Déclaration de Mme Marie-Luce Penchard, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, sur les grandes orientations de la politique de l'Outre-mer ("l'unité dans la diversité"), à Paris le 13 juillet 2009.

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Texte intégral

Monsieur le Ministre, cher Brice,
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement
Mesdames Messieurs les Parlementaires
Mesdames Messieurs les Elus
Mesdames Messieurs
Chers amis
Je suis très heureuse de vous recevoir dans ce bel hôtel Montmorin qui abrite le Secrétariat d'Etat à l'Outre-mer. Nous sommes aujourd'hui rassemblés pour cette traditionnelle et chaleureuse fête du 14 juillet. J'aimerais vous rappeler que le Secrétariat d'Etat à l'Outre-mer est un grand ministère à l'histoire prestigieuse, riche de ses succès passés, fort de ses ambitions pour l'avenir. Ceux qui me connaissent un peu mieux savent que ce n'est pas sans une certaine émotion que je m'adresse à vous.
Je sais que cette nomination, au-delà de la fierté que je ressens, restera pour moi un moment intense de ma vie. Cette nomination restera dans l'histoire.
En effet, pour la première fois, un Président de la République, contre toute attente, a osé mettre un terme aux préjugés, en confiant à une ultramarine le portefeuille de l'Outre-mer.
C'est toujours un honneur de servir son pays, mais plus encore avec le symbole fort que je viens de rappeler.
C'est pourquoi, voyez-vous je mesure tous les jours avec beaucoup d'humilité que cette nomination n'est pas seulement la mienne. C'est aussi la vôtre. C'est celle de tous les ultra-marins.
Ensemble nous devons tout faire pour qu'elle soit couronnée de succès. Je sais pouvoir compter sur vous comme vous pouvez compter sur moi pour bâtir ce chemin de la réussite.
Je ne vais pas jusqu'à considérer qu'il y aura « un avant et un après » cette nomination historique... J'ai trop de respect pour l'action de tous ceux qui assurent avec dévouement cette fonction.
Ce qui m'importe aujourd'hui c'est de renouveler la relation entre la métropole et les Outres-mer.
Le Président de la République, lors de son déplacement aux Antilles, a non seulement, conféré un nouveau visage à ce ministère, mais il a surtout donné sa vision de l'Outre-mer. Il a dessiné une nouvelle ambition pour l'Outre-mer. En Martinique puis en Guadeloupe, il a rappelé avec force la nécessité de trouver un juste équilibre entre unité et singularité. Cet équilibre est à inventer. c'est dans cette direction que j'entends poursuivre ma réflexion. J'arrive à ce poste avec la volonté d'être à l'écoute. J'arrive à ce poste avec le désir d'être attentive et proche. C'est mon caractère. C'est ma nature. Je veux que notre relation soit bâtie sur des fondations solides, sur une confiance mutuelle. Ecoute, dialogue, et compréhension mutuelle avant toute prise de décision seront les éléments moteurs de mon action. Dans cet esprit, j'ai souhaité vous convier à cette soirée, placée sous le signe de la convivialité. Chers amis ultramarins, vous êtes ici chez vous ! Quel meilleur symbole que ce Secrétariat pour incarner la nature des relations qui unissent hexagone et Outre-mer ? C'est sur la diversité des outre-mer que je souhaite avant tout insister.
Aux Antilles, le Président de la République a tracé des perspectives déterminantes pour nos territoires français d'outre-mer. Il a délivré un message clair : la politique de l'Outre-mer conçue comme une ligne directrice unique et inflexible est désormais révolue. Place doit désormais être faite à une politique des outre-mer, reflet de la diversité des territoires.
Les évolutions institutionnelles, la décentralisation, la déconcentration, toutes ces grandes mutations de l'Etat doivent s'inscrire dans la meilleure prise en compte des spécificités locales. Ce qui est valable pour l'Hexagone doit l'être aussi pour les outre-mer. Quelle plus belle application de la devise européenne : « l'unité dans la diversité ». Il nous faut donc décliner au pluriel les grandes politiques nationales. Ainsi la récente loi sur le développement économique a été rebaptisée loi pour le développement économique des outre-mer. Ce n'est pas un simple effet de style. C'est tout simplement parce qu'un territoire ne ressemble pas à un autre. Je veux faire du "sur mesure" pour nos outre-mer. La Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion, sans oublier Mayotte, ont des contextes différents, des aspirations différentes. C'est la grandeur de notre République que de prendre en compte ces demandes d'adaptation.
C'est tout le sens de la démarche mise en oeuvre dans le cadre des Etats-Généraux. Envisager des évolutions institutionnelles, sociales, économiques ne signifie pas abandonner à elles-mêmes les populations ultramarines. Evolution ne veut pas dire abandon ! Lors de la crise violente et historique qu'ont traversée la Guadeloupe mais aussi la Martinique, j'ai nettement perçu chez nos compatriotes, non pas un rejet de l'Etat mais une demande d'Etat. J'ai constaté aussi une volonté forte de nos compatriotes Réunionnais de conserver leur modèle d'organisation territoriale. Leur attachement à la République demeure profond.
Cette demande d'Etat est essentielle. L'Etat doit être pleinement présent, sur ses missions fondamentales. Un Etat qui assure les grands équilibres au sein des sociétés ultra-marines. Un Etat qui est le garant impartial des lois et des règles. Un Etat qui veille au bon fonctionnement des services publics, dans la durée, de manière équilibrée, et sans à coups. C'est sur cette notion de présence de la République dans nos outre-mer qu'avec Brice Hortefeux, je compte m'investir plus particulièrement. Historiquement, la République a toujours été liée à l'émancipation et à la modernisation des Outres-mer. L'ordre républicain passe aussi par le bon fonctionnement des économies ultramarines. A coté de la crise économique mondiale, la crise sociale qui a frappé certains territoires ultramarins réclame un « nouvel ordre économique local », fondé sur la transparence et la libre concurrence. Je veux que mon action soit aussi axé sur des sujets qui font la préoccupation quotidienne des populations ultra-marines : l'éducation, la formation, la santé, le logement, l'emploi. C'est ma sensibilité. Ces grands enjeux de l'Outre-mer concernent plusieurs départements ministériels. Sur tous ces sujets, je ne veux pas enfermer les élus dans un dialogue bilatéral avec la Rue Oudinot.
Au contraire, une de mes priorités sera de favoriser l'ouverture de tous les ministères sur l'Outre-mer. Ce qui m'importe avant tout, c'est de rechercher les chemins de l'efficacité pour faire aboutir les projets. A cet égard, le Chef de l'Etat a demandé, lors du premier conseil des ministres du nouveau Gouvernement, à l'ensemble des ministres, de se mobiliser pour les Outres-mer.
La politique des Outres-mer ne se définit pas qu'au 27 de la rue Oudinot. La politique des Outres-mer se construit de façon collective ! Ainsi, dans le cadre du Grenelle de la mer, presque tous les sujets concernent l'outre-mer. L'outre-mer fait de notre pays le 2ème espace maritime mondial. Nous sommes la France des 3 océans.
De la Polynésie à Saint-Pierre-et-Miquelon, la mer est un formidable atout porteur de ressources essentielles : énergétiques, alimentaires, commerciales et touristiques. II appartient aux ultramarins de s'approprier la mer, de la protéger et de valoriser cette richesse. Outre, Jean-Louis Borloo, Chantal Jouanno ou Hervé Novelli, je compte rapidement proposer à mes collègues des rencontres pour faire le point de nos dossiers communs. Dans ce contexte, l'activité du ministère de l'outre-mer s'annonce particulièrement chargée dans les tout prochains mois. Les dossiers sont nombreux, passionnants et complexes. Dès ma prise de fonction, je me suis investie dans le projet de loi organique sur la Nouvelle-Calédonie et sur Mayotte.J'ai accompagné le Président de la République aux Antilles, et le Premier Ministre dans l'Océan Indien. Je me rendrai dans une semaine en Guyane et dans deux semaines en Nouvelle-Calédonie à l'occasion du sommet France - Océanie. Les chantiers sont nombreux. Par exemple, la question des carburants, la continuité territoriale. Sur ces sujets essentiels, les ultramarins attendent des réponses. Je me suis particulièrement mobilisée pour la mise en oeuvre du plan de Relance, dans toutes ses dimensions : notamment les aides aux entreprises en difficulté. Je veille à la poursuite du processus des Etats généraux de l'outre-mer. La phase de concertation locale s'achève fin juillet. La synthèse nationale se déroulera à Paris en septembre. Le conseil interministériel de l'outre-mer se tiendra à l'automne.
Je suis confiante sur la dynamique de ces Etats généraux. Ils représentent une opportunité dont nous devons tous nous saisir pour bâtir une politique ambitieuse et donner un nouvel élan pour nos territoires. Je sais l'ampleur de vos attentes et l'urgence de la situation. Des décisions importantes et essentielles seront prises. Avec le soutien, de mon ministre de tutelle, mon cher Brice, Vous pouvez compter sur mon engagement personnel et à ma détermination à mener à bien la mission qui m'a été confiée par le Président de la République. Pour ma part, je compte sur votre participation, car cette ambition en faveur d'une politique des outre-mer renouvelée ne pourra pas se faire sans vous !
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 15 juillet 2009