Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'être venus participer à ce point presse que j'ai tenu à organiser devant la montée de l'inquiétude des Français sur les questions de l'eau. J'ai tenu à l'organiser avec le Directeur de l'eau et de la prévention des pollutions et des risques ainsi qu'avec les directeurs des Agences de Bassin qui sont notre force de frappe en matière de lutte pour la dépollution de l'eau, parce que je veux que les Français soient informés que nous avons commencé la guerre de l'eau. Elle est menée notamment par ces organismes remarquables, créés en 1964, que sont les agences de bassin. Il y en a six en France ; je pense que jusqu'à présent les Français ne les connaissaient pas assez. Je voudrais notamment, comme témoignage de l'intensification des efforts que nous faisons dans le domaine de l'eau, après avoir présenté les actions du ministère de l'environnement dans cette guerre pour l'eau propre, donner la parole à deux directeurs : pour l'Agence de Bassin RHIN-MEUSE, M. LAURENT, qui vient de mener à bien l'ensemble des négociations et des travaux de préparation d'un programme considérable dont il parlera tout-à-l'heure, et M. VILLET-DESMERET, qui dirige l'agence LOIRE-BRETAGNE. Comme vous le savez, nous avons des problèmes particuliers en Bretagne, qui sont dûs notamment aux activités agricoles. Là encore, nous avons intensifié l'action de l'agence.
Le système de lutte pour l'eau propre qui a été fondé en 1964, a connu, jusqu'à la fin des années 70, une remarquable montée en puissance, avec des investissements extrêmement importants ; nous avons ensuite connu un certain relâchement. Et notre souci, mon souci actuellement, est de mettre fin à cette situation ; depuis un an je m'y emploie. Cette période de relâchement a été marquée par une certaine dispersion des acteurs et des efforts, une certaine pause aussi dans les investissements.
Ce relatif désengagement se voit à un certain nombre de lacunes. D'abord, une faiblesse dans l'évaluation de la qualité de l'eau : nous n'avons pas, par exemple, une centralisation suffisante des données sur ce point. Nous avons également des difficultés en terme d'objectifs : nous avons évidemment pour chaque bassin, rivière par rivière, un certain nombre d'objectifs qui sont fixés en concertation avec les acteurs locaux, les collectivités locales, les industriels... mais nous n'avons pas de documents comme par exemple dans d'autres domaines, les plans d'occupation des sols, ou les schémas d'aménagement. Nous ne savons pas dire clairement vers où nous allons et comment nous pouvons opposer ces objectifs aux tiers.
Il faut que nous renforcions la définition claire et nette de nos objectifs en matière de qualité des eaux de même nous avons beaucoup de textes mais nous n'avons pas de police ou très peu de police. Il n'y a pas assez de sanctions et nous savons qu'il existait maints pollueurs qui se disaient : « Au fond, le système est ainsi fait qu'il vaut mieux que je pollue ». Cette situation est tout-à-fait inacceptable.
De même, l'ensemble de l'organisation de notre lutte contre la pollution de l'eau a privilégié les systèmes curatifs, nous intervenons pour dépolluer : nous devons intervenir davantage pour prévenir la pollution et ceci est évidemment particulièrement vrai dans le domaine des pollutions diffuses, je pense notamment à la pollution agricole. Nous avons connu également, c'est encore le dernier signe de ce relatif désengagement de l'État, des insuffisances en matière de recherche dans le domaine de l'eau, à la fois pour connaître la qualité des rivières, l'écologie des cours d'eau, mais aussi pour moderniser notre technologie. Nous avons donc à travailler sur l'ensemble de ces domaines.
D'abord nous devons nous fixer des objectifs beaucoup plus ambitieux en matière de dépollution. La lutte contre la pollution domestique stagne. Nous sommes à 35 % au lieu des 90 % fixés en 1975 pour la pollution domestique à l'horizon 1990. C'est quand même tout à fait insuffisant pour un pays moderne et je crois que là nous avons des efforts à faire et notamment les collectivités locales.
Nous devons aussi faire des efforts considérables à partir de 1995 pour renouveler les installations qui ont été construites dans les années 70. Elles arrivent en fin de course, il faut se préparer dès maintenant à les renouveler.
Nous avons de nouvelles pollutions contre lesquelles, pour l'instant, nous n'avons pas encore entrepris d'action. Le ruissellement des eaux fluviales par exemple. Ces pollutions-là finissent par devenir plus importantes que les pollutions classiques.
Vous remarquerez que je parle moins de la pollution industrielle car je constate que la situation s'améliore. Nous avons encore des efforts à faire, il y a quelques brebis galeuses çà et là, et les industriels ne sont pas toujours pressés d'accroître leurs investissements, mais dans l'ensemble la lutte contre la pollution industrielle s'est traduite par des améliorations. En revanche, les collectivités locales, ce n'est pas encore ça. Nous avons à faire des efforts en matière d'assainissement autonome. Là encore c'est un domaine qui a été négligé, notamment dans les zones rurales.
Mais le point le plus important, le point noir en quelque sorte, c'est la pollution d'origine agricole. Je le dis : cette année, avec l'aide de l'ensemble des élus, il faudra que nous avancions. Il n'est pas normal que ni les prélèvements agricoles dans les nappes, ni la pollution d'origine agricole, échappent au système qui a été mis en place en 1964 par les législateurs pour introduire une solidarité dans les bassins. Il faut donc que l'agriculture participe à ce système. Nous devons mettre en place de l'aide pour les agriculteurs, pour leurs investissements, et il faut que, en retour, ils participent au système avec des redevances, ça c'est un point extrêmement important.
J'ajoute que je suis préoccupé de certaines évolutions. On connaît évidemment la question des nitrates mais on connaît moins la question de l'irrigation. Il y a en ce moment une espèce de fuite en avant dans les programmes d'irrigation qui est très préoccupante. Vous savez que l'irrigation ne renvoie pas l'eau au fleuve mais l'évapore pour l'essentiel. De même nous avons une très grande faiblesse dans l'entretien des cours d'eau, je ne parle pas simplement de l'aménagement ; l'aménagement, on en a parlé pour la Loire notamment, il est certain que nous avons à apprendre à aménager mieux nos cours d'eau, aménagement écologique bien entendu, mais également nous sommes là pour garantir la sécurité de l'usager contre les inondations, cet aspect est important tout autant que l'aspect écologique.
Un cours d'eau ce n'est pas simplement de l'eau, c'est aussi des rives, une berge, un lit, et par conséquent nous devons attacher autant d'importance à ces aspects-là des cours d'eau qu'à la question de la qualité physico-chimique de l'eau. Et c'est vrai que la situation est rendue difficile en France car nous avons 200 000 km à peu près de rivières, qui sont privées si je puis dire, pour simplement 20 000 km de rivières domaniales. Les unes et les autres sont mal entretenues de toute manière.
Mais il est certain qu'avec la relative désertification du territoire, nous avons de plus en plus de difficultés à atteindre ces cours d'eau.
Tous ces objectifs, toutes ces tâches pour moi, ce sont les agences de bassin qui doivent s'y mettre, en accordant une importance toute particulière à la protection des nappes qui sont nos trésors. Il est vrai que dans certains bassins nous avons encore des problèmes de sécheresse en dépit des pluies abondantes qui sont tombées. La terre n'était pas assez humide pour absorber cette eau, elle a ruisselé et c'est ainsi que cette sécheresse et la sécheresse de la terre ont contribué à la violence et à la rapidité des inondations que nous avons connues.
Mais l'État de son côté a son rôle à jouer, à côté des agences de bassin, notamment pour assurer une cohérence plus grande de l'administration, et vous savez qu'actuellement l'administration de l'eau est répartie en de multiples services et il est certain que la coordination n'est pas bien faite ; l'agriculture, la santé, l'industrie, la navigation, l'équipement, tout le monde y participe. La police de l'eau, j'en ai parlé tout-à-l'heure, est insuffisante. Nous avons donc à la renforcer. Il faut aussi engager des efforts en matière de prévision. Là encore, il faut sans doute que l'ensemble des Français comprennent que le progrès n'est pas de consommer toujours davantage d'eau, mais au contraire de la ménager cette eau, de l'économiser, de la consommer mieux et pas de la consommer plus. Nous devons entreprendre un très gros effort pour l'eau, c'est un de nos chantiers de l'année. L'année dernière était plutôt l'année de l'air avec les pots catalytiques, les grandes installations de combustion, cette année devra être l'année de l'eau. C'est non seulement le renforcement des agences dont j'ai parlé, ce sont aussi des textes législatifs, nous avons besoin d'une nouvelle loi sur l'eau car il y avait des lacunes jusqu'à présent et il faut que nous puissions autoriser les agences à intervenir sur les nouveaux domaines dont j'ai parlé. Il y a un effort financier important à faire également et il faut que chacun comprenne, non seulement la profession agricole mais aussi tous les Français, que l'eau est précieuse, que donc elle se paie et que dans maints bassins le prix de l'eau est amené à croître.
Enfin, nous avons des efforts de recherche et de communication. La communication c'est capital et je ne sous-estime pas l'aspect symbolique de l'eau. Il faut des dispositions aussi simples que de meilleures factures : il n'est pas normal que dans les villes, chaque citadin ne reçoive pas sa facture, ne puisse pas savoir combien il dépense, et ne puisse pas participer à l'effort général d'économie. Nous avons cette année les assises de l'eau dont la tenue est liée à la préparation du plan national pour l'environnement que le Premier ministre nous a demandé d'élaborer et également des colloques sur la comparaison des systèmes européens de gestion de l'eau et sur la gestion écologique des grands cours d'eau. Voilà rapidement ce que j'avais à vous dire pour vous indiquer que cette guerre de l'eau nous la menons, nous l'avons déjà commencée et que c'est une tâche à laquelle je me donnerai jusqu'à ce que je puisse présenter un résultat bien net.
La parole est ensuite donnée à deux directeurs d'agences de bassins qui exposent successivement le programme d'action Rhin et le programme Eau Bretagne.
Réponses aux journalistes
* Suite à tout ce que nous avons vu avec les problèmes d'eau minérale, avec les cabinets de M. Evin et de M. Neiertz nous avons décidé du principe d'une expertise commune qui devra faire le point sur la situation actuelle de l'ensemble des sources et des centres thermaux, regarder avec beaucoup de soin, évaluer les risques à long terme, s'il y en a ou pas dans les sources et puis évidemment évaluer l'efficacité des mesures actuelles qui sont prises, éventuellement faire des propositions, donc ce point est en cours.
* Assainissement : mon objectif est de passer à 60 % d'ici à l'an 2000 et de prendre tous les moyens pour ce faire. Cela conduit non seulement à des investissements complémentaires mais aussi à un certain nombre de mesures concernant l'efficacité de l'ensemble des installations qui sont déjà exploitées ; ce qui nous oblige à veiller à l'ensemble des facteurs à la fois, notamment les réseaux d'évacuation des stations et la formation du personnel.
* Déphosphatation : la déphosphatation est nécessaire dans certains cas de même que la dénitratation, bien sûr.
* Irrigation : pour l'instant je pose la question, je pose le problème. Je le pose dans le bassin de la Loire, dans le bassin Adour-Garonne ; nous avons une fuite en avant, et la réponse ne peut venir que d'une concertation avec la profession agricole et l'administration de l'agriculture. Pour l'instant je suis obligé de dire dans certains cas : halte à la fuite en avant, c'est trop préoccupant. Mais M, Nallet intervient régulièrement sur les questions de l'eau, je l'entends souvent. Il est préoccupé de l'ensemble de ces questions, il est préoccupé également de réduire la pollution d'origine agricole. Nous avons mis bien des programmes en commun en route, il faut passer maintenant aux phases plus pratiques.
* Loi sur l'eau : nous avons un calendrier et je voudrais que ces textes puissent être présentés à l'automne. La question de savoir quel est le partage des tâches est une question politique importante. Est-il normal que celui qui organise le système des incitations économiques soit aussi celui qui fasse lapolice, cela se discute. Pour l'instant, ce n'est pas le cas, je ne pense pas que ce soit la bonne direction. Je pense qu'il faut que l'État remplisse son rôle, que l'action réglementaire soit séparée de l'action d'incitation économique et de l'action d'intervention. En revanche, ce que je crois, c'est que l'action d'intervention des agences doit être renforcée et que les agences, au fond, ont connu un certain nombre de limitations, limitations auxquelles je voudrais mettre fin. Ces limitations, au fond viennent peut-être du caractère un peu novateur de l'expérience de ces agences de bassin, qui épousent un territoire qui n'est pas forcément celui du département ou de la région, c'est un territoire du bassin. La réalité écologique çà gène, c'est compliqué et c'est vrai que dans leur existence, les agences ont eu beaucoup d'adversaires au départ. Maintenant je voudrais que l'on renforce les capacités d'intervention des agences. En ce qui concerne, en revanche, l'action réglementaire et l'action de sanction il me semble que c'est davantage du ressort de l'administration classique de l'État mais qu'elle doit-être renforcée nettement et que le principal problème est dans l'émiettement des responsabilités.
Je vous remercie d'être venus participer à ce point presse que j'ai tenu à organiser devant la montée de l'inquiétude des Français sur les questions de l'eau. J'ai tenu à l'organiser avec le Directeur de l'eau et de la prévention des pollutions et des risques ainsi qu'avec les directeurs des Agences de Bassin qui sont notre force de frappe en matière de lutte pour la dépollution de l'eau, parce que je veux que les Français soient informés que nous avons commencé la guerre de l'eau. Elle est menée notamment par ces organismes remarquables, créés en 1964, que sont les agences de bassin. Il y en a six en France ; je pense que jusqu'à présent les Français ne les connaissaient pas assez. Je voudrais notamment, comme témoignage de l'intensification des efforts que nous faisons dans le domaine de l'eau, après avoir présenté les actions du ministère de l'environnement dans cette guerre pour l'eau propre, donner la parole à deux directeurs : pour l'Agence de Bassin RHIN-MEUSE, M. LAURENT, qui vient de mener à bien l'ensemble des négociations et des travaux de préparation d'un programme considérable dont il parlera tout-à-l'heure, et M. VILLET-DESMERET, qui dirige l'agence LOIRE-BRETAGNE. Comme vous le savez, nous avons des problèmes particuliers en Bretagne, qui sont dûs notamment aux activités agricoles. Là encore, nous avons intensifié l'action de l'agence.
Le système de lutte pour l'eau propre qui a été fondé en 1964, a connu, jusqu'à la fin des années 70, une remarquable montée en puissance, avec des investissements extrêmement importants ; nous avons ensuite connu un certain relâchement. Et notre souci, mon souci actuellement, est de mettre fin à cette situation ; depuis un an je m'y emploie. Cette période de relâchement a été marquée par une certaine dispersion des acteurs et des efforts, une certaine pause aussi dans les investissements.
Ce relatif désengagement se voit à un certain nombre de lacunes. D'abord, une faiblesse dans l'évaluation de la qualité de l'eau : nous n'avons pas, par exemple, une centralisation suffisante des données sur ce point. Nous avons également des difficultés en terme d'objectifs : nous avons évidemment pour chaque bassin, rivière par rivière, un certain nombre d'objectifs qui sont fixés en concertation avec les acteurs locaux, les collectivités locales, les industriels... mais nous n'avons pas de documents comme par exemple dans d'autres domaines, les plans d'occupation des sols, ou les schémas d'aménagement. Nous ne savons pas dire clairement vers où nous allons et comment nous pouvons opposer ces objectifs aux tiers.
Il faut que nous renforcions la définition claire et nette de nos objectifs en matière de qualité des eaux de même nous avons beaucoup de textes mais nous n'avons pas de police ou très peu de police. Il n'y a pas assez de sanctions et nous savons qu'il existait maints pollueurs qui se disaient : « Au fond, le système est ainsi fait qu'il vaut mieux que je pollue ». Cette situation est tout-à-fait inacceptable.
De même, l'ensemble de l'organisation de notre lutte contre la pollution de l'eau a privilégié les systèmes curatifs, nous intervenons pour dépolluer : nous devons intervenir davantage pour prévenir la pollution et ceci est évidemment particulièrement vrai dans le domaine des pollutions diffuses, je pense notamment à la pollution agricole. Nous avons connu également, c'est encore le dernier signe de ce relatif désengagement de l'État, des insuffisances en matière de recherche dans le domaine de l'eau, à la fois pour connaître la qualité des rivières, l'écologie des cours d'eau, mais aussi pour moderniser notre technologie. Nous avons donc à travailler sur l'ensemble de ces domaines.
D'abord nous devons nous fixer des objectifs beaucoup plus ambitieux en matière de dépollution. La lutte contre la pollution domestique stagne. Nous sommes à 35 % au lieu des 90 % fixés en 1975 pour la pollution domestique à l'horizon 1990. C'est quand même tout à fait insuffisant pour un pays moderne et je crois que là nous avons des efforts à faire et notamment les collectivités locales.
Nous devons aussi faire des efforts considérables à partir de 1995 pour renouveler les installations qui ont été construites dans les années 70. Elles arrivent en fin de course, il faut se préparer dès maintenant à les renouveler.
Nous avons de nouvelles pollutions contre lesquelles, pour l'instant, nous n'avons pas encore entrepris d'action. Le ruissellement des eaux fluviales par exemple. Ces pollutions-là finissent par devenir plus importantes que les pollutions classiques.
Vous remarquerez que je parle moins de la pollution industrielle car je constate que la situation s'améliore. Nous avons encore des efforts à faire, il y a quelques brebis galeuses çà et là, et les industriels ne sont pas toujours pressés d'accroître leurs investissements, mais dans l'ensemble la lutte contre la pollution industrielle s'est traduite par des améliorations. En revanche, les collectivités locales, ce n'est pas encore ça. Nous avons à faire des efforts en matière d'assainissement autonome. Là encore c'est un domaine qui a été négligé, notamment dans les zones rurales.
Mais le point le plus important, le point noir en quelque sorte, c'est la pollution d'origine agricole. Je le dis : cette année, avec l'aide de l'ensemble des élus, il faudra que nous avancions. Il n'est pas normal que ni les prélèvements agricoles dans les nappes, ni la pollution d'origine agricole, échappent au système qui a été mis en place en 1964 par les législateurs pour introduire une solidarité dans les bassins. Il faut donc que l'agriculture participe à ce système. Nous devons mettre en place de l'aide pour les agriculteurs, pour leurs investissements, et il faut que, en retour, ils participent au système avec des redevances, ça c'est un point extrêmement important.
J'ajoute que je suis préoccupé de certaines évolutions. On connaît évidemment la question des nitrates mais on connaît moins la question de l'irrigation. Il y a en ce moment une espèce de fuite en avant dans les programmes d'irrigation qui est très préoccupante. Vous savez que l'irrigation ne renvoie pas l'eau au fleuve mais l'évapore pour l'essentiel. De même nous avons une très grande faiblesse dans l'entretien des cours d'eau, je ne parle pas simplement de l'aménagement ; l'aménagement, on en a parlé pour la Loire notamment, il est certain que nous avons à apprendre à aménager mieux nos cours d'eau, aménagement écologique bien entendu, mais également nous sommes là pour garantir la sécurité de l'usager contre les inondations, cet aspect est important tout autant que l'aspect écologique.
Un cours d'eau ce n'est pas simplement de l'eau, c'est aussi des rives, une berge, un lit, et par conséquent nous devons attacher autant d'importance à ces aspects-là des cours d'eau qu'à la question de la qualité physico-chimique de l'eau. Et c'est vrai que la situation est rendue difficile en France car nous avons 200 000 km à peu près de rivières, qui sont privées si je puis dire, pour simplement 20 000 km de rivières domaniales. Les unes et les autres sont mal entretenues de toute manière.
Mais il est certain qu'avec la relative désertification du territoire, nous avons de plus en plus de difficultés à atteindre ces cours d'eau.
Tous ces objectifs, toutes ces tâches pour moi, ce sont les agences de bassin qui doivent s'y mettre, en accordant une importance toute particulière à la protection des nappes qui sont nos trésors. Il est vrai que dans certains bassins nous avons encore des problèmes de sécheresse en dépit des pluies abondantes qui sont tombées. La terre n'était pas assez humide pour absorber cette eau, elle a ruisselé et c'est ainsi que cette sécheresse et la sécheresse de la terre ont contribué à la violence et à la rapidité des inondations que nous avons connues.
Mais l'État de son côté a son rôle à jouer, à côté des agences de bassin, notamment pour assurer une cohérence plus grande de l'administration, et vous savez qu'actuellement l'administration de l'eau est répartie en de multiples services et il est certain que la coordination n'est pas bien faite ; l'agriculture, la santé, l'industrie, la navigation, l'équipement, tout le monde y participe. La police de l'eau, j'en ai parlé tout-à-l'heure, est insuffisante. Nous avons donc à la renforcer. Il faut aussi engager des efforts en matière de prévision. Là encore, il faut sans doute que l'ensemble des Français comprennent que le progrès n'est pas de consommer toujours davantage d'eau, mais au contraire de la ménager cette eau, de l'économiser, de la consommer mieux et pas de la consommer plus. Nous devons entreprendre un très gros effort pour l'eau, c'est un de nos chantiers de l'année. L'année dernière était plutôt l'année de l'air avec les pots catalytiques, les grandes installations de combustion, cette année devra être l'année de l'eau. C'est non seulement le renforcement des agences dont j'ai parlé, ce sont aussi des textes législatifs, nous avons besoin d'une nouvelle loi sur l'eau car il y avait des lacunes jusqu'à présent et il faut que nous puissions autoriser les agences à intervenir sur les nouveaux domaines dont j'ai parlé. Il y a un effort financier important à faire également et il faut que chacun comprenne, non seulement la profession agricole mais aussi tous les Français, que l'eau est précieuse, que donc elle se paie et que dans maints bassins le prix de l'eau est amené à croître.
Enfin, nous avons des efforts de recherche et de communication. La communication c'est capital et je ne sous-estime pas l'aspect symbolique de l'eau. Il faut des dispositions aussi simples que de meilleures factures : il n'est pas normal que dans les villes, chaque citadin ne reçoive pas sa facture, ne puisse pas savoir combien il dépense, et ne puisse pas participer à l'effort général d'économie. Nous avons cette année les assises de l'eau dont la tenue est liée à la préparation du plan national pour l'environnement que le Premier ministre nous a demandé d'élaborer et également des colloques sur la comparaison des systèmes européens de gestion de l'eau et sur la gestion écologique des grands cours d'eau. Voilà rapidement ce que j'avais à vous dire pour vous indiquer que cette guerre de l'eau nous la menons, nous l'avons déjà commencée et que c'est une tâche à laquelle je me donnerai jusqu'à ce que je puisse présenter un résultat bien net.
La parole est ensuite donnée à deux directeurs d'agences de bassins qui exposent successivement le programme d'action Rhin et le programme Eau Bretagne.
Réponses aux journalistes
* Suite à tout ce que nous avons vu avec les problèmes d'eau minérale, avec les cabinets de M. Evin et de M. Neiertz nous avons décidé du principe d'une expertise commune qui devra faire le point sur la situation actuelle de l'ensemble des sources et des centres thermaux, regarder avec beaucoup de soin, évaluer les risques à long terme, s'il y en a ou pas dans les sources et puis évidemment évaluer l'efficacité des mesures actuelles qui sont prises, éventuellement faire des propositions, donc ce point est en cours.
* Assainissement : mon objectif est de passer à 60 % d'ici à l'an 2000 et de prendre tous les moyens pour ce faire. Cela conduit non seulement à des investissements complémentaires mais aussi à un certain nombre de mesures concernant l'efficacité de l'ensemble des installations qui sont déjà exploitées ; ce qui nous oblige à veiller à l'ensemble des facteurs à la fois, notamment les réseaux d'évacuation des stations et la formation du personnel.
* Déphosphatation : la déphosphatation est nécessaire dans certains cas de même que la dénitratation, bien sûr.
* Irrigation : pour l'instant je pose la question, je pose le problème. Je le pose dans le bassin de la Loire, dans le bassin Adour-Garonne ; nous avons une fuite en avant, et la réponse ne peut venir que d'une concertation avec la profession agricole et l'administration de l'agriculture. Pour l'instant je suis obligé de dire dans certains cas : halte à la fuite en avant, c'est trop préoccupant. Mais M, Nallet intervient régulièrement sur les questions de l'eau, je l'entends souvent. Il est préoccupé de l'ensemble de ces questions, il est préoccupé également de réduire la pollution d'origine agricole. Nous avons mis bien des programmes en commun en route, il faut passer maintenant aux phases plus pratiques.
* Loi sur l'eau : nous avons un calendrier et je voudrais que ces textes puissent être présentés à l'automne. La question de savoir quel est le partage des tâches est une question politique importante. Est-il normal que celui qui organise le système des incitations économiques soit aussi celui qui fasse lapolice, cela se discute. Pour l'instant, ce n'est pas le cas, je ne pense pas que ce soit la bonne direction. Je pense qu'il faut que l'État remplisse son rôle, que l'action réglementaire soit séparée de l'action d'incitation économique et de l'action d'intervention. En revanche, ce que je crois, c'est que l'action d'intervention des agences doit être renforcée et que les agences, au fond, ont connu un certain nombre de limitations, limitations auxquelles je voudrais mettre fin. Ces limitations, au fond viennent peut-être du caractère un peu novateur de l'expérience de ces agences de bassin, qui épousent un territoire qui n'est pas forcément celui du département ou de la région, c'est un territoire du bassin. La réalité écologique çà gène, c'est compliqué et c'est vrai que dans leur existence, les agences ont eu beaucoup d'adversaires au départ. Maintenant je voudrais que l'on renforce les capacités d'intervention des agences. En ce qui concerne, en revanche, l'action réglementaire et l'action de sanction il me semble que c'est davantage du ressort de l'administration classique de l'État mais qu'elle doit-être renforcée nettement et que le principal problème est dans l'émiettement des responsabilités.