Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur l'application de la loi littoral et la recommendation européenne sur la "gestion intégrée des zones côtières", Paris le 13 juillet 2006.

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Circonstance : Installation du Conseil National du Littoral à Matignon, Paris le 13 juillet 2006

Texte intégral

Messieurs les ministres de l'Agriculture, de l'Equipement, et de l'Aménagement du Territoire, chers collègues
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants institutionnels et associatifs,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un honneur et un grand plaisir de participer aujourd'hui, à vos côtés, à l'installation du Conseil National du Littoral présidé par le premier ministre Dominique de Villepin.
Je tiens en tout premier lieu à vous saluer à mon tour pour avoir accepté la responsabilité de siéger au sein de cette instance nouvelle dont le gouvernement attend beaucoup. Le littoral français est en effet l'un des plus beaux du monde - si vous voulez bien me pardonner cette expression patriotique en cette veille de notre fête nationale ! C'est aussi, nous ne devons pas nous le cacher, un milieu particulièrement fragile. Et c'est une partie de notre territoire littoral que j'entends défendre plus que tout.
Le rapport rendu public la semaine dernière par l'Agence européenne de l'environnement dresse l'état du littoral en Europe et plaide en faveur d'une approche de long terme. Il s'inscrit dans le cadre de la révision de la Recommandation de l'Union Européenne sur la gestion intégrée des zones côtières.
J'ai souhaité porter dès à présent à votre connaissance ce rapport récent, car c'est un des premiers documents qui se focalise spécialement sur les côtes européennes. Comme tel, il contribue à rendre plus visible le littoral en tant que territoire justifiant et méritant une politique publique spécifique.
Je souhaite insister sur les quelques faits saillants mis en évidence par le rapport :
* Dans tous les pays européens, la population des zones côtières augmente plus vite que la population du reste du territoire.
* Deuxième fait important, cette population littorale a besoin d'une surface artificialisée ou bâtie de plus en plus importante, et la surface consommée par chaque habitant du littoral augmente. L'Agence plaide pour que soit adoptés des outils de planification permettant de maîtriser un étalement urbain qui risquerait d'être incontrôlé.
* Troisième élément, les écosystèmes côtiers apportent une valeur considérable à tous ses habitants, en termes de qualité de vie. Malheureusement, cette valeur ajoutée du milieu naturel est largement sous estimée - précisément parce-que fournie gratuitement ! Et il y a à craindre que les pertes dues à la disparition de ces écosystèmes ne seraient perceptibles qu'après leur disparition.
Les données fournie par l'étude de l'Agence Européenne de l'Environnement montrent une perte importante de surface des habitats des plus riches en biodiversité (et en particulier les zones humides, les prairies, ou la polyculture côtière...).
* Je n'oublie pas non plus la partie maritime des zones côtières qui est aussi affectée, notamment par la pollution de l'eau. Et la contamination des eaux côtières affecte significativement leur capacité à être des secteurs de renouvellement des populations animales, ce qui nuit au secteur de la pêche.
* Le rapport de l'Agence Européenne de l'Environnement souligne également que le tourisme, qui est aujourd'hui l'activité la plus importante de ces zones, peut entraîner un impact important, concentré dans le temps et dans l'espace. Mais, à l'inverse, ce secteur dépend aussi du maintien en bon état paysager et environnemental du littoral. Une réflexion sur le tourisme durable est donc indispensable, et le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable a lancé une démarche en ce sens.
* Enfin, l'Agence Européenne de l'Environnement souligne les nombreux risques auxquels sont soumis le littoral, qu'il s'agisse d'érosion ou de risque de submersion, ou encore de catastrophes naturelles comme les ouragans.
Le défi auquel nous sommes confrontés et que l'Agence Européenne de l'Environnement nous rappelle est donc bien présent. Et l'ensemble de ces éléments plaide pour une politique publique à long terme du littoral et une gestion intégrée des zones côtières.
La France n'est pas en retard dans ce domaine. Au contraire, elle a mis en place, depuis longtemps et peu à peu, les éléments d'une politique du littoral qui me semble correspondre assez bien à l'état d'esprit du rapport de l'Agence Européenne de l'Environnement et de la Recommandation de l'Union Européenne sur la gestion intégrée des zones côtières. Bien sur, il est possible de mieux faire et nous nous y efforçons tous.
Un point me paraît essentiel : la demande de littoral est infinie alors que l'offre de littoral est finie, d'où l'ampleur des pressions.
C'est pourquoi il faut « consommer » le littoral avec modération et de façon rationnelle.
C'est aussi pourquoi dans le dispositif actuel de la politique littorale, la loi littoral tient une place essentielle. Le Président de la République l'an dernier, le Premier ministre le mois dernier, le Ministre de l'Equipement et le Ministre de l'Aménagement du territoire, il y a quelques semaines, ont tous rappelé leur attachement à la loi littoral et la nécessité de l'appliquer avec rigueur et détermination. Les Français y sont très attentifs. Les nombreux courriers que je reçois à ce sujet comme les enquêtes d'opinion le montrent. Je réaffirme donc ma volonté d'un strict respect de la loi littoral
Au delà de ces objectifs de protection, et même si cela n'avait pas été prévu au départ, la loi littoral constitue un instrument de prévention des risques.
Comme je l'indiquais tout à l'heure, ceux-ci ne sont pas négligeables en zone côtière (érosion, inondations, surcôtes...) et ils sont accrus par les conséquences du changement climatique.
Pour finir, je citerai la lutte contre le réchauffement climatique qui constitue l'une des priorités du Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable. Le Parlement et le Conseil de l'Union Européenne recommandent, je les cite « La prise en compte de la menace que les changements climatiques constituent pour les zones côtières et les dangers que représentent l'élévation du niveau de la mer et l'augmentation de la fréquence et de la force des tempêtes. » C'est l'un des points qu'il nous faudra aborder ensemble.
Voilà donc bien des défis à relever. Nous ne serons pas seuls, car, comme le montre l'Agence Européenne de l'Environnement, tous les pays d'Europe y sont également soumis.
Le Parlement et le Gouvernement ont choisi, en France, de confier bon nombre des réflexions sur le devenir du littoral à l'instance à laquelle vous appartenez, le Conseil National du Littoral.
Vous mesurez donc la charge qui vous attend, et pour laquelle je sais pouvoir compter sur vous. Vous pourrez également être assuré de l'appui de la ministre de l'Ecologie et du Développement Durable dans ces tâches.Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 17 juillet 2006