Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, sur le bilan de l'action gouvernementale et les projets pour les 2 ans qui viennent concernant l'amélioration de la vie quotidienne des Français, Paris le 14 mars 1996.

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Circonstance : Séminaire gouvernemental sur le bilan et les projets pour les 2 ans à venir de l'action gouvernementale, Paris le 14 mars 1996

Texte intégral

I) En moins d'un an, le Gouvernement, sous l'impulsion du Président de la République et avec le plein soutien de sa majorité parlementaire, a beaucoup entrepris et -déjà- beaucoup réalisé.
1) Nous avons d'abord remis en ordre les finances de la France
- A la mi-95, la situation de nos finances publiques était préoccupante. Le déficit du budget de l'État, notamment, dérapait de plusieurs dizaines de milliards de francs.
- Pour arrêter cette dérive, nous avons dû :
a) réduire les dépenses initialement prévues,
b) augmenter certains impôts.
Ces décisions étaient à la fois nécessaires et impopulaires. Nous n'avons pas hésité à les prendre.
- Nous avons atteint nos objectifs et au total, l'économie française a tiré un gain net important de cette remise en ordre : les Français peuvent bénéficier d'un coût de l'argent moins cher pour l'investissement et la consommation.
2) Nous avons immédiatement engagé l'effort de solidarité promis par le Président de la République pour réduire la fracture sociale
Trois exemples le montrent clairement :
a) - le contrat-initiative-emploi :
pour lutter contre le chômage de longue durée. 45 % des bénéficiaires étaient au chômage depuis 2 ans.
b) - le logement social
o logements d'urgence
o Prêt à taux zéro
o Construction et réhabilitation de dizaines de milliers de logements sociaux supplémentaires grâce à la baisse des coûts des prêts attribués aux organismes HLM
c) - les quartiers difficiles
3) Nous avons lancé une action d'envergure pour soutenir nos PME-PMI et l'ensemble de nos entreprises artisanales et commerciales parce que ce sont celles qui créent l'activité et l'emploi.
4) Nous avons enfin entrepris des réformes structurelles majeures hélas ! différées depuis des années.
a) - La réforme de la sécurité sociale dont tous les éléments seront en place avant l'été. Cette réforme a pour but de garantir à chaque Français une protection sociale pour l'avenir en créant et en redonnant au système des bases saines et équitables pour l'avenir.
b) - La réforme de la défense nationale dont l'application s'étalera sur les six ans qui viennent
La politique ainsi engagée commence à donner des résultats positifs : dans un contexte économique fondamentalement sain (inflation maîtrisée ; franc stable ; compétitivité internationale en progrès assurant des excédents commerciaux remarquables), les conditions d'une reprise de l'activité sont revenues.
o Taux d'intérêt bas
o rebond de la consommation en janvier/février
o Projets d'investissement nombreux dans les entreprises qui ont fortement réduit leurs stocks en fin d'année dernière
o Retour d'anticipations plus favorables
o retour à une économie plus créatrice d'emplois
II) Dans les deux ans qui viennent, l'action gouvernementale se déploiera selon quatre axes principaux :
1) Assurer le suivi et l'application effective des mesures déjà prises : Il ne suffit pas d'annoncer. Il faut réaliser. Le gouvernement y veillera avec ténacité. Il ira jusqu'au bout des réformes engagées et cardera le cap.
2) Préparer la France aux défis de la fin du siècle et notamment aux grands rendez-vous européens.
3) Mais surtout créer les conditions qui favorisent l'initiative notamment parmi ceux gui par leur travail crée la richesse nationale : la réforme fiscale.
4) Lancer de nouvelles actions pour adapter la société française aux temps nouveaux.
a) - Amplifier l'effort de solidarité :
- la loi contre l'exclusion
- la prestation autonomie
- la politique familiale à l'occasion de la conférence prévue pour mai 1996.
b) - Forger de nouvelles armes dans la bataille pour l'emploi.
o Temps de travail et insertion des jeunes
c) - Entreprendre deux nouvelles réformes structurelles
o La réforme de l'Éducation nationale,
o La réforme de l'État : c'est-à-dire moins d'État à Paris, mieux d'État sur le terrain. Une administration au service des usagers.
Conclusion : Quelle perspective offrons-nous au bout du chemin ? Les hommes politiques doivent préparer le pays aux défis du présent et de l'avenir.
Cela nécessite certes du courage et de la volonté. Vous n'en manquez pas et vous le démontrez chaque jour dans la mise en place des réformes que vous avez engagées. En même temps, les responsables d'un pays doivent se préoccuper de ce que leurs actions apportent concrètement à la vie quotidienne des Français. Cela peut apparaître simple, mais c'est très ambitieux.
Voilà le fil conducteur de l'action gouvernementale, le but de toutes les initiatives ou décisions que nous avons à prendre apporter du bien-être, du mieux-être à nos concitoyens.
Concrètement, ce mieux être c'est :
o un emploi pour tous et d'abord pour tous les jeunes,
o plus de pouvoir d'achat en progrès (maîtrise de l'inflation et diminution de la pression fiscale),
o une plus grande harmonie de vie quotidienne,
o un logement, dans le cadre d'un habitat et, d'une manière plus globale, d'un aménagement du territoire équilibré,
o une famille épanouie,
o la sécurité, la tranquillité,
o des relations simplifiées avec l'Administration et les administrations,
o un milieu naturel protégé.
Dans tous les domaines que j'ai évoqués, nous devons aller de l'avant pour le " mieux-être des Français ".