Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur la lutte contre le trafic de plantes et d'animaux sauvages, aéroport Charles-de-Gaulle, Roissy le 20 décembre 2005.

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Mesdames et Messieurs
J'ai souhaité être aujourd'hui présente à Roissy sur l'aéroport Charles de Gaulle, pour assister au travail des agents des douanes et des services vétérinaires dans la lutte contre le trafic d'espèces sauvages et témoigner, auprès d'eux, de la détermination du gouvernement français à lutter contre ce fléau.
Le trafic de plantes ou d'animaux sauvages contribue en effet de façon tout à fait dramatique et, malheureusement parfois déterminante, à la disparition des espèces tout autour de la planète.
De par la masse financière qu'il représente, ce trafic compte aujourd'hui parmi les plus importants dans le monde, avec la drogue et la contrefaçon.
Nos concitoyens n'en ont pas suffisamment conscience, encore aujourd'hui.
A l'heure des départs en vacances de Noël, à l'heure de la détente et du bonheur partagé en famille, parfois sous d'autres latitudes, je voulais rappeler que l'insouciance en la matière peut être, pour la nature, criminelle.
Importer illégalement un animal ou une plante, un produit issu d'un animal ou d'une plante (peau, dent, défense, carapace, ?ufs, etc.) c'est encourager le pillage des ressources naturelles qui consiste à prélever plus que le milieu n'est capable de produire. Cela peut se traduire par un retrait définitif de jeunes ou de reproducteurs dans le milieu naturel.
C'est faire une ?uvre de destruction et de mort, le plus souvent sans en avoir conscience. Au rythme actuel beaucoup d'espèces n'y résisteront pas.
Les prélèvements illégaux portant sur les espèces les plus rares, comme certaines orchidées, certains perroquets ou les tortues marines, de même que les prélèvements excessifs sur des espèces moins fragiles, comme les singes magot ou les hippocampes, conduisent à leur mise en danger ou à leur rapide disparition.
Toutes les origines géographiques sont concernées mais spécialement celles d'Asie et de la zone inter-tropicale.
Les touristes qui, en achetant ces produits dans les pays d'origine, en important des plantes ou des animaux vivants ou morts, ne se soucient pas de la légalité de leur provenance, peuvent, sans le vouloir, se retrouver complices d'un commerce frauduleux, dangereux pour la nature.
Mon ministère vient d'éditer des documents d'information pour les touristes les prévenant de ces dangers et des risques juridiques encourus.
Parallèlement, il diffuse actuellement un dépliant et une affiche destinés à sensibiliser nos concitoyens sur les mesures que mes services ont mises en place pour encadrer strictement la détention d'animaux d'espèces non domestiques. Cette réglementation nationale, qui impose notamment une traçabilité des animaux d'espèces protégées dans les élevages d'agrément, les établissements d'élevage ou de vente, les parcs zoologiques, les aquariums et les cirques, vise à protéger la biodiversité, à garantir le bien-être animal et la sécurité des personnes, mais aussi à diriger les activités d'élevage vers des programmes contribuant à la préservation de la biodiversité et à sa mise en valeur.
Ces mesures nationales s'inscrivent dans un cadre plus large de lutte contre le commerce illicite des espèces sauvages : un atelier de travail européen, organisé fin octobre par la Présidence britannique, a souligné la nécessité de renforcer la communication, la coopération et la coordination entre les différents États membres de l'Union européenne pour accroître l'efficacité des services de contrôle. Je viens d'assurer mon collègue du Royaume Uni, le ministre Jim Knight, de mon entier soutien et lui ai fait part de ma volonté de sensibiliser mes services, ainsi que les autres ministres concernés, à la nécessité de les mettre en ?uvre au plus vite les recommandations de cet atelier.
En 2004, les douanes françaises ont saisi 585 animaux vivants, 35 animaux naturalisés, 412 pièces d'ivoire brut ou travaillé représentant 309 kg, 1895 coquillages et coraux et 2937 autres spécimens, dont 120 kg de caviar.
Il convient toutefois de rappeler que notre pays importe chaque année de nombreux animaux, plantes ou produits d'origine naturelle dont le commerce légal et encadré contribue au développement durable. La France importe ainsi plus de 13 tonnes de caviar licite et en produit plus de 17 tonnes en aquaculture. Ce caviar légal bénéficiera bientôt d'un nouveau système de traçabilité que mon ministère met actuellement au point avec les entreprises concernées.
Je remercie Aéroports De Paris et Air France de s'être portés partenaires de cette opération en rendant disponibles les plaquettes d'information.
Chacun d'entre nous, par un comportement responsable lors de ses déplacements professionnels ou de ses vacances peut, en refusant la complicité avec ce trafic illégal, ?uvrer activement pour sauver la nature dans le monde.(Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 28 décembre 2005)