Entretien de M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, avec "Europe 1" le 4 août 2011, sur le statut des moniteurs de colonies de vacances, la rentrée scolaire et la question des rythmes scolaires.

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Média : Europe 1

Texte intégral

BENJAMIN PETROVER Pour certains parents, ce moment de l’année est vécu comme une véritable libération, les enfants sont en colonie de vacances, quatre millions et demi de jeunes sont accueillis chaque année dans des centres de loisirs. Mais colonie va peut-être bientôt rimer avec soucis, car le statut des moniteurs pourrait changer, une conséquence dans l’organisation des colonies, mais également dans le porte-monnaie des parents. Le ministre de la Jeunesse est avec nous ce matin sur EUROPE 1. Bonjour Luc CHATEL.

LUC CHATEL Bonjour.

BENJAMIN PETROVER Vous mettrez en place à la rentrée un groupe de travail, l’idée sera de trouver la formule adaptée sur ce fameux statut des moniteurs, c’est quoi pour vous aujourd’hui la formule adaptée ?

LUC CHATEL Ce que je souhaite en tant que ministre de la Jeunesse, et les Français sont très attachés aux colonies de vacances, vous rappeliez tout à l’heure qu’il y a quatre millions de jeunes chaque année qui partent, soit, en centres de loisirs, en centres de vacances, d’hébergement, de longs séjours, et c’est très important qu’on puisse pérenniser tout ce tissu, souvent associatif, qui est au service des familles. Alors…

BENJAMIN PETROVER Toute la complexité, Luc CHATEL, c’est tout de même que, être animateur en colonie de vacances, c’est un métier pas comme les autres, pour ceux d’entre nous qui étaient en colonie quand on était petit ou même pour ceux qui ont des enfants qui nous écoutent, les moniteurs doivent être sept jours sur sept aux côtés des enfants…

LUC CHATEL Oui, c’est un métier spécifique, et c’est pour ça que le contrat éducatif d’engagement qui avait été créé en 2006 se voulait justement une réponse spécifique à cet engagement particulier. Donc c’est vrai qu’il faut plus de sécurité, c’est vrai que les parents y sont attachés, de manière tout à fait légitime, c’est vrai qu’il faut respecter le droit du travail, mais ça ne doit pas se faire au détriment de la pérennité de tout ce tissu associatif et des colonies de vacances, voilà. Donc il faut qu’on trouve un juste équilibre, et puis, dès la rentrée, je mettrai en place un groupe de travail avec l’ensemble des partenaires pour que nous anticipions et nous réfléchissions à une formule de bon équilibre entre sécurité et droit du travail d’un côté, mais de l’autre, spécificité des colonies de vacances, et pérennité du système.

BENJAMIN PETROVER Luc CHATEL, on a l’impression aujourd’hui qu’envoyer ses enfants en colonie de vacances est quasiment devenu un luxe quand on voit les tarifs qui sont proposés par certains organismes.

LUC CHATEL Non, c’est inexact parce que, voyez, j’ai visité hier un centre de loisirs qui est organisé par la Ligue de l’enseignement, la Fédération des oeuvres laïques, et il y a un forfait qui est directement lié aux revenus des parents, ça veut dire que pour un séjour de quinze jours, eh bien, ça va de 50 euros jusqu’à la facturation de l’ensemble du séjour, qui est de l’ordre de 600 euros.

BENJAMIN PETROVER Ça, c’est un exemple, mais est-ce que c’est représentatif de toutes les offres qui sont proposées aujourd’hui aux parents ?

LUC CHATEL En tout cas, dans le tissu associatif, vous savez, vous avez énormément de séjours qui sont proposés par les collectivités locales et qui travaillent avec le monde associatif. Eh bien, de manière systématique, moi, je vois dans ma ville de Chaumont, je procède de la même manière, nous avons des tarifs qui correspondent à des quotients familiaux, et qui correspondent au niveau de vie des parents, donc on s’adapte pour faire en sorte que les parents les moins favorisés puissent quand même envoyer leurs enfants en vacances. Et j’ai été très frappé dans mes deux visites de centres de loisirs d’hier de rencontrer beaucoup d’enfants, à chaque fois, je leur ai posé la question, qui ne partent pas en vacances avec leurs parents. Donc ça veut dire que ces centres de loisirs, ces centres de vacances, ça reste aujourd’hui une réponse pour tous ces jeunes, tous ces enfants qui ne peuvent pas partir en vacances.

BENJAMIN PETROVER Vos vacances à vous, Luc CHATEL, vous partez où, pas en colonie, j’imagine ?

LUC CHATEL Non, moi, je suis quelques jours dans le Var, mais vous savez, un ministre, ça reste toujours connecté à son bureau. Et le ministre de l’Education nationale rentre tôt à Paris pour préparer la rentrée.

BENJAMIN PETROVER Donc vous respectez la règle, vous ne partez pas loin.

LUC CHATEL Je ne pars pas loin, et vous voyez, je suis connecté aux affaires courantes.

BENJAMIN PETROVER On va peut-être dire un mot de la rentrée déjà, Luc CHATEL, elle risque d’être agitée avec les enseignants qui redoutent les suppressions de postes. Vous la craignez cette rentrée, Luc CHATEL ?

LUC CHATEL Non, mais ils les redoutent peut-être, en tout cas, je veux rassurer les parents en leur disant qu’il y aura à la rentrée prochaine un peu plus de 30.000 enseignants de plus qu’il n’y en avait une vingtaine d’années, alors qu’il y aura 500.000 élèves de moins. Donc nous avons un taux d’encadrement dans l’Education nationale à la rentrée 2011 qui est nettement supérieur à ce qu’il était au début des années 90 par exemple.

BENJAMIN PETROVER Dernière question, Luc CHATEL, est-ce que vous allez enfin régler le problème du rythme scolaire ?

LUC CHATEL Alors, les rythmes scolaires, j’ai indiqué que, à la suite du rapport qui m’avait été rendu au début du mois de juillet, je consulterai les organisations qui n’ont pas fait partie du comité de pilotage, c’est-à-dire les représentants des syndicats, les représentants des parents d’élèves, et oui, j’ai indiqué qu’à l’automne, je prendrai un certain nombre de décisions, sachant que…

BENJAMIN PETROVER Elles partent dans quel sens aujourd’hui vos décisions, quand on sait qu’une majorité de Français – 63% à peu près – est favorable par exemple à un raccourcissement des vacances d’été ?

LUC CHATEL Eh bien écoutez, quand on lit le rapport qui m’a été remis de la conférence nationale sur les rythmes scolaires, on voit effectivement que nous devons répondre à une inquiétude qui est que nous sommes le pays où il y a le plus d’heures de cours sur l’ensemble de l’année, réparties sur le plus petit nombre de journées de travail. Il s’ensuit – et tous les parents connaissent ça – des horaires surchargés, de la fatigue pour les enfants, donc nous devons remédier à cela. Et c’est vrai qu’il y a une proposition qui m’a été faite, c’est de raccourcir les vacances d’été.

BENJAMIN PETROVER Et vous penchez dans quel sens aujourd’hui ?

LUC CHATEL Ecoutez, j’ai indiqué que je consulterai les organisations syndicales avant d’annoncer mes décisions, donc je ne vais malheureusement pas vous les annoncer ce matin à EUROPE 1.

BENJAMIN PETROVER Merci Luc CHATEL d’avoir été avec nous en tout cas ce matin sur EUROPE 1… LUC CHATEL Merci à vous. Et bonne journée.

BENJAMIN PETROVER Bonnes vacances et bonne journée !

LUC CHATEL Merci.
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 4 août 2011