Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, sur l'aménagement du territoire en Ile-de-France et sur l'Opération d'Intérêt National de Seine Amont, Thiais le 19 juillet 2006.

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Circonstance : Déplacement à Thiais pour l'Opération d'Intérêt National de Seine Amont (OIN), le 19 juillet 2006

Texte intégral

Messieurs les députés, Mme la sénatrice,
M. le préfet de Région, M. le préfet,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie, M. le préfet, pour la présentation très complète des enjeux de l'OIN de Seine Amont que vous venez de nous livrer.
Le ministre d'État, Nicolas SARKOZY, et moi-même, attachons une très grande importance à l'avancement des trois opérations d'intérêt national lancées par le Comité interministériel d'aménagement et de compétitivité des territoires du 6 mars 2006.
Si je suis venu aujourd'hui à Thiais et dans le Val-de-Marne, c'est avant tout pour saluer ce renouveau d'une politique d'aménagement du territoire ambitieuse en Île-de-France. J'y vois, dans un contexte différent, un sursaut comparable aux grandes ambitions d'aménagement de l'époque du Général de Gaulle et du président Pompidou.
L'Île-de-France a un rapport particulier avec la politique d'aménagement du territoire. Cette politique s'est trop longtemps construite sur la crainte du poids démographique et économique de cette région et une volonté de freiner son développement, au prétexte que ça encouragerait celui du reste de la France.
Cette époque est désormais révolue, et je vous en donnerai trois preuves manifestes :
? sur 16 pôles de compétitivité mondiaux ou à vocation mondiale en France, l'Île-de-France en a quatre ;
? pour la première fois, le Gouvernement a proposé que certaines zones de l'Île-de-France puissent bénéficier d'aides à finalité régionale, autrement dit de la prime à l'aménagement du territoire ;
? et naturellement, c'est le sujet d'aujourd'hui, trois opérations d'intérêt national, dans cette région, marquent le retour d'un intérêt prononcé de l'État pour l'aménagement du territoire francilien.
En termes de produit intérieur brut par habitant, l'Île-de-France demeure en apparence considérablement plus riche que les autres régions de France. Mais cette mesure, trop souvent utilisée, est illusoire : lorsque l'on prend en compte l'ensemble des transferts publics, à travers les impôts, les prestations sociales, l'emploi public, les retraites, et que l'on mesure le revenu par habitant, les différences entre régions métropolitaines sont aujourd'hui minimes.
Les vraies inégalités territoriales se situent à l'intérieur des régions, et principalement entre villes ou quartiers d'une même agglomération. C'est pour cela que nous avons demandé à la délégation à l'aménagement du territoire de relancer une réflexion approfondie sur les territoires urbains. Cette réflexion a abouti à une réflexion complémentaire de l'approche traditionnelle de politique de la ville, plus centrée sur le développement de l'emploi, le désenclavement des quartiers, leur mixité fonctionnelle entre locaux professionnels et logements. Et le ministère de l'aménagement du territoire lancera à l'automne un appel à projets pour soutenir cette nouvelle approche à l'aide des fonds européens.
J'ai vu tout à l'heure aux Grands Champs l'illustration même de la pertinence et de l'urgence d'une telle réflexion : l'approche sociale est naturellement nécessaire mais toute solution durable aux problèmes des quartiers passe par le rétablissement de circulations avec l'environnement urbain, pour que les habitants du quartier accèdent à l'emploi, mais aussi pour que les habitants d'autres quartiers viennent travailler, faire leurs courses ou leurs démarches dans ce quartier réputé difficile. La rupture de la logique d'enfermement passe aussi par la diversité du peuplement et des revenus : on ne doit pas rénover pour reconstruire sur place autant de logements sociaux que l'on en détruit ; et l'attribution des logements doit faire l'objet d'un pilotage précis pour éviter la constitution de ghettos. L'objet d'une politique d'aménagement du territoire en zone urbaine sera aussi de soutenir les nouvelles formes de gouvernance qui pourront porter ce type de politique.
Je voudrais naturellement conclure en faisant le point sur l'OIN. Je ne reprendrai pas, M. le préfet, les points que vous avez excellemment développés et le diagnostic que je partage entièrement. Le potentiel de ce territoire de Seine Amont est absolument exceptionnel. Notre défi collectif sera de le mobiliser. L'objectif de 3 000 logements par an est sans aucun doute à notre portée et doit donc être atteint : voilà un indicateur chiffré, simple et mobilisateur, qui donnera une mesure de la réussite de ce projet. L'autre mesure sera économique : j'attache une importance toute particulière à la mise en place d'une plate-forme de biotechnologies qui peut devenir le coeur du pôle Meditech santé et lui donner la chance de jouer dans la cour des grands, dans ce secteur fondamental pour l'avenir industriel et scientifique de notre pays. La zone SENIA près d'Orly constitue aussi un enjeu essentiel.
J'ai mesuré aujourd'hui les obstacles à franchir. Je sensibiliserai dans les prochains jours Anne-Marie IDRAC, présidente de la SNCF, et Michel BOYON, président de RFF, sur la nécessité de mener la réflexion sur la mobilisation des terrains ferroviaires à un rythme soutenu. J'ai par ailleurs vu que le projet de décret de création de l'établissement public d'aménagement rencontrait jusqu'à présent un certain consensus. Je souhaite que cela se confirme et qu'il puisse être publié au tout début de l'année 2007 pour avoir un établissement public opérationnel et prêt à agir d'ici neuf mois.
J'ai conscience que d'autres problématiques sont plus complexes à résoudre. La plus difficile me semble être la question du dépôt pétrolier des Ardoines. La question me semble mériter une mission de réflexion, par exemple confiée au conseil général des mines et à celui des ponts et chaussées, sur la manière de concilier l'acheminement des produits pétroliers et la prévention des risques en milieu urbain. C'est un chantier de très longue haleine mais c'est précisément la raison pour laquelle il faut l'aborder dès aujourd'hui.
Mesdames et messieurs, j'ai fait aujourd'hui connaissance avec un territoire riche de projets et d'ambitions, et votre présence ici démontre la mobilisation collective autour de l'Opération d'Intérêt National. Je veux vous assurer de la vigilance et de l'implication du Gouvernement dans sa réussite et vous encourager à franchir sans attendre les premières étapes dès la rentrée 2007. La ville nouvelle des années 2010 ou 2020 est en germe ici et maintenant à Seine-Amont.Source http://www.interieur.gouv.fr, le 25 juillet 2006