Texte intégral
Deux anciens ministres des Affaires étrangères, et non des moindres, qui ont bénéficié des conditions particulières de la cohabitation, demandent que l'on cesse d'affaiblir le Quai d'Orsay. Je les en remercie et présente ici quelques remarques.
Si, pendant vingt ans, le budget du ministère a fortement diminué, aujourd'hui il ne baisse plus. Depuis mon arrivée en 2007, il a augmenté de 9,1 %. En 2011, il augmentera de 4,5 %. Tous les ministères régaliens ne peuvent pas en dire autant, dans un contexte où l'Etat doit économiser 10 milliards d'euros en trois ans. Alors que la France doit redresser ses finances publiques, ce choix du gouvernement traduit une conviction : investir dans notre outil diplomatique, c'est investir dans notre avenir.
On nous dit que la Révision générale des politiques publiques (RGPP) se fait à l'aveugle. N'ayons pas la mémoire si courte ! Elle suit les préconisations du Livre blanc sur la politique étrangère de la France qui a été réalisé au Quai d'Orsay tout spécialement par Alain Juppé et Louis Schweitzer. C'est ainsi que nous avons préservé l'universalité de notre réseau, tout en le rendant plus modulable et mieux adapté à la réalité de nos intérêts et du monde. Faut-il appeler cela "détruire notre outil diplomatique" ? Nous restons, et resterons, le deuxième réseau du monde derrière les Etats-Unis, et loin devant les pays émergents cités par les auteurs de cette tribune.
J'en viens aux effectifs. C'est vrai, en vingt-cinq ans, le ministère des Affaires étrangères a perdu 15 % de ses personnels. Cette baisse est intervenue sans discontinuer, y compris à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Cette période fut celle de mes excellents collègues.
En revanche, il est faux de dire que la nouvelle vague de RGPP conduira au non-remplacement de trois fonctionnaires sur quatre. J'ai obtenu au contraire que soit reconnue la spécificité de la structure d'emploi de ce ministère, où les titulaires restent largement minoritaires. Ainsi, seul un agent titulaire du ministère des Affaires étrangères et européennes sur cinq ne sera pas remplacé d'ici à 2013 ! Je sais pourtant que même cet effort sera difficile, compte tenu des réductions d'effectifs consenties depuis vingt-cinq ans. La question que les auteurs se dispensent de poser, c'est de savoir où l'on doit faire porter ces réductions d'emploi.
Je ne me résous pas à idéaliser le passé au point de croire qu'on ne peut pas gagner en efficacité. C'est le pari de l'ambitieuse réforme de notre diplomatie d'influence avec la création d'une Agence culturelle extérieure de la France votée lundi 5 juillet à l'Assemblée nationale, après vingt ans de promesse. Nous travaillons étroitement avec le ministère de la Culture et les Alliances françaises. Le réseau culturel à l'étranger, qui comprend plus de 8.000 agents, doit être repensé, réorganisé, modernisé. Je l'ai maintenu volontairement sous l'autorité des ambassadeurs, mais il y a des doublons, des superpositions de structures. Pour certains, ces redondances sont peut-être le signe d'un âge d'or. Pour d'autres, dont je suis, c'est du gaspillage d'argent public.
Cela ne veut pas dire que l'action culturelle soit laissée pour compte. Au total, j'ai obtenu 100 millions d'euros additionnels de crédits pour la réforme culturelle, en plus des enveloppes prévues, entre 2009 et 2013. S'y ajoutent les crédits pour soutenir une politique d'enseignement français réaffirmée, pour renforcer la sécurité de nos implantations, pour faire fonctionner les ambassades que nous avons ouvertes, par exemple à Kigali (Rwanda) ou à Bichkek (Kirghizistan).
J'ai par ailleurs été particulièrement attentif à la vie quotidienne des agents de mon ministère. Ils font un métier difficile, au péril parfois de leur vie, toujours de leur vie de famille. Un beau et dur métier - loin des clichés sur la vie oisive dans des ambassades dorées.
C'est pour cette raison que je les ai toujours défendus, et que je continuerai. A l'étranger : augmentation des crédits pour leur sécurité dans les pays à risque, préservation de leurs indemnités qui sont la contrepartie des difficultés de l'expatriation, création de l'allocation au conjoint. En administration centrale, augmentation de leur pouvoir d'achat - en commençant par les agents de catégorie B et C -, ouverture d'une crèche pour le ministère, priorité donnée à la formation avec la création d'un véritable Institut diplomatique et consulaire et un ambitieux plan de formation pour les personnels culturels... Pendant ce temps, j'ai réduit depuis mon arrivée les dépenses de mon cabinet de 26 %.
Parallèlement, nous avons également réformé et modernisé les structures du ministère : déménagement sur le site de Convention, ouverture pour nos archives diplomatiques d'un site à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), création de la direction générale de la mondialisation et du centre de crise...
J'encourage chacun à regarder la réalité des choses et des chiffres. Oui, cessons d'affaiblir le Quai d'Orsay en arrêtant de regarder toujours ce que l'on perd, jamais ce que l'on gagne. Regardons vers l'avenir. C'est seulement ainsi que l'on servira les intérêts et les valeurs de la France.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2010
Si, pendant vingt ans, le budget du ministère a fortement diminué, aujourd'hui il ne baisse plus. Depuis mon arrivée en 2007, il a augmenté de 9,1 %. En 2011, il augmentera de 4,5 %. Tous les ministères régaliens ne peuvent pas en dire autant, dans un contexte où l'Etat doit économiser 10 milliards d'euros en trois ans. Alors que la France doit redresser ses finances publiques, ce choix du gouvernement traduit une conviction : investir dans notre outil diplomatique, c'est investir dans notre avenir.
On nous dit que la Révision générale des politiques publiques (RGPP) se fait à l'aveugle. N'ayons pas la mémoire si courte ! Elle suit les préconisations du Livre blanc sur la politique étrangère de la France qui a été réalisé au Quai d'Orsay tout spécialement par Alain Juppé et Louis Schweitzer. C'est ainsi que nous avons préservé l'universalité de notre réseau, tout en le rendant plus modulable et mieux adapté à la réalité de nos intérêts et du monde. Faut-il appeler cela "détruire notre outil diplomatique" ? Nous restons, et resterons, le deuxième réseau du monde derrière les Etats-Unis, et loin devant les pays émergents cités par les auteurs de cette tribune.
J'en viens aux effectifs. C'est vrai, en vingt-cinq ans, le ministère des Affaires étrangères a perdu 15 % de ses personnels. Cette baisse est intervenue sans discontinuer, y compris à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Cette période fut celle de mes excellents collègues.
En revanche, il est faux de dire que la nouvelle vague de RGPP conduira au non-remplacement de trois fonctionnaires sur quatre. J'ai obtenu au contraire que soit reconnue la spécificité de la structure d'emploi de ce ministère, où les titulaires restent largement minoritaires. Ainsi, seul un agent titulaire du ministère des Affaires étrangères et européennes sur cinq ne sera pas remplacé d'ici à 2013 ! Je sais pourtant que même cet effort sera difficile, compte tenu des réductions d'effectifs consenties depuis vingt-cinq ans. La question que les auteurs se dispensent de poser, c'est de savoir où l'on doit faire porter ces réductions d'emploi.
Je ne me résous pas à idéaliser le passé au point de croire qu'on ne peut pas gagner en efficacité. C'est le pari de l'ambitieuse réforme de notre diplomatie d'influence avec la création d'une Agence culturelle extérieure de la France votée lundi 5 juillet à l'Assemblée nationale, après vingt ans de promesse. Nous travaillons étroitement avec le ministère de la Culture et les Alliances françaises. Le réseau culturel à l'étranger, qui comprend plus de 8.000 agents, doit être repensé, réorganisé, modernisé. Je l'ai maintenu volontairement sous l'autorité des ambassadeurs, mais il y a des doublons, des superpositions de structures. Pour certains, ces redondances sont peut-être le signe d'un âge d'or. Pour d'autres, dont je suis, c'est du gaspillage d'argent public.
Cela ne veut pas dire que l'action culturelle soit laissée pour compte. Au total, j'ai obtenu 100 millions d'euros additionnels de crédits pour la réforme culturelle, en plus des enveloppes prévues, entre 2009 et 2013. S'y ajoutent les crédits pour soutenir une politique d'enseignement français réaffirmée, pour renforcer la sécurité de nos implantations, pour faire fonctionner les ambassades que nous avons ouvertes, par exemple à Kigali (Rwanda) ou à Bichkek (Kirghizistan).
J'ai par ailleurs été particulièrement attentif à la vie quotidienne des agents de mon ministère. Ils font un métier difficile, au péril parfois de leur vie, toujours de leur vie de famille. Un beau et dur métier - loin des clichés sur la vie oisive dans des ambassades dorées.
C'est pour cette raison que je les ai toujours défendus, et que je continuerai. A l'étranger : augmentation des crédits pour leur sécurité dans les pays à risque, préservation de leurs indemnités qui sont la contrepartie des difficultés de l'expatriation, création de l'allocation au conjoint. En administration centrale, augmentation de leur pouvoir d'achat - en commençant par les agents de catégorie B et C -, ouverture d'une crèche pour le ministère, priorité donnée à la formation avec la création d'un véritable Institut diplomatique et consulaire et un ambitieux plan de formation pour les personnels culturels... Pendant ce temps, j'ai réduit depuis mon arrivée les dépenses de mon cabinet de 26 %.
Parallèlement, nous avons également réformé et modernisé les structures du ministère : déménagement sur le site de Convention, ouverture pour nos archives diplomatiques d'un site à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), création de la direction générale de la mondialisation et du centre de crise...
J'encourage chacun à regarder la réalité des choses et des chiffres. Oui, cessons d'affaiblir le Quai d'Orsay en arrêtant de regarder toujours ce que l'on perd, jamais ce que l'on gagne. Regardons vers l'avenir. C'est seulement ainsi que l'on servira les intérêts et les valeurs de la France.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2010