Déclaration de M. Michel Mercier, ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire, sur le soutien apporté par l'Etat au développement des pôles de compétitivité et des réseaux d'entreprises (les "clusters"), à Paris le 29 septembre 2009.

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Circonstance : Ouverture de l'Université 2009 des pôles et des clusters, à Paris le 29 septembre 2009

Texte intégral

Monsieur le Président de France Clusters, Jean-Marie ROUILLIER,
Mesdames et Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de m'avoir demandé d'ouvrir votre université 2009 sur les pôles et les clusters. Un sujet important pour le ministère de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, dont la cheville ouvrière, que l'on appelait autrefois la DATAR, aujourd'hui, la DIACT, a crée la politique des SPL, les Systèmes Productifs Locaux, à l'origine en France du soutien aux « clusters ».
De fait, dès ma prise de fonction, j'ai tenu à manifester un engagement fort, en lien avec mon collègue ministre chargé de l'Industrie, C. ESTROSI, en faveur de la politique des pôles de compétitivité, dont chacun reconnaît l'utilité et le succès, et dont le Premier ministre a décidé l'an dernier de lancer une nouvelle phase afin d'en faire de vrais écosystèmes de croissance et de nouveaux emplois.
* Depuis leur création en 2005, les pôles de compétitivité ont fait l'objet de beaucoup d'attention de la part du gouvernement.
Cette politique est une réelle innovation, en particulier dans la manière décloisonnée dont le gouvernement aborde le soutien au développement économique.
L'habitude était de soutenir d'un côté l'industrie, secteur par secteur, puis la recherche-développement, discipline par discipline, puis l'enseignement supérieur.
Avec la politique des pôles de compétitivité, c'est une approche complètement décloisonnée qui est privilégiée. Le gouvernement, a choisi de s'adresser à l'ensemble de l'écosystème d'innovation et de croissance : l'importance de la recherche-développement, de l'innovation, de l'enseignement supérieur et de leur liaison avec les entreprises a enfin été reconnue et soutenue avec force.
Les 71 pôles de compétitivité qui ont été labellisés sont ainsi présents sur des thématiques aussi variées que l'automobile, la nutrition, les nanotechnologies, le sport... Plus de 1,5 Milliard d'Euros ont d'ores et déjà été consacrés par la puissance publique à l'accompagnement de leur structuration et surtout de leurs projets de recherche-développement collaborative.
Une nouvelle phase a été lancée pour la période 2009-2011 et un appel à projets « écotechnologies » a ouvert la porte à la labellisation de quelques pôles supplémentaires.
De fait, la réussite de l'appel à projets « écotechnologies », qui a suscité plus d'une douzaine de réponses originales, illustre bien, une fois de plus, du succès rencontré par cette politique chez les entreprises, les établissements de recherche-d??veloppement, d'enseignement supérieur.
Le gouvernement affiche un soutien fort en faveur de cette politique, que nous comptons pérenniser et valoriser encore plus.
* Au-delà de la méthode de travail et de la labellisation, la vraie vocation de la politique des pôles de compétitivité est de conforter la vocation industrielle de la France.
Notre pays, j'en suis convaincu, doit rester un pays où la production de biens tangibles occupe une place importante. Il n'y a pas de richesse durable sans production de biens réels.
La recherche-développement, qui est fortement soutenue à travers la politique des pôles de compétitivité doit ainsi, et j'y serai très attentif, mener à l'industrialisation de nouveaux produits en France, et pas uniquement à leur conception.
Evidemment il faut aller plus loin. Ce lien entre recherche-développement doit encore être renforcé, comme l'a montré l'évaluation menée à la demande du gouvernement, ou plus récemment celle menée par l'Assemblée nationale qui vient d'être publiée.
* Mais les pôles de compétitivité ne résument pas toutes les formes de réseaux d'entreprises.
Il existe des réseaux de taille inférieure à celle des pôles de compétitivité. Des réseaux où les PME sont souvent très représentées, présents sur des territoires plus localisés, dont la R&D n'est pas forcément le premier moteur de la collaboration, mais qui sont également des vecteurs très importants de développement et de compétitivité pour les entreprises et les territoires sur lesquels ils se situent.
Je peux vous citer quelques exemples de ces réseaux groupements d'entreprises susceptibles d'être soutenus par la politique des grappes d'entreprises :
- le « Cluster lumière » à Lyon a pour objectif de renforcer la compétitivité et l'innovation autour des nouvelles technologies d'éclairage économes en énergie. Sa thématique ne correspond à aucun des pôles de compétitivité régionaux mais cette grappe d'entreprise est pour autant considérée comme un interlocuteur intéressant et privilégié par les pôles dont certains axes stratégiques touchent aux écotechnologies
- Optics Valley, en région Parisienne, regroupe une centaine d'entreprises dans le domaine des technologies optique, électronique et logicielle. De taille inférieure à celle d'un pôle de compétitivité, il assure pour autant une visibilité internationale aux entreprises membres ainsi qu'une interface efficace aux pôles de compétitivités positionnés sur des domaines impliquant les technologies concernées
- Le cluster West, créé en 2004, vise à affirmer la vocation agroalimentaire de l'Ouest et à mutualiser les forces des industries présentes pour conquérir de nouveaux marchés. Il regroupe un nombre d'acteurs important dans les industries agroalimentaires et a noué des relations avec les pôles de compétitivité Qualitropic et Nutrition Santé Longévité.
Ces réseaux ne sont à ce jour ni reconnus, ni soutenus de manière claire et lisible au niveau national, alors même qu'ils ont une importance considérable en termes d'activités, d'emploi et de création de richesse, d'autant plus considérable dans le contexte de la crise économique majeure que nous traversons.
Je pense en particulier aux réseaux ancrés dans les territoires ruraux, souvent fragiles et peu attractifs, à l'heure où la mondialisation remet en question les attaches territoriales des entreprises.
Il est, en effet, essentiel que les entreprises puissent définir des alliances stratégiques et incorporer des fonctions complexes difficiles à acquérir seules (fonction de veille à l'international, démarche de suivi de la propriété intellectuelle, mise en oeuvre d'une démarche LEAN (d'amélioration de la productivité), réponse à des appels d'offre de dimension internationale...). La logique d'ancrage économique territorial, de collaboration, d'ambition collective dont vous êtes porteurs, je souhaite la voir s'appliquer également à des réseaux d'entreprises moins technologiques, moins puissantes, mais qui tout autant ont besoin d'améliorer leur compétitivité, en créant des collectifs, des lieux d'innovation et d'émulation. Ces regroupements, que certaines régions appellent « clusters », et qui peuvent se retrouver dans tout le territoire, je souhaite également les soutenir.
* Je souhaite donc donner une plus grande visibilité à ses réseaux d'entreprises et apporter mon appui aux initiatives exemplaires de réseaux constitués, afin de les aider et d'aider leurs membres à mettre en place des stratégies de sortie de crise.
Cet appui prendra la forme, pour la période 2010-2011 :
- d'un soutien à l'animation de ces grappes exemplaires ;
- d'un soutien à des projets et à des actions structurantes de ces grappes, qui visent à améliorer la compétitivité et la performance de leurs membres.
Cette nouvelle politique de grappes d'entreprises doit être mise en oeuvre par la DIACT, avec l'appui notamment du ministère de l'industrie, de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche, des PME et du secrétariat d'Etat à l'outre-mer, en collaboration avec les collectivités territoriales. Elle a vocation à renouveler cette dynamique de réseau et de polarisation d'entreprises et s'adressera en priorité à un tissu d'entreprises essentiel pour le maillage économique des territoires mais orphelin de tout dispositif de soutien coordonné au niveau national.
Un appel à projets sera publié au cours de la première quinzaine d'octobre. Une centaine de grappes pourront être soutenues d'ici la fin de l'année 2010. Près de 10 millions d'euros vont spécifiquement être consacrés à cette politique qui constitue un élément clé du renforcement de la compétitivité des entreprises et de leur ancrage territorial.
A travers cette démarche, c'est l'ensemble des territoires que je compte valoriser, dans une dynamique complémentaire, qui associe l'ensemble des réseaux d'entreprises, pôles de compétitivité de taille nationale et internationale, clusters à vocation plus locale, sans oublier les pôles d'excellence rurale. Il s'agit à chaque fois de valoriser les projets des collectivités qui sont créateurs d'emplois et de richesses et renforcent l'attractivité des territoires.
Je vous remercie.
Source http://www.diact.gouv.fr, le 2 octobre 2009