Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Mesdames Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir d'ouvrir ce colloque international sur les pôles de compétitivité et les pôles d'excellence, instant important et privilégié de ces deux journées de réflexion et d'échange entre nos deux pays.
Ce colloque poursuit un objectif noble, ambitieux, difficile, mais chargé d'espoir pour l'avenir : le renforcement de l'attractivité et de la compétitivité des territoires par l'innovation.
L'une des grandes caractéristiques de l'Algérie et de la France réside dans la diversité de leurs territoires. Cette diversité pourrait être considérée comme un facteur défavorable d'une politique globale en faveur des territoires. En effet, il est plus aisé de définir des axes d'évolution peu sensibles aux particularités locales. Pour ma part, je considère cette diversité comme une richesse. Je suis donc opposé à toute notion d'uniformisation de ces territoires. Au contraire, c'est l'addition de ces particularismes et de ces compétences qui conduisent à créer cette richesse. L'enjeu est donc de la mettre en valeur.
Depuis plus de 20 ans, je suis élu d'un département, frontalier entre la France et l'Italie, bordé au sud par la Méditerranée, au nord et à l'est par les Alpes du Sud, et caractérisé par la présence de grandes zones urbaines qui côtoient, en plaine et en montagne, des zones rurales. J'ai donc la chance de connaître ce condensé de particularismes, qui me permet de ne pas découvrir l'ensemble des problématiques posées.
Des partenariats existent déjà dans le domaine transfrontalier, celui des transports, du développement de l'accès à l'information et au savoir, de la réduction des atteintes à l'environnement, de la valorisation de la protection des patrimoines naturels ou culturels.
Bien sûr, sous ces thématiques aussi diverses, ces partenariats portent leurs fruits. Cependant, j'aimerais aujourd'hui ouvrir de manière plus large notre horizon, notamment sur le bassin méditerranéen, afin d'y inclure une clé importante du développement économique futur de nos territoires : la coopération en matière de recherche et développement.
Comme le disait votre Président de la République, M. Abdelaziz BOUTEFLIKA le 28 octobre dernier, "l'Algérie ne peut envisager son destin et son avenir qu'en évaluant ses potentialités et en dynamisant l'attractivité et la compétitivité de son territoire".
Monsieur le Ministre, tout comme moi, vous êtes soucieux du développement harmonieux des territoires. La réduction de la fracture entre les zones urbaines et les zones rurales est un enjeu pour nos deux pays. Certes, il convient de préserver et de mettre en valeur nos paysages, nos montagnes, nos régions côtières et insulaires. Mais ceci ne peut se réaliser sans un développement économique qui puisse prodiguer un travail pour tous, et apporter les ressources financières nécessaires à ces enjeux.
Ce développement économique passe avant tout par une dynamisation de la recherche et développement. La recherche est un investissement qui ne produira ses effets que dans plusieurs années. Cependant, si cet investissement n'était pas engagé, l'avenir pourrait être compromis. Certains pays comme les États-Unis et le Japon ont bien compris les enjeux liés à la recherche. Ils dépensent chacun davantage en recherche et développement que l'ensemble de l'Union européenne. L'Europe a d'ailleurs décidé de porter les efforts en faveur de la recherche à 3 % du produit intérieur brut des Etats membres.
Pour dynamiser cette recherche, il est important de pouvoir s'appuyer sur l'organisation de celle-ci et notamment sur un décloisonnement des centres de recherche et des universités envers le monde industriel. Le terme générique pour cette organisation de la recherche est celui de Cluster.
Mais ces Clusters ne correspondent pas à ma conception profonde de l'aménagement du territoire. Cluster peut se traduire par le terme "grappe" dans laquelle les activités sont concentrées. Les États-Unis, ont ainsi créé des pôles à l'Est et à l'Ouest du pays, et laissé au centre un désert industriel. Je ne voulais pas voir se reproduire cela en France.
L'originalité de la démarche française est donc d'avoir retenu, parmi les critères de labellisation des pôles, un ancrage territorial fort. Celui-ci permet une mise en valeur et une mise en commun des ressources locales. L'adhésion de toutes ces forces locales de recherche et de production était un gage de réussite. L'expérience nous le démontre chaque jour.
Aujourd'hui, 66 pôles de compétitivité dont 6 mondiaux et 10 à vocation mondiale ont été labellisés et irriguent l'ensemble des territoires français. Nous avons mis en oeuvre un financement à la hauteur des ambitions et des attentes en consacrant 1,5 milliards d'euros sur trois ans. Depuis le début de l'année 165 projets de recherche ont déjà été financés par l'État à hauteur de 540 millions d'euros. Ces projets représentent 4000 chercheurs, 1,8 milliards d'euros d'investissement soit un effet de levier de facteur trois, et permettent la création de 30 000 emplois.
Ces pôles induisent la création de richesses nouvelles à forte valeur ajoutée, la création d'emplois qualifiés, un positionnement sur des marchés mondiaux sur des activités bénéficiant d'un fort potentiel de croissance, des partenariats entre le monde de la recherche et le monde de l'industrie, et la définition d'une stratégie claire de développement économique de recherche.
Ainsi, les pôles français travaillent sur l'aéronautique et le spatial, l'agriculture et l'agroalimentaire, les biotechnologies la santé et la nutrition, les énergies, les transports la logistique et la mobilité, les matériaux la plasturgie et la chimie, la mécanique les microtechniques et les procès industriels, les technologies marines, le textile, les technologies de l'information et de communication, les véhicules et propulsions du futur sans oublier la gestion des risques et la vulnérabilité des territoires.
Monsieur le Ministre, lors de la séance d'auditions des membres du gouvernement par le Président BOUTEFLIKA du 28 octobre dernier, vous avez présenté le cadre de votre démarche de schéma national d'aménagement du territoire 2025, dont les principaux axes reposent sur la durabilité des ressources stratégiques, l'équilibre dynamique des territoires, l'attractivité et la compétitivité du territoire et l'équité sociale territoriale.
Je peux vous dire que je me retrouve dans chacun de ces axes: vous avez prévu d'inscrire votre action en prenant en compte les impératifs du développement durable, notamment sur la gestion de l'eau. Vous avez prévu un juste équilibre entre les territoires, en mettant l'accent sur les Hauts-Plateaux. Vous avez prévu de dynamiser et de mailler chaque territoire et de positionner l'Algérie sur le marché international. Vous avez prévu enfin de donner plus à ceux qui en ont le plus besoin.
C'est une politique ambitieuse et courageuse que vous allez mener, et je lui souhaite un plein succès.
De même, la démarche de programme national de développement industriel visant à assurer un taux de croissance moyen de 5,5 % par an à l'horizon 2017, s'inscrit dans une volonté d'avenir résolue pour une Algérie compétitive.
Les pôles de compétitivité sont l'une des actions concrètes qui peut être engagée pour atteindre ces objectifs. A ce titre, j'aimerais ré-insister sur cette exception française de concilier développement de l'innovation et territorialité.
Nos pôles rassemblent plus de 6 000 entreprises et plus de 1 000 centres de recherche, qui essaiment l'ensemble du territoire. Toutes les régions de France ont au moins un pôle y compris dans des vallées de montagne reculées. J'ajoute que ce n'est pas une politique au bénéfice des seules grandes entreprises puisque des PME assurent le rôle de chef de file de 30 % des projets labellisés.
Pour moi, j'estime que l'ancrage territorial est une clé de la réussite des politiques de pôle en France.
J'en veux pour preuve les récentes déclarations à la presse de la directrice de la recherche d'un très grand groupe américain, classé en 2006 au 22ème rang mondial des budgets de recherche et développement. Que dit-elle : les pôles de compétitivité français sont un succès, et les Etats-Unis seraient bien inspirés de calquer l'aspect de territorialité de ces pôles.
En revanche, je refuse également cette conception d'un autre âge où c'est la pensée unique qui délivre un schéma uniforme à tous. Non, l'aménagement du territoire doit respecter les femmes et les hommes qui les habitent, leur culture, leur tradition. Ce qui est vrai en France n'est pas forcement la solution pour d'autres Etats. L'essentiel est bien l'objectif du développement de l'innovation, pas les modes que chacun peut choisir pour y arriver. Et c'est bien la diversité qui est une richesse, et non pas l'uniformité.
Ainsi, vous avez l'ambition de développer des pôles de compétitivité et d'excellence en Algérie. Votre engagement ne peut être un simple calque des dispositifs existants mais, si vous le souhaitez, je peux vous apporter mon soutien.
Depuis 2003, nous avons engagé des actions de partenariat entre nos deux ministères. Ceci s'est traduit notamment par six missions de la DIACT et des cadres algériens ont été accueillis en France.
Je vous propose que ce partenariat se renforce autour du thème des pôles de compétitivité. Ainsi, je vous suggère un partenariat entre nos deux ministères, prévoyant des mesures précises et concrètes pour assurer le succès de votre démarche pôle.
Dans ce partenariat, la DIACT qui a été largement impliquée dans la mise en oeuvre des pôles de compétitivité français pourrait vous assister sur :
- la réalisation d'un diagnostic ;
- l'identification des créneaux porteurs, à la fois pour l'Algérie et sur la scène internationale ;
- l'élaboration d'un cahier des charges prenant en compte les axes stratégiques que vous voulez développer ;
- la mobilisation des acteurs.
Pour que ce partenariat soit le plus efficace et le plus opérationnel possible, j'estime qu'il est important que celui-ci s'appuie sur un site pilote, que je vous laisse le soin de définir mais qui pourrait être celui des Hauts Plateaux.
L'étape suivante de ce partenariat pourrait être celle d'une coopération entre nos pôles respectifs, afin d'atteindre une masse critique de recherche et développement suffisante pour renforcer leur compétitivité, et favoriser le maintien de nos industries à un niveau mondial.
Une telle démarche serait à même d'identifier des projets industriels communs, de créer des outils communs financiers ou technologiques, et de constituer des plates-formes d'excellence. Ainsi, les résultats de ces recherches transnationales permettraient la réalisation d'économies d'échelle par effet d'intégration ou par effet d'apprentissage, et de mieux contrôler le risque concurrentiel. Les avantages industriels que tous nous pourrions tirer d'un tel rapprochement sont donc importants.
J'y vois cependant un autre avantage. Ce partenariat est à même d'améliorer la dimension interculturelle qui favorise le maintien de relations amicales entre l'Algérie et la France.
À l'aune du triangle de la connaissance caractérisée par la recherche l'enseignement et l'innovation, je propose le triangle de la coopération inter pôles basés sur la recherche l'entreprise et la formation.
En premier lieu, il convient de tenir compte de la demande des entreprises membres des pôles. Seules ces entreprises sont à même d'identifier leurs futurs partenaires permettant l'émergence de projets industriels communs transnationaux. C'est le gage que la demande de coopération répond à un réel besoin, car elle ne se décrète pas par les Etats. C'est également la condition pour éviter que des réseaux de pôles se mettent en place par simple effet d'aubaine, et n'aient donc qu'une très faible chance d'assurer leur pérennité.
En second lieu, il convient de recenser les capacités de recherche, et de mettre en place les outils nécessaires pour favoriser leurs synergies. Cette étape nécessite donc que se développent les échanges entre universités et centres de recherche, et que se créent de véritables passerelles de formation.
En troisième lieu, il convient que nos Etats mettent en oeuvre des processus d'initiation et de gestion des coopérations inter pôles. Je tiens à préciser tout particulièrement que ces processus doivent laisser un espace de liberté le plus large possible aux gouvernances des pôles.
Bien entendu, il conviendra également de veiller à l'ingénierie financière d'accompagnement de ces projets, et de développer les capacités de partenariat public-privé.
D'ores et déjà, des pôles de compétitivité français ont développé des programmes de coopération avec des Clusters d'autres pays européens. Ma volonté est d'amplifier cette dynamique. C'est pourquoi nous avons demandé à nos ambassades, principalement en Europe, d'identifier les domaines de coopérations possibles et de soutenir les projets de partenariat émanant des acteurs. C'est dans cette logique que s'inscrit la délégation conduite par le sénateur maire de Marseille, Jean Claude GAUDIN, présente du 3 au 6 décembre.
Nous avons un défi à relever en matière d'innovation: dynamiser le secteur de la recherche et développement.
En effet, les pôles de compétitivité ou les clusters sont des accélérateurs de la recherche car ils décloisonnent le monde industriel le monde universitaire et celui de la recherche. Ces mondes se parlent et définissent des projets communs utiles et profitables à tous.
Les pôles de compétitivité et les clusters constituent également la base des centres d'excellence définis comme le regroupement de réseaux de ces pôles ou clusters.
Les pôles de compétitivité et les clusters contribuent à mieux associer crédits publics et crédits privés. Ce partenariat prend donc une réalité concrète.
Ainsi, comme je le mentionnais dans l'introduction de mon intervention, il existe bien dans chaque territoire, et même si ceux-ci présentent des particularités spécifiques, des capacités d'innovation dont il faut tenir compte, et que nous devons savoir mettre en valeur.
Au risque de choquer les mathématiciens cartésiens ou les physiciens quantiques, je dirais qu'au sein des pôles compétitivité, la somme des différences est égale à la multiplication des talents. C'est bien là l'enjeu primordial majeur de ces regroupements : mener des actions collectives profitables à tous. C'est bien là le défi primordial majeur que je vous propose de relever, pour renforcer les liens d'amitié entre nos deux pays.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 décembre 2006
Mesdames Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir d'ouvrir ce colloque international sur les pôles de compétitivité et les pôles d'excellence, instant important et privilégié de ces deux journées de réflexion et d'échange entre nos deux pays.
Ce colloque poursuit un objectif noble, ambitieux, difficile, mais chargé d'espoir pour l'avenir : le renforcement de l'attractivité et de la compétitivité des territoires par l'innovation.
L'une des grandes caractéristiques de l'Algérie et de la France réside dans la diversité de leurs territoires. Cette diversité pourrait être considérée comme un facteur défavorable d'une politique globale en faveur des territoires. En effet, il est plus aisé de définir des axes d'évolution peu sensibles aux particularités locales. Pour ma part, je considère cette diversité comme une richesse. Je suis donc opposé à toute notion d'uniformisation de ces territoires. Au contraire, c'est l'addition de ces particularismes et de ces compétences qui conduisent à créer cette richesse. L'enjeu est donc de la mettre en valeur.
Depuis plus de 20 ans, je suis élu d'un département, frontalier entre la France et l'Italie, bordé au sud par la Méditerranée, au nord et à l'est par les Alpes du Sud, et caractérisé par la présence de grandes zones urbaines qui côtoient, en plaine et en montagne, des zones rurales. J'ai donc la chance de connaître ce condensé de particularismes, qui me permet de ne pas découvrir l'ensemble des problématiques posées.
Des partenariats existent déjà dans le domaine transfrontalier, celui des transports, du développement de l'accès à l'information et au savoir, de la réduction des atteintes à l'environnement, de la valorisation de la protection des patrimoines naturels ou culturels.
Bien sûr, sous ces thématiques aussi diverses, ces partenariats portent leurs fruits. Cependant, j'aimerais aujourd'hui ouvrir de manière plus large notre horizon, notamment sur le bassin méditerranéen, afin d'y inclure une clé importante du développement économique futur de nos territoires : la coopération en matière de recherche et développement.
Comme le disait votre Président de la République, M. Abdelaziz BOUTEFLIKA le 28 octobre dernier, "l'Algérie ne peut envisager son destin et son avenir qu'en évaluant ses potentialités et en dynamisant l'attractivité et la compétitivité de son territoire".
Monsieur le Ministre, tout comme moi, vous êtes soucieux du développement harmonieux des territoires. La réduction de la fracture entre les zones urbaines et les zones rurales est un enjeu pour nos deux pays. Certes, il convient de préserver et de mettre en valeur nos paysages, nos montagnes, nos régions côtières et insulaires. Mais ceci ne peut se réaliser sans un développement économique qui puisse prodiguer un travail pour tous, et apporter les ressources financières nécessaires à ces enjeux.
Ce développement économique passe avant tout par une dynamisation de la recherche et développement. La recherche est un investissement qui ne produira ses effets que dans plusieurs années. Cependant, si cet investissement n'était pas engagé, l'avenir pourrait être compromis. Certains pays comme les États-Unis et le Japon ont bien compris les enjeux liés à la recherche. Ils dépensent chacun davantage en recherche et développement que l'ensemble de l'Union européenne. L'Europe a d'ailleurs décidé de porter les efforts en faveur de la recherche à 3 % du produit intérieur brut des Etats membres.
Pour dynamiser cette recherche, il est important de pouvoir s'appuyer sur l'organisation de celle-ci et notamment sur un décloisonnement des centres de recherche et des universités envers le monde industriel. Le terme générique pour cette organisation de la recherche est celui de Cluster.
Mais ces Clusters ne correspondent pas à ma conception profonde de l'aménagement du territoire. Cluster peut se traduire par le terme "grappe" dans laquelle les activités sont concentrées. Les États-Unis, ont ainsi créé des pôles à l'Est et à l'Ouest du pays, et laissé au centre un désert industriel. Je ne voulais pas voir se reproduire cela en France.
L'originalité de la démarche française est donc d'avoir retenu, parmi les critères de labellisation des pôles, un ancrage territorial fort. Celui-ci permet une mise en valeur et une mise en commun des ressources locales. L'adhésion de toutes ces forces locales de recherche et de production était un gage de réussite. L'expérience nous le démontre chaque jour.
Aujourd'hui, 66 pôles de compétitivité dont 6 mondiaux et 10 à vocation mondiale ont été labellisés et irriguent l'ensemble des territoires français. Nous avons mis en oeuvre un financement à la hauteur des ambitions et des attentes en consacrant 1,5 milliards d'euros sur trois ans. Depuis le début de l'année 165 projets de recherche ont déjà été financés par l'État à hauteur de 540 millions d'euros. Ces projets représentent 4000 chercheurs, 1,8 milliards d'euros d'investissement soit un effet de levier de facteur trois, et permettent la création de 30 000 emplois.
Ces pôles induisent la création de richesses nouvelles à forte valeur ajoutée, la création d'emplois qualifiés, un positionnement sur des marchés mondiaux sur des activités bénéficiant d'un fort potentiel de croissance, des partenariats entre le monde de la recherche et le monde de l'industrie, et la définition d'une stratégie claire de développement économique de recherche.
Ainsi, les pôles français travaillent sur l'aéronautique et le spatial, l'agriculture et l'agroalimentaire, les biotechnologies la santé et la nutrition, les énergies, les transports la logistique et la mobilité, les matériaux la plasturgie et la chimie, la mécanique les microtechniques et les procès industriels, les technologies marines, le textile, les technologies de l'information et de communication, les véhicules et propulsions du futur sans oublier la gestion des risques et la vulnérabilité des territoires.
Monsieur le Ministre, lors de la séance d'auditions des membres du gouvernement par le Président BOUTEFLIKA du 28 octobre dernier, vous avez présenté le cadre de votre démarche de schéma national d'aménagement du territoire 2025, dont les principaux axes reposent sur la durabilité des ressources stratégiques, l'équilibre dynamique des territoires, l'attractivité et la compétitivité du territoire et l'équité sociale territoriale.
Je peux vous dire que je me retrouve dans chacun de ces axes: vous avez prévu d'inscrire votre action en prenant en compte les impératifs du développement durable, notamment sur la gestion de l'eau. Vous avez prévu un juste équilibre entre les territoires, en mettant l'accent sur les Hauts-Plateaux. Vous avez prévu de dynamiser et de mailler chaque territoire et de positionner l'Algérie sur le marché international. Vous avez prévu enfin de donner plus à ceux qui en ont le plus besoin.
C'est une politique ambitieuse et courageuse que vous allez mener, et je lui souhaite un plein succès.
De même, la démarche de programme national de développement industriel visant à assurer un taux de croissance moyen de 5,5 % par an à l'horizon 2017, s'inscrit dans une volonté d'avenir résolue pour une Algérie compétitive.
Les pôles de compétitivité sont l'une des actions concrètes qui peut être engagée pour atteindre ces objectifs. A ce titre, j'aimerais ré-insister sur cette exception française de concilier développement de l'innovation et territorialité.
Nos pôles rassemblent plus de 6 000 entreprises et plus de 1 000 centres de recherche, qui essaiment l'ensemble du territoire. Toutes les régions de France ont au moins un pôle y compris dans des vallées de montagne reculées. J'ajoute que ce n'est pas une politique au bénéfice des seules grandes entreprises puisque des PME assurent le rôle de chef de file de 30 % des projets labellisés.
Pour moi, j'estime que l'ancrage territorial est une clé de la réussite des politiques de pôle en France.
J'en veux pour preuve les récentes déclarations à la presse de la directrice de la recherche d'un très grand groupe américain, classé en 2006 au 22ème rang mondial des budgets de recherche et développement. Que dit-elle : les pôles de compétitivité français sont un succès, et les Etats-Unis seraient bien inspirés de calquer l'aspect de territorialité de ces pôles.
En revanche, je refuse également cette conception d'un autre âge où c'est la pensée unique qui délivre un schéma uniforme à tous. Non, l'aménagement du territoire doit respecter les femmes et les hommes qui les habitent, leur culture, leur tradition. Ce qui est vrai en France n'est pas forcement la solution pour d'autres Etats. L'essentiel est bien l'objectif du développement de l'innovation, pas les modes que chacun peut choisir pour y arriver. Et c'est bien la diversité qui est une richesse, et non pas l'uniformité.
Ainsi, vous avez l'ambition de développer des pôles de compétitivité et d'excellence en Algérie. Votre engagement ne peut être un simple calque des dispositifs existants mais, si vous le souhaitez, je peux vous apporter mon soutien.
Depuis 2003, nous avons engagé des actions de partenariat entre nos deux ministères. Ceci s'est traduit notamment par six missions de la DIACT et des cadres algériens ont été accueillis en France.
Je vous propose que ce partenariat se renforce autour du thème des pôles de compétitivité. Ainsi, je vous suggère un partenariat entre nos deux ministères, prévoyant des mesures précises et concrètes pour assurer le succès de votre démarche pôle.
Dans ce partenariat, la DIACT qui a été largement impliquée dans la mise en oeuvre des pôles de compétitivité français pourrait vous assister sur :
- la réalisation d'un diagnostic ;
- l'identification des créneaux porteurs, à la fois pour l'Algérie et sur la scène internationale ;
- l'élaboration d'un cahier des charges prenant en compte les axes stratégiques que vous voulez développer ;
- la mobilisation des acteurs.
Pour que ce partenariat soit le plus efficace et le plus opérationnel possible, j'estime qu'il est important que celui-ci s'appuie sur un site pilote, que je vous laisse le soin de définir mais qui pourrait être celui des Hauts Plateaux.
L'étape suivante de ce partenariat pourrait être celle d'une coopération entre nos pôles respectifs, afin d'atteindre une masse critique de recherche et développement suffisante pour renforcer leur compétitivité, et favoriser le maintien de nos industries à un niveau mondial.
Une telle démarche serait à même d'identifier des projets industriels communs, de créer des outils communs financiers ou technologiques, et de constituer des plates-formes d'excellence. Ainsi, les résultats de ces recherches transnationales permettraient la réalisation d'économies d'échelle par effet d'intégration ou par effet d'apprentissage, et de mieux contrôler le risque concurrentiel. Les avantages industriels que tous nous pourrions tirer d'un tel rapprochement sont donc importants.
J'y vois cependant un autre avantage. Ce partenariat est à même d'améliorer la dimension interculturelle qui favorise le maintien de relations amicales entre l'Algérie et la France.
À l'aune du triangle de la connaissance caractérisée par la recherche l'enseignement et l'innovation, je propose le triangle de la coopération inter pôles basés sur la recherche l'entreprise et la formation.
En premier lieu, il convient de tenir compte de la demande des entreprises membres des pôles. Seules ces entreprises sont à même d'identifier leurs futurs partenaires permettant l'émergence de projets industriels communs transnationaux. C'est le gage que la demande de coopération répond à un réel besoin, car elle ne se décrète pas par les Etats. C'est également la condition pour éviter que des réseaux de pôles se mettent en place par simple effet d'aubaine, et n'aient donc qu'une très faible chance d'assurer leur pérennité.
En second lieu, il convient de recenser les capacités de recherche, et de mettre en place les outils nécessaires pour favoriser leurs synergies. Cette étape nécessite donc que se développent les échanges entre universités et centres de recherche, et que se créent de véritables passerelles de formation.
En troisième lieu, il convient que nos Etats mettent en oeuvre des processus d'initiation et de gestion des coopérations inter pôles. Je tiens à préciser tout particulièrement que ces processus doivent laisser un espace de liberté le plus large possible aux gouvernances des pôles.
Bien entendu, il conviendra également de veiller à l'ingénierie financière d'accompagnement de ces projets, et de développer les capacités de partenariat public-privé.
D'ores et déjà, des pôles de compétitivité français ont développé des programmes de coopération avec des Clusters d'autres pays européens. Ma volonté est d'amplifier cette dynamique. C'est pourquoi nous avons demandé à nos ambassades, principalement en Europe, d'identifier les domaines de coopérations possibles et de soutenir les projets de partenariat émanant des acteurs. C'est dans cette logique que s'inscrit la délégation conduite par le sénateur maire de Marseille, Jean Claude GAUDIN, présente du 3 au 6 décembre.
Nous avons un défi à relever en matière d'innovation: dynamiser le secteur de la recherche et développement.
En effet, les pôles de compétitivité ou les clusters sont des accélérateurs de la recherche car ils décloisonnent le monde industriel le monde universitaire et celui de la recherche. Ces mondes se parlent et définissent des projets communs utiles et profitables à tous.
Les pôles de compétitivité et les clusters constituent également la base des centres d'excellence définis comme le regroupement de réseaux de ces pôles ou clusters.
Les pôles de compétitivité et les clusters contribuent à mieux associer crédits publics et crédits privés. Ce partenariat prend donc une réalité concrète.
Ainsi, comme je le mentionnais dans l'introduction de mon intervention, il existe bien dans chaque territoire, et même si ceux-ci présentent des particularités spécifiques, des capacités d'innovation dont il faut tenir compte, et que nous devons savoir mettre en valeur.
Au risque de choquer les mathématiciens cartésiens ou les physiciens quantiques, je dirais qu'au sein des pôles compétitivité, la somme des différences est égale à la multiplication des talents. C'est bien là l'enjeu primordial majeur de ces regroupements : mener des actions collectives profitables à tous. C'est bien là le défi primordial majeur que je vous propose de relever, pour renforcer les liens d'amitié entre nos deux pays.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.interieur.gouv.fr, le 12 décembre 2006