Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je vous ai réunis pour évoquer avec vous une décision qui n'aurait dû mériter qu'une franche rigolade, mais qui est révélatrice de bien des dérives de notre pays.
Vous l'aurez constaté, il ne fait pas bon être indépendant sous ce régime.
L'Etat UMP décidé à faire plier et à stigmatiser toute indépendance d'esprit a obtenu que le CSA classe « à partir du 14 juin » les déclarations de onze députés UDF dans la colonne de l'opposition. Les autres députés resteront dans la colonne de la majorité. Les sénateurs resteront classés dans la majorité. Les députés européens resteront classés dans la majorité, sauf si ces sénateurs et ces députés font une déclaration sur papier libre indiquant qu'ils se classent eux-mêmes dans l'opposition !
C'est ainsi que je serai dans l'opposition, et mon porte-parole François Sauvadet ici présent, sera dans la majorité !
Cela veut dire plusieurs choses :
- l'Etat UMP ne recule devant rien pour imposer ses vues et plier toutes les institutions de la République à ses intérêts partisans.
- L'esprit partisan conduit non seulement à l'ukase, mais à des manquements constitutionnels. Je rappelle qu'il n'y a dans la constitution aucune référence à la majorité et à l'opposition. Dans son article 27, la Constitution dit : « tout mandat impératif est nul ». Tout vote pris sous une consigne, sous une discipline est nul.
- Cette décision partisane est prise en dépit du bon sens ! Imaginez les décomptes des chaînes ! Dans un sujet d'une minute trente, il faudra décompter les temps de parole des uns et des autres en secondes. Evidemment pour les chaînes de télévision et pour les radios, c'est à s'arracher les cheveux !
Si je m'exprime pour soutenir le gouvernement, comme je l'ai fait cette semaine dans une décision controversée (la saisine du CSM sur la situation du juge Burgaud), je serai chronométré comme opposant. Si François Sauvadet s'exprime pour le contester, comme sur GDF, il sera considéré comme majoritaire.
De quel droit, une instance nommée par le pouvoir, saisie par le parti dominant s'arroge-t-elle le droit de juger de la situation d'un parti politique contre son gré ? C'est absolument contraire à notre constitution qui définit le rôle et la liberté des partis politiques en son article 4 dont je vous rappelle le texte : « les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement » Et de quel droit cette instance s'arroge-t-elle le droit de juger de la position de ces élus individuellement, a-t-elle examiné un par un tous les votes ?
En vérité, contre la liberté de parole, contre la liberté de vote, tout est fait pour empêcher un choix politique nouveau !
Cette décision est une insulte à l'intelligence des Français, comme s'ils ne savaient pas faire la différence entre le PS et l'UDF !
J'avais employé ce samedi un mot un peu familier pour définir la bêtise accablante, désastreuse, de cette France forcément coupée en deux ! Je m'aperçois que j'étais au-dessous de la vérité ! Eh bien je revendique le titre de premier opposant à la stupidité sous laquelle ce régime nous force à vivre. Et dans cette guerre qu'il faut livrer à la bêtise, au sectarisme et à l'étroitesse d'esprit, comme vous le voyez, il y a vraiment du travail !
Je pense qu'un changement de règles est nécessaire : suppression de la règle dépassée des trois tiers (gouvernement/majorité/opposition) ; que chacun soit garanti dans son droit d'expression, selon ce qu'il est et ce qu'il représente, à égalité de droits !
Pour nous, en tout cas, s'il fallait une preuve de plus que ces institutions sont dépassées et ces moeurs archaïques, nous l'avons. S'il fallait une preuve de plus qu'il faut une offre politique nouvelle, qui n'accepte plus de se plier aux vieux clivages, nous l'avons !
Source http://www.udf.org, le 15 juin 2006
Je vous ai réunis pour évoquer avec vous une décision qui n'aurait dû mériter qu'une franche rigolade, mais qui est révélatrice de bien des dérives de notre pays.
Vous l'aurez constaté, il ne fait pas bon être indépendant sous ce régime.
L'Etat UMP décidé à faire plier et à stigmatiser toute indépendance d'esprit a obtenu que le CSA classe « à partir du 14 juin » les déclarations de onze députés UDF dans la colonne de l'opposition. Les autres députés resteront dans la colonne de la majorité. Les sénateurs resteront classés dans la majorité. Les députés européens resteront classés dans la majorité, sauf si ces sénateurs et ces députés font une déclaration sur papier libre indiquant qu'ils se classent eux-mêmes dans l'opposition !
C'est ainsi que je serai dans l'opposition, et mon porte-parole François Sauvadet ici présent, sera dans la majorité !
Cela veut dire plusieurs choses :
- l'Etat UMP ne recule devant rien pour imposer ses vues et plier toutes les institutions de la République à ses intérêts partisans.
- L'esprit partisan conduit non seulement à l'ukase, mais à des manquements constitutionnels. Je rappelle qu'il n'y a dans la constitution aucune référence à la majorité et à l'opposition. Dans son article 27, la Constitution dit : « tout mandat impératif est nul ». Tout vote pris sous une consigne, sous une discipline est nul.
- Cette décision partisane est prise en dépit du bon sens ! Imaginez les décomptes des chaînes ! Dans un sujet d'une minute trente, il faudra décompter les temps de parole des uns et des autres en secondes. Evidemment pour les chaînes de télévision et pour les radios, c'est à s'arracher les cheveux !
Si je m'exprime pour soutenir le gouvernement, comme je l'ai fait cette semaine dans une décision controversée (la saisine du CSM sur la situation du juge Burgaud), je serai chronométré comme opposant. Si François Sauvadet s'exprime pour le contester, comme sur GDF, il sera considéré comme majoritaire.
De quel droit, une instance nommée par le pouvoir, saisie par le parti dominant s'arroge-t-elle le droit de juger de la situation d'un parti politique contre son gré ? C'est absolument contraire à notre constitution qui définit le rôle et la liberté des partis politiques en son article 4 dont je vous rappelle le texte : « les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement » Et de quel droit cette instance s'arroge-t-elle le droit de juger de la position de ces élus individuellement, a-t-elle examiné un par un tous les votes ?
En vérité, contre la liberté de parole, contre la liberté de vote, tout est fait pour empêcher un choix politique nouveau !
Cette décision est une insulte à l'intelligence des Français, comme s'ils ne savaient pas faire la différence entre le PS et l'UDF !
J'avais employé ce samedi un mot un peu familier pour définir la bêtise accablante, désastreuse, de cette France forcément coupée en deux ! Je m'aperçois que j'étais au-dessous de la vérité ! Eh bien je revendique le titre de premier opposant à la stupidité sous laquelle ce régime nous force à vivre. Et dans cette guerre qu'il faut livrer à la bêtise, au sectarisme et à l'étroitesse d'esprit, comme vous le voyez, il y a vraiment du travail !
Je pense qu'un changement de règles est nécessaire : suppression de la règle dépassée des trois tiers (gouvernement/majorité/opposition) ; que chacun soit garanti dans son droit d'expression, selon ce qu'il est et ce qu'il représente, à égalité de droits !
Pour nous, en tout cas, s'il fallait une preuve de plus que ces institutions sont dépassées et ces moeurs archaïques, nous l'avons. S'il fallait une preuve de plus qu'il faut une offre politique nouvelle, qui n'accepte plus de se plier aux vieux clivages, nous l'avons !
Source http://www.udf.org, le 15 juin 2006