Déclaration de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, sur la simplification des procédures et de la réglementation de la navigation de plaisance, la réforme du permis plaisance et l'appel à projets pour les ports de plaisance exemplaires, à Paris le 3 décembre 2010.

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Circonstance : Inauguration de la 50e édition du Salon nautique de Paris, à Paris le 3 décembre 2010

Texte intégral

Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureuse d'être parmi vous et de pouvoir participer à l'inauguration du Salon nautique de Paris. L'ensemble est très impressionnant, très riche. On y fait, je l'ai vu, des rencontres insolites et l'on découvre ici de véritables prouesses technologiques. J'espère que les parisiens, les franciliens et tous nos compatriotes curieux de nautisme auront la chance de venir faire la visite de votre Salon.
Certains visiteurs en éprouveront comme moi une douloureuse nostalgie, en se disant que la Porte de Versailles est loin de la mer.
Mais je suis certaine que cela ne gâchera pas leur plaisir, car ils pourront voguer entre les stands plus longuement que moi.
Je les envie d'autant plus que le Salon a changé et qu'il atteint aujourd'hui, le président FOUNTAINE en conviendra je l'espère, sa véritable maturité. Le Salon fête aujourd'hui ses 50 ans. Et le cinquantenaire, vous le voyez, est en pleine forme.
Il faut donc lui souhaiter un excellent anniversaire, le féliciter de sa longévité et rappeler qu'il a su maîtriser sa croissance.
Des bords de la Seine à la Porte de Versailles, en passant par le CNIT de la Défense, il s'est agrandi, parfois immensément, puisqu'en 1962, il occupait 23 000m² et qu'il a atteint 170 000m² en 2008. Durant ses cinquante années, le Salon ne s'est absolument pas contenté de faire vitrine et de présenter les innovations du moment. Il a été bien plutôt un partenaire de cette innovation, et il l'a parfois même suscitée.
Il a vécu ces 50 années d'histoire nautique, au cours desquelles la plaisance et les loisirs nautiques ont connu un immense développement, en passant du Yachting, réservé à quelques uns, à la plaisance proprement dite.
Et en 50 ans, l'engouement qu'il a suscité ne s'est jamais démenti. A ses débuts (qu'aucun d'entre nous n'a connus, bien sûr), le salon accueillait 50 000 visiteurs. Aujourd'hui, il en reçoit environ 250 000. Ce sont donc des millions de visiteurs qui ont parcouru ses allées et qui ont pu y vivre leur passion pour la mer.
C'est aussi tout une vie économique qui a pu se déployer ici et vivre chaque année l'un de ses temps forts.
Les activités de la plaisance sont une filière très importante de notre économie. Avec plus de 44 000 emplois, plus de 5 000 entreprises et plus de 5 milliards d'euros de CA, le secteur du nautisme est une filière d'excellence, dynamique et créatrice d'emplois.
Et nous pouvons d'ailleurs nous réjouir de compter en France quelques uns des leaders mondiaux du secteur et un remarquable tissu de PME, qui irrigue toute l'économie littorale. Je le dis avec force, la France maritime peut être fière de la réussite de ses entreprises, parce qu'elles contribuent à l'image de marque de la France dans le monde.
Bien sûr, on peut s'étonner que cette réussite reste peu connue et même mal connue en France même. J'entends y remédier, non seulement en faisant connaître notre industrie et notre savoir-faire, mais en soutenant le dynamisme de cette filière. Ce soutien s'impose parce que les difficultés existent. La filière nautique a été durement frappée par la crise, en particulier à l'exportation, alors qu'elle avait connu une longue période de croissance jusqu'en 2008.
Vous pensez, M. le président que la crise est derrière nous. Souhaitons-le ensemble. Nous percevons en effet quelques signes encourageants, notamment sur le marché intérieur.
Cette sortie de crise, nous en aurons confirmation lorsque le nombre des immatriculations cessera définitivement de baisser. Nous avons de bons signes en ce sens.
Et nous l'aurons également lorsque les constructeurs eux-mêmes retrouveront et le goût et les moyens de l'innovation. En la matière, le Salon est un excellent indicateur : parmi les 1 400 bateaux que vous exposez, on trouve 300 nouveautés. Ça n'est pas rien, et c'est bon signe.
Nous savons tous que la mer est un gisement d'activité et d'emplois. Dans la continuité du Grenelle de la Mer, qui est à l'honneur cette année dans ce Salon, mon intention est de placer le développement économique au coeur de la politique maritime que j'entends mener. En tant que ministre de la Mer, en tant que ministre des Transports et bien entendu en tant que ministre du Développement durable.
Cette politique, je la conduirai avec vous, acteurs, chefs d'entreprise et fédérations.
Mon objectif est de poursuivre la simplification des procédures et de la réglementation, dont le plus bel exemple sera la disparition de l'obligation de détenir un certificat d'opérateur radio pour utiliser une simple VHF, le 1er mars prochain. Simplification qui par ailleurs accroit la sécurité du plaisancier.
Cette simplification, je veux la poursuivre, en plein accord avec Christine LAGARDE, par la création d'un guichet unique, construit sur le modèle du RIF [registre international français des navires de commerce].
Nous visons la simplification et le développement. Un développement qui doit être durable.
C'est le reflet d'une évolution profonde de nos sociétés mais c'est aussi un défi : concilier développement économique et protection de l'environnement n'a jamais rien d'une évidence. Pourtant, j'ai vu partout le long de mon parcours des initiatives, des projets qui vont dans ce sens.
Et j'observe que l'intégration de ces nouvelles préoccupations représente une nouvelle source d'innovations, de croissance et d'emplois, ce dont je me félicite.
Je remercie la Fédération des Industries Nautiques pour son engagement sur ces sujets, je pense notamment au prix du bateau bleu qu'elle remettra mardi prochain.
Les allées du «Grenelle de la Mer», créées cette année, concrétisent cette prise de conscience en présentant toutes les actions de sensibilisation, les initiatives et les produits contribuant à la préservation de l'environnement maritime.
Ces allées, mises en place avec le soutien de mon ministère, regroupent de nombreux acteurs de la propulsion propre, des énergies douces, des nouveaux matériaux. Elles témoignent du lien chaque jour plus étroit entre l'innovation et la préservation de l'environnement.
Pour illustrer ce Grenelle de la Mer, je veux rappeler deux des engagements que nous sommes en train de mettre en oeuvre et qui ont plus spécifiquement trait aux activités et infrastructures de plaisance et de sports nautiques :
- d'abord, encourager une pratique responsable de la navigation de plaisance et des sports nautiques ;
- ensuite, inscrire les ports de plaisance dans une démarche environnementale.
Sur le premier engagement, nous venons de renforcer les exigences relatives à la pratique des véhicules nautiques à moteur (les « jet-skis ») par l'arrêté du 30 novembre dernier.
Et à compter du 1er mars prochain, nous allons introduire une partie environnementale dans le programme de formation du permis plaisance.
Le permis plaisance, avec 60 000 candidats qui passent chaque année l'examen, est évidemment un moyen parfait pour former les nouveaux plaisanciers aux gestes qui permettent de protéger l'équilibre du milieu aquatique, depuis le rejet des déchets jusqu'au choix des produits d'entretien du bateau.
Une navigation plus responsable, ce sont des plaisanciers mieux formés, mieux sensibilisés.
La signature de la charte pour une pêche de loisir éco-responsable va dans le même sens, en privilégiant la responsabilité individuelle, plutôt qu'en multipliant les contraintes.
Je remercie Gérard d'ABOVILLE de son investissement personnel dans ce dossier et de continuer à veiller sur son suivi.
J'ajoute un mot sur les ports de plaisance. Sur la Porte de Versailles, qui en est un quelques jours, et sur tous les autres, qui contribuent de façon significative au rayonnement touristique et au développement économique des stations du littoral.
Je veux rappeler que, pour la troisième année consécutive, ce ministère a lancé en 2010 un appel à projets pour les ports de plaisance exemplaires : il a récompensé 11 projets correspondant à une capacité d'accueil de 4 775 places.
J'ai décidé de pérenniser cet appel à projets, initialement prévu pour trois ans, à hauteur de 600 000 euros. Le cahier des charges est disponible sur le site du ministère. Inscrivez vous nombreux !
Toujours sur les ports, nous avançons vers la création d'un « observatoire national des ports de plaisance », autre proposition du Grenelle de la Mer.
Il ne s'agit pas de créer une structure nouvelle -nous en avons assez !-, mais de regrouper au niveau national l'ensemble des données relatives aux ports de plaisance, aujourd'hui décentralisés.
J'invite les ports qui n'ont pas encore répondu à le faire : plus ils seront nombreux, plus les renseignements seront complets. Et j'en profite pour remercier l'association des élus du littoral et la Fédération Française des Ports de Plaisance pour leur engagement.
Je me presse pour conclure. En vous disant que je regrette de ne pas pouvoir visiter plus longuement le Salon. Je peux au moins vous assurer que je serai de nouveau dans vos allées l'an prochain.
Merci à tous.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 6 décembre 2010