Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Vous êtes donc la secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, et secrétaire générale adjointe de l'UMP. Tout d'abord donc, cette fête gâchée, hier, l'Apéro géant organisé via Facebook a tourné au drame. Selon vous, appeler les préfets à interdire systématiquement ces Apéros géants, est-ce que c'est souhaitable, et est-ce que c'est ce que vous demandez ce matin ?
Ce n'est pas forcément l'interdiction systématique, mais je crois qu'il faut que les organisateurs comprennent que, s'il y a des règles de sécurité qui sont mises en place, ce n'est pas pour les ennuyer, c'est vraiment qu'il y a des risques. Pas forcément de leur fait, parce que eux peuvent de bonne foi, mais réunir des milliers de personnes dans un lieu qui n'est pas prévu pour ça, avec des gens de tous les âges - il y en a certains qui sont vraiment là par convivialité, juste pour rencontrer d monde - il peut y avoir aussi des mouvements de foule, des choses mal maîtrisées.
On comprend bien tout ça, mais comment on fait, parce que, déjà identifier les organisateurs c'est compliqué, il y a l'anonymat derrière tout ça. Est-ce que vous, vous voulez par exemple qu'on repère les organisateurs, qu'ils ne puissent pas être cachés derrière l'anonymat ?
Je pense qu'il faut avoir un peu le même genre de politique que ce qu'on a eu vis-à-vis des Rave parties dans les années 90.
C'est-à-dire ?
...et d'ailleurs ça procède un petit peu du même mouvement. Au début, vous vous souvenez, les organisateurs, les préfets se sont vraiment regardés en chiens de faïence, le contact ne passait pas, et puis après ça s'est beaucoup passé d'ailleurs par le cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque, après N. Sarkozy, c'était au début des année 2000, ils ont commencé à se parler, et des organisateurs ont accepté aussi d'entrer dans les cadres de réflexion qui étaient ceux des préfectures, d'entrer dans la logique des problèmes de sécurité.
Mais quand il y a un drame comme celui d'hier, la responsabilité est attribuée à qui : aux organisateurs, ceux qui appellent de façon donc anonyme ?
Elle peut être attribuée aux organisateurs et on n'est jamais anonyme, tout le monde doit en être bien conscient, y compris sur Internet. Mais je voudrais aussi qu'on dépasse cette logique-là pour entrer dans l'ère de la responsabilité. Dans ces grands mouvements, il y a beaucoup de convivialité, il y a aussi beaucoup d'alcool. Et beaucoup d'alcool, avec beaucoup de monde, dans un espace qui n'est pas prévu pour ça, ça peut donner des vrais catastrophes.
Donc, ce que vous demandez ce matin, c'est une forme de responsabilité et de concertation, pas d'interdiction a priori mais de la concertation et un appel à la responsabilité ?
Moi je suis (...) que pour les rave parties. Les rave parties n'ont pas été complètement interdites, mais il y en a qui ont été interdites parce que c'était vraiment dangereux et on a fini vraiment dans certains cas à trouver des accords, à trouver des espaces de dialogue entre les organisateurs et les préfets, et je veux que l'organisateur se rende compte que ce n'est pas pour les embêter, qu'il n'y a pas les gentils organisateurs contre les méchants préfets, qu'il y a aussi des problèmes de sécurité et de ce qu'on appelle "l'ordre public"... Enfin, ce qu'on appelle l'ordre public, ce n'est pas une saloperie pour embêter les gens, c'est pour protéger les gens.
Autre sujet important d'actualité, donc, et vous le savez, c'est parti pour la loi sur les jeux en ligne qui est entrée en application, elle a été passée au Journal Officiel. Ca veut dire concrètement, tout ça est légal à partir de quand, avant la Coupe du monde ?
Oui, avant la Coupe du monde. L'objectif c'est tout simplement de sortir du système actuel dans lequel il y a beaucoup, beaucoup de jeux en ligne mais c'est complètement illégal, et du coup ce n'est pas maîtrisé, ce n'est pas contrôlé, les joueurs ne sont pas protégés - vous avez des jeux en ligne qui sont des vraies arnaques - pour entrer dans un système dans lequel il y a une offre de jeux en ligne, elle est contrôlée, puisque il y a une autorité indépendante qui est en charge, et donc elle est de qualité.
Je m'adresse maintenant à la secrétaire générale adjointe de l'UMP, vous l'avez peut-être entendu tout à l'heure ou lu dans Le Figaro : le Conseil d'Etat rappelle à nouveau qu'une interdiction complète de la loi sur la burqa n'aurait aucun fondement juridique incontestable. Vous passez en force quand même ?
On savait que le Conseil d'Etat était contre, il l'avait déjà dit, ce n'est pas vraiment une nouveauté, et le Premier ministre à ce moment-là l'avait dit aussi, il acceptait de prendre le risque juridique parce qu'il pensait que c'était quelque chose d'important.
Donc, vous passez de toute façon en force. Et par exemple, aujourd'hui, évidemment vous savez bien que la gauche demande que l'interdiction se fasse simplement dans les lieux publics, dans les services publics.
J'entends bien ce discours, je trouve qu'on peut en discuter naturellement, mais il y a aussi un moment où on risque d'être un peu dans l'hypocrisie parce que, si c'est interdit dans les services publics, dans les commerces, dans les transports en commun, en fait ça veut dire que c'est interdit dans la rue, pourquoi est-ce qu'on ne le dit pas ?
Mais vous êtes prêts à en discuter avec la gauche, et éventuellement à modifier le projet de loi ?
Dans l'idéal, ce projet de loi il faudrait vraiment qu'il soit voté à l'unanimité, parce qu'il faudrait que ce soit toute la République dans son ensemble qui dise : non à la burqa. Mais à un moment, si la gauche ne veut pas venir voter le projet de loi... La résolution, la démarche de résolution, a été modifiée pour que la gauche accepte de la voter. Il faut aussi à un moment que la gauche fasse un pas en quelque sorte, et dise si oui ou non elle est vraiment contre, et oui ou non elle veut rendre cette résolution opérationnelle. On ne peut pas juste voter pour la résolution et voter contre le projet de loi, comme en s'en lavant les mains.
Vous avez peut-être parcouru le blog de C. Vanneste, député UMP pour défendre l'Eglise catholique victime des scandales de pédophilie. Il attaque une nouvelle fois l'homosexualité sur son Blog, "si proche de la pédophilie qu'il serait grossier de les dissocier", selon lui. Que fait-il encore à l'UMP ?
D'abord, il n'est plus à l'UMP...
Eh bien, si.
Ah non !
Comment non ?
C. Vanneste n'est plus membre de l'UMP, il a changé de parti il y a quelque temps déjà, il est dans un parti qui s'appelle le CNI, alors je crois, il doit être encore apparenté au groupe UMP, donc, ça c'est une question qui relève du groupe UMP.
Oui, il est clairement apparenté à l'UMP.
Mais pas du parti, il n'est pas au parti.
Oui, enfin... Ce n'est pas une hypocrisie quand la droite tape sur le Languedoc-Roussillon et G. Frêche ? Ce n'est le G. Frêche de la droite ?
Mais C. Vanneste n'est pas au parti, je déplore ses propos. En fait d'amalgame, je trouve que l'amalgame entre pédophilie et homosexualité est grossier.
Très bien. Et même le fait qu'il soit apparenté UMP, ça ne vous dérange pas ?
Ca se passe au groupe et c'est au groupe là de régler ce sujet-là. Merci N. Kosciusko-Morizet.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement le 14 mai 2010
Ce n'est pas forcément l'interdiction systématique, mais je crois qu'il faut que les organisateurs comprennent que, s'il y a des règles de sécurité qui sont mises en place, ce n'est pas pour les ennuyer, c'est vraiment qu'il y a des risques. Pas forcément de leur fait, parce que eux peuvent de bonne foi, mais réunir des milliers de personnes dans un lieu qui n'est pas prévu pour ça, avec des gens de tous les âges - il y en a certains qui sont vraiment là par convivialité, juste pour rencontrer d monde - il peut y avoir aussi des mouvements de foule, des choses mal maîtrisées.
On comprend bien tout ça, mais comment on fait, parce que, déjà identifier les organisateurs c'est compliqué, il y a l'anonymat derrière tout ça. Est-ce que vous, vous voulez par exemple qu'on repère les organisateurs, qu'ils ne puissent pas être cachés derrière l'anonymat ?
Je pense qu'il faut avoir un peu le même genre de politique que ce qu'on a eu vis-à-vis des Rave parties dans les années 90.
C'est-à-dire ?
...et d'ailleurs ça procède un petit peu du même mouvement. Au début, vous vous souvenez, les organisateurs, les préfets se sont vraiment regardés en chiens de faïence, le contact ne passait pas, et puis après ça s'est beaucoup passé d'ailleurs par le cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque, après N. Sarkozy, c'était au début des année 2000, ils ont commencé à se parler, et des organisateurs ont accepté aussi d'entrer dans les cadres de réflexion qui étaient ceux des préfectures, d'entrer dans la logique des problèmes de sécurité.
Mais quand il y a un drame comme celui d'hier, la responsabilité est attribuée à qui : aux organisateurs, ceux qui appellent de façon donc anonyme ?
Elle peut être attribuée aux organisateurs et on n'est jamais anonyme, tout le monde doit en être bien conscient, y compris sur Internet. Mais je voudrais aussi qu'on dépasse cette logique-là pour entrer dans l'ère de la responsabilité. Dans ces grands mouvements, il y a beaucoup de convivialité, il y a aussi beaucoup d'alcool. Et beaucoup d'alcool, avec beaucoup de monde, dans un espace qui n'est pas prévu pour ça, ça peut donner des vrais catastrophes.
Donc, ce que vous demandez ce matin, c'est une forme de responsabilité et de concertation, pas d'interdiction a priori mais de la concertation et un appel à la responsabilité ?
Moi je suis (...) que pour les rave parties. Les rave parties n'ont pas été complètement interdites, mais il y en a qui ont été interdites parce que c'était vraiment dangereux et on a fini vraiment dans certains cas à trouver des accords, à trouver des espaces de dialogue entre les organisateurs et les préfets, et je veux que l'organisateur se rende compte que ce n'est pas pour les embêter, qu'il n'y a pas les gentils organisateurs contre les méchants préfets, qu'il y a aussi des problèmes de sécurité et de ce qu'on appelle "l'ordre public"... Enfin, ce qu'on appelle l'ordre public, ce n'est pas une saloperie pour embêter les gens, c'est pour protéger les gens.
Autre sujet important d'actualité, donc, et vous le savez, c'est parti pour la loi sur les jeux en ligne qui est entrée en application, elle a été passée au Journal Officiel. Ca veut dire concrètement, tout ça est légal à partir de quand, avant la Coupe du monde ?
Oui, avant la Coupe du monde. L'objectif c'est tout simplement de sortir du système actuel dans lequel il y a beaucoup, beaucoup de jeux en ligne mais c'est complètement illégal, et du coup ce n'est pas maîtrisé, ce n'est pas contrôlé, les joueurs ne sont pas protégés - vous avez des jeux en ligne qui sont des vraies arnaques - pour entrer dans un système dans lequel il y a une offre de jeux en ligne, elle est contrôlée, puisque il y a une autorité indépendante qui est en charge, et donc elle est de qualité.
Je m'adresse maintenant à la secrétaire générale adjointe de l'UMP, vous l'avez peut-être entendu tout à l'heure ou lu dans Le Figaro : le Conseil d'Etat rappelle à nouveau qu'une interdiction complète de la loi sur la burqa n'aurait aucun fondement juridique incontestable. Vous passez en force quand même ?
On savait que le Conseil d'Etat était contre, il l'avait déjà dit, ce n'est pas vraiment une nouveauté, et le Premier ministre à ce moment-là l'avait dit aussi, il acceptait de prendre le risque juridique parce qu'il pensait que c'était quelque chose d'important.
Donc, vous passez de toute façon en force. Et par exemple, aujourd'hui, évidemment vous savez bien que la gauche demande que l'interdiction se fasse simplement dans les lieux publics, dans les services publics.
J'entends bien ce discours, je trouve qu'on peut en discuter naturellement, mais il y a aussi un moment où on risque d'être un peu dans l'hypocrisie parce que, si c'est interdit dans les services publics, dans les commerces, dans les transports en commun, en fait ça veut dire que c'est interdit dans la rue, pourquoi est-ce qu'on ne le dit pas ?
Mais vous êtes prêts à en discuter avec la gauche, et éventuellement à modifier le projet de loi ?
Dans l'idéal, ce projet de loi il faudrait vraiment qu'il soit voté à l'unanimité, parce qu'il faudrait que ce soit toute la République dans son ensemble qui dise : non à la burqa. Mais à un moment, si la gauche ne veut pas venir voter le projet de loi... La résolution, la démarche de résolution, a été modifiée pour que la gauche accepte de la voter. Il faut aussi à un moment que la gauche fasse un pas en quelque sorte, et dise si oui ou non elle est vraiment contre, et oui ou non elle veut rendre cette résolution opérationnelle. On ne peut pas juste voter pour la résolution et voter contre le projet de loi, comme en s'en lavant les mains.
Vous avez peut-être parcouru le blog de C. Vanneste, député UMP pour défendre l'Eglise catholique victime des scandales de pédophilie. Il attaque une nouvelle fois l'homosexualité sur son Blog, "si proche de la pédophilie qu'il serait grossier de les dissocier", selon lui. Que fait-il encore à l'UMP ?
D'abord, il n'est plus à l'UMP...
Eh bien, si.
Ah non !
Comment non ?
C. Vanneste n'est plus membre de l'UMP, il a changé de parti il y a quelque temps déjà, il est dans un parti qui s'appelle le CNI, alors je crois, il doit être encore apparenté au groupe UMP, donc, ça c'est une question qui relève du groupe UMP.
Oui, il est clairement apparenté à l'UMP.
Mais pas du parti, il n'est pas au parti.
Oui, enfin... Ce n'est pas une hypocrisie quand la droite tape sur le Languedoc-Roussillon et G. Frêche ? Ce n'est le G. Frêche de la droite ?
Mais C. Vanneste n'est pas au parti, je déplore ses propos. En fait d'amalgame, je trouve que l'amalgame entre pédophilie et homosexualité est grossier.
Très bien. Et même le fait qu'il soit apparenté UMP, ça ne vous dérange pas ?
Ca se passe au groupe et c'est au groupe là de régler ce sujet-là. Merci N. Kosciusko-Morizet.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement le 14 mai 2010