Texte intégral
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Monsieur le Premier Ministre, bonsoir.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bonsoir, Patrick POIVRE d'ARVOR.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - J'imagine, lorsque depuis plus de trois mois, vous nous répétez, " Je tiendrai bon, je ne baisserai pas les bras ", vous pensiez évidemment à l'exemple de deux Premiers Ministres que vous avez bien connus, Edouard BALLADUR et Alain JUPPE. Or aujourd'hui, vous vous retrouvez obligé, comme eux, de céder, de céder à la rue, de céder à la jeunesse.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous avons fait un constat, le Président de la République, le gouvernement, la majorité. Ce constat, c'est que nous sommes dans une situation de blocage ; face à une situation de blocage, quelle est la première responsabilité d'un gouvernement ? C'est de trouver les moyens d'en sortir, et c'est exactement ce que nous avons fait aujourd'hui. La réalité, c'est que nous n'avons pas l'intention de baisser les bras face à la situation très difficile des jeunes dans notre pays, et que nous allons, et que nous voulons intensifier les réponses à apporter en ce qui concerne, en particulier, ceux qui rencontre le plus de difficultés.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Il y a un mois, ici même, vous disiez, " La loi votée s'appliquera ", et puis dix jours plus tard, donc il y a trois semaines, devant les parlementaires UMP, vous marteliez, " Il y a trois choses qui sont impossibles : le retrait, la suspension, la dénaturation de notre projet ". Si ce n'est un retrait, si ce n'est une dénaturation, qu'est-ce que c'est ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - La loi votée s'applique pour l'essentiel...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - L'égalité des chances mais pas l'article sur le CPE.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Le contrat première embauche ne s'appliquera pas, il sera remplacé, l'article 8. Et cette loi égalité des chances, elle contient des choses très importantes, le contrat de responsabilité parentale, la lutte contre les discriminations, beaucoup d'éléments qui sont aujourd'hui essentiels, quand on se rend compte que notre pays est, à bien des égards, un pays d'inégalités. Donc notre devoir, c'est bien de lutter contre ces inégalités, et c'est ce que fait cette loi. Alors je l'ai dit, il y a un blocage, le contrat première embauche ne sera pas appliqué, mais nous allons trouver les moyens d'apporter des réponses à la situation des jeunes en difficultés, et il faut le dire ce soir, cette situation elle ne se réglera pas d'un coup de baguette magique. 23 % de jeunes au chômage dans notre pays, 40 % de jeunes au chômage chez les non qualifiés, le problème reste entier, il faut que nous trouvions le moyen d'apporter des réponses. Alors tirons ensemble les leçons. La sortie de crise, vous l'avez vue, a été une sortie de crise concertée. Le Président de la République, le gouvernement, la majorité, les deux présidents des groupes parlementaires, en liaison avec les rapporteurs, chacun a contribué à sa place à renouer le dialogue pour trouver les voies d'une solution. Alors il faudra par la concertation, par le dialogue, continuer d'avancer sur ces problèmes qui sont des problèmes centraux. Le problème de l'emploi, le problème de l'emploi des jeunes, nous avons là beaucoup de défis à relever.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Mais ça n'est pas par ça qu'il aura fallu commencer ? Au fond, ce n'est pas la méthode qui est ratée ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Vous posez toute la question de la méthode, et c'est une question importante dans notre pays. Faire preuve de volonté, faire preuve d'action, c'est la mission qui m'a été confiée, et c'est ce que nous avons fait au cours de ces onze derniers mois, il faut le rappeler, nous avons eu des résultats substantiels dans la lutte contre le chômage, passer de 10.2 % de demandeurs d'emploi dans notre pays à 9.6. Nous avons mis en place un dispositif important qui est le contrat nouvelles embauches. Alors vous me direz, pourquoi le contrat nouvelles embauches et pourquoi il donne des résultats ? 400.000 contrats signés...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Il y avait eu dialogue avec les syndicats...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - 400.000 contrats signés, un tiers d'emplois nouveaux, surtout parce qu'il s'agissait d'un contrat qui concernait les très petites entreprises, celles de moins de vingt salariés...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - De moins de vingt salariés.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Et donc, le sentiment de stigmatisation, le sentiment de peur n'a pas joué dans le contrat nouvelles embauches, pas de la même façon que dans le cadre du contrat première embauche. Il y a eu deux choses...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Oui mais là, il n'y avait pas eu 49.3, il n'y avait pas eu de dialogue avec les syndicats...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Je rappelle que cette loi a été votée, selon les règles parlementaires, mais il y a eu deux choses, vous avez raison, dans le cadre du contrat première embauche qui ont pu jouer. La première, c'est le sentiment de stigmatisation qu'a pu ressentir une partie de la jeunesse, alors qu'il s'agissait d'apporter une réponse à ceux qui rencontrent le plus de difficultés dans notre pays, et qui mettent parfois de très nombreuses années à rentrer dans l'emploi. Le deuxième élément qui a pu jouer, c'est le sentiment de profonde précarité, l'inquiétude, le sentiment que la précarité guette, avec un élément supplémentaire qui a été profondément ressenti par les étudiants dans les universités, c'est le sentiment que leurs diplômes n'avaient peut-être pas la même valeur qu'autrefois. Alors j'en tire un certain nombre de leçons. C'est vrai que j'ai voulu traiter directement la question de l'emploi des jeunes, aller...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Trop vite, peut-être.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Aller droit au but, aller vite, avoir des résultats et avec la conviction que ces résultats crédibiliseraient l'action, et nous permettraient d'aller encore plus loin. Nous le savons, le grand débat des sociétés européennes, des sociétés modernes, c'est comment est-ce qu'on combine plus de souplesse pour l'employeur et en même temps davantage de sécurité pour les jeunes et pour les employés. C'est cet équilibre qui est au coeur de toutes les sociétés contemporaines parce que cela permet de créer davantage d'embauches, de créer davantage d'emplois, de créer davantage de croissance. Alors je pense que la réponse, que j'ai voulu apporter, est une réponse très directe, très ciblée sur les différents problèmes. Le problème des très petites entreprises, le problème des jeunes en difficultés. Quand je veux, aujourd'hui, tirer les leçons de ce qui s'est passé, qu'est-ce que je constate ? C'est que ces peurs ont été plus fortes, ces inquiétudes ont été plus fortes que la proposition que nous avions faite...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Donc vous les aviez mal appréciées préalablement.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Tout à fait...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Pas suffisamment.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous avons connu exactement la même chose dans le débat sur la Constitution européenne. La Constitution européenne était un moyen de nous apporter des réponses face à la mondialisation, face à l'évolution économique. Et, tout à coup, nombre de nos compatriotes ont eu le sentiment que l'Europe, la France allait se trouver fragilisée dans l'Europe et dans le monde. Le contrat première embauche, alors que c'est un outil anti-précarité, il est devenu le symbole de la précarisation, alors qu'il allait donner des dizaines de milliers d'emplois à des jeunes qui n'en avaient pas.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Ça veut dire que...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Donc...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Ce pays n'est pas réformable...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors pas du tout.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Pas modernisable.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Pas du tout, cela veut dire qu'il faut savoir contribuer suffisamment à l'évolution des esprits, et peut-être traiter pas à pas les problèmes, et c'est exactement ce que je vais proposer aux partenaires sociaux, aux organisations étudiantes et lycéennes, à l'ensemble de nos compatriotes au cours des prochains mois. Je crois qu'il y a...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Il vaut mieux des petits pas que des grands pas...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Il y a trois priorités, trois facteurs de peur qu'il faut traiter, je crois, en préalable, d'autres grandes questions qui touchent le marché du travail. La première question qui me paraît importante, c'est de renforcer les dispositifs d'insertion qui concernent les jeunes, et en particulier les jeunes les plus en difficulté, c'est ce que nous allons faire avec la proposition de loi. Activer un certain nombre de procédures, faire que, au-delà des emplois aidés que nous avons contribué à simplifier considérablement, au-delà des nouveaux dispositifs que nous avons mis en place, comme le dispositif défense deuxième chance, au-delà de la modernisation du service public de l'emploi pour mieux accompagner chacun sur le marché de l'emploi, nous avons besoin d'outils permettant de donner à chacun sa chance dans l'entreprise...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Là encore, pardonnez-moi Monsieur le Premier Ministre...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Faire en sorte qu'un jeune trouve sa place dans l'entreprise.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Là encore, il s'agit de contrats aidés, c'est-à-dire donc avec le budget de l'Etat, donc avec le budget du contribuable, c'est-à-dire contraire à la philosophie qui inspirait le CPE, qui était la vôtre.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Il s'agit de mettre le pied à l'étrier dans l'entreprise, ce sont donc des emplois dans le secteur marchand, ce ne sont pas des emplois aidés dans le secteur public. Donc il y a là déjà un premier pas très important. Il faut renforcer cette passerelle entre la situation de précarité dans lequel sont nombre de jeunes, et l'entreprise, leur donner une chance, ne laisser personne au bord du chemin, ça c'est la première étape. La deuxième étape, le deuxième pas qu'il faut faire et sur lequel nous devons travailler, et je sais qu'un certain nombre de partenaires sociaux sont d'ores et déjà prêts à avancer dans cette direction, c'est la sécurisation des parcours professionnels. Aujourd'hui, l'emploi n'est pas le même qu'il y a dix ans ou vingt ans. Il y a dix ans ou vingt ans, on faisait de nombreuses années... presque toute sa vie dans la même entreprise. Aujourd'hui, on change plus fréquemment d'emplois et parfois même de métier. Donc il faut des outils qui guident, qui aident, qui facilitent la vie professionnelle. L'orientation, bien choisir sa formation, bien choisir le métier que l'on va faire, avoir des atouts qui vont vous être utiles et précieux tout au long de votre vie. Deuxième élément, c'est avoir la chance de pouvoir recourir à une formation adaptée à différentes étapes de la vie professionnelle, c'est le développement du droit universel à la formation. Nous avons prévu de le mettre en place pour ceux qui rentrent très jeunes en apprentissage, nous allons le développer et nous souhaitons pouvoir l'étendre à nombre de salariés. Et puis toujours dans le sens de la sécurisation des parcours professionnels, il y a des outils qui peuvent être extrêmement utiles. Nous allons mettre en place le contrat de transition professionnelle dans les bassins d'emplois en difficultés. Quand quelqu'un perd son emploi, lui donner la possibilité d'un reclassement, d'une formation, d'un travail dans une autre entreprise, sans passer par la case chômage. Voila encore des moyens ingénieux qui vont faciliter les choses. Et puis il y a un troisième pas qu'il faut faire, parce que cette crise que nous avons vécue, a révélé un profond malaise chez les étudiants et dans les universités. Nous devons traiter le problème des universités et il est complexe, il est difficile, il va falloir le faire de façon très concertée, très mesurée. Il a plusieurs facettes ; la première facette, c'est la vie à l'université, la vie matérielle. Les moyens que l'on met à disposition de nos jeunes étudiants...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Tout le monde s'accorde pour dire qu'ils sont insuffisants.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Depuis des années, depuis des années, depuis des décennies, nous n'avons pas fait ce qu'il fallait pour que les universités puissent fonctionner normalement, sur le plan informatique, sur le plan des salles de travaux pratiques, sur le plan des amphithéâtres. Les moyens matériels ne sont pas à la mesure de notre pays. Deuxième élément, c'est la vie étudiante : un certain nombre d'étudiants vivent dans des conditions extrêmement difficiles, logements, bourses. Nous devons faire davantage, nous avons pris des engagements dans ce domaine, nous les tiendrons, il faut aller plus loin, là encore en concertation. Et puis, troisième élément, c'est le lien entre l'université et l'emploi. L'université, c'est bien sûr un lieu où l'on apprend des savoirs, mais c'est aussi un lieu où on apprend une formation, un métier. Il faut donc davantage de professionnalisation des filières ; dans ce domaine, il faut, avec toute la communauté éducative, avec les présidents d'universités, avec les étudiants, un grand débat qui nous permette d'avancer. Donc, vous le voyez, nous avons devant nous beaucoup de sujets à traiter. Alors certes, au bout du chemin, il y aura des questions plus difficiles. Mais je crois que, en réduisant les peurs, en montrant que nous sommes tous pragmatiques, tous désireux d'apporter des solutions, que nous n'avons pas d'autre but que d'aider nos compatriotes, les jeunes, les moins jeunes, devant les difficultés, je crois que nous créerons la confiance qui permettra, petit à petit, d'avancer pour tout notre pays.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Alors je vais maintenant vous poser une série de questions et s'il vous plaît, je vous demanderai de répondre assez court...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bien sûr.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - D'une part, et surtout avec beaucoup de franchise, parce que je crois que c'est ce que les Français attendent. D'abord, est-ce que vous vivez cette fin de trois mois de crise, au fond, comme un constat d'échec personnel ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est effectivement une épreuve, c'est un temps extrêmement difficile, mais la perspective de pouvoir continuer à se battre, continuer d'apporter des réponses, d'en tirer des leçons et peut-être d'en sortir avec plus d'expérience...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et peut-être de changer soi-même.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bien sûr, je crois que c'est la première leçon d'une crise, c'est de changer soi-même pour apporter plus de réponses.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Est-ce que vous avez reçu tous les soutiens que vous étiez en droit d'attendre de la part de votre majorité ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est un élément important de cette épreuve que nous avons vécue, c'est l'unité de la majorité. Tout au long de cette crise, l'ensemble de la majorité a été unie, je tiens à remercier l'ensemble des parlementaires, l'ensemble de ceux qui se sont mobilisés, jour après jour, pour faire un travail...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Même ceux qui n'arrêtait pas de vous demander de...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - D'explication sur le terrain...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Retirer ce projet très vite ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Non, la majorité a été unie, vous l'avez vue ce matin derrière le président de la République, les représentants du gouvernement, les représentants des groupes parlementaires, nous étions tous là, Nicolas SARKOZY, le président de l'UMP, nous étions tous là, tous soucieux d'avancer dans la même direction. Vous savez, dans les moments difficiles dans la vie d'un pays, il n'y a qu'une chose qui compte, c'est qu'est-ce qu'on peut faire de concret pour am??liorer la vie de nos compatriotes. Il y a des peurs, il y a des angoisses, il y a des blocages. Nous étions tous inquiets de la situation de ces jeunes qui attendent de passer leurs examens, et qui peut-être risquaient de ne pas les passer. Nous étions tous inquiets pour la sécurité de ces jeunes, parfois très jeunes lycéens qui étaient dans la rue, participant à des manifestations parfois très violentes. Notre responsabilité, c'était bien d'apporter la juste décision.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et votre numéro deux, le président de l'UMP, a été loyal avec vous dans cette affaire ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Le gouvernement a été uni, nous avons travaillé ensemble, et nous continuerons à le faire comme nous l'avons fait tout au long des derniers mois, c'est l'engagement que nous avons pris.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Nicolas SARKOZY, auquel je faisais allusion, vient de dire dans LE FIGARO qui sort demain, que le Premier Ministre fait du bon travail au service de la France, vous diriez la même chose de lui ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Tout à fait, nous sommes dans le même état d'esprit, tous soucieux de travailler ensemble.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et le Premier Ministre... le Président de la République, pardon, vous a soutenu. Certains disent que vous lui avez un peu forcé la main dans cette affaire parce qu'il a été échaudé par quelques expériences...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous sommes...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Du passé.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous sommes dans un temps où les rumeurs courent vite. C'est faux. Tout au long de cette crise, j'ai travaillé avec une totale confiance avec le Président de la République. Le Président de la République a montré le chemin et il nous appartient, à nous tous, de suivre cet exemple.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et vous pensez toujours à la présidentielle ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Vous connaissez ma position sur ce sujet, elle n'a jamais varié.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - C'est-à-dire ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - J'ai toujours indiqué que je n'avais pas d'ambition présidentielle, toujours indiqué que ma seule mission, c'était celle que m'avait confié le Président de la République, c'était de servir comme chef du gouvernement pour apporter des réponses concrètes à nos compatriotes.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Dans les conclusions que vous tirez, est-ce qu'il y a celle que chez les politiques, il y a un certain goût de la capitulation quand les choses vont mal ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Non, je ne crois pas. Là, en l'occurrence, je crois qu'il faut du réalisme, il faut de la conviction, il ne faut pas être entêté. Nous avons mis toute notre énergie, toute notre détermination à faire avancer les choses. Je pense qu'il y a des débats qui ont été ouverts dans notre pays, qui seront utiles, je crois que si cela peut mobiliser les énergies de chacun, nous ferons du bon travail au cours des prochains mois.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Je vous remercie Monsieur le Premier Ministre.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Merci.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 avril 2006
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bonsoir, Patrick POIVRE d'ARVOR.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - J'imagine, lorsque depuis plus de trois mois, vous nous répétez, " Je tiendrai bon, je ne baisserai pas les bras ", vous pensiez évidemment à l'exemple de deux Premiers Ministres que vous avez bien connus, Edouard BALLADUR et Alain JUPPE. Or aujourd'hui, vous vous retrouvez obligé, comme eux, de céder, de céder à la rue, de céder à la jeunesse.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous avons fait un constat, le Président de la République, le gouvernement, la majorité. Ce constat, c'est que nous sommes dans une situation de blocage ; face à une situation de blocage, quelle est la première responsabilité d'un gouvernement ? C'est de trouver les moyens d'en sortir, et c'est exactement ce que nous avons fait aujourd'hui. La réalité, c'est que nous n'avons pas l'intention de baisser les bras face à la situation très difficile des jeunes dans notre pays, et que nous allons, et que nous voulons intensifier les réponses à apporter en ce qui concerne, en particulier, ceux qui rencontre le plus de difficultés.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Il y a un mois, ici même, vous disiez, " La loi votée s'appliquera ", et puis dix jours plus tard, donc il y a trois semaines, devant les parlementaires UMP, vous marteliez, " Il y a trois choses qui sont impossibles : le retrait, la suspension, la dénaturation de notre projet ". Si ce n'est un retrait, si ce n'est une dénaturation, qu'est-ce que c'est ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - La loi votée s'applique pour l'essentiel...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - L'égalité des chances mais pas l'article sur le CPE.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Le contrat première embauche ne s'appliquera pas, il sera remplacé, l'article 8. Et cette loi égalité des chances, elle contient des choses très importantes, le contrat de responsabilité parentale, la lutte contre les discriminations, beaucoup d'éléments qui sont aujourd'hui essentiels, quand on se rend compte que notre pays est, à bien des égards, un pays d'inégalités. Donc notre devoir, c'est bien de lutter contre ces inégalités, et c'est ce que fait cette loi. Alors je l'ai dit, il y a un blocage, le contrat première embauche ne sera pas appliqué, mais nous allons trouver les moyens d'apporter des réponses à la situation des jeunes en difficultés, et il faut le dire ce soir, cette situation elle ne se réglera pas d'un coup de baguette magique. 23 % de jeunes au chômage dans notre pays, 40 % de jeunes au chômage chez les non qualifiés, le problème reste entier, il faut que nous trouvions le moyen d'apporter des réponses. Alors tirons ensemble les leçons. La sortie de crise, vous l'avez vue, a été une sortie de crise concertée. Le Président de la République, le gouvernement, la majorité, les deux présidents des groupes parlementaires, en liaison avec les rapporteurs, chacun a contribué à sa place à renouer le dialogue pour trouver les voies d'une solution. Alors il faudra par la concertation, par le dialogue, continuer d'avancer sur ces problèmes qui sont des problèmes centraux. Le problème de l'emploi, le problème de l'emploi des jeunes, nous avons là beaucoup de défis à relever.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Mais ça n'est pas par ça qu'il aura fallu commencer ? Au fond, ce n'est pas la méthode qui est ratée ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Vous posez toute la question de la méthode, et c'est une question importante dans notre pays. Faire preuve de volonté, faire preuve d'action, c'est la mission qui m'a été confiée, et c'est ce que nous avons fait au cours de ces onze derniers mois, il faut le rappeler, nous avons eu des résultats substantiels dans la lutte contre le chômage, passer de 10.2 % de demandeurs d'emploi dans notre pays à 9.6. Nous avons mis en place un dispositif important qui est le contrat nouvelles embauches. Alors vous me direz, pourquoi le contrat nouvelles embauches et pourquoi il donne des résultats ? 400.000 contrats signés...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Il y avait eu dialogue avec les syndicats...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - 400.000 contrats signés, un tiers d'emplois nouveaux, surtout parce qu'il s'agissait d'un contrat qui concernait les très petites entreprises, celles de moins de vingt salariés...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - De moins de vingt salariés.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Et donc, le sentiment de stigmatisation, le sentiment de peur n'a pas joué dans le contrat nouvelles embauches, pas de la même façon que dans le cadre du contrat première embauche. Il y a eu deux choses...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Oui mais là, il n'y avait pas eu 49.3, il n'y avait pas eu de dialogue avec les syndicats...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Je rappelle que cette loi a été votée, selon les règles parlementaires, mais il y a eu deux choses, vous avez raison, dans le cadre du contrat première embauche qui ont pu jouer. La première, c'est le sentiment de stigmatisation qu'a pu ressentir une partie de la jeunesse, alors qu'il s'agissait d'apporter une réponse à ceux qui rencontrent le plus de difficultés dans notre pays, et qui mettent parfois de très nombreuses années à rentrer dans l'emploi. Le deuxième élément qui a pu jouer, c'est le sentiment de profonde précarité, l'inquiétude, le sentiment que la précarité guette, avec un élément supplémentaire qui a été profondément ressenti par les étudiants dans les universités, c'est le sentiment que leurs diplômes n'avaient peut-être pas la même valeur qu'autrefois. Alors j'en tire un certain nombre de leçons. C'est vrai que j'ai voulu traiter directement la question de l'emploi des jeunes, aller...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Trop vite, peut-être.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Aller droit au but, aller vite, avoir des résultats et avec la conviction que ces résultats crédibiliseraient l'action, et nous permettraient d'aller encore plus loin. Nous le savons, le grand débat des sociétés européennes, des sociétés modernes, c'est comment est-ce qu'on combine plus de souplesse pour l'employeur et en même temps davantage de sécurité pour les jeunes et pour les employés. C'est cet équilibre qui est au coeur de toutes les sociétés contemporaines parce que cela permet de créer davantage d'embauches, de créer davantage d'emplois, de créer davantage de croissance. Alors je pense que la réponse, que j'ai voulu apporter, est une réponse très directe, très ciblée sur les différents problèmes. Le problème des très petites entreprises, le problème des jeunes en difficultés. Quand je veux, aujourd'hui, tirer les leçons de ce qui s'est passé, qu'est-ce que je constate ? C'est que ces peurs ont été plus fortes, ces inquiétudes ont été plus fortes que la proposition que nous avions faite...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Donc vous les aviez mal appréciées préalablement.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Tout à fait...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Pas suffisamment.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous avons connu exactement la même chose dans le débat sur la Constitution européenne. La Constitution européenne était un moyen de nous apporter des réponses face à la mondialisation, face à l'évolution économique. Et, tout à coup, nombre de nos compatriotes ont eu le sentiment que l'Europe, la France allait se trouver fragilisée dans l'Europe et dans le monde. Le contrat première embauche, alors que c'est un outil anti-précarité, il est devenu le symbole de la précarisation, alors qu'il allait donner des dizaines de milliers d'emplois à des jeunes qui n'en avaient pas.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Ça veut dire que...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Donc...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Ce pays n'est pas réformable...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Alors pas du tout.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Pas modernisable.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Pas du tout, cela veut dire qu'il faut savoir contribuer suffisamment à l'évolution des esprits, et peut-être traiter pas à pas les problèmes, et c'est exactement ce que je vais proposer aux partenaires sociaux, aux organisations étudiantes et lycéennes, à l'ensemble de nos compatriotes au cours des prochains mois. Je crois qu'il y a...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Il vaut mieux des petits pas que des grands pas...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Il y a trois priorités, trois facteurs de peur qu'il faut traiter, je crois, en préalable, d'autres grandes questions qui touchent le marché du travail. La première question qui me paraît importante, c'est de renforcer les dispositifs d'insertion qui concernent les jeunes, et en particulier les jeunes les plus en difficulté, c'est ce que nous allons faire avec la proposition de loi. Activer un certain nombre de procédures, faire que, au-delà des emplois aidés que nous avons contribué à simplifier considérablement, au-delà des nouveaux dispositifs que nous avons mis en place, comme le dispositif défense deuxième chance, au-delà de la modernisation du service public de l'emploi pour mieux accompagner chacun sur le marché de l'emploi, nous avons besoin d'outils permettant de donner à chacun sa chance dans l'entreprise...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Là encore, pardonnez-moi Monsieur le Premier Ministre...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Faire en sorte qu'un jeune trouve sa place dans l'entreprise.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Là encore, il s'agit de contrats aidés, c'est-à-dire donc avec le budget de l'Etat, donc avec le budget du contribuable, c'est-à-dire contraire à la philosophie qui inspirait le CPE, qui était la vôtre.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Il s'agit de mettre le pied à l'étrier dans l'entreprise, ce sont donc des emplois dans le secteur marchand, ce ne sont pas des emplois aidés dans le secteur public. Donc il y a là déjà un premier pas très important. Il faut renforcer cette passerelle entre la situation de précarité dans lequel sont nombre de jeunes, et l'entreprise, leur donner une chance, ne laisser personne au bord du chemin, ça c'est la première étape. La deuxième étape, le deuxième pas qu'il faut faire et sur lequel nous devons travailler, et je sais qu'un certain nombre de partenaires sociaux sont d'ores et déjà prêts à avancer dans cette direction, c'est la sécurisation des parcours professionnels. Aujourd'hui, l'emploi n'est pas le même qu'il y a dix ans ou vingt ans. Il y a dix ans ou vingt ans, on faisait de nombreuses années... presque toute sa vie dans la même entreprise. Aujourd'hui, on change plus fréquemment d'emplois et parfois même de métier. Donc il faut des outils qui guident, qui aident, qui facilitent la vie professionnelle. L'orientation, bien choisir sa formation, bien choisir le métier que l'on va faire, avoir des atouts qui vont vous être utiles et précieux tout au long de votre vie. Deuxième élément, c'est avoir la chance de pouvoir recourir à une formation adaptée à différentes étapes de la vie professionnelle, c'est le développement du droit universel à la formation. Nous avons prévu de le mettre en place pour ceux qui rentrent très jeunes en apprentissage, nous allons le développer et nous souhaitons pouvoir l'étendre à nombre de salariés. Et puis toujours dans le sens de la sécurisation des parcours professionnels, il y a des outils qui peuvent être extrêmement utiles. Nous allons mettre en place le contrat de transition professionnelle dans les bassins d'emplois en difficultés. Quand quelqu'un perd son emploi, lui donner la possibilité d'un reclassement, d'une formation, d'un travail dans une autre entreprise, sans passer par la case chômage. Voila encore des moyens ingénieux qui vont faciliter les choses. Et puis il y a un troisième pas qu'il faut faire, parce que cette crise que nous avons vécue, a révélé un profond malaise chez les étudiants et dans les universités. Nous devons traiter le problème des universités et il est complexe, il est difficile, il va falloir le faire de façon très concertée, très mesurée. Il a plusieurs facettes ; la première facette, c'est la vie à l'université, la vie matérielle. Les moyens que l'on met à disposition de nos jeunes étudiants...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Tout le monde s'accorde pour dire qu'ils sont insuffisants.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Depuis des années, depuis des années, depuis des décennies, nous n'avons pas fait ce qu'il fallait pour que les universités puissent fonctionner normalement, sur le plan informatique, sur le plan des salles de travaux pratiques, sur le plan des amphithéâtres. Les moyens matériels ne sont pas à la mesure de notre pays. Deuxième élément, c'est la vie étudiante : un certain nombre d'étudiants vivent dans des conditions extrêmement difficiles, logements, bourses. Nous devons faire davantage, nous avons pris des engagements dans ce domaine, nous les tiendrons, il faut aller plus loin, là encore en concertation. Et puis, troisième élément, c'est le lien entre l'université et l'emploi. L'université, c'est bien sûr un lieu où l'on apprend des savoirs, mais c'est aussi un lieu où on apprend une formation, un métier. Il faut donc davantage de professionnalisation des filières ; dans ce domaine, il faut, avec toute la communauté éducative, avec les présidents d'universités, avec les étudiants, un grand débat qui nous permette d'avancer. Donc, vous le voyez, nous avons devant nous beaucoup de sujets à traiter. Alors certes, au bout du chemin, il y aura des questions plus difficiles. Mais je crois que, en réduisant les peurs, en montrant que nous sommes tous pragmatiques, tous désireux d'apporter des solutions, que nous n'avons pas d'autre but que d'aider nos compatriotes, les jeunes, les moins jeunes, devant les difficultés, je crois que nous créerons la confiance qui permettra, petit à petit, d'avancer pour tout notre pays.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Alors je vais maintenant vous poser une série de questions et s'il vous plaît, je vous demanderai de répondre assez court...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bien sûr.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - D'une part, et surtout avec beaucoup de franchise, parce que je crois que c'est ce que les Français attendent. D'abord, est-ce que vous vivez cette fin de trois mois de crise, au fond, comme un constat d'échec personnel ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est effectivement une épreuve, c'est un temps extrêmement difficile, mais la perspective de pouvoir continuer à se battre, continuer d'apporter des réponses, d'en tirer des leçons et peut-être d'en sortir avec plus d'expérience...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et peut-être de changer soi-même.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Bien sûr, je crois que c'est la première leçon d'une crise, c'est de changer soi-même pour apporter plus de réponses.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Est-ce que vous avez reçu tous les soutiens que vous étiez en droit d'attendre de la part de votre majorité ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - C'est un élément important de cette épreuve que nous avons vécue, c'est l'unité de la majorité. Tout au long de cette crise, l'ensemble de la majorité a été unie, je tiens à remercier l'ensemble des parlementaires, l'ensemble de ceux qui se sont mobilisés, jour après jour, pour faire un travail...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Même ceux qui n'arrêtait pas de vous demander de...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - D'explication sur le terrain...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Retirer ce projet très vite ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Non, la majorité a été unie, vous l'avez vue ce matin derrière le président de la République, les représentants du gouvernement, les représentants des groupes parlementaires, nous étions tous là, Nicolas SARKOZY, le président de l'UMP, nous étions tous là, tous soucieux d'avancer dans la même direction. Vous savez, dans les moments difficiles dans la vie d'un pays, il n'y a qu'une chose qui compte, c'est qu'est-ce qu'on peut faire de concret pour am??liorer la vie de nos compatriotes. Il y a des peurs, il y a des angoisses, il y a des blocages. Nous étions tous inquiets de la situation de ces jeunes qui attendent de passer leurs examens, et qui peut-être risquaient de ne pas les passer. Nous étions tous inquiets pour la sécurité de ces jeunes, parfois très jeunes lycéens qui étaient dans la rue, participant à des manifestations parfois très violentes. Notre responsabilité, c'était bien d'apporter la juste décision.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et votre numéro deux, le président de l'UMP, a été loyal avec vous dans cette affaire ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Le gouvernement a été uni, nous avons travaillé ensemble, et nous continuerons à le faire comme nous l'avons fait tout au long des derniers mois, c'est l'engagement que nous avons pris.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Nicolas SARKOZY, auquel je faisais allusion, vient de dire dans LE FIGARO qui sort demain, que le Premier Ministre fait du bon travail au service de la France, vous diriez la même chose de lui ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Tout à fait, nous sommes dans le même état d'esprit, tous soucieux de travailler ensemble.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et le Premier Ministre... le Président de la République, pardon, vous a soutenu. Certains disent que vous lui avez un peu forcé la main dans cette affaire parce qu'il a été échaudé par quelques expériences...
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous sommes...
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Du passé.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Nous sommes dans un temps où les rumeurs courent vite. C'est faux. Tout au long de cette crise, j'ai travaillé avec une totale confiance avec le Président de la République. Le Président de la République a montré le chemin et il nous appartient, à nous tous, de suivre cet exemple.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Et vous pensez toujours à la présidentielle ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Vous connaissez ma position sur ce sujet, elle n'a jamais varié.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - C'est-à-dire ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - J'ai toujours indiqué que je n'avais pas d'ambition présidentielle, toujours indiqué que ma seule mission, c'était celle que m'avait confié le Président de la République, c'était de servir comme chef du gouvernement pour apporter des réponses concrètes à nos compatriotes.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Dans les conclusions que vous tirez, est-ce qu'il y a celle que chez les politiques, il y a un certain goût de la capitulation quand les choses vont mal ?
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Non, je ne crois pas. Là, en l'occurrence, je crois qu'il faut du réalisme, il faut de la conviction, il ne faut pas être entêté. Nous avons mis toute notre énergie, toute notre détermination à faire avancer les choses. Je pense qu'il y a des débats qui ont été ouverts dans notre pays, qui seront utiles, je crois que si cela peut mobiliser les énergies de chacun, nous ferons du bon travail au cours des prochains mois.
PATRICK POIVRE D'ARVOR - Je vous remercie Monsieur le Premier Ministre.
DOMINIQUE DE VILLEPIN - Merci.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 avril 2006