Texte intégral
Bonjour C. Boutin.
Bonjour.
Q- Ministre du Logement et de la Ville, merci d'avoir choisi France Info pour votre première interview à la radio depuis votre arrivée au Gouvernement. On va parler bien entendu du droit au logement opposable dont vous installez le comité de suivi aujourd'hui... Un petit mot peut-être sur la composition de votre cabinet. Vous venez de nommer un prêtre, le Père Jean-Marie Petitclair, chargé de mission pour les relations avec les acteurs locaux. Ce n'est pas banal un prêtre dans un cabinet ministériel.
R- Je ne vois pas ce qui m'interdirait mais c'est surtout un homme dont la compétence est reconnue, à droite comme à gauche, sur tous les problèmes des jeunes et des banlieues. C'est un homme d'une extrême compétence, il est polytechnicien. Voilà. Je l'ai choisi pour sa compétence.
Q- Mais le fait que ce soit un homme d'église, ça n'a pas joué dans votre choix ?
R- Non, non, pas du tout. C'était plutôt à lui de voir si cela posait un problème. Je crois qu'il a demandé à sa communauté, qui l'a autorisé. Mais Don Bosco qui est à l'origine, puisqu'il est salésien, Don Bosco lui-même avait été conseiller politique en Italie d'un Premier ministre très anticlérical. Donc, c'est un mouvement qui est très ouvert et ce n'est pas parce qu'on est prêtre qu'on n'a pas le droit, je veux dire. On a quand même la compétence et la... Je suis très heureuse du reste d'avoir Jean-Marie Petitclair à mes côtés, parce qu'il est reconnu par tout le monde : il a accueilli F. Hollande et S. Royal quand ils faisaient leur stage d'ENA dans les Yvelines, où il a travaillé avec F. Borotra, l'ancien président du Conseil général, j'ai pu apprécier ses compétences. C'est un homme merveilleux.
[Pause]
Q- On va parler du droit au logement opposable, ce matin. En fait, on en a beaucoup parlé l'hiver dernier, la loi a été votée en février, et puis, depuis, plus rien ou presque. Aujourd'hui, vous installez le comité de suivi du droit au logement opposable. De quoi s'agit-il exactement ?
R- Le droit au logement opposable, effectivement, a été voté à l'unanimité ; pas une voix n'a manqué à l'Assemblée nationale, le 5 mars 2007. Eh bien, maintenant, il s'agit de le mettre en place. Il avait été demandé, justement, parce que c'est une loi très exigeante, et parfois, peut-être qui peut être considérée comme utopique. Il y avait une demande, l'installation et la création d'un comité de suivi de l'application de cette loi du droit au logement opposable. Et le comité de suivi a été créé par un décret du même jour que la loi, ce qui montre bien la volonté politique. Et aujourd'hui, c'est l'installation de ce comité de suivi. Il y a eu les périodes électorales qui n'étaient pas propices et qui ne permettaient pas cette mise en place. Donc, je mets en place et je vais faire un certain nombre d'annonces lors de cette mise en place de ce comité de suivi. Je suis étonnée de voir que les représentants des locataires ne font pas partie de ce comité de suivi. Donc, je vais leur annoncer qu'un décret va agrandir ce comité de suivi. Et je vais aussi ouvrir ce comité de suivi au DAL, car je trouve très étonnant que le DAL, qui a sa façon de faire, sa façon d'agir, sa façon d'alerte, ne fasse pas partie de ce comité de suivi. Donc, nous allons installer ce comité de suivi, et l'objectif c'est effectivement de rendre effective cette loi très exigeante du droit au logement opposable.
Q- Parce que pour le moment, cette loi n'a pas changé grand chose ?
R- Ce n'est pas possible. Les décrets sont encore d'application. Ils vont être soumis du reste au comité de suivi et Monsieur X. Emmanuelli qui préside le comité de suivi sera chargé avec ce comité de suivi de regarder, avant qu'il soit transmis au Conseil d'état, la teneur de ce décret d'application. Nous n'avons pas pris de retard compte tenu du calendrier électoral.
Q- La grande bataille, C. Boutin, c'est la bataille du logement ? F. Fillon fixe un objectif de 500.000 nouveaux logements par an [dont] 120.000 logements sociaux ! Honnêtement, c'est réalisable ?
R- C'est très difficile, c'est très difficile. Je vois dans cette annonce la volonté politique du Premier ministre et aussi du Président de faire du logement une priorité nationale. Il est absolument scandaleux qu'un pays comme la France, cinquième puissance mondiale, accepte qu'il y ait des hommes, des femmes et des enfants, qui ne trouvent pas de logement. Je veux donner une impulsion nouvelle à la politique du logement. Je vais poursuivre naturellement l'action précédemment menée. Nous avons tous les outils juridiques. Je n'ai pas l'intention de mettre mon nom sur une loi, et je veux être pragmatique, concrète et faire en sorte que tout le monde trouve un logement dans notre pays.
Q- Les outils juridiques c'est bien, les moyens c'est mieux. Aujourd'hui, la tendance c'est plutôt à la réduction des moyens ?
R- Il y aura les moyens. Un des enjeux de la commission de la loi sur le droit au logement opposable, c'est la mise en place des commissions de médiation, qui demandent effectivement la création de postes de façon importante. J'ai la volonté politique, et j'obtiendrai - et vous savez, que je suis une femme qui s'engage, quand elle sait qu'elle peut s'engager - j'obtiendrai les moyens humains qui sont nécessaires. En ce qui concerne, les moyens financiers, il n'y a pas vraiment de problème. Ce qui fait beaucoup plus problème, c'est les frontières que nous avons dans nos têtes. Il s'agit aujourd'hui de faire tomber les murailles qui existent entre privé et public, entre locataire et propriétaire, entre associatifs, entre les uns et les autres. Il faut que le logement devienne une priorité personnelle et collective, et cela doit être une continuité entre ceux qui n'ont pas de logement jusqu'à ceux qui sont dans les immeubles de standing. Car quiconque, aujourd'hui, peut être menacé de ne pas être logé en France, et cela c'est inacceptable ! Il faut que nous soyons solidaires les uns des autres.
Q- C. Boutin, je vous remerciais d'avoir choisi France Info pour votre première
interview à la radio depuis votre arrivée au Gouvernement. Justement,
comment cela ce passe au Gouvernement ? Comment cela se passe l'ouverture ?
R- Cela se passe très bien. Il n'y a aucun problème. Moi, je suis ravie de cette ouverture, et du reste je la vis au quotidien avec mon secrétaire d'Etat, F. Amara.
Q- Justement, vous l'avez choisie, F. Amara ?
R- Non, non, non. Le Premier ministre m'a proposé d'avoir un secrétaire d'Etat, F. Amara. J'avoue que j'ai été surprise, immédiatement, mais dans la seconde qui a suivi, une très grande joie. Car depuis, mon engagement politique, j'ai toujours dit et je crois profondément que la différence est une richesse et nous la vivons au quotidien. Et depuis l'arrivée de Fadela, eh bien, les choses vont très bien. Nous travaillons ensemble. Elle a des compétences particulières sur la ville. Hier, nous avions réuni, j'avais invité à déjeuner les préfets de la ville et des préfets délégués aux chances. Fadela était avec moi. C'était son premier contact avec ces préfets. Elle va travailler directement avec eux. Elle a une connaissance concrète, que je n'ai pas, des quartiers.
Q- Parce qu'avant, entre vous et F. Amara, cela avait été parfois un peu vif le
débat.
R- Mais bien sûr. Nous nous sommes rencontrées et nous nous sommes opposées sur des plateaux de télévision et de radio. Mais ce n'est pas pour autant que nous n'avons pas le même objectif de faire en sorte que les quartiers ne soient plus stigmatisés. Ce que je veux, c'est que la politique de la ville soit globale, que ces quartiers fragiles aient des attentions particulières, mais qu'ils aient vraiment le sentiment d'appartenir à la communauté de la ville, et que les autres quartiers plus riches ou plus chanceux les considèrent comme leurs frères.
Bonjour.
Q- Ministre du Logement et de la Ville, merci d'avoir choisi France Info pour votre première interview à la radio depuis votre arrivée au Gouvernement. On va parler bien entendu du droit au logement opposable dont vous installez le comité de suivi aujourd'hui... Un petit mot peut-être sur la composition de votre cabinet. Vous venez de nommer un prêtre, le Père Jean-Marie Petitclair, chargé de mission pour les relations avec les acteurs locaux. Ce n'est pas banal un prêtre dans un cabinet ministériel.
R- Je ne vois pas ce qui m'interdirait mais c'est surtout un homme dont la compétence est reconnue, à droite comme à gauche, sur tous les problèmes des jeunes et des banlieues. C'est un homme d'une extrême compétence, il est polytechnicien. Voilà. Je l'ai choisi pour sa compétence.
Q- Mais le fait que ce soit un homme d'église, ça n'a pas joué dans votre choix ?
R- Non, non, pas du tout. C'était plutôt à lui de voir si cela posait un problème. Je crois qu'il a demandé à sa communauté, qui l'a autorisé. Mais Don Bosco qui est à l'origine, puisqu'il est salésien, Don Bosco lui-même avait été conseiller politique en Italie d'un Premier ministre très anticlérical. Donc, c'est un mouvement qui est très ouvert et ce n'est pas parce qu'on est prêtre qu'on n'a pas le droit, je veux dire. On a quand même la compétence et la... Je suis très heureuse du reste d'avoir Jean-Marie Petitclair à mes côtés, parce qu'il est reconnu par tout le monde : il a accueilli F. Hollande et S. Royal quand ils faisaient leur stage d'ENA dans les Yvelines, où il a travaillé avec F. Borotra, l'ancien président du Conseil général, j'ai pu apprécier ses compétences. C'est un homme merveilleux.
[Pause]
Q- On va parler du droit au logement opposable, ce matin. En fait, on en a beaucoup parlé l'hiver dernier, la loi a été votée en février, et puis, depuis, plus rien ou presque. Aujourd'hui, vous installez le comité de suivi du droit au logement opposable. De quoi s'agit-il exactement ?
R- Le droit au logement opposable, effectivement, a été voté à l'unanimité ; pas une voix n'a manqué à l'Assemblée nationale, le 5 mars 2007. Eh bien, maintenant, il s'agit de le mettre en place. Il avait été demandé, justement, parce que c'est une loi très exigeante, et parfois, peut-être qui peut être considérée comme utopique. Il y avait une demande, l'installation et la création d'un comité de suivi de l'application de cette loi du droit au logement opposable. Et le comité de suivi a été créé par un décret du même jour que la loi, ce qui montre bien la volonté politique. Et aujourd'hui, c'est l'installation de ce comité de suivi. Il y a eu les périodes électorales qui n'étaient pas propices et qui ne permettaient pas cette mise en place. Donc, je mets en place et je vais faire un certain nombre d'annonces lors de cette mise en place de ce comité de suivi. Je suis étonnée de voir que les représentants des locataires ne font pas partie de ce comité de suivi. Donc, je vais leur annoncer qu'un décret va agrandir ce comité de suivi. Et je vais aussi ouvrir ce comité de suivi au DAL, car je trouve très étonnant que le DAL, qui a sa façon de faire, sa façon d'agir, sa façon d'alerte, ne fasse pas partie de ce comité de suivi. Donc, nous allons installer ce comité de suivi, et l'objectif c'est effectivement de rendre effective cette loi très exigeante du droit au logement opposable.
Q- Parce que pour le moment, cette loi n'a pas changé grand chose ?
R- Ce n'est pas possible. Les décrets sont encore d'application. Ils vont être soumis du reste au comité de suivi et Monsieur X. Emmanuelli qui préside le comité de suivi sera chargé avec ce comité de suivi de regarder, avant qu'il soit transmis au Conseil d'état, la teneur de ce décret d'application. Nous n'avons pas pris de retard compte tenu du calendrier électoral.
Q- La grande bataille, C. Boutin, c'est la bataille du logement ? F. Fillon fixe un objectif de 500.000 nouveaux logements par an [dont] 120.000 logements sociaux ! Honnêtement, c'est réalisable ?
R- C'est très difficile, c'est très difficile. Je vois dans cette annonce la volonté politique du Premier ministre et aussi du Président de faire du logement une priorité nationale. Il est absolument scandaleux qu'un pays comme la France, cinquième puissance mondiale, accepte qu'il y ait des hommes, des femmes et des enfants, qui ne trouvent pas de logement. Je veux donner une impulsion nouvelle à la politique du logement. Je vais poursuivre naturellement l'action précédemment menée. Nous avons tous les outils juridiques. Je n'ai pas l'intention de mettre mon nom sur une loi, et je veux être pragmatique, concrète et faire en sorte que tout le monde trouve un logement dans notre pays.
Q- Les outils juridiques c'est bien, les moyens c'est mieux. Aujourd'hui, la tendance c'est plutôt à la réduction des moyens ?
R- Il y aura les moyens. Un des enjeux de la commission de la loi sur le droit au logement opposable, c'est la mise en place des commissions de médiation, qui demandent effectivement la création de postes de façon importante. J'ai la volonté politique, et j'obtiendrai - et vous savez, que je suis une femme qui s'engage, quand elle sait qu'elle peut s'engager - j'obtiendrai les moyens humains qui sont nécessaires. En ce qui concerne, les moyens financiers, il n'y a pas vraiment de problème. Ce qui fait beaucoup plus problème, c'est les frontières que nous avons dans nos têtes. Il s'agit aujourd'hui de faire tomber les murailles qui existent entre privé et public, entre locataire et propriétaire, entre associatifs, entre les uns et les autres. Il faut que le logement devienne une priorité personnelle et collective, et cela doit être une continuité entre ceux qui n'ont pas de logement jusqu'à ceux qui sont dans les immeubles de standing. Car quiconque, aujourd'hui, peut être menacé de ne pas être logé en France, et cela c'est inacceptable ! Il faut que nous soyons solidaires les uns des autres.
Q- C. Boutin, je vous remerciais d'avoir choisi France Info pour votre première
interview à la radio depuis votre arrivée au Gouvernement. Justement,
comment cela ce passe au Gouvernement ? Comment cela se passe l'ouverture ?
R- Cela se passe très bien. Il n'y a aucun problème. Moi, je suis ravie de cette ouverture, et du reste je la vis au quotidien avec mon secrétaire d'Etat, F. Amara.
Q- Justement, vous l'avez choisie, F. Amara ?
R- Non, non, non. Le Premier ministre m'a proposé d'avoir un secrétaire d'Etat, F. Amara. J'avoue que j'ai été surprise, immédiatement, mais dans la seconde qui a suivi, une très grande joie. Car depuis, mon engagement politique, j'ai toujours dit et je crois profondément que la différence est une richesse et nous la vivons au quotidien. Et depuis l'arrivée de Fadela, eh bien, les choses vont très bien. Nous travaillons ensemble. Elle a des compétences particulières sur la ville. Hier, nous avions réuni, j'avais invité à déjeuner les préfets de la ville et des préfets délégués aux chances. Fadela était avec moi. C'était son premier contact avec ces préfets. Elle va travailler directement avec eux. Elle a une connaissance concrète, que je n'ai pas, des quartiers.
Q- Parce qu'avant, entre vous et F. Amara, cela avait été parfois un peu vif le
débat.
R- Mais bien sûr. Nous nous sommes rencontrées et nous nous sommes opposées sur des plateaux de télévision et de radio. Mais ce n'est pas pour autant que nous n'avons pas le même objectif de faire en sorte que les quartiers ne soient plus stigmatisés. Ce que je veux, c'est que la politique de la ville soit globale, que ces quartiers fragiles aient des attentions particulières, mais qu'ils aient vraiment le sentiment d'appartenir à la communauté de la ville, et que les autres quartiers plus riches ou plus chanceux les considèrent comme leurs frères.