Texte intégral
Bonsoir !
MICHEL DENISOT
Est-ce que vous avez passé un bon week-end après avoir réussi à mener à
son terme ce Grenelle de l'environnement qui a dû vous demander
beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, qui fait quasiment l'unanimité,
ce qui est assez rare en France, où il y avait dans la salle des gens
de tous bords, de tous horizons, des syndicalistes des gens divers et
verts tout court.
ARIANE MASSENET
Comme votre cravate d'ailleurs !
JEAN-LOUIS BORLOO
Parfaite !
ARIANE MASSENET
Cravate verte, ministre de l'écologie, cravate verte !
MICHEL DENISOT
C'est difficile de réunir, même à faire une synthèse acceptable pour
tout le monde. Tout cela a été réussi. Alors, j'imagine que c'était une
grosse épreuve pour vous, je (vais vous demander) tout de suite après
mais, est-ce que finalement, même si c'est très compliqué, est-ce que
ce n'est pas le plus facile par rapport à ce qui vous attend, c'est-à-
dire l'application.
JEAN-LOUIS BORLOO
En fait, je ne sais pas si c'était si difficile au fond. Au fond, vous
savez, tout le monde sait qu'on préserve sur la planète plus que
nécessaire, sur la biodiversité, sur le climat, que nos énergies
fossiles bon, vont disparaître plus ou moins. Au fond, le développement
durable c'est une phrase, la question c'était comment on fait ? Et en
réalité, cela a été quoi, pendant quatre mois de travail acharné avec
les organisations non gouvernementales, la CGT, le MEDEF, les villes,
le parlement, enfin tous les acteurs, c'était comment on fait. En
réalité, tout le monde était d'accord sur le diagnostic, tout le monde
a envie de laisser à ces enfants une planète pleine de vie, mais
comment moi je fais. Au fond, c'était cela la question, et en se
donnant le temps, en ne trichant jamais, en disant : on abordera tout
sans tabous, en allant au fond des choses, vous savez ce qu'on
découvre, c'est qu'on est bourré de préjugés mais qu'en réalité, quel
que soit l'angle sous lequel on regarde les choses, et quelle que soit
la fonction qu'on a, qu'on soit chef d'entreprise ou une organisation
syndicale, on peut tous radicalement changer les choses et c'est cela
ce qui a été la découverte de ce Grenelle.
INTERVENANT
Et Michel, vous dit, comment on fait, ce n'était pas si difficile que
cela et comment on paye, c'est très difficile.
JEAN-LOUIS BORLOO
Non parce qu'en réalité c'est un changement complet de comportement. Ce
n'est pas plus cher, aujourd'hui, d'avoir une voiture qui consomme,
enfin, qui soit plus respectueuse de l'environnement qu'une voiture qui
n'est pas respectueuse. On s'est rendu compte que l'idée simple sur les
grands trajets, tout le monde, vous avez dit cent fois, (que) ces
camions qui font 1000 kilomètres sur les routes et les autoroutes cela
va contre le bon sens. On avait expérimenté de mettre les camions sur
les trains, on l'a essayé, tout le monde est d'accord, ce n'est pas
plus cher, c'est plus rentable, c'est plus (sécure)...
ARIANE MASSENET
Est-ce que cela va produire autant ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Cela va ?
ARIANE MASSENET
Produire autant ? Puisque vos détracteurs disent que oui mais cela va...
JEAN-LOUIS BORLOO
Je ne sais pas les détracteurs, j'en ai pas vu beaucoup depuis quatre
mois mais...
ARIANE MASSENET
Non, mais quelques-uns disent... les plus... les écolos, les plus durs
disent que cela va aggraver la décroissance, cela va réduire les
emplois, cela va...
JEAN-LOUIS BORLOO
Il y a une grande question qui est, au fond, est-ce que nous ne sommes
pas condamnés à réduire notre croissance et notre confort.
ARIANE MASSENET
Oui, c'est cela en fait.
JEAN-LOUIS BORLOO
Au fond, est-ce que ce n'est pas la condamn... La réponse et non ! Mettre
des camions sur des trains pour faire 1000 kilomètres, cela ne va pas
vous enquiquiner, c'est beaucoup plus rentable, c'est plus écologique,
c'est plus économique et c'est plus sécure. Faire en sorte que les
maisons qu'on construit ne soient plus des passoires écologiques, parce
que cela s'appelle comment. On construit des maisons à 250
kilowattheures le mètre carré. On sait faire à 40 ou 50. Vous savez
comment cela s'appelle, jeter l'argent par les fenêtres. Jeter le CO2
par la fenêtre et avoir des dépenses de chauffage et d'électricité
absolument monstrueuses (inaudible).
MICHEL DENISOT
Une question encore plus grande Jean-Louis Borloo parce que le Grenelle
concerne la France et les problèmes sont mondiaux. Au nom de quoi,
puisque vous disiez tout le monde est d'accord. Non, justement. Tout le
monde n'est pas d'accord. Au nom de quoi priver un certain nombre de
pays en voie de développement de devenir riches, ils veulent vivre,
allez, comme nous on vit, ils veulent tout faire, employer tous les
moyens pour s'enrichir. Qu'est-ce que vous leur dites : non. Finalement
le modèle n'est pas enviable et au nom de quoi est-ce que vous leur
dites cela ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Moi, je ne leur dis rien. Je commence par faire ce que j'ai à faire
dans mon pays. Avant de donner des leçons aux autres, on va commencer,
nous, à avoir des comportements relativement vertueux. Je veux dire, ce
n'est pas compliqu... je vous donne un exemple. Tout le monde sait
que...
MICHEL DENISOT
Le Grenelle mondial, c'est pour Al Gore, hein !
JEAN-LOUIS BORLOO
Al Gore a demandé un Grenelle mondial. Moi, je préfère que ce soit un
autre que moi d'ailleurs qui le fasse parce que, cela m'a quand même
épuisé pendant 4 mois.
ARIANE MASSENET
Enfin, mais vous avez réussi.
JEAN-LOUIS BORLOO
Ce que vous dites, c'est parfaitement juste. Au nom de quoi on va aller
dire aux autres que c'est aux autres de faire l'effort. Je rappelle que
nous sommes à 6 tonnes de l'émission de CO2 et on nous parle des
Indiens et des Chinois, ils ne sont jamais qu'à deux et trois tonnes,
en réalité, par personne et par an. Donc, c'est d'abord à nous de faire
le boulot, nous, les pays dits développés. Et on est capable de le
faire. Dieu merci, il est encore temps si chacune et chacun d'entre
nous prend aujourd'hui la bonne décision. Les pouvoirs publics, enfin,
l'ensemble des partenaires ont pris un certain nombre de décisions, le
développement du bio, les terres enherbées, la défense de la
biodiversité, les économies d'énergie, aller vers des transports
publics confortables, rapides, (sécures), bref un certain nombre de
décisions de ce genre. Les bonus malus avoir une ristourne quand on
choisit un produit écologique et une petite pénalité, c'est l'équilibre
quand on choisit un produit qui n'est pas écologique. Bon, si on fait
tout cela, on a plus de confort. Avoir une maison hermétique, c'est
plutôt plus de confort même au son, d'ailleurs, c'est plus d'économie,
d'énergie, c'est plus de pouvoir d'achat et c'est des investissements,
d'ailleurs, massifs dans notre pays. Donc, tout cela, au fond, est ce
qui était important, c'était de créer le climat de confiance. C'était
de savoir qu'on avait un objectif commun, qu'il était au fond partagé.
On peut encore le faire, si nous on ne le fait pas maintenant, c'est
dans 10 ou 15 ans, des dictatures qu'ils vous l'imposeront, parce qu'à
ce moment là, il sera déjà très tard et le film de Di Caprio, (qu'on
voit ce soir), qui s'appelle la onzième heure, vous savez c'est celle
qui est avant la douzième ou celle qui est avant la dernière. Donc, c'
est à nous d'être vertueux, puis il y a des problèmes technologiques,
comment on fait la captation, séquestration de CO2, on investit dans la
recherche avec l'ensemble, des autres pays. Mais à nous de montrer l'
exemple.
MICHEL DENISOT
Alors, vous êtes devenu une spécialiste très rapidement parce que ce
n'est pas... Bon. Vous en connaissiez un petit peu mais pas...
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais l'écologie n'est pas une spécialité.
MICHEL DENISOT
... pas tant que cela.
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est un art de vivre, c'est une façon de raisonner.
MICHEL DENISOT
Dans la technique, (inaudible)
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est impulsif, c'est...
MICHEL DENISOT
Bien sûr ! Il y a (inaudible). Il y a toutes données techniques et
Alain Bougrain-Dubourg, qui milite depuis longtemps pour l'écologie
vous compare à Colombo. Là, c'est... on ne parle pas de guignols, et qui
passe alors, il dit... Il vous dit je le compare à Colombo qui passe son
temps à donner l'impression de ne rien comprendre avant de tout dénouer
dans le dernier quart d'heures. C'est un peu ce que vous avez fait.
INTERVENANT
C'est sympa, cela !
INTERVENANT
C'est plutôt sympa surtout de quelqu'un qui s'est battu pour la
biodiversité. Cette idée de biodiversité... Est-ce que je peux en dire un
mot parce que c'est peut-être ce que moi, j'ai eu le plus de mal à
comprendre ? C'est que ce n'est pas la défense des animaux, c'est
savoir que nous faisons partie de la même chaîne animale, et si vous
touchez à un élément de la biodiversité, vous touchez au fondement de
l'écosystème auquel nous appartenons. Donc la biodiversité, peut être
ce qu'il y a de plus difficile à comprendre de manière grand public
mais c'est absolument essentiel.
MICHEL DENISOT
Alors, on va marquer une page de pub, et on va se retrouver juste
après. Vous allez expliquer comment on peut réduire les déchets, vous
allez faire une sorte de happening, de standup sur le plateau. Et puis,
il y aura, bien entendu, la petite question, toujours caustique, de
Bruno Donnay. A tout de suite !
INTERVENANT
Les journalistes sont pas des hommes libres.
BRUNO DONNAY
Cher Jean-Louis Borloo, une petite question me taraude.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je crois que c'est énorme !
BRUNO DONNAY
Car si j'ai bien compris que vous étiez devenu un héros planétaire avec
votre fameux Grenelle de l'environnement...
JEAN-LOUIS BORLOO
We, now, need a Grenelle mondial.
BRUNO DONNAY
... je me souviens aussi que vous deviez, initialement, être une sorte de
super ministre, un costaud du biscoto, capable de chapoter l'économie,
les finances, et l'emploi.
INTERVENANT
Monsieur Jean-Louis Borloo.
BRUNO DONNAY
Et qu'à cause de ce film de Laurent Fabius, et de cette bourde
magnifique de sincérité sur la TVA sociale...
INTERVENANT
Pouvez-vous, ce soir, vous engager, auquel cas j'abandonne ma critique
à ce qu'il n'y ait pas d'augmentation de la TVA.
JEAN-LOUIS BORLOO
Rien n'est tranché dans ce domaine.
BRUNO DONNAY
Vous avez été puni, relégué au rang de ministre de l'environnement en
remplacement de l'infortuné, Alain Juppé.
INTERVENANT
Comment allez-vous, Monsieur Juppé, ce matin ?
ALAIN JUPPE
Pourquoi ? Vous voulez que j'aille très très mal ? C'est cela qui vous
exciterait ?
BRUNO DONNAY
Depuis, on vous a obligé à boire une bonne moitié de la banquise qui
fond.
JEAN-LOUIS BORLOO
Vous n'êtes pas pareil. Vous n'êtes pas pareil quand vous êtes passé de
la tête au rang.
BRUNO DONNAY
Sommé de porter des cravates vertes.
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est une démarche qui va durer.
BRUNO DONNAY
Privé de limousine.
INTERVENANT
Jean Louis Borloo circule dans une voiture 100 % propre, un prototype.
BRUNO DONNAY
A telle enseigne que vous avez décidé, pour vous venger de nous refiler
des ampoules basse consommation.
JEAN-LOUIS BORLOO
Voilà, on tourne, pas plus compliqué.
BRUNO DONNAY
Et des doubles vitrages.
JEAN-LOUIS BORLOO
Cela, cela s'appelle jeter de l'argent par la fenêtre.
BRUNO DONNAY
Bref, tout un tas de mesures qui, si j'en crois le monde de ce soir,
devraient nous coûter un oeil pour réduire le réchauffement climatique
d'à peine 30 000 (inaudible) de chevaux.
INTERVENANT
On passe de sujet planétaire, la banquise, les toilettes à la maison,
la douche plutôt que le bain, les satellites, l'agriculture, bon !
BRUNO DONNAY
Et voilà pourquoi, je ne résiste pas à l'envie de vous demander si vous
ne seriez pas très légèrement dégoûté d'être passé du rang de super-
ministre de l'Economie à celui du super VRP de la fondation Nicolas
Hulot.
INTERVENANT
C'est une putain de bonne question.
INTERVENANT
Réponse.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je suis le plus heureux des hommes. Vous savez, ce combat pour la
planète, c'est le seul qui est devant nous et auquel on n'échappera
pas. Et pouvoir essayer de gérer l'inconciliable, enfin, c'est une
espèce de gigantesque ministère des contradictions entre la route, le
ferroviaire, l'eau, la mer, l'énergie, c'est prodigieux ! C'est génial
!
ARIANE MASSENET
Ecoutez ! Est-ce que vous étiez un peu déprimé, quand même ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Ecoutez !
ARIANE MASSENET
De quitter Bercy...
JEAN-LOUIS BORLOO
Est-ce que vous me voyez déprimé ?
ARIANE MASSENET
Non. Mais là, maintenant, parce que vous êtes (inaudible)
MICHEL DENISOT
Aujourd'hui, non ?
ARIANE MASSENET
Non.
INTERVENANT
Il y a six mois, vous y pensiez même pas à cela.
JEAN-LOUIS BORLOO
Vous savez, la main secrète du destin est quelque chose d'
extraordinaire.
ARIANE MASSENET
C'est un bien pour un mal.
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est un bien pour un bien.
MICHEL DENISOT
Alors, les déchets, vous venez faire une démonstration que l'on
pourrait réduire les déchets selon la façon (inaudible). Donc, il y a
deux caddies qui sont là. C'est bien le thème. Les deux déchets
arrivent, les deux caddies arrivent.
JEAN-LOUIS BORLOO
Voilà !
MICHEL DENISOT
Il y a les mêmes produits dans les deux, hein !
JEAN-LOUIS BORLOO
Alors, on a lancé, ce matin, une semaine de lutte contre les déchets.
Alors, on l'a fait de manière assez sérieuse. C'est une vraie étude
faite par l'ADEME, l'agence de vente pour l'environnement. Là, il y a
strictement les mêmes produits, c'est-à-dire mayonnaises, tomates,
Coca-Cola, tout ce que vous voulez. Simplement, dans un cas, cela a été
acheté de manière aléatoire. Et dans l'autre cas, on a décidé de
choisir, à chaque fois, pour qu'il y ait le moins d'emballages
possible. Alors, vous avez, par exemple, là, boisson particulière. Vous
l'avez, là. Attendez ! Je la casse un petit peu. Vous voyez la
différence. Et donc, tous les achats, des petits pots, des grands pots,
des trucs pour le chat ou pour le chien en grand ou en petit.
ARIANE MASSENET
Oui, mais cela se (garde) moins bien les grands.
JEAN-LOUIS BORLOO
Ben, écoutez vous les mettez là où il faut, cela va se garder pareil.
Vous savez en matière de déchets, on avait multiplié le coût du déchet
par 3 en 15 ans, et en tonnage on l'avait multiplié par deux. Ce que je
veux dire à chaque monsieur ou à chaque maman qui va faire ses courses
dorénavant, qu'elles choisissent le produit qui a le moins d'emballage
inutile, qui est le plus rechargeable, on peut choisir un torchon en
tissu plutôt qu'un torchon en papier, là vous avez... la différence entre
les deux c'est moitié moins de poids et ces de surcroît 50 euros par
personne et par mois.
INTERVENANT
Je vais faire l'avocat du diable, excusez-moi mais...
JEAN-LOUIS BORLOO
Allez-y ! allez-y, (inaudible).
INTERVENANT
... vous parliez de torchon et de (saupalin), si avec le saupalin je le
jette, avec le torchon je lave, et comme je lave cela consomme beaucoup
d'eau, cela fait tourner la machine et cetera, cela coûte de l'argent
aussi.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui, mais enfin là on est sur les déchets c'est deux fois de déchets.
D'une manière générale utilisons ce qui est réutilisable plutôt que ce
qui est jetable. Quand vous prenez, ce n'est pas votre cas vous acheter
un rasoir messieurs, vous pouvez avoir un rasoir rechargeable plutôt
qu'un rasoir jetable. Les écarts simplement sur le choix en terme d'
économie pour une famille de 4 personnes entre les deux choix c'est 2
400 euros par an. Parce que au fond, le suremballage, vous le payez à
la caisse, et puis on le repaie ensuite dans les taxes pour l'
emballage. Les déchets c'est un problème absolument crucial parce qu'
ils s'accumulent sur la planète, il faut des centaines d'années pour
détruire un déchet quand on laisse comme cela, donc c'est important, de
grâce tous les jours, votez pour les produits durables.
INTERVENANT
C'est en fait le...Merci, belle démonstration sur le principe de
responsabilité.
INTERVENANT
Principe de responsabilité, votre mot d'ordre celui du Grenelle, celui
du président de la République, celui de tous ceux qui vous ont
accompagné pendant ces 5 mois, « Agit de telle sorte que les effets de
ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie
authentiquement humaine sur terre ». Ouf ! J'ai réussi à le dire.
INTERVENANT
C'est formidable.
INTERVENANT
C'est le principe de responsabilité. C'est la musique de fond de tous
les discours sur l'environnement qu'on entend depuis quelques années.
C'est... Cela vient donc d'une pensée théorique, celle d'un philosophe
allemand, Hans Jonas, qui a publié un best seller en Allemagne : « le
principe responsabilité ». Qu'est-ce que cela veut [dire] traduction en
économie ? C'est le développement durable. Le développement économique,
d'accord mais de telle manière qu'il ne mette pas en péril les
conditions de vie des générations futures. Traduction juridique...
INTERVENANT
Ah il est bon.
INTERVENANT
Le principe de précaution. Le principe de précaution qui est, aujourd'
hui, inscrit dans la constitution française. C'est ce qui va s'
appliquer aux OGM. C'est ce qui va aussi s'appliquer aux entreprises
qui ont une responsabilité environnementale. On a envie de vous
demander pourquoi le principe de responsabilité ne s'applique pas au
nucléaire ? Puisque c'est très typiquement l'un des sujets les plus
sensibles régulièrement pointé du doigt par les écologistes. C'est
quelque chose qui est lourd de menaces, justement, pour l'après. Alors
pourquoi parler de tout sauf de cela ?
JEAN-LOUIS BORLOO
On n'a pas parlé de tout. On a parlé de cela. Mais vous avez, vous avez
un problème de rapidité de risque. Aujourd'hui, devant l'accélération
du réchauffement climatique, vous connaissez, c'est très bien que c'est
10 ou 15 ans. La banquise dans quinze ou vingt ans, il n'y en a plus.
Vous savez qu'il y a peu de la banquise en haut, voyez ce qui se passe
au niveau des perturbations. Face à cette accélération, le nucléaire
n'a plus le caractère de discussion aussi violente qu'il avait avant.
C'est un problème d'analyse de risque. Alors, ce qu'a décidé le
Grenelle, c'est réduction des énergies, 40 % l'objectif sur le
bâtiment, c'est augmentation des énergies renouvelables et
proportionnellement par voie de conséquence, proportionnellement une
réduction du nucléaire. Mais passer du tout à rien demain est
objectivement, au regard du réchauffement climatique, difficile.
INTERVENANT
Vous avez lu le bouquin de Hans Jonas ? Hans Jonas, A lire.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je l'ai.
INTERVENANT
Il l'a déjà.
JEAN-LOUIS BORLOO
J'en ai un autre à vous conseiller.
MICHEL DENISOT
Alors, on enchaîne avec Jean-Michel, donc, sur l'actualité politique,
et cet interview de Nicolas Sarkozy à la chaîne américaine, qui fait
beaucoup de bruit, oui, Sixty Minutes, à la chaîne CBS, pour l'émission
Sixty Minutes.
JEAN-MICHEL APATHIE
CBS. Nicolas Sarkozy a accepté, il y a déjà quelques jours, de recevoir
une journaliste américaine pour cette émission vedette de CBS. Et puis,
la journaliste... (Visiblement), Sarkozy est peu... Voilà, il a beaucoup de
choses à faire, et il se demande un peu ce qu'il fait là. Et puis, en
plus, la journaliste l'interroge sur Cécilia, alors, tout cela,
Sarkozy, ras le bol ! Regardez sa réaction.
(Extrait d'interview)
JEAN-MICHEL APATHIE
Alors, l'imbécile d'enfant, c'est David Martinon. C'est à l'adresse de
David Martinon, son porte-parole, qu'il lui a arrangé ce rendez-vous
avec la journaliste. Et évidemment, quand on voit Nicolas Sarkozy sur
une question personnelle, comme cela, devant une journaliste
américaine, partir, planter tout le monde, cela rappelle une scène
connue, ancienne. Décidément, les présidents passent, et rien ne
change. Regardez !
(Extrait d'interview)
JEAN-MICHEL APATHIE
Alors, c'était la télé belge à propos des écoutes de l'Elysée, François
Mitterand, voilà, et là Nicolas Sarkozy, il fait la même chose. Alors,
évidemment, ce qui est de surprenant avec Nicolas Sarkozy tout de même,
hein, pour réduire le problème à sa plus simple expression, ce que cet
homme qui est un grand communicant, qui a beaucoup réfléchi à la
communication, ne comprend pas que tant qu'il n'aura pas mis lui-même
des mots sur cette affaire privée devenue publique de séparation, puis
de divorce avec Cécilia Sarkozy, il y aura toujours un embarras, il
sera toujours questionné, Il faudra qu'il fasse un jour une (citation)
...
MICHEL DENISOT
Ce que vous voulez dire c'est que s'il le fait une fois, après on
pourra que c'est fini et puis on n'en parlera plus quoi !
JEAN-MICHEL APATHIE
Absolument, mais il faut le faire, la vie publique c'est comme cela, on
peut être étonné quand même, qui ne comprennent pas cela Jean-Louis
Borloo ? Cela ne vous étonne pas ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Je ne connaissais pas ce documentaire ...
JEAN-MICHEL APATHIE
Cela a été diffusé dans la nuit d'hier sur CBS. Et alors, cela vous
inspire quel commentaire ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Je pense qu'il y a des choses qui blessent, voilà, et on n'est pas,
personne n'est un héros, quand les choses blessent, on peut avoir des
réactions... c'est peut-être dur, je pense qu'on est sur un sujet
vraiment particulier.
JEAN-MICHEL APATHIE
Oui, mais sur lequel il faudrait mettre des mots ou pas à votre avis.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je n'ai pas à faire des commentaires sur ce point.
MICHEL DENISOT
Alors, on va enchaîner sur la commission Balladur qui...
JEAN-MICHEL APATHIE
Ah ! Commission Balladur, ce n'est pas mal.
Michel DENISOT
... qui a remis sa copie aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APATHIE
Ce matin, 77 propositions, alors, on n'est pas professeur en droit
constitutionnelle, mais si on devait noter la copie...
Michel DENISOT
C'est pour la réforme des institutions.
JEAN-MICHEL APATHIE
C'est la réforme des institutions, on lui donnerait quoi, deux sur
vingt ?
MICHEL DENISOT
Comment cela ?
JEAN-MICHEL APATHIE
C'est extrêmement bizarroïde ce rapport. Regardez, jusqu'à présent,
avant que la constitution soit réformée, celui qui conduit et
détermine, celui qui détermine et conduit la politique de la nation c'
est le Premier ministre, article 20. Et c'est même pour cela qu'il est
responsable devant les députés, vous Jean-Louis Borloo, vous avez eu à
voter des motions de confiance (envers) le Premier ministre. Que dit
Edouard Balladur, et que dit Jacques Lang ? Qu'il faudrait couper les
choses en deux. Modifier l'article 5 de la Constitution, le Président
détermine la politique de la nation, et laisser l'article 20 avec un
seul verbe, le Premier ministre conduit la politique de la nation, et
qu'est-ce qui se passe ? Et que les députés, s'ils censurent le Premier
ministre, ils censurent le lampiste. Ils censurent l'ouvrier, l'
exécutant, alors que celui qui détermine la politique ils ne peuvent
pas le sanctionner. Cela, cela n'existe... Si cela se produisait, parce
que cela ne se produira évidemment pas, cela n'existe dans aucune
démocratie. Jamais on n'a vu les députés censurer celui qui n'est que
l'exécutant alors que l'inspirateur il passe entre les gouttes. Cela
c'est la première raison pour laquelle, quand même la fine fleur du
constitutionnalisme français qui était dans cette commission a quand
même fait un peu n'importe quoi. Et cette espèce de mise à l'écart du
Président de la république, de cette protection du Président de la
république. On nous a dit que c'était pour éviter l'
hyperprésidentialisation. En fait, on aboutit à l'effet inverse. Je
remarque un autre article. L'article 18. Jusqu'à présent, le Président
de la république faisait lire des messages aux parlementaires et qu'il
était debout, par le président de l'assemblée. Que dit la commission
Lang-Balladur, un truc extraordinaire : « Le Président de la république
peut prendre la parole devant une assemblée », très bien, « son
allocution peut donner lieu à un débat. On n'en est même pas sûr. Et
tel que l'article est formulé, cela veut dire que le Président, il ne
reste même pas pour le débat. Il dit ce qu'il a à dire et il s'en va.
Et ce débat, de toutes le façons, il n'est suivi d'aucun vote. C'est-à
-dire que tout cela ne sert strictement à rien. Le Président parle,
comme Louis XIV avant, devant le tribunal de Paris, et puis une fois
qu'il a dit son truc, il s'en va. Et débrouillez-vous ! Franchement,
prétendre moderniser la constitution comme cela, franchement c'est s'y
prendre à l'envers. Franchement.
INTERVENANT
Il est énervé !
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui, oui ! Cela l'énerve
JEAN-MICHEL APATHIE
J'ai le temps de rajouter deux mots ?
MICHEL DENISOT
Vous allez, évidemment, (ajouté) sur les résultats de...
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, non. Quand j'écoute Monsieur Apathie faire ses commentaires,
réfléchir sur les institutions et la modernisation, mettre tout cela au
débat c'est bien. Et puis, le débat va avoir lieu. On fera peut-être un
Grenelle des institutions.
ARIANE MASSENET
Un Grenelle de la constitution.
MICHEL DENISOT
Ce sera après les municipales, de toute façon. Quelles sont les
premières mesures qui vont entrer en application dans ce que vous avez
décidé. Et quand ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Tout de suite le bio. Passer de 1 % à 20 % de bio dans la restauration
collective d'abord d'Etat, directement l'Etat. Les parcs automobiles de
l'Etat, les bilans carbone. Savoir ce qu'on utilise... un bilan carbone,
c'est à la fois énergie, eau, papier, transport. Donc on a fait chez
nous, on va l'étendre, on va le généraliser...
MICHEL APATHIE
Ce sera beaucoup plus cher ! Vous esquivez cette question !
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais non Monsieur ! Apathie, il y a une chose qu'il faut que vous
admettiez une fois pour toute
MICHEL APATHIE
Vous esquivez cette question !
JEAN-LOUIS BORLOO
Je ne l'esquive pas, je lui répond. Monsieur Apathie, c'est toujours
rentable de supprimer le gâchis. Toutes les entreprises qui ont fait
leur bilan carbone ont toutes modifié leur comportement et ont fait
moins de transport, moins de gâchis de papier, moins de gâchis
énergétique. Tous...
MICHEL APATHIE
Le bio dans les cantines, il va coûter plus cher Jean-Louis Borloo. Il
va coûter plus cher. Vous le savez !
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais non, Monsieur. Mais Monsieur Apathie, vous êtes d'un conservatisme
effroyable. Le bio ne coûte pas plus cher dès lors qu'on l'organise.
MICHEL APATHIE
(Inaudible)
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais parce que dans votre esprit c'est beaucoup moins cher de foutre
des pesticides que d'avoir une agriculture plus naturelle. Les
italiens...
MICHEL APATHIE
Sur le marché cela coûte plus cher les produits bio.
JEAN-LOUIS BORLOO
Laissez-moi parler pour une fois. Monsieur Apathie.
MICHEL APATHIE
Sur le marché cela va coûter plus cher les produits bio.
MICHEL DENISOT
Jean-Michel !
JEAN-LOUIS BORLOO
Monsieur Apathie. Moi, j'ai discuté avec la restauration collective.
Les gars me disaient, les mêmes que chez nous, les grands goûts : « En
Italie 45 % », j'ai dit mais attendez, comment ils font. Il dit mais ce
n'est pas plus cher. Sauf qu'on prévoit neuf mois à l'avance, parce que
le poussin qui doit être bio, faut prévenir les menus beaucoup plus
tôt. Sauf qu'on a massifié et donc il y a de la collecte, il y a de l'
organisation, il y a une aide à l'évolution de notre agriculture, de
nos agriculteurs qui est prévue dans le Grenelle avec nos amis de la
FNSEA. Aller vers le durable, c'est toujours rentable. Regardez le
panier de la ménagère : il coûte moins cher. Vous avez compris,
Monsieur Apathie. C'est moins cher.
MICHEL APATHIE
Allez, ca y est, je suis convaincu !
JEAN-LOUIS BORLOO
Voilà.
MICHEL DENISOT
On passe au petit journal actus de Yan Barthès.
YAN BARTHES
L'événement du week-end, c'était cette énorme réunion du PS à la
mutualité à Paris. Le PS qui n'en finit plus de nous prouver qu'il est
uni. Qu'il vit et qu'il est moderne. Et en fouinant un peu, on a été
témoin d'un excès de modernité. On s'est aperçu que le parti socialiste
enregistre tous ces débats sur, waou ! Des cassettes audio qui n'
existent plus depuis bien 15 ans. Regardez-moi ce véritable concentré
d'années 80 que nous avons là. Et tout d'un coup tout nous est revenu
comme dans un rêve. Ah la la ! Les mange-disques, la bonne musique dans
le mange-disques. Les bonnes parties de dictée magique, la
communication, les ballades en R14. Les bonnes parties de yaourtière et
surtout la politique. Le PS n'arrive vraiment pas à décrocher !
Vendredi dernier, fiesta sur les Champs Elysées, c'était l'inauguration
d'une expo sur les transports du futur. C'est vous qu'on attendait
Monsieur Borloo, mais raté, vous aviez une angine verte, le fameux
Grenelle de l'environnement. C'est le ministre des transports Dominique
Bussereau qui s'y est collé et qui vous a excusé.
DOMINIQUE BUSSEREAU
Il est en ce moment en réunion du Grenelle de l'environnement. Il est
là pour toute la matinée et donc, il m'a demandé de le remplacer. Il
n'a pas séché, il est à la réunion et c'est moi qui fait la fête à sa
place.
YAN BARTHES
Et quelle fête Monsieur Borloo. Regardez ce à quoi vous avez échappé,
vous avez failli être formidable dans une petite voiture, être super
cool sur un vélo et surtout au bout d'un quart d'heure, vous avez
failli regarder votre montre une fois, deux fois. Vous avez failli
regarder dans le vide, et parler shopping avec une copine. Vendredi,
c'était le point presse du porte-parole de l'Elysées, David Martinon
nous a-t-il étonné cette fois-ci ? A-t-il été au courant de quelque
chose ? Ouh ! Mystère ! C'est le point Martinon.
DAVID MARTINON
Je reviendrai vers vous, on vous rappellera dès que possible parce que
je n'ai pas de réponse à cette question.
INTERVENANT
Ce n'est pas un boulot facile.
YAN BARTHES
Plus rapide que David Martinon qui avait (inaudible) une question,
voici les news !
Le jeu un peu dangereux du jour mais juste un peu. On a trouvé en Inde
cette drôle de coutume. Regardez, pour savoir si l'année va être bonne,
on jette les bébés par les balcons.
S'ils pleurent, ce n'est pas bon. S'ils ne pleurent pas, c'est bon.
Là par exemple ce n'est pas bon.
Là non plus. Ce week-end, les flippants, les (inaudible) avaient leur
sortie annuelle. C'était la convention des fans de Star Wars. On a eu
peur. Ouh, qu'il fait peur ! Ouh, qu'il fait très peur ! Oh non, on ne
veut pas voir cela, vous nous faites trop peur ! Mais au fait, cela
parle de quoi les faux monstres ?
INTERVENANT
Ça va. Tu n'as pas trop chaud ?
YAN BARTHES
Bien oui, très très bonne question mais d'ailleurs, qu'en pense David
Martinon ?
DAVID MARTINON
Vraiment, je vous assure, je n'ai aucun commentaire à faire sur ce
sujet.
YAN BARTHES
Et enfin, on termine avec le concours du jour, celui de la fille qui va
le plus vite sur talons hauts. Oui, c'est fascinant. La preuve, on a eu
une tricheuse. Tricheuse !
On a eu celle qui a eu des problèmes techniques. Et enfin on a eu la
meilleure, la « wineuse » ! La wineuse !
Merci.Source http://www.partiradical.net, le 6 novembre 2007
MICHEL DENISOT
Est-ce que vous avez passé un bon week-end après avoir réussi à mener à
son terme ce Grenelle de l'environnement qui a dû vous demander
beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, qui fait quasiment l'unanimité,
ce qui est assez rare en France, où il y avait dans la salle des gens
de tous bords, de tous horizons, des syndicalistes des gens divers et
verts tout court.
ARIANE MASSENET
Comme votre cravate d'ailleurs !
JEAN-LOUIS BORLOO
Parfaite !
ARIANE MASSENET
Cravate verte, ministre de l'écologie, cravate verte !
MICHEL DENISOT
C'est difficile de réunir, même à faire une synthèse acceptable pour
tout le monde. Tout cela a été réussi. Alors, j'imagine que c'était une
grosse épreuve pour vous, je (vais vous demander) tout de suite après
mais, est-ce que finalement, même si c'est très compliqué, est-ce que
ce n'est pas le plus facile par rapport à ce qui vous attend, c'est-à-
dire l'application.
JEAN-LOUIS BORLOO
En fait, je ne sais pas si c'était si difficile au fond. Au fond, vous
savez, tout le monde sait qu'on préserve sur la planète plus que
nécessaire, sur la biodiversité, sur le climat, que nos énergies
fossiles bon, vont disparaître plus ou moins. Au fond, le développement
durable c'est une phrase, la question c'était comment on fait ? Et en
réalité, cela a été quoi, pendant quatre mois de travail acharné avec
les organisations non gouvernementales, la CGT, le MEDEF, les villes,
le parlement, enfin tous les acteurs, c'était comment on fait. En
réalité, tout le monde était d'accord sur le diagnostic, tout le monde
a envie de laisser à ces enfants une planète pleine de vie, mais
comment moi je fais. Au fond, c'était cela la question, et en se
donnant le temps, en ne trichant jamais, en disant : on abordera tout
sans tabous, en allant au fond des choses, vous savez ce qu'on
découvre, c'est qu'on est bourré de préjugés mais qu'en réalité, quel
que soit l'angle sous lequel on regarde les choses, et quelle que soit
la fonction qu'on a, qu'on soit chef d'entreprise ou une organisation
syndicale, on peut tous radicalement changer les choses et c'est cela
ce qui a été la découverte de ce Grenelle.
INTERVENANT
Et Michel, vous dit, comment on fait, ce n'était pas si difficile que
cela et comment on paye, c'est très difficile.
JEAN-LOUIS BORLOO
Non parce qu'en réalité c'est un changement complet de comportement. Ce
n'est pas plus cher, aujourd'hui, d'avoir une voiture qui consomme,
enfin, qui soit plus respectueuse de l'environnement qu'une voiture qui
n'est pas respectueuse. On s'est rendu compte que l'idée simple sur les
grands trajets, tout le monde, vous avez dit cent fois, (que) ces
camions qui font 1000 kilomètres sur les routes et les autoroutes cela
va contre le bon sens. On avait expérimenté de mettre les camions sur
les trains, on l'a essayé, tout le monde est d'accord, ce n'est pas
plus cher, c'est plus rentable, c'est plus (sécure)...
ARIANE MASSENET
Est-ce que cela va produire autant ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Cela va ?
ARIANE MASSENET
Produire autant ? Puisque vos détracteurs disent que oui mais cela va...
JEAN-LOUIS BORLOO
Je ne sais pas les détracteurs, j'en ai pas vu beaucoup depuis quatre
mois mais...
ARIANE MASSENET
Non, mais quelques-uns disent... les plus... les écolos, les plus durs
disent que cela va aggraver la décroissance, cela va réduire les
emplois, cela va...
JEAN-LOUIS BORLOO
Il y a une grande question qui est, au fond, est-ce que nous ne sommes
pas condamnés à réduire notre croissance et notre confort.
ARIANE MASSENET
Oui, c'est cela en fait.
JEAN-LOUIS BORLOO
Au fond, est-ce que ce n'est pas la condamn... La réponse et non ! Mettre
des camions sur des trains pour faire 1000 kilomètres, cela ne va pas
vous enquiquiner, c'est beaucoup plus rentable, c'est plus écologique,
c'est plus économique et c'est plus sécure. Faire en sorte que les
maisons qu'on construit ne soient plus des passoires écologiques, parce
que cela s'appelle comment. On construit des maisons à 250
kilowattheures le mètre carré. On sait faire à 40 ou 50. Vous savez
comment cela s'appelle, jeter l'argent par les fenêtres. Jeter le CO2
par la fenêtre et avoir des dépenses de chauffage et d'électricité
absolument monstrueuses (inaudible).
MICHEL DENISOT
Une question encore plus grande Jean-Louis Borloo parce que le Grenelle
concerne la France et les problèmes sont mondiaux. Au nom de quoi,
puisque vous disiez tout le monde est d'accord. Non, justement. Tout le
monde n'est pas d'accord. Au nom de quoi priver un certain nombre de
pays en voie de développement de devenir riches, ils veulent vivre,
allez, comme nous on vit, ils veulent tout faire, employer tous les
moyens pour s'enrichir. Qu'est-ce que vous leur dites : non. Finalement
le modèle n'est pas enviable et au nom de quoi est-ce que vous leur
dites cela ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Moi, je ne leur dis rien. Je commence par faire ce que j'ai à faire
dans mon pays. Avant de donner des leçons aux autres, on va commencer,
nous, à avoir des comportements relativement vertueux. Je veux dire, ce
n'est pas compliqu... je vous donne un exemple. Tout le monde sait
que...
MICHEL DENISOT
Le Grenelle mondial, c'est pour Al Gore, hein !
JEAN-LOUIS BORLOO
Al Gore a demandé un Grenelle mondial. Moi, je préfère que ce soit un
autre que moi d'ailleurs qui le fasse parce que, cela m'a quand même
épuisé pendant 4 mois.
ARIANE MASSENET
Enfin, mais vous avez réussi.
JEAN-LOUIS BORLOO
Ce que vous dites, c'est parfaitement juste. Au nom de quoi on va aller
dire aux autres que c'est aux autres de faire l'effort. Je rappelle que
nous sommes à 6 tonnes de l'émission de CO2 et on nous parle des
Indiens et des Chinois, ils ne sont jamais qu'à deux et trois tonnes,
en réalité, par personne et par an. Donc, c'est d'abord à nous de faire
le boulot, nous, les pays dits développés. Et on est capable de le
faire. Dieu merci, il est encore temps si chacune et chacun d'entre
nous prend aujourd'hui la bonne décision. Les pouvoirs publics, enfin,
l'ensemble des partenaires ont pris un certain nombre de décisions, le
développement du bio, les terres enherbées, la défense de la
biodiversité, les économies d'énergie, aller vers des transports
publics confortables, rapides, (sécures), bref un certain nombre de
décisions de ce genre. Les bonus malus avoir une ristourne quand on
choisit un produit écologique et une petite pénalité, c'est l'équilibre
quand on choisit un produit qui n'est pas écologique. Bon, si on fait
tout cela, on a plus de confort. Avoir une maison hermétique, c'est
plutôt plus de confort même au son, d'ailleurs, c'est plus d'économie,
d'énergie, c'est plus de pouvoir d'achat et c'est des investissements,
d'ailleurs, massifs dans notre pays. Donc, tout cela, au fond, est ce
qui était important, c'était de créer le climat de confiance. C'était
de savoir qu'on avait un objectif commun, qu'il était au fond partagé.
On peut encore le faire, si nous on ne le fait pas maintenant, c'est
dans 10 ou 15 ans, des dictatures qu'ils vous l'imposeront, parce qu'à
ce moment là, il sera déjà très tard et le film de Di Caprio, (qu'on
voit ce soir), qui s'appelle la onzième heure, vous savez c'est celle
qui est avant la douzième ou celle qui est avant la dernière. Donc, c'
est à nous d'être vertueux, puis il y a des problèmes technologiques,
comment on fait la captation, séquestration de CO2, on investit dans la
recherche avec l'ensemble, des autres pays. Mais à nous de montrer l'
exemple.
MICHEL DENISOT
Alors, vous êtes devenu une spécialiste très rapidement parce que ce
n'est pas... Bon. Vous en connaissiez un petit peu mais pas...
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais l'écologie n'est pas une spécialité.
MICHEL DENISOT
... pas tant que cela.
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est un art de vivre, c'est une façon de raisonner.
MICHEL DENISOT
Dans la technique, (inaudible)
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est impulsif, c'est...
MICHEL DENISOT
Bien sûr ! Il y a (inaudible). Il y a toutes données techniques et
Alain Bougrain-Dubourg, qui milite depuis longtemps pour l'écologie
vous compare à Colombo. Là, c'est... on ne parle pas de guignols, et qui
passe alors, il dit... Il vous dit je le compare à Colombo qui passe son
temps à donner l'impression de ne rien comprendre avant de tout dénouer
dans le dernier quart d'heures. C'est un peu ce que vous avez fait.
INTERVENANT
C'est sympa, cela !
INTERVENANT
C'est plutôt sympa surtout de quelqu'un qui s'est battu pour la
biodiversité. Cette idée de biodiversité... Est-ce que je peux en dire un
mot parce que c'est peut-être ce que moi, j'ai eu le plus de mal à
comprendre ? C'est que ce n'est pas la défense des animaux, c'est
savoir que nous faisons partie de la même chaîne animale, et si vous
touchez à un élément de la biodiversité, vous touchez au fondement de
l'écosystème auquel nous appartenons. Donc la biodiversité, peut être
ce qu'il y a de plus difficile à comprendre de manière grand public
mais c'est absolument essentiel.
MICHEL DENISOT
Alors, on va marquer une page de pub, et on va se retrouver juste
après. Vous allez expliquer comment on peut réduire les déchets, vous
allez faire une sorte de happening, de standup sur le plateau. Et puis,
il y aura, bien entendu, la petite question, toujours caustique, de
Bruno Donnay. A tout de suite !
INTERVENANT
Les journalistes sont pas des hommes libres.
BRUNO DONNAY
Cher Jean-Louis Borloo, une petite question me taraude.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je crois que c'est énorme !
BRUNO DONNAY
Car si j'ai bien compris que vous étiez devenu un héros planétaire avec
votre fameux Grenelle de l'environnement...
JEAN-LOUIS BORLOO
We, now, need a Grenelle mondial.
BRUNO DONNAY
... je me souviens aussi que vous deviez, initialement, être une sorte de
super ministre, un costaud du biscoto, capable de chapoter l'économie,
les finances, et l'emploi.
INTERVENANT
Monsieur Jean-Louis Borloo.
BRUNO DONNAY
Et qu'à cause de ce film de Laurent Fabius, et de cette bourde
magnifique de sincérité sur la TVA sociale...
INTERVENANT
Pouvez-vous, ce soir, vous engager, auquel cas j'abandonne ma critique
à ce qu'il n'y ait pas d'augmentation de la TVA.
JEAN-LOUIS BORLOO
Rien n'est tranché dans ce domaine.
BRUNO DONNAY
Vous avez été puni, relégué au rang de ministre de l'environnement en
remplacement de l'infortuné, Alain Juppé.
INTERVENANT
Comment allez-vous, Monsieur Juppé, ce matin ?
ALAIN JUPPE
Pourquoi ? Vous voulez que j'aille très très mal ? C'est cela qui vous
exciterait ?
BRUNO DONNAY
Depuis, on vous a obligé à boire une bonne moitié de la banquise qui
fond.
JEAN-LOUIS BORLOO
Vous n'êtes pas pareil. Vous n'êtes pas pareil quand vous êtes passé de
la tête au rang.
BRUNO DONNAY
Sommé de porter des cravates vertes.
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est une démarche qui va durer.
BRUNO DONNAY
Privé de limousine.
INTERVENANT
Jean Louis Borloo circule dans une voiture 100 % propre, un prototype.
BRUNO DONNAY
A telle enseigne que vous avez décidé, pour vous venger de nous refiler
des ampoules basse consommation.
JEAN-LOUIS BORLOO
Voilà, on tourne, pas plus compliqué.
BRUNO DONNAY
Et des doubles vitrages.
JEAN-LOUIS BORLOO
Cela, cela s'appelle jeter de l'argent par la fenêtre.
BRUNO DONNAY
Bref, tout un tas de mesures qui, si j'en crois le monde de ce soir,
devraient nous coûter un oeil pour réduire le réchauffement climatique
d'à peine 30 000 (inaudible) de chevaux.
INTERVENANT
On passe de sujet planétaire, la banquise, les toilettes à la maison,
la douche plutôt que le bain, les satellites, l'agriculture, bon !
BRUNO DONNAY
Et voilà pourquoi, je ne résiste pas à l'envie de vous demander si vous
ne seriez pas très légèrement dégoûté d'être passé du rang de super-
ministre de l'Economie à celui du super VRP de la fondation Nicolas
Hulot.
INTERVENANT
C'est une putain de bonne question.
INTERVENANT
Réponse.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je suis le plus heureux des hommes. Vous savez, ce combat pour la
planète, c'est le seul qui est devant nous et auquel on n'échappera
pas. Et pouvoir essayer de gérer l'inconciliable, enfin, c'est une
espèce de gigantesque ministère des contradictions entre la route, le
ferroviaire, l'eau, la mer, l'énergie, c'est prodigieux ! C'est génial
!
ARIANE MASSENET
Ecoutez ! Est-ce que vous étiez un peu déprimé, quand même ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Ecoutez !
ARIANE MASSENET
De quitter Bercy...
JEAN-LOUIS BORLOO
Est-ce que vous me voyez déprimé ?
ARIANE MASSENET
Non. Mais là, maintenant, parce que vous êtes (inaudible)
MICHEL DENISOT
Aujourd'hui, non ?
ARIANE MASSENET
Non.
INTERVENANT
Il y a six mois, vous y pensiez même pas à cela.
JEAN-LOUIS BORLOO
Vous savez, la main secrète du destin est quelque chose d'
extraordinaire.
ARIANE MASSENET
C'est un bien pour un mal.
JEAN-LOUIS BORLOO
C'est un bien pour un bien.
MICHEL DENISOT
Alors, les déchets, vous venez faire une démonstration que l'on
pourrait réduire les déchets selon la façon (inaudible). Donc, il y a
deux caddies qui sont là. C'est bien le thème. Les deux déchets
arrivent, les deux caddies arrivent.
JEAN-LOUIS BORLOO
Voilà !
MICHEL DENISOT
Il y a les mêmes produits dans les deux, hein !
JEAN-LOUIS BORLOO
Alors, on a lancé, ce matin, une semaine de lutte contre les déchets.
Alors, on l'a fait de manière assez sérieuse. C'est une vraie étude
faite par l'ADEME, l'agence de vente pour l'environnement. Là, il y a
strictement les mêmes produits, c'est-à-dire mayonnaises, tomates,
Coca-Cola, tout ce que vous voulez. Simplement, dans un cas, cela a été
acheté de manière aléatoire. Et dans l'autre cas, on a décidé de
choisir, à chaque fois, pour qu'il y ait le moins d'emballages
possible. Alors, vous avez, par exemple, là, boisson particulière. Vous
l'avez, là. Attendez ! Je la casse un petit peu. Vous voyez la
différence. Et donc, tous les achats, des petits pots, des grands pots,
des trucs pour le chat ou pour le chien en grand ou en petit.
ARIANE MASSENET
Oui, mais cela se (garde) moins bien les grands.
JEAN-LOUIS BORLOO
Ben, écoutez vous les mettez là où il faut, cela va se garder pareil.
Vous savez en matière de déchets, on avait multiplié le coût du déchet
par 3 en 15 ans, et en tonnage on l'avait multiplié par deux. Ce que je
veux dire à chaque monsieur ou à chaque maman qui va faire ses courses
dorénavant, qu'elles choisissent le produit qui a le moins d'emballage
inutile, qui est le plus rechargeable, on peut choisir un torchon en
tissu plutôt qu'un torchon en papier, là vous avez... la différence entre
les deux c'est moitié moins de poids et ces de surcroît 50 euros par
personne et par mois.
INTERVENANT
Je vais faire l'avocat du diable, excusez-moi mais...
JEAN-LOUIS BORLOO
Allez-y ! allez-y, (inaudible).
INTERVENANT
... vous parliez de torchon et de (saupalin), si avec le saupalin je le
jette, avec le torchon je lave, et comme je lave cela consomme beaucoup
d'eau, cela fait tourner la machine et cetera, cela coûte de l'argent
aussi.
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui, mais enfin là on est sur les déchets c'est deux fois de déchets.
D'une manière générale utilisons ce qui est réutilisable plutôt que ce
qui est jetable. Quand vous prenez, ce n'est pas votre cas vous acheter
un rasoir messieurs, vous pouvez avoir un rasoir rechargeable plutôt
qu'un rasoir jetable. Les écarts simplement sur le choix en terme d'
économie pour une famille de 4 personnes entre les deux choix c'est 2
400 euros par an. Parce que au fond, le suremballage, vous le payez à
la caisse, et puis on le repaie ensuite dans les taxes pour l'
emballage. Les déchets c'est un problème absolument crucial parce qu'
ils s'accumulent sur la planète, il faut des centaines d'années pour
détruire un déchet quand on laisse comme cela, donc c'est important, de
grâce tous les jours, votez pour les produits durables.
INTERVENANT
C'est en fait le...Merci, belle démonstration sur le principe de
responsabilité.
INTERVENANT
Principe de responsabilité, votre mot d'ordre celui du Grenelle, celui
du président de la République, celui de tous ceux qui vous ont
accompagné pendant ces 5 mois, « Agit de telle sorte que les effets de
ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie
authentiquement humaine sur terre ». Ouf ! J'ai réussi à le dire.
INTERVENANT
C'est formidable.
INTERVENANT
C'est le principe de responsabilité. C'est la musique de fond de tous
les discours sur l'environnement qu'on entend depuis quelques années.
C'est... Cela vient donc d'une pensée théorique, celle d'un philosophe
allemand, Hans Jonas, qui a publié un best seller en Allemagne : « le
principe responsabilité ». Qu'est-ce que cela veut [dire] traduction en
économie ? C'est le développement durable. Le développement économique,
d'accord mais de telle manière qu'il ne mette pas en péril les
conditions de vie des générations futures. Traduction juridique...
INTERVENANT
Ah il est bon.
INTERVENANT
Le principe de précaution. Le principe de précaution qui est, aujourd'
hui, inscrit dans la constitution française. C'est ce qui va s'
appliquer aux OGM. C'est ce qui va aussi s'appliquer aux entreprises
qui ont une responsabilité environnementale. On a envie de vous
demander pourquoi le principe de responsabilité ne s'applique pas au
nucléaire ? Puisque c'est très typiquement l'un des sujets les plus
sensibles régulièrement pointé du doigt par les écologistes. C'est
quelque chose qui est lourd de menaces, justement, pour l'après. Alors
pourquoi parler de tout sauf de cela ?
JEAN-LOUIS BORLOO
On n'a pas parlé de tout. On a parlé de cela. Mais vous avez, vous avez
un problème de rapidité de risque. Aujourd'hui, devant l'accélération
du réchauffement climatique, vous connaissez, c'est très bien que c'est
10 ou 15 ans. La banquise dans quinze ou vingt ans, il n'y en a plus.
Vous savez qu'il y a peu de la banquise en haut, voyez ce qui se passe
au niveau des perturbations. Face à cette accélération, le nucléaire
n'a plus le caractère de discussion aussi violente qu'il avait avant.
C'est un problème d'analyse de risque. Alors, ce qu'a décidé le
Grenelle, c'est réduction des énergies, 40 % l'objectif sur le
bâtiment, c'est augmentation des énergies renouvelables et
proportionnellement par voie de conséquence, proportionnellement une
réduction du nucléaire. Mais passer du tout à rien demain est
objectivement, au regard du réchauffement climatique, difficile.
INTERVENANT
Vous avez lu le bouquin de Hans Jonas ? Hans Jonas, A lire.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je l'ai.
INTERVENANT
Il l'a déjà.
JEAN-LOUIS BORLOO
J'en ai un autre à vous conseiller.
MICHEL DENISOT
Alors, on enchaîne avec Jean-Michel, donc, sur l'actualité politique,
et cet interview de Nicolas Sarkozy à la chaîne américaine, qui fait
beaucoup de bruit, oui, Sixty Minutes, à la chaîne CBS, pour l'émission
Sixty Minutes.
JEAN-MICHEL APATHIE
CBS. Nicolas Sarkozy a accepté, il y a déjà quelques jours, de recevoir
une journaliste américaine pour cette émission vedette de CBS. Et puis,
la journaliste... (Visiblement), Sarkozy est peu... Voilà, il a beaucoup de
choses à faire, et il se demande un peu ce qu'il fait là. Et puis, en
plus, la journaliste l'interroge sur Cécilia, alors, tout cela,
Sarkozy, ras le bol ! Regardez sa réaction.
(Extrait d'interview)
JEAN-MICHEL APATHIE
Alors, l'imbécile d'enfant, c'est David Martinon. C'est à l'adresse de
David Martinon, son porte-parole, qu'il lui a arrangé ce rendez-vous
avec la journaliste. Et évidemment, quand on voit Nicolas Sarkozy sur
une question personnelle, comme cela, devant une journaliste
américaine, partir, planter tout le monde, cela rappelle une scène
connue, ancienne. Décidément, les présidents passent, et rien ne
change. Regardez !
(Extrait d'interview)
JEAN-MICHEL APATHIE
Alors, c'était la télé belge à propos des écoutes de l'Elysée, François
Mitterand, voilà, et là Nicolas Sarkozy, il fait la même chose. Alors,
évidemment, ce qui est de surprenant avec Nicolas Sarkozy tout de même,
hein, pour réduire le problème à sa plus simple expression, ce que cet
homme qui est un grand communicant, qui a beaucoup réfléchi à la
communication, ne comprend pas que tant qu'il n'aura pas mis lui-même
des mots sur cette affaire privée devenue publique de séparation, puis
de divorce avec Cécilia Sarkozy, il y aura toujours un embarras, il
sera toujours questionné, Il faudra qu'il fasse un jour une (citation)
...
MICHEL DENISOT
Ce que vous voulez dire c'est que s'il le fait une fois, après on
pourra que c'est fini et puis on n'en parlera plus quoi !
JEAN-MICHEL APATHIE
Absolument, mais il faut le faire, la vie publique c'est comme cela, on
peut être étonné quand même, qui ne comprennent pas cela Jean-Louis
Borloo ? Cela ne vous étonne pas ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Je ne connaissais pas ce documentaire ...
JEAN-MICHEL APATHIE
Cela a été diffusé dans la nuit d'hier sur CBS. Et alors, cela vous
inspire quel commentaire ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Je pense qu'il y a des choses qui blessent, voilà, et on n'est pas,
personne n'est un héros, quand les choses blessent, on peut avoir des
réactions... c'est peut-être dur, je pense qu'on est sur un sujet
vraiment particulier.
JEAN-MICHEL APATHIE
Oui, mais sur lequel il faudrait mettre des mots ou pas à votre avis.
JEAN-LOUIS BORLOO
Je n'ai pas à faire des commentaires sur ce point.
MICHEL DENISOT
Alors, on va enchaîner sur la commission Balladur qui...
JEAN-MICHEL APATHIE
Ah ! Commission Balladur, ce n'est pas mal.
Michel DENISOT
... qui a remis sa copie aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APATHIE
Ce matin, 77 propositions, alors, on n'est pas professeur en droit
constitutionnelle, mais si on devait noter la copie...
Michel DENISOT
C'est pour la réforme des institutions.
JEAN-MICHEL APATHIE
C'est la réforme des institutions, on lui donnerait quoi, deux sur
vingt ?
MICHEL DENISOT
Comment cela ?
JEAN-MICHEL APATHIE
C'est extrêmement bizarroïde ce rapport. Regardez, jusqu'à présent,
avant que la constitution soit réformée, celui qui conduit et
détermine, celui qui détermine et conduit la politique de la nation c'
est le Premier ministre, article 20. Et c'est même pour cela qu'il est
responsable devant les députés, vous Jean-Louis Borloo, vous avez eu à
voter des motions de confiance (envers) le Premier ministre. Que dit
Edouard Balladur, et que dit Jacques Lang ? Qu'il faudrait couper les
choses en deux. Modifier l'article 5 de la Constitution, le Président
détermine la politique de la nation, et laisser l'article 20 avec un
seul verbe, le Premier ministre conduit la politique de la nation, et
qu'est-ce qui se passe ? Et que les députés, s'ils censurent le Premier
ministre, ils censurent le lampiste. Ils censurent l'ouvrier, l'
exécutant, alors que celui qui détermine la politique ils ne peuvent
pas le sanctionner. Cela, cela n'existe... Si cela se produisait, parce
que cela ne se produira évidemment pas, cela n'existe dans aucune
démocratie. Jamais on n'a vu les députés censurer celui qui n'est que
l'exécutant alors que l'inspirateur il passe entre les gouttes. Cela
c'est la première raison pour laquelle, quand même la fine fleur du
constitutionnalisme français qui était dans cette commission a quand
même fait un peu n'importe quoi. Et cette espèce de mise à l'écart du
Président de la république, de cette protection du Président de la
république. On nous a dit que c'était pour éviter l'
hyperprésidentialisation. En fait, on aboutit à l'effet inverse. Je
remarque un autre article. L'article 18. Jusqu'à présent, le Président
de la république faisait lire des messages aux parlementaires et qu'il
était debout, par le président de l'assemblée. Que dit la commission
Lang-Balladur, un truc extraordinaire : « Le Président de la république
peut prendre la parole devant une assemblée », très bien, « son
allocution peut donner lieu à un débat. On n'en est même pas sûr. Et
tel que l'article est formulé, cela veut dire que le Président, il ne
reste même pas pour le débat. Il dit ce qu'il a à dire et il s'en va.
Et ce débat, de toutes le façons, il n'est suivi d'aucun vote. C'est-à
-dire que tout cela ne sert strictement à rien. Le Président parle,
comme Louis XIV avant, devant le tribunal de Paris, et puis une fois
qu'il a dit son truc, il s'en va. Et débrouillez-vous ! Franchement,
prétendre moderniser la constitution comme cela, franchement c'est s'y
prendre à l'envers. Franchement.
INTERVENANT
Il est énervé !
JEAN-LOUIS BORLOO
Oui, oui ! Cela l'énerve
JEAN-MICHEL APATHIE
J'ai le temps de rajouter deux mots ?
MICHEL DENISOT
Vous allez, évidemment, (ajouté) sur les résultats de...
JEAN-LOUIS BORLOO
Non, non. Quand j'écoute Monsieur Apathie faire ses commentaires,
réfléchir sur les institutions et la modernisation, mettre tout cela au
débat c'est bien. Et puis, le débat va avoir lieu. On fera peut-être un
Grenelle des institutions.
ARIANE MASSENET
Un Grenelle de la constitution.
MICHEL DENISOT
Ce sera après les municipales, de toute façon. Quelles sont les
premières mesures qui vont entrer en application dans ce que vous avez
décidé. Et quand ?
JEAN-LOUIS BORLOO
Tout de suite le bio. Passer de 1 % à 20 % de bio dans la restauration
collective d'abord d'Etat, directement l'Etat. Les parcs automobiles de
l'Etat, les bilans carbone. Savoir ce qu'on utilise... un bilan carbone,
c'est à la fois énergie, eau, papier, transport. Donc on a fait chez
nous, on va l'étendre, on va le généraliser...
MICHEL APATHIE
Ce sera beaucoup plus cher ! Vous esquivez cette question !
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais non Monsieur ! Apathie, il y a une chose qu'il faut que vous
admettiez une fois pour toute
MICHEL APATHIE
Vous esquivez cette question !
JEAN-LOUIS BORLOO
Je ne l'esquive pas, je lui répond. Monsieur Apathie, c'est toujours
rentable de supprimer le gâchis. Toutes les entreprises qui ont fait
leur bilan carbone ont toutes modifié leur comportement et ont fait
moins de transport, moins de gâchis de papier, moins de gâchis
énergétique. Tous...
MICHEL APATHIE
Le bio dans les cantines, il va coûter plus cher Jean-Louis Borloo. Il
va coûter plus cher. Vous le savez !
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais non, Monsieur. Mais Monsieur Apathie, vous êtes d'un conservatisme
effroyable. Le bio ne coûte pas plus cher dès lors qu'on l'organise.
MICHEL APATHIE
(Inaudible)
JEAN-LOUIS BORLOO
Mais parce que dans votre esprit c'est beaucoup moins cher de foutre
des pesticides que d'avoir une agriculture plus naturelle. Les
italiens...
MICHEL APATHIE
Sur le marché cela coûte plus cher les produits bio.
JEAN-LOUIS BORLOO
Laissez-moi parler pour une fois. Monsieur Apathie.
MICHEL APATHIE
Sur le marché cela va coûter plus cher les produits bio.
MICHEL DENISOT
Jean-Michel !
JEAN-LOUIS BORLOO
Monsieur Apathie. Moi, j'ai discuté avec la restauration collective.
Les gars me disaient, les mêmes que chez nous, les grands goûts : « En
Italie 45 % », j'ai dit mais attendez, comment ils font. Il dit mais ce
n'est pas plus cher. Sauf qu'on prévoit neuf mois à l'avance, parce que
le poussin qui doit être bio, faut prévenir les menus beaucoup plus
tôt. Sauf qu'on a massifié et donc il y a de la collecte, il y a de l'
organisation, il y a une aide à l'évolution de notre agriculture, de
nos agriculteurs qui est prévue dans le Grenelle avec nos amis de la
FNSEA. Aller vers le durable, c'est toujours rentable. Regardez le
panier de la ménagère : il coûte moins cher. Vous avez compris,
Monsieur Apathie. C'est moins cher.
MICHEL APATHIE
Allez, ca y est, je suis convaincu !
JEAN-LOUIS BORLOO
Voilà.
MICHEL DENISOT
On passe au petit journal actus de Yan Barthès.
YAN BARTHES
L'événement du week-end, c'était cette énorme réunion du PS à la
mutualité à Paris. Le PS qui n'en finit plus de nous prouver qu'il est
uni. Qu'il vit et qu'il est moderne. Et en fouinant un peu, on a été
témoin d'un excès de modernité. On s'est aperçu que le parti socialiste
enregistre tous ces débats sur, waou ! Des cassettes audio qui n'
existent plus depuis bien 15 ans. Regardez-moi ce véritable concentré
d'années 80 que nous avons là. Et tout d'un coup tout nous est revenu
comme dans un rêve. Ah la la ! Les mange-disques, la bonne musique dans
le mange-disques. Les bonnes parties de dictée magique, la
communication, les ballades en R14. Les bonnes parties de yaourtière et
surtout la politique. Le PS n'arrive vraiment pas à décrocher !
Vendredi dernier, fiesta sur les Champs Elysées, c'était l'inauguration
d'une expo sur les transports du futur. C'est vous qu'on attendait
Monsieur Borloo, mais raté, vous aviez une angine verte, le fameux
Grenelle de l'environnement. C'est le ministre des transports Dominique
Bussereau qui s'y est collé et qui vous a excusé.
DOMINIQUE BUSSEREAU
Il est en ce moment en réunion du Grenelle de l'environnement. Il est
là pour toute la matinée et donc, il m'a demandé de le remplacer. Il
n'a pas séché, il est à la réunion et c'est moi qui fait la fête à sa
place.
YAN BARTHES
Et quelle fête Monsieur Borloo. Regardez ce à quoi vous avez échappé,
vous avez failli être formidable dans une petite voiture, être super
cool sur un vélo et surtout au bout d'un quart d'heure, vous avez
failli regarder votre montre une fois, deux fois. Vous avez failli
regarder dans le vide, et parler shopping avec une copine. Vendredi,
c'était le point presse du porte-parole de l'Elysées, David Martinon
nous a-t-il étonné cette fois-ci ? A-t-il été au courant de quelque
chose ? Ouh ! Mystère ! C'est le point Martinon.
DAVID MARTINON
Je reviendrai vers vous, on vous rappellera dès que possible parce que
je n'ai pas de réponse à cette question.
INTERVENANT
Ce n'est pas un boulot facile.
YAN BARTHES
Plus rapide que David Martinon qui avait (inaudible) une question,
voici les news !
Le jeu un peu dangereux du jour mais juste un peu. On a trouvé en Inde
cette drôle de coutume. Regardez, pour savoir si l'année va être bonne,
on jette les bébés par les balcons.
S'ils pleurent, ce n'est pas bon. S'ils ne pleurent pas, c'est bon.
Là par exemple ce n'est pas bon.
Là non plus. Ce week-end, les flippants, les (inaudible) avaient leur
sortie annuelle. C'était la convention des fans de Star Wars. On a eu
peur. Ouh, qu'il fait peur ! Ouh, qu'il fait très peur ! Oh non, on ne
veut pas voir cela, vous nous faites trop peur ! Mais au fait, cela
parle de quoi les faux monstres ?
INTERVENANT
Ça va. Tu n'as pas trop chaud ?
YAN BARTHES
Bien oui, très très bonne question mais d'ailleurs, qu'en pense David
Martinon ?
DAVID MARTINON
Vraiment, je vous assure, je n'ai aucun commentaire à faire sur ce
sujet.
YAN BARTHES
Et enfin, on termine avec le concours du jour, celui de la fille qui va
le plus vite sur talons hauts. Oui, c'est fascinant. La preuve, on a eu
une tricheuse. Tricheuse !
On a eu celle qui a eu des problèmes techniques. Et enfin on a eu la
meilleure, la « wineuse » ! La wineuse !
Merci.Source http://www.partiradical.net, le 6 novembre 2007