Déclaration de M. Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, sur les priorités du grand emprunt et sur la réduction des déficits publics, à Paris le 20 octobre 2009.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Discours de clôture de la convention de l'UMP sur le grand emprunt, à Paris le 20 octobre 2009

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Mes chers amis,
Les conventions du Mouvement populaire sont de retour !
Avec elles, c'est le débat, la confrontation d'idées, la réflexion, l'imagination et l'audace qui reprennent la main !
Elles sont de retour avec un sujet d'avenir, un sujet stratégique, qui concerne tous les Français : « le Grand Emprunt pour les priorités nationales ». Et c'est parce que cette initiative concerne tous les Français et pas seulement les experts de l'administration, que le Premier Ministre, François FILLON, m'a demandé de faire travailler notre mouvement sur les priorités nationales !
Je tiens, au terme de cette journée à remercier très chaleureusement Eric BESSON et Nicolas FORISSIER, qui ont organisé la convention et la réflexion du Mouvement sur le Grand Emprunt.
Je remercie aussi Jean-François COPE, Président de notre groupe et tous les parlementaires de l'UMP qui ont participé à la réflexion au sein du Groupe.
Je voudrais vous dire, au terme de cette journée, quelle est la vision de l'UMP sur les priorités nationales et le Grand emprunt. Car le rôle d'un parti comme le nôtre, ce n'est pas seulement de débattre, c'est aussi de savoir faire des propositions concrètes !
Voilà en effet l'idée que je me fais du rôle de notre Mouvement!
C'est ainsi que nous apporterons notre pierre à la grande consultation nationale que mènent Alain JUPPE et Michel ROCARD, dont je veux saluer ici le travail et l'engagement pour le bien commun de la France, au-delà de tous les clivages.
Mais j'en viens tout de suite au fond : pour moi, tout se résume en une phrase : depuis trop longtemps, nous avons pris du retard, il est temps de prendre de l'avance !
I. LA NECESSITE D'UNE NOUVELLE CROISSANCE
Il y un an, nous étions au bord du gouffre.
Nous avons tous pris conscience de la folie financière qui a failli détruire notre économie.
Aussitôt après, nous avons pris conscience du rôle indispensable de l'Etat comme dernier rempart et assureur en dernier ressort de tous les risques !
Sans l'Etat, sans les Etats, nos systèmes auraient connu la ruine et le chaos !
Ce fut pour beaucoup comme un réveil en sursaut après des années bercées d'illusions.
Mais la crise n'a pas seulement révélé les dysfonctionnements de la finance dérégulée.
Elle a aussi été l'occasion de mesurer l'essoufflement de notre modèle de croissance.
L'occasion de prendre conscience des effets ravageurs du court terme sur nos économies.
Depuis 15 ans au moins, des exigences de rentabilité excessives ont détourné les capitaux des investissements de long terme ;
Trop souvent, on a encouragé la préférence pour le présent,
Trop souvent on a découragé les investissements productifs,
Dévalorisé les entrepreneurs au profit des spéculateurs,
Les ingénieurs au profit des banquiers,
Découragé l'innovation technologique au profit de l'innovation financière.
Sous la diversité de ses manifestations, la crise traduit l'échec d'une certaine conception de notre rapport au temps, de notre rapport à l'avenir.
La crise a prouvé qu'il ne suffit pas d'afficher des chiffres de croissance importants pour être un pays durablement prospère.
Il est des croissances illusoires, déséquilibrées, fondées sur un endettement gigantesque des ménages et non sur l'accroissement réel du revenu que les salariés tirent de leur travail.
Il est des croissances destructrices de l'environnement qui ruinent les bases même de la production.
Mais la dette des ménages ne peut monter jusqu'au ciel, ni la terre souffrir toutes les offenses.
Le temps est donc venu de réfléchir aux fondements d'une nouvelle croissance.
Certains diront : « vous nous parlez de croissance, mais la croissance n'est pas la solution, c'est le problème ! »
Ne jouons pas sur les mots. Ce n'est pas au moment où la commission STIGLITZ, créée par le Président de la République, attire l'attention sur la nécessité de rompre avec la « religion du PIB » que nous allons défendre un productivisme à l'ancienne !
Lorsque nous parlons de croissance, nous voulons parler d'un accroissement de notre richesse, compatible avec une réduction à terme de notre empreinte écologique.
Une croissance qui ne soit pas réalisée au détriment de la qualité de vie et de la justice sociale.
Mais nous n'allons pas non plus négliger l'impératif absolu, qui est de créer des emplois durables en France, source de revenu national et de ressources pour notre protection sociale.
Et qu'on ne dise pas que c'est la quadrature du cercle !
Un exemple : la voiture électrique française ne sera pas vendue qu'en France. Elle sera exportée en Europe comme en Asie et ailleurs. Ce serait tout à la fois conforme à une conception saine de la croissance, favorable à nos exportations et bénéfique pour l'emploi.
Cela signifie en clair que si les plans de relance sont indispensables, ils ne sauraient résumer l'action du Politique.
Pour une raison simple : on ne peut pas remettre indéfiniment de l'essence dans un moteur qui serait, usé, à bout de souffle.
Il faut changer de moteur. En inventer un autre. C'est à cela que doit servir le Grand Emprunt !
II. LE ROLE DE L'ETAT
Dans l'Histoire économique -Jacques MARSEILLE et Jean-Hervé LORENZI, nous l'ont expliqué aujourd'hui- les nations occidentales sont toujours sorties des grandes crises par une vague d'innovations.
De nouveaux produits, ce sont de nouveaux gains de productivité, de nouveaux revenus pour les salariés, de nouvelles bases pour financer la protection sociale.
Eh bien cette fois-ci encore, l'Histoire économique sonne à la porte !
Or, pour accélérer le passage à ce nouveau régime de croissance, le rôle de la puissance publique est indispensable.
Là aussi, l'Histoire et la théorie économique le démontrent.

Sur le plan théorique, on se souviendra longtemps de la déclaration d'Alan Greenspan, l'ex-directeur de la Réserve fédérale américaine, reconnaissant qu'il s'était trompé en croyant que « le déploiement des intérêts individuels conduirait automatiquement à la satisfaction de l'intérêt collectif »...
Eh bien, cette désillusion ne vaut pas seulement pour la finance ; elle vaut aussi pour la politique industrielle, pour la politique environnementale, pour la politique sociale.
Mesdames et Messieurs,
On ne construit pas une civilisation sur le laisser-faire.
On ne prépare pas l'avenir en laissant le gouvernail à ceux qui pensent « Après nous le déluge » !
On ne défend pas l'intérêt collectif en laissant se déchaîner les intérêts des spéculateurs.
Ces vérités, le bon sens élémentaire les a toujours connues !
Mais par un étrange renoncement, notre monde les avait oubliées.
C'est dans cette remise en cause radicale des préjugés d'une époque que l'idée du Grand Emprunt -lancée par le Président de la République- trouve son origine et sa justification.
Henri GUAINO nous en a rappelé ce matin l'esprit et l'inspiration.
S'il est en effet une leçon à retenir de cette crise, c'est qu'il faut penser au long terme, qu'il faut dépenser plus pour l'avenir, qu'il faut penser à nos enfants et à nos petits-enfants.
Oh ! Cher Jacques Marseille ! j'en suis convaincu autant que vous : L'Etat n'est pas toujours et partout le meilleur acteur !
Assurément !
Mais lorsqu'il s'agit de se projeter au-delà des horizons de rentabilité trimestrielle,
Lorsqu'il faut mener une action coordonnée,
Lorsqu'il faut accélérer la mise en place d'une infrastructure,
Lorsqu'il faut financer ce qui profite à tout le monde mais dont personne, à titre privé, ne souhaite porter le risque,
Bref lorsqu'il s'agit de promouvoir des biens publics, l'Etat est IN-DIS-PEN-SABLE.
C'est d'ailleurs sa raison d'être.
Le Bien Public, voilà la réalité, voilà l'Idéal qui est au coeur de notre réflexion !
Aujourd'hui, l'intervention de l'Etat est particulièrement nécessaire pour impulser les dépenses d'avenir que le marché n'engage pas spontanément.
C'est là que la puissance publique peut et doit intervenir.
Non que l'Etat soit amené à choisir les projets précis à financer, ni encore moins à en gérer par lui-même la réalisation !
Nous ne reviendrons pas à un « colbertisme » -réel ou fantasmé- qui voudrait que l'Etat prenne tout en main !
C'est aux entreprises, c'est au marché de faire émerger les meilleurs projets, mais l'Etat est nécessaire pour donner l'impulsion décisive ! Souvenez-vous du Nucléaire, d'Ariane, d'Airbus ! Rien ne s'est fait sans impulsion !
Affranchi des règles qui s'appliquent aux investisseurs classiques, l'Etat pourrait assumer des risques plus grands, sur des durées plus longues, et financer ainsi des projets importants en partenariat avec le privé.
« En partenariat avec le privé » : j'insiste sur ce point, car le Mouvement Populaire attache une grande importance à ce que l'argent levé par le Grand Emprunt ait un effet de levier : il importe que pour 1 euro apporté par l'emprunt, 1 euro de financement privé puisse être mobilisé, attiré par la garantie qu'apporte la présence de l'Etat.
Il va sans dire, par ailleurs, mais cela va mieux en le disant, que rien ne se fera sans les entreprises !
Chère Laurence PARISOT, l'appel à l'intervention de l'Etat n'exprime pas une défiance envers le dynamisme des entrepreneurs, tout au contraire.
Ce que nous défendons, c'est la complémentarité entre le rôle stratégique de l'Etat et l'efficacité opérationnelle de l'entreprise.
Le Mouvement Populaire souhaite en particulier que les projets financés par le Grand Emprunt soient au maximum des projets collaboratifs, qui associent des laboratoires de recherches, des PME innovantes et de plus grandes entreprises, au sein des Pôles de compétitivité de taille mondiale.
Je souhaite aussi que dans cette période où les PME ont du mal à accéder aux capitaux, le FSI -le fonds souverain à la française- puisse amplifier encore son aide, par l'apport de fonds propres ou de quasi fonds propres, dans la ligne de ce que le Président de la République a annoncé le 5 octobre dernier. La croissance des PME et des ETI est l'enjeu capital pour notre tissu productif ! Tout doit être fait pour y parvenir !
Mais avant d'en venir au détail de ces projets, il me faut répondre à une objection que je n'ai pas l'intention de contourner.
III. GRAND EMPRUNT ET DETTE PUBLIQUE
Cette objection est simple : comment peut-on emprunter alors que nous sommes déjà si lourdement endettés ?
Nous le savons tous, les finances publiques sont structurellement déficitaires depuis plus de trente ans. Ce n'est pas une nouveauté arrivée avec la Crise.
Avant la crise, la charge de la dette était déjà le deuxième poste du budget de l'Etat. Dans ces conditions, l'idée de lancer un grand emprunt pourrait sembler paradoxale.
Mais en réalité, il n'y a pas de contradiction.
C'est précisément parce que l'Etat se trouve dans une situation financière difficile, qui le conduit à consacrer toutes les ressources disponibles aux frais de fonctionnement et à la charge de la dette, qu'il convient de se contraindre, par le moyen du Grand Emprunt, à préparer l'avenir.
Lancer le Grand Emprunt, c'est se donner les moyens, au moment où nos en avons le plus besoin, d'augmenter nos dépenses d'investissement.
Le plus grand péril serait de décréter toute dépense d'avenir interdite tant que la dette structurelle n'est pas résorbée.
Cette logique dépressive et pro-cyclique nous conduirait à retarder l'essor des nouvelles sources de croissance qui permettront précisément de faire croître sur le long terme la base des prélèvements fiscaux et sociaux.
Ce serait d'une certaine manière sacrifier l'avenir de la France aux erreurs du passé, qui ont conduit à une dérive des comptes sociaux et des dépenses de fonctionnement.
L'ampleur de la mauvaise dette publique -imputable en particulier à une dérive des comptes sociaux- et la nécessité de la réduire, ne sauraient interdire de contracter de la bonne dette -consacrée à l'investissement dans des actifs rentables à long terme.
Mais une fois qu'on a dit cela, on n'a dit que la moitié de la vérité !
L'autre moitié, je l'affirme aussi très fortement, au nom de l'UMP, cher Pierre MEHAIGNERIE, cher Gilles CARREZ :
L'autre moitié de la vérité, c'est que ce Grand Emprunt doit marquer le début d'une révolution dans notre manière de gérer la dépense publique.
Il convient pour cela d'appliquer une méthode extrêmement vigilante.
Car il est vrai qu'historiquement les emprunts n'ont pas souvent été remboursés par les fruits de la croissance qu'ils auraient permise...
Le Mouvement Populaire insiste donc sur la nécessité de bénéficier d'une évaluation la plus précise possible des coûts des projets identifiés, du plan de financement et des retours raisonnablement prévisibles.
C'est à cette condition que la distinction légitime entre dette productive et dette improductive pourra convaincre, même les plus réticents.
J'ajoute que notre ardeur à défendre le Grand Emprunt sera égale à celle que nous mettrons à réduire nos déficits structurels ! J'en prends ici l'engagement ! Et je souhaite que l'UMP engage un débat sur cette question et sur les moyens d'y parvenir: il y va de la solidarité entre les générations ! L'UMP va ouvrir un débat sur cette questions.
Se consacrer aux dépenses d'avenir, c'est, d'un même mouvement, tout faire pour alléger le fardeau des dépenses improductives qui pèsent sur les épaules de nos enfants et de nos petits-enfants.
L'un ne va pas sans l'autre ! L'un ne peut aller sans l'autre !
Le Mouvement Populaire souhaite donc que deux engagements soient pris par le Gouvernement :
1/ que les fonds du Grand Emprunt soient clairement identifiées et rigoureusement séparés des dépenses courantes du budget de l'Etat, et qu'aucune dépense opérationnelle de fonctionnement ne puisse être couvertes par le Grand Emprunt. Les fonds du Grand Emprunt doivent être strictement cantonnés et exclusivement investis dans des actifs rentables à terme, sur le plan économique et social.
2/ que la réduction des mauvais déficits et de la mauvaise dette, notamment par la réduction des dépenses de fonctionnement non productives, soit maintenue et même renforcée. Le Grand Emprunt ne change rien à la nécessité de réformer l'Etat, de rendre les services publics plus efficaces et moins coûteux.
Au-delà, je souhaite que l'UMP mette dans le débat public l'idée d'une règle budgétaire, inscrite dans la Loi organique sur la loi de finances, qui interdirait, sauf période exceptionnelle de crise, d'adopter un budget présentant un déficit au-delà d'un certain pourcentage du PIB.
Aujourd'hui seules existent des règles européennes; pourquoi n'y aurait-il pas des règles nationales, qui montreraient la force de notre engagement à réduire nos dettes ?
En nous fixant de nouvelles règles, nous pourrions mieux tenir un cap, celui de la réduction des dépenses.
Tout dépassement conduirait au rejet du budget. Les Allemands l'ont fait. La France devrait y réfléchir ! Car nous savons que nous ne pouvons laisser se creuser un trop grand écart entre les deux piliers de la zone euro.
Enfin, le Mouvement Populaire estime que les deux questions qui ont jusqu'ici attisé les débats -le montant de l'emprunt et l'identité de ses souscripteurs (le marché et/ou les Français)- ne doivent intervenir qu'en dernière instance.
Ce ne sont pas là les questions primordiales. Si les citoyens doivent être associés, c'est d'abord à la réflexion sur les priorités de notre Nation, le dessein commun de la France et des Français ! [c'est pourquoi l'UMP lance des débats en région...]
IV. LE CHOIX DES INVESTISSEMENTS STRATEGIQUES
J'en viens à présent à la question de savoir dans quels domaines nous devrions faire porter nos investissements. Pour répondre à cette question, nous avons procédé méthodiquement.
Nous avons cherché à identifier les atouts de la France, ses avantages comparatifs, en partant du principe qu'il fallait d'abord renforcer nos forces. Il n'est pas utile de nous épuiser à rattraper des faiblesses où nous sommes dépassés depuis longtemps.
Les atouts sont clairs : les transports, la pharmacie, l'aéronautique, l'énergie, les technologies duales -à la frontières du civil et du militaire- et les nanotechnologies.
Nous avons ensuite identifié (grâce au travail d'Eric BESSON, « France 2025 ») les principales tendances de la demande mondiale dans les 20 prochaines années, en nous demandant sur quels secteurs la France pourrait en capter une part significative, grâce à ces forces.
Enfin, nous avons croisé cette analyse avec la question de savoir si l'action de l'Etat pouvait être pertinente, sur chaque secteur considéré, en conformité avec les règles européennes.
Le résultat de cette analyse tient en quatre défis principaux et un défi transversal sur lesquels le Grand Emprunt pourrait aider la France à devenir parmi les leaders mondiaux sur les nouveaux marchés :
1. Le défi de la santé et du vieillissement
Dans ce domaine, la France dispose à la fois d'avantages compétitifs et d'un marché intérieur dynamique.
Avant de partir à la conquête des marchés mondiaux, et pour nous mettre en mesure de le faire, nous pourrions faire de la France un leader mondial du diagnostic à distance et de l'hospitalisation à domicile (ce que l'on appelle « l'e-santé »). Il s'agirait ainsi de permettre, d'ici 2020, à toutes les personnes fragilisées par la vieillesse ou le handicap de rester chez elles si elles le désirent, et tant qu'elles le peuvent. Pour cela des investissements sont nécessaires pour équiper notre pays des technologies nécessaires au suivi des patients.
Il va de soi que de tels investissements seraient aussi, à terme, une importante source d'économie pour la sécurité sociale et permettraient d'affronter les défis de la démographie médicale et du vieillissement de la population.
Par ailleurs, il ressort de nos réflexions qu'il faudrait accélérer le développement des clusters public-privé d'envergure mondiale -à Lyon et à Paris- spécialisés dans l'infectiologie et la lutte contre le vieillissement. Dans ce domaine, celui des biotechnologies, capital pour l'invention des médicaments de l'avenir, l'accès aux capitaux demeure trop difficile. L'action de la puissance publique serait parfaitement justifiée non seulement pour rattraper notre retard, mais aussi pour prendre un temps d'avance.
2. Le défi de la mobilité au 21ème siècle
S'agissant de la mobilité, nos avantages comparatifs dans l'automobile et l'aéronautique sont évidents. Nous devons les renforcer par le soutien aux filières industrielles et technologiques :
. Je pense au stockage de l'énergie par des batteries haute performance, à la chaîne de traction électrique...Il s'agit là de ruptures technologiques à opérer dans un délai assez bref pour être bien placé dans la course de vitesse mondiale !
. Je pense aussi, dans le secteur aéronautique où nous devons consolider notre leadership, à la nouvelle génération de réacteurs et aux investissements nécessaires au projet d'Airbus A 350.
Dans tous ces domaines, l'action du Grand Emprunt pourrait porter sur les clusters public/privé de Toulouse, Bordeaux, Saclay et Nantes, qui développent des projets très prometteurs.
Enfin, si nous voulons lancer la voiture électrique, il faudra pour cela mettre en place les infrastructures nécessaires, en particulier le réseau de charge, que nous pourrons concevoir en coopération avec nos amis allemands, pour assurer une inter-opérabilité immédiate.
Il va sans dire que la Chine constitue un immense marché pour une industrie automobile française qui franchirait le cap de l'application industrielle de masse dans ce domaine !
3. Le défi de l'urbanisme vert
S'agissant de l'urbanisme, c'est un énorme marché, qui découle de l'urbanisation explosive des pays émergents. Là aussi, la France a de belles cartes à jouer.
Le Mouvement populaire, propose, en France, la Construction ou la réhabilitation de 5 villes/quartiers vitrines du savoir-faire français, mettant en oeuvre l'ensemble des écotechnologies adaptées à la ville.
Nous voulons soutenir les filières industrielles des éco-technologies de demain : je pense en particulier aux matériaux de substitution (grâce aux nano-technologies notamment) ainsi qu'aux modes de production d'énergie locale renouvelable et aux réseaux électriques intelligents.
Concrètement, les financements pourraient aller aux clusters public/privé d'envergure mondiale dans ce domaine à Saclay et à Grenoble.
4. Le défi des technologies de pointe et des technologies de souveraineté pour la France
S'agissant des technologies de pointe, qui sont un facteur général et transversal de croissance et de modernisation des processus de production, nous voyons deux défis :
D'abord faire profiter les Français du virage numérique et de la révolution de l'informatique distribuée grâce au déploiement de l'accès à Très Haut Débit (par la fibre et par le satellite) et à la montée en puissance de l'e-administration.
Ensuite, nous devons renforcer le leadership sur les technologies de pointe :
Je pense en particulier aux logiciels embarqués, au déploiement du programme « nano-innov » et au programme Ariane VI !
Enfin, regardant la souveraineté française :
Nous devons nous assurer la maîtrise des technologies essentielles à notre indépendance stratégique et énergétique :
Je pense au nucléaire de 4ème génération, au calcul intensif, à la sécurité des réseaux informatiques, aux technologies duales mises en oeuvre dans l'aéronautique militaire; mais je pense aussi au développement des recherches sur les matériaux de substitution aux matériaux rares (comme le cuivre et le lithium) et sur les nouveaux engrais, qui seront un facteur clé pour notre souveraineté alimentaire.
Ces quatre défis dessinent les contours des investissements prioritaires. Ils permettraient à la France d'accomplir les ruptures technologiques nécessaires à la mise au point de produits dont le monde a besoin ! Mais aussi de consolider son leadership ou d'être en pointe dans des secteurs de pointe.
5. Le défi transversal : le défi de la connaissance, de la formation et de la recherche
Pour finir, je voudrais insister sur le capital humain.
Pour innover, pour inventer, pour produire, il faut commencer par rassembler les conditions nécessaires. Et d'abord les conditions de l'exercice efficace des capacités intellectuelles de notre jeunesse.
Pour cela, il faut commencer par transmettre, instruire, éduquer.
Ce défi, la France a su le relever par le passé. Mais aujourd'hui force est de constater que nous marquons le pas. Chaque année, des dizaines de milliers de jeunes gens sortent sans aucune qualification de notre système éducatif. Sans formation et bien souvent sans éducation, ou sans autre éducation que celle de la rue -ce qui ne vaut guère mieux.
Ce gâchis, qui conduit chaque année dans l'impasse la part la plus énergique et la plus assoiffée de reconnaissance de notre jeunesse n'est pas supportable. Et il ne faut pas laisser croire que la croissance se fera sans eux ; sans eux, il y aura moins de croissance, moins de richesse, moins de prospérité, moins de paix sociale, pour eux, comme pour nous.
C'est pourquoi le Mouvement populaire veut mettre dans le débat public l'idée d'un plan d'investissement massif pour développer la construction d'internats dans nos banlieues. Il s'agit là de dépenses bien « classiques », mais je mets au défi quiconque de prouver qu'il ne s'agit pas là d'un investissement, c'est-à-dire d'une dépense d'avenir dont on peut escompter un retour avec une grande certitude !
Ensuite, à l'autre bout de la chaîne, il faut créer les conditions pour que les chercheurs et les entrepreneurs puissent se rencontrer :
Depuis 2004, de nombreux efforts ont été faits pour améliorer l'efficacité des politiques publiques de soutien à l'innovation.
Mais il y a encore de grands progrès à faire !
Les campus de renommée internationale comme Stanford en Californie s'appuient d'une part sur des institutions de collaboration entreprises/universités bien établies et d'autre part sur une unité géographique.
C'est précisément ce qui nous manque : de véritables campus, où les chercheurs universitaires puissent créer leur entreprise.
La création des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) et des pôles de compétitivité relèvent de logiques institutionnelles qui étaient nécessaires.
Mais nous ne serons arrivés au but que lorsqu'un pôle de compétitivité deviendra une réalité géographique.
Les campus du 21ème siècle seront en effet de véritables zones du savoir et de l'innovation avec une grande institution d'enseignement supérieur et de recherche de taille internationale entourée de centre de recherches privés et d'un tissu de PME dont certaines seront créées par des étudiants et des enseignants pour valoriser le fruit de leur travaux.
C'est à la création de tels campus que le Grand Emprunt pourrait participer, sur la base de projets concrets.
Mesdames et Messieurs,
Vous l'aurez compris, le Mouvement populaire a travaillé, réfléchi, débattu.
Je ferai part de ces propositions au Premier Ministre mardi prochain.
Elles seront sur la table. Je souhaite ardemment qu'elles fassent leur chemin !
Le mouvement populaire est là pour porter ce projet et cette ambition devant les Français. Les Français sont concernés, car c'est de leur avenir dont il s'agit.
Nous avons, nous, Mouvement populaire, un grand rôle à jouer dans les mois qui viennent.
C'est de porter cet emprunt partout en France pour montrer qu'il est profondément inscrit dans une volonté : préparer l'avenir des Français.
Ne nous voilons pas la face.
Depuis des années, la France a pris du retard. Il est temps de prendre de l'avance.
Un temps d'avance, c'est ce que le Mouvement Populaire veut donner à la France
Je vous remercie.
Source http://www.u-m-p.org, le 22 octobre 2009