Réponses de Mme Ségolène Royal, députée PS et candidate à l'élection présidentielle de 2007, aux questions de la FIDL (Féderation Indépendante et Démocratique Lycéenne) le 6 avril 2007, sur les expulsions de lycéens sans papier, le racisme et la discrimination, la violence scolaire, la légalisation du cannabis ainsi que sur l'aide au premier emploi.

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Texte intégral

1- Quelle est la position de votre parti face à la situation des lycéens sans papier et à leur expulsion ?
R - Sur ce sujet, j'ai clairement dénoncé la politique menée par le ministre de l'Intérieur et me suis engagée, comme l'ensemble des présidents de région socialistes, à parrainer ceux qui risquaient d'être expulsés. Plus généralement, je souhaite, si la gauche remporte ces élections, que nous menions une politique de régularisation juste et sur critères, qui seront la durée de présence sur le territoire français, la scolarisation des enfants et la possession ou la promesse d'un contrat de travail. Il faut également rétablir la règle des dix ans de séjour sur le territoire français comme critère de régularisation.
2- Quelle est la position de votre parti concernant les droits des homosexuels ? (notamment concernant le mariage et l'adoption)
R - Comme le Parti socialiste l'a fait, je me suis prononcée en faveur de l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe ainsi que pour l'amélioration du
R - PACS et, plus généralement, l'aménagement des conditions d'exercice de la parentalité. Ce qui importe, en matière d'adoption, c'est que l'intérêt de l'enfant soit préservé par la qualité du projet familial et les homosexuels doivent, comme les hétérosexuels, avoir la possibilité de faire valoir la qualité de leur projet familial dans le cadre de la procédure d'adoption. Ma position fait l'objet de la proposition 87 « Garantir l'égalité des droits pour les couples de même sexe » du Pacte présidentiel que j'ai présenté aux Français.
3- Qu'envisagez-vous pour combattre le racisme et les discriminations ?
R - Ce sujet est essentiel et j'en ferai un véritable enjeu éducatif. Ainsi, il conviendra tout d'abord d'engager un effort massif en faveur de la prévention en milieu scolaire. C'est dès le plus jeune âge, en effet, qu'il faut lutter contre les stéréotypes et les préjugés. Le rôle de l'école est primordial. Je propose également dans mon Pacte présidentiel de renforcer les moyens de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité.
4- Prévoyez-vous des mesures pour lutter contre la violence scolaire ?
R - La lutte contre les violences scolaires fera partie de mes priorités si je suis élue. Je compte pour cela intégrer au cursus scolaire un programme d'éducation au respect de l'autre afin de rétablir la civilité et d'apprendre aux enfants une gestion des conflits par la parole et non par la violence. Le renforcement de la présence des adultes dans les établissements en sera un second axe. Le Pacte présidentiel indique également clairement que je souhaite, dans le cadre d'une politique renouvelée en direction de l'éducation prioritaire, doter de moyens supplémentaires les établissements qui rencontrent le plus de difficultés.
Plus généralement, les moyens nouveaux que je compte donner aux établissements scolaires (présence renforcée d'adultes, systématisation du soutien scolaire) contribueront à rendre les chances plus égales et à favoriser des conditions de réussite et d'épanouissement susceptibles de diminuer le climat de violence.
5- Etes-vous pour la légalisation du cannabis ?
R - Il convient de poser cette question dans le cadre plus global de la politique que j'entends mener en matière de lutte contre les toxicomanies. Si je ne suis pas favorable à la dépénalisation de la consommation de drogues, je crois qu'il faut sortir de l'hypocrisie et ne pas craindre d'affronter les problèmes tels qu'ils sont. Ainsi, l'alcoolisme chez les jeunes est souvent aussi grave que la consommation de drogues dites douces. La question est donc globale et appelle une réponse de même nature.
Personne ne doute de la nécessité des interdictions et des contrôles, mais les renforcer et, surtout, alourdir les peines ne permettra pas de diminuer l'accessibilité et la consommation du cannabis. Il nous faut donc une action publique de prévention et de soutien plus efficace et je m'engage à ouvrir en ce sens un grand débat public et transparent avec tous les acteurs concernés : associations, magistrats, parents, usagers, policiers et médecins.
6- Votre parti est-il favorable ou défavorable à une augmentation des moyens alloués aux ZEP ?
R - Je me suis engagée, dans la proposition 25 du Pacte présidentiel, à limiter à 17 le nombre d'élèves par classe en CP et en CE1 et à fixer la dotation aux établissements par élève en difficulté à 25% de plus que la dotation ordinaire.
7- En matière d'emploi, prévoyez-vous des mesures pour que les jeunes ne soient pas toujours les premières victimes de la précarité ?
R - Afin de sécuriser l'entrée des jeunes dans la vie active, je souhaite instituer le droit au premier emploi des jeunes, afin qu'aucun ne reste au chômage au-delà d'une durée de 6 mois sans avoir accès à une formation, un emploi aidé ou un tutorat rémunéré. Par ailleurs, 500 000 emplois tremplins seront créés.
Je propose également que soit accordé à chaque jeune un prêt à taux zéro d'un montant de 10 000 euros pour l'aider à construire son premier projet de vie.
8- Enfin, pourriez-vous nous donner une seule bonne raison de voter pour vous ?
R - Les électeurs sont, à mon sens, devant un véritable choix de société. En ce qui me concerne, avec le Pacte que je propose aux Français après les avoir longuement et attentivement écoutés, c'est une société plus juste que je défends.
Je veux, à travers mes engagements pour l'emploi, l'école, le logement, la santé, la lutte contre les insécurités, etc. donner une traduction concrète aux idéaux de justice et d'égalité qui sont au coeur de mon engagement socialiste.
Une société où chacun a sa place, quels que soient ses origines, son sexe, son orientation sexuelle, son âge ou son handicap, et dont la devise inscrite au fronton de ses mairies correspond à la réalité vécue, est une société solidaire et fortement cimentée. Les libertés individuelles accrues, les nouveaux droits posés, les devoirs clairement définis, les sécurités collectives assurées construiront une communauté dans laquelle le respect de chacun pacifiera les relations et la confiance suscitera mouvement et projection vers l'avenir, celui où vous avez toute votre place.
source http://www.desirsdavenir.org, le 10 avril 2007