Texte intégral
R. Sicard.- Comme ministre du Logement, vous êtes évidemment en première ligne après la tempête qui a ravagé le Sud-ouest de la France. Est-ce qu'il y a des mesures d'urgence qui vont être prises pour ceux qui ont perdu leur logement ou qui ont eu leur logement très endommagé ?
En ce qui concerne le Logement, le ministre du Logement est naturellement à l'entière disposition. S'il est nécessaire d'avoir des habitats d'urgence, on le fera, comme on l'a fait à Hautmont. Mais d'ores et déjà, le Premier ministre aujourd'hui va prendre une décision pour déclarer en catastrophe naturelle cette zone. Un « Monsieur Assurance » a été désigné aussi, comme à Hautmont - et ça a été très important - pour faciliter les relations entre les personnes sinistrées et les assureurs, donc je pense que tout est fait... l'électricité, EDF, tout ça, se met en route et moi je voudrais simplement saluer ces personnes qui ont subi cette tempête, parce que c'est très angoissant le vent. C'est très très angoissant, il y a même des traumatismes psychiques qui peuvent...
Vous parliez des assurances, les assureurs joueront le jeu, il y aura des délais qui seront accordés ?
Oui. Oui, oui, je suis convaincue que les assureurs... Ils ont toujours été présents et ils le seront ici, et le « Monsieur Assurance » - ou la « Dame Assurance » - qui va être désigné(e) permettra une bonne réponse, oui.
Alors, aujourd'hui, il y a la loi sur le logement qui va être discutée à l'Assemblée nationale...
Oui, enfin.
Vous dites « enfin », parce qu'elle a déjà été discutée au Sénat, c'était au mois d'octobre, ça fait longtemps.
Oui, absolument.
Ça fait beaucoup de temps. C'est une loi qui fait polémique, notamment sur un point, parce que les locataires disent que l'Etat se désengage de la politique du logement, il y aura d'ailleurs une manifestation tout à l'heure devant l'Assemblée nationale.
Oui, je crois que la liberté de manifester est un droit fondamental en France, mais encore faudrait-il qu'ils sachent, parce que, si j'ai bien compris, ils reprochent que nous n'ayons pas suffisamment de moyens. Mais ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui avec le Plan de relance, la problématique n'est pas là. Nous avons parfaitement l'argent, maintenant, puisque 1,8 milliard supplémentaire au budget initial a été rallongé, et il s'agit pour moi de les consommer. Et moi, j'appelle tous les professionnels, tous les partenaires, les élus, les Français, à s'engager pour la construction, car vous savez, la construction c'est de l'emploi. Un logement construit, c'est deux emplois. Donc, aujourd'hui, moi, j'ai les financements, ce qui n'était pas le cas en septembre... au mois d'octobre, quand ça a été étudié au Sénat, j'étais beaucoup plus contrainte. Mais aujourd'hui, grâce à la décision du président de la République, qui est de faire que le logement participe à la relance, il y a effectivement des moyens.
Justement, est-ce que ces nouveaux crédits liés au Plan de relance, ça peut permettre de sortir de la crise de l'immobilier ?
Bien sûr que ça facilitera. Il y a beaucoup de mesures qui ont été prises et qui doivent permettre la construction, en particulier par le développement du Pass-Foncier - alors, ça devient un peu technique, mais l'accession sur...
Un petit peu. Un petit peu.
L'accession sociale à la propriété, pour les appartements, ce qui n'existait pas jusqu'à présent, la TVA à 5,5, le doublement du prêt à taux zéro, enfin, toutes ces mesures-là sont des mesures incitatrices à la construction, bien sûr.
Il y a une autre critique qui est faite à la loi, c'est la modification possible de ce que l'on appelle la loi SRU, loi de solidarité urbaine, qui oblige les communes à financer 20 % de logement social. Vous vouliez l'assouplir, justement, en mettant dedans l'accession à la propriété. Idée abandonnée ou pas ?
Je ne voulais pas l'assouplir, je voulais simplement répondre aux engagements du président de la République, qui est de favoriser les Français à devenir propriétaire. Les Français ont envie de devenir propriétaires, c'était cette façon. J'ai bien entendu - je ne suis pas sourde, je ne suis pas aveugle - j'ai bien entendu la polémique qui était autour de tout cela. Personnellement, je plaide pour la pacification et donc j'espère, les derniers arbitrages ne sont pas encore tout à fait aboutis, mais je souhaite, pour ma part, que l'on ne touche pas du tout à cet article lors de la discussion. C'est une loi très importante, c'est une loi de réforme, c'est une loi qui bouscule beaucoup de choses, et je souhaite que l'on regarde au fond et qu'on ne se focalise pas sur quelque chose qui, en réalité, est assez secondaire.
Donc, vous nous dites ce matin : il n'y aura pas de modification de cette loi de solidarité urbaine.
Je vous dis : j'attends les tout derniers arbitrages.
Ce n'est pas fait.
Ça va être fait d'ici ce soir.
Dans cette loi il y a aussi des dispositions qui sont prises contre l'habitat indigne. Qu'est-ce qui va être fait, concrètement, sur ce point ?
Vous savez, moi, je fais la traque contre les marchands de sommeil, parce que je trouve inadmissible qu'au motif qu'il n'y a pas suffisamment de logements aujourd'hui, en France, il y a des gens qui abusent par rapport à des gens pauvres et leur proposent des logements insupportables, indignes. Donc, il n'y avait pas de définition juridique de l'habitat indigne, et les marchands de sommeil utilisaient cela pour faire des abus de procédures. Donc, dans la loi, il va y avoir une définition juridique de l'habitat indigne.
Mais cette année, par exemple, il y aura combien de logements nouveaux qui seront créés ?
Dans la période de crise, c'est toujours le logement social qui s'en sort mieux et là, eh bien j'ai de l'ordre de 200 000 logements que je peux financer. Maintenant, le problème est de les faire sortir de terre. C'est un autre sujet. Parce que vous savez, faire sortir un logement, ça veut dire qu'il y ait quelqu'un qui veuille, il faut trouver un élu, il faut trouver un terrain, les financements sont là, il faut la promotion construction, il faut mettre tout ce petit monde là ensemble, pour que ça sorte et ce n'est pas si simple.
On parlait de l'accession à la propriété, la mesure phare c'est la maison à 15 euros par jour, il y en aura combien cette année ?
Normalement, nous en avons 30 000 financées, j'en avais 20 000 - c'est-à-dire, pas uniquement la maison, mais la maison et l'appartement - j'avais 20 000 qui étaient financés dans le budget initial. Le président de la République a rajouté 10 000, j'ai donc 30 000 aujourd'hui qui sont possibles, en 2009.
Dans le remaniement ministériel, F. Amara a quitté votre tutelle, elle est passée sous celle de B. Hortefeux. Il y avait incompatibilité d'humeur entre vous deux ?
Pas aussi importante que ce que l'on voulait bien dire. Nous nous respections toutes les deux. Personnellement, on s'est même fait un cadeau, ce n'est pas très courant, lorsque nous nous sommes séparées. Mais ce qui est plus important, c'est que, si vous voulez, depuis que je suis ministre du Logement, je souhaitais que la rénovation urbaine, ce soit bien sûr la reconstruction, mais également du social. Et en réalité...
Alors, la rénovation urbaine, elle part avec F. Amara, chez B. Hortefeux, ou pas ?
Non. Non, elle va être partagée entre justement... l'aspect social sera chez monsieur Hortefeux et l'aspect logement sera chez moi. C'est donc une co-tutelle qu'il y aura entre... en ce qui concerne l'ANRU.
Sur un plan plus politique, vous avez un mouvement à l'intérieur de l'UMP, un mouvement, un forum social. Oui. Est-ce que l'UMP c'est assez social, à votre goût ?
Ecoutez, moi, j'ai un tropisme fort du côté social. La fragilité a toujours été le moteur de mon engagement politique. Le Forum des Républicains sociaux, qui va samedi prochain se réunir en convention numérique - c'est-à-dire que décentralisé, par voie d'Internet, on va renouveler nos statuts et nos équipes dirigeantes, où je suis toujours candidate - va avoir un deuxième nom : « Forum des Républicains sociaux » et « Démocratie Chrétienne Sociale », car je pense qu'aujourd'hui, dans la crise dans laquelle nous sommes, il est important de dire ce que l'on est.
Mais, est-ce que vous avez le sentiment qu'à l'UMP, c'est suffisamment social ou pas ? Je repose ma question.
Oui, je vois. Je pense que l'on peut faire des efforts.
Il y a mieux à faire ?
Je pense que l'on peut toujours faire des efforts, oui, absolument.
Merci C. Boutin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 janvier 2009
En ce qui concerne le Logement, le ministre du Logement est naturellement à l'entière disposition. S'il est nécessaire d'avoir des habitats d'urgence, on le fera, comme on l'a fait à Hautmont. Mais d'ores et déjà, le Premier ministre aujourd'hui va prendre une décision pour déclarer en catastrophe naturelle cette zone. Un « Monsieur Assurance » a été désigné aussi, comme à Hautmont - et ça a été très important - pour faciliter les relations entre les personnes sinistrées et les assureurs, donc je pense que tout est fait... l'électricité, EDF, tout ça, se met en route et moi je voudrais simplement saluer ces personnes qui ont subi cette tempête, parce que c'est très angoissant le vent. C'est très très angoissant, il y a même des traumatismes psychiques qui peuvent...
Vous parliez des assurances, les assureurs joueront le jeu, il y aura des délais qui seront accordés ?
Oui. Oui, oui, je suis convaincue que les assureurs... Ils ont toujours été présents et ils le seront ici, et le « Monsieur Assurance » - ou la « Dame Assurance » - qui va être désigné(e) permettra une bonne réponse, oui.
Alors, aujourd'hui, il y a la loi sur le logement qui va être discutée à l'Assemblée nationale...
Oui, enfin.
Vous dites « enfin », parce qu'elle a déjà été discutée au Sénat, c'était au mois d'octobre, ça fait longtemps.
Oui, absolument.
Ça fait beaucoup de temps. C'est une loi qui fait polémique, notamment sur un point, parce que les locataires disent que l'Etat se désengage de la politique du logement, il y aura d'ailleurs une manifestation tout à l'heure devant l'Assemblée nationale.
Oui, je crois que la liberté de manifester est un droit fondamental en France, mais encore faudrait-il qu'ils sachent, parce que, si j'ai bien compris, ils reprochent que nous n'ayons pas suffisamment de moyens. Mais ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui avec le Plan de relance, la problématique n'est pas là. Nous avons parfaitement l'argent, maintenant, puisque 1,8 milliard supplémentaire au budget initial a été rallongé, et il s'agit pour moi de les consommer. Et moi, j'appelle tous les professionnels, tous les partenaires, les élus, les Français, à s'engager pour la construction, car vous savez, la construction c'est de l'emploi. Un logement construit, c'est deux emplois. Donc, aujourd'hui, moi, j'ai les financements, ce qui n'était pas le cas en septembre... au mois d'octobre, quand ça a été étudié au Sénat, j'étais beaucoup plus contrainte. Mais aujourd'hui, grâce à la décision du président de la République, qui est de faire que le logement participe à la relance, il y a effectivement des moyens.
Justement, est-ce que ces nouveaux crédits liés au Plan de relance, ça peut permettre de sortir de la crise de l'immobilier ?
Bien sûr que ça facilitera. Il y a beaucoup de mesures qui ont été prises et qui doivent permettre la construction, en particulier par le développement du Pass-Foncier - alors, ça devient un peu technique, mais l'accession sur...
Un petit peu. Un petit peu.
L'accession sociale à la propriété, pour les appartements, ce qui n'existait pas jusqu'à présent, la TVA à 5,5, le doublement du prêt à taux zéro, enfin, toutes ces mesures-là sont des mesures incitatrices à la construction, bien sûr.
Il y a une autre critique qui est faite à la loi, c'est la modification possible de ce que l'on appelle la loi SRU, loi de solidarité urbaine, qui oblige les communes à financer 20 % de logement social. Vous vouliez l'assouplir, justement, en mettant dedans l'accession à la propriété. Idée abandonnée ou pas ?
Je ne voulais pas l'assouplir, je voulais simplement répondre aux engagements du président de la République, qui est de favoriser les Français à devenir propriétaire. Les Français ont envie de devenir propriétaires, c'était cette façon. J'ai bien entendu - je ne suis pas sourde, je ne suis pas aveugle - j'ai bien entendu la polémique qui était autour de tout cela. Personnellement, je plaide pour la pacification et donc j'espère, les derniers arbitrages ne sont pas encore tout à fait aboutis, mais je souhaite, pour ma part, que l'on ne touche pas du tout à cet article lors de la discussion. C'est une loi très importante, c'est une loi de réforme, c'est une loi qui bouscule beaucoup de choses, et je souhaite que l'on regarde au fond et qu'on ne se focalise pas sur quelque chose qui, en réalité, est assez secondaire.
Donc, vous nous dites ce matin : il n'y aura pas de modification de cette loi de solidarité urbaine.
Je vous dis : j'attends les tout derniers arbitrages.
Ce n'est pas fait.
Ça va être fait d'ici ce soir.
Dans cette loi il y a aussi des dispositions qui sont prises contre l'habitat indigne. Qu'est-ce qui va être fait, concrètement, sur ce point ?
Vous savez, moi, je fais la traque contre les marchands de sommeil, parce que je trouve inadmissible qu'au motif qu'il n'y a pas suffisamment de logements aujourd'hui, en France, il y a des gens qui abusent par rapport à des gens pauvres et leur proposent des logements insupportables, indignes. Donc, il n'y avait pas de définition juridique de l'habitat indigne, et les marchands de sommeil utilisaient cela pour faire des abus de procédures. Donc, dans la loi, il va y avoir une définition juridique de l'habitat indigne.
Mais cette année, par exemple, il y aura combien de logements nouveaux qui seront créés ?
Dans la période de crise, c'est toujours le logement social qui s'en sort mieux et là, eh bien j'ai de l'ordre de 200 000 logements que je peux financer. Maintenant, le problème est de les faire sortir de terre. C'est un autre sujet. Parce que vous savez, faire sortir un logement, ça veut dire qu'il y ait quelqu'un qui veuille, il faut trouver un élu, il faut trouver un terrain, les financements sont là, il faut la promotion construction, il faut mettre tout ce petit monde là ensemble, pour que ça sorte et ce n'est pas si simple.
On parlait de l'accession à la propriété, la mesure phare c'est la maison à 15 euros par jour, il y en aura combien cette année ?
Normalement, nous en avons 30 000 financées, j'en avais 20 000 - c'est-à-dire, pas uniquement la maison, mais la maison et l'appartement - j'avais 20 000 qui étaient financés dans le budget initial. Le président de la République a rajouté 10 000, j'ai donc 30 000 aujourd'hui qui sont possibles, en 2009.
Dans le remaniement ministériel, F. Amara a quitté votre tutelle, elle est passée sous celle de B. Hortefeux. Il y avait incompatibilité d'humeur entre vous deux ?
Pas aussi importante que ce que l'on voulait bien dire. Nous nous respections toutes les deux. Personnellement, on s'est même fait un cadeau, ce n'est pas très courant, lorsque nous nous sommes séparées. Mais ce qui est plus important, c'est que, si vous voulez, depuis que je suis ministre du Logement, je souhaitais que la rénovation urbaine, ce soit bien sûr la reconstruction, mais également du social. Et en réalité...
Alors, la rénovation urbaine, elle part avec F. Amara, chez B. Hortefeux, ou pas ?
Non. Non, elle va être partagée entre justement... l'aspect social sera chez monsieur Hortefeux et l'aspect logement sera chez moi. C'est donc une co-tutelle qu'il y aura entre... en ce qui concerne l'ANRU.
Sur un plan plus politique, vous avez un mouvement à l'intérieur de l'UMP, un mouvement, un forum social. Oui. Est-ce que l'UMP c'est assez social, à votre goût ?
Ecoutez, moi, j'ai un tropisme fort du côté social. La fragilité a toujours été le moteur de mon engagement politique. Le Forum des Républicains sociaux, qui va samedi prochain se réunir en convention numérique - c'est-à-dire que décentralisé, par voie d'Internet, on va renouveler nos statuts et nos équipes dirigeantes, où je suis toujours candidate - va avoir un deuxième nom : « Forum des Républicains sociaux » et « Démocratie Chrétienne Sociale », car je pense qu'aujourd'hui, dans la crise dans laquelle nous sommes, il est important de dire ce que l'on est.
Mais, est-ce que vous avez le sentiment qu'à l'UMP, c'est suffisamment social ou pas ? Je repose ma question.
Oui, je vois. Je pense que l'on peut faire des efforts.
Il y a mieux à faire ?
Je pense que l'on peut toujours faire des efforts, oui, absolument.
Merci C. Boutin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 janvier 2009