Texte intégral
Q- Ce matin, nous recevons M. Alliot-Marie, ministre de la Défense. Bonjour, madame. Merci d'être avec nous ce matin. Vous avez une question à poser aux auditeurs de RMC.
R- Oui, je voulais leur demander si pour eux il était important que les questions de politique internationale et de défense soient présentes dans le débat présidentiel.
Q- Bien. Nous allons y revenir tout à l'heure avec vos questions et vos précisions et vos remarques faites au ministre de la Défense qui est notre invitée ce matin (...) Regardons l'actualité ensemble, M. Alliot-Marie, et je voudrais vous lire simplement ce mail de Laurent qui est l'un de nos auditeurs, de la Loire, " Toute la journée d'hier, j'ai entendu des hommes politiques rendre hommage à l'Abbé Pierre. Je voudrais leur dire taisez-vous, qu'ils soient de droite ou de gauche, qu'ils se taisent eux qui n'ont pas fait le nécessaire pour que des enfants, des femmes et des hommes ne soient plus dans la rue et meurent encore comme le week-end dernier ". Que dites-vous ?
R- Je dis que personne ne doit se taire face à un problème tel que celui du logement. Personne ne doit se taire et personne ne doit s'abstenir de travailler et d'apporter des solutions. Nous parlions de mon ministère ; par exemple, nous participons au plan Grand froid, et tous les ans, je mets à disposition des casernes notamment pour permettre d'héberger des personnes pendant ces temps très difficiles. De la même façon, l'armée va fournir, puisque aujourd'hui le froid revient, environ 5.000 couvertures et équipements pour aider un certain nombre de personnes. Mais il est évident que ce ne sont pas ces aides ponctuelles qui sont suffisantes. Aujourd'hui, nous avons un problème de logement en France qui touche finalement de très nombreuses catégories. Il y a à la fois ceux qui ont dans l'urgence besoin de quelque chose parce qu'ils n'ont rigoureusement rien, et le droit opposable au logement est une réponse et bien entendu il va mettre un certain temps pour se développer, mais c'est une véritable réponse ; de la même façon que les logements d'urgence que dans les municipalités en particulier - moi je le fais aussi à Saint-Jean-de-Luz - nous avons développés sont une façon de répondre immédiatement. Mais il faut bien voir aussi qu'il y a un problème plus général de logement, car vous avez un grand nombre de familles qui ont de plus en plus de mal à se loger compte tenu des loyers très importants, alors même que le logement c'est finalement ce qui rassure le plus les Français. Et c'est la raison pour laquelle bien
entendu tout en continuant à accentuer ce que l'on doit faire pour permettre à chacun d'avoir un logement pour répondre à ce besoin, je pense qu'il est essentiel également de pouvoir développer l'accession sociale à la propriété. Nous sommes le pays européen dans lequel il y a le moins de propriétaires. Or, pour une famille, être sûre que l'on a la propriété de son logement, je crois que c'est ce qui rassure le plus. Alors, bien sûr, ça ne répond pas à tous les cas mais en même temps si vous avez des gens qui deviennent propriétaires de logement, ça permet de libérer également d'autres logements et d'avoir davantage de possibilité de location.
Mais, M. Alliot-Marie, oui, pardonnez-moi, je vous coupe, mais
Q- j'entends fulminer certains auditeurs qui sont en train de dire, " oui mais ça ce sont des discours qu'on entend depuis des années et des années ". Je regarde les photos, ce matin, la photo qui date de 1954, le temps où l'Abbé Pierre a lancé son appel, et la photo récente datant d'il y a quelques semaines, on voit les mêmes tentes, les mêmes tentes. Et j'ai aussi, par exemple, un autre auditeur, Gilles, qui nous dit : " Mais il faut se réveiller, il faut se bouger, on s'apitoie sur le sort de tous les SDF ou travailleurs pauvres mais en revanche, en l'espace d'une année seulement, le nombre des redevables de l'ISF a encore augmenté, +50 % ", par exemple il nous donne l'exemple de la Loire-Atlantique. Et puis, j'ai cet autre auditeur, Tony, qui nous dit, " Je ne comprends pas, N. Sarkozy qui en tant que maire de Neuilly a toujours refusé que l'on construise le moindre logement social sur sa commune contrairement à la loi qui l'y obligeait, quitte à payer des pénalités ". Alors, que répondez-vous à ça ?
R- Alors, je crois qu'à travers ces différentes questions, vous avez évoqué un bon nombre des problèmes et des problématiques relatifs au logement. Il est vrai que, première question, aujourd'hui, de nouveau, nous trouvons des gens qui sont à la rue. Cela avait disparu...
Q- ... quarante ans après, ou cinquante ans après, plus de cinquante ans après.
R- Oui, mais avec des périodes différentes, c'est-à-dire qu'il y a eu des périodes où il y a eu beaucoup de constructions et puis ensuite, et notamment dans les années 80, c'est le moment d'ailleurs où on a parlé de la nouvelle pauvreté, souvenez-vous, ça devait être vers 83-84, on a vu ressurgir cela, y compris avec le problème du logement. Il faut bien voir aussi que très peu a été fait au cours des années 97-2002. Aujourd'hui, nous avons repris depuis cinq ans, notamment avec J.-L. Borloo, dans les gouvernements de J.-P. Raffarin, puis de D. de Villepin, les constructions de logements sociaux. Nous avons doublé les constructions de logements sociaux. Donc, c'est un effort considérable mais vous ne rattrapez pas en l'espace de trois ans ou quatre ans ce qui n'a pas été fait dans les années précédentes. Alors, ça, je crois qu'il faut aussi le dire. Nous avons une population qui a beaucoup augmenté au cours de ces dernières années, et ce que je constate, c'est que notamment dans le gouvernement de monsieur Jospin, entre 97 et 2002, il y a eu très peu de constructions de logements sociaux, contrairement à ses engagements. Nous rattrapons au fur et à mesure mais encore une fois, ça n'est pas en l'espace de trois ans qu'on peut le faire. Deuxièmement, vous évoquiez donc le problème des logements sociaux, mais le problème des logements sociaux, moi je le vois en tant qu'élue locale, c'est qu'il y a également des critères extrêmement stricts, et aujourd'hui, compte tenu de l'envolée d'un certain nombre de prix, vous avez des gens qui travaillent, qui ont des revenus moyens, qui n'ont pas droit aux logements sociaux, et qui se trouvent en grande difficulté pour se loger et pour loger leur famille. Il y a donc là aussi des améliorations à faire, et quand je parle de l'accession sociale à la propriété pour les classes moyennes, eh bien je dis c'est ça aussi une des réponses. Les réponses elles doivent être diverses. Et puis, vous évoquiez également un problème, à l'inverse, qui est celui de l'ISF. C'est vrai aussi que l'augmentation du prix des constructions fait qu'aujourd'hui vous vous trouvez dans un certain nombre de communes avec des gens qui sont propriétaires du logement souvent parce que leur maison était dans leur famille depuis très très longtemps, qui n'ont pas de revenus extrêmement importants et qui brusquement vont se trouver soumis à l'ISF. Souvenez-vous, je crois que c'était il y a deux ans, on en a parlé pour des pêcheurs de l'Ile de Ré, je vois également que chez moi, à Saint-Jean-de-Luz, où effectivement les prix ont considérablement augmenté, et vous vous trouvez avec des personnes qui, sans avoir des revenus extrêmement importants, se trouvent assujetties à l'ISF. Donc, dans tout ceci vous n'avez pas une réponse unique. Je crois que ce qu'il faut c'est apporter à des situations extrêmement différentes des réponses qui soient à chaque fois adaptées. Il est évident que le problème de celui qui se trouve sans logement, et nous avons sans doute, nous qui ce soir rentrerons chez nous, beaucoup de mal à comprendre l'angoisse qui peut résulter de ça, vous avez besoin donc de répondre à ce besoin-là mais vous avez également besoin de donner des solutions à celui qui gagne sa vie mais pas très bien, et qui a de plus en plus de difficultés à ne pas consacrer une part essentielle de son salaire tout simplement au logement de sa famille.
Q- M. Alliot-Marie, on va arrêter de parler du logement social mais, parce qu'on pourrait en parler des heures, évidemment. Simplement, vous allez construire où, vous les construisez où ces logements sociaux ? Dans quelles communes, dans les communes où il y en a déjà beaucoup ?
R- Non, je pense qu'il faut faire très attention et j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de transformations depuis quelque temps. En effet, depuis trois ou quatre ans, finalement, au départ...
Q- ... à Saint-Jean-de-Luz, vous êtes à combien de logements sociaux ?
R- Aujourd'hui, à Saint-Jean-de-Luz, nous avons un peu plus de 1.800 et quelques logements sociaux, nous sommes à 18 et quelques pour cents, donc nous avons là une réponse. Et de la même façon, à cela j'ai ajouté, effectivement, une possibilité d'accession sociale à la propriété sur des terrains que la commune a achetés pour permettre notamment à des jeunes couples de pouvoir faire construire leur maison. Je pense que ça ce sont de véritables réponses qui peuvent être apportées et je pense que c'est aussi très concrètement et très pragmatiquement que nous pouvons apporter des réponses à ça. Vous savez, les gens qui ont des réponses toutes faites, en général on s'aperçoit qu'au bout, il n'y a pas grand chose.
Q- Bien. Vous êtes soutien déclaré de N. Sarkozy, alors je voudrais quelques précisions sur l'idée qu'il a avancée, hier, dans Le Monde, à propos de la santé, il dit " Il faut instaurer une franchise modeste par famille sur les premiers euros de dépenses annuelles en consultations médicales". Ça veut dire quoi ? Qu'on va payer une partie, je ne sais pas, des honoraires du médecin que l'on va aller voir en début d'année ?
R- D'abord, vous le savez, comme il l'a précisé, dans son esprit, ça n'est pas chaque personne mais c'est au niveau des familles.
Q- Des familles, oui.
R- Ce qu'il faut bien dire, et les médecins vous le disent souvent, c'est qu'à partir du moment où par des systèmes d'aides divers vous avez une gratuité totale, très souvent il n'y a aucune retenue. Et à partir de là, on fait venir un médecin - je vous dis ce que me racontent les médecins - parfois plusieurs fois dans la nuit pour des choses qui souvent sont tout à fait anecdotiques. Je pense qu'il est important aussi de rappeler que la médecine, c'est quelque chose dont nous sommes tous responsables et c'est aussi une façon de montrer que c'est quelque chose d'important et qu'on ne peut pas simplement se regarder soi en disant, " ben, puisque c'est gratuit "...
Q- ... mais, M. Alliot-Marie, aux Etats-Unis où l'on a essayé de responsabiliser les patients, cela a entraîné une sous-consommation de soins et de médicaments, ça a enrichi le corps médical, et ça n'a pas été très efficace. Et les plus riches peuvent s'offrir une assurance privée et les plus pauvres sont laissés sur le bord de la route.
R- Non, ne confondez pas et ne rapprochez pas la situation...
Q- ... c'est cette société-là que vous voulez ?
R- Mais non, pas du tout, d'ailleurs vous le savez, je suis dans la tradition du gaullisme social et du renouveau.
Q- Vous ! Est-ce que N. Sarkozy est dans la tradition du gaullisme social, franchement, M. Alliot-Marie ?
R- Ce que je crois c'est que N. Sarkozy, effectivement, prend en compte cette dimension sociale. C'était d'ailleurs une des conditions qui étaient indispensables et dont nous avons parlé, et je vous ferai remarquer que dans le discours qu'il a fait dimanche, il y a huit jours, et qui est en quelque sorte son discours d'ouverture de la campagne présidentielle, il a pris très largement en compte l'ensemble de mes demandes dans ce domaine. Ce que je crois qui est très important, c'est que nous devons avoir une société dans laquelle personne ne se sente abandonné au bord du chemin. Il faut savoir soutenir les gens, leur donner le coup de pouce pour leur permettre de se sortir d'une mauvaise situation.
Q- C'est leur donner un coup de pouce que de les laisser payer une partie de leurs visites chez le médecin, franchement ?
R- Mais attendez ! Vous ne pouvez pas non plus caricaturer tout. Entre dire " il y a une petite contribution annuelle pour une famille et d'autre part dire " on va leur faire payer la visite chez le médecin "...
Q- ... une partie, j'ai dit, une partie.
R- ... oui, une toute petite partie, il l'a dit. D'autre part, je vous rappelle aussi que nous avons fait le choix de donner des mutuelles, c'est-à-dire de financer la possibilité pour ceux qui ont le plus de difficultés, de leur financer donc une mutuelle qui prend en charge un certain nombre de choses. Donc, n'oubliez pas ça. Je crois qu'il ne faut pas caricaturer non plus, nous sommes dans une société qui est une société où on doit donner le coup de pouce nécessaire, où on doit aider ceux qui ont besoin de s'en sortir. Moi, je ne souhaite pas que nous soyons dans une société d'assistanat où on donne systématiquement tout et en disant aux gens, " vous n'êtes pas responsables de quoi que ce soit ". Ceci n'est pas sérieux parce qu'à terme, vous savez très bien, c'est un système qui explose, c'est un système dans lequel plus personne ne trouve les moyens ni de sa propre indépendance, ni d'ailleurs les moyens globaux d'assurer les risques majeurs qui sont ceux de la société.
Bien. M. Alliot-Marie, on va parler de questions internationales et
de défense juste après une petite pause... A tout de suite.
[...]Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 janvier 2007
R- Oui, je voulais leur demander si pour eux il était important que les questions de politique internationale et de défense soient présentes dans le débat présidentiel.
Q- Bien. Nous allons y revenir tout à l'heure avec vos questions et vos précisions et vos remarques faites au ministre de la Défense qui est notre invitée ce matin (...) Regardons l'actualité ensemble, M. Alliot-Marie, et je voudrais vous lire simplement ce mail de Laurent qui est l'un de nos auditeurs, de la Loire, " Toute la journée d'hier, j'ai entendu des hommes politiques rendre hommage à l'Abbé Pierre. Je voudrais leur dire taisez-vous, qu'ils soient de droite ou de gauche, qu'ils se taisent eux qui n'ont pas fait le nécessaire pour que des enfants, des femmes et des hommes ne soient plus dans la rue et meurent encore comme le week-end dernier ". Que dites-vous ?
R- Je dis que personne ne doit se taire face à un problème tel que celui du logement. Personne ne doit se taire et personne ne doit s'abstenir de travailler et d'apporter des solutions. Nous parlions de mon ministère ; par exemple, nous participons au plan Grand froid, et tous les ans, je mets à disposition des casernes notamment pour permettre d'héberger des personnes pendant ces temps très difficiles. De la même façon, l'armée va fournir, puisque aujourd'hui le froid revient, environ 5.000 couvertures et équipements pour aider un certain nombre de personnes. Mais il est évident que ce ne sont pas ces aides ponctuelles qui sont suffisantes. Aujourd'hui, nous avons un problème de logement en France qui touche finalement de très nombreuses catégories. Il y a à la fois ceux qui ont dans l'urgence besoin de quelque chose parce qu'ils n'ont rigoureusement rien, et le droit opposable au logement est une réponse et bien entendu il va mettre un certain temps pour se développer, mais c'est une véritable réponse ; de la même façon que les logements d'urgence que dans les municipalités en particulier - moi je le fais aussi à Saint-Jean-de-Luz - nous avons développés sont une façon de répondre immédiatement. Mais il faut bien voir aussi qu'il y a un problème plus général de logement, car vous avez un grand nombre de familles qui ont de plus en plus de mal à se loger compte tenu des loyers très importants, alors même que le logement c'est finalement ce qui rassure le plus les Français. Et c'est la raison pour laquelle bien
entendu tout en continuant à accentuer ce que l'on doit faire pour permettre à chacun d'avoir un logement pour répondre à ce besoin, je pense qu'il est essentiel également de pouvoir développer l'accession sociale à la propriété. Nous sommes le pays européen dans lequel il y a le moins de propriétaires. Or, pour une famille, être sûre que l'on a la propriété de son logement, je crois que c'est ce qui rassure le plus. Alors, bien sûr, ça ne répond pas à tous les cas mais en même temps si vous avez des gens qui deviennent propriétaires de logement, ça permet de libérer également d'autres logements et d'avoir davantage de possibilité de location.
Mais, M. Alliot-Marie, oui, pardonnez-moi, je vous coupe, mais
Q- j'entends fulminer certains auditeurs qui sont en train de dire, " oui mais ça ce sont des discours qu'on entend depuis des années et des années ". Je regarde les photos, ce matin, la photo qui date de 1954, le temps où l'Abbé Pierre a lancé son appel, et la photo récente datant d'il y a quelques semaines, on voit les mêmes tentes, les mêmes tentes. Et j'ai aussi, par exemple, un autre auditeur, Gilles, qui nous dit : " Mais il faut se réveiller, il faut se bouger, on s'apitoie sur le sort de tous les SDF ou travailleurs pauvres mais en revanche, en l'espace d'une année seulement, le nombre des redevables de l'ISF a encore augmenté, +50 % ", par exemple il nous donne l'exemple de la Loire-Atlantique. Et puis, j'ai cet autre auditeur, Tony, qui nous dit, " Je ne comprends pas, N. Sarkozy qui en tant que maire de Neuilly a toujours refusé que l'on construise le moindre logement social sur sa commune contrairement à la loi qui l'y obligeait, quitte à payer des pénalités ". Alors, que répondez-vous à ça ?
R- Alors, je crois qu'à travers ces différentes questions, vous avez évoqué un bon nombre des problèmes et des problématiques relatifs au logement. Il est vrai que, première question, aujourd'hui, de nouveau, nous trouvons des gens qui sont à la rue. Cela avait disparu...
Q- ... quarante ans après, ou cinquante ans après, plus de cinquante ans après.
R- Oui, mais avec des périodes différentes, c'est-à-dire qu'il y a eu des périodes où il y a eu beaucoup de constructions et puis ensuite, et notamment dans les années 80, c'est le moment d'ailleurs où on a parlé de la nouvelle pauvreté, souvenez-vous, ça devait être vers 83-84, on a vu ressurgir cela, y compris avec le problème du logement. Il faut bien voir aussi que très peu a été fait au cours des années 97-2002. Aujourd'hui, nous avons repris depuis cinq ans, notamment avec J.-L. Borloo, dans les gouvernements de J.-P. Raffarin, puis de D. de Villepin, les constructions de logements sociaux. Nous avons doublé les constructions de logements sociaux. Donc, c'est un effort considérable mais vous ne rattrapez pas en l'espace de trois ans ou quatre ans ce qui n'a pas été fait dans les années précédentes. Alors, ça, je crois qu'il faut aussi le dire. Nous avons une population qui a beaucoup augmenté au cours de ces dernières années, et ce que je constate, c'est que notamment dans le gouvernement de monsieur Jospin, entre 97 et 2002, il y a eu très peu de constructions de logements sociaux, contrairement à ses engagements. Nous rattrapons au fur et à mesure mais encore une fois, ça n'est pas en l'espace de trois ans qu'on peut le faire. Deuxièmement, vous évoquiez donc le problème des logements sociaux, mais le problème des logements sociaux, moi je le vois en tant qu'élue locale, c'est qu'il y a également des critères extrêmement stricts, et aujourd'hui, compte tenu de l'envolée d'un certain nombre de prix, vous avez des gens qui travaillent, qui ont des revenus moyens, qui n'ont pas droit aux logements sociaux, et qui se trouvent en grande difficulté pour se loger et pour loger leur famille. Il y a donc là aussi des améliorations à faire, et quand je parle de l'accession sociale à la propriété pour les classes moyennes, eh bien je dis c'est ça aussi une des réponses. Les réponses elles doivent être diverses. Et puis, vous évoquiez également un problème, à l'inverse, qui est celui de l'ISF. C'est vrai aussi que l'augmentation du prix des constructions fait qu'aujourd'hui vous vous trouvez dans un certain nombre de communes avec des gens qui sont propriétaires du logement souvent parce que leur maison était dans leur famille depuis très très longtemps, qui n'ont pas de revenus extrêmement importants et qui brusquement vont se trouver soumis à l'ISF. Souvenez-vous, je crois que c'était il y a deux ans, on en a parlé pour des pêcheurs de l'Ile de Ré, je vois également que chez moi, à Saint-Jean-de-Luz, où effectivement les prix ont considérablement augmenté, et vous vous trouvez avec des personnes qui, sans avoir des revenus extrêmement importants, se trouvent assujetties à l'ISF. Donc, dans tout ceci vous n'avez pas une réponse unique. Je crois que ce qu'il faut c'est apporter à des situations extrêmement différentes des réponses qui soient à chaque fois adaptées. Il est évident que le problème de celui qui se trouve sans logement, et nous avons sans doute, nous qui ce soir rentrerons chez nous, beaucoup de mal à comprendre l'angoisse qui peut résulter de ça, vous avez besoin donc de répondre à ce besoin-là mais vous avez également besoin de donner des solutions à celui qui gagne sa vie mais pas très bien, et qui a de plus en plus de difficultés à ne pas consacrer une part essentielle de son salaire tout simplement au logement de sa famille.
Q- M. Alliot-Marie, on va arrêter de parler du logement social mais, parce qu'on pourrait en parler des heures, évidemment. Simplement, vous allez construire où, vous les construisez où ces logements sociaux ? Dans quelles communes, dans les communes où il y en a déjà beaucoup ?
R- Non, je pense qu'il faut faire très attention et j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de transformations depuis quelque temps. En effet, depuis trois ou quatre ans, finalement, au départ...
Q- ... à Saint-Jean-de-Luz, vous êtes à combien de logements sociaux ?
R- Aujourd'hui, à Saint-Jean-de-Luz, nous avons un peu plus de 1.800 et quelques logements sociaux, nous sommes à 18 et quelques pour cents, donc nous avons là une réponse. Et de la même façon, à cela j'ai ajouté, effectivement, une possibilité d'accession sociale à la propriété sur des terrains que la commune a achetés pour permettre notamment à des jeunes couples de pouvoir faire construire leur maison. Je pense que ça ce sont de véritables réponses qui peuvent être apportées et je pense que c'est aussi très concrètement et très pragmatiquement que nous pouvons apporter des réponses à ça. Vous savez, les gens qui ont des réponses toutes faites, en général on s'aperçoit qu'au bout, il n'y a pas grand chose.
Q- Bien. Vous êtes soutien déclaré de N. Sarkozy, alors je voudrais quelques précisions sur l'idée qu'il a avancée, hier, dans Le Monde, à propos de la santé, il dit " Il faut instaurer une franchise modeste par famille sur les premiers euros de dépenses annuelles en consultations médicales". Ça veut dire quoi ? Qu'on va payer une partie, je ne sais pas, des honoraires du médecin que l'on va aller voir en début d'année ?
R- D'abord, vous le savez, comme il l'a précisé, dans son esprit, ça n'est pas chaque personne mais c'est au niveau des familles.
Q- Des familles, oui.
R- Ce qu'il faut bien dire, et les médecins vous le disent souvent, c'est qu'à partir du moment où par des systèmes d'aides divers vous avez une gratuité totale, très souvent il n'y a aucune retenue. Et à partir de là, on fait venir un médecin - je vous dis ce que me racontent les médecins - parfois plusieurs fois dans la nuit pour des choses qui souvent sont tout à fait anecdotiques. Je pense qu'il est important aussi de rappeler que la médecine, c'est quelque chose dont nous sommes tous responsables et c'est aussi une façon de montrer que c'est quelque chose d'important et qu'on ne peut pas simplement se regarder soi en disant, " ben, puisque c'est gratuit "...
Q- ... mais, M. Alliot-Marie, aux Etats-Unis où l'on a essayé de responsabiliser les patients, cela a entraîné une sous-consommation de soins et de médicaments, ça a enrichi le corps médical, et ça n'a pas été très efficace. Et les plus riches peuvent s'offrir une assurance privée et les plus pauvres sont laissés sur le bord de la route.
R- Non, ne confondez pas et ne rapprochez pas la situation...
Q- ... c'est cette société-là que vous voulez ?
R- Mais non, pas du tout, d'ailleurs vous le savez, je suis dans la tradition du gaullisme social et du renouveau.
Q- Vous ! Est-ce que N. Sarkozy est dans la tradition du gaullisme social, franchement, M. Alliot-Marie ?
R- Ce que je crois c'est que N. Sarkozy, effectivement, prend en compte cette dimension sociale. C'était d'ailleurs une des conditions qui étaient indispensables et dont nous avons parlé, et je vous ferai remarquer que dans le discours qu'il a fait dimanche, il y a huit jours, et qui est en quelque sorte son discours d'ouverture de la campagne présidentielle, il a pris très largement en compte l'ensemble de mes demandes dans ce domaine. Ce que je crois qui est très important, c'est que nous devons avoir une société dans laquelle personne ne se sente abandonné au bord du chemin. Il faut savoir soutenir les gens, leur donner le coup de pouce pour leur permettre de se sortir d'une mauvaise situation.
Q- C'est leur donner un coup de pouce que de les laisser payer une partie de leurs visites chez le médecin, franchement ?
R- Mais attendez ! Vous ne pouvez pas non plus caricaturer tout. Entre dire " il y a une petite contribution annuelle pour une famille et d'autre part dire " on va leur faire payer la visite chez le médecin "...
Q- ... une partie, j'ai dit, une partie.
R- ... oui, une toute petite partie, il l'a dit. D'autre part, je vous rappelle aussi que nous avons fait le choix de donner des mutuelles, c'est-à-dire de financer la possibilité pour ceux qui ont le plus de difficultés, de leur financer donc une mutuelle qui prend en charge un certain nombre de choses. Donc, n'oubliez pas ça. Je crois qu'il ne faut pas caricaturer non plus, nous sommes dans une société qui est une société où on doit donner le coup de pouce nécessaire, où on doit aider ceux qui ont besoin de s'en sortir. Moi, je ne souhaite pas que nous soyons dans une société d'assistanat où on donne systématiquement tout et en disant aux gens, " vous n'êtes pas responsables de quoi que ce soit ". Ceci n'est pas sérieux parce qu'à terme, vous savez très bien, c'est un système qui explose, c'est un système dans lequel plus personne ne trouve les moyens ni de sa propre indépendance, ni d'ailleurs les moyens globaux d'assurer les risques majeurs qui sont ceux de la société.
Bien. M. Alliot-Marie, on va parler de questions internationales et
de défense juste après une petite pause... A tout de suite.
[...]Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 janvier 2007