Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur le "volontariat international en entreprise" (VIE) et l'incitation fiscale des PME à l'exportation, Paris le 15 mai 2006.

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Texte intégral

Madame la Ministre, chère Christine,
Monsieur le Président, cher René,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames, Messieurs,
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. Vous êtes nombreux, nombreuses à l'avoir fait ou à vous préparer à le faire. Nul doute que ce voyage ou ces voyages seront pleins d'aventures et de péripéties. Il y a, chacun le sait, les tempêtes, il y a les sirènes, il y a aussi des horizons lointains, mais il y a surtout la rencontre, le partage, l'échange qui est au coeur du monde dans lequel nous vivons, au coeur de la mondialisation et dont nous devons tous apprendre à faire un atout. Quand on est Français, compte tenu de l'héritage qui est le nôtre, on doit avoir à coeur d'apprivoiser le monde, d'apprivoiser les autres. Cela veut dire être capable de sortir de soi même, sortir de sa culture, d'aller vers les autres. Je veux rendre hommage à chacune et chacun d'entre vous qui avez le courage de faire cet effort là. Je crois que c'est dans cette capacité à ouvrir un dialogue, à s'agrandir, qu'on est tous fiers de ce que l'on est, de ses racines, de son territoire, de sa ville, de sa culture, de sa langue, de nos traditions, mais il faut dans ces temps, s'agrandir, s'ouvrir, s'élargir, penser différemment. Or nul doute que quand on a la chance de se confronter aux autres, on pense plus grand, on pense plus large et on s'enrichit ; on s'enrichit de l'expérience des autres et on pense surtout que l'on devient capable de faire des choses que l'on n'avait pas prévu de faire. Et c'est peut-être en cela que la chance qui vous est donnée est la plus extraordinaire, c'est que vous en revenez changés. Vous prendrez des risques que vous n'auriez pas pris, vous ferez des projets que vous n'auriez pas faits, vous irez à la rencontre de personnes que vous n'auriez peut-être pas croisées ou pas eu envie tout simplement de connaître. Je crois que ce miracle là, c'est bien celui du voyage, c'est bien celui de la découverte, c'est bien celui de l'échange.
D'abord bien sûr, bienvenue ici en cet Hôtel Matignon où je suis heureux d'accueillir le talent, la jeunesse, l'enthousiasme mobilisés pour servir un idéal, pour servir des projets qui permettent à la France de marquer des points dans le monde, et nous en avons besoin. Quand nous regardons les pays voisins, quand nous regardons les Espagnols, les Italiens, les Allemands, les Anglais, nous nous rendons compte qu'il y a une forte compétition, et marquer des points dans le monde, cela veut d'abord dire avoir des jeunes, avoir des citoyennes et des citoyens qui ont envie de relever des défis.
Merci aux chefs d'entreprises et aux anciens Volontaires Internationaux en Entreprise (VIE) qui viennent de nous faire part de leur propre expérience. Leur témoignage nous montre qu'un volontariat international en entreprise, c'est à chaque fois une belle aventure et une formidable opportunité pour les jeunes mais aussi pour leurs employeurs.
Merci à René ANDRÉ, merci à Louis-Michel MORRIS pour le formidable travail qu'ils accomplissent au sein d'UBIFRANCE.
Déjà 10 000 volontaires depuis 2001, 30% de V.I.E. en plus chaque année : c'est dire à quel point la formule connaît le succès, c'est la marque du dynamisme de notre pays, c'est la marque aussi de l'envie de réussir qui vous anime tous, de l'esprit de conquête de nos entreprises. Ce succès, c'est d'abord le vôtre et c'est pour cela que je tenais à vous recevoir aujourd'hui. Comme l'a indiqué Christine LAGARDE, le 10 000e V.I.E. est d'ailleurs emblématique de cette réussite, puisque, nous l'avons évoqué, le parcours de Mademoiselle KHEM qui part travailler dans le secteur de l'automobile au Japon, un marché où la France a su s'imposer aussi bien par ses exportations que par ses implantations et ses prises de participation, est révélateur de ce qu'est l'esprit même des volontaires. Je lui souhaite bonne chance pour cette nouvelle aventure qui commence pour elle comme pour beaucoup d'entre vous.
1. Si la formule du V.I.E. rencontre un tel succès c'est parce que c'est une formule où chacun à la garantie de gagner.
Les jeunes, vous d'abord.
Vous le savez mieux que personne puisque vous l'avez vécu ou vous vous apprêtez à le vivre : partir en tant que V.I.E, c'est être certain de vivre une expérience unique. Découvrir un pays, une culture, faire des rencontres inoubliables. Mais aussi relever un formidable défi professionnel, exercer des responsabilités souvent importantes, souvent, cela a été dit, plus importantes que celles qu'on vous aurez confiées ici, et acquérir des compétences qui seront précieuses tout au long de votre carrière.
Surtout, partir en tant que V.IE., c'est l'un des meilleurs moyens pour décrocher rapidement un emploi stable : 70% des V.I.E. sont embauchés en CDI à la fin de leur mission. Cela veut dire que le risque paye, que l'on soit peu diplômé ou très diplômé, ingénieur, médecin, pâtissier, que l'on parle l'anglais, le chinois ou l'espagnol, on a tout à gagner à s'engager comme V.I.E.
Le volontariat international constitue également, ne l'oublions pas et elles nous le disent au quotidien, une chance pour les entreprises.
Aujourd'hui, le monde change de plus en plus vite : avec l'ouverture des frontières, la concurrence devient de plus en plus rude. L'Inde, la Chine, le Brésil deviennent des acteurs économiques incontournables. Mais ce monde nouveau offre également des opportunités nouvelles. Nos entreprises doivent les saisir. Il faut aller vite pour renforcer nos positions et s'implanter sur de nouveaux marchés. Pour cela, il n'y a pas de secret : il faut prendre le risque d'envoyer des salariés à l'étranger pour marquer des points sur le terrain.
Je veux à cet égard souligner le dynamisme des entreprises françaises dans le monde et l'impact de la mobilisation de nos services, de nos ambassades, de nos missions économiques. Car le montant des contrats conclus par des entreprises françaises a doublé en 2005 : 40 milliards d'euros contre 21 milliards en 2004, avec une accélération très sensible à la fin de l'année 2005. Ce sont des dizaines de milliers d'emplois qui sont créés en France.
Alors aujourd'hui plus que jamais chaque opportunité compte, chaque contrat à l'étranger peut être gagné par l'un de vous, à condition d'avoir été présent au bon endroit et au bon moment.
Alors quelle meilleure réponse que le recrutement d'un V.I.E. ?
Tous ces jeunes qui souhaitent partir comme V.I.E. constituent, vous tous, un vivier exceptionnel de talent et d'énergie. Vous parlez toutes les langues, vous exercez des métiers et vous êtes prêts à vous battre au service d'un projet.
Ensuite, la formule même des volontaires offre une souplesse exemplaire. Les missions de 6 à 24 mois permettent de défendre une véritable ambition, de renforcer la force de vente d'une entreprise. Elles permettent également d'évaluer vos capacités, vos qualités, qui dans la grande majorité des cas deviendra un collaborateur indispensable dans l'entreprise.
Exporter, se développer à l'international, ce n'est seulement comme on le croit trop souvent, réservé aux grands groupes. C'est aussi une chance pour les petites et les moyennes entreprises, pour qui chaque marché compte, chaque marché peut changer les choses, pour qui chaque pays peut devenir une source nouvelle de développement, et vous le savez, l'un des grands problèmes que nous avons aujourd'hui en terme économique, c'est que trop peu de nos PME exportent encore, contrairement à ce qui se passe à des pays comme l'Allemagne par exemple, et nous devons renforcer notre agressivité à l'exportation. Et quand vous, au sein d'une PME, avez cette responsabilité là, vous pouvez changer les choses. Un grand marché, cela peut représenter plusieurs années d'emploi pour une petite ou moyenne entreprise en France.
2. Alors, nous devons faire en sorte que les entreprises soient encore plus nombreuses à engager, à employer des jeunes volontaires.
Il y a actuellement 4 000 V.I.E., mais il y a plus de 40 000 jeunes qui sont candidats. Vous voyez le décalage entre l'aspiration et la réponse que nous sommes en mesure aujourd'hui d'apporter. Chacun de ces jeunes a une compétence ou des compétences à offrir et les entreprises peuvent et doivent leur donner leur chance.
C'est pour cela qu'avec Catherine LAGARDE, nous voulons les inciter à utiliser davantage le volontariat international. Nous avons pris des mesures fortes pour le rendre encore plus attractif, en particulier pour les PME.
Plus attractif, cela veut dire faire un effort sur le plan financier,
Premièrement, dans le cadre de « Cap Export », le recours à un VIE par une PME ouvre désormais droit au bénéfice du crédit d'impôt export, à hauteur de 40 000 euros. Le coût du VIE pour l'entreprise est ainsi réduit de moitié.
Deuxièmement je sais que c'est parfois compliqué pour une petite entreprise de se développer à l'international et d'employer un salarié à plein temps pour prospecter de nouveaux marchés. Mais il existe des solutions adaptées, comme le groupement à l'export qui permet à plusieurs entreprises de rassembler leurs forces pour exporter dans une même zone géographique. Depuis le 14 mars dernier, une aide financière en faveur de la création de groupements à l'export est disponible auprès d'UBIFRANCE. Elle peut aller jusqu'à 20 000 euros par groupement. Dans ce cadre, pourquoi ne pas faire appel à des V.I.E. qui travaillent en même temps pour plusieurs entreprises : cette formule des V.I.E. à temps partagé permet en plus d'obtenir un doublement du crédit d'impôt export, qui passe ainsi à 80 000 euros.
Si l'on ajoute à ces aides le soutien financier apporté par certaines régions françaises qui sont fortement concernées et qui veulent développer leur territoire, elles prennent, ces régions, en charge une partie ou la totalité de la rémunération du VIE, on comprend que le volontariat international est une formule plus qu'intéressante pour tous. Je souhaite que davantage de régions françaises encouragent leurs entreprises à exporter et participent pour cela au co-financement des VIE.
Nous avons également et c'était nécessaire beaucoup simplifié le dispositif
Pour faciliter au maximum la tâche des entreprises, j'ai notamment demandé un raccourcissement des délais d'agrément et d'obtention des VIE.
Ensuite, UBIFRANCE a mis en place des modalités d'obtention des titres de séjours dans plusieurs pays où cela posait problème. Je pense aux Etats-Unis, je pense à la Pologne, je pense à la Chine. J'ai demandé à UBIFRANCE d'étendre cette prestation sur un plus grand nombre de pays, sur les 25 pays cibles de Cap export.
Enfin, les PME ne sont pas toujours bien informées des aides régionales disponibles ou n'ont pas toujours le temps d'accomplir les démarches nécessaires pour les obtenir. C'est pour répondre à cette difficulté qu'UBIFRANCE mettra en place très prochainement une « assistance PME ».
Vous le voyez, tout a été fait pour rendre le volontariat international en entreprise aussi simple et avantageux que possible.
Christine LAGARDE et je lui rends hommage, a accompli un formidable travail pour faire mieux connaître le dispositif.
Elle a ainsi sensibilisé de nombreux partenaires : les conseillers du Commerce Extérieur, dont je salue le président, Bruno DURIEUX, mais aussi l'ensemble des Chambres de Commerce en France et à l'étranger, le MEDEF, la CGPME, les Fédérations professionnelles, les grands groupes.
A eux maintenant de promouvoir le volontariat international.
Je compte sur les institutionnels pour faire passer le message au plus grand nombre d'entreprises possible.
Je compte sur les grands groupes pour parrainer davantage de V.I.E et pour aider les PME qui n'ont pas toujours de solutions d'hébergement sur place.
Je compte enfin sur toutes les entreprises pour s'engager sur les marchés internationaux, pour saisir les opportunités qui leur sont offertes, et pour recruter encore davantage de volontaires internationaux.
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Exporter, c'est aujourd'hui devenu vital pour l'économie française et pour notre pays tout entier. Chaque contrat gagné à l'étranger, ce sont des emplois et de l'activité en France. C'est aujourd'hui un raisonnement qui commence à rentrer dans les esprits. Il s'agit bien évidemment de concevoir cette bataille économique comme une bataille mondiale. S'implanter ailleurs, cela ne veut pas dire détruire des emplois chez nous, c'est exactement même l'inverse. Donc, nous avons dans notre pays une jeunesse motivée, prête à affronter la concurrence internationale, à partir à l'assaut de nouveaux marchés. Donnons lui les chances de pouvoir montrer ses capacités, témoigner de son engagement. A nous de vous faire confiance, c'est ce que nous faisons aujourd'hui.
Merci.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 mai 2006