Texte intégral
Chers amis, bonsoir !
Merci à vous tous !
Si nombreux, si chaleureux, si mobilisés !
Merci à tous ceux qui sont ici présents, venus de tous les outre-mers.
D'abord, je voudrais saluer tous les artistes et tous ceux qui se sont exprimés avant moi.
Victorin Lurel, Christiane Taubira, Stéphane Pocrain, George Pau-Langevin qui s'exprimera tout à l'heure, Patrick Bloche, Harlem Désir, je vois aussi Roger Madec, José Pentroscope, et puis les auteurs des messages que nous entendrons tout à l'heure : Marie-Claude Tjibaou, Oscar Temaru et Aimé Césaire. Je pense que nous pouvons les applaudir.
Je suis très heureuse de vous voir si nombreux, si chaleureux, si mobilisés, venus de tous les outre-mers ou amis de tous les outre-mers.
Y'a-t-il dans la salle des Martiniquais ? (la salle : oui !)
Des Guadeloupéens ? (oui !)
Des Guyannais ? (oui !)
Des Réunionnais ? (oui !)
Ceux qui sont venus de Mayotte ? (oui !)
De Nouvelle Calédonie ? (oui !)
De Polynésie ? (oui !)
De Wallis et Futuna (oui !)
Et peut être même de St Pierre et Miquelon ?
Alors, vous avez une responsabilité toute particulière, parce que à travers vous, je m'adresse bien évidemment à des centaines de milliers de nos concitoyens, à des millions de compatriotes dans les outre-mers auxquels j'adresse, à travers internet, un salut fraternel : disons leur bonjour !
Ils ont en effet, nos frères et soeurs de là-bas, une responsabilité particulière, savez-vous pourquoi ? Eh oui, ils vont voter ! Avant l'Hexagone. En Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à St Pierre et Miquelon et en Polynésie. Et savez-vous quel jour ils vont voter ? Le 21 avril ! Alors, c'est vrai qu'ils ont une responsabilité particulière.
Mis surtout, ici, je voudrais remercier toutes celles et tous ceux qui m'apportent leur témoignage, qui m'expriment leur soutien.
Je voudrais vous dire aussi que ce moment est pour moi un moment d'émotion puisque je suis allée, il y a peu de temps, à la Réunion, en Martinique et en Guadeloupe. Dans les autres outre-mers, je m'y rendrai...après les élections !
Aux Antilles, je me sens chez moi, vous le savez, puisque j'y ai passé trois années de mon enfance et que ces trois années d'enfance, entre l'âge de six et dix ans, elles sont inoubliables. Elles sont là, dans mon coeur, avec le soleil, avec les odeurs, avec les couleurs, avec les merveilles de l'île de la Martinique, que j'ai retrouvée récemment. Et puis avec le soutien d'Aimé Césaire qui a accepté d'être le président d'honneur de mon comité de soutien.
On m'avait préparé un beau discours, sur les problèmes des outre-mers, mais j'en ai parlé lorsque j'étais sur place. Ici, aujourd'hui, je voudrais vous parler tout simplement, et c'est normal, de la France, et pas seulement de certains départements et territoires. Je voudrais vous dire que nous sommes là dans la dernière ligne droite, d'un enjeu majeur, pour la France, d'un choix tout à fait essentiel, d'un combat crucial, d'un combat qui va permettre aux Français de faire le choix de leur avenir. Oh, pas seulement pour cinq ans, mais sans doute au-delà, compte tenu de la profondeur des crises que nous laisse la droite, des crises morales, sociales, économiques, écologiques, des enjeux à l'échelle internationale, de l'Europe qu'il y a à reconstruire, de la mondialisation que nous devons maîtriser. Eh bien oui, tous ces enjeux vont être tranchés lors du choix qui sera fait pour l'élection présidentielle.
C'est pour cela que je me bats avec vous.
Je me bats avec vous pour relever la France.
Je me bats avec vous pour la victoire !
Je me bats pour la victoire parce que je pense que la France mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a, pas vous ? (la salle : oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je veux que la loi du plus juste remplace la loi du plus fort, pas vous ? (oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je veux que les valeurs humaines reviennent au coeur de toutes les décisions politiques à la place des valeurs boursières, pas vous ? (oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je pense que la France a besoin d'être réformée sans être brutalisée, pas vous ? (oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je crois qu'en voilà assez de cinq années de libéralisme, qui ont vu monter les insécurités, les précarités, les injustices de tous ordres et toutes les formes de violences et de discriminations.
C'est à cela qu'il faut mettre fin.
C'est à ce déclin qu'il faut mettre fin.
C'est cela qu'il faut stopper.
C'est le sentiment aussi, vécu, par des millions de nos compatriotes, qui pensent que la politique ne sert plus à rien. Qui croient qu'ils ne comptent plus pour rien. Moi, je dis à tous ceux-là, qu'il faut qu'ils reprennent confiance dans la politique, parce que la politique telle que je la conçois ne sera plus jamais comme avant. Plus jamais elle ne se fera sans les Français !
A l'image de la campagne participative que j'ai conduite avec vous, demain la France se relèvera avec vous, parce que j'ai confiance en vous. Je sais que c'est ce que vous voulez. Moi, je crois à l'intelligence collective des Français. Je veux qu'à chaque endroit où ils sont, où ils vivent, où ils travaillent, où ils recherchent du travail, où ils se forment, où ils s'éduquent, qu'à chaque endroit où ils se trouvent, ils aient la possibilité de maîtriser leur vie, de choisir leur destin, de peser sur le cours des choses, de transmettre à leurs enfants les valeurs auxquelles ils tiennent, pour qu'à leur tour ces enfants puissent transmettre à la génération qui suit les valeurs auxquelles nous tenons, les valeurs de solidarité, les valeurs de respect des autres, les valeurs de progrès social, les valeurs de recul de toutes les formes de brutalité, bref, les valeurs de gauche, profondément de gauche mais également bien au-delà, les valeurs bien au-delà de la gauche.
Je veux rassembler toute la gauche au premier tour de l'élection présidentielle, toute la gauche !
Parce que c'est si je rassemble toute la gauche que les français auront droit à un vrai choix pour le second tour. Je me bats pour être qualifiée pour le second tour.
Je me bats pour arriver en finale !
Alors, j'entends bien, les conseils qui me sont prodigués ici ou là, je les entends, je les écoute, je les respecte, mais ce qui me semble important aujourd'hui avec vous et dans toutes ces salles où je vais, si nombreuses, avec tous ces citoyens, ces citoyennes, si fortement rassemblés qui attendent qu'un espoir se lève, c'est ma responsabilité de rassembler un plus grand nombre possible de Français et de Françaises dès le premier tour. Parce que c'est du score du premier tour que dépendra la dynamique de victoire pour le second tour. Voilà la vérité.
Et puis je crois, après les avoir écoutés, que les Français ont soif de changement. Ils ont envie de quelque chose d'autre. Ils voient bien que les solutions mises en place depuis cinq ans ne marchent pas et même, au contraire, qu'elles dégradent, qu'elles cassent quelque chose, qu'elles créent du désespoir.
Alors il faut essayer autre chose.
Il faut de nouvelles règles du jeu.
Il faut à la fois s'appuyer sur des valeurs fondamentales mais en même temps, poser un regard neuf sur le monde tel qu'il est aujourd'hui pour avoir la volonté de régler avec efficacité et rapidité les problèmes urgents qui se posent actuellement à la France tout en préparant et en relevant les défis du futur.
Les valeurs fondamentales, ce sont d'abord des familles qui fonctionnent bien et qui soient aidées au bon moment quand elles ont des difficultés à élever leurs enfants. Il faut qu'elles puissent accéder à des logements sécurisés et qu'elles puissent être épaulées, par de la médiation familiale par exemple, lorsqu'elles sont débordées par les problèmes adolescents. Oui, je veux que les familles aient les moyens de bien éduquer leurs enfants.
Ensuite, il y a l'école et vous le savez, au coeur du pacte présidentiel, au coeur de la France Présidente que je vous demande de construire avec moi, il y a l'éducation, encore l'éducation, toujours l'éducation, au coeur de tout et en avant de tout.
Et puis l'investissement dans la matière grise, dans la formation professionnelle car c'est comme cela que nous relancerons la machine économique, bien évidemment. C'est en unissant nos efforts à l'échelle de l'Europe, mais c'est aussi en France, en remettant à niveau l'investissement dans la formation professionnelle, dans l'innovation et dans la recherche que nous défendrons les emplois d'aujourd'hui et que nous créerons les emplois de demain. Voilà le défi que je veux relever avec vous.
La France en est capable, elle a beaucoup de talents, de talents qui aujourd'hui sont parfois trop douloureusement gaspillés, gaspillés par le chômage des jeunes, et ce sera le combat principal, cette lutte contre le chômage des jeunes.
Le chômage et la précarité des bas salaires : ce sera un combat central que celui du relèvement des bas salaires, que la lutte contre le chômage des femmes, que la lutte contre le chômage des salariés de plus de cinquante ans parce que c'est quand nous ferons la société du plein emploi, c'est-à-dire du travail pour tous que nous réglerons aussi le problème des déficits des comptes sociaux et de la dette.
Quand j'entends certains citoyens dire : « mais vous parlez beaucoup des jeunes, et les anciens alors ? », je vous le dis : tout se tient. C'est parce qu'il y aura la victoire de la lutte contre le chômage que nous pourrons continuer à améliorer la situation des anciens, que nous pourrons augmenter le niveau des petites retraites, que nous pourrons garantir à tous l'accès à la santé et pas, comme le dit le candidat de l'UMP, en créant des franchises. Oui, c'est très grave pour les personnes âgées ce qu'il dit, parce qu'il a un projet de déremboursement de franchises médicales sur l'ensemble des soins médicaux. Je ne veux pas de cette santé à plusieurs vitesses !
Avec moi, la France Présidente va garantir la présence des services publics sur tous les territoires, urbains et ruraux.
Avec moi, la France Présidente va garantir l'égalité d'accès à la santé pour tous et en particulier pour les plus fragiles, pour les personnes en situation de handicap et pour les anciens qui aujourd'hui ont peur. Ils ont peur lorsqu'ils voient les enfants et les petits enfants au chômage, ils se demandent de quoi demain sera fait.
C'est pourquoi, la France que je vous propose, c'est une France des solidarités entre les générations. Où l'on cesse, comme aujourd'hui, de dresser les Français les uns contre les autres, de dresser les anciens contre les jeunes, de dresser les fonctionnaires contre ceux qui ne le sont pas, de dresser tel système de retraites contre tel autre, de dresser ceux qui auront droit aux heures supplémentaires contre ceux qui n'auront pas droit, de dresser ceux qui pourront se payer des retraites par capitalisation contre ceux qui ne le pourront pas. Voilà la France que nous ne voulons plus !
Moi, je vous propose une France harmonieuse où l'Etat assume ses responsabilités, où l'on met fin aux insupportables provocations des rémunérations incroyables des hauts dirigeants des entreprises qui, en plus, mettent les salariés sur le carreau.
Oui, il y a du travail à faire.
Mais ce travail ne nous fait pas peur.
Parce que nous sommes fermement appuyés sur les valeurs auxquelles les Français dans leur grande majorité croient, c'est ce que j'ai vu dans les débats participatifs. Et puis, ils attendent de nouvelles règles du jeu, c'est ce que je vous ai envoyé dans la profession de foi que vous recevrez dans quelques jours, si ça n'est déjà fait. Vous y verrez aussi les mesures immédiates qui seront prises dès le résultat de l'élection présidentielle car il y a des urgences à régler. L'urgence scolaire : pour la prochaine rentrée scolaire, je rétablirai, dès cet été, les emplois qui viennent d'être supprimés par la droite.
Oui, nous voilà donc, engagés dans la dernière ligne droite d'un rude et beau combat, projet contre projet.
Un combat pour la France et pour l'avenir de ses territoires.
Ce choix oppose deux conceptions, deux conceptions des solidarités, deux conceptions de l'exercice du pouvoir.
Avec la France Présidente, je veux bâtir une République fière de sa diversité, une République respectueuse des identités de ses territoires, une République de la reconnaissance due à chacun, une République du progrès pour tous et de l'égalité réelle.
Je veux mener une lutte sans merci contre les discriminations qui frappent les originaires d'outre-mer vivant dans l'Hexagone.
Je sais, pour nos compatriotes d'outre-mer vivant dans l'hexagone - je le sais, je les connais, je les vois - les discriminations dont ils souffrent.
Que de colères rentrées, de souffrances, d'humiliations dans son propre pays ! Quel manquement au devoir élémentaire d'égalité, que de rancoeurs compréhensibles accumulées parce qu'on ne trouve pas un stage, parce qu'on est refusé sans raison pour un poste, même si l'on est diplômé, parce que trouver un logement, c'est encore plus difficile que pour les autres, surtout si l'on est jeune.
Et c'est comme cela que, Français à part entière, on se retrouve Français entièrement à part.
Et bien, c'est à cela, que je mettrai fin dans la France Présidente !
Je renforcerai les moyens d'intervention de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations.
Je veux que les comportements discriminatoires soient sanctionnés sans faille et qu'en parallèle, les comportements exemplaires soient mis en valeur. Je veux que les entreprises comprennent que ces jeunes auxquels elles ferment la porte sont une chance gâchée.
Je veux que celles qui seront sanctionnées sachent ce qu'il en coûte de discriminer et soient, par exemple, exclues pour une période des marchés publics.
Voilà comment je sanctionnerai les discriminations car la République, la France Présidente n'a que faire de la couleur de la peau. Au contraire, elle a une exigence à remplir et ces moyens donnés à la Haute Autorité, je vous demanderai à vous, mouvements associatifs de veiller avec vigilance au respect de cet engagement.
Il faudra, en effet, de la vigilance, de la volonté politique et l'évaluation des résultats.
La France Présidente est une France métissée, fière de sa diversité, c'est une chance dans le monde actuel et je veux que tout le monde le comprenne et le mette en pratique.
Vous le savez, c'est la gauche qui avait conçu le projet de Cité des outre- mers qui devait mettre en valeur la richesse des cultures ultra-marines, les donner à voir, à comprendre, à aimer dans l'Hexagone, comme une dimension de notre culture commune.
On le sait, ce projet a été abandonné par la droite, eh bien ce beau projet sera repris.
Je veillerai à ce qu'il témoigne d'une ambition culturelle exigeante, à la mesure des cultures des outre-mers, et incarne ce parti-pris, comme le dit Edouard Glissant, de « diversalité », de République métissée, créative, attentive à tous ses talents que j'appelle de mes voeux et que nous construirons ensemble.
Je ferai aussi en sorte que l'histoire des outre-mers soit mieux intégrée dans les programmes scolaires de la République. Et nous signerons la charte des langues régionales.
Je crois, moi, que la France, doit en effet assumer son histoire, toute son histoire.
Sans amnésie, ni repentance.
La France doit avoir la fierté de ses moments radieux et de son message lorsqu'il porte des valeurs universelles.
Mais je crois aussi que notre pays doit être capable de porter un regard apaisé et de poser des mots justes sur les pages les plus sombres de notre histoire commune, sur ces moments où les pratiques ont trahi les principes.
Nous devons être capables de reconnaître l'esclavage pour ce qu'il fut : un crime contre l'humanité.
C'est ce qu'a fait la loi portée par Christiane Taubira et Victorin Lurel, votée en 2001.
C'est la gauche, comme vous l'avez dit tout à l'heure, qui a voulu cette loi.
Et c'est la droite qui, deux ans durant, en a retardé l'adoption au Sénat, et cela, il faut le rappeler.
Alors je vous le dis comme je l'ai dit à la Réunion, en Martinique et en Guadeloupe : cette histoire doit être enseignée et transmise à tous les écoliers de France car elle est nécessaire pour comprendre ce qui nous a faits ce que nous sommes et ce qui, dans la mémoire collective et les consciences individuelles, continue à agir.
J'en profite pour répondre clairement à la question du Comité Marche du 23 mai 1998, que m'a posée Serge Romana.
Comme vous le savez, sur la proposition du Comité de personnalités pour la mémoire de l'esclavage, créé par la gauche qui en avait confié la présidence à Maryse Condé, le Président de la République a retenu la date du 10 mai comme date de commémoration officielle.
Le Comité Marche du 23 mai ne demande pas que l'on revienne sur cette décision et cela est sage.
Il souhaite en revanche qu'un jour soit plus spécifiquement consacré à la mémoire des victimes et que cette journée du souvenir soit, elle aussi, inscrite au calendrier de la République.
Pourquoi le 23 mai ?
Parce que le 23 mai 1848, c'est la révolte des esclaves martiniquais qui obligea à abolir l'esclavage sans attendre l'arrivée du décret.
Parce que le 23 mai 1998 eut lieu la première marche, dans l'Hexagone, en mémoire des victimes.
Et parce que c'est le jour où fut promulguée au journal officiel la loi dont je vous parlais tout à l'heure.
Je comprends donc les raisons de cette proposition qui n'est pas concurrente mais complémentaire des initiatives qui doivent être développées dans tout le pays à l'occasion de la journée du 10 mai.
Elle ne s'oppose pas non plus, aux dates retenues dans chaque territoire outre-mer.
Je prends donc ici l'engagement que le 23 mai sera également inscrit au calendrier de la République.
Je demanderai au Comité pour la mémoire de l'esclavage de piloter - c'est la démarche participative - une consultation des associations afin de préciser la meilleure manière d'organiser, avec celles et ceux qui en ont porté le projet, cette journée du souvenir. Merci de votre engagement.
Parce qu'en effet - et c'est important pour moi de le rappeler une nouvelle fois, je l'ai dit également le 11 février dernier lorsque j'ai exposé le contenu de mon pacte présidentiel - cette histoire n'est pas périphérique. C'est notre histoire commune.
Pourquoi ?
Parce que les révoltes d'esclaves qui ont décidé de briser leurs chaînes précédèrent et anticipèrent les deux abolitions, celle de 1794 et celle de 1848 : ils furent les acteurs de la libération. Ils furent donc les co-fondateurs de la République Française, la nôtre, dont ils brandirent les valeurs contre le crime d'esclavage.
Je veux le souligner ici : ces hommes et ces femmes méritent la reconnaissance de la République Française. La République, en 1802, c'étaient Louis Delgrès, Ignace, la mulâtresse Solitude et leurs compagnons qui la défendaient en Guadeloupe contre les troupes dépêchées par Bonaparte.
La République, c'étaient les insurgés du Morne Rouge en Martinique.
La République, c'était la proclamation de Basse Terre, pas le décret rétablissant l'esclavage.
Je veux, pour ces raisons, que l'on connaisse mieux et que l'on honore, partout sur le territoire de la République, ces premiers Républicains des outre-mers car ils sont notre patrimoine commun et ils nous ont montré le chemin.
Ils nous ont montré le chemin de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, ces valeurs universelles qui ensuite ont fait le tour du monde.
Et je voudrai à nouveau remercier Aimé Césaire, cet éveilleur de conscience, ce grand poète qui l'a si magnifiquement écrit dans son « Discours sur le colonialisme », qui devra être lu dans toutes les écoles de la République.
C'est pourquoi, aussi, je voudrai vous dire la fierté qui est la mienne, là, maintenant, devant vous, et au delà de cette salle, d'avoir pu délivrer ce message magnifique du courage, de la lutte, de la conquête des libertés, de la fraternité, de la diversité de cette France que je veux voir se lever, de cette République métissée et fière d'elle-même, de tous ses talents que j'appelle de mes voeux.
Voilà les combats qui sont devant nous.
Voilà les combats que nous allons conduire, voilà les combats que nous allons gagner !
Vive les outre-mers, vive la République, vive la France !
Merci à vous tous !
Si nombreux, si chaleureux, si mobilisés !
Merci à tous ceux qui sont ici présents, venus de tous les outre-mers.
D'abord, je voudrais saluer tous les artistes et tous ceux qui se sont exprimés avant moi.
Victorin Lurel, Christiane Taubira, Stéphane Pocrain, George Pau-Langevin qui s'exprimera tout à l'heure, Patrick Bloche, Harlem Désir, je vois aussi Roger Madec, José Pentroscope, et puis les auteurs des messages que nous entendrons tout à l'heure : Marie-Claude Tjibaou, Oscar Temaru et Aimé Césaire. Je pense que nous pouvons les applaudir.
Je suis très heureuse de vous voir si nombreux, si chaleureux, si mobilisés, venus de tous les outre-mers ou amis de tous les outre-mers.
Y'a-t-il dans la salle des Martiniquais ? (la salle : oui !)
Des Guadeloupéens ? (oui !)
Des Guyannais ? (oui !)
Des Réunionnais ? (oui !)
Ceux qui sont venus de Mayotte ? (oui !)
De Nouvelle Calédonie ? (oui !)
De Polynésie ? (oui !)
De Wallis et Futuna (oui !)
Et peut être même de St Pierre et Miquelon ?
Alors, vous avez une responsabilité toute particulière, parce que à travers vous, je m'adresse bien évidemment à des centaines de milliers de nos concitoyens, à des millions de compatriotes dans les outre-mers auxquels j'adresse, à travers internet, un salut fraternel : disons leur bonjour !
Ils ont en effet, nos frères et soeurs de là-bas, une responsabilité particulière, savez-vous pourquoi ? Eh oui, ils vont voter ! Avant l'Hexagone. En Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à St Pierre et Miquelon et en Polynésie. Et savez-vous quel jour ils vont voter ? Le 21 avril ! Alors, c'est vrai qu'ils ont une responsabilité particulière.
Mis surtout, ici, je voudrais remercier toutes celles et tous ceux qui m'apportent leur témoignage, qui m'expriment leur soutien.
Je voudrais vous dire aussi que ce moment est pour moi un moment d'émotion puisque je suis allée, il y a peu de temps, à la Réunion, en Martinique et en Guadeloupe. Dans les autres outre-mers, je m'y rendrai...après les élections !
Aux Antilles, je me sens chez moi, vous le savez, puisque j'y ai passé trois années de mon enfance et que ces trois années d'enfance, entre l'âge de six et dix ans, elles sont inoubliables. Elles sont là, dans mon coeur, avec le soleil, avec les odeurs, avec les couleurs, avec les merveilles de l'île de la Martinique, que j'ai retrouvée récemment. Et puis avec le soutien d'Aimé Césaire qui a accepté d'être le président d'honneur de mon comité de soutien.
On m'avait préparé un beau discours, sur les problèmes des outre-mers, mais j'en ai parlé lorsque j'étais sur place. Ici, aujourd'hui, je voudrais vous parler tout simplement, et c'est normal, de la France, et pas seulement de certains départements et territoires. Je voudrais vous dire que nous sommes là dans la dernière ligne droite, d'un enjeu majeur, pour la France, d'un choix tout à fait essentiel, d'un combat crucial, d'un combat qui va permettre aux Français de faire le choix de leur avenir. Oh, pas seulement pour cinq ans, mais sans doute au-delà, compte tenu de la profondeur des crises que nous laisse la droite, des crises morales, sociales, économiques, écologiques, des enjeux à l'échelle internationale, de l'Europe qu'il y a à reconstruire, de la mondialisation que nous devons maîtriser. Eh bien oui, tous ces enjeux vont être tranchés lors du choix qui sera fait pour l'élection présidentielle.
C'est pour cela que je me bats avec vous.
Je me bats avec vous pour relever la France.
Je me bats avec vous pour la victoire !
Je me bats pour la victoire parce que je pense que la France mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a, pas vous ? (la salle : oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je veux que la loi du plus juste remplace la loi du plus fort, pas vous ? (oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je veux que les valeurs humaines reviennent au coeur de toutes les décisions politiques à la place des valeurs boursières, pas vous ? (oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je pense que la France a besoin d'être réformée sans être brutalisée, pas vous ? (oui !)
Je me bats pour la victoire parce que je crois qu'en voilà assez de cinq années de libéralisme, qui ont vu monter les insécurités, les précarités, les injustices de tous ordres et toutes les formes de violences et de discriminations.
C'est à cela qu'il faut mettre fin.
C'est à ce déclin qu'il faut mettre fin.
C'est cela qu'il faut stopper.
C'est le sentiment aussi, vécu, par des millions de nos compatriotes, qui pensent que la politique ne sert plus à rien. Qui croient qu'ils ne comptent plus pour rien. Moi, je dis à tous ceux-là, qu'il faut qu'ils reprennent confiance dans la politique, parce que la politique telle que je la conçois ne sera plus jamais comme avant. Plus jamais elle ne se fera sans les Français !
A l'image de la campagne participative que j'ai conduite avec vous, demain la France se relèvera avec vous, parce que j'ai confiance en vous. Je sais que c'est ce que vous voulez. Moi, je crois à l'intelligence collective des Français. Je veux qu'à chaque endroit où ils sont, où ils vivent, où ils travaillent, où ils recherchent du travail, où ils se forment, où ils s'éduquent, qu'à chaque endroit où ils se trouvent, ils aient la possibilité de maîtriser leur vie, de choisir leur destin, de peser sur le cours des choses, de transmettre à leurs enfants les valeurs auxquelles ils tiennent, pour qu'à leur tour ces enfants puissent transmettre à la génération qui suit les valeurs auxquelles nous tenons, les valeurs de solidarité, les valeurs de respect des autres, les valeurs de progrès social, les valeurs de recul de toutes les formes de brutalité, bref, les valeurs de gauche, profondément de gauche mais également bien au-delà, les valeurs bien au-delà de la gauche.
Je veux rassembler toute la gauche au premier tour de l'élection présidentielle, toute la gauche !
Parce que c'est si je rassemble toute la gauche que les français auront droit à un vrai choix pour le second tour. Je me bats pour être qualifiée pour le second tour.
Je me bats pour arriver en finale !
Alors, j'entends bien, les conseils qui me sont prodigués ici ou là, je les entends, je les écoute, je les respecte, mais ce qui me semble important aujourd'hui avec vous et dans toutes ces salles où je vais, si nombreuses, avec tous ces citoyens, ces citoyennes, si fortement rassemblés qui attendent qu'un espoir se lève, c'est ma responsabilité de rassembler un plus grand nombre possible de Français et de Françaises dès le premier tour. Parce que c'est du score du premier tour que dépendra la dynamique de victoire pour le second tour. Voilà la vérité.
Et puis je crois, après les avoir écoutés, que les Français ont soif de changement. Ils ont envie de quelque chose d'autre. Ils voient bien que les solutions mises en place depuis cinq ans ne marchent pas et même, au contraire, qu'elles dégradent, qu'elles cassent quelque chose, qu'elles créent du désespoir.
Alors il faut essayer autre chose.
Il faut de nouvelles règles du jeu.
Il faut à la fois s'appuyer sur des valeurs fondamentales mais en même temps, poser un regard neuf sur le monde tel qu'il est aujourd'hui pour avoir la volonté de régler avec efficacité et rapidité les problèmes urgents qui se posent actuellement à la France tout en préparant et en relevant les défis du futur.
Les valeurs fondamentales, ce sont d'abord des familles qui fonctionnent bien et qui soient aidées au bon moment quand elles ont des difficultés à élever leurs enfants. Il faut qu'elles puissent accéder à des logements sécurisés et qu'elles puissent être épaulées, par de la médiation familiale par exemple, lorsqu'elles sont débordées par les problèmes adolescents. Oui, je veux que les familles aient les moyens de bien éduquer leurs enfants.
Ensuite, il y a l'école et vous le savez, au coeur du pacte présidentiel, au coeur de la France Présidente que je vous demande de construire avec moi, il y a l'éducation, encore l'éducation, toujours l'éducation, au coeur de tout et en avant de tout.
Et puis l'investissement dans la matière grise, dans la formation professionnelle car c'est comme cela que nous relancerons la machine économique, bien évidemment. C'est en unissant nos efforts à l'échelle de l'Europe, mais c'est aussi en France, en remettant à niveau l'investissement dans la formation professionnelle, dans l'innovation et dans la recherche que nous défendrons les emplois d'aujourd'hui et que nous créerons les emplois de demain. Voilà le défi que je veux relever avec vous.
La France en est capable, elle a beaucoup de talents, de talents qui aujourd'hui sont parfois trop douloureusement gaspillés, gaspillés par le chômage des jeunes, et ce sera le combat principal, cette lutte contre le chômage des jeunes.
Le chômage et la précarité des bas salaires : ce sera un combat central que celui du relèvement des bas salaires, que la lutte contre le chômage des femmes, que la lutte contre le chômage des salariés de plus de cinquante ans parce que c'est quand nous ferons la société du plein emploi, c'est-à-dire du travail pour tous que nous réglerons aussi le problème des déficits des comptes sociaux et de la dette.
Quand j'entends certains citoyens dire : « mais vous parlez beaucoup des jeunes, et les anciens alors ? », je vous le dis : tout se tient. C'est parce qu'il y aura la victoire de la lutte contre le chômage que nous pourrons continuer à améliorer la situation des anciens, que nous pourrons augmenter le niveau des petites retraites, que nous pourrons garantir à tous l'accès à la santé et pas, comme le dit le candidat de l'UMP, en créant des franchises. Oui, c'est très grave pour les personnes âgées ce qu'il dit, parce qu'il a un projet de déremboursement de franchises médicales sur l'ensemble des soins médicaux. Je ne veux pas de cette santé à plusieurs vitesses !
Avec moi, la France Présidente va garantir la présence des services publics sur tous les territoires, urbains et ruraux.
Avec moi, la France Présidente va garantir l'égalité d'accès à la santé pour tous et en particulier pour les plus fragiles, pour les personnes en situation de handicap et pour les anciens qui aujourd'hui ont peur. Ils ont peur lorsqu'ils voient les enfants et les petits enfants au chômage, ils se demandent de quoi demain sera fait.
C'est pourquoi, la France que je vous propose, c'est une France des solidarités entre les générations. Où l'on cesse, comme aujourd'hui, de dresser les Français les uns contre les autres, de dresser les anciens contre les jeunes, de dresser les fonctionnaires contre ceux qui ne le sont pas, de dresser tel système de retraites contre tel autre, de dresser ceux qui auront droit aux heures supplémentaires contre ceux qui n'auront pas droit, de dresser ceux qui pourront se payer des retraites par capitalisation contre ceux qui ne le pourront pas. Voilà la France que nous ne voulons plus !
Moi, je vous propose une France harmonieuse où l'Etat assume ses responsabilités, où l'on met fin aux insupportables provocations des rémunérations incroyables des hauts dirigeants des entreprises qui, en plus, mettent les salariés sur le carreau.
Oui, il y a du travail à faire.
Mais ce travail ne nous fait pas peur.
Parce que nous sommes fermement appuyés sur les valeurs auxquelles les Français dans leur grande majorité croient, c'est ce que j'ai vu dans les débats participatifs. Et puis, ils attendent de nouvelles règles du jeu, c'est ce que je vous ai envoyé dans la profession de foi que vous recevrez dans quelques jours, si ça n'est déjà fait. Vous y verrez aussi les mesures immédiates qui seront prises dès le résultat de l'élection présidentielle car il y a des urgences à régler. L'urgence scolaire : pour la prochaine rentrée scolaire, je rétablirai, dès cet été, les emplois qui viennent d'être supprimés par la droite.
Oui, nous voilà donc, engagés dans la dernière ligne droite d'un rude et beau combat, projet contre projet.
Un combat pour la France et pour l'avenir de ses territoires.
Ce choix oppose deux conceptions, deux conceptions des solidarités, deux conceptions de l'exercice du pouvoir.
Avec la France Présidente, je veux bâtir une République fière de sa diversité, une République respectueuse des identités de ses territoires, une République de la reconnaissance due à chacun, une République du progrès pour tous et de l'égalité réelle.
Je veux mener une lutte sans merci contre les discriminations qui frappent les originaires d'outre-mer vivant dans l'Hexagone.
Je sais, pour nos compatriotes d'outre-mer vivant dans l'hexagone - je le sais, je les connais, je les vois - les discriminations dont ils souffrent.
Que de colères rentrées, de souffrances, d'humiliations dans son propre pays ! Quel manquement au devoir élémentaire d'égalité, que de rancoeurs compréhensibles accumulées parce qu'on ne trouve pas un stage, parce qu'on est refusé sans raison pour un poste, même si l'on est diplômé, parce que trouver un logement, c'est encore plus difficile que pour les autres, surtout si l'on est jeune.
Et c'est comme cela que, Français à part entière, on se retrouve Français entièrement à part.
Et bien, c'est à cela, que je mettrai fin dans la France Présidente !
Je renforcerai les moyens d'intervention de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations.
Je veux que les comportements discriminatoires soient sanctionnés sans faille et qu'en parallèle, les comportements exemplaires soient mis en valeur. Je veux que les entreprises comprennent que ces jeunes auxquels elles ferment la porte sont une chance gâchée.
Je veux que celles qui seront sanctionnées sachent ce qu'il en coûte de discriminer et soient, par exemple, exclues pour une période des marchés publics.
Voilà comment je sanctionnerai les discriminations car la République, la France Présidente n'a que faire de la couleur de la peau. Au contraire, elle a une exigence à remplir et ces moyens donnés à la Haute Autorité, je vous demanderai à vous, mouvements associatifs de veiller avec vigilance au respect de cet engagement.
Il faudra, en effet, de la vigilance, de la volonté politique et l'évaluation des résultats.
La France Présidente est une France métissée, fière de sa diversité, c'est une chance dans le monde actuel et je veux que tout le monde le comprenne et le mette en pratique.
Vous le savez, c'est la gauche qui avait conçu le projet de Cité des outre- mers qui devait mettre en valeur la richesse des cultures ultra-marines, les donner à voir, à comprendre, à aimer dans l'Hexagone, comme une dimension de notre culture commune.
On le sait, ce projet a été abandonné par la droite, eh bien ce beau projet sera repris.
Je veillerai à ce qu'il témoigne d'une ambition culturelle exigeante, à la mesure des cultures des outre-mers, et incarne ce parti-pris, comme le dit Edouard Glissant, de « diversalité », de République métissée, créative, attentive à tous ses talents que j'appelle de mes voeux et que nous construirons ensemble.
Je ferai aussi en sorte que l'histoire des outre-mers soit mieux intégrée dans les programmes scolaires de la République. Et nous signerons la charte des langues régionales.
Je crois, moi, que la France, doit en effet assumer son histoire, toute son histoire.
Sans amnésie, ni repentance.
La France doit avoir la fierté de ses moments radieux et de son message lorsqu'il porte des valeurs universelles.
Mais je crois aussi que notre pays doit être capable de porter un regard apaisé et de poser des mots justes sur les pages les plus sombres de notre histoire commune, sur ces moments où les pratiques ont trahi les principes.
Nous devons être capables de reconnaître l'esclavage pour ce qu'il fut : un crime contre l'humanité.
C'est ce qu'a fait la loi portée par Christiane Taubira et Victorin Lurel, votée en 2001.
C'est la gauche, comme vous l'avez dit tout à l'heure, qui a voulu cette loi.
Et c'est la droite qui, deux ans durant, en a retardé l'adoption au Sénat, et cela, il faut le rappeler.
Alors je vous le dis comme je l'ai dit à la Réunion, en Martinique et en Guadeloupe : cette histoire doit être enseignée et transmise à tous les écoliers de France car elle est nécessaire pour comprendre ce qui nous a faits ce que nous sommes et ce qui, dans la mémoire collective et les consciences individuelles, continue à agir.
J'en profite pour répondre clairement à la question du Comité Marche du 23 mai 1998, que m'a posée Serge Romana.
Comme vous le savez, sur la proposition du Comité de personnalités pour la mémoire de l'esclavage, créé par la gauche qui en avait confié la présidence à Maryse Condé, le Président de la République a retenu la date du 10 mai comme date de commémoration officielle.
Le Comité Marche du 23 mai ne demande pas que l'on revienne sur cette décision et cela est sage.
Il souhaite en revanche qu'un jour soit plus spécifiquement consacré à la mémoire des victimes et que cette journée du souvenir soit, elle aussi, inscrite au calendrier de la République.
Pourquoi le 23 mai ?
Parce que le 23 mai 1848, c'est la révolte des esclaves martiniquais qui obligea à abolir l'esclavage sans attendre l'arrivée du décret.
Parce que le 23 mai 1998 eut lieu la première marche, dans l'Hexagone, en mémoire des victimes.
Et parce que c'est le jour où fut promulguée au journal officiel la loi dont je vous parlais tout à l'heure.
Je comprends donc les raisons de cette proposition qui n'est pas concurrente mais complémentaire des initiatives qui doivent être développées dans tout le pays à l'occasion de la journée du 10 mai.
Elle ne s'oppose pas non plus, aux dates retenues dans chaque territoire outre-mer.
Je prends donc ici l'engagement que le 23 mai sera également inscrit au calendrier de la République.
Je demanderai au Comité pour la mémoire de l'esclavage de piloter - c'est la démarche participative - une consultation des associations afin de préciser la meilleure manière d'organiser, avec celles et ceux qui en ont porté le projet, cette journée du souvenir. Merci de votre engagement.
Parce qu'en effet - et c'est important pour moi de le rappeler une nouvelle fois, je l'ai dit également le 11 février dernier lorsque j'ai exposé le contenu de mon pacte présidentiel - cette histoire n'est pas périphérique. C'est notre histoire commune.
Pourquoi ?
Parce que les révoltes d'esclaves qui ont décidé de briser leurs chaînes précédèrent et anticipèrent les deux abolitions, celle de 1794 et celle de 1848 : ils furent les acteurs de la libération. Ils furent donc les co-fondateurs de la République Française, la nôtre, dont ils brandirent les valeurs contre le crime d'esclavage.
Je veux le souligner ici : ces hommes et ces femmes méritent la reconnaissance de la République Française. La République, en 1802, c'étaient Louis Delgrès, Ignace, la mulâtresse Solitude et leurs compagnons qui la défendaient en Guadeloupe contre les troupes dépêchées par Bonaparte.
La République, c'étaient les insurgés du Morne Rouge en Martinique.
La République, c'était la proclamation de Basse Terre, pas le décret rétablissant l'esclavage.
Je veux, pour ces raisons, que l'on connaisse mieux et que l'on honore, partout sur le territoire de la République, ces premiers Républicains des outre-mers car ils sont notre patrimoine commun et ils nous ont montré le chemin.
Ils nous ont montré le chemin de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, ces valeurs universelles qui ensuite ont fait le tour du monde.
Et je voudrai à nouveau remercier Aimé Césaire, cet éveilleur de conscience, ce grand poète qui l'a si magnifiquement écrit dans son « Discours sur le colonialisme », qui devra être lu dans toutes les écoles de la République.
C'est pourquoi, aussi, je voudrai vous dire la fierté qui est la mienne, là, maintenant, devant vous, et au delà de cette salle, d'avoir pu délivrer ce message magnifique du courage, de la lutte, de la conquête des libertés, de la fraternité, de la diversité de cette France que je veux voir se lever, de cette République métissée et fière d'elle-même, de tous ses talents que j'appelle de mes voeux.
Voilà les combats qui sont devant nous.
Voilà les combats que nous allons conduire, voilà les combats que nous allons gagner !
Vive les outre-mers, vive la République, vive la France !