Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur l'aménagement et la mise en valeur du Mont-Saint-Michel, au Mont-Saint-Michel le 27 janvier 2006.

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Circonstance : Présentation du projet d'aménagement du Mont-Saint-Michel le 27 janvier 2006

Texte intégral

Messieurs les Présidents,
Monsieur le Député,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d'être présente ici, à quelques kilomètres du Mont Saint Michel, classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, pour évoquer avec vous son devenir. Ma présence, à la demande du Premier Ministre et sitôt après l'envoi de sa lettre de mission, est l'expression de la volonté forte du gouvernement de mener à bien ce projet qui nous tient tous à coeur.
Je suis fière d'avoir reçu mandat du Premier ministre Dominique de VILLEPIN pour venir vous exposer les orientations qu'il a retenues pour l'aménagement et la mise en valeur du Mont Saint Michel, après la lettre de mission qu'il a adressée en ce sens il y a quelques jours à M. Cyril SCHOTT, préfet de la région Basse- Normandie.
Nous savons tous que le Président de la République Jacques CHIRAC s'est de tout temps mobilisé sur ce sujet, et il rappelait notamment en 2002 à Avranches combien le site lui faisait éprouver « le sentiment de notre responsabilité à l'égard de notre patrimoine historique et culturel ».
Aussi, le projet que nous allons conduire doit répondre à son ambition. Mais je souhaiterais dire qu'au travers de la lettre de mission du Premier Ministre, c'est le Gouvernement dans son ensemble qui est mobilisé sur ce Grand Projet.
Si j'ai l'honneur d'être présente parmi vous pour parler d'un dossier qui me tient particulièrement à coeur, d'autres ministères ont aussi un rôle essentiel sur le Mont Saint Michel. Et trois ministres tout particulièrement : Dominique PERBEN, Ministre de l'Equipement, dont les services ont notamment depuis le début constitué la cheville ouvrière technique sur ce projet, Christian ESTROSI, Ministre Délégué à l'Aménagement du Territoire, dont la Délégation Interministérielle à l'Aménagement et à la Compétitivité du Territoire, (je vois d'ailleurs que son délégué est présent) assurera le pilotage du projet et Renaud DONNEDIEU de VABRES, Ministre de la Culture et de la Communication, au titre des Monuments Historiques.
Je tiens à citer personnellement mes collègues, car ils s'associent à moi pour exprimer leur attachement à la mise en valeur du Mont Saint Michel.
Cette question de la mise en valeur du Mont-Saint-Michel se pose depuis les années 60, avec deux constats. D'une part, la nécessité de mettre en valeur le site et en particulier son accès, pour préserver son attractivité.
D'autre part, l'ensablement du Mont, visible en particulier dans l'approche de celui-ci par les visiteurs.
Après de longues années de concertation, l'Etat a annoncé en avril 1995 le projet du « rétablissement du caractère maritime du Mont Saint Michel ». Ce projet a fait l'objet d'études poussées au cours des 10 ans qui ont suivi, et la question de son coût s'est très rapidement posée. Je le dirai sans détour, car il est dans mes habitudes d'aller dans le vif du sujet : la dérive des coûts au fil des années était de nature à remettre en cause le projet tout entier.
En effet, le coût estimé du projet en 2004 s'élevait à 220 M?, à comparer à un coût approuvé en 2002 de 134 M?. Une telle envolée des coûts constituait bien évidemment un danger pour la réalisation même du projet !
Il était donc impératif de rétablir la maîtrise budgétaire du dossier, et de remplir les objectifs qui lui étaient assignés avec une dépense qui reste dans une enveloppe compatible avec la décision du gouvernement prise en 2002. Cette question était essentielle pour l'Etat, qui finance la part publique de l'investissement à hauteur, je le rappelle, de 60%, tout comme pour les collectivités locales représentées ici et qui financent les 40% restant.
Devant l'importance de la question financière, le gouvernement a missionné le 23 mars 2005 les inspections générales de quatre ministères, afin qu'elles examinent le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. Cette mission a rendu ses conclusions à l'automne 2005, et les travaux des inspecteurs ont permis à l'Etat de prendre position et de définir ses attentes.
Le projet retenu à la fin de 2005 a pris en compte à la fois l'indispensable maîtrise des dépenses et l'impératif de répondre à l'ensemble des composantes du projet, qui concourent à la mise en valeur du Mont Saint Michel et de sa baie.
Il convenait en tout premier lieu, de ne pas perdre de vue l'objectif fondamental du projet. Le Mont Saint Michel, qui s'inscrit dans le paysage époustouflant de la baie, est admiré et attire des millions de visiteurs ; il contribue ainsi par son attractivité à l'emploi et à la création de richesse. Tout doit donc être fait pour favoriser l'attractivité du Mont, sa perception par le visiteur et la préservation de celle-ci dans le temps.
Le projet est ainsi avant tout celui de la mise en valeur d'un phénomène géologique exceptionnel, sur lequel l'homme a posé des monuments admirables.
Cette mise en valeur s'avère tout à fait nécessaire. Le maître d'ouvrage de l'opération, à savoir le Syndicat Mixte qui nous accueille aujourd'hui et regroupe le Conseil Régional de Basse- Normandie, le Conseil Régional de Bretagne, le Conseil Général de la Manche, les trois communes de Beauvoir, le Mont St Michel et Pontorson, pourra compter sur l'appui de l'Etat.
Je rappelle que le coût de ce projet est fixé à 140 M?, dont 17 M? de crédits européens du FEDER, en cohérence avec l'estimation validée en 2002.
Sur un plan technique, les travaux du barrage seront réalisés dans leur totalité, y compris le pont-promenade et la plate-forme belvédère qui offriront une vue exceptionnelle et réaménagée sur le Mont. Le curage du Couesnon préservera quant à lui la divagation paysagère à l'est du Mont Saint Michel, axe d'arrivée des visiteurs.
La digue actuelle sera démolie, et un pont-passerelle sera réalisé sur une longueur de 396 mètres, dans le cadre d'un parti architectural modifié.
Le transport des passagers, quant à lui, sera revu, et mis en oeuvre dans le cadre d'une délégation de service public.
Enfin, et c'est sans doute la composante du projet qui contribuera le plus à l'attractivité du site, les ouvrages d'accueil, c'est-à-dire le parc de stationnement, les espaces publics du hameau de la Caserne et les bâtiments d'accueil seront entièrement réalisés.
Nous aurons ainsi répondu aux objectifs du projet, et réalisé l'ensemble de ses composantes.
La gouvernance du projet, quant à elle, devra être renforcée et la Délégation Interministérielle à l'Aménagement et à la Compétitivité des Territoires assurera la coordination interministérielle sur les plans technique et financier. M. Claude LIEBERMAN sera nommé conseiller en charge du projet « Mont-Saint-Michel » auprès du Délégué, le préfet MIRABEAU. Quant à la coordination locale, elle sera assurée par le préfet de la région Basse-Normandie.
Je voudrais maintenant passer la parole à M. Yves LALAUT, chef de projet à la Direction Départementale de l'Equipement de la Manche, qui nous montrera ce que sera le projet. Sa présentation s'adressera d'ailleurs surtout à vous, Mesdames et Messieurs les journalistes, car je sais combien les élus connaissent déjà le projet qui leur tient tant à coeur !
(INTERVENTION DE MONSIEUR YVES LALAUT)
Monsieur LALAUT, je vous remercie pour cette présentation très claire et illustrée du projet que nous allons construire ensemble. Ce projet a un objectif : replacer le Mont Saint Michel dans son écrin. Je pense aussi à ceux qui viennent visiter le Mont sans nécessairement vouloir ou pouvoir gravir jusqu'au sommet. Pour eux aussi, les aménagements prévus, le pont promenade, le belvédère, la passerelle et nouvel accès offriront une nouvelle perspective sur le Mont.
L'effort financier, significatif, de l'Etat et des collectivités territoriales sera « récompensé » par le maintien du caractère unique du Mont Saint Michel, de sa fréquentation et de sa place dans l'imaginaire collectif à travers le monde entier. Les collectivités elles aussi fourniront des efforts soutenus, en particulier dans le domaine de l'urbanisation. Sa remise à plat, et je pense ici tout particulièrement au Hameau de la Caserne, aura une priorité, celle de donner à l'accès au mont une esthétique paysagère tout aussi forte que le site lui-même. Les routes d'accès au Mont et leurs abords doivent être pouvoir bénéficier du « label route touristique », et je sais pouvoir compter, sur ce point, sur l'adhésion de tous les élus locaux et sur une concertation constructive avec tous.
Après le contenu du projet, il me reste maintenant à aborder le calendrier d'une part, et les mesures d'accompagnement du projet d'autre part.
La volonté du Gouvernement est que les travaux commencent dès 2006, car, après le temps des réflexions vient celui de l'action, et nous avons tous besoin du signal fort que constituera la pose de la première pierre de ce chantier.
Cet événement, le gouvernement souhaite qu'il ait lieu dans le courant du printemps. Ainsi la réalisation du barrage du Couesnon, y compris le pont-promenade et la plate-forme belvédère, démarrera dans la première moitié de l'année, dans le respect de l'enveloppe de 36,3 M? prévue à cet effet et suite à l'appel d'offres qui a eu lieu.
L'ensemble des travaux prévus seront conduits au cours des années à venir par le Maître d'ouvrage, le Syndicat Mixte, qui bénéficiera du plein soutien du gouvernement.
Mais les travaux prévus dans notre projet en eux-mêmes ne suffiront pas, et je souhaite en effet évoquer avec vous la poursuite des mesures d'accompagnement engagées depuis plusieurs décennies.
Car le Mont-Saint-Michel et sa baie constituent un ensemble indissociable, et les élus et les administrations ont de tout temps eu à coeur de renforcer et d'étendre les protections autour de ce
joyau.
Toutes ces protections sont cohérentes avec l'opération Grand Site du Mont-Saint-Michel qui a été décidée en accompagnement du projet en 1995.
Une extension des protections de la baie et des Montjoies sera peut-être envisagée, ainsi qu'un Projet d'intérêt Général (un PIG). Ces mesures devront en tout état de cause être l'aboutissement d'une concertation entre élus et administration, et conduire à une meilleure coordination pour la gestion globale de ce bien du patrimoine mondial.
Vous me permettrez de conclure en soulignant à quel point le projet du Mont Saint Michel symbolise tout ce que j'attends en matière d'environnement : la reconnaissance du caractère unique de ce que la nature a pu nous offrir, notre devoir de préservation de ce patrimoine.
J'adresse à tous les acteurs de ce grand défi , mes encouragements et mes voeux de succès.Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 7 février 2006