Texte intégral
C. Barbier.- Bonne année R. Karoutchi.
R.- Excellente année.
Q.- Interdiction de fumer totale dans les bars, cafés et restaurants, c'est la nouvelle du jour. Est-ce que la répression doit être inflexible pour que l'on prenne les bonnes habitudes tout de suite ou faut-il être au contraire beaucoup plus souples ?
R.- Je crois que l'interdit était nécessaire, attendu, souhaité par beaucoup, il a été voté. Très bien. Maintenant, X. Bertrand, comme R. Bachelot, l'ont dit, et le Premier ministre l'a redit, il faudra naturellement que cela se fasse avec souplesse et dans la concertation.
Q.- Vous craignez l'impopularité pour le Gouvernement ?
R.- Non, je ne crois pas que ce soit une question d'impopularité. Cela s'est fait de la même manière en Italie, il a fallu un peu de temps pour que les gens s'habituent, et je crois qu'il faut le faire avec beaucoup de distinction, il ne faut pas faire cela de manière brutale. La loi doit être respectée. Pour autant, on peut ne pas être brutal.
Q.- Polémique sur le nombre exact de voitures brûlées au soir de la Saint-Sylvestre. Le Gouvernement essaye-t-il de masquer une réalité peu reluisante ?
R.- Non. Je crois que, en la matière, il n'y a pas de polémique. Les chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur correspondent à une méthode statistique qui est la même d'année en année. Sincèrement, je crois que, là, il ne faut rien chercher. Non. Cela s'est plutôt bien passé ; un peu moins de voitures brûlées que l'année dernière, il n'y a pas de drames, il n'y a pas eu de problèmes majeurs pendant la nuit de la Saint- Sylvestre et tant mieux, et on ne peut que féliciter l'ensemble des forces de police, les pompiers et tout le personnel hospitalier, etc., qui a travaillé, et qui a été remercié d'ailleurs par le président de la République hier après-midi à l'Elysée.
Q.- Toutes les prestations sociales qui augmentent au début de l'année, augmentent plutôt moins que l'inflation. Quand on regarde ce qui augmente du côté des prix, le gaz, par exemple à + 4 % ou les franchises médicales qui arrivent, on arrive assez vite au-delà de l'inflation. 2008 ne va pas être l'année du pouvoir d'achat !
R.- Si, ce sera l'année du pouvoir d'achat, parce que vous oubliez de dire qu'en parallèle, il y a les heures supplémentaires, qu'il y a, par exemple, la hausse massive, beaucoup plus forte que l'inflation, des bourses pour les étudiants les moins favorisés, qu'il y a un certain nombre de mesures qui vont permettre justement ce pouvoir d'achat - la suppression des droits de succession, la monétarisation des RTT. Il y a de très nombreuses mesures en faveur du pouvoir d'achat, et ce sont ces mesures-là qui vont booster le pouvoir d'achat sur l'année 2008.
Q.- Et pourtant, trois Français sur quatre ne font pas confiance au Gouvernement pour cette augmentation du pouvoir d'achat ?
R.- Parce que, très sincèrement, et c'est assez normal, les Français attendent les résultats. C'est-à-dire que, dès la mesure est annoncée, il faudrait immédiatement que ce soit dans le portefeuille, il faut forcément quelques semaines, quelques mois pour que cela se traduise concrètement. Rendez-vous dans trois à six mois, et on verra réellement si cette notion de renforcement du pouvoir d'achat est maintenant clairement, et très clairement même, admise par les Français.
Q.- Alors, dans six mois, avant l'été, y aura-t-il une nouvelle loi sur la durée légale du travail qui fera exploser le plafond des 35 heures, et donc, les heures supplémentaires seront comptées à partir peut-être de 37, 38, 39 ?
R.- Là, vous faites allusion je pense à la lettre du Premier ministre ?
Q.- Oui.
R.- Il y a un débat, le Premier ministre a dit très clairement un certain nombre de choses par rapport à un débat qui est un débat dans le Gouvernement et qui est un débat naturellement avec les partenaires sociaux. Laissons le débat se poursuivre, il n'y a pas de texte...
Q.- Il n'y a pas de tabou, le débat est ouvert ?
R.- Il n'y a pas de texte, en tout cas aujourd'hui, il n'y a pas de texte sur ce dossier, sur ce thème. Vous savez ce qu'est le programme parlementaire jusqu'au mois de février, après quoi nous verrons. Après Pâques de toute façon.
Q.- Les parlementaires seraient favorables à cette suppression de la durée légale ?
R.- Je ne sais pas, le débat ne s'est pas produit à l'intérieur des groupes de la majorité, en tout cas dans ces conditions-là. Laissons un peu le débat mûrir.
Q.- Le Président nous présentera d'autres voeux, avec d'autres annonces le 8 janvier dans une conférence de presse. Y aura-t-il des annonces de réformes de ce type qui seront évoquées ?
R.- Je serais bien incapable de vous dire ce qu'annoncera le président de la République le 8. C'est à lui de le faire, pas à moi. Je crois que le président de la République veut, le 8, vraiment brosser, de manière plus longue forcément que pendant les voeux de sept, huit minutes, un peu sa vision de la France en 2008. Cela permettra notamment d'expliciter la notion de Renaissance qui vous a beaucoup passionnés ces jours-ci.
Q.- Alors, "Renaissance", "politique de civilisation". Qu'est-ce que cela signifie ? "Nouvelle renaissance", Pompidou le disait après Mai 68. On est encore dans ce règlement de comptes de l'après Mai 68 ?
R.- Ah, non, pas du tout ! Pas du tout, quoi que l'on pense de Mai 68. Mais je trouve que c'est un thème fort. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que voilà, traditionnellement, les gouvernements ou les hommes politiques se disent : il faut redresser l'économie. Il faut changer le paysage social, il faut modifier la carte scolaire. Mais on n'a pas une vision globale, on n'a pas une vision forte de ce qu'est le pays, de ce qu'est la Nation, de ce que doit être la place de la France dans le monde. Et de fait, que dit N. Sarkozy ? Il est obsédé par ce qu'a été le déclin lent de la France dans les 30-40 dernières années. Et il dit : je veux que la France change, que la France de la rupture soit la France du pouvoir d'achat, de la réforme sociale, de la réforme hospitalière, de la réforme scolaire, mais aussi, de la place de la France dans le monde, de l'identité nationale, de "qu'est-ce que nous devenons ?", "quelle est la culture française ?". Et ce souffle nouveau, c'est la Renaissance au sens italien du terme du XVIème siècle, ou au sens du "Rissorgimiento", c'est-à-dire, comment revitaliser, renouer avec une autre image, un autre souffle pour l'ensemble du pays.
Q.- N'est-ce pas aussi une grande diversion ? Il faut faire oublier que la réalité économique en 2008 va être dure ?
R.- Non ! Oui, oui...J'ai vu ça. Non, non, pas du tout. Il y a, d'un côté, il y aura tous les textes classiques - un texte sur la modernisation de l'économie qui arrive, les textes cadres sur l'écologie, un certain nombre de textes vient devant le Parlement. Textes concrets, avec des mesures concrètes. Pour autant, on peut inscrire cela, et c'est la volonté du Président, dans un axe fort. Que veut-on faire de ce pays ? Quelle image de la France et des Français veut-on avoir dans cinq ans, dans dix ans ? Quelle Europe ? Dans quel monde ? Eh bien, il faut un... Le Président prend cela en main, et il dit : je veux une politique étrangère active dans tous les domaines, je veux une défense des droits de l'homme partout, je veux une France forte économiquement, mais pas pour être forte économiquement, pour changer la société, pour changer la donne, pour avoir une vraie politique de rupture. Et je crois que cette globalisation de la politique, en dehors de mesures concrètes, en plus des mesures concrètes, au-delà des mesures concrètes, c'est un souffle nouveau dont nous avons besoin pour le pays.
Q.- Alors, vous étiez avec le Président, lundi soir, dans la foulée de ses voeux télévisés. Dans quel état d'esprit l'avez-vous trouvé face à 2008 ? Enthousiaste, comme cela, presque mystique ou au contraire, sceptique par rapport à une réalité. Vous êtes enflammé ?
R.- Oui, mais non, je ne suis pas enflammé, j'y crois. Sincèrement. Je l'ai trouvé très volontaire, très déterminé, et non seulement il croit à ce qu'il dit mais il va le faire, et il l'a dit aux Français parce que, il s'est totalement impliqué là-dedans, et il a une conception de la France, de la vie des Français, pas seulement de la France au-dessus de tout et puis les Français vivent comme ils peuvent, non. Tout doit être secoué, tout doit être dans la rupture pour changer la vie et changer la société française, et changer l'image de la France dans le monde. Pour faire tout cela, il faut une force de caractère, il faut une volonté, il faut une ambition pour le pays qu'il a évidemment.
Q.- Il nous dit lui-même : "les résultats devraient se faire connaître un peu en 2008". C'est un conditionnel qui est rare chez le Président. Il n'en est pas sûr.
R.- Oui mais parce que, contrairement à ce que certains ont dit, le Président est quelqu'un qui réfléchit beaucoup, qui se pose beaucoup de questions, qui agit beaucoup, mais qui se pose beaucoup de questions. Et quand il dit : "peut-être, dans tel ou tel domaine, a-t-on pu faire une erreur", on la corrigera. Mais il faut se dire cela. Je crois que le monde politique aujourd'hui...
Q.- Mais vous les voyez les erreurs, il les voit les erreurs, non, c'est trop tôt ?
R.- Pour le moment, on ne voit pas d'erreurs manifestes, mais ce qui peut se passer, c'est que, on ait à modifier les choses, et tant mieux.
Q.- Corriger le tir, ça peut arriver ?
R.- L'essentiel, c'est que la réforme soit engagée, qu'il y ait un bloc de réformes, un train de réformes qui soit engagé, et qu'on aille vers autre chose, et que l'on fasse en sorte justement, que cette "renaissance" française soit dans tous les domaines.
Q.- Alors, train de réformes également au Parlement où vous êtes chargé des Relations avec le Parlement. Vous publiez : "Le Parlement, à quoi ça sert ?" chez Ellipse. Alors, pour ce qui est des réformes, verra-t-on le président de la République venir, en chair et en os, parler aux parlementaires en 2008 ?
R.- Je l'espère. En 2008, peut-être, si la réforme est adoptée assez rapidement.
Q.- Ça coince ?
R.- Non, ça ne coince pas, parce que...
Q.- On reporte après les municipales...
R.- Oui, mais non, mais parce qu'on veut le maximum de consensus, on veut revitaliser l'action du Parlement, et cela, je crois que tout le monde est d'accord. Quant à la venue du président de la République dans les hémicycles, sincèrement, je crois que c'est une nécessité. Quand vous pensez qu'aujourd'hui, le président de la République peut communiquer avec le Parlement en envoyant un message, lu, debout, par le président de l'Assemblée, les parlementaires debout, ils écoutent, ils se rassoient après, ils n'ont même pas le droit de faire un commentaire ! Eh bien, il est temps de moderniser tout cela, et de faire en sorte qu'on puisse s'exprimer.
Q.- Alors "Le Parlement, à quoi ça sert", à rien, à partir de début de février puisque le Parlement va se mettre en congé pour cause de municipales. Voilà un mauvais effet du cumul des mandats. Est-ce que vous ne pourriez pas nous dire, ce matin : allez, on va leur demander, puisqu'il y a un train de réformes, 15 jours de plus de travail avant d'aller faire leur campagne municipale ?
R.- Non, non, je crois sincèrement... On les a faits siéger en session extraordinaire en juillet, on les a faits siéger en session extraordinaire en septembre, on les a faits siéger sans discontinuer, jour et nuit jusqu'au 31 décembre, je dois dire...
Q.- Ils sont députés, pourquoi vont-ils faire les municipales ?
R.- Ecoutez, les élections municipales et cantonales sont des élections démocratiques auxquelles les Français sont très attachés. Qu'un certain nombre de parlementaires soient candidat ou fassent la campagne, c'est assez normal.
Q.- Et donc, on arrête les réformes ?
R.- Non, on n'arrête pas les réformes, on vote un certain nombre de textes, le Gouvernement, lui, continue le travail de réformes, et on reprendra dès le 25 mars, le vote des textes de réformes, bien entendu.
Q.- Et on reprendra avec un remaniement ministériel. Vous le souhaitez ? Ce sera nécessaire, vous sentez qu'il faudra le faire ?
R.- C'est le président de la République qui décide et lui seul.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2008
R.- Excellente année.
Q.- Interdiction de fumer totale dans les bars, cafés et restaurants, c'est la nouvelle du jour. Est-ce que la répression doit être inflexible pour que l'on prenne les bonnes habitudes tout de suite ou faut-il être au contraire beaucoup plus souples ?
R.- Je crois que l'interdit était nécessaire, attendu, souhaité par beaucoup, il a été voté. Très bien. Maintenant, X. Bertrand, comme R. Bachelot, l'ont dit, et le Premier ministre l'a redit, il faudra naturellement que cela se fasse avec souplesse et dans la concertation.
Q.- Vous craignez l'impopularité pour le Gouvernement ?
R.- Non, je ne crois pas que ce soit une question d'impopularité. Cela s'est fait de la même manière en Italie, il a fallu un peu de temps pour que les gens s'habituent, et je crois qu'il faut le faire avec beaucoup de distinction, il ne faut pas faire cela de manière brutale. La loi doit être respectée. Pour autant, on peut ne pas être brutal.
Q.- Polémique sur le nombre exact de voitures brûlées au soir de la Saint-Sylvestre. Le Gouvernement essaye-t-il de masquer une réalité peu reluisante ?
R.- Non. Je crois que, en la matière, il n'y a pas de polémique. Les chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur correspondent à une méthode statistique qui est la même d'année en année. Sincèrement, je crois que, là, il ne faut rien chercher. Non. Cela s'est plutôt bien passé ; un peu moins de voitures brûlées que l'année dernière, il n'y a pas de drames, il n'y a pas eu de problèmes majeurs pendant la nuit de la Saint- Sylvestre et tant mieux, et on ne peut que féliciter l'ensemble des forces de police, les pompiers et tout le personnel hospitalier, etc., qui a travaillé, et qui a été remercié d'ailleurs par le président de la République hier après-midi à l'Elysée.
Q.- Toutes les prestations sociales qui augmentent au début de l'année, augmentent plutôt moins que l'inflation. Quand on regarde ce qui augmente du côté des prix, le gaz, par exemple à + 4 % ou les franchises médicales qui arrivent, on arrive assez vite au-delà de l'inflation. 2008 ne va pas être l'année du pouvoir d'achat !
R.- Si, ce sera l'année du pouvoir d'achat, parce que vous oubliez de dire qu'en parallèle, il y a les heures supplémentaires, qu'il y a, par exemple, la hausse massive, beaucoup plus forte que l'inflation, des bourses pour les étudiants les moins favorisés, qu'il y a un certain nombre de mesures qui vont permettre justement ce pouvoir d'achat - la suppression des droits de succession, la monétarisation des RTT. Il y a de très nombreuses mesures en faveur du pouvoir d'achat, et ce sont ces mesures-là qui vont booster le pouvoir d'achat sur l'année 2008.
Q.- Et pourtant, trois Français sur quatre ne font pas confiance au Gouvernement pour cette augmentation du pouvoir d'achat ?
R.- Parce que, très sincèrement, et c'est assez normal, les Français attendent les résultats. C'est-à-dire que, dès la mesure est annoncée, il faudrait immédiatement que ce soit dans le portefeuille, il faut forcément quelques semaines, quelques mois pour que cela se traduise concrètement. Rendez-vous dans trois à six mois, et on verra réellement si cette notion de renforcement du pouvoir d'achat est maintenant clairement, et très clairement même, admise par les Français.
Q.- Alors, dans six mois, avant l'été, y aura-t-il une nouvelle loi sur la durée légale du travail qui fera exploser le plafond des 35 heures, et donc, les heures supplémentaires seront comptées à partir peut-être de 37, 38, 39 ?
R.- Là, vous faites allusion je pense à la lettre du Premier ministre ?
Q.- Oui.
R.- Il y a un débat, le Premier ministre a dit très clairement un certain nombre de choses par rapport à un débat qui est un débat dans le Gouvernement et qui est un débat naturellement avec les partenaires sociaux. Laissons le débat se poursuivre, il n'y a pas de texte...
Q.- Il n'y a pas de tabou, le débat est ouvert ?
R.- Il n'y a pas de texte, en tout cas aujourd'hui, il n'y a pas de texte sur ce dossier, sur ce thème. Vous savez ce qu'est le programme parlementaire jusqu'au mois de février, après quoi nous verrons. Après Pâques de toute façon.
Q.- Les parlementaires seraient favorables à cette suppression de la durée légale ?
R.- Je ne sais pas, le débat ne s'est pas produit à l'intérieur des groupes de la majorité, en tout cas dans ces conditions-là. Laissons un peu le débat mûrir.
Q.- Le Président nous présentera d'autres voeux, avec d'autres annonces le 8 janvier dans une conférence de presse. Y aura-t-il des annonces de réformes de ce type qui seront évoquées ?
R.- Je serais bien incapable de vous dire ce qu'annoncera le président de la République le 8. C'est à lui de le faire, pas à moi. Je crois que le président de la République veut, le 8, vraiment brosser, de manière plus longue forcément que pendant les voeux de sept, huit minutes, un peu sa vision de la France en 2008. Cela permettra notamment d'expliciter la notion de Renaissance qui vous a beaucoup passionnés ces jours-ci.
Q.- Alors, "Renaissance", "politique de civilisation". Qu'est-ce que cela signifie ? "Nouvelle renaissance", Pompidou le disait après Mai 68. On est encore dans ce règlement de comptes de l'après Mai 68 ?
R.- Ah, non, pas du tout ! Pas du tout, quoi que l'on pense de Mai 68. Mais je trouve que c'est un thème fort. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que voilà, traditionnellement, les gouvernements ou les hommes politiques se disent : il faut redresser l'économie. Il faut changer le paysage social, il faut modifier la carte scolaire. Mais on n'a pas une vision globale, on n'a pas une vision forte de ce qu'est le pays, de ce qu'est la Nation, de ce que doit être la place de la France dans le monde. Et de fait, que dit N. Sarkozy ? Il est obsédé par ce qu'a été le déclin lent de la France dans les 30-40 dernières années. Et il dit : je veux que la France change, que la France de la rupture soit la France du pouvoir d'achat, de la réforme sociale, de la réforme hospitalière, de la réforme scolaire, mais aussi, de la place de la France dans le monde, de l'identité nationale, de "qu'est-ce que nous devenons ?", "quelle est la culture française ?". Et ce souffle nouveau, c'est la Renaissance au sens italien du terme du XVIème siècle, ou au sens du "Rissorgimiento", c'est-à-dire, comment revitaliser, renouer avec une autre image, un autre souffle pour l'ensemble du pays.
Q.- N'est-ce pas aussi une grande diversion ? Il faut faire oublier que la réalité économique en 2008 va être dure ?
R.- Non ! Oui, oui...J'ai vu ça. Non, non, pas du tout. Il y a, d'un côté, il y aura tous les textes classiques - un texte sur la modernisation de l'économie qui arrive, les textes cadres sur l'écologie, un certain nombre de textes vient devant le Parlement. Textes concrets, avec des mesures concrètes. Pour autant, on peut inscrire cela, et c'est la volonté du Président, dans un axe fort. Que veut-on faire de ce pays ? Quelle image de la France et des Français veut-on avoir dans cinq ans, dans dix ans ? Quelle Europe ? Dans quel monde ? Eh bien, il faut un... Le Président prend cela en main, et il dit : je veux une politique étrangère active dans tous les domaines, je veux une défense des droits de l'homme partout, je veux une France forte économiquement, mais pas pour être forte économiquement, pour changer la société, pour changer la donne, pour avoir une vraie politique de rupture. Et je crois que cette globalisation de la politique, en dehors de mesures concrètes, en plus des mesures concrètes, au-delà des mesures concrètes, c'est un souffle nouveau dont nous avons besoin pour le pays.
Q.- Alors, vous étiez avec le Président, lundi soir, dans la foulée de ses voeux télévisés. Dans quel état d'esprit l'avez-vous trouvé face à 2008 ? Enthousiaste, comme cela, presque mystique ou au contraire, sceptique par rapport à une réalité. Vous êtes enflammé ?
R.- Oui, mais non, je ne suis pas enflammé, j'y crois. Sincèrement. Je l'ai trouvé très volontaire, très déterminé, et non seulement il croit à ce qu'il dit mais il va le faire, et il l'a dit aux Français parce que, il s'est totalement impliqué là-dedans, et il a une conception de la France, de la vie des Français, pas seulement de la France au-dessus de tout et puis les Français vivent comme ils peuvent, non. Tout doit être secoué, tout doit être dans la rupture pour changer la vie et changer la société française, et changer l'image de la France dans le monde. Pour faire tout cela, il faut une force de caractère, il faut une volonté, il faut une ambition pour le pays qu'il a évidemment.
Q.- Il nous dit lui-même : "les résultats devraient se faire connaître un peu en 2008". C'est un conditionnel qui est rare chez le Président. Il n'en est pas sûr.
R.- Oui mais parce que, contrairement à ce que certains ont dit, le Président est quelqu'un qui réfléchit beaucoup, qui se pose beaucoup de questions, qui agit beaucoup, mais qui se pose beaucoup de questions. Et quand il dit : "peut-être, dans tel ou tel domaine, a-t-on pu faire une erreur", on la corrigera. Mais il faut se dire cela. Je crois que le monde politique aujourd'hui...
Q.- Mais vous les voyez les erreurs, il les voit les erreurs, non, c'est trop tôt ?
R.- Pour le moment, on ne voit pas d'erreurs manifestes, mais ce qui peut se passer, c'est que, on ait à modifier les choses, et tant mieux.
Q.- Corriger le tir, ça peut arriver ?
R.- L'essentiel, c'est que la réforme soit engagée, qu'il y ait un bloc de réformes, un train de réformes qui soit engagé, et qu'on aille vers autre chose, et que l'on fasse en sorte justement, que cette "renaissance" française soit dans tous les domaines.
Q.- Alors, train de réformes également au Parlement où vous êtes chargé des Relations avec le Parlement. Vous publiez : "Le Parlement, à quoi ça sert ?" chez Ellipse. Alors, pour ce qui est des réformes, verra-t-on le président de la République venir, en chair et en os, parler aux parlementaires en 2008 ?
R.- Je l'espère. En 2008, peut-être, si la réforme est adoptée assez rapidement.
Q.- Ça coince ?
R.- Non, ça ne coince pas, parce que...
Q.- On reporte après les municipales...
R.- Oui, mais non, mais parce qu'on veut le maximum de consensus, on veut revitaliser l'action du Parlement, et cela, je crois que tout le monde est d'accord. Quant à la venue du président de la République dans les hémicycles, sincèrement, je crois que c'est une nécessité. Quand vous pensez qu'aujourd'hui, le président de la République peut communiquer avec le Parlement en envoyant un message, lu, debout, par le président de l'Assemblée, les parlementaires debout, ils écoutent, ils se rassoient après, ils n'ont même pas le droit de faire un commentaire ! Eh bien, il est temps de moderniser tout cela, et de faire en sorte qu'on puisse s'exprimer.
Q.- Alors "Le Parlement, à quoi ça sert", à rien, à partir de début de février puisque le Parlement va se mettre en congé pour cause de municipales. Voilà un mauvais effet du cumul des mandats. Est-ce que vous ne pourriez pas nous dire, ce matin : allez, on va leur demander, puisqu'il y a un train de réformes, 15 jours de plus de travail avant d'aller faire leur campagne municipale ?
R.- Non, non, je crois sincèrement... On les a faits siéger en session extraordinaire en juillet, on les a faits siéger en session extraordinaire en septembre, on les a faits siéger sans discontinuer, jour et nuit jusqu'au 31 décembre, je dois dire...
Q.- Ils sont députés, pourquoi vont-ils faire les municipales ?
R.- Ecoutez, les élections municipales et cantonales sont des élections démocratiques auxquelles les Français sont très attachés. Qu'un certain nombre de parlementaires soient candidat ou fassent la campagne, c'est assez normal.
Q.- Et donc, on arrête les réformes ?
R.- Non, on n'arrête pas les réformes, on vote un certain nombre de textes, le Gouvernement, lui, continue le travail de réformes, et on reprendra dès le 25 mars, le vote des textes de réformes, bien entendu.
Q.- Et on reprendra avec un remaniement ministériel. Vous le souhaitez ? Ce sera nécessaire, vous sentez qu'il faudra le faire ?
R.- C'est le président de la République qui décide et lui seul.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2008