Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invité ce matin, E. Besson, secrétaire d'Etat chargé de la Prospective, de l'Evaluation des politiques publiques et du Développement de l'économie numérique. Vous avez ajouté cela à votre portefeuille.
R.- Je ne l'ai pas ajouté, le président de la République et le Premier ministre ont ajouté.
Q.- E. Besson, merci d'être avec nous. L'actualité, la dernière actualité, c'est le décès de C. Sébire. E. Besson, est-ce que vous êtes favorable à une évolution de la loi ? Faut-il créer en France une exception d'euthanasie ?
R.- Ma réponse, à titre personnel et pas gouvernemental, est clairement oui. J'ai écouté B. Kouchner sur votre antenne, hier...
Q.-... hier matin, il était à votre place.
R.-...je me sens parfaitement exprimé par ce qu'il a dit. La situation de cette femme était extrêmement émouvante. Je ne connais pas les conditions de son décès hier mais ça nous a bouleversé. Sa revendication, qui était de pouvoir avoir le droit de mourir dignement, je crois a ébranlé chacun d'entre nous comme d'autres précédentes affaires nous avaient ébranlés. Donc, je vous réponds très clairement, la réponse est oui. J'ai entendu, dans la majorité N. Morano, qui vient d'entrer au Gouvernement, dire des choses comparables ; dans l'opposition G. Gorce. Je me sens exprimé par cette sensibilité-là.
Q.- Mais dans la majorité, d'autres n'ont pas dit la même chose, notamment C. Boutin, qui était à votre place jeudi dernier et qui a tenu des propos catégoriques allant dans l'autre sens.
R.- Ecoutez, j'ai de l'amitié, parfois même de l'affection pour C. Boutin, mais sur ce dossier, je me sens bien clairement davantage exprimé par B. Kouchner que par elle.
Q.- Il faut faire évoluer la loi Leonetti.
R.- Oui, je crois.
Q.- Il faut non seulement l'évaluer mais la faire évoluer ?
R.- Oui, oui, mais encore une fois, c'est une position personnelle. D'abord, on est sur des sujets de conscience, de libertés individuelles ; on touche à des notions essentielles : la vie, la possibilité d'assister quelqu'un à se donner la mort. Donc, philosophiquement et politiquement, au sens noble du terme, on touche à l'essentiel. Je vous ai dit ma sensibilité personnelle, ce qu'a dit B. Kouchner, ce qu'ont dit d'autres personnes que je viens de citer, correspond à ma sensibilité personnelle.
Q.- Autre actualité, cette création de nouveaux secrétariats d'Etat. J'ai deux questions à vous poser, E. Besson. La première concernant J.- M. Bockel. Il se confirme que certains présidents africains et notamment Messieurs Bongo et Sassou Nguesso, présidents du Gabon et du Congo, certains présidents africains ont demandé la démission de J.-M. Bockel. Vous confirmez ? Vous avez des informations ?
R.- D'abord, je ne sais rien, mais je ne le crois pas. Je ne le crois pas possible et je ne crois pas que N. Sarkozy soit homme à subir ou à accepter des pressions. On a oublié que J.-M. Bockel va s'occuper des anciens combattants, donc ce n'est pas si péjoratif, on ne peut pas à la fois prétendre en permanence au devoir de mémoire et dire que c'est péjoratif. Deuxièmement, il y a de questions dites de restructuration des industries de défense, des restructurations industrielles qui sont dans le nouveau portefeuille. Donc, je ne suis pas convaincu par les commentaires que j'entends ou que je lis sur ce sujet.
Q.- Pourtant, pourtant certains commentaires venus d'Afrique laissent entendre qu'il y aurait eu une demande de la part, notamment du Président Bongo au Président de la République.
R.- Ecoutez, ils ont peut-être venus d'Afrique mais ils ne sont pas venus jusqu'à moi et j'en crois rien.
Q.- Ils ne sont pas venus jusqu'à vous, bien. E. Besson, tout autre chose maintenant, vous êtes chargé du développement de l'économie numérique. Alors, on a envie de savoir ce que vous allez faire. Le développement de l'économie numérique ça veut dire quoi dans votre esprit ?
R.- L'économie numérique c'est tout ce qui est lié au développement d'Internet, des images numériques. Aujourd'hui, nous pouvons nous distraire, nous cultiver, voyager, nous former, nous soigner, grâce à l'économie Internet. Or, la France est dans une situation paradoxale : elle est assez "forte", entre guillemets, sur ce qu'on appelle le haut débit, c'est-à-dire la capacité d'accéder à des images numériques, et en même temps, la présence d'un ordinateur au domicile, par exemple, on est autour de 55 %.
Q.- 55 % à peu près, oui.
R.- Le Président de la République veut qu'on passe très vite à 70 %, il a dit en 2010. Et il veut que 100 % du territoire soit couvert avant l'année 2012 par ce qu'on appelle le haut débit. Quand vous regardez les économies qui se portent bien et se développent, ce qu'on appelle cette économie numérique, cette économie autour d'Internet pèse plus sur la croissance qu'en France. Ça peut être les logiciels, ça peut être les outils, l'ordinateur, par exemple la France ne fabrique plus d'ordinateur depuis longtemps maintenant. Donc, il y a toute une coordination à faire de ce que doit être notre stratégie industrielle, y compris par exemple les logiciels ; on touche aux libertés publiques, l'accès aux données, l'accès aux informations ; et on touche au social, aux inégalités. Aujourd'hui, un enfant qui n'a pas accès à Internet ou auquel on ne donne pas la pratique d'un ordinateur est un enfant qui va être handicapé de toute évidence, à titre personnel comme à titre professionnel, à l'avenir. Donc, comment réduire ce que d'autres avaient appelé il y a quelques années "la fracture numérique", donner l'accès à tous aux nouvelles technologies, c'est la mission que m'a confiée le président de la République auprès du Premier ministre.
Q.- Oui, mais avec quel argent et je me mets à la place de ceux qui vous entendent et qui n'ont pas les moyens de s'offrir un abonnement à Internet, ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir un ordinateur, tout simplement ?
R.- Vous avez entièrement raison et c'est tout le sens de la mission qui m'a été confiée : la démocratisation de l'accès au numérique.
Q.- Alors, comment on fait la démocratisation ? Vous avez déjà quelques idées, E. Besson ?
R.- J'ai quelques idées ou le Gouvernement a quelques idées.
Q.- Le Gouvernement a quelques idées. Par exemple ?
R.- Par exemple, dans la loi de modernisation économique pour laquelle le Premier ministre réunit ses ministres ce matin et sur laquelle il va intervenir dans les jours qui viennent, il va y avoir des dispositions qui font que lorsque vous bâtissez un immeuble, vous devez prévoir l'accès au haut débit de tous les appartements. Rien que ça, ça va être une donnée absolument fondamentale parce qu'à ce moment-là, vous ne surajoutez pas...
Q.-...C'est très bien de pouvoir avoir accès, mais il faut pouvoir se l'offrir cet accès.
R.- Oui, je sais bien ! Je sais bien, et donc...
Q.-... E. Besson, alors qu'est-ce que vous allez faire là ?
R.- Alors, j'ai été nommé avant-hier.
Q.- Donc, vous réfléchissez.
R.- Et puis comme je serais très heureux que vous me réinvitiez, je vous propose qu'on en reparle dans quelques semaines. Vous avez bien donné la donne, il y a déjà des dispositions qui existent pour faciliter la chose, il faut aller plus loin et considérer que l'ordinateur, le numérique ne sont pas un luxe mais sont maintenant un outil absolument indispensable. Quelles sont les dispositions qu'il faut prendre pour aller plus loin ? C'est le sens de ma mission, je vais m'y atteler.
Q.- Il va falloir allez vite. Bien. E. Besson, parce que je vois la téléphonie mobile, nous avons trois opérateurs en France. Est-ce qu'il en faut un quatrième ?
R.- Peut-être ! Vous savez que...
Q.- Franchement, parce que je regarde les prix pratiqués en téléphonie.
R.- Oui, oui.
Q.- Vous les avez vus comme moi, vous avez vu les enquêtes ?
R.- C'est une discussion en cours, le Parlement est saisi, il y a une commission parlementaire, Bercy doit trancher, le Premier ministre doit arbitrer.
Q.- Vous êtes favorable, vous, à une quatrième licence ?
R.- Ecoutez, comme je ne vais pas vous refaire le coup du « dire à titre personnel », le Premier ministre arbitre dans quelques semaines, laissons le arbitrer.
Q.- Donc, vous n'avez pas de sentiment... si, vous avez un sentiment quand même, franchement, E. Besson ? Quatrième licence pour améliorer la concurrence ? On se tue à nous dire dans ce pays qu'il faut améliorer la concurrence et on hésite, on hésite à créer une quatrième licence. Pourquoi ? Pour préserver les trois grands opérateurs ?
R.- Mais attendez ! Je n'hésite pas, mais il y a un fonctionnement de machine gouvernementale. Le Premier ministre demande à des parlementaires de se saisir du sujet et il dit : « je trancherai dans quelques dans quelques semaines... ».
Q.- Dans combien de temps, il va trancher ?
R.-...Je ne sais pas, avant l'été. Laissons-le arbitrer.
Q.- Laissons-le arbitrer ! Oui, parce que c'est trop chère la téléphonie mobile en France, vous êtes d'accord ? Vous-même en tant que client, j'imagine, non ?
R.- Je suis d'accord et je suis d'accord aussi pour dire plus que globalement, on le voit en matière de prix, d'inflation, etc., il y a une insuffisance de la concurrence en France, ça ne touche pas simplement ce domaine. La loi de modernisation de l'économie qui viendra, je crois, mi-avril, deuxième quinzaine d'avril au Parlement, apportera beaucoup de réponses à vos préoccupations.
Q.- Alors, justement, vous êtes chargé de la prospective, la concurrence c'est essentiel, E. Besson, en téléphonie mobile comme ailleurs, vous venez de le dire. Dans quels domaines pourrait-on créer plus de concurrence ?
R.- Dans la grande distribution, c'est une évidence qu'il y a des adaptations...
Q.- Alors, comment il faut faire ? Il faut construire, il faut installer de plus en plus de grandes surfaces ?
R.- Ne tombons pas non plus d'un extrême à l'autre. La Commission européenne a longtemps eu une vision de la concurrence qui visait à interdire tout regroupement d'entreprises, théoriquement au nom de la défense du consommateur. Et on s'est aperçu a posteriori qu'on avait empêché l'émergence de champions industriels européens, ça été l'affaire Schneider, ça été d'autres affaires, alors que d'autres pays qui avaient, sans le dire, une politique industrielle beaucoup plus ambitieuse s'étaient dotés de champions mondiaux. Donc, la concurrence c'est la préoccupation des prix pour le consommateur, et ça ne doit pas être antinomique avec une politique industrielle volontariste. Les nouvelles technologies, les secteurs porteurs de croissance ont besoin de champions industriels puissants. Donc, c'est un équilibre à trouver entre une politique industrielle ambitieuse et la préoccupation légitime de la concurrence pour les prix des consommateurs.
Il est 08 h 43. E. Besson est notre invité ce matin sur BFM TV et sur RMC. [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 mars 2008
R.- Je ne l'ai pas ajouté, le président de la République et le Premier ministre ont ajouté.
Q.- E. Besson, merci d'être avec nous. L'actualité, la dernière actualité, c'est le décès de C. Sébire. E. Besson, est-ce que vous êtes favorable à une évolution de la loi ? Faut-il créer en France une exception d'euthanasie ?
R.- Ma réponse, à titre personnel et pas gouvernemental, est clairement oui. J'ai écouté B. Kouchner sur votre antenne, hier...
Q.-... hier matin, il était à votre place.
R.-...je me sens parfaitement exprimé par ce qu'il a dit. La situation de cette femme était extrêmement émouvante. Je ne connais pas les conditions de son décès hier mais ça nous a bouleversé. Sa revendication, qui était de pouvoir avoir le droit de mourir dignement, je crois a ébranlé chacun d'entre nous comme d'autres précédentes affaires nous avaient ébranlés. Donc, je vous réponds très clairement, la réponse est oui. J'ai entendu, dans la majorité N. Morano, qui vient d'entrer au Gouvernement, dire des choses comparables ; dans l'opposition G. Gorce. Je me sens exprimé par cette sensibilité-là.
Q.- Mais dans la majorité, d'autres n'ont pas dit la même chose, notamment C. Boutin, qui était à votre place jeudi dernier et qui a tenu des propos catégoriques allant dans l'autre sens.
R.- Ecoutez, j'ai de l'amitié, parfois même de l'affection pour C. Boutin, mais sur ce dossier, je me sens bien clairement davantage exprimé par B. Kouchner que par elle.
Q.- Il faut faire évoluer la loi Leonetti.
R.- Oui, je crois.
Q.- Il faut non seulement l'évaluer mais la faire évoluer ?
R.- Oui, oui, mais encore une fois, c'est une position personnelle. D'abord, on est sur des sujets de conscience, de libertés individuelles ; on touche à des notions essentielles : la vie, la possibilité d'assister quelqu'un à se donner la mort. Donc, philosophiquement et politiquement, au sens noble du terme, on touche à l'essentiel. Je vous ai dit ma sensibilité personnelle, ce qu'a dit B. Kouchner, ce qu'ont dit d'autres personnes que je viens de citer, correspond à ma sensibilité personnelle.
Q.- Autre actualité, cette création de nouveaux secrétariats d'Etat. J'ai deux questions à vous poser, E. Besson. La première concernant J.- M. Bockel. Il se confirme que certains présidents africains et notamment Messieurs Bongo et Sassou Nguesso, présidents du Gabon et du Congo, certains présidents africains ont demandé la démission de J.-M. Bockel. Vous confirmez ? Vous avez des informations ?
R.- D'abord, je ne sais rien, mais je ne le crois pas. Je ne le crois pas possible et je ne crois pas que N. Sarkozy soit homme à subir ou à accepter des pressions. On a oublié que J.-M. Bockel va s'occuper des anciens combattants, donc ce n'est pas si péjoratif, on ne peut pas à la fois prétendre en permanence au devoir de mémoire et dire que c'est péjoratif. Deuxièmement, il y a de questions dites de restructuration des industries de défense, des restructurations industrielles qui sont dans le nouveau portefeuille. Donc, je ne suis pas convaincu par les commentaires que j'entends ou que je lis sur ce sujet.
Q.- Pourtant, pourtant certains commentaires venus d'Afrique laissent entendre qu'il y aurait eu une demande de la part, notamment du Président Bongo au Président de la République.
R.- Ecoutez, ils ont peut-être venus d'Afrique mais ils ne sont pas venus jusqu'à moi et j'en crois rien.
Q.- Ils ne sont pas venus jusqu'à vous, bien. E. Besson, tout autre chose maintenant, vous êtes chargé du développement de l'économie numérique. Alors, on a envie de savoir ce que vous allez faire. Le développement de l'économie numérique ça veut dire quoi dans votre esprit ?
R.- L'économie numérique c'est tout ce qui est lié au développement d'Internet, des images numériques. Aujourd'hui, nous pouvons nous distraire, nous cultiver, voyager, nous former, nous soigner, grâce à l'économie Internet. Or, la France est dans une situation paradoxale : elle est assez "forte", entre guillemets, sur ce qu'on appelle le haut débit, c'est-à-dire la capacité d'accéder à des images numériques, et en même temps, la présence d'un ordinateur au domicile, par exemple, on est autour de 55 %.
Q.- 55 % à peu près, oui.
R.- Le Président de la République veut qu'on passe très vite à 70 %, il a dit en 2010. Et il veut que 100 % du territoire soit couvert avant l'année 2012 par ce qu'on appelle le haut débit. Quand vous regardez les économies qui se portent bien et se développent, ce qu'on appelle cette économie numérique, cette économie autour d'Internet pèse plus sur la croissance qu'en France. Ça peut être les logiciels, ça peut être les outils, l'ordinateur, par exemple la France ne fabrique plus d'ordinateur depuis longtemps maintenant. Donc, il y a toute une coordination à faire de ce que doit être notre stratégie industrielle, y compris par exemple les logiciels ; on touche aux libertés publiques, l'accès aux données, l'accès aux informations ; et on touche au social, aux inégalités. Aujourd'hui, un enfant qui n'a pas accès à Internet ou auquel on ne donne pas la pratique d'un ordinateur est un enfant qui va être handicapé de toute évidence, à titre personnel comme à titre professionnel, à l'avenir. Donc, comment réduire ce que d'autres avaient appelé il y a quelques années "la fracture numérique", donner l'accès à tous aux nouvelles technologies, c'est la mission que m'a confiée le président de la République auprès du Premier ministre.
Q.- Oui, mais avec quel argent et je me mets à la place de ceux qui vous entendent et qui n'ont pas les moyens de s'offrir un abonnement à Internet, ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir un ordinateur, tout simplement ?
R.- Vous avez entièrement raison et c'est tout le sens de la mission qui m'a été confiée : la démocratisation de l'accès au numérique.
Q.- Alors, comment on fait la démocratisation ? Vous avez déjà quelques idées, E. Besson ?
R.- J'ai quelques idées ou le Gouvernement a quelques idées.
Q.- Le Gouvernement a quelques idées. Par exemple ?
R.- Par exemple, dans la loi de modernisation économique pour laquelle le Premier ministre réunit ses ministres ce matin et sur laquelle il va intervenir dans les jours qui viennent, il va y avoir des dispositions qui font que lorsque vous bâtissez un immeuble, vous devez prévoir l'accès au haut débit de tous les appartements. Rien que ça, ça va être une donnée absolument fondamentale parce qu'à ce moment-là, vous ne surajoutez pas...
Q.-...C'est très bien de pouvoir avoir accès, mais il faut pouvoir se l'offrir cet accès.
R.- Oui, je sais bien ! Je sais bien, et donc...
Q.-... E. Besson, alors qu'est-ce que vous allez faire là ?
R.- Alors, j'ai été nommé avant-hier.
Q.- Donc, vous réfléchissez.
R.- Et puis comme je serais très heureux que vous me réinvitiez, je vous propose qu'on en reparle dans quelques semaines. Vous avez bien donné la donne, il y a déjà des dispositions qui existent pour faciliter la chose, il faut aller plus loin et considérer que l'ordinateur, le numérique ne sont pas un luxe mais sont maintenant un outil absolument indispensable. Quelles sont les dispositions qu'il faut prendre pour aller plus loin ? C'est le sens de ma mission, je vais m'y atteler.
Q.- Il va falloir allez vite. Bien. E. Besson, parce que je vois la téléphonie mobile, nous avons trois opérateurs en France. Est-ce qu'il en faut un quatrième ?
R.- Peut-être ! Vous savez que...
Q.- Franchement, parce que je regarde les prix pratiqués en téléphonie.
R.- Oui, oui.
Q.- Vous les avez vus comme moi, vous avez vu les enquêtes ?
R.- C'est une discussion en cours, le Parlement est saisi, il y a une commission parlementaire, Bercy doit trancher, le Premier ministre doit arbitrer.
Q.- Vous êtes favorable, vous, à une quatrième licence ?
R.- Ecoutez, comme je ne vais pas vous refaire le coup du « dire à titre personnel », le Premier ministre arbitre dans quelques semaines, laissons le arbitrer.
Q.- Donc, vous n'avez pas de sentiment... si, vous avez un sentiment quand même, franchement, E. Besson ? Quatrième licence pour améliorer la concurrence ? On se tue à nous dire dans ce pays qu'il faut améliorer la concurrence et on hésite, on hésite à créer une quatrième licence. Pourquoi ? Pour préserver les trois grands opérateurs ?
R.- Mais attendez ! Je n'hésite pas, mais il y a un fonctionnement de machine gouvernementale. Le Premier ministre demande à des parlementaires de se saisir du sujet et il dit : « je trancherai dans quelques dans quelques semaines... ».
Q.- Dans combien de temps, il va trancher ?
R.-...Je ne sais pas, avant l'été. Laissons-le arbitrer.
Q.- Laissons-le arbitrer ! Oui, parce que c'est trop chère la téléphonie mobile en France, vous êtes d'accord ? Vous-même en tant que client, j'imagine, non ?
R.- Je suis d'accord et je suis d'accord aussi pour dire plus que globalement, on le voit en matière de prix, d'inflation, etc., il y a une insuffisance de la concurrence en France, ça ne touche pas simplement ce domaine. La loi de modernisation de l'économie qui viendra, je crois, mi-avril, deuxième quinzaine d'avril au Parlement, apportera beaucoup de réponses à vos préoccupations.
Q.- Alors, justement, vous êtes chargé de la prospective, la concurrence c'est essentiel, E. Besson, en téléphonie mobile comme ailleurs, vous venez de le dire. Dans quels domaines pourrait-on créer plus de concurrence ?
R.- Dans la grande distribution, c'est une évidence qu'il y a des adaptations...
Q.- Alors, comment il faut faire ? Il faut construire, il faut installer de plus en plus de grandes surfaces ?
R.- Ne tombons pas non plus d'un extrême à l'autre. La Commission européenne a longtemps eu une vision de la concurrence qui visait à interdire tout regroupement d'entreprises, théoriquement au nom de la défense du consommateur. Et on s'est aperçu a posteriori qu'on avait empêché l'émergence de champions industriels européens, ça été l'affaire Schneider, ça été d'autres affaires, alors que d'autres pays qui avaient, sans le dire, une politique industrielle beaucoup plus ambitieuse s'étaient dotés de champions mondiaux. Donc, la concurrence c'est la préoccupation des prix pour le consommateur, et ça ne doit pas être antinomique avec une politique industrielle volontariste. Les nouvelles technologies, les secteurs porteurs de croissance ont besoin de champions industriels puissants. Donc, c'est un équilibre à trouver entre une politique industrielle ambitieuse et la préoccupation légitime de la concurrence pour les prix des consommateurs.
Il est 08 h 43. E. Besson est notre invité ce matin sur BFM TV et sur RMC. [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 mars 2008