Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le soutien de la France au nouveau gouvernement irakien et le sort du soldat franco-israélien Gilad Shalit, Paris le 26 juin 2006.

Prononcé le

Circonstance : Visite en France du vice-président de la République d'Irak, Abdel Abdel-Mehdi à Paris le 26 juin 2006

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Merci de venir à ce point de presse.
Je suis très heureux d'avoir reçu aujourd'hui M. Abdel Abdel-Mehdi, vice-président de la République d'Irak. Cette rencontre, que je qualifierai de chaleureuse et conviviale, constitue le premier contact de haut niveau entre nos deux pays depuis la formation du nouveau gouvernement irakien, le 20 mai dernier. Ce gouvernement, dirigé par Nouri Al-Maliki, constitue une avancée que nous avons saluée dans le processus politique. En effet, le cabinet de M. Al-Maliki est nettement plus inclusif que le précédent et plus représentatif des différentes communautés qui sont représentées dans le pays.
La France soutient les efforts de ce gouvernement pour l'aider à réaliser ses trois objectifs :
- la réconciliation nationale, et nous souhaitons qu'il y ait une inclusion de plus en plus importante, qu'aucun Irakien, quelque soit sont appartenance ethnique, quelque soit son appartenance politique, soit écarté de la vie politique irakienne ;
- le retour de la sécurité et à la pleine souveraineté ;
- la lutte contre la corruption.
Le Premier ministre Al-Maliki a présenté, le 25 juin, un plan de réconciliation nationale. Nous nous en réjouissons, car nous pensons que les efforts d'inclusivité doivent être poursuivis afin d'isoler les éléments les plus radicaux et inciter les autres groupes armés à renoncer à la violence. L'essentiel est de poursuivre la voie du dialogue politique. Les Irakiens doivent se parler et s'entendre sur un pacte national qui permettrait à chacun de trouver sa place, quelque soit sa confession ou son appartenance ethnique. C'est pourquoi la France soutient avec force la Conférence d'entente nationale qui doit se tenir en août, sous les auspices de la Ligue arabe, à Bagdad. Cette initiative de la Ligue arabe peut contribuer au renforcement du dialogue national inter-irakien.
J'ai pu également évoquer les questions régionales avec M. Abdel Abdel-Mehdi et, en particulier, les relations de l'Irak avec les pays voisins. Nous souhaitons que tous les pays voisins jouent un rôle positif et aident l'Irak à retrouver la paix et à préserver son unité et son intégrité territoriale. Il en va de la sécurité régionale.
La France se tient aux côtés de tous les Irakiens en cette période douloureuse. Elle entend l'être concrètement à travers une aide active, tant bilatérale que dans le cadre de l'Union européenne. Je rappelle que notre pays a mis en oeuvre la décision prise par le Club de Paris d'annuler 80% de la dette irakienne ; ce qui représente un effort global de la France de 4 milliards d'euros. Nous menons également des actions de coopération, en ayant le souci d'aider tous les Iraquiens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique. En 2005, la France a ainsi accueilli plus de 500 Irakiens pour y suivre des formations dans tous les domaines.
Q - Depuis un certain temps, on parle de hisser la coopération bilatérale entre la France et l'Irak, mais on ne voit pas concrètement beaucoup de progrès. Il y a eu 500 stagiaires et 40 gendarmes de formés. La France souhaite augmenter cette coopération mais du côté irakien, on a le sentiment qu'il n'y a pas le même enthousiasme. Est-ce que vous êtes satisfait de la coopération actuelle et M. le Vice-président que comptez-vous faire pour augmenter la coopération ?
R - Nous avons une ambassade qui est très active sur le terrain et qui entretient des contacts avec toutes les parties et toutes les tendances du pays.
Nous menons aussi des actions de coopération, en ayant le souci constant d'aider tous les Irakiens, je le répète, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique. En 2005, vous venez de le rappelez, nous avons accueilli plus de 500 Irakiens pour y suivre des formations dans tous les domaines : la police, la justice. Cela peut concerner d'autres métiers comme par exemple des cadres de l'administration pénitentiaire.
En outre, nous sommes aussi parmi les premiers contributeurs du programme européen EUJUST LEX. Ce programme, lancé en juin 2005, vise à aider à la consolidation de l'Etat de droit en Irak à travers des formations de juges, de policiers ou encore de cadres de l'administration pénitentiaire, dans les Etats membres de l'Union européenne. La France entend poursuivre sa participation à ce programme EUJUST LEX avec le souci d'améliorer son efficacité. Je tiens à remercier le vice-président pour la coopération qui existe entre nos deux pays.
Je ne vois pas comme vous, qu'il y ait de la part des Irakiens le souhait de ne pas coopérer avec nous, bien au contraire. Je suis très heureux et je lui fais la proposition de poursuivre cet effort de formation. Ce n'est pas parce que la France n'est pas impliquée dans les forces étrangères en Irak, qu'elle ne souhaite pas s'engager pour la souveraineté territoriale et politique de l'Irak, ainsi que pour l'Etat de droit, la formation des fonctionnaires, de la police, de l'administration pénitentiaire, des magistrats, des médecins, etc...
Q - Est-ce que nous pouvons savoir la position de la France vis-à-vis de l'assassinat des cinq avocats qui défendaient l'ex-président Saddam Hussein ? Est-ce que vous êtes pour le transfert de la Cour dans un pays hors de l'Irak ?
R - Nous nous sommes toujours exprimés, dans tous les pays du monde, sur le respect des Droits de l'Homme ; nous estimons que c'est fondamental. Nous souhaitons qu'il y ait une justice qui se respecte, qui respecte la personne quelle qu'elle soit. Pour nous les Droits de l'Homme et le droit à la sécurité sont intimement liés.
Q - Avez-vous fait jouer les pays voisins dans les efforts pour instaurer la stabilité et la souveraineté de l'Irak ? Est-ce vous pensez que ces pays se prêtent à ce jeu-là et là, je pense notamment à la Syrie et à l'Iran ?
R - Comme je vous l'ai dit, je suis pour une conférence d'entente nationale organisée par la Ligue arabe. J'ai observé que cette réunion avait été reporté début août. Je voudrais simplement vous redire que la France soutient pleinement l'initiative de la Ligue arabe. Il s'agit là d'une initiative sérieuse qui vise à réunir autour de la table toutes les parties irakiennes pour encourager le dialogue national.
La Ligue arabe a décidé de former une commission comprenant des représentants des partis politiques irakiens qui se réunira le 1er juillet pour préparer la conférence qui devrait désormais se tenir durant la première semaine d'août à Bagdad.
Le plus important, à nos yeux, est d'aboutir à un résultat, même si la préparation et l'organisation d'une telle conférence exige un certain temps.
Vous me posez une question sur les pays voisins. Pour parvenir à un consensus entre toutes les communautés irakiennes, un engagement positif des Etats voisins est nécessaire. Ils doivent aider l'Irak à préserver son unité nationale et à se reconstruire.
A propos de l'Iran, la France estime qu'un Irak uni, souverain, démocratique et stable, vivant en bonne intelligence avec ses voisins, est indispensable à la paix et à la stabilité régionale.
Concernant le Liban et la Syrie, nous pensons que tous les pays de la région doivent participer à la stabilité régionale en respectant la souveraineté de l'Irak et du Liban. Nous espérons que cela se fera le plus vite possible.
Q - (A propos de l'enlèvement du soldat israélien)
R - Je voudrais confirmer ici que le soldat israélien, Shalit Guilad, qui a été enlevé dimanche matin près de la bande de Gaza, est né en Israël d'un père français et est immatriculé à notre consulat à Haifa. Il possède donc la nationalité française.
Je voudrais également dire que l'ambassade de France et nos services consulaires en Israël et l'ensemble des services du Quai d'Orsay sont mobilisés pour tout faire pour retrouver ce soldat israélien.
Enfin, sachez que nous sommes en contact permanent avec les deux parties concernées pour demander la libération de M. Shalit Guilad.
Q - Les Egyptiens ont eu un contact avec les ravisseurs, est-ce que vous aussi avez eu un contact ?
R - Je viens de m'exprimer sur ce sujet. Vous comprenez que pour des raisons de sécurité ..Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2006