Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur la gestion de la crise consécutive aux crues de la Somme, notamment la mise en place rapide de mesures d'urgence et de solidarité, Amiens, le 10 mai 2001.

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Circonstance : Point sur la réunion de la cellule interministérielle d'expertise sur les crues du bassin de la Somme à Amiens, le 10 mai 2001

Texte intégral

J'ai tenu ce matin, avec Marie-Noëlle LIENEMANN, une réunion de travail avec le préfet, les services de l'État qui l'épaulent dans la cellule interministérielle de crise, et les principaux élus du département.
Depuis le début des inondations mon ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement est mobilisé.
Nous avons voulu cette séance de travail sur place. Du fait de la durée, la population d'abord touchée est confrontée à des difficultés inédites, mais aussi les équipements, les habitations....
Nous devons faire face à deux situations distinctes: gérer la crise, en mettant en place les mesures d'urgence et de solidarité immédiates qui s'imposent, et préparer le traitement des conséquences, une fois la décrue effective, bien que nous ne sachions pas encore aujourd'hui quand ce moment, tant attendu, arrivera.
L'État a déjà pris ses responsabilités, en mettant tout en uvre pour que les familles éprouvées par l'inondation, et le départ forcé, souvent traumatisant, de leur habitation, soient rapidement relogées, lorsqu'elles le demandent, dans des conditions décentes et au plus prés de leur logement d'origine.
Au-delà de cet effort immédiat, l'État continuera de jouer pleinement son rôle. Nous le ferons avec l'ensemble des partenaires, au premier rang desquels les collectivités locales, et nous y mettrons les moyens nécessaires.
Le gouvernement a déjà dégagé en avril des crédits d'urgence et de premiers secours pour les personnes, plus de 10 MF. Il fallait parer au plus pressé.
Mais il ne s'en est pas tenu là. Vous aurez noté que toute l'installation dans les logements d'urgence se fait à ses frais. C'est un soutien concret apporté aux familles dans la détresse. Pour ordre de grandeur, le coût moyen d'un tel logement d'urgence est d'environ 150 000 F, à quoi s'ajoute la viabilité du terrain, pour laquelle, pour tous les emplacements nécessaires, nous avons dégagé 20MF environ.
Après les premières installations, les logements d'urgence se mettront en place dès la semaine prochaine au rythme de 10 par jour, ce qui veut dire qu'en moins de quinze jours nous aurons relogé les 124 familles qui en ont fait la demande. La disponibilité des terrains est en passe d'être réglée puisque 138 emplacements sont déjà repérés.
La solidarité de l'État ne s'arrêtera pas à la décrue. Lorsque des aides au relogement seront nécessaires, les crédits seront dégagés, y compris pour les réparations des logements privés. Nous estimons ainsi à 100 MF le coût total des crédits qui seront mobilisés, depuis la mise en place des logements d'urgence jusqu'aux aides de l'agence nationale de l'habitat.
Il faudra également, le moment venu, apprécier l'ampleur des besoins pour la prévention du retour du risque, et la réparation des effets de l'inondation. Monsieur le préfet de région, préfet du département de la Somme, sera mandaté pour étudier, avec toutes les collectivités locales concernées, les besoins et les financements, qui pourront faire l'objet d'une aide exceptionnelle.
Il faudra aussi définir une règle de conduite pour l'avenir des zones sinistrées, et notamment la réinstallation des populations dans des secteurs qui viennent de démontrer leur dangerosité, même si les précédents sont très anciens, au point qu'on les avait peut-être oubliés.
Les agents de l'Équipement vivent le service public au quotidien, ils ont déjà fait la démonstration de leur disponibilité, notamment lors des tempêtes de l'hiver 1999. J'ai souhaité qu'ils apportent leur concours aux collectivités locales qui le demanderont pour que les ouvrages publics touchés par l'inondation fassent l'objet, dès la décrue, d'un diagnostic, de propositions de solutions techniques, et pour que puissent être préparés les travaux de réparation nécessaires.
Cette solidarité s'exercera autant sur les ouvrages terrestres que fluviaux, et nous sommes en train de mettre en place, avec le soutien des organisations syndicales, des mesures permettant que lorsque le préfet et le directeur départemental de l'équipement auront précisé, avec les élus, les actions à conduire, nos agents soient mobilisés pour y répondre. Ce vaste mouvement de soutien concernera plusieurs départements.
A l'issue de ce point presse, nous irons sur place pour échanger avec des opérateurs de logement d'urgence, des habitants et, bien sûr, les élus locaux. Nous avons tenu notre réunion de travail ce matin avec des représentants des collectivités locales et des élus nationaux, parce qu'il est essentiel que toutes les énergies se mobilisent dans un esprit non partisan, et que tous les niveaux de l'action publique soient sollicités.
Je me réjouis qu'aient pu être montées si rapidement les équipes de proximité qui ont la charge d'apporter aux familles une aide concrète, très adaptée, pour les aider à faire face et à reprendre espoir. Ce travail de proximité est essentiel. Il complète l'action de la cellule opérationnelle que le préfet a installée auprès de lui, avec le soutien de l'ensemble des services de l'État, qui démontrent ainsi, de façon, je crois, très reconnue localement, leur capacité d'adaptation et de mobilisation.
Tout ce travail investi, toutes ces énergies déployées pour soutenir, aider, réparer, doit nous conduire à prévenir le retour d'une telle catastrophe. Je suis d'ailleurs attentif à l'évolution de la situation dans d'autres départements, particulièrement dans l'Oise, où l'on signale des risques d'effondrement de plusieurs habitations.
La prévention du risque d'inondation, avec ce phénomène très particulier de la crue de nappe, doit donc être mise, dès le retour à la normale, parmi les priorités de l'action publique
Cette politique pourra s'appuyer sur les conclusions de la mission interministérielle d'expertise sur les crues du bassin de la Somme, que le gouvernement a mandaté le mois dernier et qui devrait rendre un premier rapport d'étape fin mai.
Elle doit en effet analyser le phénomène de crue et les causes qui ont pu en aggraver les conséquences, et proposer les améliorations à apporter en matière de prévention et de protection.

(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 16 mai 2001)