Texte intégral
C. Barbier.- M. Barnier bonjour... Plusieurs ports sont en déblocage provisoire, le temps des AG des pêcheurs ce matin. La crise va-t-elle se résoudre, êtes-vous optimiste ?
Je suis confiant dans la qualité du dialogue que nous avons eu hier, pendant près de quatre heures et demi avec les représentants des marins pêcheurs de cette zone du Nord et du Pas-de-Calais sur deux types de pêche d'ailleurs, celle du cabillaud et celle de la sole avec des problématiques assez différentes. Moi ce sont des hommes et des femmes que je respecte, que j'ai été heureux de retrouver dans une difficulté sérieuse, celle du droit à travailler et en même temps d'une ressource qui est globalement fragile et qu'il faut gérer avec précaution. Et donc je leur ai dit, je pense que ce message a été bien compris, que nous devions gérer cette situation pour les accompagner maintenant et puis modifier, changer un certain nombre de choses au niveau européen, et ça, cela demande un peu plus de temps.
Droit à travailler, mais vous allez les payer, 4 millions d'euros pour ne pas travailler justement ?
C'est une procédure européenne qui est celle prévue par les textes, de cette compensation, pendant le temps où ils ne pêchent pas, pour préserver une ressource que d'être payé, pendant quelques semaines seulement. S'agissant par exemple des pêcheurs de cabillaud, c'est jusqu'au 1er juillet, puisqu'au 1er juillet ils retrouvent un droit à pêcher.
Vous ont-ils piégé ? Ont-ils pêché tout ce qu'ils pouvaient, très très vite pour vous mettre en situation d'impasse ?
Non, je ne le crois pas, sincèrement. Voilà des hommes et des femmes qui ont du poisson devant chez eux - il se trouve qu'il y a une abondance de poissons là. Dans d'autres zones de la Manche Est ou de la Mer du Nord, il n'y a plus de cabillaud - enfin c'est ce que disent les scientifiques. Donc globalement les quotas, puisque nous parlons, C. Barbier, des quotas, c'est ça qui est en cause, ces quotas ils sont aussi faits pour préserver et pour protéger les pêcheurs dans la durée, dans la durée de leur travail. Si vous les faites sauter les quotas, comme j'entends certains dire : faites sauter la politique de la pêche européenne ! C'est de la folie, c'est de la folie pour la pêche artisanale. Parce que, qu'est-ce qui se passera si vous libéralisez tout le marché ? D'abord, nos pêcheurs ne pourront plus pêcher chez les autres. Nous avons des pêcheurs français qui vont en Irlande, qui vont en Espagne pêcher et nous avons intérêt à cette gestion commune. Et si vous libérez tout, si vous libéralisez tout, ce sont de grandes sociétés multinationales financières qui vont venir détruire la pêche française et détruite la pêche artisanale. Et je mets en garde les pêcheurs qui entendent ce discours un peu démagogique de certains hommes politiques en ce moment. Gardons les régulations, c'est notre intérêt en tant que pêcheurs et en tant que Français, vis-à-vis de la pêche artisanale et ce qu'elle représente sur les côtes françaises.
Puisque le poisson abonde devant les côtes, pourquoi ne pas autoriser des dépassements de quotas, à titre d'avance si j'ose dire sur le second semestre, voire sur 2010 ?
Mais parce que, cela ne résoudrait pas les choses dans la durée. Les quotas sont attribués d'une année sur l'autre. Vous avez raison sur un point, moi j'ai demandé à la Commission européenne de gérer sur plusieurs années. Et nous avons obtenu pendant la Présidence française où je présidais le Conseil des ministres, par exemple sur plusieurs espèces en eaux profondes, comme le sabre ou l'empereur, on a obtenu une gestion pluriannuelle des quotas, pour que les pêcheurs qui ont le droit de savoir de quoi demain sera fait, puissent gérer sur plusieurs années. Donc ça, c'est une réforme, le président de la République à Boulogne avait demandé que l'on commence à modifier la gestion des quotas de pêche et on a commencé de le faire dans ce sens là.
Le président de la République, vous le dites, était allé à Boulogne ; il était allé dans les crises précédentes aussi à Saint-Malo. Lui demandez-vous d'aller, de retourner à Dunkerque, à Boulogne pour rencontrer les pêcheurs ?
Le président de la République, sa porte est toujours ouverte, comme la mienne est toujours ouverte. Moi j'étais à Saint-Malo, précisément la semaine dernière sur un autre sujet qui intéresse les marins pêcheurs et toute la société... Le métier de marin pêcheur est l'un des plus dangereux, sinon le plus dangereux dans notre société. Il y a 20 marins pêcheurs qui perdent la vie en mer chaque année. Et la semaine dernière j'ai lancé un programme que j'avais promis et que je veux faire, d'équipement de tous les marins pêcheurs, 24 000 marins pêcheurs, d'une balise individuelle dans le cas où ils tombent en mer pendant leur travail.
Avez-vous mal négocié les quotas français à Bruxelles, avez-vous été enfumé par les scientifiques ou les écolos qui vous disent : oh, là, là, il n'y a plus de poissons !
L'avenir dira, ce n'est pas à moi de juger si j'ai fait bien ou mal mon travail. Je crois l'avoir fait en conscience. Je veux rappeler que sur le cabillaud nous avons obtenu plus 30 % de quota cette année, j'avais obtenu plus 25 % l'année d'avant, alors que pendant toutes les années précédentes, il n'y avait pas eu d'augmentations et au contraire des diminutions. Alors elles ne sont pas suffisantes, c'est toujours un équilibre, très important, qu'il faut expliquer entre la ressource halieutique, qui est fragile mais renouvelable - et quelquefois il faut prendre le temps qu'elle se renouvelle - et puis l'activité économique, le droit au travail des hommes et des femmes avec des scientifiques, avec des associations écologistes, avec une Commission européenne. Donc nous sommes tous autour de la table. Je pense que l'on a négocié durement, les pêcheurs d'ailleurs étaient à mes côtés et ont vu comment nous avons travaillé cette année et dans de meilleures conditions que l'année précédente.
P. de Villiers, ce matin sur RTL vous accuse, accuse le Gouvernement d'avoir échangé en fait peu de pêche pour les Français contre le gaz norvégien. Parce que les Norvégiens eux, ils prennent 450 000 tonnes de cabillaud, contre 35 000 tonnes pour toute l'Europe, toute l'Union européenne.
Mais vous avez là, en Islande et en Norvège, d'immenses pays de pêche, donc on a intérêt à discuter avec eux, à trouver un accord avec eux.
Gaz contre cabillaud ?
Non, franchement, moi je pense que les Français en général et les pêcheurs en particulier sont plus intelligents que monsieur de Villiers ne le croit. Ils savent qu'on a besoin d'une politique commune des pêches, qu'on a besoin de négocier avec les autres, sinon c'est la loi de la jungle, sinon, c'est chacun pour soi. Et encore une fois, ce que dit monsieur de Villiers conduit tout droit au chacun pour soi, au nationalisme ou au repli et à l'arrivée sur nos côtes de très grandes sociétés qui vont tout acheter, à la disparition de la pêche artisanale. Voilà le débat et je vais le poser comme cela dans les mois qui viennent : oui ou non, voulons-nous garder une pêche artisanale ? Si c'est oui, il faut garder des régulations européennes.
Vous voulez faire du troc de quotas avec d'autres pays qui n'ont pas encore utilisé leurs quotas de pêche. Lesquels répondent à l'appel ?
Nous faisons du troc, des échanges de quotas régulièrement, avec l'Espagne par exemple pour des pêcheurs plus au sud dans le Golfe de Gascogne. Là, nous allons négocier comme chaque année, l'année dernière j'ai obtenu 400 tonnes de soles par exemple avec des pays riverains, de la zone de Mer du Nord ou de Manche Est. Et donc nous sommes en train de négocier et ça c'est une réponse aux « fileyeurs », à ceux qui attendent de pouvoir pêcher la sole. Je suis en train, dans les jours qui viennent, d'obtenir des quotas de pêche supplémentaires. Non pas de la Commission européenne, qui les a déjà distribués, mais d'autres pays qui peuvent les échanger avec nous.
Le jour où il y a cette crise sur la sole et le cabillaud, patatras, on apprend que sur le thon, la campagne va être réduite en Méditerranée de 15 jours, de 3 000 tonnes, c'est une provocation de l'Europe non ?
Non, c'est là aussi le même souci de trouver le bon équilibre entre la gestion d'une ressource fragile - on sait que le thon rouge est fragile. Voilà pourquoi, globalement on a diminué de 29 000 à 22 000 tonnes le quota de pêche au thon rouge en Méditerranée. La pêche commence entre le 15 avril et le 15 juin et en même temps, équilibre entre cette ressource qui est fragile, qu'il faut gérer avec précaution et l'activité économique. Et je veux dire un coup de chapeau aux pêcheurs français, aux thoniers... qui sont clairement responsables, qui mutualisent leur quota. D'ailleurs il y aura des observateurs sur chaque bateau, nous gérons, la France gère avec beaucoup de rigueur cette pêche aux thons rouges.
Cette crise de la pêche va-t-elle vous empêcher de quitter le ministère de l'Agriculture rapidement pour mener votre campagne européenne, cela diffère votre départ ?
Moi je fais mon travail jusqu'au dernier jour, je le fais à 100 % de mon temps.
C'est quand le dernier jour ?
Le dernier jour, je l'ai toujours dit, cela sera quelques jours après le début du mois de mai ou avant le début du mois de mai. J'ai dit, un mois avant la campagne du 7 juin qui est une élection très importante pour tous les Français. L'élection des députés européens, elle est au moins aussi importante que celle des députés nationaux. Je veux être libre - je le dis en confiance avec le chef de l'Etat et donc. Il y aura continuité de l'Etat ; ce ministère est en ordre, il négocie à Bruxelles, il s'occupe des agriculteurs, des éleveurs, des viticulteurs, des pêcheurs ; et il y aura donc, continuité de l'Etat.
Et qui recommanderez-vous pour vous succéder- le Président va vous demander votre avis - alors c'est qui votre favori : c'est L. Chatel, M. Mercier, C. Boutin. H. Falco ?
C. Barbier, vous êtes un observateur suffisamment averti de la politique pour savoir que ce n'est pas un ministre, qui va passer le relais, qui doit s'occuper de son successeur, c'est le choix du président de la République.
Vous pouvez le conseiller quand même, vous avez votre préférence ?
S'il me demande mon opinion, je la donnerai, je la donnerai au président et au Premier ministre.
Vous avez un nom en tête quand même ?
J'ai des profils en tête, parce que ce ministère est un très grand ministère. Il n'est pas dans un coin, il n'est pas du passé ou dépassé, il est au coeur des enjeux de la société. On le voit, celui de l'alimentation, du sûr, traçable, de qualité, du modèle territorial avec des ports qui vivent, avec des territoires qui vivent. De l'écologie, de la recherche, de l'emploi, donc c'est un ministère formidable.
Pour la Commission européenne, votre candidat, c'est J. M. Barroso ?
Mais attendez que les électeurs aient voté !
Mais les chefs d'état en discutent déjà, ils ont leurs favoris ?
J. M. Barroso est un très bon Président, il est président sortant, il a fait du bon travail, dans des conditions difficiles. Je pense par exemple au paquet « énergie climat » qu'on lui doit. Mais d'abord, laissez voter les électeurs. La désignation du président de la Commission dépend du vote. Est-ce que le Parti populaire européen dont fait parti J. M. Barroso, dont je fais parti aussi, aura la majorité des voix ? Prenons les choses dans l'ordre, respectons le temps de la démocratie, voilà ce que je pense.
Un exemple de dossier dans la campagne : est-ce que comme candidat, vous vous engagerez à ce que jamais, il n'y ait du vin rosé issu de mélanges de blancs et de rouges sur les tables françaises, dans les magasins français ?
Mais moi, je suis décidé à préserver les vins traditionnels. Sauf qu'il y a 25 pays sur 27 qui veulent autoriser ce vin de coupage que je trouve insensé. Donc la Commission prend en compte cette demande de 25 pays européens sur 27. Donc pour l'instant, nous nous battons et j'ai obtenu qu'on obtienne un peu plus de temps pour réfléchir, pour discuter entre nous, pour convaincre. Et il y aura un vote je crois à la fin du mois de juin sur cette question d'un règlement d'application avec d'ailleurs d'autres mesures qui intéressent les viticulteurs français.
M. Barnier, merci, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 avril 2009
Je suis confiant dans la qualité du dialogue que nous avons eu hier, pendant près de quatre heures et demi avec les représentants des marins pêcheurs de cette zone du Nord et du Pas-de-Calais sur deux types de pêche d'ailleurs, celle du cabillaud et celle de la sole avec des problématiques assez différentes. Moi ce sont des hommes et des femmes que je respecte, que j'ai été heureux de retrouver dans une difficulté sérieuse, celle du droit à travailler et en même temps d'une ressource qui est globalement fragile et qu'il faut gérer avec précaution. Et donc je leur ai dit, je pense que ce message a été bien compris, que nous devions gérer cette situation pour les accompagner maintenant et puis modifier, changer un certain nombre de choses au niveau européen, et ça, cela demande un peu plus de temps.
Droit à travailler, mais vous allez les payer, 4 millions d'euros pour ne pas travailler justement ?
C'est une procédure européenne qui est celle prévue par les textes, de cette compensation, pendant le temps où ils ne pêchent pas, pour préserver une ressource que d'être payé, pendant quelques semaines seulement. S'agissant par exemple des pêcheurs de cabillaud, c'est jusqu'au 1er juillet, puisqu'au 1er juillet ils retrouvent un droit à pêcher.
Vous ont-ils piégé ? Ont-ils pêché tout ce qu'ils pouvaient, très très vite pour vous mettre en situation d'impasse ?
Non, je ne le crois pas, sincèrement. Voilà des hommes et des femmes qui ont du poisson devant chez eux - il se trouve qu'il y a une abondance de poissons là. Dans d'autres zones de la Manche Est ou de la Mer du Nord, il n'y a plus de cabillaud - enfin c'est ce que disent les scientifiques. Donc globalement les quotas, puisque nous parlons, C. Barbier, des quotas, c'est ça qui est en cause, ces quotas ils sont aussi faits pour préserver et pour protéger les pêcheurs dans la durée, dans la durée de leur travail. Si vous les faites sauter les quotas, comme j'entends certains dire : faites sauter la politique de la pêche européenne ! C'est de la folie, c'est de la folie pour la pêche artisanale. Parce que, qu'est-ce qui se passera si vous libéralisez tout le marché ? D'abord, nos pêcheurs ne pourront plus pêcher chez les autres. Nous avons des pêcheurs français qui vont en Irlande, qui vont en Espagne pêcher et nous avons intérêt à cette gestion commune. Et si vous libérez tout, si vous libéralisez tout, ce sont de grandes sociétés multinationales financières qui vont venir détruire la pêche française et détruite la pêche artisanale. Et je mets en garde les pêcheurs qui entendent ce discours un peu démagogique de certains hommes politiques en ce moment. Gardons les régulations, c'est notre intérêt en tant que pêcheurs et en tant que Français, vis-à-vis de la pêche artisanale et ce qu'elle représente sur les côtes françaises.
Puisque le poisson abonde devant les côtes, pourquoi ne pas autoriser des dépassements de quotas, à titre d'avance si j'ose dire sur le second semestre, voire sur 2010 ?
Mais parce que, cela ne résoudrait pas les choses dans la durée. Les quotas sont attribués d'une année sur l'autre. Vous avez raison sur un point, moi j'ai demandé à la Commission européenne de gérer sur plusieurs années. Et nous avons obtenu pendant la Présidence française où je présidais le Conseil des ministres, par exemple sur plusieurs espèces en eaux profondes, comme le sabre ou l'empereur, on a obtenu une gestion pluriannuelle des quotas, pour que les pêcheurs qui ont le droit de savoir de quoi demain sera fait, puissent gérer sur plusieurs années. Donc ça, c'est une réforme, le président de la République à Boulogne avait demandé que l'on commence à modifier la gestion des quotas de pêche et on a commencé de le faire dans ce sens là.
Le président de la République, vous le dites, était allé à Boulogne ; il était allé dans les crises précédentes aussi à Saint-Malo. Lui demandez-vous d'aller, de retourner à Dunkerque, à Boulogne pour rencontrer les pêcheurs ?
Le président de la République, sa porte est toujours ouverte, comme la mienne est toujours ouverte. Moi j'étais à Saint-Malo, précisément la semaine dernière sur un autre sujet qui intéresse les marins pêcheurs et toute la société... Le métier de marin pêcheur est l'un des plus dangereux, sinon le plus dangereux dans notre société. Il y a 20 marins pêcheurs qui perdent la vie en mer chaque année. Et la semaine dernière j'ai lancé un programme que j'avais promis et que je veux faire, d'équipement de tous les marins pêcheurs, 24 000 marins pêcheurs, d'une balise individuelle dans le cas où ils tombent en mer pendant leur travail.
Avez-vous mal négocié les quotas français à Bruxelles, avez-vous été enfumé par les scientifiques ou les écolos qui vous disent : oh, là, là, il n'y a plus de poissons !
L'avenir dira, ce n'est pas à moi de juger si j'ai fait bien ou mal mon travail. Je crois l'avoir fait en conscience. Je veux rappeler que sur le cabillaud nous avons obtenu plus 30 % de quota cette année, j'avais obtenu plus 25 % l'année d'avant, alors que pendant toutes les années précédentes, il n'y avait pas eu d'augmentations et au contraire des diminutions. Alors elles ne sont pas suffisantes, c'est toujours un équilibre, très important, qu'il faut expliquer entre la ressource halieutique, qui est fragile mais renouvelable - et quelquefois il faut prendre le temps qu'elle se renouvelle - et puis l'activité économique, le droit au travail des hommes et des femmes avec des scientifiques, avec des associations écologistes, avec une Commission européenne. Donc nous sommes tous autour de la table. Je pense que l'on a négocié durement, les pêcheurs d'ailleurs étaient à mes côtés et ont vu comment nous avons travaillé cette année et dans de meilleures conditions que l'année précédente.
P. de Villiers, ce matin sur RTL vous accuse, accuse le Gouvernement d'avoir échangé en fait peu de pêche pour les Français contre le gaz norvégien. Parce que les Norvégiens eux, ils prennent 450 000 tonnes de cabillaud, contre 35 000 tonnes pour toute l'Europe, toute l'Union européenne.
Mais vous avez là, en Islande et en Norvège, d'immenses pays de pêche, donc on a intérêt à discuter avec eux, à trouver un accord avec eux.
Gaz contre cabillaud ?
Non, franchement, moi je pense que les Français en général et les pêcheurs en particulier sont plus intelligents que monsieur de Villiers ne le croit. Ils savent qu'on a besoin d'une politique commune des pêches, qu'on a besoin de négocier avec les autres, sinon c'est la loi de la jungle, sinon, c'est chacun pour soi. Et encore une fois, ce que dit monsieur de Villiers conduit tout droit au chacun pour soi, au nationalisme ou au repli et à l'arrivée sur nos côtes de très grandes sociétés qui vont tout acheter, à la disparition de la pêche artisanale. Voilà le débat et je vais le poser comme cela dans les mois qui viennent : oui ou non, voulons-nous garder une pêche artisanale ? Si c'est oui, il faut garder des régulations européennes.
Vous voulez faire du troc de quotas avec d'autres pays qui n'ont pas encore utilisé leurs quotas de pêche. Lesquels répondent à l'appel ?
Nous faisons du troc, des échanges de quotas régulièrement, avec l'Espagne par exemple pour des pêcheurs plus au sud dans le Golfe de Gascogne. Là, nous allons négocier comme chaque année, l'année dernière j'ai obtenu 400 tonnes de soles par exemple avec des pays riverains, de la zone de Mer du Nord ou de Manche Est. Et donc nous sommes en train de négocier et ça c'est une réponse aux « fileyeurs », à ceux qui attendent de pouvoir pêcher la sole. Je suis en train, dans les jours qui viennent, d'obtenir des quotas de pêche supplémentaires. Non pas de la Commission européenne, qui les a déjà distribués, mais d'autres pays qui peuvent les échanger avec nous.
Le jour où il y a cette crise sur la sole et le cabillaud, patatras, on apprend que sur le thon, la campagne va être réduite en Méditerranée de 15 jours, de 3 000 tonnes, c'est une provocation de l'Europe non ?
Non, c'est là aussi le même souci de trouver le bon équilibre entre la gestion d'une ressource fragile - on sait que le thon rouge est fragile. Voilà pourquoi, globalement on a diminué de 29 000 à 22 000 tonnes le quota de pêche au thon rouge en Méditerranée. La pêche commence entre le 15 avril et le 15 juin et en même temps, équilibre entre cette ressource qui est fragile, qu'il faut gérer avec précaution et l'activité économique. Et je veux dire un coup de chapeau aux pêcheurs français, aux thoniers... qui sont clairement responsables, qui mutualisent leur quota. D'ailleurs il y aura des observateurs sur chaque bateau, nous gérons, la France gère avec beaucoup de rigueur cette pêche aux thons rouges.
Cette crise de la pêche va-t-elle vous empêcher de quitter le ministère de l'Agriculture rapidement pour mener votre campagne européenne, cela diffère votre départ ?
Moi je fais mon travail jusqu'au dernier jour, je le fais à 100 % de mon temps.
C'est quand le dernier jour ?
Le dernier jour, je l'ai toujours dit, cela sera quelques jours après le début du mois de mai ou avant le début du mois de mai. J'ai dit, un mois avant la campagne du 7 juin qui est une élection très importante pour tous les Français. L'élection des députés européens, elle est au moins aussi importante que celle des députés nationaux. Je veux être libre - je le dis en confiance avec le chef de l'Etat et donc. Il y aura continuité de l'Etat ; ce ministère est en ordre, il négocie à Bruxelles, il s'occupe des agriculteurs, des éleveurs, des viticulteurs, des pêcheurs ; et il y aura donc, continuité de l'Etat.
Et qui recommanderez-vous pour vous succéder- le Président va vous demander votre avis - alors c'est qui votre favori : c'est L. Chatel, M. Mercier, C. Boutin. H. Falco ?
C. Barbier, vous êtes un observateur suffisamment averti de la politique pour savoir que ce n'est pas un ministre, qui va passer le relais, qui doit s'occuper de son successeur, c'est le choix du président de la République.
Vous pouvez le conseiller quand même, vous avez votre préférence ?
S'il me demande mon opinion, je la donnerai, je la donnerai au président et au Premier ministre.
Vous avez un nom en tête quand même ?
J'ai des profils en tête, parce que ce ministère est un très grand ministère. Il n'est pas dans un coin, il n'est pas du passé ou dépassé, il est au coeur des enjeux de la société. On le voit, celui de l'alimentation, du sûr, traçable, de qualité, du modèle territorial avec des ports qui vivent, avec des territoires qui vivent. De l'écologie, de la recherche, de l'emploi, donc c'est un ministère formidable.
Pour la Commission européenne, votre candidat, c'est J. M. Barroso ?
Mais attendez que les électeurs aient voté !
Mais les chefs d'état en discutent déjà, ils ont leurs favoris ?
J. M. Barroso est un très bon Président, il est président sortant, il a fait du bon travail, dans des conditions difficiles. Je pense par exemple au paquet « énergie climat » qu'on lui doit. Mais d'abord, laissez voter les électeurs. La désignation du président de la Commission dépend du vote. Est-ce que le Parti populaire européen dont fait parti J. M. Barroso, dont je fais parti aussi, aura la majorité des voix ? Prenons les choses dans l'ordre, respectons le temps de la démocratie, voilà ce que je pense.
Un exemple de dossier dans la campagne : est-ce que comme candidat, vous vous engagerez à ce que jamais, il n'y ait du vin rosé issu de mélanges de blancs et de rouges sur les tables françaises, dans les magasins français ?
Mais moi, je suis décidé à préserver les vins traditionnels. Sauf qu'il y a 25 pays sur 27 qui veulent autoriser ce vin de coupage que je trouve insensé. Donc la Commission prend en compte cette demande de 25 pays européens sur 27. Donc pour l'instant, nous nous battons et j'ai obtenu qu'on obtienne un peu plus de temps pour réfléchir, pour discuter entre nous, pour convaincre. Et il y aura un vote je crois à la fin du mois de juin sur cette question d'un règlement d'application avec d'ailleurs d'autres mesures qui intéressent les viticulteurs français.
M. Barnier, merci, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 avril 2009