Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Mes chers collègues,
Près de 10 mois après le début de la législature, voici donc la
première motion de censure du Gouvernement déposée par l'opposition.
J'entends bien aujourd'hui, au nom des députés du groupe UMP, y
répondre point par point, quitte à mettre les pieds dans le plat.
Cette motion n'est pas une surprise. Elle s'inscrit dans la logique d'
une opposition stérile, figée dans ses conservatismes depuis des mois.
Une opposition qui n'a rien proposé. Qui n'a contribué à aucune
réforme. Qui n'a pas fait avancer le débat d'idées d'un pouce dans
notre pays...
Il existe en effet deux catégories d'opposition dans les démocraties
européennes :
* Celles qui s'opposent en proposant. En participant de façon
constructive à la vie politique. Voire en contribuant à l'émergence de
consensus sur les sujets clés pour l'avenir. C'est par exemple le cas
en Allemagne ou au Danemark où droite et gauche savent parfois s'
entendre sur les réformes de la protection sociale, du marché du
travail, de la fonction publique...
* Et puis il y a les oppositions qui s'affirment uniquement par la
caricature. En critiquant à tout va, dans un réflexe quasi-pavlovien.
En refusant la moindre avancée, même lorsque l'intérêt général est en
jeu.
Pourquoi avez-vous choisi cette voie, chers collègues socialistes ?
Vous l'avez choisie par défaut. Parce que vous n'avez aucune
proposition crédible pour répondre aux défis du siècle. Ce n'est pas
moi qui le dis. Ce sont les vôtres qui ne cessent de s'en plaindre. Le
dernier en date est Jean-Paul Huchon - qui sait de quoi il parle. Je le
cite : « La pensée de la gauche aujourd'hui est une pensée morte, parce
que le programme du Parti socialiste et ses alliances reposent sur des
idées mortes depuis longtemps. »
Cette mort de la pensée vous conduit à dire tout et son contraire, dans
la plus grande incohérence.
* D'un côté, nous avons le Président de la Commission des Finances,
Didier Migaud, qui s'alarme au sujet des déficits - (le 26 mars
dernier) : « Un Gouvernement peut-il accepter une dégradation aussi
forte de nos comptes publics sans réagir ? ».
* De l'autre, (le 4 avril), nous avons Laurent Fabius qui joue au
Tartuffe lorsque le Gouvernement prend des mesures de rationalisation
budgétaire : « [Le Gouvernement] écope en fermant partout les services
de l'Etat. Ça veut dire qu'on va avoir des professeurs en moins, des
infirmières en moins, des policiers en moins... ». Avec vous, on a
surtout de la démagogie en plus ! Ah qu'il est loin le temps où ce même
Monsieur Fabius, en août 2000, fustigeait dans un quotidien du soir, «
les étatolatres et les dépensophiles », appelant à « un véritable
changement conceptuel. »
On comprend vos hésitations sur le choix de l'angle d'attaque pour
cette motion de censure. D'après ce qu'on lit dans la presse, chers
collègues socialistes, à défaut de débattre sur des propositions pour
faire avancer la France, vous vous êtes longuement interrogés sur quel
point devait porter votre motion :
* Difficile d'attaquer la politique économique d'un Gouvernement qui
met le plein-emploi au coeur de son action, et obtient des résultats
historiques : un taux de chômage au plus bas depuis 1983 !
* Difficile d'attaquer la politique d'innovation et de recherche. Celle
qui donne enfin à nos universités et à nos chercheurs l'autonomie et
des moyens, avec un investissement sans précédent de plus de 12
milliards d'euros sur 5 ans.
* Difficile d'attaquer les réformes conduites par la majorité. Celles-
là mêmes qui visent le sauvetage de notre système de protection sociale
et la modernisation de l'Etat, avec des changements structurels que le
PS n'a jamais le courage de soutenir, tout en ayant pertinemment
conscience de leur nécessité.
Sur tous ces points, vos angles d'attaque ne sont pas solides. Alors
vous caricaturez... Je ne prendrais que deux exemples de cette
désinformation basée sur la répétition de slogans outranciers.
D'abord, le mythe du « cadeau de 15 milliards fait aux riches ». Depuis
l'été, nous n'entendons que ce refrain à gauche à propos de la loi sur
le Travail, l'Emploi et le Pouvoir d'achat. En dépit des faits, en
dépit des statistiques, vous le chantez en tout temps, en tout lieux.
Et bien, vous chantez faux !
La réalité, c'est que plus de 90% des 14 milliards concernés reviennent
aux classes moyennes :
* avec les heures supplémentaires pour les salariés qui travaillent
plus pour gagner plus,
* avec la déduction des intérêts d'emprunt pour ceux qui veulent
devenir propriétaires,
* avec la suppression de la double peine pour 95% des Français qui
devaient payer l'impôt sur les successions après avoir déjà payé l'
impôt sur le revenu,
* avec les exonérations sur les salaires perçus par les étudiants.
Au total, rien qu'avec ces 4 mesures, on atteint déjà près de 13,3
milliards d'euros pour le pouvoir d'achat des Français. Et toujours pas
de traces de ces grandes fortunes que vous pointez du doigt en
permanence... Quant au bouclier fiscal, je vous laisse méditer ces
propos d'un sage qui le justifie parfaitement en critiquant « ceux qui
ignorent le fait que la France est un pays ouvert et que si la taxation
des personnes et des entreprises était durablement plus élevée que nos
voisins, les unes et les autres pourraient « voter » avec leurs pieds.
» C'est-à-dire se délocaliser, quitter la France. Cet avertissement a
été prononcé le 19 juin 2001 au Sénat. Il sortait de la bouche de
Laurent Fabius. Ça fait réfléchir...
Je vais prendre un deuxième exemple parmi les épouvantails que vous
inventez pour effrayer les Français : le fameux « plan de rigueur ».
Le dernier plan de rigueur en France, c'était en 1983. Certains d'entre
vous ici à gauche en étaient d'ailleurs les artisans... C'était l'
époque où les socialistes, pour sauver la France qu'ils étaient en
train de couler, ont trahi toutes leurs promesses et ont décidé en une
semaine la hausse des tarifs publics de 8%, un prélèvement
supplémentaire de 1% sur tous les revenus imposables, la hausse des
taxes sur l'essence et sur l'alcool, des emprunts forcés pour certains
contribuables, le contrôle des changes et la limitation des dépenses
touristiques à l'étranger... Croyez bien, ce n'est vraiment pas notre
démarche...
Aujourd'hui, la France n'a pas rendez-vous avec la rigueur. La France a
rendez-vous avec le courage politique. Le courage, c'est de sortir de
l'immobilisme pour prendre des décisions difficiles et préparer l'
avenir, comme le fait Nicolas Sarkozy. Le courage, c'est de faire enfin
les réformes indispensables afin que la France soit la meilleure en
Europe dans le domaine de la croissance et atteigne le plein emploi.
Il faut que les choses soient claires : Oui, nous nous sommes engagés à
baisser les dépenses inutiles et improductives. Non, nous n'
augmenterons pas les impôts. Parce que ce serait mauvais pour la
France. Parce que ce serait casser la croissance et favoriser les
délocalisations. Parce que nous ne sommes pas socialistes !
Les Français peuvent en effet constater que, dans les faits, au niveau
des régions, des départements, des communes, c'est vous qui augmentez
les impôts !
Voilà pourquoi nous soutenons la Révision générale des politiques
publiques, en souhaitant qu'elle aille le plus loin possible. Et je m'
étonne que vous n'en fassiez pas autant parce que toute l'Europe
applique cette méthode, notamment vos amis socialistes :
* Regardez José Socrates, premier ministre socialiste du Portugal : il
a profondément modernisé la fonction publique de son pays et qui a fait
passer l'âge du départ à la retraite à 65 ans.
* Regardez José Luis Zapatero, premier ministre socialiste en Espagne :
il n'a pas hésité à baisser l'impôt sur les sociétés et l'impôt sur le
revenu, le tout en ramenant les dépenses publiques à 38% du PIB.
Finalement, le seul reproche que vous pouvez nous faire, c'est de n'
avoir pas fini de réaliser en 10 mois le programme que nous nous sommes
engagés à tenir sur 5 ans. Rassurez-vous, il nous reste 50 mois. Nous
tiendrons le cap !
Vos critiques sur la politique économique et sociale du Gouvernement ne
tiennent pas la route et il fallait à nouveau le démontrer. C'est fait
!
Alors, j'en viens maintenant à vos critiques sur la politique
étrangère, et particulièrement sur l'envoi de renfort en Afghanistan.
Et oui, tout un coup, le PS s'est mis à redécouvrir la présence de nos
soldats à Kaboul, alors que l'armée française y est depuis 2001.
Avant d'aborder le fond du sujet, je voudrais revenir sur la question
du « vote » puisque vous justifiez le dépôt de cette motion de censure
en expliquant que c'est la seule façon pour vous d'en obtenir un.
En 2001, Lionel Jospin était Premier ministre lorsque l'engagement de
troupes françaises en Afghanistan a été décidé. Alors qu'il s'agissait
objectivement d'une décision plus lourde que l'envoi de renfort, il n'y
a eu aucun vote à l'Assemblée. Monsieur Jospin nous explique a
posteriori qu'il en voulait un mais que le Président de la République a
refusé. A ce rythme, il va nous dire sans rire que c'est Jacques Chirac
qui l'a forcé à mettre en place les 35 heures... Quant à Monsieur
Ayrault, vous qui étiez déjà Président du groupe socialiste à l'
Assemblée nationale, si vous teniez absolument à un vote, que ne l'
avez-vous pas exigé en 2001 puisque vous étiez majoritaires ? Auriez-
vous des scrupules tardifs ?
Comme cette question vous gêne, vous dites que les choses sont
différentes aujourd'hui par rapport à 2001. Alors je veux aborder à
présent la question de fond : faut-il ou non envoyer des renforts en
Afghanistan ?
D'abord, je voudrais rappeler que la présence française en Afghanistan
est une réponse à un enjeu majeur pour nos démocraties. Il ne s'agit
pas uniquement d'aider un pays fragilisé par l'instabilité et l'
obscurantisme. Il s'agit de lutter contre un fléau terrible : le
terrorisme. Le terrorisme, qui a déjà frappé cruellement à plusieurs
reprises nos démocraties. Rappelez-vous le 11 septembre 2001 à New-
York. Rappelez-vous le 11 mars 2004 à Madrid. Rappelez-vous le 7
juillet 2005 à Londres. Le terrorisme, qui continue de nous menacer
dangereusement et contre lequel, nous, responsables politiques, avons
l'obligation impérieuse de lutter, avec force et détermination.
Pouvons-nous laisser l'Afghanistan demeurer la base arrière de
mouvements qui portent directement atteinte à notre sécurité ? En 2001,
en France, nous avions constitué l'Union Sacrée pour apporter une
réponse forte à cette question, bien au-delà des querelles partisanes.
Sept ans plus tard, l'enjeu est toujours le même, mais il y a d'un côté
ceux qui tiennent, avec toute la communauté internationale ; et de l'
autre ceux qui reculent face aux difficultés.
Bien sûr, nos soldats mènent une lutte difficile mais est-ce pour cela
qu'il faut reculer ? est-ce pour cela qu'il faut donner raison aux
forces terroristes ? est-ce pour cela qu'il faut leur laisser penser
qu'ils ont vaincu ?
Je suis d'autant plus attristé par votre attitude de recul que vous
employez pour tenter de la justifier des mots qui m'ont profondément
choqué ! Je lis dans votre motion de censure que « l'intérêt de la
France n'est pas d'ajouter la guerre à la guerre. » Comment osez-vous
qualifier ainsi l'engagement de nos soldats ? Comme s'il s'agissait d'
aventuriers bellicistes ou de vulgaires mercenaires...
Nos militaires et nos services de renseignement sur place accomplissent
un travail extraordinaire. Nous sommes fiers d'eux. Je n'ai pas honte
de le dire, en tant que député de la Nation, et en tant que citoyen de
ce pays. La vie a fait que j'ai eu l'honneur de rencontrer certaines de
ces femmes, certains de ces hommes qui donnent leur vie pour la France.
Qui luttent pour notre sécurité, dans des conditions extrêmement
difficiles. Ils le font simplement, sans haine ni orgueil, juste avec
le souci d'accomplir leur devoir et par amour de leur patrie. La seule
chose qu'ils attendent en retour, c'est notre considération. Et bien,
je tiens à les assurer de notre soutien. Je tiens à leur dire ainsi
qu'à leurs familles que nous sommes conscients des sacrifices que la
France leur demande. Je tiens à leur dire notre reconnaissance. Je veux
leur dire qu'ils sont l'honneur de notre pays.
A l'heure où beaucoup se posent des questions sur le sens et la valeur
de la vie, à l'heure où l'individualisme et le matérialisme à outrance
brouillent certains repères essentiels de notre civilisation, à l'heure
où nos concitoyens s'interrogent sur les fondements de l'identité
nationale et s'inquiètent de voir parfois notre nation se fissurer en
silence, je forme le voeu que nos soldats soient des exemples ! Qu'ils
inspirent nos compatriotes en montrant que le courage, l'abnégation et
le patriotisme sont des valeurs d'avenir. Je veux les saluer pour leur
engagement, au nom de la représentation nationale.
Je voudrais aussi rappeler aux socialistes qui se cantonnent souvent
dans des débats franco-français, que la décision d'envoyer des renforts
en Afghanistan n'est pas une initiative isolée de la France. Elle s'
inscrit dans une démarche collective, sous mandat de l'ONU, avec plus
de 39 pays engagés, et notamment 25 de nos partenaires européens. C'est
toute la communauté internationale qui se mobilise avec nous.
Dans ce contexte, que préconisez-vous, chers collègues socialistes ? Le
départ pur et simple des troupes françaises, comme un signe de mépris
adressé à l'ONU et à nos alliés européens engagés sur place ? Le retour
des talibans à Kaboul, avec leur cortège d'horreurs : la lapidation, la
soumission des femmes ; le bannissement de l'éducation, de la santé ;
la négation de la culture... ? Si c'est le cas, dites-le clairement. Ce
serait formidable qu'une fois, juste une fois, vous preniez le risque «
immense » de nous dire ce que vous proposez pour la France.
Dans le texte de votre motion de censure, vous parlez d'une évaluation
nécessaire de la situation ; vous demandez une approche globale de la
situation afghane. Mais c'est une évidence ! A la conférence de
Bucarest la semaine dernière, le Président de la République a proposé
une approche globale. Lui donnant raison, les alliés se sont accordés
sur des engagements incluant la sécurité, la gouvernance et les droits
de l'homme, le développement économique et social.
Le but n'est donc pas de s'en tenir à des opérations militaires : il
est aussi d'accentuer les efforts civils. C'est ainsi que nous pourrons
aller encore plus loin dans les progrès déjà accomplis depuis la chute
du régime taliban. Citons seulement la baisse de la mortalité infantile
de 26%, l'accès aux soins de 80% de la population contre 8% en 2001, la
construction de 4 000 km de routes, la formation de 10 000 personnels
de santé et de 50 000 soldats...
Ce n'est pas en fuyant nos responsabilités que nous redonnerons à l'
Afghanistan les moyens de reprendre en mains son destin. C'est en
favorisant le redressement et l'autonomie du pays que nous pourrons
alors rapatrier nos troupes.
Ce n'est donc pas la censure qu'il faut demander. C'est l'évaluation
régulière des résultats obtenus sur place par les forces de la
coalition pour voir si les objectifs sont atteints, afin d'en tirer
toutes les conséquences. En juin 2008, une conférence internationale se
tiendra à Paris pour faire le point sur le Pacte pour l'Afghanistan. Je
demande à cette occasion au Gouvernement que notre Assemblée puisse
débattre longuement des premières avancées.
Enfin, faut-il le rappeler, nos soldats sont en Afghanistan au nom d'
une vieille amitié, et à la demande du Gouvernement local qui s'appuie
sur une légitimité démocratique reconnue. L'Afghanistan n'est pas un
pays comme les autres pour nous autres Français : nous avons une
relation à part avec ce peuple. Je pense à l'ouverture du lycée
francophone de Kaboul, dès 1923. Je pense à la longue coopération
universitaire avec les chercheurs et les enseignants de Kaboul, aux
accords qui lient nos pays depuis les années 60 dans le domaine de la
santé, de l'agriculture... Je pense au fameux voyage que Georges
Pompidou a tenu à maintenir absolument au début du mois de Mai 68 en
dépit des événements que l'on connaît, pour manifester notre amitié
indéfectible pour les Afghans. Je pense aussi à l'admiration sans
bornes que portait le commandant Massoud pour le Général de Gaulle...
Au final, sur la situation afghane, votre critique est très fragile.
Alors, selon le bon vieux principe compris par Martine dans Les Femmes
savantes - « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage » -, vous
recourez une fois de plus à l'outrance, en mettant en cause dans votre
motion de censure « l'obsession atlantiste du Président de la
République ». Le mot est lâché ! « Obsession atlantiste ». Grande
première dans l'histoire politique de notre pays : l'opposition ne
censure pas une politique mais un préjugé, un fantasme !
Et bien, je veux là aussi vous répondre. La politique de la France a
l'égard des Etats-Unis s'inscrit dans une longue continuité. D'amitié
et de franchise. En réaffirmant que les Américains sont les amis et les
alliés de la France, nous ne renions pas nos valeurs. Mais nous ne
renions pas non plus nos positions sur l'Irak. De même, en acceptant de
voir que l'OTAN de 2008 n'a plus rien à voir avec l'OTAN de 1966, nous
ne renions pas nos valeurs. Nous regardons le monde tel qu'il est. Et
oui, bien que vos réflexes soient les mêmes qu'en 1966 - la critique
systématique -, la situation géopolitique a beaucoup changé depuis que
François Mitterrand déposait une motion de censure contre le
Gouvernement Pompidou, parce que le Général de Gaulle avait décidé le
retrait du commandement intégré de l'OTAN...
Je veux le dire, au nom du groupe UMP tout entier : la clarification de
la relation de la France avec l'OTAN ne sera pas un acte de
banalisation ou de soumission. Ce doit être un moyen de consolider
notre relation avec nos alliés, américains certes, mais aussi
européens.
C'est une bonne chose, et je l'ai bien compris ainsi, dans la mesure où
elle doit nous permettre d'atteindre parallèlement un objectif
prioritaire de la France : « doter l'Union européenne d'une capacité
autonome d'action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec
les moyens de les utiliser et en étant prête à le faire afin de
répondre aux crises internationales. »
Ce sont les termes du traité de Saint-Malo dont nous fêtons les dix ans
cette année et qui a donné une impulsion décisive à l'Europe de la
Défense, avec pour la 1ère fois, le soutien du Royaume-Uni. Vous, le
voyez, il s'agit d'une nouvelle étape, une étape majeure, dans un
processus de long terme. Cette politique de défense européenne, qui est
une priorité de la Présidence française de l'Union européenne, sera l'
un des noyaux durs de l'Europe que nous voulons pour assurer la
prospérité et la sécurité de notre continent.
La question n'est donc pas d'opposer l'OTAN et la défense européenne.
Elle est de les rendre complémentaires. Et que ceux qui réclament à
corps et à cris un renforcement de l'Europe dans l'OTAN viennent m'
expliquer comment l'Europe est plus forte quand la France n'y est pas !
Nous pouvons d'ailleurs nous féliciter que les conclusions du sommet de
Bucarest reconnaissent pour la 1ère fois de façon explicite l'atout «
d'une défense européenne plus forte et plus performante ». C'est une
avancée historique reconnue par tous les observateurs. Dans cette
logique, il est absurde d'agiter le spectre de l'obsession
atlantiste...
Là encore, comme pour ce qui concerne la politique économique et
sociale du Gouvernement, nous voyons clairement que les attaques de l'
opposition s'appuient sur des fantasmes davantage que sur des faits.
Finalement, mes chers collègues, depuis 10 mois, l'opposition se
cherche. Sans leader, sans programme, sans ambition. Cette motion en
est une nouvelle illustration.
Pendant ce temps, depuis 10 mois, la majorité avance au service des
Français. Nous avons un pilote : Nicolas Sarkozy qui peut compter sur
la mobilisation de François Fillon et de son Gouvernement. Nous leur
renouvelons notre confiance pleine et entière. Nous avons un programme
: celui que les Français ont choisi en 2007. Nous avons une ambition :
tenir tous nos engagements pour faire de notre pays une communauté
prospère et juste, une Nation libre et porteuse d'espérance pour chaque
Français, pour l'Europe et pour le monde.
Voilà pourquoi nous ne voterons pas la motion de censure du
Gouvernement !
En revanche, si un jour l'opposition était tentée de déposer contre
elle-même une motion de censure, je proposerais volontiers les motifs
suivants : « n'a pas le courage de considérer le monde tel qu'il est
pour aider la France à relever les défis du 21ème siècle. Préfère s'
enfermer dans une critique incohérente et outrancière. »
Vos critiques ne nous freinent pas. Elles nous stimulent. Nous, les
députés UMP, allons continuer à travailler aux côtés du Président de la
République au service de notre pays et de tous les Français.Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 10 avril 2008
Monsieur le Premier ministre,
Mes chers collègues,
Près de 10 mois après le début de la législature, voici donc la
première motion de censure du Gouvernement déposée par l'opposition.
J'entends bien aujourd'hui, au nom des députés du groupe UMP, y
répondre point par point, quitte à mettre les pieds dans le plat.
Cette motion n'est pas une surprise. Elle s'inscrit dans la logique d'
une opposition stérile, figée dans ses conservatismes depuis des mois.
Une opposition qui n'a rien proposé. Qui n'a contribué à aucune
réforme. Qui n'a pas fait avancer le débat d'idées d'un pouce dans
notre pays...
Il existe en effet deux catégories d'opposition dans les démocraties
européennes :
* Celles qui s'opposent en proposant. En participant de façon
constructive à la vie politique. Voire en contribuant à l'émergence de
consensus sur les sujets clés pour l'avenir. C'est par exemple le cas
en Allemagne ou au Danemark où droite et gauche savent parfois s'
entendre sur les réformes de la protection sociale, du marché du
travail, de la fonction publique...
* Et puis il y a les oppositions qui s'affirment uniquement par la
caricature. En critiquant à tout va, dans un réflexe quasi-pavlovien.
En refusant la moindre avancée, même lorsque l'intérêt général est en
jeu.
Pourquoi avez-vous choisi cette voie, chers collègues socialistes ?
Vous l'avez choisie par défaut. Parce que vous n'avez aucune
proposition crédible pour répondre aux défis du siècle. Ce n'est pas
moi qui le dis. Ce sont les vôtres qui ne cessent de s'en plaindre. Le
dernier en date est Jean-Paul Huchon - qui sait de quoi il parle. Je le
cite : « La pensée de la gauche aujourd'hui est une pensée morte, parce
que le programme du Parti socialiste et ses alliances reposent sur des
idées mortes depuis longtemps. »
Cette mort de la pensée vous conduit à dire tout et son contraire, dans
la plus grande incohérence.
* D'un côté, nous avons le Président de la Commission des Finances,
Didier Migaud, qui s'alarme au sujet des déficits - (le 26 mars
dernier) : « Un Gouvernement peut-il accepter une dégradation aussi
forte de nos comptes publics sans réagir ? ».
* De l'autre, (le 4 avril), nous avons Laurent Fabius qui joue au
Tartuffe lorsque le Gouvernement prend des mesures de rationalisation
budgétaire : « [Le Gouvernement] écope en fermant partout les services
de l'Etat. Ça veut dire qu'on va avoir des professeurs en moins, des
infirmières en moins, des policiers en moins... ». Avec vous, on a
surtout de la démagogie en plus ! Ah qu'il est loin le temps où ce même
Monsieur Fabius, en août 2000, fustigeait dans un quotidien du soir, «
les étatolatres et les dépensophiles », appelant à « un véritable
changement conceptuel. »
On comprend vos hésitations sur le choix de l'angle d'attaque pour
cette motion de censure. D'après ce qu'on lit dans la presse, chers
collègues socialistes, à défaut de débattre sur des propositions pour
faire avancer la France, vous vous êtes longuement interrogés sur quel
point devait porter votre motion :
* Difficile d'attaquer la politique économique d'un Gouvernement qui
met le plein-emploi au coeur de son action, et obtient des résultats
historiques : un taux de chômage au plus bas depuis 1983 !
* Difficile d'attaquer la politique d'innovation et de recherche. Celle
qui donne enfin à nos universités et à nos chercheurs l'autonomie et
des moyens, avec un investissement sans précédent de plus de 12
milliards d'euros sur 5 ans.
* Difficile d'attaquer les réformes conduites par la majorité. Celles-
là mêmes qui visent le sauvetage de notre système de protection sociale
et la modernisation de l'Etat, avec des changements structurels que le
PS n'a jamais le courage de soutenir, tout en ayant pertinemment
conscience de leur nécessité.
Sur tous ces points, vos angles d'attaque ne sont pas solides. Alors
vous caricaturez... Je ne prendrais que deux exemples de cette
désinformation basée sur la répétition de slogans outranciers.
D'abord, le mythe du « cadeau de 15 milliards fait aux riches ». Depuis
l'été, nous n'entendons que ce refrain à gauche à propos de la loi sur
le Travail, l'Emploi et le Pouvoir d'achat. En dépit des faits, en
dépit des statistiques, vous le chantez en tout temps, en tout lieux.
Et bien, vous chantez faux !
La réalité, c'est que plus de 90% des 14 milliards concernés reviennent
aux classes moyennes :
* avec les heures supplémentaires pour les salariés qui travaillent
plus pour gagner plus,
* avec la déduction des intérêts d'emprunt pour ceux qui veulent
devenir propriétaires,
* avec la suppression de la double peine pour 95% des Français qui
devaient payer l'impôt sur les successions après avoir déjà payé l'
impôt sur le revenu,
* avec les exonérations sur les salaires perçus par les étudiants.
Au total, rien qu'avec ces 4 mesures, on atteint déjà près de 13,3
milliards d'euros pour le pouvoir d'achat des Français. Et toujours pas
de traces de ces grandes fortunes que vous pointez du doigt en
permanence... Quant au bouclier fiscal, je vous laisse méditer ces
propos d'un sage qui le justifie parfaitement en critiquant « ceux qui
ignorent le fait que la France est un pays ouvert et que si la taxation
des personnes et des entreprises était durablement plus élevée que nos
voisins, les unes et les autres pourraient « voter » avec leurs pieds.
» C'est-à-dire se délocaliser, quitter la France. Cet avertissement a
été prononcé le 19 juin 2001 au Sénat. Il sortait de la bouche de
Laurent Fabius. Ça fait réfléchir...
Je vais prendre un deuxième exemple parmi les épouvantails que vous
inventez pour effrayer les Français : le fameux « plan de rigueur ».
Le dernier plan de rigueur en France, c'était en 1983. Certains d'entre
vous ici à gauche en étaient d'ailleurs les artisans... C'était l'
époque où les socialistes, pour sauver la France qu'ils étaient en
train de couler, ont trahi toutes leurs promesses et ont décidé en une
semaine la hausse des tarifs publics de 8%, un prélèvement
supplémentaire de 1% sur tous les revenus imposables, la hausse des
taxes sur l'essence et sur l'alcool, des emprunts forcés pour certains
contribuables, le contrôle des changes et la limitation des dépenses
touristiques à l'étranger... Croyez bien, ce n'est vraiment pas notre
démarche...
Aujourd'hui, la France n'a pas rendez-vous avec la rigueur. La France a
rendez-vous avec le courage politique. Le courage, c'est de sortir de
l'immobilisme pour prendre des décisions difficiles et préparer l'
avenir, comme le fait Nicolas Sarkozy. Le courage, c'est de faire enfin
les réformes indispensables afin que la France soit la meilleure en
Europe dans le domaine de la croissance et atteigne le plein emploi.
Il faut que les choses soient claires : Oui, nous nous sommes engagés à
baisser les dépenses inutiles et improductives. Non, nous n'
augmenterons pas les impôts. Parce que ce serait mauvais pour la
France. Parce que ce serait casser la croissance et favoriser les
délocalisations. Parce que nous ne sommes pas socialistes !
Les Français peuvent en effet constater que, dans les faits, au niveau
des régions, des départements, des communes, c'est vous qui augmentez
les impôts !
Voilà pourquoi nous soutenons la Révision générale des politiques
publiques, en souhaitant qu'elle aille le plus loin possible. Et je m'
étonne que vous n'en fassiez pas autant parce que toute l'Europe
applique cette méthode, notamment vos amis socialistes :
* Regardez José Socrates, premier ministre socialiste du Portugal : il
a profondément modernisé la fonction publique de son pays et qui a fait
passer l'âge du départ à la retraite à 65 ans.
* Regardez José Luis Zapatero, premier ministre socialiste en Espagne :
il n'a pas hésité à baisser l'impôt sur les sociétés et l'impôt sur le
revenu, le tout en ramenant les dépenses publiques à 38% du PIB.
Finalement, le seul reproche que vous pouvez nous faire, c'est de n'
avoir pas fini de réaliser en 10 mois le programme que nous nous sommes
engagés à tenir sur 5 ans. Rassurez-vous, il nous reste 50 mois. Nous
tiendrons le cap !
Vos critiques sur la politique économique et sociale du Gouvernement ne
tiennent pas la route et il fallait à nouveau le démontrer. C'est fait
!
Alors, j'en viens maintenant à vos critiques sur la politique
étrangère, et particulièrement sur l'envoi de renfort en Afghanistan.
Et oui, tout un coup, le PS s'est mis à redécouvrir la présence de nos
soldats à Kaboul, alors que l'armée française y est depuis 2001.
Avant d'aborder le fond du sujet, je voudrais revenir sur la question
du « vote » puisque vous justifiez le dépôt de cette motion de censure
en expliquant que c'est la seule façon pour vous d'en obtenir un.
En 2001, Lionel Jospin était Premier ministre lorsque l'engagement de
troupes françaises en Afghanistan a été décidé. Alors qu'il s'agissait
objectivement d'une décision plus lourde que l'envoi de renfort, il n'y
a eu aucun vote à l'Assemblée. Monsieur Jospin nous explique a
posteriori qu'il en voulait un mais que le Président de la République a
refusé. A ce rythme, il va nous dire sans rire que c'est Jacques Chirac
qui l'a forcé à mettre en place les 35 heures... Quant à Monsieur
Ayrault, vous qui étiez déjà Président du groupe socialiste à l'
Assemblée nationale, si vous teniez absolument à un vote, que ne l'
avez-vous pas exigé en 2001 puisque vous étiez majoritaires ? Auriez-
vous des scrupules tardifs ?
Comme cette question vous gêne, vous dites que les choses sont
différentes aujourd'hui par rapport à 2001. Alors je veux aborder à
présent la question de fond : faut-il ou non envoyer des renforts en
Afghanistan ?
D'abord, je voudrais rappeler que la présence française en Afghanistan
est une réponse à un enjeu majeur pour nos démocraties. Il ne s'agit
pas uniquement d'aider un pays fragilisé par l'instabilité et l'
obscurantisme. Il s'agit de lutter contre un fléau terrible : le
terrorisme. Le terrorisme, qui a déjà frappé cruellement à plusieurs
reprises nos démocraties. Rappelez-vous le 11 septembre 2001 à New-
York. Rappelez-vous le 11 mars 2004 à Madrid. Rappelez-vous le 7
juillet 2005 à Londres. Le terrorisme, qui continue de nous menacer
dangereusement et contre lequel, nous, responsables politiques, avons
l'obligation impérieuse de lutter, avec force et détermination.
Pouvons-nous laisser l'Afghanistan demeurer la base arrière de
mouvements qui portent directement atteinte à notre sécurité ? En 2001,
en France, nous avions constitué l'Union Sacrée pour apporter une
réponse forte à cette question, bien au-delà des querelles partisanes.
Sept ans plus tard, l'enjeu est toujours le même, mais il y a d'un côté
ceux qui tiennent, avec toute la communauté internationale ; et de l'
autre ceux qui reculent face aux difficultés.
Bien sûr, nos soldats mènent une lutte difficile mais est-ce pour cela
qu'il faut reculer ? est-ce pour cela qu'il faut donner raison aux
forces terroristes ? est-ce pour cela qu'il faut leur laisser penser
qu'ils ont vaincu ?
Je suis d'autant plus attristé par votre attitude de recul que vous
employez pour tenter de la justifier des mots qui m'ont profondément
choqué ! Je lis dans votre motion de censure que « l'intérêt de la
France n'est pas d'ajouter la guerre à la guerre. » Comment osez-vous
qualifier ainsi l'engagement de nos soldats ? Comme s'il s'agissait d'
aventuriers bellicistes ou de vulgaires mercenaires...
Nos militaires et nos services de renseignement sur place accomplissent
un travail extraordinaire. Nous sommes fiers d'eux. Je n'ai pas honte
de le dire, en tant que député de la Nation, et en tant que citoyen de
ce pays. La vie a fait que j'ai eu l'honneur de rencontrer certaines de
ces femmes, certains de ces hommes qui donnent leur vie pour la France.
Qui luttent pour notre sécurité, dans des conditions extrêmement
difficiles. Ils le font simplement, sans haine ni orgueil, juste avec
le souci d'accomplir leur devoir et par amour de leur patrie. La seule
chose qu'ils attendent en retour, c'est notre considération. Et bien,
je tiens à les assurer de notre soutien. Je tiens à leur dire ainsi
qu'à leurs familles que nous sommes conscients des sacrifices que la
France leur demande. Je tiens à leur dire notre reconnaissance. Je veux
leur dire qu'ils sont l'honneur de notre pays.
A l'heure où beaucoup se posent des questions sur le sens et la valeur
de la vie, à l'heure où l'individualisme et le matérialisme à outrance
brouillent certains repères essentiels de notre civilisation, à l'heure
où nos concitoyens s'interrogent sur les fondements de l'identité
nationale et s'inquiètent de voir parfois notre nation se fissurer en
silence, je forme le voeu que nos soldats soient des exemples ! Qu'ils
inspirent nos compatriotes en montrant que le courage, l'abnégation et
le patriotisme sont des valeurs d'avenir. Je veux les saluer pour leur
engagement, au nom de la représentation nationale.
Je voudrais aussi rappeler aux socialistes qui se cantonnent souvent
dans des débats franco-français, que la décision d'envoyer des renforts
en Afghanistan n'est pas une initiative isolée de la France. Elle s'
inscrit dans une démarche collective, sous mandat de l'ONU, avec plus
de 39 pays engagés, et notamment 25 de nos partenaires européens. C'est
toute la communauté internationale qui se mobilise avec nous.
Dans ce contexte, que préconisez-vous, chers collègues socialistes ? Le
départ pur et simple des troupes françaises, comme un signe de mépris
adressé à l'ONU et à nos alliés européens engagés sur place ? Le retour
des talibans à Kaboul, avec leur cortège d'horreurs : la lapidation, la
soumission des femmes ; le bannissement de l'éducation, de la santé ;
la négation de la culture... ? Si c'est le cas, dites-le clairement. Ce
serait formidable qu'une fois, juste une fois, vous preniez le risque «
immense » de nous dire ce que vous proposez pour la France.
Dans le texte de votre motion de censure, vous parlez d'une évaluation
nécessaire de la situation ; vous demandez une approche globale de la
situation afghane. Mais c'est une évidence ! A la conférence de
Bucarest la semaine dernière, le Président de la République a proposé
une approche globale. Lui donnant raison, les alliés se sont accordés
sur des engagements incluant la sécurité, la gouvernance et les droits
de l'homme, le développement économique et social.
Le but n'est donc pas de s'en tenir à des opérations militaires : il
est aussi d'accentuer les efforts civils. C'est ainsi que nous pourrons
aller encore plus loin dans les progrès déjà accomplis depuis la chute
du régime taliban. Citons seulement la baisse de la mortalité infantile
de 26%, l'accès aux soins de 80% de la population contre 8% en 2001, la
construction de 4 000 km de routes, la formation de 10 000 personnels
de santé et de 50 000 soldats...
Ce n'est pas en fuyant nos responsabilités que nous redonnerons à l'
Afghanistan les moyens de reprendre en mains son destin. C'est en
favorisant le redressement et l'autonomie du pays que nous pourrons
alors rapatrier nos troupes.
Ce n'est donc pas la censure qu'il faut demander. C'est l'évaluation
régulière des résultats obtenus sur place par les forces de la
coalition pour voir si les objectifs sont atteints, afin d'en tirer
toutes les conséquences. En juin 2008, une conférence internationale se
tiendra à Paris pour faire le point sur le Pacte pour l'Afghanistan. Je
demande à cette occasion au Gouvernement que notre Assemblée puisse
débattre longuement des premières avancées.
Enfin, faut-il le rappeler, nos soldats sont en Afghanistan au nom d'
une vieille amitié, et à la demande du Gouvernement local qui s'appuie
sur une légitimité démocratique reconnue. L'Afghanistan n'est pas un
pays comme les autres pour nous autres Français : nous avons une
relation à part avec ce peuple. Je pense à l'ouverture du lycée
francophone de Kaboul, dès 1923. Je pense à la longue coopération
universitaire avec les chercheurs et les enseignants de Kaboul, aux
accords qui lient nos pays depuis les années 60 dans le domaine de la
santé, de l'agriculture... Je pense au fameux voyage que Georges
Pompidou a tenu à maintenir absolument au début du mois de Mai 68 en
dépit des événements que l'on connaît, pour manifester notre amitié
indéfectible pour les Afghans. Je pense aussi à l'admiration sans
bornes que portait le commandant Massoud pour le Général de Gaulle...
Au final, sur la situation afghane, votre critique est très fragile.
Alors, selon le bon vieux principe compris par Martine dans Les Femmes
savantes - « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage » -, vous
recourez une fois de plus à l'outrance, en mettant en cause dans votre
motion de censure « l'obsession atlantiste du Président de la
République ». Le mot est lâché ! « Obsession atlantiste ». Grande
première dans l'histoire politique de notre pays : l'opposition ne
censure pas une politique mais un préjugé, un fantasme !
Et bien, je veux là aussi vous répondre. La politique de la France a
l'égard des Etats-Unis s'inscrit dans une longue continuité. D'amitié
et de franchise. En réaffirmant que les Américains sont les amis et les
alliés de la France, nous ne renions pas nos valeurs. Mais nous ne
renions pas non plus nos positions sur l'Irak. De même, en acceptant de
voir que l'OTAN de 2008 n'a plus rien à voir avec l'OTAN de 1966, nous
ne renions pas nos valeurs. Nous regardons le monde tel qu'il est. Et
oui, bien que vos réflexes soient les mêmes qu'en 1966 - la critique
systématique -, la situation géopolitique a beaucoup changé depuis que
François Mitterrand déposait une motion de censure contre le
Gouvernement Pompidou, parce que le Général de Gaulle avait décidé le
retrait du commandement intégré de l'OTAN...
Je veux le dire, au nom du groupe UMP tout entier : la clarification de
la relation de la France avec l'OTAN ne sera pas un acte de
banalisation ou de soumission. Ce doit être un moyen de consolider
notre relation avec nos alliés, américains certes, mais aussi
européens.
C'est une bonne chose, et je l'ai bien compris ainsi, dans la mesure où
elle doit nous permettre d'atteindre parallèlement un objectif
prioritaire de la France : « doter l'Union européenne d'une capacité
autonome d'action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec
les moyens de les utiliser et en étant prête à le faire afin de
répondre aux crises internationales. »
Ce sont les termes du traité de Saint-Malo dont nous fêtons les dix ans
cette année et qui a donné une impulsion décisive à l'Europe de la
Défense, avec pour la 1ère fois, le soutien du Royaume-Uni. Vous, le
voyez, il s'agit d'une nouvelle étape, une étape majeure, dans un
processus de long terme. Cette politique de défense européenne, qui est
une priorité de la Présidence française de l'Union européenne, sera l'
un des noyaux durs de l'Europe que nous voulons pour assurer la
prospérité et la sécurité de notre continent.
La question n'est donc pas d'opposer l'OTAN et la défense européenne.
Elle est de les rendre complémentaires. Et que ceux qui réclament à
corps et à cris un renforcement de l'Europe dans l'OTAN viennent m'
expliquer comment l'Europe est plus forte quand la France n'y est pas !
Nous pouvons d'ailleurs nous féliciter que les conclusions du sommet de
Bucarest reconnaissent pour la 1ère fois de façon explicite l'atout «
d'une défense européenne plus forte et plus performante ». C'est une
avancée historique reconnue par tous les observateurs. Dans cette
logique, il est absurde d'agiter le spectre de l'obsession
atlantiste...
Là encore, comme pour ce qui concerne la politique économique et
sociale du Gouvernement, nous voyons clairement que les attaques de l'
opposition s'appuient sur des fantasmes davantage que sur des faits.
Finalement, mes chers collègues, depuis 10 mois, l'opposition se
cherche. Sans leader, sans programme, sans ambition. Cette motion en
est une nouvelle illustration.
Pendant ce temps, depuis 10 mois, la majorité avance au service des
Français. Nous avons un pilote : Nicolas Sarkozy qui peut compter sur
la mobilisation de François Fillon et de son Gouvernement. Nous leur
renouvelons notre confiance pleine et entière. Nous avons un programme
: celui que les Français ont choisi en 2007. Nous avons une ambition :
tenir tous nos engagements pour faire de notre pays une communauté
prospère et juste, une Nation libre et porteuse d'espérance pour chaque
Français, pour l'Europe et pour le monde.
Voilà pourquoi nous ne voterons pas la motion de censure du
Gouvernement !
En revanche, si un jour l'opposition était tentée de déposer contre
elle-même une motion de censure, je proposerais volontiers les motifs
suivants : « n'a pas le courage de considérer le monde tel qu'il est
pour aider la France à relever les défis du 21ème siècle. Préfère s'
enfermer dans une critique incohérente et outrancière. »
Vos critiques ne nous freinent pas. Elles nous stimulent. Nous, les
députés UMP, allons continuer à travailler aux côtés du Président de la
République au service de notre pays et de tous les Français.Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 10 avril 2008