Texte intégral
Bonjour.
C. Roux : Hier, B. Thibault l'a traité de menteur. Les Français, eux, attendent de pied ferme l'aide directe pour le trajet domicile-travail annoncée par le Premier ministre.
Bonjour.
B. Toussaint : Bonjour X. Bertrand, merci d'être avec nous en ce lundi matin. Alors, ça avance ou pas cette affaire, là, de trajet domicile-travail, l'aide directe ? On sait qu'on vous a renvoyé la négociation. Ça avance ?
Aux partenaires sociaux, oui, on renvoie la négociation. Oui, le Premier ministre l'a annoncé l'autre jour en partant d'un constat : il faut aider les salariés qui sont notamment confrontés aujourd'hui à l'augmentation du prix du carburant à cause du prix du pétrole, bon. Il y avait une initiative en 2006, le chèque transport, ça n'a pas marché. Ce qui montre d'ailleurs en politique qu'il ne suffit pas d'annoncer les grandes choses, il faut aussi voir comment concrètement ça va marcher sur le terrain.
C. Roux : Ca tombe bien, c'est la question.
Eh bien, voilà !
C. Roux : Pas d'effet d'annonce, du concret.
Du concret.
C. Roux : C'est pour quand, ça concernera qui, ça sera combien ?
Attendez ! Il faut demander aux partenaires sociaux ce qu'ils en pensent.
C. Roux : C'est pour quand la négociation ?
Là, on va lancer dans les jours qui viennent la négociation avec les partenaires sociaux : comment vous vous voyez les choses pour qu'on ne reproduise pas les erreurs du chèque transport ? Comment ça doit se passer ? Est-ce que c'est un titre à part, est-ce que ça doit figurer sur la fiche de paie, est-ce que ça peut prendre une autre forme ? L'important c'est qu'on fasse simple et vite.
C. Roux : Qu'est-ce que vous préconisez, vous, X. Bertrand ?
Le plus simple et le plus rapide possible.
C. Roux : Ça veut dire quoi ?
B. Toussaint : Ça peut être comme les tickets restaurant ?
Le problème des tickets restaurant c'est que dans ces cas-là, il faut trouver un opérateur, il faut ensuite trouver quelqu'un qui va s'y intéresser, qui va discuter en plus avec les acteurs concernés, il va falloir les imprimer les tickets restaurant, [pas] les tickets restaurant, les tickets transport. Donc, ça peut prendre plus de temps. Si on peut trouver plus simple, ça serait quand même bien mieux.
C. Roux : Alors, vous n'êtes pas du genre à laisser aux partenaires sociaux la maîtrise du calendrier, en général vous leur imposez un calendrier. Là, vous leur dites quoi ? Il faut que ce soit prêt à la rentrée, il faut que ce soit prêt avant les vacances ?
Vous êtes terrible ! Quand on va plus loin que les partenaires sociaux, on nous le reproche, quand on décide de laisser la main aux partenaires sociaux, on me le reprocherait presque ce matin.
C. Roux : Donc, là, vous leur dites, « vous êtes maître du calendrier », ce sont aux partenaires sociaux de décider ?
Oui, parce que qu'est-ce qui est attendu ?
C. Roux : Vous leur dites quand même, « il y a urgence ».
Oui, mais eux-mêmes disent qu'il y a urgence. J.-C. Mailly, [de] Force ouvrière, qui a été très en pointe sur ce dossier du chèque transport, qui le demande depuis des mois et des mois, a demandé à ce que la négociation s'ouvre le plus rapidement possible. Ce n'est pas pour nous faire plaisir à nous, tout simplement parce que les salariés l'attendent.
C. Roux : Alors, ce week-end, B. Thibault vous a traité de « menteur », c'était dans les colonnes du Journal Du Dimanche. Qu'est-ce que vous lui répondez, « c'est celui qui dit qui est » ?
Que moi je ne rentre pas dans la surenchère verbale, que moi je ne suis pas là pour polémiquer avec qui que ce soit. Je suis là pour réussir une réforme et sortir du statu quo des 35 heures imposées par Madame Aubry, voilà. Donc, moi, je laisse chacun s'exprimer, mais je ne suis pas le bon client pour la surenchère verbale. Moi, ce qui m'intéresse c'est de savoir comment aujourd'hui on peut garantir aux salariés dans les entreprises que si les 35 heures leur conviennent, ils pourront y rester, que si les 35 heures les bloquent, ils pourront justement travailler plus. Vous avez aujourd'hui des réalités très différentes. Vous avez des secteurs d'activité, je voyais une entreprise l'autre jour, la Chocolaterie, 130 heures supplémentaires par an ; le bâtiment, 180 heures supplémentaires par an. Vous avez d'autres, c'est 220 heures. L'important c'est qu'on puisse permettre de travailler davantage quand il y a davantage de travail à donner aux salariés en tenant compte des questions de santé, des questions de sécurité. Je ne veux plus de plafond qui bloque.
C. Roux : Le problème c'est qu'aujourd'hui, vous avez des partenaires sociaux avec lesquels vous avez bien travaillé jusque-là...
...merci.
C. Roux : ... qui vous disent, « X. Bertrand est passé en force, on avait conclu un accord, il n'a pas respecté cet accord ». Qui dit vrai dans cette histoire ? Pourquoi est-ce qu'on est arrivé à cette situation de tension avec les partenaires sociaux ? Est-ce que vous l'avez souhaitée cette tension ?
Personne ne souhaite de tension. Maintenant, remettons aussi les choses à leur place. Il n'y a pas deux syndicats de salariés en France, il y a cinq syndicats de salariés en France, ne l'oublions pas. Et dans le mouvement qu'il y a demain, il y en a deux seulement, les trois autres n'appellent pas à des mouvements demain. C'est bien aussi de bien remettre les choses à leur place. Maintenant, n'oublions pas une chose, nous avons fait campagne pendant la présidentielle en disant aux Français que l'on sortirait du carcan des 35 heures, que l'on garderait la durée légale à 35 heure pour mieux payer les heures supplémentaires mais que par contre on donnerait plus de souplesse dans l'entreprise. Qu'est-ce que je dis un an et demi après aux Français ? On voulait, vous le vouliez, certains syndicats étaient contre, on arrête tout ? Ce n'est pas la conception que je me fais de la politique. Je respecte la responsabilité sociale, je demande tout simplement qu'on prenne en compte aussi la responsabilité politique.
B. Toussaint : Mais quand B. Thibault vous traite de « menteur », ce n'est pas juste gratuitement, il pose une question très précise, il dit : « X. Bertrand ment quand il dit que les salariés pourront choisir de conserver les 35 heures hebdomadaires ».
Quelle est la meilleure garantie à apporter et à B. Thibault et aux salariés pour que le chef d'entreprise ne décide pas tout seul ? C'est que ce soit des accords dans les entreprises. C'est exactement ce qui est prévu dans le projet de loi. Ce n'est pas seulement ce que je dis, ce n'est pas seulement ce que Monsieur Thibault dit, c'est tout simplement des accords : 30 % des salariés représentés donnant leur accord, pas plus de 50 % s'y opposant. C'est la meilleure garantie sur le terrain, c'est que ce sont les salariés qui auront leur mot à dire avec ces accords. C'est marqué noir sur blanc dans le texte.
L. Mercadet : Mais il y a des entreprises en France, on le sait bien, où il y n'y a pas de syndicat, donc les petites entreprises. Donc ça va se retrouver une négociation à la tête du client entre l'entrepreneur et l'employé et on sait très bien où est le rapport de force là.
Non, Léon, parce que eux-mêmes y ont pensé dans le texte sur la représentativité, il y a un groupe de travail qu'ils ont souhaité mettre en place pour réfléchir aussi sur ces questions. Il n'est pas question de mettre quatre millions de salariés sur le côté ou de les oublier.
C. Roux : Deux questions rapides, est-ce qu'il y a une marge de négociation sur le texte ?
Je l'ai toujours dit, ma logique a toujours été celle d'avoir la porte ouverte pour les syndicats, pour les partenaires sociaux. Je serai attentif jusqu'au bout du débat parlementaire aux remarques et aux suggestions qu'ils pourront faire.
C. Roux : Vous serez attentif à la mobilisation de demain, notamment ?
Oui, mais la vocation du Gouvernement ça n'est pas de comptabiliser combien il peut y avoir de manifestants. Moi, ma vocation c'est d'être à la fois déterminé à réussir cette réforme attendue et toujours dans une logique de dialogue. Je ne changerai pas mes habitudes.
C. Roux : Logique de dialogue, justement, est-ce que renouer le fil du dialogue avec la CFDT et la CGT, c'est une priorité ? J.-P. Raffarin, c'était le 2 juin dernier, disait que c'était « dangereux » d'avoir un climat de tension comme ça avec la CFDT. Es-ce que ça va être une priorité ?
Mais personne ne souhaite qu'il y ait un climat de tension avec qui que ce soit. Comprenez bien, moi je ne reproche pas à certains syndicats d'être pour la réduction de la durée du travail depuis dix ans, et je ne leur demande pas non plus de changer leurs idées pour venir sur nos idées, c'est-à-dire d'augmenter la durée du travail avec des garanties, mais seulement qu'on comprenne bien aussi que nous nous sommes porteurs d'une responsabilité politique. Et en plus, nous avons toujours joué carte sur table, le président de la République a toujours été clair sur les 35 heures. Nous faisons tout simplement ce que nous avons dit, eux ne veulent pas aller aussi loin, je respecte leur choix, mais notre droit c'est d'être en conformité avec ce contrat de confiance passé avec les Français. C'est tout simplement ça.
C. Roux : Et le contrat de confiance avec les syndicats il demeure toujours ?
Oui, mais seulement on a le droit de ne pas être d'accord sur tout, reconnaissez-le. Dans la vie, on n'est pas forcément d'accord sur tout, on a été d'accord sur de nombreux points, mais seulement, sur ce point précis, nous voulons, nous, aller plus loin. Je l'assume et il faut assumer nos divergences.
C. Roux : « Aller plus loin », même plus loin que le Medef, c'est là où ça devient surprenant.
La position du Medef, oui, elle est très surprenante c'est vrai parce que j'ai eu une déclaration mais alors remarquable du représentant du Medef lors de la Commission nationale de la négociation collective qui a dit - c'était Monsieur Cressel en question - qui a dit : « ce texte est bon pour les entreprises et nous sommes contre ». Comprenne qui pourra !
L. Mercadet : Oui, en effet !
Moi, je n'ai toujours pas compris.
C. Roux : Un mot sur l'Europe. Donc remettez votre casquette de secrétaire général adjoint de l'UMP. L'Irlande a dit non à l'Europe, est-ce que le non irlandais équivaut au non français ?
Une chose est certaine, c'est qu'on ne peut pas mettre l'Europe en panne, c'est vrai que ça n'était pas la bonne nouvelle attendue ce non irlandais. Maintenant, il faut absolument poursuivre le processus de ratification mais il faut aussi se poser des questions supplémentaires : est-ce que l'Europe aujourd'hui est considérée comme suffisamment proche des citoyens ? Est-ce que justement elle donne l'impression d'être suffisamment concrète ? Il faut la rendre encore pus concrète. Et là, c'est ma casquette aussi de ministre du Travail, l'Europe sociale doit tenir une grande place, montrer concrètement ce qu'elle apporte, les avancées qu'elle constitue pour les travailleurs européens, et c'est un beau sujet parce qu'on parle beaucoup aux citoyens, aux consommateurs, il faut aussi parler davantage aux travailleurs.
C. Roux : C'est-à-dire montrer qu'elle protège.
Oui.
C. Roux : Parce que l'Europe protège mais n'arrive pas le montrer, ce n'est qu'une histoire de com' ?
Ce n'est pas seulement une histoire de com', c'est que pendant bien longtemps aussi, dès qu'il y avait des problèmes, c'était la faute à l'Europe, c'est ce qui s'est passé, allez, droite et gauche confondues. Et là, aujourd'hui, on est dans une approche où on doit la rendre la plus concrète possible. Regardez, nous avons passé la semaine dernière deux directives importantes, une sur le travail intérimaire, l'autre sur le temps de travail. On est passé d'une sorte de no man's land, où on pouvait travailler jusqu'à 78 heures, à un système où on est à 48 et où avec lock out on peut aller à 60. Qu'est-ce qui a été dit ? C'est que tout était changé à 60 ou 65, c'est faux. On est dans une situation meilleure qu'hier, mais aussitôt c'est de la caricature alors qu'on a besoin tout simplement d'expliquer les choses et d'en appeler aussi au bon sens des Européens.
B. Toussaint : Est-ce que vous avez eu le temps de jeter un oeil au Journal Du Dimanche, hier ?
Oui.
B. Toussaint : Est-ce que vous avez vu ce sondage sur les successeurs possibles de F. Fillon ? Alors, vous êtes en 5ème position derrière Borloo, Bayrou, Juppé... Est-ce que vous vous dites : « c'est pas grave, de toute façon les favoris ne sont jamais récompensé » ?
Bruce, j'ai bien regardé dans Le Journal Du Dimanche, je n'ai rien lu, c'était dans Le Parisien.
C. Roux : C'était dans Le Parisien.
B. Toussaint : Dans Le Parisien, pardon.
C'était dans Le Parisien.
B. Toussaint : Oh, je suis désolé, dans Le Parisien, décidément ! C'était autre chose dans Le Journal Du Dimanche.
L. Mercadet : X. Bertrand est mené par F. Bayrou ?
B. Toussaint : Ce n'est pas grave, je ne vous laisserais pas filer comme ça non plus.
Je ne file pas comme ça, c'est parce que vous étiez troublé par la lecture de ce sondage ?
B. Toussaint : Exactement !
D'accord.
B. Toussaint : Alors, 5ème c'est un encouragement ou c'est une grosse déception ? Il faut franchir des étapes encore ?
Ecoutez, un sondage comme celui-ci, je vais vous dire une chose, ça ne me mettra toujours pas, toujours pas de profil de carrière ou de parcours de carrière en tête, toujours pas, vraiment pas.
C. Roux : La question qui était posée avant c'était...
... mais, ça m'a moins troublé que vous, visiblement.
B. Toussaint : Oh, j'ai juste fait une confusion entre deux journaux du dimanche.
C. Roux : Il y avait 67 % des Français [qui] veulent garder F. Fillon à Matignon. Et vous ? ».
Oui, je fais partie de ceux-là.
C. Roux : Le plus longtemps possible ?
C'est le Président qui décide, mais je fais partie de ceux-là.
B. Toussaint : Jusqu'à vous remontiez dans les sondages un peu sur les successeurs ?
Vous ne réussirez pas à me mettre une quelconque idée en tête.
B. Toussaint : Bon, très bien !
C. Roux : Alors, votre idée c'est de faire le tour de France pour le compte de l'UMP, c'est ce que vous faites en ce moment, vous étiez à Vesoul, à Dijon, à Poitiers ce week-end. C'est quoi, c'est juste pour devenir le patron de l'UMP ou vous avez une autre idée de ce que vous voulez faire de l'UMP ?
Et c'est même pas pour avoir soit des miles, soit des kilomètres au compteur, c'est tout simplement parce qu'il y a une nouvelle étape aujourd'hui pour l'UMP. Ce que nous voulons faire avec Patrick, avec N. Kosciusko-Morizet, c'est de faire en sorte que l'UMP soit le parti le plus moderne de l'Europe, ça veut dire il y a le soutien au Gouvernement mais pour moi c'est un tiers du temps, pas plus. Les deux tiers du temps qui restent c'est d'être devant le gouvernement, faire vivre les réformes avant aussi, tester des réformes. Avec N. Morano, nous allons mettre en place le droit opposable à la garde d'enfant, de faire en sorte à partir de 2012, que dans une famille si la femme travaille ou veut travailler il y ait place en crèche, une place d'assistance maternelle. Je veux tester ça sur le terrain avant de présenter un texte en Conseil des ministres. Faire vivre les débats de société et puis plus de démocratie pour que la carte de l'UMP soit un bulletin de vote permanent, pour renouveler les instances et même choisir les têtes de liste aux régionales. C. Roux Etre devant le gouvernement comme P. Devedjian l'a été sur les 35 h, par exemple, c'est ça ? Avoir des débats, oui, avoir des débats le plus en amont possible. Mais, il ne faut pas avoir peur des débats décoiffants. Regardez, on a parlé de justice sociale la semaine dernière. Où ? A L'UMP, nulle part ailleurs. Je préfère que le débat d'idées soit chez nous.
B. Toussaint : La question de Léon.
L. Mercadet : Justement, parlons-en de justice sociale et concrètement. C'était le 12 juin dernier, devant la convention sociale de l'UMP, vous avez appelé les entrepreneurs des grosses entreprises à plus de décence, vous faisiez allusion aux stock-options.
Oui, à retrouver le chemin de la décence.
L. Mercadet : « Retrouver le chemin de la décence », vous parliez donc des stock-options, des golden parachutes, des salaires extravagants. Ca, c'est un voeu pieux de les appeler à la décence, mais concrètement, quelle mesure et quand pour mettre fin à ce que vous-mêmes appelez des injustices en matière de rémunération ?
Le problème est simple : on nous dit, notamment au niveau des organisations patronales, qu'on va se pencher sur le problème. Je crois que ça fait trois ans et demi qu'ils sont sur le problème. Alors, soit maintenant ils trouvent la solution, soit on va aussi, nous, apporter nos solutions. Mais attendez, vous ne pouvez pas aller dans des entreprises où il y a des gens qui sont à un peu plus de 1 000 euros net par mois ou parfois moins quand ils sont à temps partiel, et de voir une grande entreprise, l'action a baissé en 2007 de moitié, ils n'ont rien versé aux actionnaires, mais la dirigeante, elle, se fait verser un golden parachute.
L. Mercadet : Il s'agit de P. Russo de Alcatel-Lucent, voilà, moi je balance.
Tout à fait, tout a fait ! De 6 millions d'euros.
L. Mercadet : Non mais on est d'accord, je vous demande concrètement quelle mesure ?
Et comment après je vais expliquer moi que la valeur travail ça doit être récompensée ? Alors, sur ces sujets-là notre politique doit, nous, à chaque fois porter la marque de la justice sociale mais aussi de réduire les injustices. L. Mercadet : Mais qu'est-ce que vous pouvez faire, l'Etat ? Je viens de vous le dire. Ils nous disent qu'ils sont sur le sujet...
L. Mercadet : ... taxer les stock-options, concrètement ?
Attendez, on va jusqu'au bout, ils nous disent qu'ils veulent régler le problème, alors qu'ils le règlent, et s'ils ne le font pas, nous maintenant on va le faire, voilà, tout simplement.
L. Mercadet : Nous, l'UMP.
Oui, l'UMP va faire des propositions.
L. Mercadet : Exemple ?
J'ai des idées en tête.
L. Mercadet : Ah, il ne veut pas nous le dire.
Alors, attendez, non vous êtes terrible ! Quand je vais plus loin que les partenaires sociaux, on me dit « vous allez trop loin », et quand on dit on leur donne effectivement la main pour en discuter, vous me le reprochez. Juste sur ce sujet, un tout petit peu de cohérence, c'est juste ce que je demande.
L. Mercadet : D'accord, un peu de patience.
Pas trop, ne vous inquiétez pas.
B. Toussaint : Le j'aime/'jaime pas, allons-y.
C. Roux : J'aime/j'aime pas ma note de ministre, votre note de ministre ?
Ma note de ministre ?
C. Roux : Oui, vous avez mention "passable".
B. Toussaint : Ah oui, c'est la fin du troisième trimestre.
Mais qui est-ce qui note là ?
C. Roux : Vous savez, c'est l'évaluation des ministres.
Mais qui est-ce qui note ?
L. Mercadet : C'est E. Besson.
C. Roux : C'est E. Besson. B. Toussaint : Le Parisien, cette fois-ci je ne me trompe pas.
Non, non, non, mais qui est-ce qui note parce que j'ai vu une note la semaine dernière, c'était France Soir, il y en a tous les jours.
C. Roux : Bon, alors, c'est quoi votre vraie note alors ?
J'en sais rien, mais qui est-ce qui note là, non mais concrètement ?
L. Mercadet : Le correcteur s'appelle E. Besson.
B. Toussaint : Non, non, c'est l'évaluation des ministres, ce n'est pas un journal.
Oui, mais qui est-ce qui l'a fait cette évaluation ?
B. Toussaint : C'est le Gouvernement lui-même, il me semble. Vous êtes au courant de ça quand même ?
Ah non, non, je vous assure.
B. Toussaint : Ah bon ?
C. Roux : Ah bon, vous n'êtes pas courant !
B. Toussaint : Vous n'avez pas une note, une feuille de route avec des objectifs à atteindre alors ?
Ah, je vous assure, non, non, parce que vous en avez tous les jours. Vendredi, il y avait France Soir, là aujourd'hui c'est Le Parisien mais c'est 'Le Parisien qui note ou c'est quelqu'un d'autre qui note ?
B. Toussaint : Non, non, vous n'avez pas compris.
Non, je n'ai pas compris.
B. Toussaint : C'est le travail qui a été annoncé en Conseil des ministres le 8 novembre dernier, vous savez, il s'agit de...
C. Roux : Evaluer les ministres.
B. Toussaint : Voilà, l'évaluation des ministres. C'est E. Besson qui s'occupe de ça.
C. Roux : Avec un cabinet privé.
Alors, j'en n'ai pas encore parlé avec E. Besson.
B. Toussaint : Vous êtes passable.
Passable ! Mais si je ne me trompe pas...
B. Toussaint : ... il va falloir aller au rattrapage, à mon avis.
C. Roux : En fait, c'est ça, ça ne lui plait pas, « passable », ça ne lui va pas du tout.
Bruce, décidément, ce n'est pas tout à fait marqué ça sous le titre.
B. Toussaint : Si, « mention passable ».
Non, un peu au-dessus.
L. Mercadet : Assez bien ?
Non, lisez au-dessus.
B. Toussaint : Ah, « encouragement ».
Voilà, non mais pourquoi vous dites.... Si vous voulez m'encourager, dites tout.
L. Mercadet : Ce n'est pas les félicitations non plus.
C. Roux : Pour le chouchou du Gouvernement, « passable », ça ne le fait pas, c'est simple.
Vous voulez que je vous dise, ministre du Travail y a du travail alors.
B. Toussaint : Oui, exactement.
C. Roux : C'est ça !
B. Toussaint : Bon, j'aime/j'aime pas l'album de Carla Bruni ?
Je ne l'ai pas encore entendu, ni écouté.
B. Toussaint : Non, vous n'avez pas encore eu la chance, parce que toute la presse a adoré, on va voir ça.
J'ai vu l'autre jour que sur « Les Guignols » j'étais dans un duo.
B. Toussaint : Oui, c'est vrai.
Ma marionnette était dans un duo, justement.
C. Roux : Elle vous plaît votre marionnette ?
Ah, elle me fait beaucoup rire, oui, ah elle me fait beaucoup rire. Vous ne trouvez pas vous ?
C. Roux : Moi, je l'adore, c'est ma préférée.
Vous êtes sincère ?
C. Roux : Oui.
Merci, Caroline.
C. Roux : J'aime/j'aime pas Jean Sarkozy président du groupe UMP des Hauts de Seine ?
Ah, j'aime bien.
C. Roux : Ah oui ? Il n'est pas trop pressé Jean Sarkozy ?
Ah, non, mais j'aime bien.
C. Roux : Pourquoi ?
Ah j'aime bien.
Parce que ça ne plaît pas à P. Devedjian, c'est pour ça que ça vous plaît à vous ?
Je n'aime pas cette remarque.
C. Roux : Parce qu'il s'appelle Sarkozy, c'est pour ça que vous aimez bien ?
Je vais vous dire une chose, il y a une nouvelle étape à l'UMP, je vous en ai parlé, ce sont aussi de nouveaux visages, il y a de nouveaux élus. J. Sarkozy c'est un nouveau conseiller général. Il y en a d'autres en France, et si on veut aussi donner ce nouveau visage de l'UMP, c'est aussi avec des nouveaux visages comme Jean.
B. Toussaint : Dernière question, vous avez lu Le Journal Du Dimanche ce week-end ?
Oui, j'ai lu Le Journal Du Dimanche ce week-end.
B. Toussaint : Le dossier sur les portables, vous avez été ministre de la Santé, les portables qui seraient déconseillés aux enfants. Est-ce qu'à l'époque où vous étiez ministre de la Santé, vous aviez déjà des bruits comme ça, des rumeurs, sur les dangers du portable ? Ca a inquiété beaucoup de monde, hier.
Non, parce que quand vous êtes ministre, vous ne devez pas être sur des bruits ou sur des rumeurs, il faut des études solides et sérieuses. Et moi, j'aimerais bien que les scientifiques nous disent concrètement ce qu'il faut en penser, et pas que certains nous disent. On avait lancé des études à l'époque. Après, la question qui s'était posée sur ces études c'est : est-ce qu'elles sont indépendantes, est-ce qu'elles donnent des précisions sûres pour aujourd'hui, pour demain, et pour après-demain ? Mais là, vous savez, comme vous voulez rassurer, il faut que ce soit le plus solide possible.
B. Toussaint : Merci beaucoup X. Bertrand, très bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16 juin 2008
C. Roux : Hier, B. Thibault l'a traité de menteur. Les Français, eux, attendent de pied ferme l'aide directe pour le trajet domicile-travail annoncée par le Premier ministre.
Bonjour.
B. Toussaint : Bonjour X. Bertrand, merci d'être avec nous en ce lundi matin. Alors, ça avance ou pas cette affaire, là, de trajet domicile-travail, l'aide directe ? On sait qu'on vous a renvoyé la négociation. Ça avance ?
Aux partenaires sociaux, oui, on renvoie la négociation. Oui, le Premier ministre l'a annoncé l'autre jour en partant d'un constat : il faut aider les salariés qui sont notamment confrontés aujourd'hui à l'augmentation du prix du carburant à cause du prix du pétrole, bon. Il y avait une initiative en 2006, le chèque transport, ça n'a pas marché. Ce qui montre d'ailleurs en politique qu'il ne suffit pas d'annoncer les grandes choses, il faut aussi voir comment concrètement ça va marcher sur le terrain.
C. Roux : Ca tombe bien, c'est la question.
Eh bien, voilà !
C. Roux : Pas d'effet d'annonce, du concret.
Du concret.
C. Roux : C'est pour quand, ça concernera qui, ça sera combien ?
Attendez ! Il faut demander aux partenaires sociaux ce qu'ils en pensent.
C. Roux : C'est pour quand la négociation ?
Là, on va lancer dans les jours qui viennent la négociation avec les partenaires sociaux : comment vous vous voyez les choses pour qu'on ne reproduise pas les erreurs du chèque transport ? Comment ça doit se passer ? Est-ce que c'est un titre à part, est-ce que ça doit figurer sur la fiche de paie, est-ce que ça peut prendre une autre forme ? L'important c'est qu'on fasse simple et vite.
C. Roux : Qu'est-ce que vous préconisez, vous, X. Bertrand ?
Le plus simple et le plus rapide possible.
C. Roux : Ça veut dire quoi ?
B. Toussaint : Ça peut être comme les tickets restaurant ?
Le problème des tickets restaurant c'est que dans ces cas-là, il faut trouver un opérateur, il faut ensuite trouver quelqu'un qui va s'y intéresser, qui va discuter en plus avec les acteurs concernés, il va falloir les imprimer les tickets restaurant, [pas] les tickets restaurant, les tickets transport. Donc, ça peut prendre plus de temps. Si on peut trouver plus simple, ça serait quand même bien mieux.
C. Roux : Alors, vous n'êtes pas du genre à laisser aux partenaires sociaux la maîtrise du calendrier, en général vous leur imposez un calendrier. Là, vous leur dites quoi ? Il faut que ce soit prêt à la rentrée, il faut que ce soit prêt avant les vacances ?
Vous êtes terrible ! Quand on va plus loin que les partenaires sociaux, on nous le reproche, quand on décide de laisser la main aux partenaires sociaux, on me le reprocherait presque ce matin.
C. Roux : Donc, là, vous leur dites, « vous êtes maître du calendrier », ce sont aux partenaires sociaux de décider ?
Oui, parce que qu'est-ce qui est attendu ?
C. Roux : Vous leur dites quand même, « il y a urgence ».
Oui, mais eux-mêmes disent qu'il y a urgence. J.-C. Mailly, [de] Force ouvrière, qui a été très en pointe sur ce dossier du chèque transport, qui le demande depuis des mois et des mois, a demandé à ce que la négociation s'ouvre le plus rapidement possible. Ce n'est pas pour nous faire plaisir à nous, tout simplement parce que les salariés l'attendent.
C. Roux : Alors, ce week-end, B. Thibault vous a traité de « menteur », c'était dans les colonnes du Journal Du Dimanche. Qu'est-ce que vous lui répondez, « c'est celui qui dit qui est » ?
Que moi je ne rentre pas dans la surenchère verbale, que moi je ne suis pas là pour polémiquer avec qui que ce soit. Je suis là pour réussir une réforme et sortir du statu quo des 35 heures imposées par Madame Aubry, voilà. Donc, moi, je laisse chacun s'exprimer, mais je ne suis pas le bon client pour la surenchère verbale. Moi, ce qui m'intéresse c'est de savoir comment aujourd'hui on peut garantir aux salariés dans les entreprises que si les 35 heures leur conviennent, ils pourront y rester, que si les 35 heures les bloquent, ils pourront justement travailler plus. Vous avez aujourd'hui des réalités très différentes. Vous avez des secteurs d'activité, je voyais une entreprise l'autre jour, la Chocolaterie, 130 heures supplémentaires par an ; le bâtiment, 180 heures supplémentaires par an. Vous avez d'autres, c'est 220 heures. L'important c'est qu'on puisse permettre de travailler davantage quand il y a davantage de travail à donner aux salariés en tenant compte des questions de santé, des questions de sécurité. Je ne veux plus de plafond qui bloque.
C. Roux : Le problème c'est qu'aujourd'hui, vous avez des partenaires sociaux avec lesquels vous avez bien travaillé jusque-là...
...merci.
C. Roux : ... qui vous disent, « X. Bertrand est passé en force, on avait conclu un accord, il n'a pas respecté cet accord ». Qui dit vrai dans cette histoire ? Pourquoi est-ce qu'on est arrivé à cette situation de tension avec les partenaires sociaux ? Est-ce que vous l'avez souhaitée cette tension ?
Personne ne souhaite de tension. Maintenant, remettons aussi les choses à leur place. Il n'y a pas deux syndicats de salariés en France, il y a cinq syndicats de salariés en France, ne l'oublions pas. Et dans le mouvement qu'il y a demain, il y en a deux seulement, les trois autres n'appellent pas à des mouvements demain. C'est bien aussi de bien remettre les choses à leur place. Maintenant, n'oublions pas une chose, nous avons fait campagne pendant la présidentielle en disant aux Français que l'on sortirait du carcan des 35 heures, que l'on garderait la durée légale à 35 heure pour mieux payer les heures supplémentaires mais que par contre on donnerait plus de souplesse dans l'entreprise. Qu'est-ce que je dis un an et demi après aux Français ? On voulait, vous le vouliez, certains syndicats étaient contre, on arrête tout ? Ce n'est pas la conception que je me fais de la politique. Je respecte la responsabilité sociale, je demande tout simplement qu'on prenne en compte aussi la responsabilité politique.
B. Toussaint : Mais quand B. Thibault vous traite de « menteur », ce n'est pas juste gratuitement, il pose une question très précise, il dit : « X. Bertrand ment quand il dit que les salariés pourront choisir de conserver les 35 heures hebdomadaires ».
Quelle est la meilleure garantie à apporter et à B. Thibault et aux salariés pour que le chef d'entreprise ne décide pas tout seul ? C'est que ce soit des accords dans les entreprises. C'est exactement ce qui est prévu dans le projet de loi. Ce n'est pas seulement ce que je dis, ce n'est pas seulement ce que Monsieur Thibault dit, c'est tout simplement des accords : 30 % des salariés représentés donnant leur accord, pas plus de 50 % s'y opposant. C'est la meilleure garantie sur le terrain, c'est que ce sont les salariés qui auront leur mot à dire avec ces accords. C'est marqué noir sur blanc dans le texte.
L. Mercadet : Mais il y a des entreprises en France, on le sait bien, où il y n'y a pas de syndicat, donc les petites entreprises. Donc ça va se retrouver une négociation à la tête du client entre l'entrepreneur et l'employé et on sait très bien où est le rapport de force là.
Non, Léon, parce que eux-mêmes y ont pensé dans le texte sur la représentativité, il y a un groupe de travail qu'ils ont souhaité mettre en place pour réfléchir aussi sur ces questions. Il n'est pas question de mettre quatre millions de salariés sur le côté ou de les oublier.
C. Roux : Deux questions rapides, est-ce qu'il y a une marge de négociation sur le texte ?
Je l'ai toujours dit, ma logique a toujours été celle d'avoir la porte ouverte pour les syndicats, pour les partenaires sociaux. Je serai attentif jusqu'au bout du débat parlementaire aux remarques et aux suggestions qu'ils pourront faire.
C. Roux : Vous serez attentif à la mobilisation de demain, notamment ?
Oui, mais la vocation du Gouvernement ça n'est pas de comptabiliser combien il peut y avoir de manifestants. Moi, ma vocation c'est d'être à la fois déterminé à réussir cette réforme attendue et toujours dans une logique de dialogue. Je ne changerai pas mes habitudes.
C. Roux : Logique de dialogue, justement, est-ce que renouer le fil du dialogue avec la CFDT et la CGT, c'est une priorité ? J.-P. Raffarin, c'était le 2 juin dernier, disait que c'était « dangereux » d'avoir un climat de tension comme ça avec la CFDT. Es-ce que ça va être une priorité ?
Mais personne ne souhaite qu'il y ait un climat de tension avec qui que ce soit. Comprenez bien, moi je ne reproche pas à certains syndicats d'être pour la réduction de la durée du travail depuis dix ans, et je ne leur demande pas non plus de changer leurs idées pour venir sur nos idées, c'est-à-dire d'augmenter la durée du travail avec des garanties, mais seulement qu'on comprenne bien aussi que nous nous sommes porteurs d'une responsabilité politique. Et en plus, nous avons toujours joué carte sur table, le président de la République a toujours été clair sur les 35 heures. Nous faisons tout simplement ce que nous avons dit, eux ne veulent pas aller aussi loin, je respecte leur choix, mais notre droit c'est d'être en conformité avec ce contrat de confiance passé avec les Français. C'est tout simplement ça.
C. Roux : Et le contrat de confiance avec les syndicats il demeure toujours ?
Oui, mais seulement on a le droit de ne pas être d'accord sur tout, reconnaissez-le. Dans la vie, on n'est pas forcément d'accord sur tout, on a été d'accord sur de nombreux points, mais seulement, sur ce point précis, nous voulons, nous, aller plus loin. Je l'assume et il faut assumer nos divergences.
C. Roux : « Aller plus loin », même plus loin que le Medef, c'est là où ça devient surprenant.
La position du Medef, oui, elle est très surprenante c'est vrai parce que j'ai eu une déclaration mais alors remarquable du représentant du Medef lors de la Commission nationale de la négociation collective qui a dit - c'était Monsieur Cressel en question - qui a dit : « ce texte est bon pour les entreprises et nous sommes contre ». Comprenne qui pourra !
L. Mercadet : Oui, en effet !
Moi, je n'ai toujours pas compris.
C. Roux : Un mot sur l'Europe. Donc remettez votre casquette de secrétaire général adjoint de l'UMP. L'Irlande a dit non à l'Europe, est-ce que le non irlandais équivaut au non français ?
Une chose est certaine, c'est qu'on ne peut pas mettre l'Europe en panne, c'est vrai que ça n'était pas la bonne nouvelle attendue ce non irlandais. Maintenant, il faut absolument poursuivre le processus de ratification mais il faut aussi se poser des questions supplémentaires : est-ce que l'Europe aujourd'hui est considérée comme suffisamment proche des citoyens ? Est-ce que justement elle donne l'impression d'être suffisamment concrète ? Il faut la rendre encore pus concrète. Et là, c'est ma casquette aussi de ministre du Travail, l'Europe sociale doit tenir une grande place, montrer concrètement ce qu'elle apporte, les avancées qu'elle constitue pour les travailleurs européens, et c'est un beau sujet parce qu'on parle beaucoup aux citoyens, aux consommateurs, il faut aussi parler davantage aux travailleurs.
C. Roux : C'est-à-dire montrer qu'elle protège.
Oui.
C. Roux : Parce que l'Europe protège mais n'arrive pas le montrer, ce n'est qu'une histoire de com' ?
Ce n'est pas seulement une histoire de com', c'est que pendant bien longtemps aussi, dès qu'il y avait des problèmes, c'était la faute à l'Europe, c'est ce qui s'est passé, allez, droite et gauche confondues. Et là, aujourd'hui, on est dans une approche où on doit la rendre la plus concrète possible. Regardez, nous avons passé la semaine dernière deux directives importantes, une sur le travail intérimaire, l'autre sur le temps de travail. On est passé d'une sorte de no man's land, où on pouvait travailler jusqu'à 78 heures, à un système où on est à 48 et où avec lock out on peut aller à 60. Qu'est-ce qui a été dit ? C'est que tout était changé à 60 ou 65, c'est faux. On est dans une situation meilleure qu'hier, mais aussitôt c'est de la caricature alors qu'on a besoin tout simplement d'expliquer les choses et d'en appeler aussi au bon sens des Européens.
B. Toussaint : Est-ce que vous avez eu le temps de jeter un oeil au Journal Du Dimanche, hier ?
Oui.
B. Toussaint : Est-ce que vous avez vu ce sondage sur les successeurs possibles de F. Fillon ? Alors, vous êtes en 5ème position derrière Borloo, Bayrou, Juppé... Est-ce que vous vous dites : « c'est pas grave, de toute façon les favoris ne sont jamais récompensé » ?
Bruce, j'ai bien regardé dans Le Journal Du Dimanche, je n'ai rien lu, c'était dans Le Parisien.
C. Roux : C'était dans Le Parisien.
B. Toussaint : Dans Le Parisien, pardon.
C'était dans Le Parisien.
B. Toussaint : Oh, je suis désolé, dans Le Parisien, décidément ! C'était autre chose dans Le Journal Du Dimanche.
L. Mercadet : X. Bertrand est mené par F. Bayrou ?
B. Toussaint : Ce n'est pas grave, je ne vous laisserais pas filer comme ça non plus.
Je ne file pas comme ça, c'est parce que vous étiez troublé par la lecture de ce sondage ?
B. Toussaint : Exactement !
D'accord.
B. Toussaint : Alors, 5ème c'est un encouragement ou c'est une grosse déception ? Il faut franchir des étapes encore ?
Ecoutez, un sondage comme celui-ci, je vais vous dire une chose, ça ne me mettra toujours pas, toujours pas de profil de carrière ou de parcours de carrière en tête, toujours pas, vraiment pas.
C. Roux : La question qui était posée avant c'était...
... mais, ça m'a moins troublé que vous, visiblement.
B. Toussaint : Oh, j'ai juste fait une confusion entre deux journaux du dimanche.
C. Roux : Il y avait 67 % des Français [qui] veulent garder F. Fillon à Matignon. Et vous ? ».
Oui, je fais partie de ceux-là.
C. Roux : Le plus longtemps possible ?
C'est le Président qui décide, mais je fais partie de ceux-là.
B. Toussaint : Jusqu'à vous remontiez dans les sondages un peu sur les successeurs ?
Vous ne réussirez pas à me mettre une quelconque idée en tête.
B. Toussaint : Bon, très bien !
C. Roux : Alors, votre idée c'est de faire le tour de France pour le compte de l'UMP, c'est ce que vous faites en ce moment, vous étiez à Vesoul, à Dijon, à Poitiers ce week-end. C'est quoi, c'est juste pour devenir le patron de l'UMP ou vous avez une autre idée de ce que vous voulez faire de l'UMP ?
Et c'est même pas pour avoir soit des miles, soit des kilomètres au compteur, c'est tout simplement parce qu'il y a une nouvelle étape aujourd'hui pour l'UMP. Ce que nous voulons faire avec Patrick, avec N. Kosciusko-Morizet, c'est de faire en sorte que l'UMP soit le parti le plus moderne de l'Europe, ça veut dire il y a le soutien au Gouvernement mais pour moi c'est un tiers du temps, pas plus. Les deux tiers du temps qui restent c'est d'être devant le gouvernement, faire vivre les réformes avant aussi, tester des réformes. Avec N. Morano, nous allons mettre en place le droit opposable à la garde d'enfant, de faire en sorte à partir de 2012, que dans une famille si la femme travaille ou veut travailler il y ait place en crèche, une place d'assistance maternelle. Je veux tester ça sur le terrain avant de présenter un texte en Conseil des ministres. Faire vivre les débats de société et puis plus de démocratie pour que la carte de l'UMP soit un bulletin de vote permanent, pour renouveler les instances et même choisir les têtes de liste aux régionales. C. Roux Etre devant le gouvernement comme P. Devedjian l'a été sur les 35 h, par exemple, c'est ça ? Avoir des débats, oui, avoir des débats le plus en amont possible. Mais, il ne faut pas avoir peur des débats décoiffants. Regardez, on a parlé de justice sociale la semaine dernière. Où ? A L'UMP, nulle part ailleurs. Je préfère que le débat d'idées soit chez nous.
B. Toussaint : La question de Léon.
L. Mercadet : Justement, parlons-en de justice sociale et concrètement. C'était le 12 juin dernier, devant la convention sociale de l'UMP, vous avez appelé les entrepreneurs des grosses entreprises à plus de décence, vous faisiez allusion aux stock-options.
Oui, à retrouver le chemin de la décence.
L. Mercadet : « Retrouver le chemin de la décence », vous parliez donc des stock-options, des golden parachutes, des salaires extravagants. Ca, c'est un voeu pieux de les appeler à la décence, mais concrètement, quelle mesure et quand pour mettre fin à ce que vous-mêmes appelez des injustices en matière de rémunération ?
Le problème est simple : on nous dit, notamment au niveau des organisations patronales, qu'on va se pencher sur le problème. Je crois que ça fait trois ans et demi qu'ils sont sur le problème. Alors, soit maintenant ils trouvent la solution, soit on va aussi, nous, apporter nos solutions. Mais attendez, vous ne pouvez pas aller dans des entreprises où il y a des gens qui sont à un peu plus de 1 000 euros net par mois ou parfois moins quand ils sont à temps partiel, et de voir une grande entreprise, l'action a baissé en 2007 de moitié, ils n'ont rien versé aux actionnaires, mais la dirigeante, elle, se fait verser un golden parachute.
L. Mercadet : Il s'agit de P. Russo de Alcatel-Lucent, voilà, moi je balance.
Tout à fait, tout a fait ! De 6 millions d'euros.
L. Mercadet : Non mais on est d'accord, je vous demande concrètement quelle mesure ?
Et comment après je vais expliquer moi que la valeur travail ça doit être récompensée ? Alors, sur ces sujets-là notre politique doit, nous, à chaque fois porter la marque de la justice sociale mais aussi de réduire les injustices. L. Mercadet : Mais qu'est-ce que vous pouvez faire, l'Etat ? Je viens de vous le dire. Ils nous disent qu'ils sont sur le sujet...
L. Mercadet : ... taxer les stock-options, concrètement ?
Attendez, on va jusqu'au bout, ils nous disent qu'ils veulent régler le problème, alors qu'ils le règlent, et s'ils ne le font pas, nous maintenant on va le faire, voilà, tout simplement.
L. Mercadet : Nous, l'UMP.
Oui, l'UMP va faire des propositions.
L. Mercadet : Exemple ?
J'ai des idées en tête.
L. Mercadet : Ah, il ne veut pas nous le dire.
Alors, attendez, non vous êtes terrible ! Quand je vais plus loin que les partenaires sociaux, on me dit « vous allez trop loin », et quand on dit on leur donne effectivement la main pour en discuter, vous me le reprochez. Juste sur ce sujet, un tout petit peu de cohérence, c'est juste ce que je demande.
L. Mercadet : D'accord, un peu de patience.
Pas trop, ne vous inquiétez pas.
B. Toussaint : Le j'aime/'jaime pas, allons-y.
C. Roux : J'aime/j'aime pas ma note de ministre, votre note de ministre ?
Ma note de ministre ?
C. Roux : Oui, vous avez mention "passable".
B. Toussaint : Ah oui, c'est la fin du troisième trimestre.
Mais qui est-ce qui note là ?
C. Roux : Vous savez, c'est l'évaluation des ministres.
Mais qui est-ce qui note ?
L. Mercadet : C'est E. Besson.
C. Roux : C'est E. Besson. B. Toussaint : Le Parisien, cette fois-ci je ne me trompe pas.
Non, non, non, mais qui est-ce qui note parce que j'ai vu une note la semaine dernière, c'était France Soir, il y en a tous les jours.
C. Roux : Bon, alors, c'est quoi votre vraie note alors ?
J'en sais rien, mais qui est-ce qui note là, non mais concrètement ?
L. Mercadet : Le correcteur s'appelle E. Besson.
B. Toussaint : Non, non, c'est l'évaluation des ministres, ce n'est pas un journal.
Oui, mais qui est-ce qui l'a fait cette évaluation ?
B. Toussaint : C'est le Gouvernement lui-même, il me semble. Vous êtes au courant de ça quand même ?
Ah non, non, je vous assure.
B. Toussaint : Ah bon ?
C. Roux : Ah bon, vous n'êtes pas courant !
B. Toussaint : Vous n'avez pas une note, une feuille de route avec des objectifs à atteindre alors ?
Ah, je vous assure, non, non, parce que vous en avez tous les jours. Vendredi, il y avait France Soir, là aujourd'hui c'est Le Parisien mais c'est 'Le Parisien qui note ou c'est quelqu'un d'autre qui note ?
B. Toussaint : Non, non, vous n'avez pas compris.
Non, je n'ai pas compris.
B. Toussaint : C'est le travail qui a été annoncé en Conseil des ministres le 8 novembre dernier, vous savez, il s'agit de...
C. Roux : Evaluer les ministres.
B. Toussaint : Voilà, l'évaluation des ministres. C'est E. Besson qui s'occupe de ça.
C. Roux : Avec un cabinet privé.
Alors, j'en n'ai pas encore parlé avec E. Besson.
B. Toussaint : Vous êtes passable.
Passable ! Mais si je ne me trompe pas...
B. Toussaint : ... il va falloir aller au rattrapage, à mon avis.
C. Roux : En fait, c'est ça, ça ne lui plait pas, « passable », ça ne lui va pas du tout.
Bruce, décidément, ce n'est pas tout à fait marqué ça sous le titre.
B. Toussaint : Si, « mention passable ».
Non, un peu au-dessus.
L. Mercadet : Assez bien ?
Non, lisez au-dessus.
B. Toussaint : Ah, « encouragement ».
Voilà, non mais pourquoi vous dites.... Si vous voulez m'encourager, dites tout.
L. Mercadet : Ce n'est pas les félicitations non plus.
C. Roux : Pour le chouchou du Gouvernement, « passable », ça ne le fait pas, c'est simple.
Vous voulez que je vous dise, ministre du Travail y a du travail alors.
B. Toussaint : Oui, exactement.
C. Roux : C'est ça !
B. Toussaint : Bon, j'aime/j'aime pas l'album de Carla Bruni ?
Je ne l'ai pas encore entendu, ni écouté.
B. Toussaint : Non, vous n'avez pas encore eu la chance, parce que toute la presse a adoré, on va voir ça.
J'ai vu l'autre jour que sur « Les Guignols » j'étais dans un duo.
B. Toussaint : Oui, c'est vrai.
Ma marionnette était dans un duo, justement.
C. Roux : Elle vous plaît votre marionnette ?
Ah, elle me fait beaucoup rire, oui, ah elle me fait beaucoup rire. Vous ne trouvez pas vous ?
C. Roux : Moi, je l'adore, c'est ma préférée.
Vous êtes sincère ?
C. Roux : Oui.
Merci, Caroline.
C. Roux : J'aime/j'aime pas Jean Sarkozy président du groupe UMP des Hauts de Seine ?
Ah, j'aime bien.
C. Roux : Ah oui ? Il n'est pas trop pressé Jean Sarkozy ?
Ah, non, mais j'aime bien.
C. Roux : Pourquoi ?
Ah j'aime bien.
Parce que ça ne plaît pas à P. Devedjian, c'est pour ça que ça vous plaît à vous ?
Je n'aime pas cette remarque.
C. Roux : Parce qu'il s'appelle Sarkozy, c'est pour ça que vous aimez bien ?
Je vais vous dire une chose, il y a une nouvelle étape à l'UMP, je vous en ai parlé, ce sont aussi de nouveaux visages, il y a de nouveaux élus. J. Sarkozy c'est un nouveau conseiller général. Il y en a d'autres en France, et si on veut aussi donner ce nouveau visage de l'UMP, c'est aussi avec des nouveaux visages comme Jean.
B. Toussaint : Dernière question, vous avez lu Le Journal Du Dimanche ce week-end ?
Oui, j'ai lu Le Journal Du Dimanche ce week-end.
B. Toussaint : Le dossier sur les portables, vous avez été ministre de la Santé, les portables qui seraient déconseillés aux enfants. Est-ce qu'à l'époque où vous étiez ministre de la Santé, vous aviez déjà des bruits comme ça, des rumeurs, sur les dangers du portable ? Ca a inquiété beaucoup de monde, hier.
Non, parce que quand vous êtes ministre, vous ne devez pas être sur des bruits ou sur des rumeurs, il faut des études solides et sérieuses. Et moi, j'aimerais bien que les scientifiques nous disent concrètement ce qu'il faut en penser, et pas que certains nous disent. On avait lancé des études à l'époque. Après, la question qui s'était posée sur ces études c'est : est-ce qu'elles sont indépendantes, est-ce qu'elles donnent des précisions sûres pour aujourd'hui, pour demain, et pour après-demain ? Mais là, vous savez, comme vous voulez rassurer, il faut que ce soit le plus solide possible.
B. Toussaint : Merci beaucoup X. Bertrand, très bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16 juin 2008