune espèce de réserve française sur laction qui est conduite là-bas, notamment, par le Portugal.
Nos relations bilatérales, nous les avons une fois de plus constatées comme excellentes. Cest vrai sur le plan économique, cest vrai sur le plan culturel. Jai souligné limportance que jattachais au développement de lenseignement du Portugais en France, qui est insuffisant. Et sur le problème des échanges culturels nous sommes tout à fait sur la même ligne.
Enfin, jai tenu à souligner une fois de plus que la France attachait une importance très grande à la communauté portugaise, première communauté étrangère en France. Je rappelle souvent que Paris, que jai eu lhonneur dadministrer, est la troisième ville portugaise du monde et jai tenu à rendre un hommage particulier, ici, à une communauté admirable et qui a apporté et qui apporte à la France sur le plan matériel, technique, culturel, spirituel aussi le meilleur delle-même dans un esprit de totale intégration, même si cette communauté reste naturellement profondément fidèle à son identité, à sa culture, à sa langue. Donc, notre relation étant ce quelle est, notre contact ne pouvait être que chaleureux et amical.
QUESTION - On vient dapprendre la mort clinique du Roi Hussein de Jordanie, dans quel état desprit recevez-vous cette nouvelle ?
LE PRESIDENT - Si elle est confirmée, avec une immense tristesse. Le Roi Hussein de Jordanie a été un grand souverain, qui inspirait le respect et qui appelle la reconnaissance de lensemble des dirigeants du monde actuel, pour sa contribution à leffort de paix dans son pays et dans sa région. Javais pour lui beaucoup destime et dadmiration, une grande amitié aussi. Je souhaite, bien sûr, que votre information ne soit pas confirmée. Si elle devait lêtre, je mincline avec respect devant un homme qui a été un grand souverain.
QUESTION - M. le Président, le Gouvernement portugais a répété à plusieurs reprises que le Portugal est un cas spécifique, dans les négociations du troisième cadre communautaire le Portugal a déjà dit plusieurs fois quil naccepte pas de recevoir moins de fonds structurels que ceux quil a reçus au cours du deuxième cadre. Est-ce que vous estimez que le Portugal est un cas spécifique ou bien, comme il est entré dans la monnaie unique, quil doit recevoir moins de fonds structurels ?
LE PRESIDENT Le Premier Ministre a exposé avec tout le talent quon lui connaît les raisons qui explique la position du Portugal et que je comprends parfaitement, que la France comprend parfaitement. Naturellement, nous sommes au début dune négociation qui conduira, si lon veut la réussir, chaque pays à accepter de faire un effort, mais je le répète, nous avons parfaitement intégré les arguments du Portugal. Et je puis vous dire que la France en tiendra le plus grand compte.
LE PREMIER MINISTRE PORTUGAIS Nos conversations ont été extrêmement utiles, nos discussions sur lagenda 2000, ont permis dune part, au gouvernement portugais de comprendre parfaitement les soucis du gouvernement français, par rapport à des aspects qui sont particulièrement sensibles pour la France et notamment pour ce qui a trait à lagriculture, et je crois que le Président français, le gouvernement français ont eu loccasion de comprendre les problèmes spécifiques du Portugal dans cette négociation.
Je crois que ce quil y a de plus important dans cette négociation, cest lesprit. Lesprit de notre réunion, nous navons pas résolu lagenda 2000 aujourdhui, mais nous avons créé un climat de compréhension mutuel, et nous avons établi un canal de contact qui nous permettra davoir des consultations permanentes jusquà ce que la négociation soit conclue, en cherchant à trouver une solution dans laquelle les deux pays se retrouvent, et tous les pays européens donnent leur contribution comme le Président français la souligné, mais que soient sauvegardés leurs intérêts essentiels.
QUESTION - Jaimerais savoir si vous jugez bonne la proposition de la commission européenne pour lagenda 2000 . Est-ce que cest une proposition acceptable à ce moment ci ?
LE PRESIDENT - Les négociations intéressant quinze pays, cette proposition est, par définition, je ne dirais pas critiquable , mais elle doit évoluer. Personne ne la considère comme acceptable telle quelle est aujourdhui. Elle a le mérite de permettre douvrir la discussion et darriver, je lespère, ensuite, à un accord de tous.
QUESTION - Le nom portugais qui vous convient le plus pour la présidence de la commission européenne, Mario Soares, ou M. Cavaco ?
LE PRESIDENT - Jai la plus grande estime pour lensemble des personnalités politiques du Portugal je nirai pas plus loin dans les choix.
Je vous remercie