Texte intégral
A. Grand Emprunt Investissements d'avenir
Le développement de l'économie numérique est au coeur des « investissements d'avenir ». En son sein, la culture est un enjeu de développement économique particulièrement prometteur.
Les « investissements d'avenir » ont pour objet de renforcer et de stimuler le potentiel de croissance de notre pays. Une politique volontariste d'investissement entend développer quelques axes stratégiques afin de renforcer lattractivité de notre pays et de favoriser la création de nouveaux gisements demplois en créant un effet de levier stimulant pour les investisseurs privés.
Une enveloppe de 4,25 milliards d'euros est ainsi consacrée au développement de l'économie numérique . Dans ce cadre, l'État apportera son soutien aux projets lui offrant le meilleur retour sur investissement et ayant le plus fort impact en termes de création d'activité économique, d'emplois et d'aménagement du territoire.
Les contenus culturels sont au coeur de cette ambition politique. Dans ce domaine, le passage au numérique a longtemps été « subi » ; lambition du Grand Emprunt consiste précisément à anticiper et à prendre les devants.
Au-delà du développement de loffre légale, il sagit de servir la création et loffre culturelle, à travers la mise en place dune véritable filière numérique culturelle.
J'ai lancé, en concertation avec le ministère de la Culture et de la Communication, une vaste consultation publique sur les contenus et usages du numérique le 7 juin dernier. Celle-ci a permis de mettre en évidence un fort intérêt de la part des acteurs du numérique, qu'il s'agisse de grands groupes, PME, TPE, d'associations, d'acteurs publics ou de particuliers. Elle a mis à jour des projets innovants mais aussi des initiatives récentes, souvent portées par des PME et des TPE, qui viennent répondre à des besoins et à des usages nouveaux. Les quelque 140 contributions reçues dans ce cadre portent sur tous les types de contenus culturels : l'écrit presse et imprimé, la musique, le cinéma, l'audiovisuel, la photographie et l'image fixe.
Au sein du volet « usages, services et contenus », plusieurs champs thématiques ont été identifiés dès l'origine : parmi eux, celui de la « numérisation des contenus culturels, éducatifs et scientifiques », doté de 750 M. Les autres champs thématiques sont : (1) le développement de l'informatique en nuage ou « cloud computing », (2) le développement des technologies de base du numérique, le développement des nouveaux usages numériques dans (3) la e-santé, (4) la sécurité et la résilience des réseaux, (5) les systèmes de transports intelligents, (6) la ville numérique et (7) la e-éducation.
A travers ce soutien, lÉtat poursuit plusieurs objectifs :
l'émergence de produits et de services innovants utilisant les contenus culturels, éducatifs et scientifiques ;
la création d'un effet de levier sur l'investissement privé, permettant un développement durable de ce secteur de l'économie ;
un appui à la démocratisation culturelle et à la transmission des savoirs.
Quatre premiers grands chantiers se dégagent d'ores et déjà de la consultation :
a/ Le développement de loffre légale dans le domaine du cinéma, avec une plateforme de 6500 films en format VOD, qui pourrait bénéficier de la mutualisation de grands catalogues : ceux de Gaumont, Pathé, TF1 et Roissy Films, en lien avec la SACD et la Cinémathèque française. Restaurer et numériser sur de nouveaux supports, cest bien entendu servir la mémoire du cinéma et sa transmission. Cest aussi faciliter laccès à ce patrimoine à un large public, notamment les scolaires et les jeunes générations, à travers le plan de soutien à la numérisation des salles de cinéma et à travers le développement de la télévision à haute définition. Cest enfin préserver et développer un emploi à forte compétence dans les filières techniques et les laboratoires. Cest surtout adresser un message fort de mobilisation à lEurope et au monde, 20 ans après le dernier grand programme public, le plan Nitrate.
b/ Dans le domaine de lécrit, il sagit de proposer une réponse nationale, légale et concertée au défi lancé par Google. Il sagit également de compléter les programmes de numérisation de masse de la BNF engagés depuis 2007, qui concernent 100 000 livres par an. Ces programmes concernent les oeuvres tombées dans le domaine public antérieures au XXe siècle. Or la demande de lecture des internautes concerne tout autant les oeuvres du XXe siècle et les productions récentes. Je suis en effet convaincu que le livre numérique est aujourdhui la « nouvelle frontière » de lédition. Il nest pas sans intérêt de noter quà loccasion de la rentrée littéraire, de nombreux éditeurs ont proposé parallèlement au format papier des formats numériques. Avec 5000 livres proposés sur Ipad, loffre française est encore embryonnaire, mais elle est appelée à se développer : elle est à même de créer une filière économique et une expertise française. Le projet consiste à numériser les livres indisponibles du XXe siècle sous droits, à partir dun consortium associant partenaires publics je pense bien entendu à la BNF , éditeurs et auteurs. Une fois ce consortium devenu opérationnel, un corpus expérimental d'au moins 100 000 livres permettra de valider le modèle économique choisi ; à terme, ce sont 300 à 400 000 livres que nous voulons numériser.
Lavenir de la lecture, cest aussi le livre augmenté, où le texte est complété par des éléments multimédia (couleur, vidéo, son) qui viennent illustrer, renforcer ou accompagner la lecture. Le livre numérique « augmenté » propose une voie nouvelle, complémentaire de la lecture traditionnelle. Les applications concernent des domaines et des publics très divers : les livres pour la jeunesse, les livres pratiques et professionnels, les livres dhistoire, les livres dart, etc.
Le lien avec internet et linteractivité qui en découle rend ce nouveau type de produit culturel accessible sur des terminaux de plus en plus nombreux : smartphones et tablettes, en dautres termes il rend accessible la culture à chacun et en tout lieu.
c/ Laudiovisuel, dont les contenus déjà numérisés ou non pourront être fortement valorisés par le développement de services tant pour les particuliers que pour les entreprises. Jusqu'ici en effet, ces contenus, même numérisés, sont difficilement accessibles et dispersés. Or le développement d'une offre légale passe par l'amélioration du service. Ainsi, on pourrait voir naître un portail unique qui permette à celui qui cherche une oeuvre particulière de trouver en quelques clics la bonne plateforme de vidéo à la demande pour la visionner. Ce portail serait à la vidéo à la demande ce que sont les sites comme Allociné pour les salles de cinéma. Certains de ces projets pourront se développer autour de lINA, qui apporte la richesse de ses bases de données et son expertise, mais aussi autour dacteurs historiques des médias et de la communication. Cest une logique gagnant-gagnant qui doit présider à ce chantier
d/ La création dun kiosque numérique assurant la commercialisation de contenus provenant de plusieurs éditeurs de presse sinscrit dans cette ambition pour la démocratie numérique et le débat citoyen. Depuis une dizaine dannées, les éditeurs de presse ont tous développé des sites web ; ils ont aussi offert des formules « Premium » avec des services complémentaires. Plus de 40 sites web sont concernés, enregistrant 32 milliards de pages visitées par an. Le groupement dIntérêt économique (GIE) E-presse Premium est en voie de création : il entend rassembler tous les éditeurs de presse, quotidiens mais aussi newsmagazines. A partir de 2011, le projet de kiosque numérique entend élargir les communautés de lecteurs, ouvrir leurs horizons dattente. Ainsi, à la veille de lélection présidentielle 2012, un abonné pourra bénéficier dune formule lui ouvrant plusieurs titres de presse, plusieurs opinions, plusieurs regards sur lactualité. Je vois aussi dans cette initiative un outil pour sauvegarder linformation de qualité et la spécificité du métier de journaliste. Linformation de qualité a un prix, elle a un coût aussi : le tout gratuit ne saurait répondre aux défis de lavenir pour le secteur de la presse, aujourdhui confronté à des choix fondamentaux. Laccès payant nest pas antithétique de la démocratie numérique : préserver la qualité, garantir la spécificité de lécriture journalistique - ainsi que la réaffirmé la loi Création et internet en réglant la question des droits dauteur pour les rédactions bi-medias cest aussi développer le sens critique des lecteurs et lhorizon dattente du citoyen.
B. La neutralité du net
Le débat sur la neutralité du net ne se réduit pas à sa dimension technique. Il sous-tend en effet des enjeux économiques majeurs ; il pose également de nombreuses questions de société, dont certaines en particulier intéressent directement le secteur de la culture et des médias.
La préservation d'un internet ouvert bénéficie directement à la liberté d'expression, au pluralisme des médias et à la diversité culturelle. Au-delà du sujet de la neutralité, les questions liées à la rémunération des acteurs de la création, au financement de celle-ci et à un partage équitable de la valeur entre tous les acteurs demeurent des sujets essentiels.
S'il ne faut pas opposer opérateurs de réseaux et fournisseurs de contenus et de services, les uns ne pouvant se développer sans les autres, on peut légitimement se poser les questions suivantes, qui impactent directement les industries culturelles et le financement de la création :
=> Comment assurer l'accès des utilisateurs à tous les contenus (notamment les contenus culturels), services et applications véhiculés sur les réseaux de façon transparente et non discriminatoire ? Comment, dans ce cadre, préserver le pluralisme de l'information, garantir la liberté d'information et de communication ?
=> Comment concilier les objectifs de respect des droits d'auteur et des droits voisins et de lutte contre le piratage des oeuvres culturelles en ligne avec cette possibilité de pouvoir accéder à tout contenu pour l'utilisateur ?
=> Comment préserver la capacité d'innovation offerte par Internet et créer les conditions de développement des industries culturelles propices à la diversité culturelle, au renouvellement de la création artistique et à l'émergence de nouveaux talents ?
=> Comment assurer le développement de linternet permettant à chaque maillon de la chaîne de valeur opérateurs techniques, fournisseurs de contenus et de services, auteurs, producteurs, etc. - de développer des modèles économiques pérennes, garants de leur financement et de leur développement dans la durée ? Se pose particulièrement ici la question du financement de la création, les contenus et services attrayants étant notamment la clé de l'adhésion de tous au très haut débit en cours de déploiement.
C. Proxima mobile
Lannée 2010 aura été celle de la montée en puissance des mobiles connectés à lInternet. Ainsi, à la fin de cette année, la France devrait compter plus de 15 millions de « mobinautes ». Laccès à lInternet via les terminaux mobiles pourrait même devenir le mode daccès dominant dans les toutes prochaines années. Cest pour soutenir et amplifier ce mouvement vers lInternet mobile que nous avons souhaité créer Proxima Mobile, le premier portail européen de services dintérêt général sur mobile. Lobjectif de ce portail était double : aider à créer des services utiles aux citoyens dans lensemble de leurs activités quotidiennes et favoriser le développement dun écosystème stratégique pour notre économie, celui des services sur mobile. Ce domaine constitue bien un objectif stratégique pour notre économie, en effet le marché mondial des applications sur mobiles devrait sélever en 2013 à plus de 15 milliards deuros.
Ainsi, parmi les premiers services créés sur le portail Proxima Mobile figurent des applications culturelles issues détablissements culturels, de collectivités territoriales mais aussi de PME. Cest le cas des services touristiques ou culturels de la Région Bourgogne, de lAgenda mobile de la Ville de Bordeaux ou encore de lapplication Culture Clic. Certaines de ces applications culturelles sont déjà des succès internationaux. Ainsi, lapplication du Musée du Louvre est lune des applications culturelles les plus téléchargées au monde avec près de 3 millions dutilisateurs. Il est à noter que 60 % dentre eux sont localisés aux États-Unis.
Face aux mutations de lInternet, la France et plus largement lEurope disposent datouts essentiels pour devenir des acteurs majeurs de léconomie des services numériques. Nous disposons pour cela dun marché unifié des communications mobiles parmi les plus importants au monde et dun tissu très dense de PME innovantes. Nous disposons aussi de gisements dinformations, touristiques, culturels et géographiques parmi les plus attractifs au monde. Ces informations constitueront la base des nouveaux services à valeur ajoutée de lInternet mobile. Un élément essentiel au développement des services sur Internet en Europe sera lié à la capacité des acteurs publics à utiliser les données géolocalisées comme leviers de développement pour de nouveaux services numériques. En effet, les technologies de lInternet en épousant la géographie physique et culturelle des territoires, donnent aux entreprises françaises la possibilité de devenir des acteurs clé pour le développement des nouveaux services de lInternet. Ces données culturelles, géographiques, touristiques et environnementales permettront de créer de nouveaux services qui eux-mêmes valoriseront les territoires. Une autre particularité des services sur mobile est quils sappuieront sur des expertises locales en matière de culture, de tourisme ou denvironnement. Ainsi, à la différence des services en ligne traditionnels qui pouvaient être entièrement gérés « à distance », ces services mobiles seront « ancrées » sur les compétences issues des territoires et permettront ainsi de créer des emplois beaucoup moins délocalisables.
Enfin, pour donner aux entreprises innovantes lopportunité de sexprimer sur des marchés plus larges que le seul marché français, il convient de créer désormais des services « paneuropéens » sur mobile. Cest dans cette perspective que nous avons mis en place le portail européen « ProximaMobile.EU ». Ainsi, nous avons aussi lancé cette semaine le premier appel à projets européen qui permettra daider des entreprises, mais aussi des établissements publics et des collectivités à créer des applications qui pourront être utilisées sur lensemble des territoires de lUnion européenne.Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 9 novembre 2010
Le développement de l'économie numérique est au coeur des « investissements d'avenir ». En son sein, la culture est un enjeu de développement économique particulièrement prometteur.
Les « investissements d'avenir » ont pour objet de renforcer et de stimuler le potentiel de croissance de notre pays. Une politique volontariste d'investissement entend développer quelques axes stratégiques afin de renforcer lattractivité de notre pays et de favoriser la création de nouveaux gisements demplois en créant un effet de levier stimulant pour les investisseurs privés.
Une enveloppe de 4,25 milliards d'euros est ainsi consacrée au développement de l'économie numérique . Dans ce cadre, l'État apportera son soutien aux projets lui offrant le meilleur retour sur investissement et ayant le plus fort impact en termes de création d'activité économique, d'emplois et d'aménagement du territoire.
Les contenus culturels sont au coeur de cette ambition politique. Dans ce domaine, le passage au numérique a longtemps été « subi » ; lambition du Grand Emprunt consiste précisément à anticiper et à prendre les devants.
Au-delà du développement de loffre légale, il sagit de servir la création et loffre culturelle, à travers la mise en place dune véritable filière numérique culturelle.
J'ai lancé, en concertation avec le ministère de la Culture et de la Communication, une vaste consultation publique sur les contenus et usages du numérique le 7 juin dernier. Celle-ci a permis de mettre en évidence un fort intérêt de la part des acteurs du numérique, qu'il s'agisse de grands groupes, PME, TPE, d'associations, d'acteurs publics ou de particuliers. Elle a mis à jour des projets innovants mais aussi des initiatives récentes, souvent portées par des PME et des TPE, qui viennent répondre à des besoins et à des usages nouveaux. Les quelque 140 contributions reçues dans ce cadre portent sur tous les types de contenus culturels : l'écrit presse et imprimé, la musique, le cinéma, l'audiovisuel, la photographie et l'image fixe.
Au sein du volet « usages, services et contenus », plusieurs champs thématiques ont été identifiés dès l'origine : parmi eux, celui de la « numérisation des contenus culturels, éducatifs et scientifiques », doté de 750 M. Les autres champs thématiques sont : (1) le développement de l'informatique en nuage ou « cloud computing », (2) le développement des technologies de base du numérique, le développement des nouveaux usages numériques dans (3) la e-santé, (4) la sécurité et la résilience des réseaux, (5) les systèmes de transports intelligents, (6) la ville numérique et (7) la e-éducation.
A travers ce soutien, lÉtat poursuit plusieurs objectifs :
l'émergence de produits et de services innovants utilisant les contenus culturels, éducatifs et scientifiques ;
la création d'un effet de levier sur l'investissement privé, permettant un développement durable de ce secteur de l'économie ;
un appui à la démocratisation culturelle et à la transmission des savoirs.
Quatre premiers grands chantiers se dégagent d'ores et déjà de la consultation :
a/ Le développement de loffre légale dans le domaine du cinéma, avec une plateforme de 6500 films en format VOD, qui pourrait bénéficier de la mutualisation de grands catalogues : ceux de Gaumont, Pathé, TF1 et Roissy Films, en lien avec la SACD et la Cinémathèque française. Restaurer et numériser sur de nouveaux supports, cest bien entendu servir la mémoire du cinéma et sa transmission. Cest aussi faciliter laccès à ce patrimoine à un large public, notamment les scolaires et les jeunes générations, à travers le plan de soutien à la numérisation des salles de cinéma et à travers le développement de la télévision à haute définition. Cest enfin préserver et développer un emploi à forte compétence dans les filières techniques et les laboratoires. Cest surtout adresser un message fort de mobilisation à lEurope et au monde, 20 ans après le dernier grand programme public, le plan Nitrate.
b/ Dans le domaine de lécrit, il sagit de proposer une réponse nationale, légale et concertée au défi lancé par Google. Il sagit également de compléter les programmes de numérisation de masse de la BNF engagés depuis 2007, qui concernent 100 000 livres par an. Ces programmes concernent les oeuvres tombées dans le domaine public antérieures au XXe siècle. Or la demande de lecture des internautes concerne tout autant les oeuvres du XXe siècle et les productions récentes. Je suis en effet convaincu que le livre numérique est aujourdhui la « nouvelle frontière » de lédition. Il nest pas sans intérêt de noter quà loccasion de la rentrée littéraire, de nombreux éditeurs ont proposé parallèlement au format papier des formats numériques. Avec 5000 livres proposés sur Ipad, loffre française est encore embryonnaire, mais elle est appelée à se développer : elle est à même de créer une filière économique et une expertise française. Le projet consiste à numériser les livres indisponibles du XXe siècle sous droits, à partir dun consortium associant partenaires publics je pense bien entendu à la BNF , éditeurs et auteurs. Une fois ce consortium devenu opérationnel, un corpus expérimental d'au moins 100 000 livres permettra de valider le modèle économique choisi ; à terme, ce sont 300 à 400 000 livres que nous voulons numériser.
Lavenir de la lecture, cest aussi le livre augmenté, où le texte est complété par des éléments multimédia (couleur, vidéo, son) qui viennent illustrer, renforcer ou accompagner la lecture. Le livre numérique « augmenté » propose une voie nouvelle, complémentaire de la lecture traditionnelle. Les applications concernent des domaines et des publics très divers : les livres pour la jeunesse, les livres pratiques et professionnels, les livres dhistoire, les livres dart, etc.
Le lien avec internet et linteractivité qui en découle rend ce nouveau type de produit culturel accessible sur des terminaux de plus en plus nombreux : smartphones et tablettes, en dautres termes il rend accessible la culture à chacun et en tout lieu.
c/ Laudiovisuel, dont les contenus déjà numérisés ou non pourront être fortement valorisés par le développement de services tant pour les particuliers que pour les entreprises. Jusqu'ici en effet, ces contenus, même numérisés, sont difficilement accessibles et dispersés. Or le développement d'une offre légale passe par l'amélioration du service. Ainsi, on pourrait voir naître un portail unique qui permette à celui qui cherche une oeuvre particulière de trouver en quelques clics la bonne plateforme de vidéo à la demande pour la visionner. Ce portail serait à la vidéo à la demande ce que sont les sites comme Allociné pour les salles de cinéma. Certains de ces projets pourront se développer autour de lINA, qui apporte la richesse de ses bases de données et son expertise, mais aussi autour dacteurs historiques des médias et de la communication. Cest une logique gagnant-gagnant qui doit présider à ce chantier
d/ La création dun kiosque numérique assurant la commercialisation de contenus provenant de plusieurs éditeurs de presse sinscrit dans cette ambition pour la démocratie numérique et le débat citoyen. Depuis une dizaine dannées, les éditeurs de presse ont tous développé des sites web ; ils ont aussi offert des formules « Premium » avec des services complémentaires. Plus de 40 sites web sont concernés, enregistrant 32 milliards de pages visitées par an. Le groupement dIntérêt économique (GIE) E-presse Premium est en voie de création : il entend rassembler tous les éditeurs de presse, quotidiens mais aussi newsmagazines. A partir de 2011, le projet de kiosque numérique entend élargir les communautés de lecteurs, ouvrir leurs horizons dattente. Ainsi, à la veille de lélection présidentielle 2012, un abonné pourra bénéficier dune formule lui ouvrant plusieurs titres de presse, plusieurs opinions, plusieurs regards sur lactualité. Je vois aussi dans cette initiative un outil pour sauvegarder linformation de qualité et la spécificité du métier de journaliste. Linformation de qualité a un prix, elle a un coût aussi : le tout gratuit ne saurait répondre aux défis de lavenir pour le secteur de la presse, aujourdhui confronté à des choix fondamentaux. Laccès payant nest pas antithétique de la démocratie numérique : préserver la qualité, garantir la spécificité de lécriture journalistique - ainsi que la réaffirmé la loi Création et internet en réglant la question des droits dauteur pour les rédactions bi-medias cest aussi développer le sens critique des lecteurs et lhorizon dattente du citoyen.
B. La neutralité du net
Le débat sur la neutralité du net ne se réduit pas à sa dimension technique. Il sous-tend en effet des enjeux économiques majeurs ; il pose également de nombreuses questions de société, dont certaines en particulier intéressent directement le secteur de la culture et des médias.
La préservation d'un internet ouvert bénéficie directement à la liberté d'expression, au pluralisme des médias et à la diversité culturelle. Au-delà du sujet de la neutralité, les questions liées à la rémunération des acteurs de la création, au financement de celle-ci et à un partage équitable de la valeur entre tous les acteurs demeurent des sujets essentiels.
S'il ne faut pas opposer opérateurs de réseaux et fournisseurs de contenus et de services, les uns ne pouvant se développer sans les autres, on peut légitimement se poser les questions suivantes, qui impactent directement les industries culturelles et le financement de la création :
=> Comment assurer l'accès des utilisateurs à tous les contenus (notamment les contenus culturels), services et applications véhiculés sur les réseaux de façon transparente et non discriminatoire ? Comment, dans ce cadre, préserver le pluralisme de l'information, garantir la liberté d'information et de communication ?
=> Comment concilier les objectifs de respect des droits d'auteur et des droits voisins et de lutte contre le piratage des oeuvres culturelles en ligne avec cette possibilité de pouvoir accéder à tout contenu pour l'utilisateur ?
=> Comment préserver la capacité d'innovation offerte par Internet et créer les conditions de développement des industries culturelles propices à la diversité culturelle, au renouvellement de la création artistique et à l'émergence de nouveaux talents ?
=> Comment assurer le développement de linternet permettant à chaque maillon de la chaîne de valeur opérateurs techniques, fournisseurs de contenus et de services, auteurs, producteurs, etc. - de développer des modèles économiques pérennes, garants de leur financement et de leur développement dans la durée ? Se pose particulièrement ici la question du financement de la création, les contenus et services attrayants étant notamment la clé de l'adhésion de tous au très haut débit en cours de déploiement.
C. Proxima mobile
Lannée 2010 aura été celle de la montée en puissance des mobiles connectés à lInternet. Ainsi, à la fin de cette année, la France devrait compter plus de 15 millions de « mobinautes ». Laccès à lInternet via les terminaux mobiles pourrait même devenir le mode daccès dominant dans les toutes prochaines années. Cest pour soutenir et amplifier ce mouvement vers lInternet mobile que nous avons souhaité créer Proxima Mobile, le premier portail européen de services dintérêt général sur mobile. Lobjectif de ce portail était double : aider à créer des services utiles aux citoyens dans lensemble de leurs activités quotidiennes et favoriser le développement dun écosystème stratégique pour notre économie, celui des services sur mobile. Ce domaine constitue bien un objectif stratégique pour notre économie, en effet le marché mondial des applications sur mobiles devrait sélever en 2013 à plus de 15 milliards deuros.
Ainsi, parmi les premiers services créés sur le portail Proxima Mobile figurent des applications culturelles issues détablissements culturels, de collectivités territoriales mais aussi de PME. Cest le cas des services touristiques ou culturels de la Région Bourgogne, de lAgenda mobile de la Ville de Bordeaux ou encore de lapplication Culture Clic. Certaines de ces applications culturelles sont déjà des succès internationaux. Ainsi, lapplication du Musée du Louvre est lune des applications culturelles les plus téléchargées au monde avec près de 3 millions dutilisateurs. Il est à noter que 60 % dentre eux sont localisés aux États-Unis.
Face aux mutations de lInternet, la France et plus largement lEurope disposent datouts essentiels pour devenir des acteurs majeurs de léconomie des services numériques. Nous disposons pour cela dun marché unifié des communications mobiles parmi les plus importants au monde et dun tissu très dense de PME innovantes. Nous disposons aussi de gisements dinformations, touristiques, culturels et géographiques parmi les plus attractifs au monde. Ces informations constitueront la base des nouveaux services à valeur ajoutée de lInternet mobile. Un élément essentiel au développement des services sur Internet en Europe sera lié à la capacité des acteurs publics à utiliser les données géolocalisées comme leviers de développement pour de nouveaux services numériques. En effet, les technologies de lInternet en épousant la géographie physique et culturelle des territoires, donnent aux entreprises françaises la possibilité de devenir des acteurs clé pour le développement des nouveaux services de lInternet. Ces données culturelles, géographiques, touristiques et environnementales permettront de créer de nouveaux services qui eux-mêmes valoriseront les territoires. Une autre particularité des services sur mobile est quils sappuieront sur des expertises locales en matière de culture, de tourisme ou denvironnement. Ainsi, à la différence des services en ligne traditionnels qui pouvaient être entièrement gérés « à distance », ces services mobiles seront « ancrées » sur les compétences issues des territoires et permettront ainsi de créer des emplois beaucoup moins délocalisables.
Enfin, pour donner aux entreprises innovantes lopportunité de sexprimer sur des marchés plus larges que le seul marché français, il convient de créer désormais des services « paneuropéens » sur mobile. Cest dans cette perspective que nous avons mis en place le portail européen « ProximaMobile.EU ». Ainsi, nous avons aussi lancé cette semaine le premier appel à projets européen qui permettra daider des entreprises, mais aussi des établissements publics et des collectivités à créer des applications qui pourront être utilisées sur lensemble des territoires de lUnion européenne.Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 9 novembre 2010