Texte intégral
J.-M. Aphatie;- Bonjour, J. Dray.
R.- Bonjour.
Q.- Alors, vous, député de l'Essonne, de quel côté, de qui vous vous sentez le plus proche, ce matin : des cheminots en grève ou des usagers en rade ?
R.- Des deux, mon général !
Q.- Ah, c'est difficile...
R.- Non, je pense que tant qu'on va situer le débat entre les gagnants, les perdants, en essayant d'opposer une catégorie de Français à une autre catégorie de Français, on ne s'en sortira pas. On peut gagner conjoncturellement, on peut casser une grève à un moment donné. Mais l'humiliation des salariés ou d'une partie des salariés contre une autre partie, ça ne marche pas dans ce pays. Et moi, je regarde l'intérêt de la France. Je ne regarde pas l'intérêt des uns ou des autres et je ne me situe pas, même du point de vue de l'intérêt du Parti socialiste ou de l'opposition qui serait en train de se réjouir des difficultés de N. Sarkozy. L'intérêt du pays c'est qu'on sorte le plus vite possible de ce conflit, l'intérêt du pays...
Q.- Vous parlez comme X. Bertrand ! C'est bien. X. Bertrand, il disait exactement la même chose, hier...
R.- Si Monsieur X. Bertrand avait eu cet état d'esprit, dès le 19 octobre, lorsque F. Chérèque lui a écrit en lui proposant d'ouvrir des négociations sérieuses, il aurait répondu. Il n'aurait pas attendu la dernière minute, au moment où les organisations syndicales décidaient de la grève pour tout d'un coup, découvrir qu'il y avait une lettre de la CFDT. Et si le Gouvernement avait été attentif, il aurait discuté, dialogué. On n'aurait pas eu cette situation qu'on a aujourd'hui où finalement sur le fond, on est à deux doigts de trouver un accord puisque vous avez vu que l'ouverture de la CGT qui a été faite, hier...
Q.- Négociations par entreprise...
R.-...a été reprise par le Gouvernement. La question qui était posée, elle est simple, et c'est ça qui change par rapport à 1995, et c'est ça qui me choque : c'est que les organisations syndicales n'étaient pas braquées dans cette discussion. Les salariés ont compris que les choses pouvaient évoluer. L'opposition elle-même l'a dit : il fallait faire évoluer les systèmes de retraite pour arriver à une sorte de cotisations pour tout le monde de 40 ans. La question qui est posée c'est celle du pouvoir d'achat qui était au centre la campagne électorale, qui était l'un des engagements du président de la République parce qu'il n'a pas été élu, simplement, pour affronter les salariés. Il a été élu sur une idée simple : qu'il serait le candidat de la fiche de paie. Et donc sur la question des retraites - c'est ça qui est posé aujourd'hui - les salariés ne sont pas braqués sur les années de cotisations. Ils disent simplement : à partir du moment où on fait évoluer les années de cotisations, qu'on nous donne des garanties pour ceux qui pensaient qu'ils allaient partir au bout de 37 ans et demi, que le montant des retraites ne baissera pas. C'est cette fameuse discussion sur la décote.
Q.- Et donc, on est sur la voie d'un consensus général : Gouvernement, opposition, syndicats, tout le monde est d'accord pour que les annuités augmentent et donc, qu'une solution soit trouvée.
R.- Oui, si on arrive à maintenir le pouvoir d'achat. Et c'est ça le problème qui est posé. Pourquoi il y a un malaise ? J'écoutais tout à l'heure A. Duhamel - je l'écoute toujours avec attention - : quel est le problème qui est posé dans les sondages ? C'est que la majorité des Français considère que leur pouvoir d'achat s'est dégradé et que rien n'a été fait pour cela depuis six mois. Et même plus grave encore ! C'est que la décision sur le paquet fiscal, ces 12 ou 15 milliards qui manquent aujourd'hui cruellement dans la situation économique dans laquelle nous sommes, a été une injustice.
Q.- Mais là, la grève c'est les retraites. C'est les régimes spéciaux de retraite. Donc, on va vers une solution...
R.- Non, Jean-Michel. La grève ça n'est pas simplement les retraites...
Q.-...puisque vous-même vous convenez que la réforme est nécessaire.
R.-... C'est le montant de la retraite lorsqu'on va partir à la retraite. C'est ce fameux débat sur la décote. Et pourquoi la question a été posée ? Pourquoi les organisations syndicales demandaient à l'Etat d'être partie prenante de la discussion ? Parce que les entreprises publiques, aujourd'hui, vu l'état de leurs finances, ne pouvaient pas toutes seules assumer ce montant des retraites.
Vous convenez que l'opposition a du mal à trouver la ligne juste et à se faire entendre dans tous ces débats ?
R.- Vous trouvez que j'ai du mal à trouver la ligne juste, ce matin ?
Q.- Là, on vous parle des retraites, vous parlez du pouvoir d'achat ! Donc, vous parlez d'autre chose.
R.- Vous avez à peu près le même âge que moi. Vous savez donc qu'on commence à se préoccuper du montant de la retraite.
Q.- Je n'ai pas encore fait la simulation. Il va falloir que je la fasse !
R.- Moi, j'ai commencé à le faire.
Q.- Très bien. Alors ?
R.- Si vous étiez élu, vous le feriez régulièrement tous les cinq ans pour commencer à penser à ce qui va vous arriver.
Q.- Ah, on n'a pas tout à fait le même régime de retraite !
R.- Enfin, nous cotisons aussi.
Q.- Pas de la même façon !
R.- Donc, la question qui est posée aujourd'hui, c'est pas les retraites en soi : c'est le montant des retraites, garantir le pouvoir d'achat.
Q.- Oui. Alors, je disais que l'opposition avait du mal à se faire entendre. Dimanche, Josiane Balasko, la comédienne, était Rue de la Banque au côté des mal logés. Adrien Borne a tendu le micro et écoutez ce que ça donne, Josiane Balasko sur le Parti socialiste : "Le PS, où est-il ? Se sont-ils jamais préoccupés depuis le début : des franchises médicales ? Du problème du logement ? Du prix des denrées nécessaires et primordiales de première nécessité ? Non ! Ils ne sont pas là ! Alors qu'est-ce qu'ils foutent ? Qu'est-ce qu'ils foutent, tous les mecs du PS ?". Qu'est-ce qu'ils foutent tous les mecs du PS, J. Dray ?
R.- Ecoutez ! On a perdu une élection présidentielle. Et donc, on ne va pas être du jour au lendemain après cette défaite, qui a été une défaite sérieuse, comme ça en train de revenir. Et d'ailleurs, même si on revenait du jour au lendemain, comme ça, les gens nous diraient : Tiens ! Qu'est-ce qui leur arrive ! Donc, il faut intégrer les conditions de la défaite. C'est pour ça que j'ai fait cet ouvrage, qui s'appelle "Règlement de comptes", parce qu'il faut, d'après moi, créer les conditions d'un nouveau Parti socialiste pour répondre aux attentes des Français, pour répondre à ceux qui espèrent à un autre dialogue social, une amélioration de leurs conditions de vie.
Q.- Et vous dites aux 17 millions de Français qui ont voté pour Ségolène...
R.- Mais je voudrais simplement faire remarquer à Josiane Balasko que sur les franchises médicales, les députés socialistes ont mené la bataille à l'Assemblée nationale pendant des heures et des heures. Maintenant...
Q.- Visiblement, ça ne l'a pas marqué à Josiane Balasko, votre bataille !
R.- Oui, parce qu'elle ne regarde pas la vie parlementaire dans le détail. Ce que je comprends.
Q.- Peut-être parce qu'il vous manque un porte-voix. Et vous même, vous dites de S. Royal, si elle veut prendre la tête du Parti socialiste, il ne faut pas qu'elle le fasse parce que, dites-vous, ça va rallumer la guerre au Parti socialiste ?
R.- Oui, parce que...
Q.- S. Royal est à ce point, aujourd'hui, un facteur de divisions au Parti socialiste ?
R.- Vous avez vu comme moi que dans la campagne, les choses ne se sont pas bien passées, qu'il y a eu des tensions, non pas avec le Parti socialiste, avec ce que j'appelle les éléphants du Parti socialiste : ceux qui ne pensent qu'à l'élection présidentielle et qui ne se déterminent que par rapport à cette échéance-là. Nous sommes malades, nous le Parti socialiste, de cela. C'est pour ça qu'il faut sortir de cette situation. Il faut une nouvelle génération, un nouveau Parti socialiste qui soit en phase avec la société, qui d'ailleurs s'appuie sur tout ce qui a été bon dans cette campagne électorale, notamment la démocratie participative, et ç'aurait été sacrément utile dans la situation dans laquelle nous sommes.
Q.- Mais S. Royal est un facteur de divisions au Parti socialiste, aujourd'hui ?
R.- Non, S. Royal n'est pas un facteur de divisions. Tous ceux qui seront candidats à l'élection présidentielle susciteront, forcément, dans le moment actuel, des réactions négatives ; et c'est pour ça que j'appelle à la construction -c'est ce que je dis dans le livre - d'une nouvelle direction du Parti socialiste, basée sur cette démocratie participative, cette société métissée, cette volonté de créer des conditions nouvelles de rapport avec les organisations syndicales, de dialogue social. Et je pense qu'une nouvelle génération doit prendre ses responsabilités à la direction du parti.
Q.- On a reproché - vous l'avez mentionné, là - à S. Royal d'être distante du Parti socialiste. Elle vient de louer des locaux, boulevard Raspail. Alors, elle en est toujours très éloignée du Parti socialiste !
R.- Visiblement, elle vous obsède !
Q.- C'est des questions que suggère l'actualité, puisque ces locaux, elle les a inaugurés hier ou avant-hier.
R.- Ecoutez, elle a, comme tous ceux qui sont candidats à l'élection présidentielle, acquis un certain statut. Quand vous avez 17 millions de voix qui se sont portées sur votre candidature, ça vous donne une certaine autorité. Elle doit gérer cette autorité. Mais je pense que le problème, aujourd'hui, qui est posé au Parti socialiste, c'est de ne pas retomber dans les travers sur j'ai dénoncés tout à l'heure. C'est pour ça que je vous dis : le congrès qui vient c'est le congrès d'une nouvelle génération, d'un Parti socialiste qui soit capable de réaliser, ce que j'appelle, ces grandes coalitions arc-en-ciel qui va de la Gauche la plus radicale au centre le plus modéré, comme nous donne, je dirais l'exemple italien.
Q.- Alors, dernière question sur S. Royal. On apprend que ses locaux sont financés par Pierre Berger. Le financement public de la vie politique ne suffit pas, il faut trouver des mécènes, J. Dray ?
R.- Elle n'est pas en situation d'être un parti politique encore. Donc, elle n'a pas accès au financement public. Il faut trouver des mécènes ? C'est visiblement la situation dans laquelle nous sommes. Le problème est de ne pas savoir si je suis choqué ou non. Le problème est de savoir comment les choses vont évoluer dans les années à venir au sein du Parti socialiste. Qu'est-ce qu'il fout, J. Dray ! Eh bien, ce matin, il était l'invité de RTL.
C. Hondelatte : On peut peut-être rappeler, puisqu'il a fait allusion, deux fois, à son livre.
Le nom du livre et l'éditeur : "Règlements de compte" - Hachette Littérature - et J. Dray le défendra devant P. Bouvard aux "Grosses Têtes", la semaine prochaine.
R.- Ce qui ne sera pas facile !
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 14 novembre 2007
R.- Bonjour.
Q.- Alors, vous, député de l'Essonne, de quel côté, de qui vous vous sentez le plus proche, ce matin : des cheminots en grève ou des usagers en rade ?
R.- Des deux, mon général !
Q.- Ah, c'est difficile...
R.- Non, je pense que tant qu'on va situer le débat entre les gagnants, les perdants, en essayant d'opposer une catégorie de Français à une autre catégorie de Français, on ne s'en sortira pas. On peut gagner conjoncturellement, on peut casser une grève à un moment donné. Mais l'humiliation des salariés ou d'une partie des salariés contre une autre partie, ça ne marche pas dans ce pays. Et moi, je regarde l'intérêt de la France. Je ne regarde pas l'intérêt des uns ou des autres et je ne me situe pas, même du point de vue de l'intérêt du Parti socialiste ou de l'opposition qui serait en train de se réjouir des difficultés de N. Sarkozy. L'intérêt du pays c'est qu'on sorte le plus vite possible de ce conflit, l'intérêt du pays...
Q.- Vous parlez comme X. Bertrand ! C'est bien. X. Bertrand, il disait exactement la même chose, hier...
R.- Si Monsieur X. Bertrand avait eu cet état d'esprit, dès le 19 octobre, lorsque F. Chérèque lui a écrit en lui proposant d'ouvrir des négociations sérieuses, il aurait répondu. Il n'aurait pas attendu la dernière minute, au moment où les organisations syndicales décidaient de la grève pour tout d'un coup, découvrir qu'il y avait une lettre de la CFDT. Et si le Gouvernement avait été attentif, il aurait discuté, dialogué. On n'aurait pas eu cette situation qu'on a aujourd'hui où finalement sur le fond, on est à deux doigts de trouver un accord puisque vous avez vu que l'ouverture de la CGT qui a été faite, hier...
Q.- Négociations par entreprise...
R.-...a été reprise par le Gouvernement. La question qui était posée, elle est simple, et c'est ça qui change par rapport à 1995, et c'est ça qui me choque : c'est que les organisations syndicales n'étaient pas braquées dans cette discussion. Les salariés ont compris que les choses pouvaient évoluer. L'opposition elle-même l'a dit : il fallait faire évoluer les systèmes de retraite pour arriver à une sorte de cotisations pour tout le monde de 40 ans. La question qui est posée c'est celle du pouvoir d'achat qui était au centre la campagne électorale, qui était l'un des engagements du président de la République parce qu'il n'a pas été élu, simplement, pour affronter les salariés. Il a été élu sur une idée simple : qu'il serait le candidat de la fiche de paie. Et donc sur la question des retraites - c'est ça qui est posé aujourd'hui - les salariés ne sont pas braqués sur les années de cotisations. Ils disent simplement : à partir du moment où on fait évoluer les années de cotisations, qu'on nous donne des garanties pour ceux qui pensaient qu'ils allaient partir au bout de 37 ans et demi, que le montant des retraites ne baissera pas. C'est cette fameuse discussion sur la décote.
Q.- Et donc, on est sur la voie d'un consensus général : Gouvernement, opposition, syndicats, tout le monde est d'accord pour que les annuités augmentent et donc, qu'une solution soit trouvée.
R.- Oui, si on arrive à maintenir le pouvoir d'achat. Et c'est ça le problème qui est posé. Pourquoi il y a un malaise ? J'écoutais tout à l'heure A. Duhamel - je l'écoute toujours avec attention - : quel est le problème qui est posé dans les sondages ? C'est que la majorité des Français considère que leur pouvoir d'achat s'est dégradé et que rien n'a été fait pour cela depuis six mois. Et même plus grave encore ! C'est que la décision sur le paquet fiscal, ces 12 ou 15 milliards qui manquent aujourd'hui cruellement dans la situation économique dans laquelle nous sommes, a été une injustice.
Q.- Mais là, la grève c'est les retraites. C'est les régimes spéciaux de retraite. Donc, on va vers une solution...
R.- Non, Jean-Michel. La grève ça n'est pas simplement les retraites...
Q.-...puisque vous-même vous convenez que la réforme est nécessaire.
R.-... C'est le montant de la retraite lorsqu'on va partir à la retraite. C'est ce fameux débat sur la décote. Et pourquoi la question a été posée ? Pourquoi les organisations syndicales demandaient à l'Etat d'être partie prenante de la discussion ? Parce que les entreprises publiques, aujourd'hui, vu l'état de leurs finances, ne pouvaient pas toutes seules assumer ce montant des retraites.
Vous convenez que l'opposition a du mal à trouver la ligne juste et à se faire entendre dans tous ces débats ?
R.- Vous trouvez que j'ai du mal à trouver la ligne juste, ce matin ?
Q.- Là, on vous parle des retraites, vous parlez du pouvoir d'achat ! Donc, vous parlez d'autre chose.
R.- Vous avez à peu près le même âge que moi. Vous savez donc qu'on commence à se préoccuper du montant de la retraite.
Q.- Je n'ai pas encore fait la simulation. Il va falloir que je la fasse !
R.- Moi, j'ai commencé à le faire.
Q.- Très bien. Alors ?
R.- Si vous étiez élu, vous le feriez régulièrement tous les cinq ans pour commencer à penser à ce qui va vous arriver.
Q.- Ah, on n'a pas tout à fait le même régime de retraite !
R.- Enfin, nous cotisons aussi.
Q.- Pas de la même façon !
R.- Donc, la question qui est posée aujourd'hui, c'est pas les retraites en soi : c'est le montant des retraites, garantir le pouvoir d'achat.
Q.- Oui. Alors, je disais que l'opposition avait du mal à se faire entendre. Dimanche, Josiane Balasko, la comédienne, était Rue de la Banque au côté des mal logés. Adrien Borne a tendu le micro et écoutez ce que ça donne, Josiane Balasko sur le Parti socialiste : "Le PS, où est-il ? Se sont-ils jamais préoccupés depuis le début : des franchises médicales ? Du problème du logement ? Du prix des denrées nécessaires et primordiales de première nécessité ? Non ! Ils ne sont pas là ! Alors qu'est-ce qu'ils foutent ? Qu'est-ce qu'ils foutent, tous les mecs du PS ?". Qu'est-ce qu'ils foutent tous les mecs du PS, J. Dray ?
R.- Ecoutez ! On a perdu une élection présidentielle. Et donc, on ne va pas être du jour au lendemain après cette défaite, qui a été une défaite sérieuse, comme ça en train de revenir. Et d'ailleurs, même si on revenait du jour au lendemain, comme ça, les gens nous diraient : Tiens ! Qu'est-ce qui leur arrive ! Donc, il faut intégrer les conditions de la défaite. C'est pour ça que j'ai fait cet ouvrage, qui s'appelle "Règlement de comptes", parce qu'il faut, d'après moi, créer les conditions d'un nouveau Parti socialiste pour répondre aux attentes des Français, pour répondre à ceux qui espèrent à un autre dialogue social, une amélioration de leurs conditions de vie.
Q.- Et vous dites aux 17 millions de Français qui ont voté pour Ségolène...
R.- Mais je voudrais simplement faire remarquer à Josiane Balasko que sur les franchises médicales, les députés socialistes ont mené la bataille à l'Assemblée nationale pendant des heures et des heures. Maintenant...
Q.- Visiblement, ça ne l'a pas marqué à Josiane Balasko, votre bataille !
R.- Oui, parce qu'elle ne regarde pas la vie parlementaire dans le détail. Ce que je comprends.
Q.- Peut-être parce qu'il vous manque un porte-voix. Et vous même, vous dites de S. Royal, si elle veut prendre la tête du Parti socialiste, il ne faut pas qu'elle le fasse parce que, dites-vous, ça va rallumer la guerre au Parti socialiste ?
R.- Oui, parce que...
Q.- S. Royal est à ce point, aujourd'hui, un facteur de divisions au Parti socialiste ?
R.- Vous avez vu comme moi que dans la campagne, les choses ne se sont pas bien passées, qu'il y a eu des tensions, non pas avec le Parti socialiste, avec ce que j'appelle les éléphants du Parti socialiste : ceux qui ne pensent qu'à l'élection présidentielle et qui ne se déterminent que par rapport à cette échéance-là. Nous sommes malades, nous le Parti socialiste, de cela. C'est pour ça qu'il faut sortir de cette situation. Il faut une nouvelle génération, un nouveau Parti socialiste qui soit en phase avec la société, qui d'ailleurs s'appuie sur tout ce qui a été bon dans cette campagne électorale, notamment la démocratie participative, et ç'aurait été sacrément utile dans la situation dans laquelle nous sommes.
Q.- Mais S. Royal est un facteur de divisions au Parti socialiste, aujourd'hui ?
R.- Non, S. Royal n'est pas un facteur de divisions. Tous ceux qui seront candidats à l'élection présidentielle susciteront, forcément, dans le moment actuel, des réactions négatives ; et c'est pour ça que j'appelle à la construction -c'est ce que je dis dans le livre - d'une nouvelle direction du Parti socialiste, basée sur cette démocratie participative, cette société métissée, cette volonté de créer des conditions nouvelles de rapport avec les organisations syndicales, de dialogue social. Et je pense qu'une nouvelle génération doit prendre ses responsabilités à la direction du parti.
Q.- On a reproché - vous l'avez mentionné, là - à S. Royal d'être distante du Parti socialiste. Elle vient de louer des locaux, boulevard Raspail. Alors, elle en est toujours très éloignée du Parti socialiste !
R.- Visiblement, elle vous obsède !
Q.- C'est des questions que suggère l'actualité, puisque ces locaux, elle les a inaugurés hier ou avant-hier.
R.- Ecoutez, elle a, comme tous ceux qui sont candidats à l'élection présidentielle, acquis un certain statut. Quand vous avez 17 millions de voix qui se sont portées sur votre candidature, ça vous donne une certaine autorité. Elle doit gérer cette autorité. Mais je pense que le problème, aujourd'hui, qui est posé au Parti socialiste, c'est de ne pas retomber dans les travers sur j'ai dénoncés tout à l'heure. C'est pour ça que je vous dis : le congrès qui vient c'est le congrès d'une nouvelle génération, d'un Parti socialiste qui soit capable de réaliser, ce que j'appelle, ces grandes coalitions arc-en-ciel qui va de la Gauche la plus radicale au centre le plus modéré, comme nous donne, je dirais l'exemple italien.
Q.- Alors, dernière question sur S. Royal. On apprend que ses locaux sont financés par Pierre Berger. Le financement public de la vie politique ne suffit pas, il faut trouver des mécènes, J. Dray ?
R.- Elle n'est pas en situation d'être un parti politique encore. Donc, elle n'a pas accès au financement public. Il faut trouver des mécènes ? C'est visiblement la situation dans laquelle nous sommes. Le problème est de ne pas savoir si je suis choqué ou non. Le problème est de savoir comment les choses vont évoluer dans les années à venir au sein du Parti socialiste. Qu'est-ce qu'il fout, J. Dray ! Eh bien, ce matin, il était l'invité de RTL.
C. Hondelatte : On peut peut-être rappeler, puisqu'il a fait allusion, deux fois, à son livre.
Le nom du livre et l'éditeur : "Règlements de compte" - Hachette Littérature - et J. Dray le défendra devant P. Bouvard aux "Grosses Têtes", la semaine prochaine.
R.- Ce qui ne sera pas facile !
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 14 novembre 2007