Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Cest dabord pour moi un très grand plaisir de me retrouver ici à Clisson, cette région des Pays de la Loire à laquelle je suis depuis toujours attaché. Je voudrais saluer tous les élus, tous les responsables, tous les salariés de lentreprise qui nous accueillent aujourdhui.
Et puis vous dire le plaisir de retrouver Serge POIGNANT, pour lui rendre hommage ici en Loire-Atlantique et à lAssemblée nationale où il est Président de la commission des Affaires économiques. Serge fait, aux côtés du Gouvernement, un travail formidable. Sa mission nest pas toujours facile puisquil sagit, dans une période où les réformes se succèdent, où il sagit de prendre des décisions parfois difficiles sur le plan financier, sur le plan fiscal, sur le plan économique, de faire converger les idées des uns et des autres et faire converger limagination des parlementaires et la rigueur du Gouvernement. En tout cas je voudrais vous dire que jai pu mesurer, tout au long de ces derniers mois, lefficacité de son engagement en faveur de nos artisans et de nos entrepreneurs et ce déplacement, cest dabord pour moi loccasion de dire à Serge la profonde estime que jai pour lui et pour tout ce quil a accompli.
Je veux saluer lentreprise GIRARD HERVOUET, une PME qui est montée en puissance au fil des décennies et qui est désormais intégrée au sein dun groupe, la SOPREMA, et qui inaugure de nouveaux locaux. Dans cette période particulièrement difficile, votre entreprise est un exemple. Cest un exemple de ces PME qui se battent, qui ne baissent pas les bras et qui cherchent en permanence à se dépasser dans leur secteur. Bien sûr, la crise a eu un impact sur vos carnets de commandes. Mais vous avez misé sur linnovation, vous avez misé sur laugmentation de vos capacités de production pour préserver vos parts de marché et pour en gagner de nouvelles. Vous avez dautant plus raison de le faire que votre secteur dactivité est appelé à se développer, avec la nécessité à la suite des mesures que nous avons prises dans le cadre du Grenelle de lenvironnement, de construire des bâtiments qui consomment moins dénergie. Ce tournant, vous avez déjà largement commencé à le négocier, de même que celui des énergies renouvelables. Cest ce type de démarches que nous devons soutenir si nous voulons réussir à surmonter les années de crise que nous traversons.
La crise financière de 2008, puis la crise des dettes souveraines, et puis aujourdhui ce quon pourrait appeler au fond la crise de lEurope et de sa crédibilité en termes de prises de décisions, ces trois crises se sont succédées de façon implacable et elles ont profondément touché les économies occidentales.
On a lhabitude de dire que le monde change. En réalité, ce nest pas tout à fait exact : il a changé. Et il a changé de façon radicale, jai envie de dire sans que nous le voyions vraiment, ou en tout cas, sans que nous voulions le voir. Les années 2008-2012, qui auront été des années marquées par une des crises les plus graves depuis lAprès-guerre, seront surtout des années qui resteront dans lhistoire comme les années du basculement de léconomie mondiale, comme les années de la fin de la suprématie occidentale et en particulier européenne.
Par rapport à ce que nous avons connu, le monde va donc être plus concurrentiel en tout cas pour nous. On a lhabitude de dire que la mondialisation, la compétition, tout ça cest injuste. Il faut peut-être se garder de ces jugements un peu rapides et péremptoires. Est-ce que cétait juste quand nous exploitions les richesses naturelles des pays qui sont aujourdhui les pays qui se développent et que nous leur revendions ensuite les biens que nous fabriquions chez nous ? Ce nétait pas juste non plus
Et donc bien sûr, la mondialisation a besoin de règles mais la vérité, cest que le moteur principal de la mondialisation qui est vieille comme le monde, cest lémergence, cest la naissance, cest la renaissance de puissances économiques nouvelles et cest le déclin dautres. Et toute la difficulté pour nos vieilles nations européennes, pour nos vieilles nations industrialisées, cest de nous réformer, cest de modifier notre organisation, cest dêtre plus efficaces pour essayer denrayer une mécanique de déclin qui est une mécanique historique et qui est liée à la compétition internationale, à lenvie que dimmenses pays ont de partager dune autre façon les richesses du monde.
Ça veut dire que nous ne pouvons plus nous reposer sur nos lauriers, sur notre réputation, sur notre savoir-faire. Cest quelque chose qui peut être salutaire parce que notre nation a les moyens de se réinventer. La SOPREMA a des usines en Allemagne et en France et je crois que son directeur sait de quoi je veux parler. Nous avons le devoir dêtre plus compétitifs. Nous avons le devoir de produire plus et de produire mieux. Nous avons le devoir dêtre plus créatifs.
Nous savions bien en 2007, lorsque jai eu lhonneur de prendre les commandes du Gouvernement de la République française, que nos deux grands objectifs seraient de restaurer notre compétitivité et de réduire notre endettement. Nous avons engagé des réformes, des réformes pour redynamiser le modèle français, en revalorisant le travail avec la défiscalisation des heures supplémentaires, en accordant lautonomie à nos universités, en lançant la révision générale des politiques publiques pour avoir des administrations plus performantes et pour faire baisser les coûts de ladministration dEtat, en décidant de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ; parce quil ny a pas dautres solutions, pour baisser la dépense publique dans un pays comme le nôtre, que de réduire les effectifs de fonctionnaires et de réformer nos retraites pour garantir leur financement.
La crise ne nous a pas fait dévier de cette trajectoire. Elle la rendue jai envie de dire, même plus urgente, plus légitime encore. Aujourdhui, la question de lendettement des Etats, cest un enjeu historique, cest un enjeu historique pour la France, cest un enjeu historique pour lEurope. Pendant trop longtemps, notre pays comme beaucoup dautres Etats européens, beaucoup dautres Etats occidentaux ont emprunté sur les marchés, sans vraiment se poser la question du remboursement futur, en se disant quils étaient des grandes puissances et que de toutes façons on ferait toujours crédit à une grande puissance. Cétait confortable, ça permettait de financer des politiques publiques généreuses, de réduire la durée du travail, de prodiguer un degré élevé dassistanat.
Mais pendant ce temps-là, la productivité et la création de richesses nont pas augmenté assez vite pour nous donner les moyens de rembourser cet endettement. Et maintenant toutes les grandes nations occidentales sont au pied du mur. Il faut réduire nos déficits. Il faut le faire sans faiblesse. Nous devons faire nous-mêmes des choix courageux pour ne pas avoir un jour à prendre des décisions qui nous seraient dictées de lextérieur. Cest ce que nous avons décidé de faire, avec un degré dexigence qui est inédit dans notre histoire.
Nous avons défini une trajectoire qui est celle du retour à léquilibre de notre budget en 2016. Je veux rappeler que cet équilibre na jamais été atteint depuis 1975 ! Nous avons pour 2012 un budget dont jai eu loccasion de dire à plusieurs reprises quil était le plus rigoureux depuis 1945. Jai vu que cela en surprenait certains. Certains se sont dit : mais quest-ce qui lui prend ? La tête est en train denfler ! Cest la vérité : cest la première fois depuis 1945 que les dépenses de lEtat baissent. Il y a eu des budgets rigoureux dans notre histoire, c'est-à-dire des budgets qui ont comporté des augmentations de fiscalité très importantes. Mais cest la première fois depuis 1945 que les dépenses de lEtat baissent. Elles baisseront dun milliard et demi en 2012 et elles devront continuer à baisser les années suivantes.
Alors jentends bien les critiques qui nous sont faites. Certains disent quon nen fait pas assez - ils oublient dailleurs que douze milliards déconomie en août, sept en novembre, ça fait dix-neuf, dix-neuf milliards dajustement sur un budget, ce nest pas rien.
Et lobsession que nous avons avec le Président de la République, cest de trouver le bon équilibre, c'est-à-dire de satisfaire les engagements que nous avons pris de réduction de nos déficits. Ce sont des engagements intangibles. Nous devons être au rendez-vous en 2011, en 2012, en 2013. Cest la crédibilité de la France qui est en cause et pas seulement la crédibilité financière de la France mais aussi sa parole au fond et sa place dans le concert des nations. Et pour y parvenir, il faut à la fois réduire les déficits mais il ne faut pas le faire de façon trop brutale. Parce que le faire de façon trop brutale, c'est stopper les travaux, cest stopper les investissements, cest bloquer la consommation et cest prendre le risque dengager un cycle de récession qui serait extrêmement dommageable pour notre pays.
Jai vu dailleurs à ce sujet les commentaires faits par la Commission européenne, il y a quelques jours, sur nos prévisions budgétaires. Je veux rassurer la Commission européenne : nous avons dans le budget 2012 et je lavais indiqué en présentant le plan déconomie il y a quelques jours, nous avons anticipé la possibilité dune croissance plus faible, compte tenu de la situation en Europe et dans le monde et jai indiqué déjà il y a plusieurs jours que six milliards deuros seraient gelés sur le budget de 2012. Et naturellement si les prévisions de croissance nétaient pas au rendez-vous, ces six milliards deuros gelés se transformeraient en annulation de crédits, nous permettant dêtre parfaitement au rendez-vous des 4,5% de déficit en 2012.
Jai vu aussi quon sinterrogeait sur nos prévisions 2013. Franchement, même avec le télescope HUBBLE, je pense que les prévisions pour 2013 sont difficiles à réaliser dans un monde aussi incertain que celui dans lequel nous vivons et où lessentiel de la crise que nous traversons est une crise de confiance. Ce nest pas une crise technique, ce nest pas une crise structurelle au sens où il y aurait un problème de demande, où il y aurait un problème de croissance de léconomie mondiale. Il ny a pas de problème de demande ; il ny a pas de problème de croissance de léconomie mondiale. Il y a un doute, qui sest aggravé au fur et à mesure des mois, qui pèse sur la zone euro et sur la capacité des Européens à prendre des décisions pour faire face aux difficultés quils rencontrent.
Cest ça le cur du sujet ; il suffit que nous réglions cette question, notamment par des réformes que nous devons mener, sagissant des institutions européennes, sagissant de la zone euro et la confiance reviendra. Et les doutes qui pèsent sur lUnion européenne, sur lEurope, seront balayés. Cest dire si les prévisions de croissance au-delà de 2012 constituent un exercice hasardeux.
Le cap qui est le nôtre, cest celui dun pilotage pragmatique, dun pilotage équilibré, qui tient compte de la nécessité de réduire les déficits et de lautre, de nourrir la reprise économique. Dans le plan que jai présenté la semaine dernière, nous avons décidé de mettre à contribution les grands groupes, qui font plus de 250 millions deuros de chiffre daffaires, en augmentant leur impôt sur les sociétés pendant deux ans, pour contribuer au retour à léquilibre.
Mais nous avons veillé à ne pas fragiliser les PME. Nous avons décidé de ne pas revenir sur les aménagements que nous avons déjà apportés à la fiscalité en faveur des PME. Je pense à la réforme de la taxe professionnelle ; je pense au triplement du crédit impôt-recherche qui a donné un coup daccélérateur considérable à la recherche et à linnovation dans notre pays ; je pense à la suppression de limpôt forfaitaire annuel pour les PME.
Enfin nous sommes extrêmement vigilants sur le maintien de laccès au crédit pour les entreprises. Ce maintien de laccès au crédit passe dabord par la sécurisation de nos banques. Cest la raison notamment pour laquelle dune manière conjointe en Europe, nous avons demandé aux banques daugmenter leurs fonds propres et de le faire à partir de leurs résultats, de le faire en faisant appel à des concours privés et non pas à laide publique. Des banques plus solides, ce sont des banques qui pourront continuer à prêter aux PME. Jai mis en place un observatoire qui sous lautorité de la BANQUE DE FRANCE, publiera tous les trois mois les chiffres précis des financements bancaires aux PME pour quon puisse vérifier sil y a des difficultés dans ce domaine.
Pour encourager lactivité des entrepreneurs, nous sommes en train de mettre en place une série de mesures de simplification. Il y avait aussi des progrès à faire concernant la commande publique : je vais signer dans les prochains jours un décret qui portera à 15.000 euros le seuil de dispense de formalités dans le cadre des marchés publics, qui est aujourdhui de 4.000 euros. Pour les collectivités territoriales, cela signifie moins de formalités administratives et pour les entreprises - je pense notamment aux petites entreprises du bâtiment ça leur évitera de devoir réaliser, comme cest trop souvent le cas, des devis concernant des travaux de faible montant et qui ne se traduisent pas, la plupart du temps, en tout cas pas toujours, par lobtention du marché.
Afin daméliorer les relations entre ladministration et ses fournisseurs, avant la fin de lannée, une circulaire sera diffusée invitant les acheteurs publics à ne plus exiger des entreprises la fourniture dinformations qui ont déjà été transmises dans le cadre dune précédente consultation. Il ne sert en effet à rien que les entreprises qui répondent à des marchés publics transmettent de multiples fois, au cours de la même année, leur dossier de présentation, comme si les acheteurs publics ne les connaissaient pas. Cette circulaire incitera aussi les acheteurs publics à désigner un interlocuteur unique, jouant un rôle de médiation dans la résolution des difficultés qui pourraient apparaître lors de lexécution du marché. Les entreprises sauront donc à qui sadresser en cas de problème.
Au fond, pour aller chercher la croissance, il faut agir à tous les niveaux. Ca passe par ces mesures qui sont destinées à faciliter la vie des entreprises au quotidien. Ca passe aussi par une politique ambitieuse en faveur de la recherche et de linnovation. Je lai déjà indiqué, depuis 2009 la France est devenue le premier pays européen pour le nombre demplois créés par limplantation de centres de recherche et de développement étrangers. Parce que nous avons des ingénieurs et des chercheurs très compétents, mais aussi parce que nous avons pris des décisions importantes, en triplant le crédit impôt-recherche, en relançant les pôles de compétitivité, en renforçant les moyens de la recherche publique, en lançant le programme dinvestissements davenir que nous navons pas touché malgré les difficultés financières que nous rencontrons 35 milliards deuros au service des filières davenir de notre économie qui vont nous permettre de passer à la vitesse supérieure avec des projets dexcellence de niveau mondial qui rassemblent des universités, des organismes de recherche, des entreprises, et en particulier des PME, parce que nous sommes très attentifs au fait que les porteurs de projets qui viennent solliciter les crédits du programme dinvestissements davenir, associent des PME à leurs ambitions.
Ce programme dinvestissements davenir est en train de créer des dynamiques et des synergies sur lensemble de nos territoires. Ici, en Loire-Atlantique, a été sélectionné notamment lInstitut de recherche technologique Jules Verne, qui figure parmi les six instituts sélectionnés à ce stade au niveau national. Le thème central du projet - les matériaux composites - est au cur dune bataille mondiale avec le Japon, avec la Chine, avec les Etats-Unis pour maîtriser leur conception et pour maîtriser leur intégration. En investissant 115 millions deuros dici 2020 sur cet Institut de Recherche technologique, lEtat sengage pour quà léchelle internationale Nantes soit reconnu comme le site de référence dans la maîtrise des matériaux composites.
Il y a dautres appels à projets en cours et les entreprises et les laboratoires des Pays de la Loire y ont toutes leurs chances. Je veux redire devant vous, à quel point je tiens à ce que ces crédits dinvestissements davenir soient attribués de la manière la plus transparente qui soit, sur les décisions de jurys et en particulier sagissant des programmes de recherches, sur des décisions de jurys internationaux.
Nous ne sommes pas dans une situation où nous pouvons nous permettre de saupoudrer les crédits sur tous les territoires pour faire une politique qui soit une politique daménagement du territoire. Cette politique daménagement du territoire, il y a dautres outils pour la conduire. Mais sagissant de la recherche, sagissant de linnovation, il y a une seule chose qui compte, cest lexcellence. On est dans une bataille mondiale et un seul euro qui nest pas investi dans le meilleur projet, c'est un euro qui est gâché. Cest la raison pour laquelle, malgré toutes les pressions, et elles sont parfois très fortes je me tiens à la règle que nous nous sommes fixée et qui je crois est une petite révolution dans notre pays. Le politique na pas à choisir les projets de recherche. Il a naturellement à impulser des projets, il a à apporter son financement sil le souhaite, il a à mettre en place un environnement mais sagissant de lexcellence des projets, il y a des gens qui sont compétents pour en juger et ce nest pas notre cas.
Voilà, je disais que dans tous nos territoires, chacun ressent aujourdhui les effets de la mondialisation. Mais dans tous nos territoires, nous avons aussi des atouts pour relever les défis de cette compétition mondiale. Le chemin que nous avons choisi, cest celui du réalisme. Cest le chemin de leffort, leffort de chacun parce que nous devons tous accepter quelques sacrifices, leffort évidemment de lEtat qui doit mettre, le premier, fin à des années et des années de déficit. Cest un chemin qui nest pas facile. Je mesure parfaitement les critiques quil peut provoquer. Mais je veux dire que je ne connais pas dautre chemin pour nous redresser financièrement et pour nous relancer économiquement.
Voilà, Mesdames et Messieurs, je voulais pour finir vous dire que jai confiance dans linventivité, jai confiance dans le courage de notre pays et cest cette volonté daller toujours de lavant que jai une nouvelle fois ressentie avec vous en visitant cette entreprise.
Source http://www.gouvernement.fr, le 15 novembre 2011
Cest dabord pour moi un très grand plaisir de me retrouver ici à Clisson, cette région des Pays de la Loire à laquelle je suis depuis toujours attaché. Je voudrais saluer tous les élus, tous les responsables, tous les salariés de lentreprise qui nous accueillent aujourdhui.
Et puis vous dire le plaisir de retrouver Serge POIGNANT, pour lui rendre hommage ici en Loire-Atlantique et à lAssemblée nationale où il est Président de la commission des Affaires économiques. Serge fait, aux côtés du Gouvernement, un travail formidable. Sa mission nest pas toujours facile puisquil sagit, dans une période où les réformes se succèdent, où il sagit de prendre des décisions parfois difficiles sur le plan financier, sur le plan fiscal, sur le plan économique, de faire converger les idées des uns et des autres et faire converger limagination des parlementaires et la rigueur du Gouvernement. En tout cas je voudrais vous dire que jai pu mesurer, tout au long de ces derniers mois, lefficacité de son engagement en faveur de nos artisans et de nos entrepreneurs et ce déplacement, cest dabord pour moi loccasion de dire à Serge la profonde estime que jai pour lui et pour tout ce quil a accompli.
Je veux saluer lentreprise GIRARD HERVOUET, une PME qui est montée en puissance au fil des décennies et qui est désormais intégrée au sein dun groupe, la SOPREMA, et qui inaugure de nouveaux locaux. Dans cette période particulièrement difficile, votre entreprise est un exemple. Cest un exemple de ces PME qui se battent, qui ne baissent pas les bras et qui cherchent en permanence à se dépasser dans leur secteur. Bien sûr, la crise a eu un impact sur vos carnets de commandes. Mais vous avez misé sur linnovation, vous avez misé sur laugmentation de vos capacités de production pour préserver vos parts de marché et pour en gagner de nouvelles. Vous avez dautant plus raison de le faire que votre secteur dactivité est appelé à se développer, avec la nécessité à la suite des mesures que nous avons prises dans le cadre du Grenelle de lenvironnement, de construire des bâtiments qui consomment moins dénergie. Ce tournant, vous avez déjà largement commencé à le négocier, de même que celui des énergies renouvelables. Cest ce type de démarches que nous devons soutenir si nous voulons réussir à surmonter les années de crise que nous traversons.
La crise financière de 2008, puis la crise des dettes souveraines, et puis aujourdhui ce quon pourrait appeler au fond la crise de lEurope et de sa crédibilité en termes de prises de décisions, ces trois crises se sont succédées de façon implacable et elles ont profondément touché les économies occidentales.
On a lhabitude de dire que le monde change. En réalité, ce nest pas tout à fait exact : il a changé. Et il a changé de façon radicale, jai envie de dire sans que nous le voyions vraiment, ou en tout cas, sans que nous voulions le voir. Les années 2008-2012, qui auront été des années marquées par une des crises les plus graves depuis lAprès-guerre, seront surtout des années qui resteront dans lhistoire comme les années du basculement de léconomie mondiale, comme les années de la fin de la suprématie occidentale et en particulier européenne.
Par rapport à ce que nous avons connu, le monde va donc être plus concurrentiel en tout cas pour nous. On a lhabitude de dire que la mondialisation, la compétition, tout ça cest injuste. Il faut peut-être se garder de ces jugements un peu rapides et péremptoires. Est-ce que cétait juste quand nous exploitions les richesses naturelles des pays qui sont aujourdhui les pays qui se développent et que nous leur revendions ensuite les biens que nous fabriquions chez nous ? Ce nétait pas juste non plus
Et donc bien sûr, la mondialisation a besoin de règles mais la vérité, cest que le moteur principal de la mondialisation qui est vieille comme le monde, cest lémergence, cest la naissance, cest la renaissance de puissances économiques nouvelles et cest le déclin dautres. Et toute la difficulté pour nos vieilles nations européennes, pour nos vieilles nations industrialisées, cest de nous réformer, cest de modifier notre organisation, cest dêtre plus efficaces pour essayer denrayer une mécanique de déclin qui est une mécanique historique et qui est liée à la compétition internationale, à lenvie que dimmenses pays ont de partager dune autre façon les richesses du monde.
Ça veut dire que nous ne pouvons plus nous reposer sur nos lauriers, sur notre réputation, sur notre savoir-faire. Cest quelque chose qui peut être salutaire parce que notre nation a les moyens de se réinventer. La SOPREMA a des usines en Allemagne et en France et je crois que son directeur sait de quoi je veux parler. Nous avons le devoir dêtre plus compétitifs. Nous avons le devoir de produire plus et de produire mieux. Nous avons le devoir dêtre plus créatifs.
Nous savions bien en 2007, lorsque jai eu lhonneur de prendre les commandes du Gouvernement de la République française, que nos deux grands objectifs seraient de restaurer notre compétitivité et de réduire notre endettement. Nous avons engagé des réformes, des réformes pour redynamiser le modèle français, en revalorisant le travail avec la défiscalisation des heures supplémentaires, en accordant lautonomie à nos universités, en lançant la révision générale des politiques publiques pour avoir des administrations plus performantes et pour faire baisser les coûts de ladministration dEtat, en décidant de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ; parce quil ny a pas dautres solutions, pour baisser la dépense publique dans un pays comme le nôtre, que de réduire les effectifs de fonctionnaires et de réformer nos retraites pour garantir leur financement.
La crise ne nous a pas fait dévier de cette trajectoire. Elle la rendue jai envie de dire, même plus urgente, plus légitime encore. Aujourdhui, la question de lendettement des Etats, cest un enjeu historique, cest un enjeu historique pour la France, cest un enjeu historique pour lEurope. Pendant trop longtemps, notre pays comme beaucoup dautres Etats européens, beaucoup dautres Etats occidentaux ont emprunté sur les marchés, sans vraiment se poser la question du remboursement futur, en se disant quils étaient des grandes puissances et que de toutes façons on ferait toujours crédit à une grande puissance. Cétait confortable, ça permettait de financer des politiques publiques généreuses, de réduire la durée du travail, de prodiguer un degré élevé dassistanat.
Mais pendant ce temps-là, la productivité et la création de richesses nont pas augmenté assez vite pour nous donner les moyens de rembourser cet endettement. Et maintenant toutes les grandes nations occidentales sont au pied du mur. Il faut réduire nos déficits. Il faut le faire sans faiblesse. Nous devons faire nous-mêmes des choix courageux pour ne pas avoir un jour à prendre des décisions qui nous seraient dictées de lextérieur. Cest ce que nous avons décidé de faire, avec un degré dexigence qui est inédit dans notre histoire.
Nous avons défini une trajectoire qui est celle du retour à léquilibre de notre budget en 2016. Je veux rappeler que cet équilibre na jamais été atteint depuis 1975 ! Nous avons pour 2012 un budget dont jai eu loccasion de dire à plusieurs reprises quil était le plus rigoureux depuis 1945. Jai vu que cela en surprenait certains. Certains se sont dit : mais quest-ce qui lui prend ? La tête est en train denfler ! Cest la vérité : cest la première fois depuis 1945 que les dépenses de lEtat baissent. Il y a eu des budgets rigoureux dans notre histoire, c'est-à-dire des budgets qui ont comporté des augmentations de fiscalité très importantes. Mais cest la première fois depuis 1945 que les dépenses de lEtat baissent. Elles baisseront dun milliard et demi en 2012 et elles devront continuer à baisser les années suivantes.
Alors jentends bien les critiques qui nous sont faites. Certains disent quon nen fait pas assez - ils oublient dailleurs que douze milliards déconomie en août, sept en novembre, ça fait dix-neuf, dix-neuf milliards dajustement sur un budget, ce nest pas rien.
Et lobsession que nous avons avec le Président de la République, cest de trouver le bon équilibre, c'est-à-dire de satisfaire les engagements que nous avons pris de réduction de nos déficits. Ce sont des engagements intangibles. Nous devons être au rendez-vous en 2011, en 2012, en 2013. Cest la crédibilité de la France qui est en cause et pas seulement la crédibilité financière de la France mais aussi sa parole au fond et sa place dans le concert des nations. Et pour y parvenir, il faut à la fois réduire les déficits mais il ne faut pas le faire de façon trop brutale. Parce que le faire de façon trop brutale, c'est stopper les travaux, cest stopper les investissements, cest bloquer la consommation et cest prendre le risque dengager un cycle de récession qui serait extrêmement dommageable pour notre pays.
Jai vu dailleurs à ce sujet les commentaires faits par la Commission européenne, il y a quelques jours, sur nos prévisions budgétaires. Je veux rassurer la Commission européenne : nous avons dans le budget 2012 et je lavais indiqué en présentant le plan déconomie il y a quelques jours, nous avons anticipé la possibilité dune croissance plus faible, compte tenu de la situation en Europe et dans le monde et jai indiqué déjà il y a plusieurs jours que six milliards deuros seraient gelés sur le budget de 2012. Et naturellement si les prévisions de croissance nétaient pas au rendez-vous, ces six milliards deuros gelés se transformeraient en annulation de crédits, nous permettant dêtre parfaitement au rendez-vous des 4,5% de déficit en 2012.
Jai vu aussi quon sinterrogeait sur nos prévisions 2013. Franchement, même avec le télescope HUBBLE, je pense que les prévisions pour 2013 sont difficiles à réaliser dans un monde aussi incertain que celui dans lequel nous vivons et où lessentiel de la crise que nous traversons est une crise de confiance. Ce nest pas une crise technique, ce nest pas une crise structurelle au sens où il y aurait un problème de demande, où il y aurait un problème de croissance de léconomie mondiale. Il ny a pas de problème de demande ; il ny a pas de problème de croissance de léconomie mondiale. Il y a un doute, qui sest aggravé au fur et à mesure des mois, qui pèse sur la zone euro et sur la capacité des Européens à prendre des décisions pour faire face aux difficultés quils rencontrent.
Cest ça le cur du sujet ; il suffit que nous réglions cette question, notamment par des réformes que nous devons mener, sagissant des institutions européennes, sagissant de la zone euro et la confiance reviendra. Et les doutes qui pèsent sur lUnion européenne, sur lEurope, seront balayés. Cest dire si les prévisions de croissance au-delà de 2012 constituent un exercice hasardeux.
Le cap qui est le nôtre, cest celui dun pilotage pragmatique, dun pilotage équilibré, qui tient compte de la nécessité de réduire les déficits et de lautre, de nourrir la reprise économique. Dans le plan que jai présenté la semaine dernière, nous avons décidé de mettre à contribution les grands groupes, qui font plus de 250 millions deuros de chiffre daffaires, en augmentant leur impôt sur les sociétés pendant deux ans, pour contribuer au retour à léquilibre.
Mais nous avons veillé à ne pas fragiliser les PME. Nous avons décidé de ne pas revenir sur les aménagements que nous avons déjà apportés à la fiscalité en faveur des PME. Je pense à la réforme de la taxe professionnelle ; je pense au triplement du crédit impôt-recherche qui a donné un coup daccélérateur considérable à la recherche et à linnovation dans notre pays ; je pense à la suppression de limpôt forfaitaire annuel pour les PME.
Enfin nous sommes extrêmement vigilants sur le maintien de laccès au crédit pour les entreprises. Ce maintien de laccès au crédit passe dabord par la sécurisation de nos banques. Cest la raison notamment pour laquelle dune manière conjointe en Europe, nous avons demandé aux banques daugmenter leurs fonds propres et de le faire à partir de leurs résultats, de le faire en faisant appel à des concours privés et non pas à laide publique. Des banques plus solides, ce sont des banques qui pourront continuer à prêter aux PME. Jai mis en place un observatoire qui sous lautorité de la BANQUE DE FRANCE, publiera tous les trois mois les chiffres précis des financements bancaires aux PME pour quon puisse vérifier sil y a des difficultés dans ce domaine.
Pour encourager lactivité des entrepreneurs, nous sommes en train de mettre en place une série de mesures de simplification. Il y avait aussi des progrès à faire concernant la commande publique : je vais signer dans les prochains jours un décret qui portera à 15.000 euros le seuil de dispense de formalités dans le cadre des marchés publics, qui est aujourdhui de 4.000 euros. Pour les collectivités territoriales, cela signifie moins de formalités administratives et pour les entreprises - je pense notamment aux petites entreprises du bâtiment ça leur évitera de devoir réaliser, comme cest trop souvent le cas, des devis concernant des travaux de faible montant et qui ne se traduisent pas, la plupart du temps, en tout cas pas toujours, par lobtention du marché.
Afin daméliorer les relations entre ladministration et ses fournisseurs, avant la fin de lannée, une circulaire sera diffusée invitant les acheteurs publics à ne plus exiger des entreprises la fourniture dinformations qui ont déjà été transmises dans le cadre dune précédente consultation. Il ne sert en effet à rien que les entreprises qui répondent à des marchés publics transmettent de multiples fois, au cours de la même année, leur dossier de présentation, comme si les acheteurs publics ne les connaissaient pas. Cette circulaire incitera aussi les acheteurs publics à désigner un interlocuteur unique, jouant un rôle de médiation dans la résolution des difficultés qui pourraient apparaître lors de lexécution du marché. Les entreprises sauront donc à qui sadresser en cas de problème.
Au fond, pour aller chercher la croissance, il faut agir à tous les niveaux. Ca passe par ces mesures qui sont destinées à faciliter la vie des entreprises au quotidien. Ca passe aussi par une politique ambitieuse en faveur de la recherche et de linnovation. Je lai déjà indiqué, depuis 2009 la France est devenue le premier pays européen pour le nombre demplois créés par limplantation de centres de recherche et de développement étrangers. Parce que nous avons des ingénieurs et des chercheurs très compétents, mais aussi parce que nous avons pris des décisions importantes, en triplant le crédit impôt-recherche, en relançant les pôles de compétitivité, en renforçant les moyens de la recherche publique, en lançant le programme dinvestissements davenir que nous navons pas touché malgré les difficultés financières que nous rencontrons 35 milliards deuros au service des filières davenir de notre économie qui vont nous permettre de passer à la vitesse supérieure avec des projets dexcellence de niveau mondial qui rassemblent des universités, des organismes de recherche, des entreprises, et en particulier des PME, parce que nous sommes très attentifs au fait que les porteurs de projets qui viennent solliciter les crédits du programme dinvestissements davenir, associent des PME à leurs ambitions.
Ce programme dinvestissements davenir est en train de créer des dynamiques et des synergies sur lensemble de nos territoires. Ici, en Loire-Atlantique, a été sélectionné notamment lInstitut de recherche technologique Jules Verne, qui figure parmi les six instituts sélectionnés à ce stade au niveau national. Le thème central du projet - les matériaux composites - est au cur dune bataille mondiale avec le Japon, avec la Chine, avec les Etats-Unis pour maîtriser leur conception et pour maîtriser leur intégration. En investissant 115 millions deuros dici 2020 sur cet Institut de Recherche technologique, lEtat sengage pour quà léchelle internationale Nantes soit reconnu comme le site de référence dans la maîtrise des matériaux composites.
Il y a dautres appels à projets en cours et les entreprises et les laboratoires des Pays de la Loire y ont toutes leurs chances. Je veux redire devant vous, à quel point je tiens à ce que ces crédits dinvestissements davenir soient attribués de la manière la plus transparente qui soit, sur les décisions de jurys et en particulier sagissant des programmes de recherches, sur des décisions de jurys internationaux.
Nous ne sommes pas dans une situation où nous pouvons nous permettre de saupoudrer les crédits sur tous les territoires pour faire une politique qui soit une politique daménagement du territoire. Cette politique daménagement du territoire, il y a dautres outils pour la conduire. Mais sagissant de la recherche, sagissant de linnovation, il y a une seule chose qui compte, cest lexcellence. On est dans une bataille mondiale et un seul euro qui nest pas investi dans le meilleur projet, c'est un euro qui est gâché. Cest la raison pour laquelle, malgré toutes les pressions, et elles sont parfois très fortes je me tiens à la règle que nous nous sommes fixée et qui je crois est une petite révolution dans notre pays. Le politique na pas à choisir les projets de recherche. Il a naturellement à impulser des projets, il a à apporter son financement sil le souhaite, il a à mettre en place un environnement mais sagissant de lexcellence des projets, il y a des gens qui sont compétents pour en juger et ce nest pas notre cas.
Voilà, je disais que dans tous nos territoires, chacun ressent aujourdhui les effets de la mondialisation. Mais dans tous nos territoires, nous avons aussi des atouts pour relever les défis de cette compétition mondiale. Le chemin que nous avons choisi, cest celui du réalisme. Cest le chemin de leffort, leffort de chacun parce que nous devons tous accepter quelques sacrifices, leffort évidemment de lEtat qui doit mettre, le premier, fin à des années et des années de déficit. Cest un chemin qui nest pas facile. Je mesure parfaitement les critiques quil peut provoquer. Mais je veux dire que je ne connais pas dautre chemin pour nous redresser financièrement et pour nous relancer économiquement.
Voilà, Mesdames et Messieurs, je voulais pour finir vous dire que jai confiance dans linventivité, jai confiance dans le courage de notre pays et cest cette volonté daller toujours de lavant que jai une nouvelle fois ressentie avec vous en visitant cette entreprise.
Source http://www.gouvernement.fr, le 15 novembre 2011