Texte intégral
Le Traité de Nice demeure nécessaire aux yeux de tous, de par les améliorations qu'il apporte et pour pouvoir poursuivre l'élargissement. Le vote irlandais ne remet pas en cause notre volonté de le ratifier dans les délais, avant la fin 2002. Il n'y a aucune raison de rouvrir la discussion - les autorités irlandaises ne le demandent pas`- et nous poursuivrons naturellement les négociations sur l'élargissement avec intensité. Chacun espère que les autorités irlandaises, une fois passé un délai nécessaire d'analyse et de réflexion, pourront refaire un référendum dans de meilleures conditions.
Q - N'est-il pas dangereux de limiter ce vote irlandais à un "incident de parcours" ?
R - Cela serait beaucoup plus préoccupant si ce vote était intervenu deux mois avant la fin du délai, ou s'il y avait eu un taux de participation de 80 %. Mais le "non" l'a emporté avec une courte majorité et un taux de participation de 32 %. Cela signifie que 16 % du corps électoral irlandais a voté contre le Traité de Nice. Or depuis son adhésion l'Irlande a toujours été très favorable à l'Europe. Je crois donc qu'il y a une majorité dormante qui ne s'est pas exprimée parce qu'elle considérait que la ratification allait de soi.
Q - Pourtant, depuis 1979, date des premiers scrutins européens, l'abstention est en constante augmentation?
R - C'est hélas vrai pour tous les scrutins, dans toutes les démocraties ultra-développées.
Q - Donc, cette abstention irlandaise ne vous interpelle pas ?
R - Si, elle est regrettable.
Q - N'est-elle pas la conséquence du fameux "déficit démocratique" des institutions européennes ?
R - Je ne le crois pas. On ne peut pas parler de déficit démocratique à propos d'un traité négocié au vu de tous par des gouvernements démocratiques ! Il ne faut pas se tromper d'explication. Je le répète : 16 % des électeurs que le traité allait trop loin, la majorité, sans doute favorable, s'est laissée surprendre. C'est ce problème qu'il faut traiter.
Q - Mais le Premier ministre irlandais Bertie Ahern n'a-t-il pas stigmatisé "un sentiment très répandu de rupture entre les citoyens et les institutions de l'Union" ?
R - Ce sentiment existe, mais rupture entre les institutions et ceux qui trouvent que l'Europe va trop loin ? Ou ceux qui trouvent qu'elle ne va pas assez loin ? Ce n'est pas la même chose. De plus, ratifier le Traité de Nice permet d'aborder le débat sur l'avenir de l'Europe, le rendez-vous de 2004, et de préparer une répartition plus claire des pouvoirs au sein de l'Europe.
Q - Après la tournée européenne du président Bush, n'avez-vous pas le sentiment que les Européens ont assoupli leurs positions sur le projet américain de bouclier anti-missiles ?
R - C'est vrai dans le ton. Il n'y a pas de croisade véhémente contre le projet du président Bush - qui a d'ailleurs insisté sur l'aspect défensif de sa stratégie - mais il est difficile de dire si c'est lié à une baisse des préventions ou à un scepticisme croissant. Car tout le monde voit bien que ce projet reste hypothéqué par beaucoup d'interrogations. Personne n'est tout à fait sûr de sa faisabilité, de son financement, ni de l'adhésion du Sénat américain. On a donc compris en Europe qu'il ne s'agit pas de quelque chose d'imminent.
Q - Sur l'environnement, en revanche, le différend est plus immédiat et plus brutal...
R - Sur ce sujet, il n'a pas bougé. Il ne ratifiera pas Kyoto. Il a même rappelé que sous Bill Clinton, 95 sénateurs américains sur 100 avaient dit qu'ils ne le ratifieraient pas, et qu'aucun pays n'arrivait de toute façon à appliquer les engagements pris. L'approche globalement unilatéraliste de cette administration, très rebelle à de nouveaux engagements multilatéraux interdit de se faire trop d'illusions sur ce point. Il a quand même dit qu'il fallait lutter contre l'effet de serre par de nouvelles mesures. Si on veut être positif, on peut dire qu'il ne conteste pas l'existence du problème.
Q - A quoi bon alors ratifier ce Traité puisqu'il est rejeté par le principal pollueur ?
R - Parce qu'abandonner Kyoto serait se retrouver dans le vide et traduirait un fatalisme que les Européens refusent. S'il est imparfait, on peut l'améliorer et le compléter, il y a une réunion à Bonn dans quelques temps. Il a d'ailleurs été décidé ici que des experts européens et américains allaient travailler d'arrache-pied pour qu'elle n'aboutisse pas à un échec. Espérons qu'il s'agit d'un début d'acceptation par les Américains de leurs responsabilités dans ce domaine.
Q - L'Otan doit répondre mercredi aux demandes du gouvernement de Skopje, pensez-vous que l'Alliance doit déployer des soldats en Macédoine ?
R - On n'en est pas là. Certes, l'Otan peut se voir confier des missions en Macédoine. Mais il faut un double engagement, militaire et politique, Otan et UE. La mission de Javier Solana est essentielle. Nous avons décidé que sous son autorité, un envoyé spécial permanent de l'UE irait à Skopje pour faciliter l'accord politique entre les Macédoniens.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 juin 2001)
Q - N'est-il pas dangereux de limiter ce vote irlandais à un "incident de parcours" ?
R - Cela serait beaucoup plus préoccupant si ce vote était intervenu deux mois avant la fin du délai, ou s'il y avait eu un taux de participation de 80 %. Mais le "non" l'a emporté avec une courte majorité et un taux de participation de 32 %. Cela signifie que 16 % du corps électoral irlandais a voté contre le Traité de Nice. Or depuis son adhésion l'Irlande a toujours été très favorable à l'Europe. Je crois donc qu'il y a une majorité dormante qui ne s'est pas exprimée parce qu'elle considérait que la ratification allait de soi.
Q - Pourtant, depuis 1979, date des premiers scrutins européens, l'abstention est en constante augmentation?
R - C'est hélas vrai pour tous les scrutins, dans toutes les démocraties ultra-développées.
Q - Donc, cette abstention irlandaise ne vous interpelle pas ?
R - Si, elle est regrettable.
Q - N'est-elle pas la conséquence du fameux "déficit démocratique" des institutions européennes ?
R - Je ne le crois pas. On ne peut pas parler de déficit démocratique à propos d'un traité négocié au vu de tous par des gouvernements démocratiques ! Il ne faut pas se tromper d'explication. Je le répète : 16 % des électeurs que le traité allait trop loin, la majorité, sans doute favorable, s'est laissée surprendre. C'est ce problème qu'il faut traiter.
Q - Mais le Premier ministre irlandais Bertie Ahern n'a-t-il pas stigmatisé "un sentiment très répandu de rupture entre les citoyens et les institutions de l'Union" ?
R - Ce sentiment existe, mais rupture entre les institutions et ceux qui trouvent que l'Europe va trop loin ? Ou ceux qui trouvent qu'elle ne va pas assez loin ? Ce n'est pas la même chose. De plus, ratifier le Traité de Nice permet d'aborder le débat sur l'avenir de l'Europe, le rendez-vous de 2004, et de préparer une répartition plus claire des pouvoirs au sein de l'Europe.
Q - Après la tournée européenne du président Bush, n'avez-vous pas le sentiment que les Européens ont assoupli leurs positions sur le projet américain de bouclier anti-missiles ?
R - C'est vrai dans le ton. Il n'y a pas de croisade véhémente contre le projet du président Bush - qui a d'ailleurs insisté sur l'aspect défensif de sa stratégie - mais il est difficile de dire si c'est lié à une baisse des préventions ou à un scepticisme croissant. Car tout le monde voit bien que ce projet reste hypothéqué par beaucoup d'interrogations. Personne n'est tout à fait sûr de sa faisabilité, de son financement, ni de l'adhésion du Sénat américain. On a donc compris en Europe qu'il ne s'agit pas de quelque chose d'imminent.
Q - Sur l'environnement, en revanche, le différend est plus immédiat et plus brutal...
R - Sur ce sujet, il n'a pas bougé. Il ne ratifiera pas Kyoto. Il a même rappelé que sous Bill Clinton, 95 sénateurs américains sur 100 avaient dit qu'ils ne le ratifieraient pas, et qu'aucun pays n'arrivait de toute façon à appliquer les engagements pris. L'approche globalement unilatéraliste de cette administration, très rebelle à de nouveaux engagements multilatéraux interdit de se faire trop d'illusions sur ce point. Il a quand même dit qu'il fallait lutter contre l'effet de serre par de nouvelles mesures. Si on veut être positif, on peut dire qu'il ne conteste pas l'existence du problème.
Q - A quoi bon alors ratifier ce Traité puisqu'il est rejeté par le principal pollueur ?
R - Parce qu'abandonner Kyoto serait se retrouver dans le vide et traduirait un fatalisme que les Européens refusent. S'il est imparfait, on peut l'améliorer et le compléter, il y a une réunion à Bonn dans quelques temps. Il a d'ailleurs été décidé ici que des experts européens et américains allaient travailler d'arrache-pied pour qu'elle n'aboutisse pas à un échec. Espérons qu'il s'agit d'un début d'acceptation par les Américains de leurs responsabilités dans ce domaine.
Q - L'Otan doit répondre mercredi aux demandes du gouvernement de Skopje, pensez-vous que l'Alliance doit déployer des soldats en Macédoine ?
R - On n'en est pas là. Certes, l'Otan peut se voir confier des missions en Macédoine. Mais il faut un double engagement, militaire et politique, Otan et UE. La mission de Javier Solana est essentielle. Nous avons décidé que sous son autorité, un envoyé spécial permanent de l'UE irait à Skopje pour faciliter l'accord politique entre les Macédoniens.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 juin 2001)