Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur Exécutif,
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi que de pouvoir m'exprimer ici et devant vous.
Honneur d'être ici, dans ce musée des civilisations, d'une beauté que la faiblesse des mots ne parvient pas à décrire. Un musée tapi de végétaux, comme pour mieux nous rappeler que c'est l'Homme qui s'inscrit dans la nature et non le contraire.
Honneur d'être avec vous, vous les pionniers de « Forest Trust » qui, depuis dix ans maintenant, luttent pour une gestion durable des forêts -notamment par une extension du schéma de certification FSC (Forest Stewardship Council).
Et je salue ici la collaboration fructueuse et intelligente qui vous unit à la Fondation Chirac depuis un an. Elle a permis de certifier 400.000 hectares supplémentaires dans le bassin du Congo qui compte désormais 5 millions d'hectares certifiés, contre à peine 40 000 hectares, il y a encore cinq ans...
Un honneur, enfin, de m'exprimer devant le Président Jacques Chirac. Votre souci, Monsieur le Président, de réveiller le monde sur l'état de notre planète -à l'instar de votre discours de Johannesburg- a été déterminant : rien ne pouvait continuer comme avant ; rien ne devait continuer comme avant. En faisant de la France un aiguillon pour une « alliance mondiale pour le développement durable », vous avez réveillé les dirigeants du monde de leur coupable torpeur. Ce combat, vous le continuez aujourd'hui au sein de votre Fondation ; et je voudrais vous dire combien notre pays peut s'enorgueillir de compter la Fondation Chirac parmi les plus actives sur la planète.
Beaucoup d'honneur... beaucoup de gravité, aussi... Surtout.
Dans son acception étymologique, l'écologie est « l'économie de la maison », c'est-à-dire la connaissance des êtres et des relations à leur milieu. L'écologie est faite d'intelligence et de savoir. Dans quel état est notre maison ?
« Elle brûle », lanciez-vous Monsieur le Président, à Johannesburg... Et bien l'incendie s'aggrave. Certes, jamais autant de grands noms ne se sont engagés. Mais jamais aussi les émissions de GES n'ont été aussi importantes. Nous avons le pire des scénarios. A Copenhague, en décembre, c'est l'avenir de nos enfants et petits-enfants qui se joue. Il n'y aura pas de « plan B ».
« Elle s'effondre » pouvons-nous rajouter.
Je m'arrêterai un instant sur l'enjeu de la biodiversité.
Le rythme de disparition des espèces est le même que celui qui était observé lors de la dernière extinction. Pensons-y. Ce n'est pas seulement l'économie qui sera touchée, c'est aussi notre survie. Et il est probable que ce soit la première crise écologique que nous connaîtrons, avant même celle du climat.
La France s'est dotée, en 2004, d'une stratégie nationale pour la biodiversité. Il en ressort des avancées notables. Cet effort doit être intensifié. Car il est insuffisant pour atteindre l'objectif que nous nous étions fixés de stopper la perte de biodiversité en 2010. 2010 sera un combat d'échecs.
A la demande du Président de la République, nous nous sommes attelés à un renforcement de cette stratégie nationale : avec la mise en place de nouvelles aires protégées terrestres et marines, avec la création de corridors écologiques, avec de nouveaux plans de préservation d'espèces.
Je souhaite qu'en 2010, la France éveille à nouveau les consciences. Le patrimoine biologique naturel de l'Humanité est en danger. Il faut le dire.
La France entend être le moteur de la création du GIEC de la biodiversité. Cet organisme sera créé en 2010 et nous aiderons les associations d'experts qui s'y engagent. C'est ma priorité.
Et il y aura bien d'autres surprises en 2010 pour que la biodiversité soit au coeur de chacun d'entre nous.
L'écologie ne doit pas être perçue comme une négation du droit au progrès des pays en voie de développement.
Bien au contraire... L'écologie est une économie. L'environnement est une richesse immédiate ; l'écologie est une richesse de long terme. Ce message que W. MAATHAI porte en Afrique, c'est le message que vous portez en luttant contre la déforestation.
Nous ne pouvons garder le même modèle de développement. L'excès de la consommation et de la finance n'est pas compatible avec notre planète. Il faut passer de l'ère de la finance et des objets à celle de l'homme.
Tel est d'ailleurs l'enjeu de la réflexion menée actuellement sur le PIB.
Le PIB est l'indicateur de l'ère industrielle. Il ne mesure pas l'état de notre patrimoine qu'est la planète Terre.
Le PIB augmente avec la destruction de la forêt. LE PIB augmente avec la pollution de l'eau. Pourquoi ? Parce qu'une eau polluée implique des maladies qu'il faut prendre en charge et un coût de dépollution qu'il faut traiter.
Aussi, le Président de la République a-t-il installé une commission présidée par STIGLITZ et AMARTYA SEN pour corriger ou compléter le PIB par un nouvel indicateur de développement. Les premiers éléments de leur réflexion conjuguent le bien être humain et le patrimoine naturel.
Passer de l'ère de la destruction à celle de l'homme, c'est aussi revenir aux fondamentaux. Je pense notamment au droit d'accès à l'eau et à l'assainissement. C'est un combat que nous partageons, M. le Président. Et c'est la raison pour laquelle je me suis battue pour que le prochain forum mondial de l'eau ait lieu à Marseille en 2012. Nous pourrons ainsi défendre cette cause et l'inscrire au premier rang des objectifs du Millénaire.
Mesdames et Messieurs,
Comme dans tout grand incendie, il y a ce que l'on appelle le feu dormant : celui qui progresse à bas bruit, dans la tourbière sous la bruyère. Il peut ramper, progresser pendant des mois, des années et puis un jour, il dévaste.
Telle est la situation de la forêt car sous sa canopée se cache le désastre écologique et humain de demain.
Parce qu'elles représentent encore près de 4 milliards d'hectares, les forêts semblent donc préservées... Quelle erreur tragique : toutes les deux secondes, dans le monde, une surface forestière de la taille d'un terrain de football est détruite !
En Amérique du Sud, en Afrique, cette disparition détruit aussi les sols agricoles, les ressources animales et l'humidité globale des territoires.
A l'échelle planétaire, les impacts de cette déforestation massive sur le climat et la biodiversité sont criminels. Et on ne peut que regretter ici que le protocole de Kyoto l'ait oublié.
Pour Copenhague, nous défendrons le principe d'intégration de la forêt, sans oublier sa dimension biodiversité. Car la gestion durable de la forêt exige la préservation des forêts primaires. Celles ci concentrent près de 80 % de la biodiversité des terres émergées de la planète. Elles concentrent une part de notre humanité. En retrouvant l'alliance de l'homme et de la nature, nous retrouverons l'alliance des hommes entre eux.
Que devons-nous faire ?!
Sans être exhaustive, trois pistes méritent nos efforts :
1. Une gestion forestière équilibrée doit être recherchée à tout prix. Les pays du Nord ont prouvé l'efficacité de cette politique. On constate ainsi une extension de la surface forestière en Amérique du Nord (+5% depuis 2000), en Europe (+4%) et en Asie (+1%).
Les outils en sont connus. En France, ce sont les Assises de la Forêt qui, avec le Grenelle de l'Environnement, ont posé le principe de la gestion durable des forêts.
2. Un commerce international du bois maîtrisé.
Les efforts éthiques du Nord auront ainsi une transcription concrète et immédiate sur le développement de long terme des pays du Sud. Sur ce point, nous avons posé le principe qu'il n'y ait plus aucun bois non certifié dans nos commandes publiques.
Et plus encore, la France est résolument engagée dans le combat contre la gestion illégale et non durable des forêts. Un projet de règlement européen est actuellement en cours d'examen au Conseil, nous défendons la position la plus ambitieuse. Il faut une traçabilité complète jusqu'à la mise sur le marché et un système de contrôle opérationnel.
3. Enfin, une autorité morale mériterait de voir le jour afin d'établir la coopération entre le Nord et le Sud.
Et là encore, je suis heureuse de constater que la France se soit engagée sur la préfiguration de cette voie coopérative en faisant vivre depuis 2002 le Groupe national sur les forêts tropicales humides.
Mais dans tous les cas, veillons en France à bien appliquer les principes que nous préconisons aux autres. Le Président de la République l'a rappelé récemment lors d'une réunion publique. Et il l'a clairement défendu en refusant l'implantation d'une mine d'or à Kaw, en Guyane. Le monde financier nous était opposé. Mais, celui du développement ne l'était pas. Le saccage n'est pas une bonne gestion de la maison Terre.
Mesdames, Messieurs,
Ces chantiers sont immenses... et tant d'autres s'ouvrent à nous dans l'immédiat et l'urgence.
Que devons-nous faire ?
Approfondir la coopération entre le Nord et le Sud.
Lutter contre la déforestation en combattant le commerce illégal du bois.
Assurer des ressources suffisantes aux exploitants en édictant des codes de bonne conduite et d'achat éthique dans les économies développées. Je crois profondément aux vertus du commerce équitable.
Préserver systématiquement les ressources marines, halieutiques et naturelles que l'Histoire nous a confiées dans leur diversité.
La lutte pour une gestion durable des forêts que vous menez, c'est une lutte pour le climat, c'est une lutte pour la biodiversité. Mais c'est fondamentalement une lutte contre les inégalités.
Le règlement de la question écologique ne peut pas se faire sur le dos de la pauvreté. Et nous le prouverons par la promotion d'un modèle de développement propre à chaque peuple, à chaque pays.
L'engagement de votre Fondation, Monsieur le Président, qui étend sa toile bénéfique sur les massifs forestiers africains, construit ainsi un cocon protecteur, non seulement pour les espèces en voie de disparition mais aussi pour les peuples en voie d'aliénation. L'économie humaine est affirmée.
Car au-delà des milieux, il y a des Hommes qui y vivent avec leur particularisme, leur génie propre, leur culture et leur Histoire. Sans milieu, cette richesse disparaît.
Il est de notre devoir moral de préserver cette richesse humaine qui ne peut perdurer sans milieu naturel.
Ainsi il en va d'une bonne économie de la maison.
Source http://www.fondationchirac.eu, le 11 août 2009
Monsieur le Directeur Exécutif,
Mesdames, Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi que de pouvoir m'exprimer ici et devant vous.
Honneur d'être ici, dans ce musée des civilisations, d'une beauté que la faiblesse des mots ne parvient pas à décrire. Un musée tapi de végétaux, comme pour mieux nous rappeler que c'est l'Homme qui s'inscrit dans la nature et non le contraire.
Honneur d'être avec vous, vous les pionniers de « Forest Trust » qui, depuis dix ans maintenant, luttent pour une gestion durable des forêts -notamment par une extension du schéma de certification FSC (Forest Stewardship Council).
Et je salue ici la collaboration fructueuse et intelligente qui vous unit à la Fondation Chirac depuis un an. Elle a permis de certifier 400.000 hectares supplémentaires dans le bassin du Congo qui compte désormais 5 millions d'hectares certifiés, contre à peine 40 000 hectares, il y a encore cinq ans...
Un honneur, enfin, de m'exprimer devant le Président Jacques Chirac. Votre souci, Monsieur le Président, de réveiller le monde sur l'état de notre planète -à l'instar de votre discours de Johannesburg- a été déterminant : rien ne pouvait continuer comme avant ; rien ne devait continuer comme avant. En faisant de la France un aiguillon pour une « alliance mondiale pour le développement durable », vous avez réveillé les dirigeants du monde de leur coupable torpeur. Ce combat, vous le continuez aujourd'hui au sein de votre Fondation ; et je voudrais vous dire combien notre pays peut s'enorgueillir de compter la Fondation Chirac parmi les plus actives sur la planète.
Beaucoup d'honneur... beaucoup de gravité, aussi... Surtout.
Dans son acception étymologique, l'écologie est « l'économie de la maison », c'est-à-dire la connaissance des êtres et des relations à leur milieu. L'écologie est faite d'intelligence et de savoir. Dans quel état est notre maison ?
« Elle brûle », lanciez-vous Monsieur le Président, à Johannesburg... Et bien l'incendie s'aggrave. Certes, jamais autant de grands noms ne se sont engagés. Mais jamais aussi les émissions de GES n'ont été aussi importantes. Nous avons le pire des scénarios. A Copenhague, en décembre, c'est l'avenir de nos enfants et petits-enfants qui se joue. Il n'y aura pas de « plan B ».
« Elle s'effondre » pouvons-nous rajouter.
Je m'arrêterai un instant sur l'enjeu de la biodiversité.
Le rythme de disparition des espèces est le même que celui qui était observé lors de la dernière extinction. Pensons-y. Ce n'est pas seulement l'économie qui sera touchée, c'est aussi notre survie. Et il est probable que ce soit la première crise écologique que nous connaîtrons, avant même celle du climat.
La France s'est dotée, en 2004, d'une stratégie nationale pour la biodiversité. Il en ressort des avancées notables. Cet effort doit être intensifié. Car il est insuffisant pour atteindre l'objectif que nous nous étions fixés de stopper la perte de biodiversité en 2010. 2010 sera un combat d'échecs.
A la demande du Président de la République, nous nous sommes attelés à un renforcement de cette stratégie nationale : avec la mise en place de nouvelles aires protégées terrestres et marines, avec la création de corridors écologiques, avec de nouveaux plans de préservation d'espèces.
Je souhaite qu'en 2010, la France éveille à nouveau les consciences. Le patrimoine biologique naturel de l'Humanité est en danger. Il faut le dire.
La France entend être le moteur de la création du GIEC de la biodiversité. Cet organisme sera créé en 2010 et nous aiderons les associations d'experts qui s'y engagent. C'est ma priorité.
Et il y aura bien d'autres surprises en 2010 pour que la biodiversité soit au coeur de chacun d'entre nous.
L'écologie ne doit pas être perçue comme une négation du droit au progrès des pays en voie de développement.
Bien au contraire... L'écologie est une économie. L'environnement est une richesse immédiate ; l'écologie est une richesse de long terme. Ce message que W. MAATHAI porte en Afrique, c'est le message que vous portez en luttant contre la déforestation.
Nous ne pouvons garder le même modèle de développement. L'excès de la consommation et de la finance n'est pas compatible avec notre planète. Il faut passer de l'ère de la finance et des objets à celle de l'homme.
Tel est d'ailleurs l'enjeu de la réflexion menée actuellement sur le PIB.
Le PIB est l'indicateur de l'ère industrielle. Il ne mesure pas l'état de notre patrimoine qu'est la planète Terre.
Le PIB augmente avec la destruction de la forêt. LE PIB augmente avec la pollution de l'eau. Pourquoi ? Parce qu'une eau polluée implique des maladies qu'il faut prendre en charge et un coût de dépollution qu'il faut traiter.
Aussi, le Président de la République a-t-il installé une commission présidée par STIGLITZ et AMARTYA SEN pour corriger ou compléter le PIB par un nouvel indicateur de développement. Les premiers éléments de leur réflexion conjuguent le bien être humain et le patrimoine naturel.
Passer de l'ère de la destruction à celle de l'homme, c'est aussi revenir aux fondamentaux. Je pense notamment au droit d'accès à l'eau et à l'assainissement. C'est un combat que nous partageons, M. le Président. Et c'est la raison pour laquelle je me suis battue pour que le prochain forum mondial de l'eau ait lieu à Marseille en 2012. Nous pourrons ainsi défendre cette cause et l'inscrire au premier rang des objectifs du Millénaire.
Mesdames et Messieurs,
Comme dans tout grand incendie, il y a ce que l'on appelle le feu dormant : celui qui progresse à bas bruit, dans la tourbière sous la bruyère. Il peut ramper, progresser pendant des mois, des années et puis un jour, il dévaste.
Telle est la situation de la forêt car sous sa canopée se cache le désastre écologique et humain de demain.
Parce qu'elles représentent encore près de 4 milliards d'hectares, les forêts semblent donc préservées... Quelle erreur tragique : toutes les deux secondes, dans le monde, une surface forestière de la taille d'un terrain de football est détruite !
En Amérique du Sud, en Afrique, cette disparition détruit aussi les sols agricoles, les ressources animales et l'humidité globale des territoires.
A l'échelle planétaire, les impacts de cette déforestation massive sur le climat et la biodiversité sont criminels. Et on ne peut que regretter ici que le protocole de Kyoto l'ait oublié.
Pour Copenhague, nous défendrons le principe d'intégration de la forêt, sans oublier sa dimension biodiversité. Car la gestion durable de la forêt exige la préservation des forêts primaires. Celles ci concentrent près de 80 % de la biodiversité des terres émergées de la planète. Elles concentrent une part de notre humanité. En retrouvant l'alliance de l'homme et de la nature, nous retrouverons l'alliance des hommes entre eux.
Que devons-nous faire ?!
Sans être exhaustive, trois pistes méritent nos efforts :
1. Une gestion forestière équilibrée doit être recherchée à tout prix. Les pays du Nord ont prouvé l'efficacité de cette politique. On constate ainsi une extension de la surface forestière en Amérique du Nord (+5% depuis 2000), en Europe (+4%) et en Asie (+1%).
Les outils en sont connus. En France, ce sont les Assises de la Forêt qui, avec le Grenelle de l'Environnement, ont posé le principe de la gestion durable des forêts.
2. Un commerce international du bois maîtrisé.
Les efforts éthiques du Nord auront ainsi une transcription concrète et immédiate sur le développement de long terme des pays du Sud. Sur ce point, nous avons posé le principe qu'il n'y ait plus aucun bois non certifié dans nos commandes publiques.
Et plus encore, la France est résolument engagée dans le combat contre la gestion illégale et non durable des forêts. Un projet de règlement européen est actuellement en cours d'examen au Conseil, nous défendons la position la plus ambitieuse. Il faut une traçabilité complète jusqu'à la mise sur le marché et un système de contrôle opérationnel.
3. Enfin, une autorité morale mériterait de voir le jour afin d'établir la coopération entre le Nord et le Sud.
Et là encore, je suis heureuse de constater que la France se soit engagée sur la préfiguration de cette voie coopérative en faisant vivre depuis 2002 le Groupe national sur les forêts tropicales humides.
Mais dans tous les cas, veillons en France à bien appliquer les principes que nous préconisons aux autres. Le Président de la République l'a rappelé récemment lors d'une réunion publique. Et il l'a clairement défendu en refusant l'implantation d'une mine d'or à Kaw, en Guyane. Le monde financier nous était opposé. Mais, celui du développement ne l'était pas. Le saccage n'est pas une bonne gestion de la maison Terre.
Mesdames, Messieurs,
Ces chantiers sont immenses... et tant d'autres s'ouvrent à nous dans l'immédiat et l'urgence.
Que devons-nous faire ?
Approfondir la coopération entre le Nord et le Sud.
Lutter contre la déforestation en combattant le commerce illégal du bois.
Assurer des ressources suffisantes aux exploitants en édictant des codes de bonne conduite et d'achat éthique dans les économies développées. Je crois profondément aux vertus du commerce équitable.
Préserver systématiquement les ressources marines, halieutiques et naturelles que l'Histoire nous a confiées dans leur diversité.
La lutte pour une gestion durable des forêts que vous menez, c'est une lutte pour le climat, c'est une lutte pour la biodiversité. Mais c'est fondamentalement une lutte contre les inégalités.
Le règlement de la question écologique ne peut pas se faire sur le dos de la pauvreté. Et nous le prouverons par la promotion d'un modèle de développement propre à chaque peuple, à chaque pays.
L'engagement de votre Fondation, Monsieur le Président, qui étend sa toile bénéfique sur les massifs forestiers africains, construit ainsi un cocon protecteur, non seulement pour les espèces en voie de disparition mais aussi pour les peuples en voie d'aliénation. L'économie humaine est affirmée.
Car au-delà des milieux, il y a des Hommes qui y vivent avec leur particularisme, leur génie propre, leur culture et leur Histoire. Sans milieu, cette richesse disparaît.
Il est de notre devoir moral de préserver cette richesse humaine qui ne peut perdurer sans milieu naturel.
Ainsi il en va d'une bonne économie de la maison.
Source http://www.fondationchirac.eu, le 11 août 2009