Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur le plan de rénovation urbaine Euroméditerranée de Marseille et les "chantiers" de réformes pour 2008, notamment la réforme du financement de l'audiovisuel public par la publicité, Marseille le 14 janvier 2008.

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Monsieur le maire, mon cher Jean-Claude, mon cher Renaud, mesdames et messieurs les élus, mesdames et messieurs. Fidèle à la tradition mais en vous parlant surtout avec mon coeur, je voudrais d'abord vous adresser mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Pour la France, comme pour Marseille, ça va être l'année des choix et l'année de l'action. C'est toujours, mon cher Jean-Claude, un immense plaisir pour moi de retrouver Marseille.
"Allez à Marseille, Marseille vous répondra, cette ville est une leçon" écrivait Albert Londres. Marseille c'est le symbole de la France et le renouveau marseillais c'est le sursaut français. La ville aux 26 siècles, la ville carrefour, dynamique, talentueuse, Marseille avait négligé hier ses atouts, s'était repliée sur elle-même, or quand on n'avance pas on se laisse vite déclasser. Les fermetures d'usines, 150 000 habitants perdus entre 1975 et 1995, un chômage à 20%, il était urgent de redresser le cap, eh bien c'est ce qu'a fait Jean-Claude Gaudin, avec la force et l'intuition que je lui connais, et aujourd'hui Marseille a repris les rênes de son destin, Marseille est de nouveau à la conquête, rayonnante et inventive. C'est cela que je suis venu ce matin saluer et soutenir.
Vous savez que pour la France, avec le président de la République, au fond, on mène le même combat, vieille nation comblée, grande puissance pendant des siècles, notre pays a cru que l'histoire s'était arrêtée, et que sa position lui resterait acquise pour toujours, il s'est figé et il en a payé le prix. Et aujourd'hui, avec le président de la République, avec la majorité, nous essayons de l'éveiller, de l'aider à se relever. Depuis 8 mois nous avons engagé un effort considérable de réformes, de réformes en profondeur - je me permets de vous dire que cet effort ce n'est que le début, et qu'on entre, avec l'année 2008, dans le vif du sujet - nous avons ouvert beaucoup de chantiers, qui doivent tous aboutir en 2008. Notre objectif c'est le renouveau économique, notre objectif c'est que nous soyons en 2012 dans les trois premiers pays européens pour la croissance. Y a-t-il une seule raison qui puisse expliquer que la France ne soit pas dans les trois premiers pays européens pour la croissance ? Nous avons notre histoire, notre culture, notre art de vivre, notre intelligence, notre système de formation, nos services publics, nos infrastructures, enfin, on a toutes les raisons d'être dans les meilleurs, et on est en bas du classement.
Notre objectif c'est le plein emploi en 2012. Y a-t-il une raison pour que dix pays européens aient le plein emploi aujourd'hui et que la France, malgré une amélioration considérable de la situation, soit toujours parmi les derniers pays européens s'agissant de ses performances en matière d'emploi ?
Et puis enfin, ce que nous voulons c'est qu'en 2012 le budget de l'Etat soit équilibré. Pourquoi est-ce que partout ailleurs autour de nous les grands pays réussissent, en un délai relativement court, à assainir leurs finances publiques, et que nous nous serions condamnés à avoir éternellement un déficit ? - chacun sait d'ailleurs qu'un déficit ne peut pas être éternel, il y a un moment où le poids de ce déficit est tel qu'il entraîne des difficultés graves pour ceux qui n'ont pas eu le courage de le combattre. Cela fait 33 ans que notre pays n'a pas connu un budget en équilibre, ce qui veut dire que tous les Français, Jean-Claude, qui ont moins de 33 ans pensent que cela marche comme ça, et tous les Français qui ont plus de 33 ans se disent, si cela a duré 33 ans cela va bien durer encore quelques années de plus. Non, cela ne durera pas quelques années de plus, nous voulons retrouver l'équilibre de nos finances publiques.
Alors c'est vrai que nous le faisons dans un contexte qui n'est pas facile, j'ai dit hier qu'il y avait quelques vents contraires qui se levaient, le prix du pétrole, les risques de récession aux Etats-Unis, le prolongement de la crise des subprimes, eh bien tout cela non seulement ne nous décourage pas, mais nous donne la nécessité, la volonté, d'aller plus vite dans la mise en oeuvre des réformes. Tous les points de croissance qu'on arrachera grâce aux réformes que nous ferons chez nous, ce sont des points de croissance que la situation internationale, même si elle est difficile, ne nous enlèvera pas. Nous allons continuer à libérer le travail, après la défiscalisation des heures supplémentaires c'est au tour de la modernisation du marché du travail, de la réforme du contrat de travail, de la construction de ce qu'on appelle une véritable "flexsécurité" à la française.
La France a besoin de plus de travail pour être plus productive, mais la France doit aussi investir dans l'intelligence pour avoir une longueur d'avance sur le futur. Nous avons donné l'autonomie aux universités, cette autonomie qu'elles réclamaient depuis si longtemps, mais qu'aucun gouvernement n'avait jamais été capable de concrétiser. Nous avons prévu 15 milliards d'euros, 15 milliards d'euros d'ici 2012, pour les accompagner dans cette liberté nouvelle, soit une augmentation de 50% du budget de l'enseignement supérieur en 5 ans. Nous avons augmenté, dès 2008, de 1,8 milliard le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Nous allons continuer à moderniser notre économie, dans beaucoup trop de secteurs la créativité, la concurrence, restent bridées par des réglementations contre-productives, eh bien il faut nettoyer toutes ces réglementations, issues du passé, qui souvent d'ailleurs ont été conçues dans un esprit qui était un esprit positif, mais qui aboutissent à ce que nous ayons moins de performance, moins de pouvoir d'achat, moins d'emplois, que ceux qui se sont libérés de ces contraintes.
Nous attachons une importance particulière aux petites et moyennes entreprises, parce que nous savons que c'est par elles que passera le retour au plein emploi et que c'est avec elles que l'énergie française pourra se déployer complètement. Nous avons déjà fait beaucoup, nous avons lancé le rapprochement entre OSEO et l'Agence de l'innovation industrielle, pour disposer d'un outil centré sur les PME, nous avons avancé dans ce qu'on appelle la dématérialisation des procédures, il faut supprimer tous ces papiers qui encombrent la vie des chefs d'entreprises, et profiter des nouvelles technologies pour le faire, nous avons favorisé l'investissement dans le capital des petites et moyennes entreprises, financé par des réductions d'impôt sur la fortune, mais nous voulons aller plus loin. Nous allons supprimer en 2009 l'impôt forfaitaire annuel, nous allons faciliter les conditions de reprise et de transmission, nous allons continuer à simplifier les formalités, nous allons geler les conséquences financières des franchissements de seuil d'effectifs, nous allons unifier le statut des entreprises de croissance, pour faciliter leur financement, nous allons réduire les délais de paiement, les délais de paiement de l'Etat d'abord, mais aussi les délais de paiement, qui dans notre pays d'une manière générale, sont très nettement supérieurs à ce qui existe dans tous les autres pays européens, et nous allons favoriser l'accès des PME aux marchés publics.
Voilà. En un mot, vous le voyez mesdames et messieurs, le changement est en marche, il l'est dans un esprit d'ouverture, le traintrain rassurant des clivages traditionnels n'a pas beaucoup de sens, quand la situation se fait plus exigeante, et au niveau municipal l'ouverture que nous avons réalisée au plan national est également nécessaire, Jean-Claude Gaudin a su la faire à Marseille, en faisant appel aux meilleurs talents, au service d'un projet pour la vie.
J'ai visité tout à l'heure le pôle média Belle Mai, c'est l'illustration d'une politique de reconversion audacieuse, là où il n'y avait que des friches, du passé, du déclin, vous accueillez l'économie de demain, le multimédia, l'audiovisuel, les télécoms, la microélectronique, vous favorisez l'innovation, la convergence entre les contenus et les technologies, entre les auteurs et les développeurs, voilà une politique moderne, prometteuse, pour Marseille.
L'opération d'intérêt national Euroméditerranée dans laquelle s'inscrit ce pôle est un succès dont, mon cher Renaud, sachant toute la part que tu as pris dans la réalisation de cette opération exemplaire, nous pouvons nous réjouir. C'est la plus grande opération de rénovation urbaine en France, et elle a d'ores et déjà rempli sa mission de réaménagement urbain et de développement économique et social, 16 000 emplois créés, plus de 2 000 logements neufs lancés, dont 30 % de logements sociaux. Tout cela a été obtenu avec un financement intelligent, où l'argent public attire l'argent privé, conformément aux objectifs que nous nous étions ensemble fixés, chaque euro de fonds publics a engendré 4 à 5 euros d'investissements privés. Eh bien il faut consolider ce succès, et j'ai donc signé il y a quelques jours un décret qui étend de 170 hectares la superficie couverte par cette opération.
Nous visons, Jean-Claude GAUDIN l'a dit, 10 000 logements supplémentaires, 74 hectares d'espaces publics et d'espaces verts, 500 000 mètres carrés de bureaux, pour 10 000 emplois nouveaux, et 100 000 mètres carrés de commerces, d'espaces hôteliers, d'équipements, de loisirs, de formation, de créations et de diffusions culturelles. L'Etat, monsieur le maire, a décidé de continuer à aider Marseille dans sa grande ambition de renouveau.
En matière de rénovation urbaine les progrès des dernières années représentent un effort sans précédent, il faut continuer sur cette voie, et c'est la raison pour laquelle, pour répondre à ta préoccupation, je t'indique que l'Etat, par l'intermédiaire de l'ANRU, fera un effort particulier pour le dossier des hauts de Mazargues. Pour vous Marseillais, le choix de l'avenir c'est celui de l'échange, l'échange commercial, économique, industriel, l'échange humain, culturel, "civilisationnel".
A vrai dire Marseille a toujours été grande ouverte sur les horizons, et votre cité est, bien avant l'heure, l'emblème de la mondialisation. Marseille est née de Protis, le garçon de la mer, et de Gyptis, la fille des terres, ses grandes heures de gloire elle les a connues quand des commerçants grecs au port autonome, en passant par Jacques Coeur, l'édit de Colbert, les Lumières, l'Empire, elle était conquérante, tournant son commerce vers le vaste monde.
Cette histoire du grand large elle s'inscrit dans le port de Marseille, le plus grand port méditerranéen, le troisième port pétrolier d'Europe, eh bien vous le savez, malgré les efforts de chacun, ce port est concurrencé de plus en plus sévèrement. C'est un problème qui concerne tous nos ports autonomes, qui ne sont pas suffisamment compétitifs face à la compétition internationale, nous avons perdu la moitié de nos parts de marché dans le trafic de conteneurs au cours des vingt dernières années alors que ce marché connaissait une croissance supérieure à 5 % par an. Ce chiffre, mesdames et messieurs, est un appel au sursaut et à l'action. Vous le savez, notre faiblesse c'est le manque de productivité de nos terminaux, la réforme de 1992 a permis une modernisation importante de la manutention portuaire, elle a favorisé un dialogue social efficace et responsable entre les dockers et les entreprises de manutention, mais il reste un obstacle rédhibitoire à l'augmentation de la productivité, c'est l'absence d'unités de commandement entre les activités de manutention exercées par les ports autonomes, et celles des entreprises de manutention. Cela fait des années que cette situation est connue, qu'elle est décrite, qu'elle est analysée, qu'elle est commentée, et qu'on ne fait rien. Eh bien il est temps d'agir, il est temps que nous retrouvions le premier rang en Europe et dans le monde, il nous faut une grande ambition maritime, et pour cela il faut tout simplement nous doter des outils adaptés.
Nous voulons que nos ports bénéficient enfin de la croissance du trafic maritime mondial, nous voulons passer d'ici 2015 de 3,5 millions à 10 millions de conteneurs, nous voulons que ces réformes permettent la création de 30 000 emplois, et nous avons des atouts fantastiques pour atteindre ces objectifs, comme ce fleuron de l'économie marseillaise et nationale qu'est CMA CGM, eh bien ces atouts il est temps de les valoriser.
J'ai donc demandé à Dominique Bussereau de préparer un plan de relance des ports autonomes maritimes français, qui devrait pouvoir se concrétiser par des mesures législatives au printemps prochain. Dès demain Dominique Bussereau engagera une large concertation avec tous les acteurs du monde portuaire et du monde maritime, cette consultation se déroulera au niveau national, parce qu'il y a des enjeux nationaux et une stratégie maritime à adopter ensemble, mais elle se déroulera aussi au niveau de chaque port, elle y sera conduite par les instances de direction des ports, que nous allons mandater à cet effet, en lien étroit avec les préfets. Elle permettra de confronter toutes les positions et d'entendre toutes les propositions, et notamment celles des représentants des salariés.
Dans le cadre de cette concertation, que je veux la plus large et la plus approfondie, je propose quatre orientations. Tout d'abord il est nécessaire de transférer les activités de manutention exercées par les ports à des opérateurs privés. Un tel transfert doit évidemment intervenir dans un cadre transparent et suppose un dialogue préalable sans a priori et sans tabou sur ces modalités, à la fois avec les opérateurs et les salariés concernés, personne ne sera laissé sur le bord de la route par la réforme, j'en prends l'engagement. Nous serons particulièrement attentifs à la situation des personnels des ports. Deuxièmement, les ports doivent voir leurs missions recentrées autour du développement durable de la place portuaire, mise en oeuvre d'une stratégie ambitieuse de développement économique, gestion et développement des infrastructures dans le respect de l'environnement, rôle renforcé d'aménageurs dans le cadre d'une coopération beaucoup plus étroite avec les collectivités locales et, enfin, naturellement, les missions régaliennes classiques. S'agissant du rôle des ports en matière de dessertes, il sera renforcé, les ports doivent avoir les moyens d'encourager les modes de transport massifiés, que sont le fer et la voie d'eau. Troisièmement, pour accompagner cette évolution de leurs missions nous voulons moderniser la gouvernance des ports, en lien avec les collectivités locales et les partenaires sociaux. Là encore seule la concertation préalable peut permettre d'en déterminer les bonnes modalités. Enfin, quatrièmement, pour être pleinement efficace, cette réforme doit s'accompagner d'un plan très ambitieux d'investissements dans nos ports, même si les contrats de projets Etat/région s'élèvent déjà, dans ce secteur, à un niveau d'investissements sans précédent, nous veillerons à ce que les crédits d'entretien soient réévalués en tenant compte de la situation des concurrents européens de nos ports.
Il s'agit de préparer dès aujourd'hui les investissements du futur, aussi bien pour la capacité d'accueil de nos ports que pour leur desserte. Vous le voyez, mesdames et messieurs, ce plan est ambitieux et il nécessite que nous nous mettions rapidement au travail. Parce qu'il n'y a pas de solution toute faite, et parce que nous devons les imaginer ensemble, je souhaite, je le répète, que les discussions soient engagées port par port, afin que chaque situation particulière, de chaque place portuaire, soit prise en compte avec l'ensemble des parties concernées. Ce plan de relance sera le fruit d'un travail collectif, et d'un dialogue constructif.
Je le disais, monsieur le maire, Marseille est grande quand elle s'ouvre aux échanges commerciaux, mais aussi quand elle exalte la rencontre des cultures. Ici c'est toute la Méditerranée qui a été accueillie et qui a été intégrée, Montand, fils d'italien, Aznavour, fils d'arméniens, Zidane, fils de kabyles algériens, Suares, mélange de judéo-espagnol et de breton, le cinéaste Robert Guediguian et le sculpteur César, fils d'italiens, les groupes IAM ou Massilia sound system, synthétisent ces mélanges, à côté de la verve si marseillaise et si française des Rostand, Artaud, Pagnol, oserais-je ajouter, du maire de Marseille. Vous savez, Pagnol, il vous a fait une petite infidélité, il a acheté une ferme dans la Sarthe, et il a vécu pendant quelques années dans mon canton, dans la Sarthe. Ça a été sur le plan économique une catastrophe absolue, et je crois qu'il est reparti en faisant une faillite spectaculaire, mais enfin on a gardé l'idée que Pagnol était un peu sarthois, voilà.
Alors bien sûr, et Jean-Claude Gaudin l'a dit, tout n'est pas idyllique, l'intégration ne va pas toujours de soi, mais comment ne pas constater que pendant que les banlieues s'embrasaient dans toute la France en novembre 2005, elles restaient sereines à Marseille. Oui, mesdames et messieurs, l'intégration républicaine est possible, et à Marseille elle se fonde sur un sentiment d'appartenance, sur une fierté que chacun éprouve pour sa ville, c'est cela que nous recherchons pour la France, quand avec le président de la République nous parlons d'identité. Ce mot choque parfois, on ne voudrait parler que de diversité, mais comment peut-on parler de diversité s'il n'y a pas d'identité, il faut bien qu'il y ait des identités pour qu'on puisse célébrer et encourager la diversité. L'identité c'est l'harmonie entre des cultures qui se fécondent mutuellement, c'est une quête d'unité et de fierté partagées, ce n'est pas un facteur d'exclusion et de rejet. Eh bien Marseille, à bien des égards, est un exemple, mais, il faut le reconnaître, notre modèle français ne fonctionne pas si bien en termes d'intégration, il doit être repensé et il doit être relancé. Avec le président de la République nous avons fait le choix de regarder cette question en face, sans tabou, il faut améliorer nos mécanismes d'intégration, de multiples dispositifs publics existent, mais ils restent mal coordonnés et insuffisamment ciblés.
Avec le plan respect et égalité des chances, que prépare Fadela Amara, nous allons concentrer tous nos efforts sur des points clés comme l'accès à la formation pour tous, des jeunes des quartiers en difficulté. Ce que nous voulons c'est qu'il soit proposé à chaque jeune, de ces quartiers en difficulté, une vraie formation longue débouchant sur un véritable emploi.
Sur l'immigration le président de la République a parlé de politique de quotas, je veux réaffirmer ici quelques principes. La France a besoin de rester ouverte, de rester ouverte à la diversité et aux influences extérieures, parce que c'est une force et c'est une richesse, mais la France ne peut pas être un eldorado pour tout le monde, elle a le droit de privilégier une immigration économique, comme tous les pays démocratiques et développés. En 2006, mesdames et messieurs, nous avons délivré 184 000 nouveaux titres de séjour, dont seulement 7 % pour motif économique, il faut rééquilibrer les choses. Sur la question des sans-papiers notre position est claire, elle est républicaine, l'immigration est encadrée par la loi et la loi est faite pour être respectée, sinon c'est la loi de la jungle, c'est la loi des réseaux et c'est la loi du plus fort. Les réfugiés et ceux qui obtiennent par leurs efforts, par leurs compétences, des papiers, pour travailler et pour résider en France, sont les bienvenus, ceux qui ne répondent pas aux critères posés par nos lois et n'ont pas de papiers, sont appelés à être reconduits à la frontière. Le nombre de reconduites réalisées en 2007 est proche de l'objectif des 25 000 que nous nous étions fixé, l'objectif pour 2008 sera au moins équivalent, et permettez-moi de rappeler à tous ceux qui s'en indignent, que tous les grands pays européens, et en particulier ceux qui sont gouvernés pas la gauche, conduisent aujourd'hui les mêmes politiques en matière d'immigration, la semaine dernière nous avons accueilli avec le président de la République à Paris, pour le sommet franco-espagnol, le président Zapatero, et nous avons décidé ensemble, de demander à l'Union européenne de construire une politique d'immigration qui soit une politique d'immigration harmonisée, basée sur l'immigration économique, respectueuse des droits de l'homme, mais aussi respectueuse des intérêts de chacun de nos pays qui ne peuvent pas accueillir tous ceux qui voudraient venir y habiter.
Aujourd'hui, mon cher Jean-Claude, si Marseille connaît un vrai renouveau, c'est parce que vous avez décidé de relancer la grande tradition de son ouverture sur la méditerranée, et vous avez décidé de le faire notamment par la culture. Le projet de Musée des arts et des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, dont j'ai vu la présentation tout à l'heure, s'inscrit de manière parfaitement cohérente dans cette stratégie. Il connaît une nouvelle actualité, avec le grand dessein d'union de la méditerranée voulu par le président de la République, tout autour de la méditerranée, depuis des millénaires, les hommes ont tissé des liens, ils ont créé des oeuvres communes, leurs traditions se sont croisées, elles se sont mêlées, elles se sont fécondées mutuellement, d'une rive à l'autre ils ont bâti un patrimoine commun, d'une richesse inouïe, une véritable civilisation, c'est cette civilisation méditerranéenne que Nicolas Sarkozy se propose de réactualiser et de structurer pour construire des partenariats et pour favoriser une prospérité partagée. Eh bien, le futur MUCEM s'inscrira dans cette perspective, et je veux vous le confirmer, parce que je sais bien qu'il y a eu des interrogations, mon gouvernement apporte son soutien sans réserves à ce beau projet et je veillerai personnellement à ce que tout soit mis en oeuvre pour que le musée ouvre à la fin de l'année 2012. À mes yeux, et même si naturellement je dois demeurer impartial, comme chef du gouvernement, ce musée est incontestablement un atout pour la candidature de Marseille comme capitale européenne de la culture. Marseille ne pourra que profiter de l'existence de cet établissement, dont je souhaite que la vocation artistique et pluridisciplinaire soit encore plus clairement exprimée. Il sera doté de collections permanentes représentatives des arts et des civilisations de la Méditerranée, tout en organisant de grandes expositions temporaires pour le grand public. J'ai demandé à Christine Albanel d'associer dès à présent de nouvelles personnalités scientifiques représentatives de cette volonté pluridisciplinaires à la conception et à la conduite de ce projet. Le MUCEM développera aussi une dynamique internationale, pour devenir rapidement un partenaire privilégié des grands musées de la région méditerranéenne, il réunira dans une grande ambition collective l'ensemble des collectivités compétentes, à commencer naturellement par la ville de Marseille.
En évoquant la culture, comment ne pas citer la récente annonce du président de la République, concernant la réforme de l'audiovisuel public. Depuis des années, mesdames et messieurs, la question de l'identité du service public de la télévision se pose, face aux évolutions technologiques et aux contraintes du marché il faut aborder cette forte et passionnante question, quel contenu spécifique exigeant, exemplaire, donner au secteur, au service public de la télévision ? C'est une question culturelle de première importance, qui ne peut pas seulement dépendre de la course à l'audimat et au financement publicitaire. Eh bien nous allons ensemble repenser la télévision publique, nous allons réformer son financement, nous allons compenser exactement la disparition de sa ressource publicitaire, et nous allons recentrer sa production sur des contenus de qualité qui devront la distinguer des chaînes plus commerciales. Mesdames et messieurs, s'il y a besoin d'un service public de la télévision, ce n'est pas pour qu'il fasse exactement la même chose que les chaînes privées, sinon il n'y a pas besoin de service public de la télévision, et les Français qui paient une redevance, ils doivent savoir pour quelle raison ils paient une redevance, c'est pour qu'il existe un service public avec un cahier des charges spécifique, et un service public qui n'est pas soumis aux mêmes contraintes commerciales que la télévision privée. Je veux dire à cet égard la réussite du feuilleton "Plus belle la vie" dont j'ai pu visiter les studios tout à l'heure, est pour moi le signe que le service public peut allier l'exigence et en même temps le succès populaire. Je le dis à ceux qui pensent qu'une télévision publique, avec un cahier des charges spécifiques, serait une télévision sans téléspectateurs, eh bien non, on peut faire une télévision de qualité en ayant des téléspectateurs, c'est l'exemple de cette émission dont j'ai visité ce matin les studios.
Je voudrais enfin évoquer deux domaines qui témoignent eux aussi du renouveau de Marseille, et dans lesquels l'Etat souhaite confirmer son soutien, monsieur le maire. D'abord la sécurité. Les résultats à Marseille sont bons, il faut poursuivre sur cette voie. La délinquance générale baisse, la délinquance de voie publique, qui affecte le plus nos concitoyens, diminue depuis 5 ans. Les services de police marseillais sont de plus en plus efficaces, le taux d'élucidation des affaires augmente de manière continuelle, la mobilisation des services de police est totale, la hausse du nombre de gardes à vue et de personnes mises en cause en témoigne, comme celui des affaires révélées par l'action des services, particulièrement pour les affaires de trafic de stupéfiants. Je note cependant que le niveau de délinquance des mineurs sur Marseille reste supérieur à la moyenne nationale, et que l'effort doit également être maintenu sur la lutte contre les violences urbaines. Je tiens à féliciter chaleureusement l'ensemble des policiers marseillais pour ces bons résultats et je leur demande de ne pas relâcher leur mobilisation.
S'agissant de la question du bataillon des marins-pompiers de Marseille, je suis d'accord avec vous monsieur le maire, il est temps de sortir de l'impasse juridique, j'ai donc décidé de lancer sans attendre une mission d'inspection avec pour objectif d'élaborer une solution équitable et efficace. Il faut revoir le financement de ce bataillon, pour que sa charge soit répartie de manière équitable entre les différentes collectivités concernées. J'en profite pour rendre hommage à tous les pompiers, ceux du bataillon comme ceux du service départemental, pour leur travail, pour leur courage, pour leur dévouement et pour ce professionnalisme qui les caractérise et qui les honore.
Ensuite il y a le dossier des infrastructures de transport, comme toute grande métropole Marseille a besoin de développer ses réseaux pour soutenir son développement économique. Je salue les récents projets conduits par la Communauté Urbaine de Marseille, la nouvelle ligne de tramway et le pôle transport Marseille Saint-Charles. L'Etat, mesdames et messieurs les élus, restera aux côtés de la ville pour la construction des projets structurants, je pense d'abord au projet de ligne à grande vitesse qui fait partie, je vous le confirme, des 2000 kilomètres de nouvelles lignes à grande vitesse qui ont été décidés dans le cadre du Grenelle de l'environnement, et que nous allons donc réaliser. Le choix du tracé sera arrêté à la mi-2008, à l'issue des études qui sont conduites par RFF, dont le tracé des métropoles constitue le scénario de référence, et je souhaite naturellement qu'un consensus le plus large possible puisse se dégager lors de ce choix. Je pense également au projet de rocade autour de Marseille, qui fait depuis trop longtemps l'objet d'atermoiements, il n'est pas imaginable que Marseille, grande métropole de méditerranée, ne dispose pas d'une rocade urbaine complète, comme toutes les autres grandes agglomérations françaises, c'est la raison pour laquelle nous allons engager, dès le printemps de cette année, le contrat de partenariat nécessaire à l'achèvement de la construction de cette rocade. Et je veux vous indiquer que d'ores et déjà un montant de 262 millions d'euros est déjà inscrit au budget 2008 de l'agence de financement des infrastructures de transport de France.
Voilà, mesdames et messieurs, mon cher Jean-Claude, mon cher Renaud, les convictions et les projets que je voulais partager avec Marseille. Au fond, le rôle du maire de Marseille et celui du Premier ministre sont assez identiques, le monde autour de nous change, eh bien loin de fuir ce monde qui change, il faut partir à sa conquête, c'est l'élan que nous voulons pour la France, c'est l'élan qui anime Marseille, et je suis heureux d'avoir eu l'occasion de pouvoir le dire à mon ami Jean-Claude, et à mon ami Renaud. je trouve que ces deux là forment un couple assez exceptionnel, on ne peut pas dire qu'ils soient identiques, tout à l'heure le maire de Marseille a fait allusion à nos performances sportives respectives, c'est parce qu'il était vexé qu'un jour, ici à Marseille, j'ai eu l'occasion de lui dire que je connaissais mieux sa ville que lui, parce que moi il m'était arrivé de courir dans ses rues, ce dont je pensais qu'il ne lui était jamais arrivé de le faire. Mais, ce n'était qu'une façon de provoquer son humour, qu'il ne faut d'ailleurs pas trop provoquer parce qu'en général ça fait mal quand le maire de Marseille vous répond, avec sa rapière, comme il a dit tout à l'heure, mais c'était surtout pour moi l'occasion de lui dire mon affection, mon amitié, de lui dire tout mon soutien et de lui dire comme nous sommes fiers de ce qui a été fait ici, par Jean-Claude Gaudin, par Renaud Muselier et par les élus marseillais. Je voudrais remettre à Jean-Claude Gaudin, en échange de la médaille de la ville dont je suis extrêmement fier, la médaille de l'Hôtel de Matignon.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 17 janvier 2008