Texte intégral
Q- On va parler d'aéronautique dans un instant mais d'abord de la vie politique française qui vit au rythme de l'affaire Clearstream. Deux éléments nouveaux pendant ce week-end. F. Bayrou, président de l'UDF, a annoncé qu'il allait voter la motion de censure que le Parti socialiste et toute la gauche présentent demain à l'Assemblé nationale. Deuxième élément, une déclaration de B. Hortefeux, proche de N. Sarkozy, comme chacun sait, qui a parlé de "tentative de meurtre politique". Est-ce que cela peut durer ?
R- Dans tout cela, et en particulier vous avez évoqué la censure, je trouve qu'il y a beaucoup de confusions, beaucoup de perte de sang-froid. Nous avons constaté un emballement médiatique, un certain emballement judiciaire et face à cela j'observe que le Parti socialiste et, dans une certaine mesure aussi M. Bayrou, apporte des réponses qui n'ont rien à voir avec le sujet, qui sont totalement inadéquates. Qu'est-ce qu'une motion de censure ? C'est un vote sur le fond d'une politique, cela veut dire : on n'est pas d'accord avec la politique du Gouvernement. Or, nous en reparlerons j'espère ce matin, le Gouvernement ce sont des résultats en matière d'emploi, en matière de croissance, en matière d'équipement du pays... Les socialistes essayent de trouver au Parlement la réponse à une question qui est judiciaire, et qui doit être traitée par l'instruction judiciaire et qui doit aboutir à la vérité. Ce n'est pas au Parlement de venir apporter une réponse dans une affaire judiciaire.
Q- Judiciaire certes, mais on voit quand même des ministres qui s'engueulent, pardon, qui se mettent en cause les uns les autres. Quand on parle de "tentative de meurtre politique", qu'on entend les déclarations de N. Sarkozy qui ...
R- Brice n'a désigné personne. Il a estimé que son ami Nicolas avait été victime d'une démarche à caractère politique. Il n'a pas dit qui l'avait fait, comment... Je crois qu'il faut laisser - et c'est ce qu'a dit N. Sarkozy très clairement samedi matin - il faut laisser la justice faire son travail, et encore une fois ce n'est pas au Parlement de faire son travail. S'agissant de Bayrou, je suis très étonné de cet emballement de F. Bayrou aussi. En effet, lorsque dans la Vème République on vote la censure, cela veut dire que l'on rompt le pacte majoritaire et que l'on rompt le pacte avec les électeurs que l'on a passé au moment de l'élection législative précédente. Or, les différents députés UDF, membres du groupe UDF ont passé un pacte en 2002 avec leurs électeurs qui étaient globalement les électeurs de la droite et du centre. Voter la censure c'est faire un acte politique très fort et moi je...
Q- Je crois qu'il en est conscient, puisqu'il a bien dit qu'il ne serait...
R- Il en est conscient et la crainte que j'ai, parce que cela ne serait pas un plus en terme de morale politique, c'est que finalement ce soit par rapport à sa propre démarche présidentielle pour dans un an, dans un peu moins d'un an, qu'il prenne cette décision. J'ai la conviction qu'il ne sera pas suivi par tous ses amis politiques, j'ai eu l'occasion d'en rencontrer quelques uns pendant le week-end. J'ai vraiment le sentiment que cette décision pose problème dans son propre camp.
Q- Peut-être mais en attendant, il se pose, lui, en opposant au déclin de la France.
R- Déclin de la France, alors parlons-en. Est-ce un déclin pour la France que d'avoir diminué les chômeurs de 200.000 en trois ans ? Est-ce un déclin pour la France d'avoir accéléré la croissance économique comme on le constate en ce moment ? Il n'y a qu'à voir le secteur du bâtiment et des travaux publics, que je connais bien et qui est en pleine expansion en ce moment. Est-ce que c'est un déclin pour la France que d'avoir multiplié par deux le nombre de logements construits depuis quatre ans ? Le Gouvernement de J.-P. Raffarin, puis de D. de Villepin, c'est tout cela. Et c'est aussi l'action menée dans le domaine de la sécurité, c'est aussi le positionnement de la France en matière internationale avec la position française et européenne sur l'Irak. Tout cela c'est le quinquennat, c'est l'action de Chirac et de ses deux Gouvernements. Bien sûr, il y a une question, il y a l'affaire Cleartsream aujourd'hui. Mais derrière cela, il y a ce qui est sur le fond
et c'est l'action du Gouvernement.
Q- Mais cette affaire occulte tout, on le voit bien...
R- Parce qu'il y a un emballement ! Mais un peu de sang-froid, un peu de sagesse !
Q- Oui mais l'emballement, il est dans les troupes politiques.
R- Justement, j'appelle ce matin à un peu de sagesse, un peu de sérénité.
Q- Vous vous adressez à qui quand vous faites appel à la sagesse ?
R- A tous ceux qui s'énervent facilement. Je crois que quand on a des
responsabilités politiques...
Q- Y compris à vos propres amis de l'UMP ?
R- Eh bien peut-être, à ceux qui s'énervent de trop oui bien sûr, il faut sérénité garder, il faut laisser les juges faire leur boulot et puis il faut, nous ministres, faire le nôtre. Je trouve très bien, par exemple, que Nicolas ait décidé de rester dans le Gouvernement et de poursuivre l'oeuvre qu'il a engagée en matière de sécurité. Il faut que le Gouvernement soit au travail, c'est notre rôle, nous avons un bon bilan, les choses s'améliorent, en particulier sur le plan économique, les choses s'améliorent en matière de logement, les choses s'améliorent en matière d'équipements, les finances publiques sont maîtrisées. Tout cela, effectivement, les français ne l'entendent plus, ne le voient plus parce qu'il y a une agitation qui me parait très surévaluée.
Q- Malgré cela, N. Sarkozy a eu raison de rester au Gouvernement ?
R- Oui, j'en suis convaincu.
Q- Tout en se posant en victime ?
R- Mais le devoir c'est d'agir, ce n'est pas de présenter je ne sais quelle motion de censure ou d'y participer. Le devoir aujourd'hui c'est d'agir. Ce que les Français attendent de nous, c'est que nous soyons au boulot, que nous soyons là pour régler les problèmes de leur vie quotidienne, les problèmes de la croissance économique, de l'équipement du pays, de la solidarité sociale, c'est cela qui compte.
Vous êtes ministre des Transports et de l'aviation. Vous allez à Berlin demain et on revient, non pas à l'affaire Clearstream, mais à EADS qui est dans la ligne de mire puisqu'il y a un problème avec le futur airbus A350 que la compagnie est obligée de revoir complètement. Il y a aussi un problème social à Mérignac puisque 1.000 emplois vont être supprimés à la Sogerma. Tout cela n'est-il pas un signe d'affaiblissement ?
R- Je ne le crois pas. Les trois dernières années pour EADS/Airbus ont été exceptionnelles. Ce soir, je vois mon collègue allemand ministre de l'Economie, qui suit ces affaires et, demain, nous sommes rejoints par l'Anglais et l'Espagnol, donc les quatre ministres en charge d'Airbus, nous passerons la journée demain au Salon de Berlin, ensemble, avec bien sûr les dirigeants d'EADS et d'Airbus. Les trois dernières années ont été exemplaires sur le plan commercial pour Airbus. Aujourd'hui, la société est confrontée à des choix importants : il y a la réussite à laquelle nous croyons tous, de l'A380, le gros avion ; et puis il y a la réussite nécessaire de l'A350, un long courrier plus moderne et qui est en concurrence avec un avion que Boeing est en train de commercialiser, semble t-il plus vite.
Q- Le 787, oui.
R- Donc, les dirigeants d'Airbus sont en train de réfléchir à d'éventuelles modifications de leur projet A350 pour aller davantage à la rencontre de la clientèle. Je sais qu'ils y travaillent avec un certain nombre de compagnies aériennes qui ont l'intention d'acheter cet avion pour l'améliorer. Et nous en parlerons en particulier.
Q- Ils veulent modifier le projet ?
R- [Il s'agit] de l'améliorer, de le modifier pour tenir compte en particulier de l'augmentation du prix de l'énergie qui est un élément très important et qui pèse sur la conception même des avions pour l'avenir. Un mot peut-être de la Sogerma, cette usine qui appartient au groupe EADS, qui est à Mérignac près de Bordeaux et dont le conseil d'administration d'EADS a annoncé la fermeture à terme. D'abord, je voudrais dire que je comprends vraiment la réaction des familles et des personnels. [S'agissant de] ce dossier, le Gouvernement est mobilisé dessus en particulier mon collègue J.-L. Borloo et l'Hôtel Matignon est très préoccupé par cette affaire. Nous travaillerons avec les dirigeants d'EADS pour voir comment soutenir le site, réindustrialiser le site et comment bien gérer, le mieux possible les problèmes de reclassement de personnels de cette usine.
Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mai 2006
R- Dans tout cela, et en particulier vous avez évoqué la censure, je trouve qu'il y a beaucoup de confusions, beaucoup de perte de sang-froid. Nous avons constaté un emballement médiatique, un certain emballement judiciaire et face à cela j'observe que le Parti socialiste et, dans une certaine mesure aussi M. Bayrou, apporte des réponses qui n'ont rien à voir avec le sujet, qui sont totalement inadéquates. Qu'est-ce qu'une motion de censure ? C'est un vote sur le fond d'une politique, cela veut dire : on n'est pas d'accord avec la politique du Gouvernement. Or, nous en reparlerons j'espère ce matin, le Gouvernement ce sont des résultats en matière d'emploi, en matière de croissance, en matière d'équipement du pays... Les socialistes essayent de trouver au Parlement la réponse à une question qui est judiciaire, et qui doit être traitée par l'instruction judiciaire et qui doit aboutir à la vérité. Ce n'est pas au Parlement de venir apporter une réponse dans une affaire judiciaire.
Q- Judiciaire certes, mais on voit quand même des ministres qui s'engueulent, pardon, qui se mettent en cause les uns les autres. Quand on parle de "tentative de meurtre politique", qu'on entend les déclarations de N. Sarkozy qui ...
R- Brice n'a désigné personne. Il a estimé que son ami Nicolas avait été victime d'une démarche à caractère politique. Il n'a pas dit qui l'avait fait, comment... Je crois qu'il faut laisser - et c'est ce qu'a dit N. Sarkozy très clairement samedi matin - il faut laisser la justice faire son travail, et encore une fois ce n'est pas au Parlement de faire son travail. S'agissant de Bayrou, je suis très étonné de cet emballement de F. Bayrou aussi. En effet, lorsque dans la Vème République on vote la censure, cela veut dire que l'on rompt le pacte majoritaire et que l'on rompt le pacte avec les électeurs que l'on a passé au moment de l'élection législative précédente. Or, les différents députés UDF, membres du groupe UDF ont passé un pacte en 2002 avec leurs électeurs qui étaient globalement les électeurs de la droite et du centre. Voter la censure c'est faire un acte politique très fort et moi je...
Q- Je crois qu'il en est conscient, puisqu'il a bien dit qu'il ne serait...
R- Il en est conscient et la crainte que j'ai, parce que cela ne serait pas un plus en terme de morale politique, c'est que finalement ce soit par rapport à sa propre démarche présidentielle pour dans un an, dans un peu moins d'un an, qu'il prenne cette décision. J'ai la conviction qu'il ne sera pas suivi par tous ses amis politiques, j'ai eu l'occasion d'en rencontrer quelques uns pendant le week-end. J'ai vraiment le sentiment que cette décision pose problème dans son propre camp.
Q- Peut-être mais en attendant, il se pose, lui, en opposant au déclin de la France.
R- Déclin de la France, alors parlons-en. Est-ce un déclin pour la France que d'avoir diminué les chômeurs de 200.000 en trois ans ? Est-ce un déclin pour la France d'avoir accéléré la croissance économique comme on le constate en ce moment ? Il n'y a qu'à voir le secteur du bâtiment et des travaux publics, que je connais bien et qui est en pleine expansion en ce moment. Est-ce que c'est un déclin pour la France que d'avoir multiplié par deux le nombre de logements construits depuis quatre ans ? Le Gouvernement de J.-P. Raffarin, puis de D. de Villepin, c'est tout cela. Et c'est aussi l'action menée dans le domaine de la sécurité, c'est aussi le positionnement de la France en matière internationale avec la position française et européenne sur l'Irak. Tout cela c'est le quinquennat, c'est l'action de Chirac et de ses deux Gouvernements. Bien sûr, il y a une question, il y a l'affaire Cleartsream aujourd'hui. Mais derrière cela, il y a ce qui est sur le fond
et c'est l'action du Gouvernement.
Q- Mais cette affaire occulte tout, on le voit bien...
R- Parce qu'il y a un emballement ! Mais un peu de sang-froid, un peu de sagesse !
Q- Oui mais l'emballement, il est dans les troupes politiques.
R- Justement, j'appelle ce matin à un peu de sagesse, un peu de sérénité.
Q- Vous vous adressez à qui quand vous faites appel à la sagesse ?
R- A tous ceux qui s'énervent facilement. Je crois que quand on a des
responsabilités politiques...
Q- Y compris à vos propres amis de l'UMP ?
R- Eh bien peut-être, à ceux qui s'énervent de trop oui bien sûr, il faut sérénité garder, il faut laisser les juges faire leur boulot et puis il faut, nous ministres, faire le nôtre. Je trouve très bien, par exemple, que Nicolas ait décidé de rester dans le Gouvernement et de poursuivre l'oeuvre qu'il a engagée en matière de sécurité. Il faut que le Gouvernement soit au travail, c'est notre rôle, nous avons un bon bilan, les choses s'améliorent, en particulier sur le plan économique, les choses s'améliorent en matière de logement, les choses s'améliorent en matière d'équipements, les finances publiques sont maîtrisées. Tout cela, effectivement, les français ne l'entendent plus, ne le voient plus parce qu'il y a une agitation qui me parait très surévaluée.
Q- Malgré cela, N. Sarkozy a eu raison de rester au Gouvernement ?
R- Oui, j'en suis convaincu.
Q- Tout en se posant en victime ?
R- Mais le devoir c'est d'agir, ce n'est pas de présenter je ne sais quelle motion de censure ou d'y participer. Le devoir aujourd'hui c'est d'agir. Ce que les Français attendent de nous, c'est que nous soyons au boulot, que nous soyons là pour régler les problèmes de leur vie quotidienne, les problèmes de la croissance économique, de l'équipement du pays, de la solidarité sociale, c'est cela qui compte.
Vous êtes ministre des Transports et de l'aviation. Vous allez à Berlin demain et on revient, non pas à l'affaire Clearstream, mais à EADS qui est dans la ligne de mire puisqu'il y a un problème avec le futur airbus A350 que la compagnie est obligée de revoir complètement. Il y a aussi un problème social à Mérignac puisque 1.000 emplois vont être supprimés à la Sogerma. Tout cela n'est-il pas un signe d'affaiblissement ?
R- Je ne le crois pas. Les trois dernières années pour EADS/Airbus ont été exceptionnelles. Ce soir, je vois mon collègue allemand ministre de l'Economie, qui suit ces affaires et, demain, nous sommes rejoints par l'Anglais et l'Espagnol, donc les quatre ministres en charge d'Airbus, nous passerons la journée demain au Salon de Berlin, ensemble, avec bien sûr les dirigeants d'EADS et d'Airbus. Les trois dernières années ont été exemplaires sur le plan commercial pour Airbus. Aujourd'hui, la société est confrontée à des choix importants : il y a la réussite à laquelle nous croyons tous, de l'A380, le gros avion ; et puis il y a la réussite nécessaire de l'A350, un long courrier plus moderne et qui est en concurrence avec un avion que Boeing est en train de commercialiser, semble t-il plus vite.
Q- Le 787, oui.
R- Donc, les dirigeants d'Airbus sont en train de réfléchir à d'éventuelles modifications de leur projet A350 pour aller davantage à la rencontre de la clientèle. Je sais qu'ils y travaillent avec un certain nombre de compagnies aériennes qui ont l'intention d'acheter cet avion pour l'améliorer. Et nous en parlerons en particulier.
Q- Ils veulent modifier le projet ?
R- [Il s'agit] de l'améliorer, de le modifier pour tenir compte en particulier de l'augmentation du prix de l'énergie qui est un élément très important et qui pèse sur la conception même des avions pour l'avenir. Un mot peut-être de la Sogerma, cette usine qui appartient au groupe EADS, qui est à Mérignac près de Bordeaux et dont le conseil d'administration d'EADS a annoncé la fermeture à terme. D'abord, je voudrais dire que je comprends vraiment la réaction des familles et des personnels. [S'agissant de] ce dossier, le Gouvernement est mobilisé dessus en particulier mon collègue J.-L. Borloo et l'Hôtel Matignon est très préoccupé par cette affaire. Nous travaillerons avec les dirigeants d'EADS pour voir comment soutenir le site, réindustrialiser le site et comment bien gérer, le mieux possible les problèmes de reclassement de personnels de cette usine.
Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mai 2006