Texte intégral
Intervention de M. François HUWART,
Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur,
à l'occasion de la signature du protocole Dree-Decas
Mardi 13 février 2001
Monsieur le ministre, Messieurs les présidents, Mesdames et Messieurs,
Le 13 octobre dernier j'étais à Chartres pour inaugurer les Artisanales, comme en 1999. Une nouvelle fois, j'ai été frappé du succès populaire de cette exposition, du nombre et de la qualité des exposants venus de 70 départements. Une nouvelle fois, j'ai été impressionné par la diversité des talents et la richesse des métiers d'art qui s'y trouvaient rassemblés.
Je suis donc particulièrement heureux de me trouver aujourd'hui aux côtés de François Patriat pour marquer avec force l'engagement de l'Etat aux côtés, je suis tenté de dire au service, de nos artisans. Le sens de notre présence aujourd'hui, à François Patriat et à moi-même, est bien celui-là: réaffirmer, officialiser l'engagement de l'Etat, des administrations que nous dirigeons, la DREE et la DECAS, l'engagement du Centre français du commerce extérieur, en faveur de l'ouverture au monde des entreprises artisanales.
Si l'engagement de François Patriat en faveur des entreprises artisanales va de soi, l'intervention du secrétaire d'Etat au commerce extérieur pourrait paraître moins légitime au premier regard. On associe en effet plus spontanément les exportations françaises aux grands contrats, aux ventes d'Airbus ou de champagne. C'est peut-être d'ailleurs pour cela que je me sens obligé de rappeler ma présence régulière aux Artisanales de Chartres!
Mais qui sait que pour chaque Airbus exporté, par exemple, 20 % des pièces sont réalisées par la sous-traitance artisanale ? Mais qui pourrait imaginer surtout que les artisans ne sont pas concernés par la mondialisation?
Je suis au contraire convaincu que les artisans, forts de leur enracinement local, ont toute leur place dans le village planétaire qui se dessine. Certes, je ne dis pas que les quelques 820 000 entreprises artisanales de France ont toutes vocation à partir inonder le marché chinois. J'entends simplement souligner le paradoxe qui veut que l'économie mondialisée reste une économie de proximité.
Cette certitude est au fondement de la politique régionale du commerce extérieur que j'ai lancée il y a tout juste un an en compagnie de plusieurs présidents de régions. Dans le cadre d'ateliers régionaux, nos services déconcentrés ont travaillé main dans la main avec les acteurs de terrain, les élus locaux, le réseau consulaire. Le CFCE, à travers sa mission Artisanat-TPE notamment, a été étroitement associé à cette politique: plusieurs des programmes d'action pour le développement international que nous avons déjà signés ont porté spécifiquement sur les métiers d'art.
En Limousin, nous avons pensé que le prestige international des arts de la table et des tapisseries d'Aubusson pouvait bénéficier à l'ensemble du secteur artisanal : fabricants de meubles, décorateurs d'intérieur ou artisans d'art.
En Poitou-Charentes, et en Ile de France également, deux programmes spécifiques pour l'internationalisation des métiers d'art ont été signés dès la fin de l'année dernière. A chaque fois, d'ailleurs, nous avons travaillé en totale coordination avec les chambres des métiers et le CFCE. Dans ce secteur des métiers d'art au sens large, la démarche d'exportation devrait d'ailleurs aller de soi, tant l'image de marque et la réputation des artisans français sont fortes à l'étranger.
Je suis d'ailleurs persuadé que la mondialisation, que l'on accuse souvent d'étouffer la diversité culturelle et les identités locales au nom de l'hégémonie anglo-saxonne, peut offrir un appel d'air pour de nombreuses activités artisanales en milieu rural. Cette activité exportatrice peut vraiment avoir un effet positif sur l'activité locale. En ce sens, je ne crois pas que la mondialisation soit forcément néfaste pour nos TPE ou nos artisans de l'agroalimentaire qui sont les gardiens de traditions culinaires locales, bien au contraire.
J'ai pu le vérifier la semaine dernière en Haute-Provence où j'ai visité un confiseur et une ex-petite entreprise spécialisée dans la distillation de la lavande et qui a trouvé à l'international le moteur de son développement. Pour un département, pour un territoire riche de son passé, de sa culture, de son identité, la mondialisation offre de réelles opportunités de développement économique.
D'ailleurs, les efforts accomplis par nos artisans dans le secteur agricole et agroalimentaire en termes de qualité vont dans le bon sens. Je crois surtout important de valoriser cette image par l'obtention d'AOC, comme c'est le cas pour les producteurs d'huile d'olive, de vin ou de fromage. La qualité des produits est en effet un argument de plus en plus fort sur les marchés extérieurs, et c'est en tout cas l'avantage comparatif des productions françaises. Une recherche de qualité qui est également synonyme d'innovation, comme dans la filière des sports de glisse de la côte Basque où des artisans extrêmement créatifs coexistent avec les grands noms du secteur. Avec le soutien de la chambre régionale des métiers d'Aquitaine qui les a recensés, ces " shapers " exportent leurs planches de surf jusqu'à Hawaï et en Australie.
La mondialisation a beau être accusée de tous les maux, elle se traduit aussi, et peut-être surtout, par une forte accélération des échanges internationaux (+ 14 % en 2000 d'après les chiffres de l'OMC ) qui est bénéfique pour la croissance. Notre objectif au commerce extérieur est de créer les conditions pour que nos entreprises, toutes nos entreprises, puissent en tirer parti.
La conjoncture s'y prête et les perspectives économiques nous y engagent plus que jamais, même si des inquiétudes sont apparues au tournant de l'année concernant l'économie américaine.
Je ne spéculerai pas sur la douceur de l'atterrissage outre-Atlantique. Ce que je sais, c'est qu'après les fluctuations importantes que l'économie mondiale a connues en 2000 (dollar, pétrole, Nasdaq, etc.), les perspectives pour 2001 restent bonnes. Certes, nous sommes vigilants, mais nous pouvons être optimistes, car cette année sera marquée par l'avènement définitif de l'euro.
L'Union européenne accueille déjà les 2/3 du total de nos exportations, et nos voisins sont autant de marchés de proximité qui sont les mieux adaptés pour les artisans ou les petites entreprises. Or vous le savez, cette année va être marquée par le passage à l'euro réel. Dans un an exactement, entre le 1er janvier et le 17 février 2001, aura lieu la substitution des pièces et billets en francs vers l'euro.
Je n'y vois pas un motif d'inquiétude, mais bien plutôt une raison supplémentaire pour nos petites entreprises d'avoir confiance en l'avenir et de se lancer dans une démarche d'exportation vers nos voisins. L'euro permet des économies de change significatives, évite les dévaluations entre pays de la zone et, surtout, garantit aux chefs d'entreprise un horizon stable et sûr.
Un autre exemple, si vous le permettez, celui des artisans verriers de la vallée de la Bresle en Haute-Normandie, qui fournissent ses flacons à la parfumerie. Leur développement était entravé par leur dépendance vis-à-vis de quelques donneurs d'ordres et leur position de sous-traitants façonniers. Sur ce créneau très précis, la recherche de partenaires et de clients, chez nos voisins européens, en Bavière, Thuringe ou Toscane, leur permet de se diversifier et de réduire leur dépendance.
La nouvelle monnaie est le gage de notre croissance à venir, comme elle a d'ailleurs été l'un des fondements des bonnes performances de notre économie a cours de l'année écoulée. Et le premier de ces succès concerne l'emploi, qui reste la priorité n°1 du gouvernement. Pour le nombre d'emplois créés - 600 000 - l'an 2000 a tout simplement été l'année record du 20ème siècle, dépassant les 430 000 emplois créés en 1969, au plus fort des Trente glorieuses.
Oserais-je donc parler des trois glorieuses de 1998 à 2000 puisque ces trois années font partie des 5 meilleures performances du siècle dans ce domaine ?
Depuis 1997, l'économie française, les entreprises françaises, ont créé un million 500 000 emplois et nous pouvons redescendre, dès cette année, sous la barre des 2 millions de chômeurs. Une étude récente du Crédit Lyonnais souligne que près de 40 % des PME-PMI françaises prévoient d'embaucher dans les mois qui viennent, à tel point que la pénurie de main d'uvre qualifiée est une réelle difficulté dans de nombreux secteurs de l'activité artisanale. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit plutôt d'une bonne maladie : après tant d'années de disette, c'est le signe que l'ambition du plein-emploi est à notre portée.
S'agissant du Protocole que nous signons aujourd'hui, je voudrais insister sur un aspect très significatifs à mes yeux. Il s'agit d'un protocole de coopération inter directionnelle, ce qui n'est finalement pas si fréquent. Au-delà de la satisfaction ponctuelle que nous avons à établir cette passerelle entre nos administrations, j'y vois une évolution profonde et nécessaire de notre façon de travailler. En l'occurrence, nous sommes partis des besoins des entreprises et nous avons ensuite organisé les moyens en conséquence. Cette réponse des pouvoirs publics est désormais fondée sur la coordination des compétences et la cristallisation des énergies. Il ne s'agit plus pour chaque administration de veiller jalousement sur ses prérogatives et son territoire, mais de se lancer dans une démarche de coopération, voire de véritable partenariat avec d'autres administrations, avec les collectivités locales et bien évidemment les chambres consulaires.
Cette volonté de coordonner l'action de tous pour répondre au mieux aux besoins des artisans débouche de façon très logique et très naturelle sur le protocole que nous signons aujourd'hui. Coordination entre nos administrations centrales, coordination entre nos services déconcentrés et l'ensemble du réseau d'appui à l'export.
Des partenariats existaient déjà, et je viens d'en évoquer quelques-uns au cours de l'année écoulée. Ils doivent être systématisés et étendus aux chambres régionales des métiers et aux organisations professionnelles, qui sont les premiers interlocuteurs des chefs d'entreprises. Enfin, ce travail doit s'inscrire dans la durée: c'est d'ailleurs une caractéristique importante de ce protocole, dont la durée est de 5 ans. Cette stabilité, cette pérennité est pour nous tous et pour les chefs d'entreprises une garantie de stabilité et d'efficacité.
Je voudrais, si vous le permettez, conclure en faisant un petit peu de publicité.
Vous le savez, le Service National a vécu, et, avec lui, le système des coopérants qui offrait à un certain nombre de jeunes diplômés une expérience précieuse à l'étranger. Le nouveau dispositif du Volontariat International connaît déjà un très vif succès : près de 5000 candidatures en effet ont déjà été enregistrées, dont 60 % de jeunes femmes. Les sept premiers volontaires partent ce mois-ci. Le nouveau dispositif est donc bel et bien lancé et je suis certain qu'il sera très rapidement adopté par les entreprises qui ne se sont pourtant pas encore manifestées en nombre.
J'attire votre attention à ce sujet car, contrairement aux CSNE qui étaient surtout recrutés par de grandes entreprises, la formule est tout à fait adaptée aux besoins des petites entreprises. Je ne veux pas entrer dans le détail, mais juste vous donner un exemple récent.
A la suite d'une exposition comme celle d'aujourd'hui, un artisan confiseur a été contacté par une chaîne de grands magasins japonais qui lui proposait d'installer 12 corners à Tokyo pour la période des fêtes. Cet artisan est très flatté, l'opération peut générer un chiffre d'affaires de 10 millions de francs (1,5 millions d'euros), mais il n'a évidemment pas les moyens ni la capacité de s'expatrier ou de gérer seul une telle opportunité au Japon. Par contre, il peut en parler à trois ou quatre confrères et prendre en commun un volontaire à temps partagé qui sera expatrié sur place, avec un coup de main du poste d'expansion économique de Tokyo ou d'un grand groupe pour l'accueillir. A ce jeune, ensuite, de gérer l'approvisionnement, la mise en place dans les magasins et toutes les démarches administratives.
Vous l'aurez compris, je suis convaincu que la mondialisation n'est pas un phénomène néfaste. Le commerce mondial et les progrès technologiques sont aujourd'hui les premiers stimulants de notre croissance économique et de la création d'emplois! Nos artisans, c'est à dire nos régions, notre économie toute entière peuvent tirer le plus grand profit de la mondialisation. A nous maintenant de ne pas laisser passer le train de cette révolution en étant frileux ou timoré.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 19 février 2001)
Secrétaire d'Etat au Commerce Extérieur,
à l'occasion de la signature du protocole Dree-Decas
Mardi 13 février 2001
Monsieur le ministre, Messieurs les présidents, Mesdames et Messieurs,
Le 13 octobre dernier j'étais à Chartres pour inaugurer les Artisanales, comme en 1999. Une nouvelle fois, j'ai été frappé du succès populaire de cette exposition, du nombre et de la qualité des exposants venus de 70 départements. Une nouvelle fois, j'ai été impressionné par la diversité des talents et la richesse des métiers d'art qui s'y trouvaient rassemblés.
Je suis donc particulièrement heureux de me trouver aujourd'hui aux côtés de François Patriat pour marquer avec force l'engagement de l'Etat aux côtés, je suis tenté de dire au service, de nos artisans. Le sens de notre présence aujourd'hui, à François Patriat et à moi-même, est bien celui-là: réaffirmer, officialiser l'engagement de l'Etat, des administrations que nous dirigeons, la DREE et la DECAS, l'engagement du Centre français du commerce extérieur, en faveur de l'ouverture au monde des entreprises artisanales.
Si l'engagement de François Patriat en faveur des entreprises artisanales va de soi, l'intervention du secrétaire d'Etat au commerce extérieur pourrait paraître moins légitime au premier regard. On associe en effet plus spontanément les exportations françaises aux grands contrats, aux ventes d'Airbus ou de champagne. C'est peut-être d'ailleurs pour cela que je me sens obligé de rappeler ma présence régulière aux Artisanales de Chartres!
Mais qui sait que pour chaque Airbus exporté, par exemple, 20 % des pièces sont réalisées par la sous-traitance artisanale ? Mais qui pourrait imaginer surtout que les artisans ne sont pas concernés par la mondialisation?
Je suis au contraire convaincu que les artisans, forts de leur enracinement local, ont toute leur place dans le village planétaire qui se dessine. Certes, je ne dis pas que les quelques 820 000 entreprises artisanales de France ont toutes vocation à partir inonder le marché chinois. J'entends simplement souligner le paradoxe qui veut que l'économie mondialisée reste une économie de proximité.
Cette certitude est au fondement de la politique régionale du commerce extérieur que j'ai lancée il y a tout juste un an en compagnie de plusieurs présidents de régions. Dans le cadre d'ateliers régionaux, nos services déconcentrés ont travaillé main dans la main avec les acteurs de terrain, les élus locaux, le réseau consulaire. Le CFCE, à travers sa mission Artisanat-TPE notamment, a été étroitement associé à cette politique: plusieurs des programmes d'action pour le développement international que nous avons déjà signés ont porté spécifiquement sur les métiers d'art.
En Limousin, nous avons pensé que le prestige international des arts de la table et des tapisseries d'Aubusson pouvait bénéficier à l'ensemble du secteur artisanal : fabricants de meubles, décorateurs d'intérieur ou artisans d'art.
En Poitou-Charentes, et en Ile de France également, deux programmes spécifiques pour l'internationalisation des métiers d'art ont été signés dès la fin de l'année dernière. A chaque fois, d'ailleurs, nous avons travaillé en totale coordination avec les chambres des métiers et le CFCE. Dans ce secteur des métiers d'art au sens large, la démarche d'exportation devrait d'ailleurs aller de soi, tant l'image de marque et la réputation des artisans français sont fortes à l'étranger.
Je suis d'ailleurs persuadé que la mondialisation, que l'on accuse souvent d'étouffer la diversité culturelle et les identités locales au nom de l'hégémonie anglo-saxonne, peut offrir un appel d'air pour de nombreuses activités artisanales en milieu rural. Cette activité exportatrice peut vraiment avoir un effet positif sur l'activité locale. En ce sens, je ne crois pas que la mondialisation soit forcément néfaste pour nos TPE ou nos artisans de l'agroalimentaire qui sont les gardiens de traditions culinaires locales, bien au contraire.
J'ai pu le vérifier la semaine dernière en Haute-Provence où j'ai visité un confiseur et une ex-petite entreprise spécialisée dans la distillation de la lavande et qui a trouvé à l'international le moteur de son développement. Pour un département, pour un territoire riche de son passé, de sa culture, de son identité, la mondialisation offre de réelles opportunités de développement économique.
D'ailleurs, les efforts accomplis par nos artisans dans le secteur agricole et agroalimentaire en termes de qualité vont dans le bon sens. Je crois surtout important de valoriser cette image par l'obtention d'AOC, comme c'est le cas pour les producteurs d'huile d'olive, de vin ou de fromage. La qualité des produits est en effet un argument de plus en plus fort sur les marchés extérieurs, et c'est en tout cas l'avantage comparatif des productions françaises. Une recherche de qualité qui est également synonyme d'innovation, comme dans la filière des sports de glisse de la côte Basque où des artisans extrêmement créatifs coexistent avec les grands noms du secteur. Avec le soutien de la chambre régionale des métiers d'Aquitaine qui les a recensés, ces " shapers " exportent leurs planches de surf jusqu'à Hawaï et en Australie.
La mondialisation a beau être accusée de tous les maux, elle se traduit aussi, et peut-être surtout, par une forte accélération des échanges internationaux (+ 14 % en 2000 d'après les chiffres de l'OMC ) qui est bénéfique pour la croissance. Notre objectif au commerce extérieur est de créer les conditions pour que nos entreprises, toutes nos entreprises, puissent en tirer parti.
La conjoncture s'y prête et les perspectives économiques nous y engagent plus que jamais, même si des inquiétudes sont apparues au tournant de l'année concernant l'économie américaine.
Je ne spéculerai pas sur la douceur de l'atterrissage outre-Atlantique. Ce que je sais, c'est qu'après les fluctuations importantes que l'économie mondiale a connues en 2000 (dollar, pétrole, Nasdaq, etc.), les perspectives pour 2001 restent bonnes. Certes, nous sommes vigilants, mais nous pouvons être optimistes, car cette année sera marquée par l'avènement définitif de l'euro.
L'Union européenne accueille déjà les 2/3 du total de nos exportations, et nos voisins sont autant de marchés de proximité qui sont les mieux adaptés pour les artisans ou les petites entreprises. Or vous le savez, cette année va être marquée par le passage à l'euro réel. Dans un an exactement, entre le 1er janvier et le 17 février 2001, aura lieu la substitution des pièces et billets en francs vers l'euro.
Je n'y vois pas un motif d'inquiétude, mais bien plutôt une raison supplémentaire pour nos petites entreprises d'avoir confiance en l'avenir et de se lancer dans une démarche d'exportation vers nos voisins. L'euro permet des économies de change significatives, évite les dévaluations entre pays de la zone et, surtout, garantit aux chefs d'entreprise un horizon stable et sûr.
Un autre exemple, si vous le permettez, celui des artisans verriers de la vallée de la Bresle en Haute-Normandie, qui fournissent ses flacons à la parfumerie. Leur développement était entravé par leur dépendance vis-à-vis de quelques donneurs d'ordres et leur position de sous-traitants façonniers. Sur ce créneau très précis, la recherche de partenaires et de clients, chez nos voisins européens, en Bavière, Thuringe ou Toscane, leur permet de se diversifier et de réduire leur dépendance.
La nouvelle monnaie est le gage de notre croissance à venir, comme elle a d'ailleurs été l'un des fondements des bonnes performances de notre économie a cours de l'année écoulée. Et le premier de ces succès concerne l'emploi, qui reste la priorité n°1 du gouvernement. Pour le nombre d'emplois créés - 600 000 - l'an 2000 a tout simplement été l'année record du 20ème siècle, dépassant les 430 000 emplois créés en 1969, au plus fort des Trente glorieuses.
Oserais-je donc parler des trois glorieuses de 1998 à 2000 puisque ces trois années font partie des 5 meilleures performances du siècle dans ce domaine ?
Depuis 1997, l'économie française, les entreprises françaises, ont créé un million 500 000 emplois et nous pouvons redescendre, dès cette année, sous la barre des 2 millions de chômeurs. Une étude récente du Crédit Lyonnais souligne que près de 40 % des PME-PMI françaises prévoient d'embaucher dans les mois qui viennent, à tel point que la pénurie de main d'uvre qualifiée est une réelle difficulté dans de nombreux secteurs de l'activité artisanale. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit plutôt d'une bonne maladie : après tant d'années de disette, c'est le signe que l'ambition du plein-emploi est à notre portée.
S'agissant du Protocole que nous signons aujourd'hui, je voudrais insister sur un aspect très significatifs à mes yeux. Il s'agit d'un protocole de coopération inter directionnelle, ce qui n'est finalement pas si fréquent. Au-delà de la satisfaction ponctuelle que nous avons à établir cette passerelle entre nos administrations, j'y vois une évolution profonde et nécessaire de notre façon de travailler. En l'occurrence, nous sommes partis des besoins des entreprises et nous avons ensuite organisé les moyens en conséquence. Cette réponse des pouvoirs publics est désormais fondée sur la coordination des compétences et la cristallisation des énergies. Il ne s'agit plus pour chaque administration de veiller jalousement sur ses prérogatives et son territoire, mais de se lancer dans une démarche de coopération, voire de véritable partenariat avec d'autres administrations, avec les collectivités locales et bien évidemment les chambres consulaires.
Cette volonté de coordonner l'action de tous pour répondre au mieux aux besoins des artisans débouche de façon très logique et très naturelle sur le protocole que nous signons aujourd'hui. Coordination entre nos administrations centrales, coordination entre nos services déconcentrés et l'ensemble du réseau d'appui à l'export.
Des partenariats existaient déjà, et je viens d'en évoquer quelques-uns au cours de l'année écoulée. Ils doivent être systématisés et étendus aux chambres régionales des métiers et aux organisations professionnelles, qui sont les premiers interlocuteurs des chefs d'entreprises. Enfin, ce travail doit s'inscrire dans la durée: c'est d'ailleurs une caractéristique importante de ce protocole, dont la durée est de 5 ans. Cette stabilité, cette pérennité est pour nous tous et pour les chefs d'entreprises une garantie de stabilité et d'efficacité.
Je voudrais, si vous le permettez, conclure en faisant un petit peu de publicité.
Vous le savez, le Service National a vécu, et, avec lui, le système des coopérants qui offrait à un certain nombre de jeunes diplômés une expérience précieuse à l'étranger. Le nouveau dispositif du Volontariat International connaît déjà un très vif succès : près de 5000 candidatures en effet ont déjà été enregistrées, dont 60 % de jeunes femmes. Les sept premiers volontaires partent ce mois-ci. Le nouveau dispositif est donc bel et bien lancé et je suis certain qu'il sera très rapidement adopté par les entreprises qui ne se sont pourtant pas encore manifestées en nombre.
J'attire votre attention à ce sujet car, contrairement aux CSNE qui étaient surtout recrutés par de grandes entreprises, la formule est tout à fait adaptée aux besoins des petites entreprises. Je ne veux pas entrer dans le détail, mais juste vous donner un exemple récent.
A la suite d'une exposition comme celle d'aujourd'hui, un artisan confiseur a été contacté par une chaîne de grands magasins japonais qui lui proposait d'installer 12 corners à Tokyo pour la période des fêtes. Cet artisan est très flatté, l'opération peut générer un chiffre d'affaires de 10 millions de francs (1,5 millions d'euros), mais il n'a évidemment pas les moyens ni la capacité de s'expatrier ou de gérer seul une telle opportunité au Japon. Par contre, il peut en parler à trois ou quatre confrères et prendre en commun un volontaire à temps partagé qui sera expatrié sur place, avec un coup de main du poste d'expansion économique de Tokyo ou d'un grand groupe pour l'accueillir. A ce jeune, ensuite, de gérer l'approvisionnement, la mise en place dans les magasins et toutes les démarches administratives.
Vous l'aurez compris, je suis convaincu que la mondialisation n'est pas un phénomène néfaste. Le commerce mondial et les progrès technologiques sont aujourd'hui les premiers stimulants de notre croissance économique et de la création d'emplois! Nos artisans, c'est à dire nos régions, notre économie toute entière peuvent tirer le plus grand profit de la mondialisation. A nous maintenant de ne pas laisser passer le train de cette révolution en étant frileux ou timoré.
(source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 19 février 2001)