Texte intégral
Je me réjouis de cet accord-cadre que nous venons de signer avec le Haut Commissaire et qui met plus encore la France aux côtés du HCR qui ne manque pas de besogne en ce moment.
Mais avant de parler de ce travail et des perspectives qui ne sont pas seulement financières, des perspectives juridiques, des perspectives humanitaires, des perspectives de travail en commun, je voudrais saluer une fois de plus, la mémoire des agents du HCR qui sont morts à Alger, dans cet attentat du mois de décembre dernier. Cet attentat qui nous a tous révoltés et qui a contribué à plus de détermination de la part du gouvernement français et du président de la République, Nicolas Sarkozy, détermination à lutter contre le terrorisme, particulièrement dans ses développements actuels qui concernent le Maghreb, toute cette zone au-delà de la Méditerranée.
Vous le savez, nous avons effectué deux visites en Algérie et à chaque fois, il a fallu déplorer, non pas au cours de la visite mais avant et après, et encore ces jours-ci, des attentats aveugles et barbares auxquels nous ne nous résignons pas.
Je me félicite du partenariat avec le Haut Commissaire lui-même, avec toute l'Organisation et, vous vous en doutez, je répondrai volontiers à vos questions, ainsi qu'Antonio, mais ces jours-ci nous ne pouvions pas nous trouver loin du HCR.
Pour le Kenya où il y avait des personnes déplacées à l'intérieur de ce pays et nous avons souhaité bonne chance à bien des médiateurs, en particulier à notre ami Kofi Annan.
Par ailleurs, nous pensons au Tchad évidemment où rien n'est terminé mais où, aujourd'hui, je crois qu'on peut dire que le président Idriss Deby a repris le contrôle de la partie centrale de la ville, sans que, dans les faubourgs, l'on soit certains que les rebelles infiltrés soient ou non encore en place. Cela prendra du temps bien évidemment, mais nous avons été assez heureux et très satisfaits de pouvoir le faire. L'armée française est allée chercher, là où ils se trouvaient, les agents des Nations unies, les agents du HCR, le personnel diplomatique de beaucoup de pays, notamment, parce que la zone était sous les bombardements et sous les tirs, ceux de la mission allemande et de la mission américaine.
Ensuite, il y a eu bien d'autres lieux qui ont été protégés et évidemment, nos amis du HCR étaient en permanence avec nous. Nous avons également appelé le représentant Serge Malet ainsi que mon ami Antonio.
Il y a de nombreux sujets de réflexions humanitaire et politique, politique et humanitaire. Et ce qui est intéressant, c'est ce que le Haut Commissaire expliquait tout à l'heure, pourquoi j'aime beaucoup le HCR auquel j'ai tenté d'apporter ma contribution. Ce qui est intéressant dans cette Agence, c'est en effet cette réflexion qui est toujours politique car il y a de la misère, des conditions qui ne sont pas acceptables, des gens qui fuient. Nous pourrions en parler longtemps.
Je laisse la parole à Antonio concernant la différence de traitements et la différence même de concept entre les réfugiés proprement dit, ceux qui passent une frontière pour aller dans un pays voisin, ceux à qui l'on donne l'asile dans un pays voisin, et les déplacés intérieurs, les personnes déplacées. C'est pourquoi, nous avons voulu, et je remercie profondément Antonio Guterres de l'avoir fait, nous avons voulu monter cette opération EUFOR qui, j'espère, trouvera sa place d'ici quelques jours, à l'Est du Tchad, où il y a 400.000 personnes déplacées, de réfugiés, dans un état déplorable.
Q - Monsieur le ministre, je voulais revenir au Conseil de sécurité. Le cadre légal qui nous manquait pour intervenir directement au Tchad, vous l'avez désormais. Etes-vous prêts à intervenir en cas de retour des rebelles à N'Djamena ? Le président Deby vous a-t-il fait cette demande ?
R - Nous sommes très satisfaits de la rapidité avec laquelle la déclaration de la présidence du Conseil de sécurité a été obtenue. Nous nous sommes en effet mis au travail hier et très vite. Nous pensions que, du côté de certains, les réticences seraient plus ou moins grandes, mais plutôt grandes que petites. Il n'en a rien été.
La situation était très claire pour tout le monde. Cette déclaration de la présidence venait après les déclarations de l'Union africaine, et ces déclarations étaient très fortes et obtenues à l'unanimité.
Il y a donc eu des mots très violents pour qualifier cette attaque brutale et cette intrusion rebelle contre un président deux fois élu, avec un gouvernement légitime.
Voilà, c'est tout ce que nous voulions et nous n'avons pas l'intention de mettre les troupes françaises en alerte plus qu'elles ne le sont et d'entamer des opérations militaires. Nous n'en avons pas l'intention. Pas du tout.
Par exemple, était-ce une opération militaire que d'aller dégager nos amis du HCR ? Etait-ce une opération militaire que d'aller dégager ceux qui étaient enfermés dans l'ambassade des Etats-Unis ?
Oui, cela en était une. Mais c'était aussi une opération humanitaire et il fallait la faire. La nécessité se faisait sentir d'exprimer clairement qu'il y avait des rebelles qui attaquaient un gouvernement légal. Cela est fait. Et pour le reste, nous espérons bien ne pas avoir à intervenir plus en avant.
Lorsqu'il a fallu défendre l'aéroport - cela a duré très peu de temps d'ailleurs -, nos forces l'ont fait, très vivement, très efficacement. Mais, pourquoi l'avons-nous fait ? Parce qu'il y avait des centaines de personnes qui avaient quitté la ville et qui souhaitaient être protégées et évacuées sur Paris.
D'ailleurs, le troisième avion arrivera dans la soirée. Voilà ce que nous faisons, mais nous n'avons pas l'intention de mener des opérations militaires, même si nous renouvelons notre soutien au gouvernement légal de M. Idriss Deby.
Vous savez, ce n'était pas facile d'obtenir cette réunion-même. Vous savez comment fonctionne le Conseil de Sécurité. Il s'agissait d'une affaire intérieure pour certains.
Comment d'une affaire intérieure ? Mais ne venaient-ils pas de l'extérieur ces rebelles ? Oui, mais ils étaient tchadiens nous répond-on.
Tout cela a été très compliqué. Cela a été fait très vite, à l'appel de tous les dirigeants de l'Union africaine. Nous avons d'ailleurs pris le soin d'en contacter un certain nombre. Vous savez, j'ai été très frappé que, en général, lorsque la Libye est d'accord, l'Afrique du Sud ne le soit pas. Surtout au sein de l'Union africaine.
Et bien là, ils étaient tous d'accord. Vraiment, cela a été très facile et j'espère que nous n'aurons pas à nous en servir, et je salue la communauté internationale.
Je joins mes remerciements et mon admiration aux personnels du HCR et je vous rappelle que dans cette déclaration, le Conseil réaffirme son plein appui à la mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad ainsi qu'à la Force de l'Union européenne EUFOR-Tchad-RCA dont il a autorisé le déploiement dans l'Est du Tchad et le Nord-Est de la République centrafricaine, par la résolution 1778 de l'année 2007.
Cela est aussi très important. Et aujourd'hui, les vingt pays qui composent cette opération européenne avec la RCA et le Tchad, ont réaffirmé la nécessité de la mettre en place le plus vite possible. J'espère que ce sera fait et j'espère que la situation au Tchad permettra de le faire dans les jours qui viennent.
Q - Monsieur le Ministre, ce que vous dites n'est donc pas en contradiction avec les déclarations du président de la république aujourd'hui qui attendait une résolution pour pouvoir justement chasser les rebelles. C'est également la position du ministère de la Défense.
R - Le seul mot différent, c'est que là, nous avons à faire à une déclaration et non une résolution. C'est une déclaration car, je l'ai indiqué tout à l'heure, il s'agissait d'une réflexion concernant un pays où les combats se déroulent entre nationaux. Nous pourrions évidemment enquêter à ce sujet, cela ne manquera pas d'être fait car les témoignages abondent.
Q - (A propos du lien entre l'opération hybride et de l'EUFOR)
R - C'est le sens du déploiement parallèle de l'opération hybride d'un côté de la frontière du Soudan pour sécuriser le Darfour, et de l'autre côté, pour les conséquences entraînées par les milices et par tous ceux qui poursuivaient leurs exactions au-delà du territoire du Soudan vers le Tchad où là, les personnes déplacées, et pas seulement les réfugiés dont a parlé Antonio mais les personnes déplacées, sont par centaines de milliers.
C'est cela l'idée mais bien sûr, il faut également une solution politique et des pourparlers de paix. Si certains ne veulent pas y participer et si personne n'y croit, alors cela durera encore de longues années. Et pendant ce temps-là, les réfugiés sont dans les camps, pour ceux qui bénéficient des meilleures conditions, et les personnes déplacées gisent par terre.
Q - Y a-t-il eu des vols soudanais d'Adré ?
Personne ne l'a vraiment vu et en tout cas, personne n'en témoigne suffisamment précisément. C'est pourquoi, d'ailleurs, l'armée française se tait parce que les enquêtes sur le territoire même où, peut-être, l'on pourrait prouver qu'il y a eu soit des bombardements soit autre chose, ne sont pas autorisées et qu'il n'y a pas eu d'évidences. Il y a des suspicions mais pas d'évidence que des avions soudanais aient tourné au-dessus d'Adré qui, je vous le rappelle, se trouve exactement à la frontière. Vous comprendrez comme tout cela est compliqué.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 février 2008