Texte intégral
Monsieur le Président de la région Centre, François BONNEAU
Monsieur le Président du département du Cher, Alain RAFESTHAIN
Monsieur le Président du CNER, cher Paul JEANNETEAU
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais vous dire que je suis très heureux d'avoir été invité au congrès du CNER. Je connais les agences de développement que vous fédérez. Je connais leur sérieux et leur pondération. J'apprécie particulièrement leur engagement au service de l'attractivité des territoires, à l'écart des clivages politiques. Vos agences sont des enceintes où règne l'esprit d'entreprise.
Depuis sa création en 1952, le CNER a su apporter à l'aménagement du territoire et au développement régional l'expérience et le témoignage des forces vives de notre pays, de ces femmes et de ces hommes qui au quotidien incarnent le goût d'entreprendre, l'audace de se dépasser, la capacité d'innover au service de l'activité économique et de l'emploi.
Véritable forum local, vous représentez la démocratie économique. Ce vous apportez aux élus, avant toutes choses, c'est votre compétence professionnelle, votre sens du concret et de la mesure, votre capacité à mieux anticiper l'avenir, autant d'éléments décisifs pour orienter les décisions stratégiques qui engagent l'avenir d'une collectivité. En un mot, vous savez prendre le pouls d'une collectivité et la projeter dans le futur. Vous avez un réel pouvoir d'influence et, à ce titre, vous êtes en mesure de faire progresser la réflexion des élus comme des institutionnels. Le thème de ce colloque, « Réinventer le développement économique local » en témoigne, comme la grande qualité des tables-rondes qui se sont tenues aujourd'hui sur l'image, le marketing et la compétitivité des territoires.
Et j'apprécie d'autant mieux la capacité de propositions de votre fédération maintenant que, ministre de l'Espace Rural et de l'Aménagement du Territoire, le président de la République m'a confié la mission de contribuer à la rénovation de la politique nationale en matière d'aménagement du territoire.
J'ai bien sûr une expérience déjà longue d'aménageur du territoire, au niveau local, et certains sujets qui me tiennent à coeur, comme le déploiement du très haut débit ou la réforme des collectivités locales, s'inscrivent naturellement dans cette dimension nationale nouvelle qui est la mienne et dans cette volonté de renouvellement de l'aménagement du territoire.
Beaucoup d'autres sujets nécessitent en revanche de ma part une certaine imprégnation afin que je puisse proposer et impulser le renouveau dont notre société a besoin.
Afin de rendre ma mission la plus utile possible, et la plus représentative de la diversité des situations et des attentes des territoires, les contributions régionales qui pourront alimenter ma réflexion et celle de mon ministère sont donc les bienvenues.
Comme la vôtre qui porte haut sur son blason le mot « Economie », la mission qui m'a été donnée par le Président de la République a une dimension éminemment économique : le déploiement de la fibre optique dans tout le territoire, la mise en oeuvre de la réforme des collectivités, le lancement d'une nouvelle phase de pôles d'excellence rurale, le soutien au développement du ferroviaire intercités et celui aux grappes d'entreprises sont autant de projets structurants en matière d'aménagement du territoire, mais surtout ils cherchent à renforcer l'attractivité et la compétitivité des territoires, afin de favoriser leur développement économique.
Et si, à première vue, l'organisation institutionnelle locale est éloignée des préoccupations de développement économique et de compétitivité, il n'en demeure pas moins que l'articulation des différents niveaux de territoires entre eux, ainsi que celle des différents niveaux de collectivités, sont essentielles au bon fonctionnement de nos économies. Les citoyens et les entreprises ont, en effet, besoin de lisibilité, d'accessibilité et de performance, que ce soit dans les territoires ruraux ou urbains. Cette cohérence institutionnelle globale produit de la confiance, et cette confiance est essentielle pour que les citoyens et les entreprises libèrent leur énergie et soient vecteurs de développement économique.
Je dirais même que cette cohérence est la condition du maintien de l'activité économique dans certaines régions rurales : on peut ne pas disposer de tous les services d'une grande agglomération mais être organisé de façon à pouvoir satisfaire l'essentiel des besoins de cadres de haut niveau, en articulation avec une métropole de dimension supérieure, et ainsi maintenir ou développer les industries présentes.
Puisque nous sommes ici réunis pour évoquer le développement économique local, permettez-moi d'insister un instant sur notre formidable potentiel industriel. La France a encore la chance de disposer d'une industrie répartie sur une grande partie de son territoire. On a raison bien sûr de développer les services, à forte ou très forte valeur ajoutée, mais on connaît aussi leur volatilité. La production a cette stabilité et cette tangibilité qui manquent à toutes ces activités « modernes », et qui attachent en outre les gens à un territoire, support de la production et de l'écosystème de l'entreprise industrielle.
Un territoire rural sans activité de production, replié sur les activités de tourisme et d'agriculture, est un territoire rural en grande difficulté ou fortement déséquilibré, qui s'expose au départ de ses jeunes, de ses familles, de son potentiel de renouvellement.
Nous avons donc le devoir collectif de nous assurer que les industries présentes peuvent fonctionner et se développer dans de bonnes conditions. C'est d'ailleurs une des priorités que je me suis fixé pour l'aménagement du territoire.
Le MERAT est, en effet, organisé et déterminé pour appuyer les actions menées par les acteurs locaux du développement économique. Avec la DIACT, il est présent au coeur de nombreux dispositifs qui ont pour mission d'améliorer l'attractivité des territoires. Je ne vais vous en citer que les plus structurants :
- depuis plus de 40 ans la DATAR, devenue depuis la DIACT, assure à travers la prime d'aménagement du territoire le soutien à l'investissement des entreprises dans les territoires les plus fragiles. Avec un budget d'intervention de 40 Millions
- la DIACT assure le copilotage de l'Agence Française pour les Investissements Internationaux, qui est un partenaire clé des agences régionales de développement dans leurs actions de prospection à l'international ;
- le MERAT est à l'origine de la création du Fonds National de Revitalisation des Territoires, et en assure le copilotage. Dans les territoires soumis à des sinistres économiques mais ne bénéficiant pas de dispositifs de revitalisation, il est en effet important d'accompagner le développement des entreprises et des emplois, par des mécanismes innovants de prêts sans garantie. Ce dispositif est copiloté par le ministère de l'économie ; il est mis en oeuvre par Oseo et il a reçu la participation financière de la Caisse des dépôts et Consignations. Tous les opérateurs et ministères concernés se sont mobilisés.
- Le MERAT est évidemment un soutien très actif des pôles de compétitivité, dont il assure le copilotage avec le ministère de l'industrie. Cette politique, réellement novatrice, est un véritable succès. Elle a permis à des entreprises, des laboratoires, des établissements d'enseignement supérieur d'apprendre à se parler, de reconnaître les qualités et la dynamique de chacun et de lancer des projets de recherche-développement, qui seront, j'en suis sûr, déterminants pour la croissance économique de demain. Les pôles de compétitivité doivent d'ailleurs avoir des relais de taille inférieure, regroupant essentiellement des PME, sur un territoire plus circonscrit : les grappes d'entreprises, ou « clusters », doivent également être soutenues car ce sont des vecteurs de développement économique et d'ancrage territorial fort.
- Le développement économique, vous le savez bien, ça n'est pas que l'action à l'attention des entreprises, mais c'est aussi la préoccupation des conditions de l'accueil de ces entreprises et la capacité des populations à tirer profit des services nouveaux qui peuvent leur être apportées. C'est pourquoi je suis très résolument en faveur de la couverture de l'ensemble du territoire en très haut débit. J'ai proposé que la couverture numérique du territoire fasse partie des projets retenus au titre du grand emprunt.
Ces dispositifs dont j'assure le pilotage et ces ambitions que j'affiche montrent à quel point le développement économique des territoires est au coeur de mes priorités.
Tout comme vous, je ne cesse de me poser cette question clé : qu'est-ce que le développement économique local ? Qui en sont les acteurs ? Qui en sont les cibles ? Comment le favoriser, dans le respect des prérogatives de chacun ?
Je suis convaincu que les pôles de compétitivité sont une vraie réponse pour le développement économique des territoires.
C'est pourquoi, j'ai l'intention de continuer à les soutenir, comme vous, ainsi que de prolonger la logique de regroupement, de polarisation et de partenariat qu'ils ont initiés à travers le soutien des grappes d'entreprises, de dimension inférieure mais structurantes pour le développement économique local.
Vous me trouverez bien entendu, avec les services de la DIACT, à vos côtés pour continuer à réfléchir, à inventer des dispositifs nouveaux en réponse au défi du développement économique local.
Source http://www.datar.gouv.fr, le 22 juillet 2010