Interview de M. Philippe de Villiers, président de Mouvement pour la France et candidat à l'élection présidentielle de 2007, dans "Les Echos" le 30 mars 2007, sur son projet économique et son "modèle", "la PME enracinée".

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Texte intégral

Q- Question : Quelle est la philosophie de votre projet économique ?
R- Plus de travail et moins d'impôt. Soit très exactement le contraire de ce que font les pouvoirs publics depuis vingt ans. Il est essentiel de remettre la France au travail en supprimant l'âge couperet de la retraite et, surtout, en abolissant les 35 heures. La culture de la RTT est mortelle pour notre pays. Celui qui veut travailler plus pour gagner plus doit pouvoir le faire. Et il est vital de ramener les prélèvements obligatoires à 38 % du PIB en cinq ans : baisse de l'impôt sur les sociétés au niveau de moyenne européenne, réforme de la fiscalité locale, suppression de l'ISF et de l'impôt sur les successions en ligne directe.
Q- Question : Et la dette, vous la laissez filer ?
R- Pas du tout. C'est un objectif prioritaire. Dans un premier temps, je veux stabiliser la dette. Puis, grâce à la croissance retrouvée, engager une spirale vertueuse.
Q- Question : Où trouvez-vous les économies ?
R- La fin de l'immigration, c'est 30 milliards d'euros d'économisés. La suppression des 35 heures, c'est 20 milliards. L'alignement des régimes spéciaux sur le régime général des retraites, c'est encore 20 milliards. Le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, c'est 5 milliards. La contribution nette de la France au budget européen, c'est 4 milliards. La fin de l'aide médicale d'Etat, c'est 1 milliard. L'Etat doit aussi être recentré sur ses missions régaliennes : la sécurité, la justice et l'éducation. Entre les dépenses nouvelles et les économies réalisées, on arrive à un solde positif de 34 milliards d'euros.
Q- Question : Comment relancer le dialogue social en France ?
R- L'expression « dialogue social » appartient à la logomachie des pays socialistes. La priorité n'est pas d'instaurer le dialogue social, mais de mettre fin au blocage social, nos syndicats étant les plus faibles et les plus idéologues du monde. Une de mes premières mesures sera de supprimer le monopole de représentativité syndicale pour instaurer la liberté syndicale. Puis je supprimerai le financement public des syndicats, comme celui des partis politiques.
Q- Question : Peut-on lutter contre les délocalisations ?
R- Bien sûr. D'abord en allégeant les charges qui pèsent sur les entreprises, notamment sur les PME, pour lesquelles je veux les réduire de 50 %. Ensuite par un vrai patriotisme économique. Je suis favorable à ce que l'on intervienne par décret pour protéger les secteurs stratégiques contre les OPA hostiles. Quant à l'Europe, elle est l'union commerciale la moins protégée du monde. Une entreprise d'électroménager qui exporte vers l'Inde se heurte à des droits de douane de 68 %, contre 4 % en sens inverse. J'imposerai une double protection européenne de nos emplois. Douanière : un système de droits compensateurs. Monétaire : soumettre la politique monétaire aux objectifs de croissance et d'emploi.
Q- Question : Et si l'Europe ne vous suit pas ?
R- Si on ne parvient pas à convaincre l'ensemble des pays européens, il faudra faire une Europe à géométrie variable. Et si les banquiers centraux ne veulent rien entendre, il faudra saisir le peuple français par référendum. Et sortir de la zone euro.
Q- Question : Où vous situez-vous entre Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen ?
R- Là où sont les Français. Ce que les électeurs doivent bien voir, c'est ce que chaque candidat a accompli. Moi, j'ai fait de la Vendée une terre de réussite : deux fois plus d'entreprises que la moyenne nationale, deux fois moins de RMIstes, 77 % de propriétaires... Je suis le seul, dans cette campagne, à pouvoir lire un bilan et un compte d'exploitation ; le seul qui, sur son temps libre, ait créé une entreprise - un parc de loisirs - qui rivalise avec les plus grands. Mon modèle, c'est la PME enracinée et l'artisanat. Pas l'assistanat cher à Ségolène Royal ni le CAC 40 de Nicolas Sarkozy.Source http://www.pourlafrance.fr, le 5 avril 2007