Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Bonjour D. Bussereau. On va parler de la réforme des
régimes spéciaux de retraites, puisque vous êtes directement concerné à
travers la SNCF notamment, mais pas que la SNCF, la RATP ou d'autres.
J'ai beaucoup d'auditeurs, ce matin, qui se demandent : pourquoi
aligne-t-on ces anciens régimes spéciaux sur le public et non sur le
privé pour le calcul de la retraite ?
R.- Si vous voulez, d'abord, parce que ce sont des entreprises
publiques ; la SNCF, la RATP, c'est l'Etat, et point final. Donc, pour
qu'il y ait une logique. Et puis, la réforme déjà de la fonction
publique a été faite, on voit à peu près dans quelle direction cela a
été fait. Donc, cela donne un cadre à X. Bertrand pour ouvrir les
négociations, dès ce matin, avec la CFTC, en recevant Mme Idrac, la
présidente de la SNCF. Et puis ensuite, une fois ce cadre établi, pour
discuter entreprise par entreprise. Le Président a très bien dit hier
qu'un gazier, un conducteur de la RATP, un conducteur de la SNCF, un
vendeur de billets dans une gare, ce n'était pas la même chose. Voilà.
Q.- On est bien d'accord.
R.- On va travailler entreprise par entreprise.
Q.- Mais, je suis à la SNCF, je suis cheminot, j'ai droit à un régime
spécial de retraite, je suis à la SNCF depuis 30 ans, va-t-on revenir
sur mon régime spécial de retraite ?
R.- Je suis fils et petit-fils de cheminots, je peux vous parler
également ; j'ai vécu cela, j'ai vu mes parents avec leur retraite, mon
grand-père. Il y a un certain nombre d'engagements de départ qui sont
pris par l'entreprise...
Q.- On les tient jusqu'au bout les engagements ?
R.- Tout cela sera dans la discussion. Ce que je veux dire par là, c'
est que, aujourd'hui...
Q.- Alors, je vous pose la question, faut-il tenir les engagements qui
ont été...finalement, c'est un contrat que les cheminot a passé avec
l'Etat ?
R.- J.-J. Bourdin, j'ai beaucoup d'amitié pour vous, mais laissez-moi
finir. Mais ce matin, le ministre du Travail commence les discussions,
ensuite les discussions sur les entreprises. Donc, ce n'est pas tous
les deux qui allons dire comment cela va se passer.
Q.- On est bien d'accord.
R.- Ce que je voudrais dire simplement, c'est que les choses ont bien
changé. Aujourd'hui, un roulant, quelqu'un qui conduit un train, prend
sa retraite à 50 ans, c'était tout à fait justifié, cela peut d'
ailleurs aussi toujours se discuter au niveau de la pénibilité. Mais
c'était pourquoi ? Parce que le roulant était sous sa machine à vapeur,
il mettait le charbon, il se prenait l'air froid, il était détruit.
Aujourd'hui, le roulant qui conduit un TGV n'est pas dans la même
condition physique...
Q.- Là, on est d'accord.
R.- Ce qui n'empêche pas qu'il y ait un stress, qu'il y ait des
responsabilités, des horaires décalés, pas de week-ends, etc. Bon.
Donc, il faut regarder tout cela, c'est ce qui sera fait dans la
négociation. Simplement, il faut se dire que le roulant aujourd'hui de
50 ans, a peut-être une maison qu'il n'a pas fini de payer, des enfants
qui font leurs études ou qui veulent passer leur permis, et que, lui,
n'a peut-être forcément envie de partir à 50 ans. Donc, il faut mettre
tout cela la table.
Q.- Quel est votre avis ? Je vous demande votre avis. Cette réforme ne
concernera que les nouveaux cheminots, les jeunes, qui sont engagés, ou
est-ce que cela concernera tous les cheminots qui sont déjà en place ?
R.- Je suis incapable de vous répondre à cette question. Puisque cela
va être l'objet des négociations.
Q.- Bon, mais quel est votre avis, que souhaiteriez-vous ?
R.- Je souhaite que les syndicats et leur entreprise discutent, voilà.
"Il faut voir les choses d'un oeil nouveau", c'est ce qu'a dit le
Président, il faut voir cela dans le sens du travail et de l'emploi, et
puis le sens d'équilibrer les régimes de retraites et faire en sorte
que, justement, ce cheminot qui est rentré à la SNCF avec l'espoir d'
une retraite un peu plus tôt, cette retraite puisse lui être payée ad
vitam aeternam, sans risques, et c'est également ce risque qui existe
aujourd'hui, que ces retraites ne soient pas complètement garanties par
l'évolution des déficits de notre système de retraites, c'est ce risque
qui doit être regardé dans la négociation qui va commencer. Aucun a
priori, rien n'est fixé.
Q.- J'ai une autre question sur les retraites, nous allons changer de
sujet, mais quand même : pourquoi tant de différence entre les
retraites du public et les retraites du privé, sur le calcul de la
retraite, sur le nombre d'années pris en compte pour le calcul de la
retraite ? Faut-il, là aussi, engager une réforme ?
R.- Si on reprend le calendrier, il y a eu la réforme des retraites
Raffarin- Fillon, en 2003, on n'a pas regardé les régimes spéciaux. Le
président de la République dit, à juste titre, soutenu par l'opinion
publique, par la majorité de nos compatriote : maintenant, il faut
regarder à nouveau l'ensemble des retraites parce qu'on voit bien qu'il
faut que cela bouge à nouveau, donc, on regarde les régimes spéciaux
parce qu'on ne peut pas continuer jusqu'au bout à les laisser de côté,
et ensuite on regardera l'ensemble. Voilà. Et dans l'ensemble, on
regardera la fonction publique, le privé, on aura traité les régimes
spéciaux. Le problème, c'est que nous sommes dans une société, et c'est
un grand bonheur, où nous vieillissons, et nous allons vivre si tout va
bien, plus longtemps. Eh bien il faut organiser tout cela. Sinon, cette
solidarité à laquelle les Français sont très attachés, ce sera un bel
objet de discours, on ne pourra plus le faire dans la réalité.
Q.- La Journée du transport public...
R.- C'est aujourd'hui.
Q.- C'est ce mercredi. Alors, c'est très simple, vous prenez un
transport public, que ce soit un bus, le métro, un train, vous payez un
1 euro.
R.- Oui, ce n'est pas dans toutes les villes de France. C'est la
première fois que cela se fait.
Q.- C'est une bonne idée.
R.- Au départ, c'est parti d'un homme pour lequel j'ai beaucoup de
respect, qui nous a quittés, qui est M. Crépeau, qui, à La Rochelle a
lancé la Journée sans voitures. C'était merveilleux, les vélos, enfin,
tout ce que M. Crépeau avait inventé à La Rochelle. Et puis ensuite,
c'est devenu une journée dans d'autres régions de France, l'Europe a
repris cela depuis cinq ans, et fait une Semaine de la mobilité, et
puis aujourd'hui, une centaine de réseaux en France font la Journée à 1
euro. Comme vous le disiez à l'instant, on peut prendre tous les moyens
de transport...
Q.- Pas à Paris.
R.- Pas à Paris, parce que, pour des raisons techniques ou autres, je
n'en sais rien, finalement la RATP et les réseaux parisiens et
franciliens n'ont pas été mis dans cette Journée ; j'espère que ce sera
le cas l'année prochaine. L'idée, c'est de se dire, il faut donner
envie à nos concitoyens de prendre les transports publics. Le transport
public aujourd'hui est de plus en plus confortable, on a fait des
efforts énormes sur les trams, sur les métros, etc. Il y a le confort,
la fréquence, il faut la sécurité, la sûreté des passagers. Et l'idée
c'est de dire, mais c'est bien mieux de prendre un transport public que
de prendre sa voiture. Je me partage entre la Charente-maritime et cela
fait 20 ans que je n'ai pas de voiture à Paris. Pourquoi avoir une
voiture à Paris à partir du moment où vous avez des bus, des métros et
un réseau formidable. C'est plus difficile pour quelqu'un, de vos
auditeurs, qui est dans un petit village, qui va travailler dans une
ville, parce que, là, on n'a pas encore inventé tout ce nouveau système
de transport entre la périruralité et les villes moyennes où on
travaille.
Q.- C'est vrai. Le vélo, les sanctions sont de plus en plus nombreuses,
vous confirmez.
R.- Je confirme d'abord que le vélo redevient un moyen de transport
majeur. Quand j'étais enfant, celui qui prenait son vélo pour aller
travailler c'est celui qui n'avait pas les moyens d'avoir une voiture.
Aujourd'hui, celui qui prend son vélo, c'est un choix de déplacement,
c'est une alternative. On peut d'ailleurs partir le matin en métro à
Paris, revenir le soir en VéLib, tout est possible. Donc, c'est devenu
un vrai moyen de transport. Alors, le Code de la route : est-ce que le
vélo peut...
Q.- Perd-on des points si on commet une infraction ?
R.- Mais on est citoyens...
Q.- Sur son permis de conduire ?
R.- Absolument...on est citoyens de la même manière qu'on soit piéton,
cycliste, automobiliste. Et d'ailleurs, on est en général, dans une
journée ou dans une semaine, les trois alternativement. Imaginez qu'on
ait un Code de la route spécial pour les vélos, c'est-à-dire, quand
vous êtes en vélo vous dites "là, je peux griller le feu rouge, là, je
peux prendre un sens interdit, mais en voiture je ne peux pas". Donc,
l'idée c'est les mêmes règles pour tous, ce qui n'empêche pas...
Q.- Vous allez, c'est votre idée, vous allez changer la loi ?
R.- Non, mon idée c'est qu'il faut avoir des règles pour tout le monde.
Et ensuite, au coup par coup, sous l'autorité des maires, envisager des
dérogations astucieuses pour les cyclistes.
Q.- Mais je commets une infraction, je suis à vélo, je commets une
infraction...
R.- Vous êtes avec le téléphone portable, vous êtes en train de
préparer votre émission, vous êtes avec le téléphone portable à vélo,
d'abord, vous prenez un risque considérable, celui de vous cassez la
figure et vous courez le même risque que si vous étiez au volant de
votre voiture.
Q.- Oui, mais est-ce que je risque de perdre des points sur mon permis
?
R.- Bien sûr, bien sûr.
Q.- Il paraît que la loi dit non ?
R.- Ecoutez, pour l'instant les risques pénaux, les risques d'amendes
sont les mêmes.
Q.- Vous souhaiteriez changer la loi ?
R.- On n'en a pas encore parlé. Il y a le Club des villes cyclables qui
se réunit prochainement à Lyon, il y a un état des lieux, on va en
parler avec eux. Non, ce que je veux dire, c'est très important.
Q.- Voulez-vous qu'on assimile un cycliste à un conducteur automobile ?
R.- Je pense qu'il faut que chacun dans sa vie ait les mêmes règles.
Quand vous êtes piéton, c'est dangereux de traverser quand ce n'est pas
à vous de traverser, et que c'est très dangereux pour un automobiliste
de brûler un feu rouge. Il faut appliquer les mêmes règles à tout le
monde. Ensuite...
Q.- Et si le cycliste n'a pas de permis de conduire ?
R.- Il paiera simplement l'amende. Ensuite, si vous voulez, il faut un
peu d'astuce. Le maire qui est dans sa commune dit : j'ai cette rue qui
est en sens unique mais il y a un peu de place, je peux faire passer
des vélos dans l'autre sens, en prudence, j'ai ce trottoir où il y a de
la place, on peut faire une fréquentation alternée, respectueuse les
uns des autres des cyclistes et des piétons, ce sont de très bonnes
idées. Donc, on n'est pas obligés d'être bloqués. Il faut quand même
avoir des règles de sécurité pour tout le monde, pour que personne ne
les oublie.
Q.- On prépare "le Grenelle de l'environnement". Alors beaucoup d'
associations font des propositions, vous allez me dire ce que vous en
pensez, notamment la réduction de la vitesse de 10 km/heure sur le
réseau routier et autoroutier. Y êtes-vous favorable ou pas ?
R.- "Le Grenelle de l'environnement" que nous préparons, avec J.-L.
Borloo, est un objectif de réduire les pollutions et d'améliorer le
développement durable. Donc, si vous parlez de la vitesse sur
autoroutes, vous avez deux aspects : vous avez l'aspect réduction des
gaz à effet de serre - consommation de CO2, d'un côté -, et de l'autre
côté, vous avez, la sécurité. Je pense que les règles que nous avons en
sécurité, je l'ai déjà dit sur votre antenne - 30 km, dans certaines
zones, 50, dans les villes, 70 dans certaines zones, 90 sur les routes,
110, sur les quatre voies, 130, sur les autoroutes -, c'est déjà pas
simple de savoir à quel moment on est sur un axe...
Q.- Vous ne souhaitez pas qu'on y touche ?
R.- Je ne souhaite pas qu'on y touche, voilà. Alors, si du "Grenelle de
l'environnement", sortait une proposition majoritaire que retenaient le
président de la République et le Gouvernement, en disant : on touche,
pour des raisons environnementales, aux vitesses limites, c'est un
autre sujet. Et je pense qu'en matière de sécurité routière, la
stabilité des règles, bien veiller à leur application, être très
strictes sur leur application, et ne pas les changer en permanence, c'
est quelque chose qui permet d'appliquer sereinement et d'avoir un bon
résultat, une véritable efficacité de ces règles.
Q.- Alors, la Fédération nationale des transports routiers propose,
elle, des mesures, toujours avant ce "Grenelle de l'environnement" :
limiter à 80 km/h la vitesse des poids-lourds ?
R.- Oui, alors, vous savez que cette mesure, il y a quatre grands
syndicats routiers en France ; la FNTR est l'un des principaux, cette
mesure a été immédiatement controversée par les autres organisations.
Q.- Mais quelle est votre position ? Vous trouvez que c'est une bonne
idée ou pas ?
R.- Moi, ce que j'ai trouvé d'intéressant dans la FNTR en termes de
sécurité routière, parce que, là encore...
Q.- Interdiction des dépassements sur autoroutes ?
R.- Oui. Je crois qu'il y a une véritable idée, le dépassement sur
autoroutes...d'ailleurs à titre expérimental, sur certains bouts d'
autoroutes cet été, les préfets ont pris, département par département,
autour de Bordeaux ou ailleurs, des mesures. Je pense que cette
mesure...
Q.- On pourrait généraliser cette mesure ?
R.- Il faut vraiment réfléchir. Les transporteurs routiers nous disent
les problèmes que cela pose : le camion vide, qui peut aller un peu
plus vite, etc. Mais c'est vrai...Alors cela voudrait dire que, les
forces de l'ordre sont capables de faire respecter strictement les
intervalles, car vous savez bien quand vous êtes sur une route ou sur
une autoroute, il y a des camions à la suite, et vous ne pouvez pas
vous rabattre entre eux, alors que, normalement il devrait y avoir
assez de place. Donc, si on est capable de faire respecter les
intervalles, l'interdiction de dépasser, pour des raisons de sécurité,
n'est pas une mauvaise idée. Les affaires de vitesse, j'y reviens, là,
c'est une question de choix politique du "Grenelle de l'environnement",
au nom de l'environnement.
Q.- Donc, c'est une idée intéressante, si j'ai bien compris ?
R.- Oui, mais, si vous voulez, sa faiblesse, pardonnez-moi, c'est qu'
elle n'est pas celle de toute la profession. Donc, elle a cet intérêt,
cette originalité, et cette faiblesse d'être que, d'une partie de la
profession routière.
Q.- Il y a un sujet qui nous préoccupe tous : en 2000, il y a donc sept
ans, on transportait plus de marchandises sur rail qu'aujourd'hui. Et
la SNCF appelle l'Etat à prendre ses responsabilités pour valoriser les
atouts du fret ferroviaire.
R.- Ce qui est rageant, c'est que dans tous les pays européens qui
entourent la France - l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre dont on a
beaucoup rigolé il y a quelques années quand ils ont fait leur réforme
ferroviaire - le fret ferroviaire gagne des parts de marché. Le
président de la République a donné un signal et une directive très
claire : le transport modal, 25 % des trafics nouveaux sur de nouveaux
modes dans les années à venir. Donc, cela veut dire que le fret SNCF
doit accomplir les mêmes réussites, avoir les mêmes résultats
magnifiques qu'à la SNCF sur le TGV et sur le TER.
Q.- Alors pourquoi ? C'est une culture SNCF ?
R.- Je connais bien cette maison et je l'apprécie beaucoup. Je pense
que dans la culture de la maison, les ingénieurs, les techniciens, les
grands dirigeants dans les années qui ont précédé, ont beaucoup misé
sur le TGV, - belle réussite - ; avec le concours des régions, toute
tendance politique confondue, sur le TER, très belle réussite.
Aujourd'hui, il faut mettre la même énergie, la même intelligence, le
même dynamisme, la même motivation, sur le fret ferroviaire. Il faut
regagner les parts de marché. Alors, on va les aider. L'Etat
naturellement a une responsabilité. Dans le Grenelle de l'
environnement, avec J.-L. Borloo, nous proposons des autoroutes
ferroviaires nombreuses pour mettre des camions sur train depuis le
Luxembourg vers Perpignan, depuis Dunkerque vers l'Espagne, sur un axe
Est-Ouest. Donc, il faut qu'on adapte les infrastructures. Quand on
fait une nouvelle ligne de TGV, par exemple le TGV-Est récemment, très
belle réussite, on dégage ce qu'on appelle des sillons, c'est-à-dire
des espaces, des créneaux sur la ligne classique, qui permettent de
passer plus de fret. Donc, il faut donner les moyens à la SNCF d'avoir
plus de lignes dédiées au fret - ç'est la responsabilité de l'Etat
aménageur du territoire - ; il faut que la SNCF mobilise, avec les
autres opérateurs ferroviaires, parce qu'aujourd'hui, la SNCF n'est
plus seule, il y a les privés, les privés français et les privés
européens, avec ce qu'on appelle les opérateurs locaux de proximité. Je
vais mettre le premier en place, bientôt, sur Orléans. Qu'est-ce que
c'est ? C'est un groupe de coopératives ou une entreprise qui va elle-
même, avec des moyens locaux, sans trop de frais ( ?), chercher les
wagons dans les endroits un peu disséminés, les ramener à la SNCF pour
un autre opérateur ferroviaire, qui lui va massifier. Donc, en
Allemagne, ils ont fermé plus de gares que la SNCF n'en propose
aujourd'hui. Ils ont deux fois plus de trafic et deux fois plus de
chiffre d'affaire. Donc, on n'est pas plus bêtes, on est même la
meilleure entreprise ferroviaire au monde, certainement. Il faut qu'on
réussisse.
Q.- J'ai compris que c'est une question de volonté. Un mot - question
courte, réponse courte, s'il vous plaît - : la ligne TGV jusqu'à Nice,
vous en êtes où ?
R.- Dans le "Grenelle de l'Environnement" et dans les CIADT - les
conseils interministériels d'aménagement du territoire - on a le
projet. Le débat il est clair : est-ce que la ligne passe au nord de la
Riviera ou est-ce qu'elle passe plus près pour desservir les grandes
métropoles que sont tous les...
Q.- Mais elle se fera ?
R.- Elle se fera, elle est indispensable. Je vous rappelle au passage
que l'aéroport de Nice, situation géographique difficile, il y a un
besoin absolu du TGV pour venir répondre aux besoins de déplacement des
habitants de la Côte d'Azur.
Q.- La réforme du permis de conduire : est-ce vrai que vous
réfléchissez à une réforme ?
R.- Oui, à une réforme pour démocratiser...
Q.- Quelles sont les principales idées qui vous guident. Un exemple,
une ou deux idées qui vous vient en tête ?
R.- L'idée d'abord c'est que plein de gamins, qui sont pris à conduire
sans permis, le sont parfois parce que... Robin des Bois, le défi à l'
autorité. Mais hélas parfois, parce que le manque de moyens pour passer
le permis. C'est compliqué, c'est long, etc. Donc, on est en train de
regarder avec J.-L. Borloo à changer tout cela. On a des tas d'idées.
On est allé regarder ce qui se passe à Carcassonne, ce qu'a fait C.
Dupuis à Suresnes, des travaux collectifs en échange d'heures de
conduite, toutes les idées. Des idées également de C. Estrosi dans les
Alpes-Maritimes dont nous parlions à l'instant. On va proposer tout
cela...
Q.- Quand ?
R.- Avant la fin, certainement. Le Premier ministre nous a réunis la
semaine dernière pour en parler. Il nous a demandé de manière très
claire et très ferme de faire cette réforme, de lui proposer cette
réforme au plus vite. Je pense également au permis de conduire tout au
long de la vie. C'est-à-dire ces inspecteurs du permis de conduire, qui
sont des fonctionnaires de l'Etat extrêmement bien formés, extrêmement
compétents, pourquoi ne pas aussi, à certains moments, leur demander de
faire des vérifications de connaissances ou des bilans de
connaissances. Je crois qu'on a tous passé le permis de conduire, les
gens de ma génération, quand on a 50 ans, à 18 ans. Il serait peut-
être...
Q.- Donc, on passerait des bilans régulièrement, tous les vingt ans ?
R.- On peut voir, on regarde où on en est, ou sur la base du
volontariat. Enfin, il y a différentes choses, mais je crois qu'il n'
est pas mauvais de considérer qu'un apprentissage peut se poursuivre et
que les choses évoluent ; la conduite évolue, la technique évolue.
Q.- Donc, régulièrement, on repasserait un petit contrôle ? Tous les
conducteurs ?
R.- Oui, ce n'est pas obligatoirement un contrôle. Cela peut être sur
la base du volontariat, pour tester ses connaissances ; ça peut être
une discussion avec un inspecteur, je n'en sais rien. Tout cela, nous
allons voir ces idées. L'idée c'est un permis démocratique, adapté à
tous les âges de la vie et à l'évolution des techniques, parce que la
voiture qu'on conduira dans dix ou quinze ans aura certainement peu de
choses à voir avec le véhicule automobile que nous avons aujourd'hui
entre les mains.
Q.- J.-J. Bourdin : P. Dufreigne, vous êtes avec les auditeurs de RMC.
P. Dufreigne (RMC) : Toujours des questions très nombreuses, quand on
reçoit D. Bussereau. Justement, vous parlez d'une réforme du permis de
conduire. Il y a des auditeurs qui demandent qu'on réforme les
sanctions du permis de conduire. Patrick, dans le Vaucluse : est-ce
qu'on envisage de réformer le permis à points pour les petits excès de
vitesse ? Pourquoi est-ce qu'on ne supprimerait pas moins de points
dans ces cas-là ?
R.- L'idée est en débat.
Q.- Ah ! Vous l'envisagez ?
R.- L'idée a été posée. Reste à voir si ça serait bon ou pas bon pour
la Sécurité routière.
Q.- Qu'en pensez-vous ?
R.- Je suis très réservé. Je pense que le système actuel il est
compliqué, enfin il est compliqué, je veux dire il est compliqué à
comprendre, donc il faut le rendre compréhensible par celui qui roule.
Si on a fait baisser fortement le nombre de morts depuis cinq ans, c'
est quand même par la sévérité. Donc, il faut faire attention. Tout
acte qui remettrait en cause une politique de sévérité, même si ça
paraît du bon sens, il faut faire attention aux conséquences, en termes
de morts sur nos routes.
Q.- P. Dufreigne : Yannick est en Dordogne. Il nous dit : notre réseau
routier départemental est de pire en pire, il se dégrade de jour en
jour. Pourquoi est-ce qu'on n'affecte pas l'argent des radars
automatiques pour nos routes départementales ?
R.- Les radars automatiques sont mis en place par l'Etat. Ceci étant,
l'Etat accepte de redonner aux collectivités départementales qui gèrent
aujourd'hui - les départements, les conseils généraux - la plus grande
partie du réseau routier, une part de ces recettes.
Q.- J'ai vu ça, oui.
R.- Ceci étant, les conseils généraux, moi j'ai confiance en eux,
quelle que soit leur sensibilité politique, pour aujourd'hui bien gérer
leur réseau départemental, peut-être même un peu mieux que ne le
faisait l'Etat lorsqu'il avait des responsabilités de ces routes.
Q.- Vous allez encore multiplier les radars ?
R.- Oui, on va augmenter...
Q.- Combien ?
R.- Ecoutez ! Le Premier ministre prendra une décision. On a à peu près
aujourd'hui en France 550 radars fixes, qui sont des radars
automatiques.
Q.- L'année prochaine, on en aura combien ?
R.- L'idée, c'est d'aller vers 1.000.
Q.- 1.000, l'année prochaine ?
R.- Et puis, les contrôles mobiles également. Mais je rappelle la chose
la plus importante : on avait des milliers de morts - on est autour de
4.000 - on va se donner comme objectif, le Premier ministre réfléchit à
des objectifs encore beaucoup plus bas pour la Sécurité routière. Donc,
voilà, le résultat de tout cela...
Q.- Pour tomber à combien ? 3.000 ?
R.- Oui, 3.000, mais c'est encore trop. L'objectif c'est naturellement
zéro. Mais 3.000 c'est peut-être réaliste. Ce qu'il faut se dire, c'est
que cette répression, soyons clairs, ce bâton, etc., il a donné de très
bons résultats, et donc, ceux qui nous écoutent, il y a des gens en vie
à cause de ça.
Q.- Alors, justement, l'alcoolémie au volant. Julien, 27 ans... Vous
êtes en Loire Atlantique. Question à D. Bussereau. Julien : Bonjour
Monsieur Bussereau. Moi, j'aurais deux questions pour vous. Ma première
effectivement, c'est par rapport au taux d'alcoolémie. Est-ce que vous
êtes favorable pour un taux vert d'alcoolémie zéro à tous les
conducteurs ?
R.- La réponse est non. Bien sûr, le mieux, quand on prend sa voiture,
c'est de n'avoir pas bu une goûte de bière ou d'alcool ou de vin. Je
pense qu'essayer de bien faire respecter le 0,5, c'est déjà quelque
chose d'important. Peut-être que le jour où on sera sûr que tous les
Français appliquent le 0,5, il faudra passer à l'étape suivante. Mais
d'ores et déjà, appliquons sérieusement le 0,5. Je verrai la semaine
prochaine le patron de Peugeot, Monsieur Folz - j'ai vu récemment C.
Ghosn - pour que les conducteurs automobiles mettent sur toutes les
voitures comme équipements de base standard, sans option, les
kilomètres automatiques qui permettent de se tester et de prendre ses
responsabilités devant son état de non ou de minimum d'alcoolémie.
Q.- Autre question, Julien. Julien : J'avais cette autre question :
quels sont aujourd'hui les moyens qui sont mis en oeuvre pour aider les
entreprises, donc les professionnels privés, à développer les moyens de
transport propres, pour arrêter de faire que de l'écolo marketing ?
Voilà. Est-ce qu'il va y avoir, je ne sais pas des aides fiscales, pour
aider les clients ?
R.- Il y a déjà beaucoup d'aides fiscales, pour la voiture électrique,
pour les... etc. On va présenter, dans le cadre du Grenelle de l'
Environnement, avec les constructeurs, un plan très important de
développement de flottes entreprise pour les équiper. Je prends l'
exemple de maire, petite commune, Saint-Georges-de-Didonne en Charente
-Maritime : lorsque j'exerçais cette fonction, entre les aides de l'
Etat et de mon département, acheter un véhicule électrique était moins
cher qu'acheter un véhicule à moteur. Je crois qu'il faut tous les élus
réfléchissent à ce que dans leur flotte communale, départementale,
régionale, tous les véhicules qui peuvent passer au véhicule propre.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 19
septembre 2007
régimes spéciaux de retraites, puisque vous êtes directement concerné à
travers la SNCF notamment, mais pas que la SNCF, la RATP ou d'autres.
J'ai beaucoup d'auditeurs, ce matin, qui se demandent : pourquoi
aligne-t-on ces anciens régimes spéciaux sur le public et non sur le
privé pour le calcul de la retraite ?
R.- Si vous voulez, d'abord, parce que ce sont des entreprises
publiques ; la SNCF, la RATP, c'est l'Etat, et point final. Donc, pour
qu'il y ait une logique. Et puis, la réforme déjà de la fonction
publique a été faite, on voit à peu près dans quelle direction cela a
été fait. Donc, cela donne un cadre à X. Bertrand pour ouvrir les
négociations, dès ce matin, avec la CFTC, en recevant Mme Idrac, la
présidente de la SNCF. Et puis ensuite, une fois ce cadre établi, pour
discuter entreprise par entreprise. Le Président a très bien dit hier
qu'un gazier, un conducteur de la RATP, un conducteur de la SNCF, un
vendeur de billets dans une gare, ce n'était pas la même chose. Voilà.
Q.- On est bien d'accord.
R.- On va travailler entreprise par entreprise.
Q.- Mais, je suis à la SNCF, je suis cheminot, j'ai droit à un régime
spécial de retraite, je suis à la SNCF depuis 30 ans, va-t-on revenir
sur mon régime spécial de retraite ?
R.- Je suis fils et petit-fils de cheminots, je peux vous parler
également ; j'ai vécu cela, j'ai vu mes parents avec leur retraite, mon
grand-père. Il y a un certain nombre d'engagements de départ qui sont
pris par l'entreprise...
Q.- On les tient jusqu'au bout les engagements ?
R.- Tout cela sera dans la discussion. Ce que je veux dire par là, c'
est que, aujourd'hui...
Q.- Alors, je vous pose la question, faut-il tenir les engagements qui
ont été...finalement, c'est un contrat que les cheminot a passé avec
l'Etat ?
R.- J.-J. Bourdin, j'ai beaucoup d'amitié pour vous, mais laissez-moi
finir. Mais ce matin, le ministre du Travail commence les discussions,
ensuite les discussions sur les entreprises. Donc, ce n'est pas tous
les deux qui allons dire comment cela va se passer.
Q.- On est bien d'accord.
R.- Ce que je voudrais dire simplement, c'est que les choses ont bien
changé. Aujourd'hui, un roulant, quelqu'un qui conduit un train, prend
sa retraite à 50 ans, c'était tout à fait justifié, cela peut d'
ailleurs aussi toujours se discuter au niveau de la pénibilité. Mais
c'était pourquoi ? Parce que le roulant était sous sa machine à vapeur,
il mettait le charbon, il se prenait l'air froid, il était détruit.
Aujourd'hui, le roulant qui conduit un TGV n'est pas dans la même
condition physique...
Q.- Là, on est d'accord.
R.- Ce qui n'empêche pas qu'il y ait un stress, qu'il y ait des
responsabilités, des horaires décalés, pas de week-ends, etc. Bon.
Donc, il faut regarder tout cela, c'est ce qui sera fait dans la
négociation. Simplement, il faut se dire que le roulant aujourd'hui de
50 ans, a peut-être une maison qu'il n'a pas fini de payer, des enfants
qui font leurs études ou qui veulent passer leur permis, et que, lui,
n'a peut-être forcément envie de partir à 50 ans. Donc, il faut mettre
tout cela la table.
Q.- Quel est votre avis ? Je vous demande votre avis. Cette réforme ne
concernera que les nouveaux cheminots, les jeunes, qui sont engagés, ou
est-ce que cela concernera tous les cheminots qui sont déjà en place ?
R.- Je suis incapable de vous répondre à cette question. Puisque cela
va être l'objet des négociations.
Q.- Bon, mais quel est votre avis, que souhaiteriez-vous ?
R.- Je souhaite que les syndicats et leur entreprise discutent, voilà.
"Il faut voir les choses d'un oeil nouveau", c'est ce qu'a dit le
Président, il faut voir cela dans le sens du travail et de l'emploi, et
puis le sens d'équilibrer les régimes de retraites et faire en sorte
que, justement, ce cheminot qui est rentré à la SNCF avec l'espoir d'
une retraite un peu plus tôt, cette retraite puisse lui être payée ad
vitam aeternam, sans risques, et c'est également ce risque qui existe
aujourd'hui, que ces retraites ne soient pas complètement garanties par
l'évolution des déficits de notre système de retraites, c'est ce risque
qui doit être regardé dans la négociation qui va commencer. Aucun a
priori, rien n'est fixé.
Q.- J'ai une autre question sur les retraites, nous allons changer de
sujet, mais quand même : pourquoi tant de différence entre les
retraites du public et les retraites du privé, sur le calcul de la
retraite, sur le nombre d'années pris en compte pour le calcul de la
retraite ? Faut-il, là aussi, engager une réforme ?
R.- Si on reprend le calendrier, il y a eu la réforme des retraites
Raffarin- Fillon, en 2003, on n'a pas regardé les régimes spéciaux. Le
président de la République dit, à juste titre, soutenu par l'opinion
publique, par la majorité de nos compatriote : maintenant, il faut
regarder à nouveau l'ensemble des retraites parce qu'on voit bien qu'il
faut que cela bouge à nouveau, donc, on regarde les régimes spéciaux
parce qu'on ne peut pas continuer jusqu'au bout à les laisser de côté,
et ensuite on regardera l'ensemble. Voilà. Et dans l'ensemble, on
regardera la fonction publique, le privé, on aura traité les régimes
spéciaux. Le problème, c'est que nous sommes dans une société, et c'est
un grand bonheur, où nous vieillissons, et nous allons vivre si tout va
bien, plus longtemps. Eh bien il faut organiser tout cela. Sinon, cette
solidarité à laquelle les Français sont très attachés, ce sera un bel
objet de discours, on ne pourra plus le faire dans la réalité.
Q.- La Journée du transport public...
R.- C'est aujourd'hui.
Q.- C'est ce mercredi. Alors, c'est très simple, vous prenez un
transport public, que ce soit un bus, le métro, un train, vous payez un
1 euro.
R.- Oui, ce n'est pas dans toutes les villes de France. C'est la
première fois que cela se fait.
Q.- C'est une bonne idée.
R.- Au départ, c'est parti d'un homme pour lequel j'ai beaucoup de
respect, qui nous a quittés, qui est M. Crépeau, qui, à La Rochelle a
lancé la Journée sans voitures. C'était merveilleux, les vélos, enfin,
tout ce que M. Crépeau avait inventé à La Rochelle. Et puis ensuite,
c'est devenu une journée dans d'autres régions de France, l'Europe a
repris cela depuis cinq ans, et fait une Semaine de la mobilité, et
puis aujourd'hui, une centaine de réseaux en France font la Journée à 1
euro. Comme vous le disiez à l'instant, on peut prendre tous les moyens
de transport...
Q.- Pas à Paris.
R.- Pas à Paris, parce que, pour des raisons techniques ou autres, je
n'en sais rien, finalement la RATP et les réseaux parisiens et
franciliens n'ont pas été mis dans cette Journée ; j'espère que ce sera
le cas l'année prochaine. L'idée, c'est de se dire, il faut donner
envie à nos concitoyens de prendre les transports publics. Le transport
public aujourd'hui est de plus en plus confortable, on a fait des
efforts énormes sur les trams, sur les métros, etc. Il y a le confort,
la fréquence, il faut la sécurité, la sûreté des passagers. Et l'idée
c'est de dire, mais c'est bien mieux de prendre un transport public que
de prendre sa voiture. Je me partage entre la Charente-maritime et cela
fait 20 ans que je n'ai pas de voiture à Paris. Pourquoi avoir une
voiture à Paris à partir du moment où vous avez des bus, des métros et
un réseau formidable. C'est plus difficile pour quelqu'un, de vos
auditeurs, qui est dans un petit village, qui va travailler dans une
ville, parce que, là, on n'a pas encore inventé tout ce nouveau système
de transport entre la périruralité et les villes moyennes où on
travaille.
Q.- C'est vrai. Le vélo, les sanctions sont de plus en plus nombreuses,
vous confirmez.
R.- Je confirme d'abord que le vélo redevient un moyen de transport
majeur. Quand j'étais enfant, celui qui prenait son vélo pour aller
travailler c'est celui qui n'avait pas les moyens d'avoir une voiture.
Aujourd'hui, celui qui prend son vélo, c'est un choix de déplacement,
c'est une alternative. On peut d'ailleurs partir le matin en métro à
Paris, revenir le soir en VéLib, tout est possible. Donc, c'est devenu
un vrai moyen de transport. Alors, le Code de la route : est-ce que le
vélo peut...
Q.- Perd-on des points si on commet une infraction ?
R.- Mais on est citoyens...
Q.- Sur son permis de conduire ?
R.- Absolument...on est citoyens de la même manière qu'on soit piéton,
cycliste, automobiliste. Et d'ailleurs, on est en général, dans une
journée ou dans une semaine, les trois alternativement. Imaginez qu'on
ait un Code de la route spécial pour les vélos, c'est-à-dire, quand
vous êtes en vélo vous dites "là, je peux griller le feu rouge, là, je
peux prendre un sens interdit, mais en voiture je ne peux pas". Donc,
l'idée c'est les mêmes règles pour tous, ce qui n'empêche pas...
Q.- Vous allez, c'est votre idée, vous allez changer la loi ?
R.- Non, mon idée c'est qu'il faut avoir des règles pour tout le monde.
Et ensuite, au coup par coup, sous l'autorité des maires, envisager des
dérogations astucieuses pour les cyclistes.
Q.- Mais je commets une infraction, je suis à vélo, je commets une
infraction...
R.- Vous êtes avec le téléphone portable, vous êtes en train de
préparer votre émission, vous êtes avec le téléphone portable à vélo,
d'abord, vous prenez un risque considérable, celui de vous cassez la
figure et vous courez le même risque que si vous étiez au volant de
votre voiture.
Q.- Oui, mais est-ce que je risque de perdre des points sur mon permis
?
R.- Bien sûr, bien sûr.
Q.- Il paraît que la loi dit non ?
R.- Ecoutez, pour l'instant les risques pénaux, les risques d'amendes
sont les mêmes.
Q.- Vous souhaiteriez changer la loi ?
R.- On n'en a pas encore parlé. Il y a le Club des villes cyclables qui
se réunit prochainement à Lyon, il y a un état des lieux, on va en
parler avec eux. Non, ce que je veux dire, c'est très important.
Q.- Voulez-vous qu'on assimile un cycliste à un conducteur automobile ?
R.- Je pense qu'il faut que chacun dans sa vie ait les mêmes règles.
Quand vous êtes piéton, c'est dangereux de traverser quand ce n'est pas
à vous de traverser, et que c'est très dangereux pour un automobiliste
de brûler un feu rouge. Il faut appliquer les mêmes règles à tout le
monde. Ensuite...
Q.- Et si le cycliste n'a pas de permis de conduire ?
R.- Il paiera simplement l'amende. Ensuite, si vous voulez, il faut un
peu d'astuce. Le maire qui est dans sa commune dit : j'ai cette rue qui
est en sens unique mais il y a un peu de place, je peux faire passer
des vélos dans l'autre sens, en prudence, j'ai ce trottoir où il y a de
la place, on peut faire une fréquentation alternée, respectueuse les
uns des autres des cyclistes et des piétons, ce sont de très bonnes
idées. Donc, on n'est pas obligés d'être bloqués. Il faut quand même
avoir des règles de sécurité pour tout le monde, pour que personne ne
les oublie.
Q.- On prépare "le Grenelle de l'environnement". Alors beaucoup d'
associations font des propositions, vous allez me dire ce que vous en
pensez, notamment la réduction de la vitesse de 10 km/heure sur le
réseau routier et autoroutier. Y êtes-vous favorable ou pas ?
R.- "Le Grenelle de l'environnement" que nous préparons, avec J.-L.
Borloo, est un objectif de réduire les pollutions et d'améliorer le
développement durable. Donc, si vous parlez de la vitesse sur
autoroutes, vous avez deux aspects : vous avez l'aspect réduction des
gaz à effet de serre - consommation de CO2, d'un côté -, et de l'autre
côté, vous avez, la sécurité. Je pense que les règles que nous avons en
sécurité, je l'ai déjà dit sur votre antenne - 30 km, dans certaines
zones, 50, dans les villes, 70 dans certaines zones, 90 sur les routes,
110, sur les quatre voies, 130, sur les autoroutes -, c'est déjà pas
simple de savoir à quel moment on est sur un axe...
Q.- Vous ne souhaitez pas qu'on y touche ?
R.- Je ne souhaite pas qu'on y touche, voilà. Alors, si du "Grenelle de
l'environnement", sortait une proposition majoritaire que retenaient le
président de la République et le Gouvernement, en disant : on touche,
pour des raisons environnementales, aux vitesses limites, c'est un
autre sujet. Et je pense qu'en matière de sécurité routière, la
stabilité des règles, bien veiller à leur application, être très
strictes sur leur application, et ne pas les changer en permanence, c'
est quelque chose qui permet d'appliquer sereinement et d'avoir un bon
résultat, une véritable efficacité de ces règles.
Q.- Alors, la Fédération nationale des transports routiers propose,
elle, des mesures, toujours avant ce "Grenelle de l'environnement" :
limiter à 80 km/h la vitesse des poids-lourds ?
R.- Oui, alors, vous savez que cette mesure, il y a quatre grands
syndicats routiers en France ; la FNTR est l'un des principaux, cette
mesure a été immédiatement controversée par les autres organisations.
Q.- Mais quelle est votre position ? Vous trouvez que c'est une bonne
idée ou pas ?
R.- Moi, ce que j'ai trouvé d'intéressant dans la FNTR en termes de
sécurité routière, parce que, là encore...
Q.- Interdiction des dépassements sur autoroutes ?
R.- Oui. Je crois qu'il y a une véritable idée, le dépassement sur
autoroutes...d'ailleurs à titre expérimental, sur certains bouts d'
autoroutes cet été, les préfets ont pris, département par département,
autour de Bordeaux ou ailleurs, des mesures. Je pense que cette
mesure...
Q.- On pourrait généraliser cette mesure ?
R.- Il faut vraiment réfléchir. Les transporteurs routiers nous disent
les problèmes que cela pose : le camion vide, qui peut aller un peu
plus vite, etc. Mais c'est vrai...Alors cela voudrait dire que, les
forces de l'ordre sont capables de faire respecter strictement les
intervalles, car vous savez bien quand vous êtes sur une route ou sur
une autoroute, il y a des camions à la suite, et vous ne pouvez pas
vous rabattre entre eux, alors que, normalement il devrait y avoir
assez de place. Donc, si on est capable de faire respecter les
intervalles, l'interdiction de dépasser, pour des raisons de sécurité,
n'est pas une mauvaise idée. Les affaires de vitesse, j'y reviens, là,
c'est une question de choix politique du "Grenelle de l'environnement",
au nom de l'environnement.
Q.- Donc, c'est une idée intéressante, si j'ai bien compris ?
R.- Oui, mais, si vous voulez, sa faiblesse, pardonnez-moi, c'est qu'
elle n'est pas celle de toute la profession. Donc, elle a cet intérêt,
cette originalité, et cette faiblesse d'être que, d'une partie de la
profession routière.
Q.- Il y a un sujet qui nous préoccupe tous : en 2000, il y a donc sept
ans, on transportait plus de marchandises sur rail qu'aujourd'hui. Et
la SNCF appelle l'Etat à prendre ses responsabilités pour valoriser les
atouts du fret ferroviaire.
R.- Ce qui est rageant, c'est que dans tous les pays européens qui
entourent la France - l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre dont on a
beaucoup rigolé il y a quelques années quand ils ont fait leur réforme
ferroviaire - le fret ferroviaire gagne des parts de marché. Le
président de la République a donné un signal et une directive très
claire : le transport modal, 25 % des trafics nouveaux sur de nouveaux
modes dans les années à venir. Donc, cela veut dire que le fret SNCF
doit accomplir les mêmes réussites, avoir les mêmes résultats
magnifiques qu'à la SNCF sur le TGV et sur le TER.
Q.- Alors pourquoi ? C'est une culture SNCF ?
R.- Je connais bien cette maison et je l'apprécie beaucoup. Je pense
que dans la culture de la maison, les ingénieurs, les techniciens, les
grands dirigeants dans les années qui ont précédé, ont beaucoup misé
sur le TGV, - belle réussite - ; avec le concours des régions, toute
tendance politique confondue, sur le TER, très belle réussite.
Aujourd'hui, il faut mettre la même énergie, la même intelligence, le
même dynamisme, la même motivation, sur le fret ferroviaire. Il faut
regagner les parts de marché. Alors, on va les aider. L'Etat
naturellement a une responsabilité. Dans le Grenelle de l'
environnement, avec J.-L. Borloo, nous proposons des autoroutes
ferroviaires nombreuses pour mettre des camions sur train depuis le
Luxembourg vers Perpignan, depuis Dunkerque vers l'Espagne, sur un axe
Est-Ouest. Donc, il faut qu'on adapte les infrastructures. Quand on
fait une nouvelle ligne de TGV, par exemple le TGV-Est récemment, très
belle réussite, on dégage ce qu'on appelle des sillons, c'est-à-dire
des espaces, des créneaux sur la ligne classique, qui permettent de
passer plus de fret. Donc, il faut donner les moyens à la SNCF d'avoir
plus de lignes dédiées au fret - ç'est la responsabilité de l'Etat
aménageur du territoire - ; il faut que la SNCF mobilise, avec les
autres opérateurs ferroviaires, parce qu'aujourd'hui, la SNCF n'est
plus seule, il y a les privés, les privés français et les privés
européens, avec ce qu'on appelle les opérateurs locaux de proximité. Je
vais mettre le premier en place, bientôt, sur Orléans. Qu'est-ce que
c'est ? C'est un groupe de coopératives ou une entreprise qui va elle-
même, avec des moyens locaux, sans trop de frais ( ?), chercher les
wagons dans les endroits un peu disséminés, les ramener à la SNCF pour
un autre opérateur ferroviaire, qui lui va massifier. Donc, en
Allemagne, ils ont fermé plus de gares que la SNCF n'en propose
aujourd'hui. Ils ont deux fois plus de trafic et deux fois plus de
chiffre d'affaire. Donc, on n'est pas plus bêtes, on est même la
meilleure entreprise ferroviaire au monde, certainement. Il faut qu'on
réussisse.
Q.- J'ai compris que c'est une question de volonté. Un mot - question
courte, réponse courte, s'il vous plaît - : la ligne TGV jusqu'à Nice,
vous en êtes où ?
R.- Dans le "Grenelle de l'Environnement" et dans les CIADT - les
conseils interministériels d'aménagement du territoire - on a le
projet. Le débat il est clair : est-ce que la ligne passe au nord de la
Riviera ou est-ce qu'elle passe plus près pour desservir les grandes
métropoles que sont tous les...
Q.- Mais elle se fera ?
R.- Elle se fera, elle est indispensable. Je vous rappelle au passage
que l'aéroport de Nice, situation géographique difficile, il y a un
besoin absolu du TGV pour venir répondre aux besoins de déplacement des
habitants de la Côte d'Azur.
Q.- La réforme du permis de conduire : est-ce vrai que vous
réfléchissez à une réforme ?
R.- Oui, à une réforme pour démocratiser...
Q.- Quelles sont les principales idées qui vous guident. Un exemple,
une ou deux idées qui vous vient en tête ?
R.- L'idée d'abord c'est que plein de gamins, qui sont pris à conduire
sans permis, le sont parfois parce que... Robin des Bois, le défi à l'
autorité. Mais hélas parfois, parce que le manque de moyens pour passer
le permis. C'est compliqué, c'est long, etc. Donc, on est en train de
regarder avec J.-L. Borloo à changer tout cela. On a des tas d'idées.
On est allé regarder ce qui se passe à Carcassonne, ce qu'a fait C.
Dupuis à Suresnes, des travaux collectifs en échange d'heures de
conduite, toutes les idées. Des idées également de C. Estrosi dans les
Alpes-Maritimes dont nous parlions à l'instant. On va proposer tout
cela...
Q.- Quand ?
R.- Avant la fin, certainement. Le Premier ministre nous a réunis la
semaine dernière pour en parler. Il nous a demandé de manière très
claire et très ferme de faire cette réforme, de lui proposer cette
réforme au plus vite. Je pense également au permis de conduire tout au
long de la vie. C'est-à-dire ces inspecteurs du permis de conduire, qui
sont des fonctionnaires de l'Etat extrêmement bien formés, extrêmement
compétents, pourquoi ne pas aussi, à certains moments, leur demander de
faire des vérifications de connaissances ou des bilans de
connaissances. Je crois qu'on a tous passé le permis de conduire, les
gens de ma génération, quand on a 50 ans, à 18 ans. Il serait peut-
être...
Q.- Donc, on passerait des bilans régulièrement, tous les vingt ans ?
R.- On peut voir, on regarde où on en est, ou sur la base du
volontariat. Enfin, il y a différentes choses, mais je crois qu'il n'
est pas mauvais de considérer qu'un apprentissage peut se poursuivre et
que les choses évoluent ; la conduite évolue, la technique évolue.
Q.- Donc, régulièrement, on repasserait un petit contrôle ? Tous les
conducteurs ?
R.- Oui, ce n'est pas obligatoirement un contrôle. Cela peut être sur
la base du volontariat, pour tester ses connaissances ; ça peut être
une discussion avec un inspecteur, je n'en sais rien. Tout cela, nous
allons voir ces idées. L'idée c'est un permis démocratique, adapté à
tous les âges de la vie et à l'évolution des techniques, parce que la
voiture qu'on conduira dans dix ou quinze ans aura certainement peu de
choses à voir avec le véhicule automobile que nous avons aujourd'hui
entre les mains.
Q.- J.-J. Bourdin : P. Dufreigne, vous êtes avec les auditeurs de RMC.
P. Dufreigne (RMC) : Toujours des questions très nombreuses, quand on
reçoit D. Bussereau. Justement, vous parlez d'une réforme du permis de
conduire. Il y a des auditeurs qui demandent qu'on réforme les
sanctions du permis de conduire. Patrick, dans le Vaucluse : est-ce
qu'on envisage de réformer le permis à points pour les petits excès de
vitesse ? Pourquoi est-ce qu'on ne supprimerait pas moins de points
dans ces cas-là ?
R.- L'idée est en débat.
Q.- Ah ! Vous l'envisagez ?
R.- L'idée a été posée. Reste à voir si ça serait bon ou pas bon pour
la Sécurité routière.
Q.- Qu'en pensez-vous ?
R.- Je suis très réservé. Je pense que le système actuel il est
compliqué, enfin il est compliqué, je veux dire il est compliqué à
comprendre, donc il faut le rendre compréhensible par celui qui roule.
Si on a fait baisser fortement le nombre de morts depuis cinq ans, c'
est quand même par la sévérité. Donc, il faut faire attention. Tout
acte qui remettrait en cause une politique de sévérité, même si ça
paraît du bon sens, il faut faire attention aux conséquences, en termes
de morts sur nos routes.
Q.- P. Dufreigne : Yannick est en Dordogne. Il nous dit : notre réseau
routier départemental est de pire en pire, il se dégrade de jour en
jour. Pourquoi est-ce qu'on n'affecte pas l'argent des radars
automatiques pour nos routes départementales ?
R.- Les radars automatiques sont mis en place par l'Etat. Ceci étant,
l'Etat accepte de redonner aux collectivités départementales qui gèrent
aujourd'hui - les départements, les conseils généraux - la plus grande
partie du réseau routier, une part de ces recettes.
Q.- J'ai vu ça, oui.
R.- Ceci étant, les conseils généraux, moi j'ai confiance en eux,
quelle que soit leur sensibilité politique, pour aujourd'hui bien gérer
leur réseau départemental, peut-être même un peu mieux que ne le
faisait l'Etat lorsqu'il avait des responsabilités de ces routes.
Q.- Vous allez encore multiplier les radars ?
R.- Oui, on va augmenter...
Q.- Combien ?
R.- Ecoutez ! Le Premier ministre prendra une décision. On a à peu près
aujourd'hui en France 550 radars fixes, qui sont des radars
automatiques.
Q.- L'année prochaine, on en aura combien ?
R.- L'idée, c'est d'aller vers 1.000.
Q.- 1.000, l'année prochaine ?
R.- Et puis, les contrôles mobiles également. Mais je rappelle la chose
la plus importante : on avait des milliers de morts - on est autour de
4.000 - on va se donner comme objectif, le Premier ministre réfléchit à
des objectifs encore beaucoup plus bas pour la Sécurité routière. Donc,
voilà, le résultat de tout cela...
Q.- Pour tomber à combien ? 3.000 ?
R.- Oui, 3.000, mais c'est encore trop. L'objectif c'est naturellement
zéro. Mais 3.000 c'est peut-être réaliste. Ce qu'il faut se dire, c'est
que cette répression, soyons clairs, ce bâton, etc., il a donné de très
bons résultats, et donc, ceux qui nous écoutent, il y a des gens en vie
à cause de ça.
Q.- Alors, justement, l'alcoolémie au volant. Julien, 27 ans... Vous
êtes en Loire Atlantique. Question à D. Bussereau. Julien : Bonjour
Monsieur Bussereau. Moi, j'aurais deux questions pour vous. Ma première
effectivement, c'est par rapport au taux d'alcoolémie. Est-ce que vous
êtes favorable pour un taux vert d'alcoolémie zéro à tous les
conducteurs ?
R.- La réponse est non. Bien sûr, le mieux, quand on prend sa voiture,
c'est de n'avoir pas bu une goûte de bière ou d'alcool ou de vin. Je
pense qu'essayer de bien faire respecter le 0,5, c'est déjà quelque
chose d'important. Peut-être que le jour où on sera sûr que tous les
Français appliquent le 0,5, il faudra passer à l'étape suivante. Mais
d'ores et déjà, appliquons sérieusement le 0,5. Je verrai la semaine
prochaine le patron de Peugeot, Monsieur Folz - j'ai vu récemment C.
Ghosn - pour que les conducteurs automobiles mettent sur toutes les
voitures comme équipements de base standard, sans option, les
kilomètres automatiques qui permettent de se tester et de prendre ses
responsabilités devant son état de non ou de minimum d'alcoolémie.
Q.- Autre question, Julien. Julien : J'avais cette autre question :
quels sont aujourd'hui les moyens qui sont mis en oeuvre pour aider les
entreprises, donc les professionnels privés, à développer les moyens de
transport propres, pour arrêter de faire que de l'écolo marketing ?
Voilà. Est-ce qu'il va y avoir, je ne sais pas des aides fiscales, pour
aider les clients ?
R.- Il y a déjà beaucoup d'aides fiscales, pour la voiture électrique,
pour les... etc. On va présenter, dans le cadre du Grenelle de l'
Environnement, avec les constructeurs, un plan très important de
développement de flottes entreprise pour les équiper. Je prends l'
exemple de maire, petite commune, Saint-Georges-de-Didonne en Charente
-Maritime : lorsque j'exerçais cette fonction, entre les aides de l'
Etat et de mon département, acheter un véhicule électrique était moins
cher qu'acheter un véhicule à moteur. Je crois qu'il faut tous les élus
réfléchissent à ce que dans leur flotte communale, départementale,
régionale, tous les véhicules qui peuvent passer au véhicule propre.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 19
septembre 2007