Texte intégral
Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication,
Monsieur le Commissaire général,
Mesdames et Messieurs les présidents et directeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs,
Le numérique constitue une révolution pour lindustrie du cinéma et de la culture, comme pour le reste de notre société, et lensemble de la filière cinématographique est concernée.
Cest tout dabord une révolution des réseaux de diffusion.
Premièrement, les salles de cinéma se sont modernisées et numérisées. Plus dune salle sur cinq utilise désormais des moyens de projection numérique. LEtat a contribué à la numérisation des salles, parce quil considère quelles restent les piliers principaux de la diffusion cinématographique. Le succès rencontré par les films en 3D devrait accélérer cette transformation.
Deuxièmement, la télévision numérique terrestre propose désormais 19 chaînes gratuites, en qualité numérique pour limage et le son, dont 5 en haute définition. La TNT a multiplié par trois le nombre de chaînes nationales et donc les possibilités dexposition des oeuvres françaises !
Troisièmement, le développement de linternet, et plus généralement des réseaux à haut débit, modifie en profondeur les usages, en autorisant la consommation non linéaire de contenus audiovisuels. Les services de vidéo à la demande et les plateformes de vidéo de rattrapage connaissent un succès significatif, que le développement des téléviseurs connectés devrait encore accentuer.
Lessor de ces nouveaux services en ligne doit saccompagner des mesures adéquates de protection des droits dauteur, de préservation de la diversité culturelle. Il sagit également de veiller à une répartition équitable de la valeur entre lensemble des acteurs.
Parallèlement à cette révolution des réseaux seffectue une révolution des contenus cinématographiques. Lintégralité de la chaîne de production de ces oeuvres est désormais numérisée, depuis la captation des images jusquà la diffusion en salle.
Les avantages de la numérisation des contenus sont de trois ordres :
- la qualité de limage. Le numérique permet la diffusion en haute définition, et apporte de nouvelles possibilités de création, comme des effets spéciaux innovants ou les effets relief, « la 3D » ;
- la résistance au temps. Les contenus numériques saltèrent en effet beaucoup moins facilement que les contenus et supports analogiques ;
- la diversité des modes de diffusion. Une fois numérisés, les contenus peuvent bénéficier dune « seconde vie » dexploitation en salles, à la télévision ou sur internet.
Etant donné la richesse du catalogue cinématographique français, sa numérisation constitue donc un enjeu culturel majeur pour notre pays. Cest pourquoi je soutiens toutes les actions qui y contribuent dans le respect des droits de propriété intellectuelle.
En février dernier, lEtat avait déjà apporté son soutien pour la numérisation de 500 000 livres dont le tirage était épuisé. Laccord-cadre de financement de la numérisation des oeuvres cinématographiques, qui nous réunit cet après-midi, est une nouvelle étape que je salue. Lenrichissement de loffre légale, et sa mise à disposition sous une forme simple et ergonomique, sont la meilleure réponse de fond face aux téléchargements illicites, non respectueux des droits dauteur. Jencourage à ce titre de nouveaux détenteurs de catalogues doeuvres à rejoindre ultérieurement ce dispositif. Ils pourront bien entendu bénéficier, dans les mêmes conditions, de ces financements.
Grâce à cet accord-cadre, plus de 1000 oeuvres, soit plusieurs milliers dheures de longs métrages, seront numérisées et restaurées en haute qualité, au format « 2K ». Cette opération représente des dizaines de milliers dheures de travail, avec des outils de haute technologie. Ces outils utilisent des algorithmes de traitement numérique de plus en plus performants : cest donc une formidable occasion pour que nos industriels et nos centres de R&D valorisent leur savoir-faire, déjà reconnu par ailleurs. Jencourage ainsi vivement lensemble des acteurs de la filière de la numérisation et de la restauration des oeuvres, en liaison avec les pôles de compétitivité, à saisir cette opportunité unique pour se développer.
Enfin, cet enrichissement du catalogue doeuvres disponibles sous forme numérique est également une opportunité de développement pour nos acteurs de lInternet. Il nexiste pas encore aujourdhui de plateforme de diffusion, associant un nombre conséquent déditeurs, de diffuseurs nationaux ou européens, et de catalogues doeuvres, capable de se positionner de manière pérenne face à larrivée prochaine, inéluctable, dacteurs mondiaux tels que Netflix ou Hulu. Cest pourtant autour des contenus originaux et des contenus locaux, auxquels les utilisateurs et les cyber-spectateurs sidentifient plus aisément, que se construit la réussite des services de diffusion en ligne. Jinvite en conséquence les acteurs français à se mobiliser largement autour de lopportunité constituée par ces nouveaux contenus. En liaison avec le commissariat général à lInvestissement, je suis à cet égard prêt à évaluer dans quelle mesure les investissements davenir pourraient en accompagner le développement.
En conclusion, la signature de cet accord-cadre est une étape essentielle pour la valorisation du patrimoine culturel. Cest surtout loccasion, pour tous les acteurs de la filière, de prendre de nouvelles initiatives pour tirer un plus grand profit des atouts multiples et des opportunités apportés par le numérique.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 17 mai 2011