Texte intégral
Monsieur le Président Directeur Général d'IFREMER,
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
La mer est un espace tridimensionnel : volume d'eau, sol et sous-sol , qui couvre 70 % de notre terre. C'est un lieu de vie d'une richesse en biodiversité incomparable, dans lequel s'exercent plusieurs activités: pêche et aquaculture, transport, tourisme, extractions, et qui fait l'objet d'une réglementation internationale.
La mer a d'abord été considérée comme un moyen pour conquérir de nouvelles terres, puis pour commercer et enfin se nourrir.
Pendant longtemps, l'homme a orienté ses recherches vers l'espace plus que vers la mer.
Ce n'est qu'au cours de la seconde moitié du 20ème siècle que l'on a pris conscience, avec les progrès technologique, des véritables enjeux de la mer. C'est d'ailleurs durant cette période que l'encadrement juridique des espaces marins, plateau continental, zones économiques exclusives a été défini.
Aujourd'hui, les potentialités économiques de la mer sont considérables et exacerbent les convoitises. Mais la conquête de cet espace n'est pas achevée.
Au fur et à mesure des progrès techniques et de l'amélioration de la connaissance, les enjeux de souveraineté sont de nouveau au coeur des préoccupations des Etats côtiers comme des Etats enclavés. Le programme d'extension des limites du plateau continental, suscite espoirs pour les uns, craintes pour les autres, de ne pas pouvoir bénéficier de ces richesses potentielles.
Enfin, si la mer est un espace fragile et agressé depuis longtemps (pollution, utilisation abusive), la prise de conscience que la mer ne peut tout absorber, que la mer ne se régénère pas aussi vite que l'on pensait ou que l'on voudrait, que des espèces ont d'ores et déjà définitivement disparues, et que plusieurs autres sont gravement menacées de disparition, n'en est qu'à ses débuts.
Avec ses 11 millions de km2 d'espaces maritimes, qui s'étendent de l'Antarctique à l'atlantique nord en passant par les mers tropicales et la Méditerranée, la France maîtrise et gère la deuxième plus grande surface océanique du monde après les USA.
Avec son Outre-mer, c'est la totalité des 55 000 Km2 des coraux français, qui représentent 10 % des récifs du monde, que la France revendique.
La France, leader historique de l'océanographie, a également une position privilégiée.
Ces atouts incontestables valent à la France de bénéficier d'une position privilégiée sur la scène internationale, de siéger dans la quasi totalité des instances internationales de préservation de l'environnement et de porter son message.
Cependant, sur le plan interne, le constat est différent. Nous éprouvons beaucoup de mal à faire passer l'indispensable culture maritime auprès de l'opinion publique pour qui la mer se résume à quelques images chocs lors de pollution, ou de lieu de villégiature estivale.
Certes il y a eu jusqu'à présent de multiples colloques et d'innombrables rapports sur la mer et la place qu'elle peut jouer. Tous étaient de qualité mais la France ne prend toujours pas assez en compte ses océans.
Or, dans le contexte de mondialisation que nous vivons, il est essentiel que la France se réapproprie ses espaces maritimes.
Ce sont les raisons qui ont conduit le Premier ministre à me confier la mission d'élaborer un programme de valorisation des ressources océaniques de la France.
Ce sujet est à lui seul tellement vaste que l'on pourrait y passer des mois entiers. Tel n'est pas ma volonté ni mon ambition, et je souhaite que ce sujet soit abordé de manière réaliste et pragmatique.
Bien sur, on aurait pu aborder les pêches et les cultures marines, les nodules polymétalliques, ou les hydrocarbures et les hydrates. Ces sujets sont intéressants mais peu porteurs, à brève échéance.
Or, je considère que la meilleure manière pour éviter qu'un programme ne soit qu'un recueil supplémentaire de voeux pieux, très vite enterré dans l'oubli administratif, est de démontrer que sa mise en oeuvre peut être effective très rapidement, en amorçant l'exécution de certaines mesures.
C'est la raison pour laquelle j'ai retenu quatre axes prioritaires pour ce programme :
- la biodiversité et les biotechnologies bleues ;
- les énergies marines ;
- la prévention des risques ;
- l'évolution du droit de la mer et l'exercice de la souveraineté ;
Ces axes s'inscrivent en droite ligne de l'actualité française et internationale.
En effet, lundi, j'étais à Nice pour lancer une initiative visant à créer un réseau entre universités d'Outre-mer et de méditerranée. Hier j'ai organisé une journée de rencontres sur l'environnement en Outre-mer.
Je rappelle que l'Outre-mer représente 97 % de nos eaux maritimes, et la majeure partie de notre biodiversité. Ces 4 thèmes ont notamment été évoqués lors des tables rondes, et ont donné lieu à des débats très riches.
Ce matin, avec mon collègue Jean-Louis BORLOO, nous avons installé le comité opérationnel Outre-mer du Grenelle de l'environnement. Dans les 8 axes stratégiques du plan « vers un Outre-mer exemplaire », les quatre thèmes de votre groupe de travail sont inclus.
J'attends de vous des propositions très concrètes pour que ce programme de valorisation soit une feuille de route que nous devons suivre.
Je vous remercie tous d'avoir accepté de participer à cette réflexion et vous pouvez être assuré de mon total soutien dans cette entreprise. J'ai la ferme volonté d'engager la France dans une voie nouvelle de prise en compte de son potentiel maritime. Je compte donc sur vos compétences et votre expertise pour y arriver.Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 13 février 2008