Texte intégral
Q ? En poussant Peter Mandelson, le commissaire au Commerce, à avoir une position défensive sur une date butoir pour l'élimination des subventions aux exportations agricoles, la France ne lui a-t-elle pas fait perdre l'occasion de négocier en position de force ?
R ? La stratégie du directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) a toujours été d'isoler le dossier agricole, en exerçant une pression sur les pays développés. Une fois la voie dégagée sur l'agriculture, Pascal Lamy estime qu'on pourra avancer sur les autres dossiers du cycle de Doha. Position ferme ou non de la France, cela n'aurait rien changé en termes de stratégie globale de la négociation Si nous n'avions pas été très fermes, l'Union européenne aurait, en revanche, eu beaucoup de mal à résister à la poussée collective favorable au calendrier de 2010 pour l'élimination de nos subventions aux exportations.
Q ? En quoi la date de 2010 était-elle réellement une ligne rouge ?
R ? Accepter d'éliminer nos subventions à l'exportation en 2010 aurait été contraire à la réforme de la Politique agricole commune. De plus, nous ne l'aurions pas monnayé, compte tenu du caractère jusqu'au-boutiste, doctrinaire et orthodoxe de certains négociateurs. Nous avons quand même obtenu que les dispositifs de subventions à l'exportation de nos partenaires soient traités de manière parallèle. Or, il ne paraît pas difficile de mesurer précisément ce qui, dans ces dispositifs, relève d'une concurrence déloyale sur les marchés internationaux. L'Union européenne a fait la réforme de sa Politique agricole commune. Nous avons accepté une date butoir pour l'élimination de nos subventions aux exportations. Il n'est pas question que les partenaires de l'Union empochent nos concessions sans nous donner de contrepartie.
Q ? Les milieux d'affaires européens s'inquiètent du parallélisme établi entre la libéralisation agricole et la baisse des droits de douane industriels dans les pays en développement. Que leur répondez-vous ?
R ? Cette corrélation signifie au contraire que nous pourrons obtenir des pays en développement qu'ils abaissent leurs tarifs industriels dans les mêmes proportions que la réduction proposée par l'Union européenne pour ses droits de douane agricoles, soit 46 %. Obtenir une baisse de moitié des droits de douane que les grands marchés, le Brésil ou l'Inde notamment, appliquent au jour le jour, c'est loin d'être négligeable. Nous serons vigilants sur ce principe de stricte équivalence des efforts fournis par ces grands pays émergents.
Q ? Le contexte politique aux Etats-Unis se prête-t-il à d'importantes concessions de leur part à l'OMC ?
R ? Compte tenu de la situation budgétaire aux Etats-Unis, l'exécutif américain a très envie ? et besoin ? d'une réforme du "Farm Bill". Cette politique agricole leur coûte trop cher. Avoir une pression extérieure, en l'occurrence les négociations à l'OMC, pour contraindre le Congrès à accepter une telle réforme, est précieux pour l'administration américaine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 décembre 2005
R ? La stratégie du directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) a toujours été d'isoler le dossier agricole, en exerçant une pression sur les pays développés. Une fois la voie dégagée sur l'agriculture, Pascal Lamy estime qu'on pourra avancer sur les autres dossiers du cycle de Doha. Position ferme ou non de la France, cela n'aurait rien changé en termes de stratégie globale de la négociation Si nous n'avions pas été très fermes, l'Union européenne aurait, en revanche, eu beaucoup de mal à résister à la poussée collective favorable au calendrier de 2010 pour l'élimination de nos subventions aux exportations.
Q ? En quoi la date de 2010 était-elle réellement une ligne rouge ?
R ? Accepter d'éliminer nos subventions à l'exportation en 2010 aurait été contraire à la réforme de la Politique agricole commune. De plus, nous ne l'aurions pas monnayé, compte tenu du caractère jusqu'au-boutiste, doctrinaire et orthodoxe de certains négociateurs. Nous avons quand même obtenu que les dispositifs de subventions à l'exportation de nos partenaires soient traités de manière parallèle. Or, il ne paraît pas difficile de mesurer précisément ce qui, dans ces dispositifs, relève d'une concurrence déloyale sur les marchés internationaux. L'Union européenne a fait la réforme de sa Politique agricole commune. Nous avons accepté une date butoir pour l'élimination de nos subventions aux exportations. Il n'est pas question que les partenaires de l'Union empochent nos concessions sans nous donner de contrepartie.
Q ? Les milieux d'affaires européens s'inquiètent du parallélisme établi entre la libéralisation agricole et la baisse des droits de douane industriels dans les pays en développement. Que leur répondez-vous ?
R ? Cette corrélation signifie au contraire que nous pourrons obtenir des pays en développement qu'ils abaissent leurs tarifs industriels dans les mêmes proportions que la réduction proposée par l'Union européenne pour ses droits de douane agricoles, soit 46 %. Obtenir une baisse de moitié des droits de douane que les grands marchés, le Brésil ou l'Inde notamment, appliquent au jour le jour, c'est loin d'être négligeable. Nous serons vigilants sur ce principe de stricte équivalence des efforts fournis par ces grands pays émergents.
Q ? Le contexte politique aux Etats-Unis se prête-t-il à d'importantes concessions de leur part à l'OMC ?
R ? Compte tenu de la situation budgétaire aux Etats-Unis, l'exécutif américain a très envie ? et besoin ? d'une réforme du "Farm Bill". Cette politique agricole leur coûte trop cher. Avoir une pression extérieure, en l'occurrence les négociations à l'OMC, pour contraindre le Congrès à accepter une telle réforme, est précieux pour l'administration américaine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 décembre 2005