Interview de M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche, et Jean-Michel Le Métayer, président de la FNSEA, à "Europe 1" le 25 février 2008, sur l'explosion des prix de produits alimentaires, l'accord en cours de négociation à l'OMC jugé inacceptable en l'état et sur la sanctuarisation de la PAC jusqu'en 2013.

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Média : Europe 1

Texte intégral

J.-P. Elkabbach.- D'après l'Institut de la consommation, les prix des produits alimentaires - et on parle de problèmes qui intéressent d'abord tout le monde - ont explosé de novembre à janvier, jusqu'à près de 50 %. Sont concernés en particulier le yaourt, le lait, le beurre, les pâtes, les biscottes, pour le consommateur c'est insupportable, est-ce que vous vous en rendez compte ?

R.- Evidemment qu'il y a un vrai problème entre le producteur, ceux qui sont au Salon de l'agriculture qui produisent du lait, le prix du lait a augmenté un peu alors qu'il n'avait pas cessé de baisser dans les années passées, le prix du blé retrouve son niveau d'il y a 15 ou 20 ans, c'est une bonne nouvelle pour ceux qui produisent et qui travaillent dur. Mais entre eux, à la base, sur le terrain et puis les consommateurs qui subissent ces prix, il y a un problème. Donc il faut...

Q.- Oui, mais les hausses grimpent entre 5 et 48 %, comment de tels écarts sont-ils possibles sans que personne n'intervienne et tape sur la table ?

R.- Le ministre chargé de l'Economie, celui chargé de la Consommation vont regarder pourquoi il y a ces augmentations entre le producteur à la base qui est payé, et souvent mal payé de son travail, et le consommateur qui paie trop. Je veux le dire clairement : je n'accepterai pas qu'on montre du doigt les agriculteurs dans ce problème. Il y a un vrai problème de prix, notamment de pouvoir d'achat, mais ne cherchez pas la responsabilité chez des gens qui bossent, qui se lèvent tôt...

Q.- Mais personne ne pense aux agriculteurs justement !

R.- Mais non, mais vous m'interrogez, je suis ministre de l'Agriculture, et j'entends bien ici ou là "comment ça se fait que... ?". Les producteurs de porcs, qui sont actuellement étranglés, leurs prix baissent quand ils vendent leurs carcasses de porc, et quand on voit les côtes de porc ou le produit dans les grandes surfaces, les prix augmentent ou ne baissent pas. Il y a un problème, il n'est pas à chercher du côté des agriculteurs.

Q.- Cette hausse brutale des prix des céréales, est-ce qu'elle va durer ?

R.- Oui, je pense que structurellement, parce que dans le monde, il va falloir nourrir 9 milliards d'habitants et donc doubler - doubler ! -la production agricole pour nourrir la planète. Donc durablement, il y a une demande d'alimentation plus forte que l'offre, et notamment parce que les pays comme la Chine, ou d'autres pays émergents, changent leurs habitudes alimentaires, consomment plus de protéines animales.

Q.- Donc il n'y a pas de solution pour faire baisser les prix ?

R.- Donc les prix, je ne dis pas qu'ils vont continuer à augmenter, je veux dire qu'ils vont être durablement hauts. Donc il faut vivre avec ces prix, mais qui sont plutôt une bonne nouvelle et faire attention à un autre phénomène qui est celui de la spéculation internationale qui commence sur les produits alimentaires. Moi, je ne laisserai pas non plus l'alimentation être à la merci des marchés et de la spéculation internationale. Voilà pourquoi, il faut une protection européenne.

Q.- On va en parler. Est-ce que la concurrence peut faire baisser les prix et comment peut-on faire qu'elle joue davantage ?

R.- La concurrence, notamment, doit faire baisser les prix. La loi Galland a été rénovée, les marges arrière doivent être restituées, monsieur Chatel s'occupe activement de cette question, je pense que la concurrence doit faire baisser les prix. Et puis, il faut aussi, pour que les agriculteurs se défendent mieux et soient mieux rémunérés, il faut aussi qu'ils s'organisent davantage, et donc que les filières, les interprofessions s'organisent. C'est ce que nous souhaitons faire avec eux.

Q.- D'après une enquête de Ouest France dimanche, les agriculteurs seraient responsables pour 2 % de ce qui est en train de se passer, 44 % les industries agroalimentaires et 40 la grande distribution. Est-ce que vous dites, ce matin, "on ne peut pas laisser faire et on ne laissera pas faire" ?

R.- Un, je ne laisserai pas faire une accusation, mais vous venez de me donner acte du fait que ce ne sont pas les agriculteurs à la base qui sont un peu mieux payés, alors qu'ils ont beaucoup subi des baisses de prix sans qu'on les répercute. Le problème, il est entre les deux, entre le consommateur et les producteurs. Il faut qu'un certain nombre d'acteurs de l'économie soient plus raisonnables et plus responsables.

Q.- En direct avec nous, J.-M. Lemétayer. A votre avis, qui est responsable président de la FNSEA ?

R.- J.-M. Lemétayer : Certainement pas les producteurs, le ministre vient de le préciser. Mais je compte sur le ministre aussi, parce qu'il ne faut pas renvoyer tout sur le ministre de l'Economie et des Finances ou sur celui de la Consommation, il faut que tout le Gouvernement prenne ses responsabilités. Et j'espère que M. Barnier fera en sorte qu'on ne soit pas mis au banc des accusés dans cette affaire parce qu'on entend un petit peu tout.

Q.- Mais pour vous, quelle mesure serait à prendre dans votre intérêt et dans celui des citoyens ?

R.- J.-M. Lemétayer : C'est la transparence des pratiques commerciales, c'est la première des choses. Je l'ai réclamée depuis quatre-cinq ans. Et peut-être que dans la situation actuelle, on va finir par m'entendre. Mais il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités.

R.- J.-M. Lemétayer a raison de faire appel à tout le Gouvernement. Nous avons beaucoup de discussions lorsqu'on a revu la loi sur le commerce, la loi Galland pour aller vers davantage de transparence des pratiques commerciales, changer un certain nombre d'habitudes qui font que les producteurs à la base - surtout quand ils sont seuls ou mal organisés ou pas assez organisés - subissent la loi des plus forts. Donc moi, je vais continuer, J.-M. Lemétayer, à travailler pour cette transparence-là.

Q.- Mais J.-M. Lemétayer, donnez-nous une ou deux mesures à prendre, vues par les agriculteurs.

R.- J.-M. Lemétayer : D'abord faire respecter la loi parce qu'il y a plusieurs lois qui ont [été ]votées. On parle de la loi Chatel, qui a révisé les conditions des pratiques commerciales entre fournisseurs et acheteurs. Dans le débat à venir, on voulait supprimer quasiment toutes les règles de jeu, moi je pense qu'il faut conserver des règles pour qu'on puisse aller voir comment a été facturé le prix et quelle marge ensuite prend le distributeur sur ce même produit. Il n'y a pas d'autre... Il ne faut pas aller au bout du rapport Attali, il faut maintenir des règles du jeu.

Q.- Autre question : le président de la République a pris devant vous tous, au Salon de l'agriculture, deux engagements devant les agriculteurs. D'abord l'OMC, des négociations sont en cours, elles devraient porter sur l'agriculture au niveau mondial, plus les industries, plus les services, dont le Brésil, l'Argentine, les Etats- Unis et quelques autres ne veulent pas entendre parler. Question de J.-M. Lemétayer directement posée à M. Barnier là-dessus ?

R.- J.-M. Lemétayer : Que compte-t-il faire dans les jours qui viennent pour éviter un accord qui n'est absolument pas acceptable pour les producteurs français, européens et en particulier pour le secteur de la viande bovine ?
Ce n'est pas qu'est-ce que je vais faire dans les jours qui viennent, c'est qu'est-ce que nous faisons, qu'est-ce que j'ai fait cette semaine dernière en réunissant vingt ministres de l'Agriculture, je dis bien vingt ministres, autour de la même table pour dire que les propositions qui sont sur la tables sont inacceptables et que nous ne les accepterons pas. Et ce qui compte encore plus, c'est la voix du chef de l'Etat français qui, samedi, devant tous les agriculteurs de France et devant J.- M. Lemétayer, a dit clairement qu'il n'accepterait pas un accord qui serait à l'arrachée réalisé sur le dos de l'agriculture. Nous n'accepterons pas que l'agriculture européenne, je ne parle pas seulement des Français soit la variable d'ajustement d'un mauvais accord.

Q.- Parce que N. Sarkozy a aussi défendu la préférence communautaire au niveau de l'Union européenne face au reste du monde. Donc s'il n'y a pas d'accord avec réciprocité, qu'est-ce que vous faites ? Est-ce que la France bloque tout accord de l'OMC qui ne porterait que sur les produits agricoles ?

R.- Quand il parle de préférence européenne, vous croyez qu'il n'y a pas de préférence américaine, qu'il n'y a pas de préférence brésilienne ? Ne soyons pas naïfs et nous ne serons pas naïfs ! Donc l'avertissement qu'a donné le chef de l'Etat, avec l'autorité qui est la sienne, aux organisateurs de l'OMC, à P. Lamy que je connais bien, c'est : faites attention, ce qui est sur la table n'est pas acceptable et la France ne l'acceptera pas". Nous demandons à la Commission européenne, qui négocie en notre nom, de ne pas accepter un tel accord qui n'est pas équilibré et qui n'est pas réciproque avec les pays émergents.

Q.- Donc la France pourrait ne pas signer ?

R.- Mais ce n'est pas seulement la France qui ne doit pas signer, c'est l'Europe qui ne peut pas accepter d'être naïve et de laisser tomber des pans entiers de son agriculture. Il n'est pas écrit dans un traité que les céréales doivent être américaines, que les biocarburants doivent être brésiliens, que la viande doit être argentine, que la recherche en biotechnologie doit être indienne ou chinoise, et puis que la facture doit être européenne, nulle part c'est écrit !

Q.- Mais c'est pour ça que vous êtes là, pour répondre à la demande des citoyens français.

R.- Eh bien je vous réponds.

Q.- J.-M. Lemétayer, ça vous va ?

R.- J.-M. Lemétayer : J'attends de voir les semaines prochaines. M. Barnier sait que le sujet va être difficile, mais il faut surtout cibler les concessions faites semaine après semaine par le commissaire chargé de la négociation. Il est temps de mettre un holà !

Q.- Merci à vous J.-M. Lemétayer. M. Barnier, autre chose avant de revenir à l'agriculteur. Vous étiez au côté du président de la République, les images en témoignent, au Salon de l'agriculture, lors de cet accrochage. Comment vous l'avez vécu, vous étiez là, à côté...

R.- D'abord j'ai vécu toute cette matinée un accueil chaleureux, populaire, enthousiaste des gens qui étaient là, c'est ça qui est important. Et puis, à un moment donné, il y a quelqu'un que personne ne connaît qui a agressé verbalement le chef de l'Etat, et le président de la République, c'est un homme qui est spontané, direct, assez moderne dans son comportement, il n'y a pas d'hypocrisie avec N. Sarkozy, il lui a répondu d'homme à homme, bon, voilà, c'est tout, et il ne faut pas s'en étonner. Pour le reste, ce que je retiens de cette matinée c'est l'accueil formidablement chaleureux et populaire qu'a reçu le chef de l'Etat.

Q.- On va dire que c'est la langue de bois de l'agriculteur...

R.- Non, ce n'est pas la langue de bois, c'est la vérité parce que les mêmes images peuvent montrer que tout au long de cette matinée, le chef de l'Etat, à part ce petit incident, cette anecdote dont on fait beaucoup de bruit et à mon sens trop de bruit, par rapport au vrai débat, au débat sur la PAC, au débat sur l'agriculture, sur les hommes et les femmes qui sont là, à part ce petit incident, toute la matinée a montré un accueil très chaleureux. Les mêmes images montrent cet accueil du chef de l'Etat...

Q.- Mais on ne les voit pas de la même manière...

R.- Mais on devrait les voir !

Q.- Sur le moment, vous avez remarqué qu'il se passait quelque chose de cette nature ?

R.- J'ai remarqué que quelqu'un agressait le chef de l'Etat, je n'ai pas vraiment entendu parce que j'étais un peu plus loin, et j'ai vu que le président de la République répondait, c'est tout. Mais encore une fois...

Q.- Vous avez entendu le "casse-toi pauvre con" ?

R.- Non, je n'ai pas entendu, pour être tout à fait franc, je n'ai pas entendu cette phrase. Mais je sais que le Président a répondu. Encore une fois, il a répondu clairement mais assez calmement, il n'était pas du tout énervé, il a répondu à quelqu'un qui l'agressait. Et ne soyez pas étonné que le chef de l'Etat, qui n'est pas hypocrite et qui ne sera jamais hypocrite, réponde clairement à quelqu'un qui l'agresse.

Q.- Mais est-ce que vous sentiez monter l'énervement réciproque ou l'énervement du président de la République ?

R.- Tout ça a duré 3 ou 4 secondes, il n'y a pas eu d'énervement, le président de la République était très heureux de l'accueil qu'il a reçu, encore une fois, tout au long de cette matinée. Il a fait un grand discours sur un sujet majeur pour les Français qui nous écoutent, sur l'économie, sur l'Europe et qui a été bien reçu. Il a reçu tout au long de ces allées dans le salon un accueil formidablement chaleureux, c'est ça qui compte, franchement.

Q.- Il ne vous paraissait pas en colère ou impatient ou "perdant ses nerfs", comme on dit, on le lit !

R.- Mais pas du tout ! Regardez les images, d'ailleurs, il était très souriant. Il est resté souriant de bout en bout parce qu'il était chaleureusement accueilli par les Français.

Q.- Et vous dites que s'il y a d'autres agressions comme vous le dites, vous le définissez, on aura droit au même type de langage ?

R.- Non, je ne sais pas, les circonstances peuvent être différentes. Mais attachez aux choses l'importance qu'elles ont, et ce qui était important ce matin-là, c'est l'accueil qu'il a reçu et le discours qu'il a fait.

Q.- Entre nous, c'est pour ça que vous êtes là. J.-P. Raffarin a demandé hier soir, lors du Grand Rendez-vous, que le Gouvernement et la majorité protègent mieux le président de la République. Et il a ajouté : "un Premier ministre doit s'exposer, ne pas se comporter comme un épargnant, il doit investir son capital au service du Président et des réformes". Votre ami J.-P. Raffarin vous recommande donc à tous "investissez", c'est ça ?

R.- J.-P. Raffarin parle d'expérience, n'est-ce pas, de ce travail de Premier ministre qu'il a fait. J'ai été d'ailleurs un moment l'un de ses ministres, et je ne crois pas qu'en disant cela, il vise qui que ce soit au sein de l'équipe, ni F. Fillon qui n'épargne ni son énergie ni son intelligence ni sa capacité pour accompagner et mettre en oeuvre le projet du chef de l'Etat, ni aucun des ministres qui sont solidaires, qui forment une équipe. Encore une fois, une équipe moderne...

Q.- D'accord, d'accord, d'accord !!

R.- Non mais je vous dis...

Q.- La, la, la...

R.- Non, pas du tout, vous avez tort de dire ça !

Q.- Oui, on a la guitare ou le violon...

R.- On a accusé les conseillers du chef de l'Etat, on a accusé cette monarchie républicaine, des gens d'ailleurs qui ont la mémoire courte comme Villepin ou Royal. Moi, je veux dire que la gestion telle que je la vois comme ministre, au Conseil des ministres et dans l'action quotidienne du chef de l'Etat, et d'une l'action moderne, sans hypocrisie, moderne, on a des conseillers qui s'expriment, eh bien je préfère des conseillers qui s'expriment plutôt que des conseillers qui intriguent.

Q.- Vous avez de la chance, je ne sais pas chanter. Mais reconnaissez que c'est un mauvais moment à quinze jours des municipales, c'est un mauvais moment à traverser.

R.- Moi je sens plutôt sur le terrain, sur le terrain où je me rends très souvent, une remobilisation, je sens des Français qui en ont assez de cette agressivité systématique contre N. Sarkozy, contre le Gouvernement. Je sens des Français qui sont impatients, qui sont attentifs parce qu'on a beaucoup engagé de réformes, ils attendent beaucoup, et je sens plutôt une remobilisation à la veille des municipales.

Q.- La PAC, c'est 40 % du budget de l'Union européenne, si j'ai bien compté c'est 50 milliards dont 10 au moins pour la France, pour beaucoup ça ne peut pas durer. Dans un mois, est prévue une rencontre pour faire un bilan de santé de la PAC. Jusqu'à présent, on nous disait qu'elle était sanctuarisée jusqu'en 2013, le président de la République dit qu'on va la corriger et la rendre dès cette année plus équitable, comment est-ce possible ?

R.- Le budget européen, la politique européenne est sanctuarisée jusqu'en 2013, donc le budget qui accompagne l'économie agricole - une dizaine de milliards d'euros par an - est sanctuarisé. Mais à l'intérieur de ce budget, nous avons la possibilité cette année de faire des adaptations, de rééquilibrer, de rendre cette PAC plus équitable. Par exemple, de diminuer certaines aides sur des productions dont les prix beaucoup augmenté, on parlait des céréales tout à l'heure, il faut être juste, et les paysans préfèrent payer par des prix plutôt que par des subventions. Mais en revanche, cet écrêtement, cet argent qu'on pourrait récupérer - il ne s'agit pas de toutes les subventions mais d'une partie, d'une partie des subventions - doit être récupéré pour être plus équitable et plus juste. Par exemple, nous allons créer des systèmes de gestion de crise : il y a une crise très grave sur la fièvre catarrhale ovine, il y a des crises très graves pour le porc. Nous voulons protéger, mutualiser, faire de la précaution et de la prévention avec des outils de gestion de crise. Deuxièmement, aider des filières qui n'ont pas été suffisamment aidées, je pense à la filière ovine, je pense au lait dans les zones fragiles...

Q.- Aux fruits et légumes...

R.- Je pense à l'agriculture bio, je pense aux fruits et légumes. Voilà quelques-unes des filières et des territoires fragiles qui méritent d'être mieux aidés qu'ils ne l'ont été jusqu'à présent.

Q.- Encore plus concret : vous disposez de 9 milliards d'euros de réserve chaque année...

R.- Ce ne sont pas des réserves, ce sont des aides qui restent aux agriculteurs.

Q.- En 2013, il y aura peut-être moins que les 9 à 10 milliards, mais cette fois-ci, vous nous dites que vous allez mieux répartir et que vous allez peut-être aider les éleveurs de porcs qui souffrent, les éleveurs de bovins et d'ovins, les producteurs de fruits et légumes ?

R.- Nous allons répartir autrement, après le débat que j'ai lancé, il y a quelques mois, pour mettre en oeuvre le nouveau projet agricole. Quand on parle d'agriculture, on parle d'alimentation, d'une alimentation sûre, traçable, qui doit avoir un prix - d'ailleurs je le dis aux consommateurs qui nous écoutent. On n'est pas dans une alimentation aseptisée. On parle d'entreprises, de jeunes qui s'installent, 16.000 installations par an...

Q.- La PAC, est-ce qu'il ne faut pas l'appeler la Politique agroalimentaire commune au lieu de la Politique agricole commune ?

R.- Moi, le projet que je défends, c'est le projet alimentaire, territorial et agricole. Je voudrais même que mon ministère, que j'ai l'honneur d'animer, devienne le ministre de l'Alimentation, du Développement durable, de l'Agriculture et de la Pêche.

Q.- Tous les hôteliers, les restaurateurs, les Guy Savoy, Gérard Cagna et d'autres, sont heureux et fiers d'entendre dire que la France a demandé à l'Unesco de classer la gastronomie au patrimoine culturel de l'humanité. Comment allez-vous procéder et quand ?

R.- Nous allons préparer ce dossier, pour le transmettre à l'Unesco, à partir de la gastronomie française, et plusieurs chefs que j'écoutais remercier le chef de l'Etat de cette initiative, disaient quoi ? Ils disaient : "pourquoi c'est lié à l'agriculture, parce que nous, nous travaillons avec des produits, des produits de qualité, des produits qui ont du goût, des couleurs, qui ont une identité qui exprime la vie des territoires, nous ne sommes pas dans une alimentation aseptisée". Et donc, les chefs, les grands chefs que vous avez cités, ils travaillent avec des produits des agriculteurs. Donc c'est cette chaîne, cette alliance que nous allons mettre en valeur dans un dossier présenté à l'Unesco. Il y a d'autres idées par exemple qui concernent la diète alimentaire...

Q.- La diète ?

R.- Oui, le régime alimentaire méditerranéen qui intéresse aussi d'autres pays autour de la méditerranée. Voilà de belles idées.

Source : Premier ministre, Servie d'Information du Gouvernement, le 25 février 2008